Les Mémoires de Syfaria
La Région de Farnya

L'irrésistible ascension de Nelle 'Dymer...

... et son irrésistible envie de redescendre dare-dare...
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Sujet lancé par Nelle
Le 07-10-1508 à 22h18
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Posté par Nelle,
Le 20-10-1508 à 00h19
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Nelle

Le Matal 7 Otalir 1508 à 22h18

 
A peine les murs, le sol et le plafond se mettent-ils à trembler que Nelle regrette déjà d'avoir mis les pieds sur cette barquette volante, et qu'elle se met elle-même à trembler à son tour...

Navire ?!
Vaisseau ?!!
Il n'ont rien trouvé de plus pompeux pour qualifier cet amas précaire de planchettes tremblantes et vibrantes surmontées de espèce d'hideuse grosse vessie gonflée ?!
Cette coquille chancelante qui ballote et tressaute au gré du vent comme une feuille morte ?!

Les articulation blanches à force de serrer le bastingage, la jeune tchaë s'efforce de cacher son angoisse et de faire bonne figure. Elle sourit, parvient à détacher une main de la rambarde pour la secouer laconiquement en direction de Thosen et Harlok, restés au sol, et dont les silhouettes s'éloignent bien trop rapidement...
Son coeur se serre une nouvelle fois en songeant à cette séparation, qui n'arrange rien à sa répugnance à monter dans le vaisseau nemen... Certes, ce sera de courte durée, elle doit le rejoindre peu après à Oriandre, mais quand même... Mine de rien elle s'était plutôt bien habituée à la présence tendre et attentionnée du jeune diplomate...


Knüt dit :


Bien habituée ? Tu parles... Tu en es folle !


Nelle sourit, et songer à toutes ces heures de merveilleuse complicité, de bonheur simple et vrai passées avec lui lui permet d'oublier l'espace d'un instant son aversion et la terreur que lui inspire le voyage aérien qui l'attend.

 
Nelle

Le Merakih 8 Otalir 1508 à 00h32

 
Une fois que la silhouette de son aimée et celle de son confrère se retrouvent réduites à l'état de point sur font vert, Nelle consent enfin à lâcher la rambarde avec un soupir -et de sérieuses palpitations.

D'un pas mal assuré sous l'assaut des roulis du navire malmené par la brise, elle entreprend avec témérité de visiter l'embarcation. Il faut dire que son dernier voyage à bord d'un tel véhicule, qui était également le premier, a consisté en une longue sieste d'une vingtaine d'heures, seul remède valable au mal de l'air qui l'avait assaillie.
Elle ne se sent pas plus que la dernière fois le pied aérien, mais la curiosité est cette fois-ci un peu plus forte que l'angoisse... pour l'instant.


*** ***


Le navire n'est pas immense : malgré la sécurité qu'offre ce genre de voyage, il reste assez onéreux et les poussiéreux n'ont de toute façon guère pris l'habitude du tourisme. Aussi ces navettes nemens se retrouvent sans doute rarement à devoir transporter beaucoup de monde à la fois.
En l'occurrence, les seuls autres passagers poussiéreux sont un couple de tchaës d'âge moyen, également témoins du S'sarkh, pour l'heure en grande conversation avec deux nemens, sur le pont principal.

Nelle les observe quelques instants, enviant leur désinvolture, elle qui ne peut s'empêcher de sursauter au moindre grincement...

Le pont avant donne sur une sorte de salle commune qui fait également office de réfectoire, aux heures des repas. Derrière celle-ci on trouve également une salle de repos munie de canapés confortables et surtout d'époustouflantes plantes vertes ou d'arbres en pot qui ne semblent guère gênés par les vibrations incessantes pour s'épanouir, donnant à la pièce des allures de jungle tropicale.
Le reste de la structure principale accessible aux passagers, dans la coque même du bâtiment, est constitué des chambres individuelles et des pièces d'eau.

Un nouveau pont, beaucoup plus petit, est accessible à l'arrière, et c'est là que Nelle échoue à l'issue de sa rapide visite : il est présentement désert, et la jeune tchaë a justement envie d'être un peu seule...
Non pas qu'elle s'imagine être capable de réfléchir vu l'état de fébrilité dans lequel elle se trouve... mais au moins, personne ne sera témoin quand son visage va véritablement et immanquablement tourner au vert marécageux...

Elle s'accroche de nouveau au bastingage en bois avec ferveur, et soupire.


Knüt... on arrive bientôt, dis ? Demande avec désespoir, tout en sachant d'avance la déprimante réponse, que son mou ne manque d'ailleurs pas de lui servir avec une pointe d'amusement :

Knüt dit :


Tu rigoles ? On a décollé il y a à peine vingt minutes !


Oohhh....

 
Nelle

Le Merakih 8 Otalir 1508 à 11h37

 
Les premiers effets du mal de l'air se font ressentir moins d'une heure plus tard. Le coeur au bord des lèvres, qu'elle maintient étroitement serrées, Nelle déglutit à répétition dans une futile tentative de retarder l'inéluctable.
S'efforçant de concentrer ses pensées sur autre chose que le supplice qu'elle est en train de subir, elle envoie quelques pensées nauséeuses à Jeaneudon, Baër'lupis et Thanakis qu'elle a prévu de voir à Farnya, pour les informer de son départ de Lerth et de son arrivée prochaine aux jardins bleus.

Son mou, fidèle à lui-même la regarde verdir peu à peu d'un air de plus en plus amusé, avant de suggérer avec compassion :


Knüt dit :


Pourquoi tu n'irais pas t'allonger ?


Bha... je pensais que ça passerait si je restais au grand air... c'est encore pire à l'intérieur !

Knüt dit :


Moui... Je n'en doute pas...


Lâche-t-il non sans une certaine forme d'ironie tandis que la jeune tchaë, penchée par-dessus le bastingage, vomit consciencieusement tripes et boyaux.

Knüt dit :

J'espère qu'il n'y a personne en-dessous... J'imagine la surprise du pauvre voyageur réceptionnant sans préavis le contenu de ton estomac sur le haut du crâne... Hu hu...


Knüuuuuuut.... C'est pas drôle.... J'ai l'impression que je vais mouriiir....
Bon tu as raison, je crois que je vais essayer de m'allonger... de toute façon au point où j'en suis...


D'un pas chancellant dû aussi bien aux remous du navire qu'à son état de faiblesse, Nelle rejoint sa chambre, complètement déprimée... Elle a vraiment déboursé soixante lépidolites pour subir ça ?!!!
Quelle arnaque !


 
Nelle

Le Merakih 8 Otalir 1508 à 15h35

 
*** Le froid, amer et empli de solitude.
La langueur d'une fin d'été.
La contemplation de feuilles qui dansent dans le vent, s'élèvent et tourbillonnent pour toujours rechuter.
Une blessure vive d'une piqure d'insecte, qui s'infecte douloureusement tout en étant paradoxalement synonyme de vie complète et avérée.
La peur au passage d'une barrière de fils barbelés, une jambe d'un côté l'autre en suspension.
L'ultime sensation de son souffle, d'une respiration posée et agréable.
Et plus que tout, savoir que l'on existe et en sentir toutes les nuances et toutes les peurs. Toujours et encore... ***


Ce rêve semble tellement réel que la jeune tchaë s'éveille, toute tremblante et déconcertée, dans le petit lit de sa cabine. Elle se redresse, les cheveux collés par la sueur, se demandant l'espace d'un instant où elle se trouve... avant qu'une nouvelle envie de vomir ne lui rappelle sa triste condition...

Puis la voix mentale de Thécléote lui fait prendre conscience qu'elle ne rêvait pas vraiment : c'est son rêve à lui, qu'il leur a transmis, à elle et aux autres poussiéreux qui échangent depuis quelques jours des information sur ce curieux tchaë qui secoue leurs consensus de pensée...

Durant le quart d'heure de flottement nauséeux dans le lequel se trouve la jeune tchaë après son pénible réveil, elle reçoit également une réponse de Syrtaï'Nhymurtayag Varoga, qui la trouble autant que le rêve obscur du poète. Puis elle apprend avec stupeur la situation de Baër'lupis à Oriandre...

Un peu paumée, l'air plus que jamais hagard, Nelle s'habille et décide de sortir prendre un peu l'air sur le pont.
Les informations sur ce Flymeur se mélange joyeusement dans sa caboche retournée, mais Nelle se sent bien incapable de réfléchir.


Knüt dit :

Et bé... on dirait que ce petit somme t'as fait du bien... Tu est rayonnante !
Si si, je t'assure : ce teint grisâtre te va beaucoup mieux que le vert délavé de tout à l'heure !!


Knüt... Je vais mourir...

Pour courronner le tout, c'est la pluie qui l'attend sur le pont arrière...

 
Nelle

Le Julung 9 Otalir 1508 à 00h55

 
Le lendemain matin, Nelle est vraiment déprimée... La nuit a été proprement épouvantable pour la jeune tchaë sujette à un mal de l'air des plus acharnés : c'est simple, elle a passé le plus clair de son temps assise sur sa banquette, penchée au-dessus d'un saut en métal...
Au petit matin, elle a une tête de déterrée, et dire qu'elle se sent patraque serait un doux euphémisme. Elle est au bord de l'épuisement, littéralement affamée mais condamnée à régurgiter dans les dix minutes le moindre aliment qu'elle tente d'avaler.

Et pour couronner le tout le pilote -ou copilote ?- vient de leur annoncer que le voyage allait durer "plus longtemps que prévu" !
L'orage dans lequel ils se sont retrouvé engagés la veille au soir les a non seulement considérablement ralentis, les obligeant à perdre de l'altitude, mais les a surtout amenés à dévier légèrement leur cap ! Légèrement... tu parles... Ils sont à peine au niveau de Jypska !!
Nelle, qui se raccrochait jusqu'alors à l'idée que son calvaire prendrait fin dans quelques heures seulement, réalise qu'ils n'arriveront sans doute pas avant le lendemain...
Elle a envie de pleurer.


Knüuuuut...... Gémit-elle pour la centième fois, recroquevillée dans un des sofas de la salle tropicale, un saut propre à portée de main, bien qu'à force elle n'ait plus grand chose à dégurgiter.

J'vais mouriiiiiir.....

Knüt dit :


Mais non, mais non...
Tiens, écoute plutôt : tu as une nouvelle réponse de la nemen !


M'en fouuuuuuus.....

 
Nelle

Le Julung 9 Otalir 1508 à 14h05

 
De retour dans sa cellul... chambre, Nelle regarde avec circonspection la tasse remplie d'un liquide verdâtre et fumant que lui a donné l'une des "hôtesses de l'air" nemen... Ça sent horriblement mauvais, ça semble avoir une consistance épaisse pour le moins douteuse, ça bloblote sinistrement...
Pourquoi les gens se sentent-ils toujours obligés de créer des concoctions aussi atroce et imbuvable ? Les remèdes de Mir'ha, quand elle était malade, étant petite, étaient exactement du même acabit : atroces, ignobles. Mais toujours efficaces, certes...
A croire que c'est ça qui fait leur efficacité...

Knüt dit :


Si les médicaments étaient bons, ça inciterait les malades à rester malades... Là au moins ça donne une deuxième bonne raison de vouloir guérir.


Nelle regarde son mou d'un oeil morne.

Tu parles... Même le plus délicieux des breuvage ne me donnerait pas envie de passer une heure de plus à vomir... Ils pourraient trouver un juste milieu, non ?
Pourquoi faut-il que ce soit aussi mauvais ?!!


Knüt dit :


Allez, bois ça, au lieu de te plaindre. Elle a dit que ça t'aiderait au moins à dormir.


Oui bah c'est sûr que ce n'est pas ce truc immonde qui va calmer mon mal de coeur...
Encore faut-il que j'arrive à le garder dans le bide suffisamment de temps pour que ça agisse...


Nelle inspire avec résolution, ferme les yeux, et avale la décoction d'une traite, ponctuant son geste d'une grimace propre à faire crever de jalousie un gambol centenaire.

Pouaaaah !!!
Yyyeuuuuurk !!
Beeeerk !!

Aaaahhh... Knüt, c'est encore pire que ce que j'imaginais !


Knüt dit :


Oui bon ça va, on a compris. Ça va mieux ?


Tu rigoles ?!
Tu veux goûter, peut-être ? Je t'en ai laissé un peu, au fond.


Elle lui met le gobelet sous le nez avec un regard noir sans équivoque.
Inspiré, le mou disparait sans demander son reste.


Beuuuh... Je crois que je vais vomir.... Gémit-elle une nouvelle fois en se laissant tomber sur le lit.

 
Nelle

Le Luang 13 Otalir 1508 à 01h00

 
Le lendemain matin, Nelle a les traits moins tirés et une mine un peu moins déconfite, même si elle reste encore quelque peu palote... Malgré toutes ses récriminations la veille au soir, il lui faut bien avouer que l'horrible mixture a tenu ses promesses : elle a dormi comme une bûche, et ce repos était plus que bienvenu...
Même si elle n'est pas encore frétillante d'énergie et que le roulis du navire continue de livrer la guerre à son estomac, la jeune tchaë ressemble un peu moins à un cadavre ambulant.
Elle retente même une sortie sur le pont avant, sans son seau... c'est dire !

Alors qu'elle est accoudée sur le bastingage à regarder défiler le paysage lointain tout en essayant de réfléchir aux diverses informations qu'elle a reçues concernant Flymeur ou ses exploits télépathiques, elle aperçoit une étendue d'eau à l'horizon. La mer ?
Oui, car un peu plus proche, un peu plus petite, comme une mare brillante, une autre tache bleutée... Ça ne peut vouloir dire qu'une chose !


Knüt !! Knüt !!!!

Le mou s'élève paresseusement depuis la capuche de la tunique arcanique de la jeune fille, sa place préférée.

Knüt dit :


Mouiii... ?


Là ! Regarde ! En bas !!

La voix de Nelle vibre d'un mélange d'excitation, de soulagement et de joie à peine contenue, comme si elle venait d'apprendre ou de découvrir une nouvelle de la plus haute importance.

Knüt dit :


Mouiii... ? Et... ?


Le lac amer !! C'est le lac ameeer !!!!

Knüt dit :

Ah.
Aaahhh !!! Ooooohhh !!!


Et... ?


Et alors, triple buse, ça veut dire que nous arrivons bientôt à Farnya !!
Le lac amer, enfin, Knüuuut !! C'est le lac à côté de Farnya !!
On arrive bientôt !! Chic chic chic !!!


Knüt dit :


Ah... oui...


Sans se laisser décourager par l'impassibilité de son mou, Nelle se met à sautiller de joie -une main toujours fermement accrochée à la rambarde, quand même.
Enfin, pas longtemps cependant, juste le temps que son estomac décide de se rappeler à son bon souvenir...


 
Nelle

Le Luang 20 Otalir 1508 à 00h19

 
Le vaisseau commence à peine d'atterrir que Nelle est déjà sur le pont, son gros sac sur le dos et les cheveux au vent, devant l'endroit où va être mise en place la passerelle de descente.
Et personne ne se risque à lui disputer le droit de descendre la première.
A vrai dire, passagers comme équipage sont plutôt compatissants envers la jeune tchaë, à force de l'avoir vue errer comme un zombi depuis le début de la matinée, à guetter le rapprochement de leur destination...
Eux-même, secrètement, ne doivent pas être fâchés d'arriver et de ne plus subir les gémissements incessants de la jeune fille malade... Nelle en est persuadée.

Malgré son état avancé d'épuisement, son teint blafard et ses jambes flageolantes, la jeune propage bondit presque de la passerelle pour rejoindre la terre ferme. Elle adresse un signe de la main au couple tchaë et aux quelques membre de l'équipage avec qui elle a échangé, puis s'élance sans attendre sur la route qui mène à Farnya.


Aaaahhhh...!!
Knüt, cet air doux, ce sol compact et solide qui ne tangue pas sous mes pieds... quel BONHEUR !!!!


Knüt dit :

N'est-ce pas ? Ravi de te voir déjà retrouver des couleurs, en tout cas.
Tu vois que tu n'en es pas morte, de ce voyage !


Certes, certes, mais une seule heure de plus et j'y restais, c'est sûr...
Je ne suis pas prête de remonter dans un de ces cercueils volants, je te le garantis !
La marche à pied, c'est bien meilleur pour la santé !


Knüt dit :


Mouais, ça dépend de ce qu'on croise sur les routes...


Ragaillardie par l'idée du bon bain qu'elle va s'offrir sitôt arrivée à l'auberge des jardins, joyeuse à la perspective de revoir les jardins, Jeaneudon et Thanakis dans les jours qui viennent, Nelle oublie les deux jours de torture qu'elle vient de passer et marche d'un bon pas vers la cité rouge...


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