Les Mémoires de Syfaria
La région d'Utrynia

Le Vierge et le Sanglier

Fable pour Innocents
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Sujet lancé par Orphèle
Le 08-10-1508 à 23h54
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Posté par Orphèle,
Le 12-10-1508 à 22h43
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Orphèle

Le Merakih 8 Otalir 1508 à 23h54

 
hrp : à considérer comme se déroulant après "Un Cri" /hrp

La Nuit, Utrynia.

Une belle Anja aux yeux bleus traînait ses guêtres dans la ville, allant et venant dans les venelles et les avenues, ne sachant quoi penser de ses derniers rêves étoilés. Elle était vêtue simplement, car la nuit était chaude. Mais on ne pouvait s'empêcher de remarquer les lourds bandages qui enroulait son ventre de jeune fille. Stigmates quasiment disparus d'une étrange déconvenue. Elle allait mieux, sans aller bien. Elle se sentait faible sous le poids de ses vieux songes et de cette nouvelle condition. Esprit élargi, don de télépathie, symbiose et pouvoir, maux de crâne et prostitution psychique....

Elle éternua sous l'envolée d'un papillon ambré.

Sans s'en rendre compte, ses pieds (nus) l'avaient amené sur une vaste étendue herbeuse...qu'elle contempla avec incrédulité, perdu dans un morceau d'éternité. Quand elle releva la tête, ce fut pour s'arrêter sur des petits fourrés s'agitant fiévreusement. Ses yeux roulèrent à droite et à gauche, surpris de se retrouver au milieu de mère nature, loin des remparts et du giron protecteur de la ville. Pas si loin, en vérité. Nulle garde, nulle soldatesque n'était venu l'appréhender. Elle avait marché avec simplicité jusqu'à la porte nord, passant les arches et les grandes grilles, empruntant un tronçon de route et bifurquant finalement au milieu de nulle part. Seule.

Elle se trouvait précisément entre les murs de la cité et les lumières du Fundeq Confraternel, brillantes lucioles dans les ténèbres. Les fourrées la ramenèrent à la réalité. Non content de s'énerver, ils accouchèrent d'une ombre terrible et angoisée...




Regards croisés entre la Vierge et le Sanglier...

 
Orphèle

Le Vayang 10 Otalir 1508 à 19h28

 
Troublant regard que celui du colosse couturé.

Rendu fou furieux par les effluves délétères, l'animal n'en semblait pas moins égaré et aussi surpris que l'Anja. Dans le fond de ses prunelles sombres, Orphèle devinait une lueur infinie de tristesse. Lumière déchue qui donnait à ce face à face une ambiance étrange. Elle était davantage hypnotisée que paralysée, pourtant consciente du danger que représentait le monstre. Le Sanglier râcla le sol, fit quelques pas erratiques et se figea. Lui-même ne savait pas quoi penser de tout cela. Les bipèdes de ce genre lui fonçaient dessus, armes au poing, ou le fuyaient comme la peste. Mais cette petite demeurait là, mi apeurée, mi fascinée. Il s'ébroua, s'agita, grogna. Quelque chose dans cette situation le dérangeait et il ne pouvait mettre le sabot dessus, quelque chose qui l'empêchait de foncer sur ce bout de Poussière pour la catapulter hors de son chemin.

Il y avait comme l'idée de communiquer...Idée stupide et inconsciente, mais bel et bien présente.

Elle, parfaitement immobile, déglutit et hésita. Ses yeux roulèrent et glissèrent de gauche à droite, vers la route, vers les possibles sentinelles, vers l'abysse béant des portes de la cité. Le Sanglier sentait que la Vierge sortait progressivement de sa torpeur, de son rêve éveillé et cherchait une issue. Tout revenait donc à la normale, la course du monde avait repris ses droits. Elle avait peur de lui, elle le craignait, c'était donc que tout allait bien. Il râcla de nouveau le sol, un peu plus prestement, participant à ce cirque intimidant qui précédait toujours une attaque en bon et dû forme. Elle, de son côté, amorçait un pas hésitant en songeant qu'il allait falloir être rapide et efficace si elle ne voulait pas se retrouver piétinée ou embrochée par la créature pervertie.

La Vierge démarra subitement, contre toute attente.
Le Sanglier, presque surpris, lui laissa une demi seconde de répit avant de la prendre en chasse dans une bêtise toute porcine. Mimétisme de circonstance qui n'avait quasiment rien à voir avec cette hargne perpétuelle qui l'animait normalement.


 
Orphèle

Le Dhiwara 12 Otalir 1508 à 22h43

 
Il ne fallut pas plus de deux ou trois secondes de course effrénée pour que l'Anja se retrouve à rouler au sol pour esquiver la charge frénétique de la bête. Elle évitait les défenses acérées de la bête comme elle pouvait, en jouant de cette agilité et de cette astuce propre aux Poussièreux. Il lui était rapidement apparu que le Sanglier était bien plus vif et rapide, mais qu'elle n'était pas complètement démunie non plus. Son esprit était un allié bienvenu, surtout quand il s'agissait d'instinct de conservation. Égarer et tromper la bête pour atteindre au plus vite un coin reculé et sauf.

Malheureusement, cela impliquait revenir sur ses pas, tourner à droite et à gauche, gagner du temps en jonglant avec les perceptions du monstre.

Pour l'instant, cette tactique d'improvisation fonctionnait plutôt bien malgré les dommages enregistrés. Elle n'était toujours pas passée par le fil de la terrible dentition ou par la puissance du piétinement dévastateur. Mais les jetées successives au sol, les sauts maladroits et les quelques contacts percutants avec la masse de la créature commençaient à rougir sa peau d'égratignures diverses en des points stratégiques. Elle ignorait combien de temps elle pourrait encore tenir...Et elle devait bien remercier son endurance naturelle et ses timides talents de danseuse.

Qui, malheureusement, n'étaient pas inépuisables. A contrario, la furie continue qui animait toujours l'animal était la source d'une énergie terrible. Épuiser la bête était peine perdue. Non, il fallait l'occuper et l'égarer le temps de trouver un échappatoire...Le temps d'arriver jusqu'aux portes et de se réfugier dans la ville.

Les ombres et la verdure ne suffisaient plus à protéger la Vierge des assauts incessants du Sanglier.


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