Les Mémoires de Syfaria
La Région de Farnya

Guet à l'interieur du Pilier de Poussière

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Sujet lancé par Bail Lihkeux
Le 18-10-1508 à 12h36
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Posté par Baër'lupis,
Le 27-12-1508 à 17h44
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Bail Lihkeux

Le Sukra 18 Otalir 1508 à 12h36

 
hrp: rp débuté ici: http://www.syfaria.com/forum.php5?f=contrees&s=658&p=3#p14401

*** Trois heures avaient passé. Trois longues heures que le fantassin avait occupé en rêvant au dernier repas que lui avait préparé sa maman. De la terrine de lapin agrémentée de petites tomates en entrée, un émincé de dinde à la crème accompagné de petits légumes verts comme entrée principale et, pour couronner le diner, une compote de pomme avec de petits gâteaux au beurre qu'il pouvait tremper à l'intérieur. A la fin du repas, Bail avait cru que son ventre allait exploser et avait ensuite passé l'une des pires nuits de sa vie. Sans regret mais difficile tout de même.

C'était maintenant qu'il les éprouvait les regrets, alors que les premiers signes de la faim commençait à se faire sentir, et qu'il n'avait aucun plat chaud à se mettre sous la dent, aucun dessert sucré pour lui caresser le palais. Il fouilla dans son sac et en sortit une miche de pain et du fromage. Dont il se prépara une première fournée qu'il engloutit en quelques secondes. Une rasade d'hydromel vint ensuite calmer les derniers restes de sa faim. Certainement pas pour très longtemps mais suffisamment en tout cas pour lui permettre de penser à autre chose durant la prochaine heure.

Il pensa ensuite à signaler sur le consensus qu'il n'y avait toujours aucune trace de Flymeur et, cela fait, retomba dans la torpeur qui l'avait étreint depuis le début de son opération de guet. Un cri dans la nuit qui était en train de tomber l'en tira à nouveau. Un animal sans doute mais il ne put s'empêcher de frissonner. Pour se donner du courage, il se mit à faire des vocalises. ***


OOOOOOOHHHHHAAAAAAHHHHHHIIIIIIIIIIIHHHHHH... OOOOOHHHHUUUUUUUHHHHIIIIIIIHHHHH...

*** Pendant plusieurs minutes jusqu'à ce qu'il finisse par y renoncer, à bout de souffle. Et donc à se résoudre à retourner à son ennui.
***


 
Bail Lihkeux

Le Dhiwara 26 Otalir 1508 à 16h04

 
*** Les journées avaient passé sans que quiconque ne montre le bout de son nez dans le Pilier. Ni Flymeur, ni frère désireux de ne pas le rater quand, ou plutôt si, il se montrerait, ni personne ayant subi les affres d'une mort temporaire. Aussi Bail s'ennuyait-il ferme. Dépérissait d'ennui. Pas même une question sur son consensus pour s'enquérir de lui. A croire que personne n'y attachait d'importance. Jusqu'à ce qu'il soit trop tard...

Hormis un bref aller-retour jusqu'à Farnya pour se ravitailler, une course que le petit fantassin avait retardé le plus longtemps possible de peur de s'absenter juste quand il ne le fallait pas, il n'avait pas quitté le Pilier et ses alentours. Et encore, par alentours, fallait-il entendre un cercle d'une dizaine de mètres autour. La seule expédition qu'il avait mené dans la plaine, l'avait vu se faire attaquer par plusieurs créatures qui l'avaient forcé à battre en retraire. L'orgueil à la fois touché par sa déconfiture mais aussi soulagé que personne n'ait été témoin de sa déroute.

Depuis lors, il se contentait de s'exercer à l'épée, au moyen de passes qu'il répétait seul, en tournant autour d'un des petits piliers de l'intérieur de la grande salle. Ainsi que d'exercice visant à améliorer sa vivacité et sa musculature. Sur ce dernier point, la réussite était loin d'être évidente mais le tchaë persévérait. Encouragé par les progrès constatés sur les autres points de son entraînement.

Le soir venu, il s'allongeait sur la maigre paillasse qu'il s'était constituée et rêvait à des lendemains plus enchanteurs. Jusqu'à ce que le sommeil ne le prenne pour le plonger dans des songeries dont il sortait chaque fois plus mal à l'aise. Avec les souvenirs vagues d'arbres carnassiers et de crocs sanguinolents. Tout en sueur, il allait respirer l'air frais à l'extérieur avant de revenir s'allonger et d'attendre la venue du petit matin, les yeux ouverts, l'angoisse chevillée au cœur. Pour finalement accueillir le petit matin encore plus épuisé qu'il ne l'était avant de se coucher. Et de remettre le couvert pour une nouvelle journée de guet.

La routine s'installait doucement. Avec cette amère impression que rien ne viendrait la briser. ***


 
Bail Lihkeux

Le Merakih 29 Otalir 1508 à 20h57

 
*** Une petite silhouette effectua une cabriole dans la grande salle du Pilier, manqua de peu de heurter un mur et se redressa en tenant devant lui une lame effilée. Pour clamer:
***

Ah tu fais roins le ralin, ramaud! Je vais t'embmocher...

*** Et elle avança en multipliant les passes, les entrechats et les sauts de côté. Rythmant chacun de ses pas par une onomatopée pleine de rage:
***

OH!

AH!

EH!

HO!

HA!

HE!


*** Ruisselant de sueur, Bail finit par s'arrêter, laissa son épée choir sur le sol pour poser ses mains sur ses côtes. Il lui fallut une bonne minute pour retrouver un souffle plus apaisé et récupérer de sa folle cavalcade. Cela fait, il reprit sa lame et salua en s'inclinant l'adversaire imaginaire contre lequel il se battait à chacun de ces entraînements.

Il se dirigea ensuite vers le petit coin qu'il s'était aménagé afin de se réhydrater. Il était à mi-chemin lorsqu'un mouvement à la périphérie de son regard attira son attention. Il se tendit aussitôt, releva sa lame et, tout doucement, se tourna vers l'endroit où il lui semblait avoir aperçu du mouvement. D'une voix qu'il espérait ferme, il appela: ***


Il... il y a quelqu'un?... So... somtez qui... qui que vous soyez...
***
Personne. Il avait beau regarder devant lui, il ne vit rien absolument rien. Il avança jusqu'à la zone suspecte, scruta avec attention mais sans résultat. Finalement, il haussa les épaules et sourit devant sa nervosité.

Un autre mouvement. Cette fois, il en était certain. Il sauta sur lui-même pour surprendre l'intrus en criant:
***

Je vous ai...

*** La phrase mourut inachevée. Ce n'était pas une personne ce qu'il voyait depuis quelques minutes. C'était des ombres. Pour être plus précis les ombres à l'intérieur du Pilier qui bougeaient, qui se transformaient, qui s'évaporaient. Elles prenaient des formes pour le moins étranges. Et pas rassurantes pour un sou. A mi chemin entre les monstres fantasmagoriques des cauchemars nocturnes et certaines créatures par trop réelles que l'on pouvait croiser au détour des chemins sur l'ensemble de Syfaria.

Bail se recroquevilla sur lui-même.
***

Rais que... qu'est-ce que... je...

*** Le petit tchaë se rapprocha de son campement et, sans quitter les ombres et leur spectacle des yeux, fit part de son inquiétude sur le consensus.
***


 
Aerodiüs

Le Merakih 29 Otalir 1508 à 22h50

 
Le doyen géologue avançait le plus rapidement possible en direction du pilier de poussière qui se trouvait à l'ouest de Farnya. Sa nouvelle robe lui fournissait un sentiment de protection plus important mais elle pesait également plus lourd sur ses épaules. Quand il parvint enfin au pieds du pilier, il était à bout de souffle.
Il observa l'édifice de l'extérieur. La clarté des lune jumelle ne lui révéla aucune activité. Tout semblait calme, mais cela ne le rassura guère. Reprenant son souffle, il entama l'escalade des marches menant à l'entrée du pilier. Une étrange impression l'envahit. Quand il arriva au niveau du porche, il hésita un instant puis entra et appela le fantassin.


Lihkeux, vous êtes là ? Que se passe-t-il ?

Soudain, son regard fut attiré par un mouvement. Il lui semblait avoir aperçu l'ombre de quelqu'un se faufiler derrière lui.


 
Bail Lihkeux

Le Merakih 29 Otalir 1508 à 23h38

 
*** Un mince filet de voix jaillit à la gauche de la porte.
***

Je... je suis ici... toumnez la tête...

*** Bail était debout, à côté du campement de fortune qu'il s'était aménagé. L'épée dressée, frêle lame pour parer à un quelconque danger, il n'esquissa pas un regard vers le nouveau venu, songeant qu'il devait s'agir du frère ayant annoncé sa venue sur le consensus.

Lui-même ne quittait pas des yeux l'étrange phénomène qui se produisait en ces lieux. Les ombres poursuivaient leur sarabande, transformistes évanescentes et éphémères. C'est d'une voix un peu plus ferme qu'il reprit à l'endroit d'Aerodiüs: ***


Voyez vous rêre, fmème Doyen. Les ombmes bougent... et changent...

*** Un temps. Afin, sans doute, que Doyen le prenne pour s'imprégner de ce qui se déroulait ici. ***


Cela a correncé il y a quelques heumes... sans maison que je compmenne...
***
Le petit fantassin se tut. Sans reprendre cette fois.
***


 
Aerodiüs

Le Julung 30 Otalir 1508 à 09h56

 
Maintenant il les distinguait nettement. Elles étaient là, nombreuses et finalement peu discrètes pour des ombres, courant le long des murs et des arcades de l'immense nef. Le doyen en resta un moment interdit.

Quelque heures dites-vous ?

Le tchaë avait parlé d'une voix très faible, à peine perceptible, révélant malgré son visage serein la peur qui venait de le saisir au ventre. Des ombres dans les piliers, ce n'était guère pour le rassurer. Il n'avait pas encore obtenu de réponses sur ce qu'il s'était passé jusqu'à présent que de nouveaux mystères apparaissaient.
Coïncidence ? Ces ombres étaient-elles liées aux agissement de Flymeur et si oui, les avaient-ils voulues ? Mais surtout, représentaient-elles un danger ? A les voir ainsi glisser le long des parois, de manières peu rassurante, il n'était pas convaincu qu'elles soient bienveillantes. Il se tourna enfin vers Bail Lihkeux. Le fantassin semblait effrayé, à tel point qu'il en bafouillait. Aerodiüs tâcha de prendre le sourire le plus rassurant qu'il pouvait.


Vous voilà bien courageux fantassin d'être rester ici à surveiller seul ce pilier. C'est d'ailleurs malheureux que l'on ne vous ait pas fait accompagner de quelques noirauds non symbiosés.
Ces ombres ne me disent rien qui vaille. Venez à côté de moi sur le pas de la porte. Nous surveillerons l'évolution des choses mais dans le cas où elle deviendraient aggressive, je ne pense pas qu'il soit pleutre d'envisager de s'écarter du pilier. Après tout, pour lutter contre tant d'ombre, il faudrait au moins un soleil...


*** Alors qu'il disait ces mots, une idée un peu confuse traversa l'esprit du doyen. Il l'évoqua à voix basse, comme pour lui-même. ***


... ou un pilier activé.


Il lui fallait des réponse. Il contacta aussitôt le maire d'Oriandre. Il avait du placer des gardes auprès du pilier. Il pourrait l'informer d'une évolution quelconque là-bas. Il contacta également les frères déjà présents à Ulmendya.



 
Bail Lihkeux

Le Julung 30 Otalir 1508 à 12h09

 
*** Face aux compliments d'Aerodiüs, Bail ne put retenir un sourire de contentement. Et pour la première fois, il tourna les yeux vers le Doyen pour le saluer d'un signe de la tête. Il vit à ses côtés un tchaë plutôt replet, qui le dépassait d'une tête et suffisamment âgé pour être son père. Voire plus. Le fantassin esquissa un pas vers lui avant de se raviser. Le visage devenu sévère. Son orgueil prenant le pas sur sa trouille, pourtant réelle. ***


Fmème Doyen, j'ignome ce que c'est rais c'est ron môle d'assumer la sécumité de la Fmatemnité... s'il se passe quoi que ce soit, je dois êtme pmêt à méagir... aussi vais-je mester à l'intémieum de cette salle...

*** Affirma-t-il d'une voix pas aussi assurée qu'il l'aurait souhaité. Bravache, il alla même jusqu'à faire quelques pas supplémentaires pour s'avancer plus profondément à l'intérieur. Il manqua de sursauter lorsqu'il lui sembla qu'une ombre ayant la forme d'un gambol fonçait sur lui mais elle s'évapora avant le choc. Il raffermit sa prise sur son épée.
***

Peut-êtme rêre ces ombmes ne sont-elles pas dangemeuses...


*** Le ton était loin d'être convaincu.

Enfin parvenu au milieu de la pièce, il s'arrêta et s'y planta. Dans l'une de ses mains, une épée dressée et dans l'autre une petite dague pour parer toute attaque. Ou, plus précisément, pour tenter de parer toute attaque.
***

Rais vous avez maison fmème Doyen... quelques fmèmes non symbiosés ne semaient pas de tmop... Rieux vaut pêcher pam pmécaution que pam impmudence... je vais en pamler à res supémieums...

 
Bail Lihkeux

Le Julung 30 Otalir 1508 à 22h06

 
*** Tout se passa en quelques minutes. La luminosité déjà bien faible dans la nef du Pilier s'amenuisa encore un peu plus, rendant bien difficile de discerner quoi que ce soit soit à l'intérieur. Et la température chuta. Brusquement. Sans signe annonciateur. Bail frissonna et plissa les yeux pour tenter de discerner ce qui l'entourait. Son anxiété avait encore monté d'un cran. Il eut à peine le temps d'émettre un: ***


Rais... la nuit vient de...

*** Qu'il fut interrompu par un brusque affolement général parmi les ombres qui dansaient dans le Pilier. Leur mouvement s'accéléra et, très vite, plutôt que de prendre seule les formes les plus diverses, elles se mirent à s'agglutiner les unes aux autres. Ce fut comme une tempête d'ombres et le fantassin, mort de peur, s'accrocha tant bien que mal à ses lames, serra les mâchoires et attendit de voir ce qui allait se passer. Il aurait été bien en peine de bouger d'ailleurs, ses jambes paralysées par la trouille.

Et alors qu'une forme monstrueuse commençait à se dessiner parmi les ombres, la encore éthérée fusa hors du Pilier, traversa la porte ouverte devant laquelle le Doyen se trouvait pour jaillir à l'air libre, ne laissant derrière elle qu'une nef vide et silencieuse.

Les jambes de Bail parurent vouloir suivre le mouvement et elles s'enclenchèrent pour propulser le fantassin à la suite des ombres enfuies, vers la porte de sortie du Pilier. Sur le pas de laquelle, il se planta, fixant de ses yeux terrorisés la créature qui avait pris forme.

Une chose immense. Si grande que l'idée d'additionner le nombre de lui-même qu'il faudrait empiler pour arriver au sommet s'évanouit dans l'esprit de Bail aussi rapidement qu'elle était née.

Une chose que même dans ses pires cauchemars, le petit tchaë n'avait pas imaginé. Des bras comme des troncs d'arbre. Mais armés de pics. Et une armure que même les troncs en question paraissait ne pas pouvoir briser. Et une tête... une tête... plutôt petite la tête comparée au reste. Mais elle inspirait la peur. Et, après tout, c'était là tout ce qu'on lui demandait.

Le fantassin balbutia à l'endroit du Doyen dont il ignorait s'il était toujours à ses côtés:
***

Je... je... je crois que... que je vais en pamler sum le consensus... j'ai... j'ai dit que je les tiendmais infomré s'il se passait quelque chose de nouveau... je... je cmois que... ceci... est nou... nouveau...

*** Et il hurla mentalement sur le consensus. ***


 
Aerodiüs

Le Julung 30 Otalir 1508 à 23h23

 
Citation :
Peut-êtme rêre ces ombmes ne sont-elles pas dangemeuses...


La masse encore informe constituée par les ombres fit choir le doyen en passant près de lui pour sortir du pilier. Comme il se relavait et s'approchait de Bail qui venait d'arriver dans l'encadrement des grandes portes, il aperçut le sombre amas prendre forme, semblant aspirer lumière et chaleur autour d'elle.
Aerodiüs demeura pétrifié devant la créature. Elle devait mesurer pas loin de quarante pieds (ndla : tchaës, comprenez 6 mètres environ) de haut et dégageait une terrible aura de mort. Le géologue, en cet instant, ne pensait qu'à s'enfuir mais ses jambes restèrent figées.


Je crois effectivement qu'il s'agit de quelque chose de nouveau et, sans vouloir faire de délit de faciès, j'ai peur qu'il ne nous réserve pas que de bonnes choses.

Pourtant la chose demeurait calme, presque immobile, se contentant d'observer le ciel et le sommet du pilier. La terreur continuait d'habiter le cœur d'Aerodiüs, pourtant il savait qu'il devait retrouver son calme et réfléchir. De toute manière, ils ne pouvaient fuir : la créature se trouvait entre eux et la ville. L'attaquer, malgré l'apparente vaillance du petit fantassin qui l'accompagnait ne semblait pas non plus judicieux au doyen, du moins tant que la créature ne devenait pas agressive.
Ils devaient rester là et observer, communiquer à leurs frères ce qu'il se passait pour trouver la meilleure manière de réagir.


Nous sommes bloqués. Restons là, le plus discrets possibles et contentons nous de l'observer. Je pense qu'il vaut mieux éviter de le provoquer.

Aerodiüs se recula un peu dans l'ombre du pilier et se tint là à observer la créature tout en prenant soin de prévenir ses compagnons par pensée.


 
Aerodiüs

Le Vayang 31 Otalir 1508 à 12h55

 
L'ombre était apparue depuis un petit moment déjà et ne donnait pas beaucoup de signes d'activité, se contentant de fixer le ciel et le pilier comme en attente de quelque-chose... mais quoi ?
Aerodiüs venait d'apprendre qu'une autre ombre d'exaltation se trouvait près du pilier d'Arameth mais il ne savait toujours pas ce qu'il en était au pilier d'Oriandre. Quant à ses compagnons se trouvant à Ulmendya, ils ne savaient pas grand chose qui puisse l'aider si ce n'est que les nemens retournaient toutes leurs archives sans parvenir à déterminer ce qu'il se passait.

Le seul qui semblait avoir des réponses, et encore, était Flymeur. Pour le doyen, cela ne faisait aucun doute, il était la clef de tout ce qu'il se passait. Mais quelle était donc la source de son pouvoir ? Quel était le lien entre sa capacité à dépasser la limite des consensus et celle à activer les piliers et voyager de l'un à l'autre ? Flymeur n'avait pas daigné lui apporter les réponses.
Pourquoi lui ? Rien dans sa vie de non symbiosé ne semblait le prédisposer à une telle destinée. Quel élément manquait-il dans ce puzzle incompréhensible ?
Et le temps, il n'avait plus le temps.


*** Il se tourna vers le fantassin et lui désigna l'ombre d'exaltation. ***


Gardez un œil sur elle. Elle ne semble pas présenter un danger immédiat. Si quelqu'un arrive, empêcher le de provoquer la créature.
Je vais voir dans le pilier si je trouve un indice qui nous permettrait de comprendre ce qu'il se passe. Si vous avez besoin d'aide... eh bien hurlez.


Avant de pénétrer plus avant dans le pilier, le doyen saisit sa canne et psalmodia quelques brides d'arkan en direction du fantassin. Mais, peut-être était-ce l'émotion ou l'aura de la créature, il ne parvint pas à finaliser son sort.
Il s'enfonça dans la nef, laissant Bail Lihkeux seul à l'entrée du pilier. Tout en marchant, sa main ridée crispée sur le pommeau de sa canne, il observait d'un œil inquiet les parois de l'édifice, tentant d'y trouver un quelconque indice et guettant la présence potentielle d'autres ombres.
Après avoir parcouru plusieurs dizaines de mètres, il s'approcha d'une colonne et posa sa main sur la pierre. Il ressentit le froid envahir sa main, l'engourdissant légèrement. Il aurait tant aimé ressentir ces vibrations dont Flymeur lui avait parlé. Il était convaincu qu'il ne comprendrait ce dont tout cela retournait qu'en suivant les pas de Flymeur.
Parler à tous, lier sa pensée à tous, dépasser les factions, il éprouvait cela comme une nécessité dorénavant. En effet, cette presque-nuit glaciale s'était plongé sur l'ensemble de Syfaria et les ombres semblaient apparaitre dans tous les piliers. Communiquer avec sa faction uniquement posait trop de limites.

Il devait bien pouvoir le faire. Après tout, communiquer par pensée avec un symbiosé d'une autre faction n'avait jamais été compliqué. Communiquer avec plusieurs symbiosés d'autres factions en même temps était possible. Pourquoi en serait-il différents avec les consensus ? Pourquoi un consensus globale ne pourrait-il pas exister ? Après tout, dans ce pilier, il se sentait plus poussiéreux que frère du désordre...



 
Bail Lihkeux

Le Vayang 31 Otalir 1508 à 13h07

 
*** Un moment passa sans qu'aucun des deux tchaë n'esquisse le moindre mouvement, occupés qu'ils étaient à alerter et échanger avec leurs frères. Durant tout ce temps, la créature ne bougea pas d'un pouce, se contentant de fixer le ciel, immobile. Mais toujours aussi effrayante. Aerodiüs rompit le silence le premier avant de s'enfoncer plus profondément dans la nef et de laisser le petit fantassin seul pour surveiller la créature.

De sa vie, Bail n'avait jamais eu aussi peur. Ses entrailles étaient si contractées qu'une goutte de jus de pommes ne serait pas passée. Il tremblait de tous ses membres, se raccrochant à son épée comme à la main de sa maman par une nuit d'orage quand il était enfant. La bête avait beau ne pas bouger, elle exhalait le mal. Paraissait entourée d'une aura de terreur qui rayonnait à des lieux autour d'elle. Qui pénétrait le tchaë par tous les pores de sa peau, vidant ainsi les maigres réserves de courage qui lui restaient.

Ce fut le bruit d'une cloche sonnant au loin, certainement en provenance de Farnya qui le tira de son état d'hébétude. Lui fit presque entrevoir ce qui risquait d'advenir si jamais la créature se mettait en mouvement et se révélait aussi dangereuse qu'elle le paraissait, inanimée. La vision d'une Farnya détruite et sanguinolente lui hérissa les poils et lui procura une violente décharge d'adrénaline.

Il jeta un bref coup d'oeil derrière lui pour s'assurer qu'Aerodiüs était trop loin pour chercher à l'arrêter puis il s'engagea dans l'escalier et dévala les marches quatre à quatre. Seulement porté par ce soudain regain d'énergie qui paralysait, au moins pour un temps, sa peur qui existait toujours. Trente secondes lui suffirent pour arriver en bas. A peine plus pour trottiner à une distance suffisante de la créature pour espérer se faire entendre. L'aura de terreur se renforçait à mesure qu'on se rapprochait d'elle. Les entrailles de Bail se contractèrent encore un peu plus et il manqua de se faire dessus.

Mettant ses mains en porte-voix, Bail hurla: ***


OH! LA... LA... LA CHOSE... TU ENT... ENTE... ENTENDS CE QU... QU... QUE JEJEJE... JE DIS?

 
Aerodiüs

Le Vayang 31 Otalir 1508 à 14h47

 
Aerodiüs, la main toujours plaquée contre la colonne, tentait de faire le vide en lui. Son état de concentration était à son maximum, comme s'il tentait de contacter quelqu'un par la pensée sans vraiment viser un poussiéreux en particulier. Sa tentative était certainement vouée à l'échec mais cela il avait préféré l'oublier, ne cherchant qu'une seule et unique chose : la frontière du consensus.
Quand Bail s'aventura hors du pilier, il était trop loin et trop concentré pour s'en apercevoir. Il ne perçut pas non plus le cri du fantassin à l'intention de la créature.



 
Aerodiüs

Le Vayang 31 Otalir 1508 à 19h19

 
Rien.

Non seulement il ne parvenait pas à franchir la barrière des consensus mais pire, il ne parvenait même pas à la palper. Comment Flymeur s'y était-il prit ? Flymeur... FLYMEUR !!
Soudain, il prit conscience d'une présence. Il sursauta et ôta sa main de la pierre froide du pilier et regarda autour de lui. Personne.
Puis il reposa sa main sur la colonne et fit de nouveau le vide en lui. Il pouvait le sentir, oui, il était bien là. Il tenta de l'appeler mais rien.
De nouveau, il retira sa main de la pierre et le contact disparut. Pourtant il ne l'avait pas rêvé. Il avait bel et bien ressenti la présence de Flymeur, comme s'il faisait partie de la pierre du pilier. Mais impossible de le contacter par ce biais.
Il contacta alors le bibliothécaire Raganot et Adwëis qui se trouvaient avec les nemens et les représentants des autres factions. Il ne savait comment mais Flymeur faisait visiblement "partie" des piliers. Cela pouvait avoir son importance.



 
Aerodiüs

Le Vayang 31 Otalir 1508 à 19h30

 
Quelle pouvait-être la nature du lien entre Flymeur et les piliers ? Elle semblait en tout cas bien plus étroite que le doyen ne l'aurait imaginer.
Après avoir contacter ses pairs, il décida de se diriger vers l'entrée pour voir si la créature avait bougé. A peine eut-il fait quelques pas qu'il se rendit compte de l'absence de Bail Lihkeux. Un instant, son sang se glaça. Puis il se mit à courir en direction de l'entrée. Arrivé dans l'encadrement de la porte, il resta paralysé de stupeur.


Pauvre fou, mais que fait-il ?


 
Bail Lihkeux

Le Sukra 1 Nohanur 1508 à 00h42

 
*** Une mouche vola.

Bail laissa passer une bonne minute avant de se rendre à l'évidence. Ou bien la créature l'ignorait ou bien elle était sourde comme un pot. Ce que Bail choisit de vérifier immédiatement, dans la lancée de cette réaction inconséquente qui l'avait propulsé jusqu'ici et qu'il n'avait sans doute pas encore eu le temps de regretter. Toujours porté par cette décharge d'adrénaline.

Il baissa les yeux et chercha par terre de quoi mettre en œuvre son nouveau et solide plan. Son choix se porta sur une pierre aussi grosse que sa main. Il l'empoigna, la soupesa avant de lever à nouveau les yeux vers l'Ombre.

Le petit fantassin ne se laissa pas le temps d'hésiter. Le ventre toujours noué par la peur, il visa soigneusement le plastron de la créature et jeta la pierre. Qui vola droit à son but.

Une seconde, Bail ferma les yeux. Attendant le coup qu'il sentait devoir immanquablement arriver. ***


 
Aerodiüs

Le Sukra 1 Nohanur 1508 à 09h15

 
Au moment où il arriva sur le perron du pilier, Aerodiüs vit Bail Lihkeux lancer la pierre sur l'ombre. D'abord paralysé de stupeur, il parvint enfin à réagir et hurla, comme il ne l'avait jamais fait, à l'intention du fantassin.

LIHKEUX ! CESSEZ IMMÉDIATEMENT !!!

Mais trop tard. Déjà, il voyait la pierre filer directement vers le plastron de l'ombre. Pourtant, l'action sembla durer une éternité, comme si la trame du temps se déformait uniquement pour intensifier l'horreur qu'il éprouva à cet instant. Jamais il n'avait vu une pierre voler aussi longtemps et jamais il n'avait ainsi ressenti sa vie tenant uniquement à la destinée d'un caillou... un comble pour un géologue.

Agrek dit :
Pour sûr... j'espère seulement qu'il n'a pas pris un morceau de poissardite.



 
Narrateur

Le Dhiwara 2 Nohanur 1508 à 00h35

 
Le caillou frappa le dit plastron.
Puis retomba, tel un bon gros caillou bien obéissant.
Ploc.
Ploc, ploc, ploc...
Puis il s'immobilisa.

La créature, dans l'ensemble, n'avait pas réagi.
Pourtant, il sembla aux deux tchaës que durant un très bref instant, elle avait abaissé son regard vers le fantassin.
Mais rien de plus...


 
Bail Lihkeux

Le Dhiwara 2 Nohanur 1508 à 01h32

 
*** Un cri au loin. Les yeux qui s'ouvrirent à l'instant, ce très bref instant, où la créature parut abaisser les siens pour les poser sur lui. Un coup dont on ne devina même pas l'esquisse en dépit de toute l'attente qu'il avait suscité. Et la pierre qui chuta. Choc incongru dans un océan de silence. Une plaine de silence. Puis le retour à la normal si tant est que la normalité est quelque chose à voir dans tout ceci.

C'en fut trop pour Bail. Comme s'il avait fait le plein d'étrange et de pas banal pour la journée. Comme si la pierre tombée était le dernier caillou qui faisait déborder la carrière. Au beau milieu de la plaine, devant la créature retournée à sa contemplation immobile, le fantassin tourna de l'œil. Et s'étala sur l'herbe, la tête la première. Silencieusement.

L'adrénaline avait cessé de le porter. ***


 
Aerodiüs

Le Dhiwara 2 Nohanur 1508 à 09h24

 
Aucune intervention d'un être supérieur n'était arrivée pour dévier la trajectoire de la pierre et sauver le petit fantassin. Aerodiüs observa avec horreur le caillou frapper le plastron de l'ombre puis retomber au sol.
Il aperçut très distinctement le regard porté par l'ombre sur Bail Lihkeux et manqua de faillir quand il en observa l'effet. D'un regard, d'un seul, la créature avait terrassé le fantassin. Celui-ci gisait maintenant face contre sol au milieu de la plaine.


Agrek dit :
T'emballes pas pépé, j'ai plutôt l'impression qu'il s'est évanoui.


Quoi qu'il en soit, il ne pouvait décemment laisser un frère allongé ainsi à quelques mètres de cette chose. Il devait l'aider.
Prenant son courage à deux mains, il commença de s'avancer tout en fixant du regard l'ombre. Cette dernière semblait complètement impassible, fixant toujours le pilier.
Quand Aerodiüs arriva à quelques mètres de Bail Lihkeux, il distingua les mouvements du poitrail de ce dernier ainsi qu'un léger ronflement : il était bien vivant. Oubliant soudain la créature, il parcouru les derniers mètres en courant et s'agenouilla vers le fantassin. Il le saisit délicatement et le fit basculer sur le flanc. Le doyen remercia Shambleau car Bail n'avait visiblement aucune blessure, il semblait juste dormir paisiblement. Par contre, une terrible odeur l'imprégnait. Visiblement, ses entrailles s'étaient dénouées. Aussi, préférant ne pas avoir à le porter, Aerodiüs tenta de le réveiller. Comme ses premières tentatives ne semblaient pas porter leurs fruits, il déboucha un flacon de bière de Mjert qu'il avait dans son sac, le porta sous le nez du fantassin et lui en versa quelques gouttes dans le gosier.


Allons fantassin vous prendrez bien un petit verre ?

C'était selon lui un moyen efficace pour réveiller un noiraud. Preuve en était que c'était le seul moyen qu'il connaissait pour réveiller le commandant Abel, exemple phare de la catégorie.


 
Bail Lihkeux

Le Dhiwara 2 Nohanur 1508 à 12h16

 
*** Bail rêvait. Il était de retour chez lui, rajeuni de plus d'une trentaine d'années, alité en raison d'une forte fièvre. Deux couches de couettes bien rembourrées le protégeaient des courants d'air tandis qu'un feu flamboyait dans la cheminée familiale. Une tasse fumante sous le nez, le petit bonhomme était aux anges. Les yeux fermés, il attendait que sa maman, comme d'habitude, lui fasse des bisous sur l'ensemble du visage pour se réveiller, un rire dans la gorge.

Sauf qu'au lieu du signal convenu, il y eu d'abord une odeur très forte puis ce fut une voix rocailleuse et chargée d'années qui tira le petit tchaë de sa torpeur. Il tenta tout de même un: ***


Raran?

*** Espérant voir son doux visage face à lui mais quand il entrouvrit les paupières, ce fut le visage ridé du Doyen qui apparut devant lui. Un visage passablement tendu au passage. Puis le fantassin avala de travers les quelques gouttes qu'Aerodiüs lui avait versé et il se redressa sur son séant, toussant pour ne pas s'étouffer. Toussant très bruyamment. ***


TEUH TEUH TEUH TEUH!

*** Le breuvage finalement passé, ne laissant rien derrière lui sinon un visage rougi, Bail revint à la situation présente et ses yeux se posèrent sur le Doyen et, derrière lui, la créature qui guettait toujours. Le petit tchaë s'adressa à Aerodiüs d'une voix très fatiguée: ***


Vous avez vu fmème Doyen? Elle r'a megamdé. Elle r'a megamdé. Et elle ne r'a pas attaqué... Je...

*** Un temps. Comme si le fantassin hésitait maintenant sur la signification de ce regard, sur le fait de savoir si cela était positif ou non. Ne parvenant visiblement pas à faire son choix, il le remit entre les mains d'Aerodiüs.
***

Vous avez vu, hein? C'est... que... à votme avis? C'est une bonne nouvelle ou pas?
***
A cet instant, le fantassin réalisa qu'il s'était fait dessus. Son visage qui commençait seulement à retrouver un peu de sa pâleur naturelle, redevint aussitôt tout rouge. Et il détourna le regard, n'osant affronter celui d'Aerodiüs. ***


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