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Le Luang 17 Nohanur 1508 à 23h48
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| *** Bail en était resté baba. C'était la première fois qu'il lui était donné de voir un tel prodige, une main revenant du néant, par le truchement d'un sort bien maîtrisé. Et lorsqu'il releva les yeux pour regarder Aerodiüs, il y avait une lueur de frayeur mêlée à quelques éclats d'admiration dans son regard.
A la proposition du Doyen, quand à effectuer une nouvelle tentative auprès de l'Ombre, il n'ajouta qu'un simple: ***
Cemtainerent...
*** Dans lequel l'on pouvait percevoir une note de respect. A la suite de quoi, il ne quitta pas le dos d'Aerodiüs des yeux, jusqu'à ce que ce dernier s'allonge auprès dans un recoin du Pilier. Et seulement alors, il s'adressa à Marcolien:
***
Je... je n'avais jarais vu ça... c'est... la chose la plus incmoyable que j'ai vue de ra vie... et... ce tchaë est... un génie... je...
*** Une pause durant lequel Bail parut ne pas savoir quoi ajouter. Le temps d'un coup d'oeil vers le coin où le Doyen se reposait puis vers l'entrée de la nef et: ***
Je... je cmois que je vais metoumner sumveiller l'ombme... vous demiez mester aupmès du Doyen... au cas où... si Flyreum choisissait de se rontmer quand on ne l'attend plus...
*** Sans attendre la réponse de Marcolien, encore estomaqué par ce qui venait de se produire sous ses yeux, Bail marcha tel un automate jusqu'à l'entrée et descendit mécaniquement les marches, le regard fixé devant lui.
Il parcourut ce même chemin qu'il avait parcouru en courant, mais en sens inverse, jusqu'à retrouver sa position de guet, à seulement quelques encablures de l'Ombre. Où il s'assit en tailleur. Pour finalement poser ses yeux sur la créature.
Et prononcer ce simple mot, de manière presque automatique, comme un tchaë qui entrerait dans une pièce, y verrait une connaissance et, naturellement, la saluerait:
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Bonsoim.
*** Donc sans vraiment avoir conscience de ce qu'il disait. *** | |
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Le Merakih 19 Nohanur 1508 à 12h06
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| *** Bail sursauta lorsque l'Ombre lui répondit, au point de perdre l'équilibre et de tomber sur son arrière-train en poussant un cri de surprise. Il ne s'était absolument pas attendu à recevoir une quelconque réponse. A terre, son premier réflexe fut de porter ses mains vers son visage, comme pour se protéger, certain que cette voix venue tout droit d'un carrousel n'était qu'un prélude à une intervention plus violente.
Le fantassin garda cette pose plusieurs secondes et, ce délai écoulé, écarta légèrement un bras pour tenter de voir ce que faisait l'Ombre. Pour s'apercevoir que cette dernière n'avait pas bougé et poursuivait son observation assidue du ciel. Gêné, voire même un tantinet vexé par sa réaction apeurée, Bail se releva avec le visage rougi et regarda autour de lui pour s'assurer que personne n'avait été témoin de sa mésaventure.
Rassuré, il commença enfin à réfléchir sur ce qui s'était passé. Alternant les coups d'oeil inquiet vers le Pilier où se trouvaient Aerodiüs et Marcolien et intrigué vers l'Ombre. Ne sachant, n'osant, lui adresser à nouveau la parole, au risque de gâcher l'occasion qui lui était donné.
Finalement, le fantassin décida d'envoyer son mou alerter les occupants du Pilier. Eux sauraient quoi demander à l'Ombre. Et nul ne pourrait l'accuser lui, Bail, d'avoir tout fait capoter.
Aussi, dans le Pilier, à destination d'un Marcolien qui seul était éveillé: ***
dit :
Vite... L'Ombre a parlé... venez avec le vieux tchaë... l'Ombre a parlé...
***
Quand à Bail, il resta debout, devant l'Ombre, sans mot dire. *** | |
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Le Merakih 19 Nohanur 1508 à 12h51
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| *** Le jeune géologue commençait à s'assoupir lorsque Arsène le Mou fit irruption. ***
Citation :Arsène dit :
Vite... L'Ombre a parlé... venez avec le vieux tchaë... l'Ombre a parlé...
*** Marcolien s'éveilla en sursaut et se dirigea vers l'entrée du Pilier. Il distingua vaguement l'Ombre, toujours immobile, et le fantassin planté près d'elle. Se disant qu'il risquait de rater un moment historique, il courut droit vers le coin où le Doyen somnolait, le secoua doucement et lui rapporta ce qu'il avait vu.
Puis, sans attendre Aerodiüs, il sortit du Pilier et se dirigea prudemment vers l'Ombre, prêt à faire demi-tour si jamais la créature venait à bouger.
Mais comme rien ne venait, il finit par arriver sans bruit derrière Bail Lihkeux. Espérant ne pas attirer l'attention sur lui, il lui murmura : ***
La chose a vraiment parlé ? | |
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Le Merakih 19 Nohanur 1508 à 22h09
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| *** Marcolien et Aerodiüs arrivèrent en ordre dispersé, s'intercalant entre eux un nouveau tchaë que Bail n'avait jamais rencontré. Légèrement rasséréné de se trouver ainsi entouré, le fantassin réussit à expliquer ce qui s'était passé sans trop bafouiller: ***
Je ne sais pas tmop ce qui r'a pmis... en ammivant poum mepmendme ra sumveillance, je re suis toumné vems l'Ombme et je lui ai dit "bonsoim". Je cmois que j'étais encome sous le coup de votme résaventume, fmème Aemodiüs...
Bmef... l'Ombme r'a aussitôt mépondu... elle a pamlé de colème... et de homs d'oeuvme... je cmois... d'une colème qui couvait en guise de homs d'oeuvme... enfin tout cela n'était pas tmès claim... je...
*** Exposé aux regards de ses compagnons, le petit tchaë commençait à s'emmêler dans ses explications.
***
Je... je ne r'y attendais vmairent pas... c'est... et cette voix... à faime hémisser les poils d'un romt... je... j'en fmissone encome...
*** Un temps.
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Je n'ai mien mépondu ensuite... j'ai pméfémé attendme que vous ammiviez...
Qu'est-ce que vous en pensez ? | |
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Le Julung 20 Nohanur 1508 à 19h25
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| Aerodiüs luttait pour ne pas tomber dans les vapes. Pourtant, la réflexion de Surok lui fit lever le sourcil.
Effectivement, si la colère est le hors-d'œuvre, quel sera-donc le plat de résistance ?
Enfin, l'ombre ne me parait pas plus en colère qu'à son arrivée. Si elle a parler une fois, elle doit pouvoir le faire de nouveau. Il suffit de lui demander ce qu'elle voulait dire. Mais avant ça...
Le doyen fouilla dans les multiples poches que dissimulait sa cape et y trouva un calepin, une plume de métal et une petit fiole d'encre. Il tenta d'ouvrir la fiole mais la fit chuter dans l'herbe. Il se baissa pour la ramasser et c'est alors qu'il se rendit compte que sa main imberbe était saisie de tremblements. Il saisit la fiole et se tourna vers Marcolien.
Marcolien, ça ne te dérangerait pas de consigner les paroles de l'ombre. Je l'aurai bien fait mais ma nouvelle main ne semble pas encore totalement fonctionnelle.
Il tendit alors le matériel d'écriture au Mestre. Puis il alla s'assoir sur un rocher tout proche car la fatigue amenait maintenant des tremblement dans ses jambes. Comme il était bien installé, il leva les yeux vers l'ombre et décida de s'adresser à elle.
Alors comme cela vous avez parlé de colère ? J'espère que vous n'êtes pas en colère contre nous, bien que je comprendrais qu'il est peu agréable de recevoir des pierres quand on n'a rien demandé.
Lança un regard amusé vers Bail Lihkeux et tenta un clin d'oeil. Seulement il était tellement fatigué que son expression ressembla plutôt à une grimace.
Ombre, quelle est donc cette colère ? Par quoi est-elle motivée ? A qui appartient-elle ?
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Le Julung 20 Nohanur 1508 à 20h25
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| *** A la demande du Doyen, le jeune géologue nota scrupuleusement les paroles de l'Ombre.
Mais on ne peut pas dire qu'il en comprit le sens. ***
Oh non, encore des énigmes. D'abord Flymeur, ensuite cette chose. Ah on peut pas dire que puissance rime avec clarté, ça non. On va essayer de mettre un peu de logique là-dedans.
Regardez moi ça, la fin de tout ne fut que la fin. Il se réfère à un passé, et il veut sûrement dire que la fin de tout n'a été que la fin d'une époque puisque nous somme là.
Pour sa deuxième phrase, on en déduit que les ombres vivent dans un monde à elles, mais qui est l'âme torturée ? Elle, ou le Doyen ?
Ensuite colmater des failles... Vous avez vu des failles dans le coin vous ?
Et enfin résister au flot ne fait que le briser... Mais quel flot, celui des évènements ? Dans ce cas si on résiste à Flymeur on arrête tout le processus ?
C'est à s'en arracher les cheveux de la tête, si au moins on avait un frère philosophe dans le coin... Je propose une chose, on arrête de poser des questions à ce truc. On sait que ça parle, mais c'est pour ne rien dire, et on en sort avec un gros mal au crâne. | |
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Le Julung 20 Nohanur 1508 à 21h43
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| Le doyen prêta à peine attention aux paroles de son jeune collègue. Il ne cessait de tourner et retourner les paroles de l'ombres dans sa tête.
Dans les ombres résident les ombres... On lui avait dit que dans le Matriarcat, quand les tydales avaient attaqué l'ombre, plusieurs ombres plus petites en étaient issues pour attaquer les environs.
D'où venaient ces ombres ? L'âme d'anciens habitants de Syfaria ? Celle des ennemis des Eduens ?
Pour le doyen, il semblait évidant que l'âme torturée, c'était lui... et un peu l'ombre aussi. Il supposa que l'ombre avait senti sa tentative avec le pilier.
Aerodiüs fut sorti de sa réflexion par la proposition de Marcolien.
Notre hôte semble disposé à parler. Il serait impoli, sous pretexte que nous ne saisissons pas toute l'étendue de ses parole, de refuser de lui faire la conversation.
Le doyen se tourna de nouveau vers l'ombre. L'impression de mort qu'elle dégageait, associée à l'intense fatigue qui habitait le tchaë, était à la limite du supportable. Mais il aurait bien le temps de se reposer, après.
A qui incombe-t-il donc de colmater ces failles ? Les poussiéreux sont-ils destinés à rejoindre les ombres dans les ombres ?
Une dernière question vint à l'esprit du doyen. Peut-être n'avait-elle aucun sens, peut-être pas. Toujours est-il qu'il la posa presque sans y réfléchir.
Si la fin de tous ne fut que la fin, alors pourquoi êtes-vous là aujourd'hui ?
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Le Julung 20 Nohanur 1508 à 22h04
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| *** Bail essaya de se faire tout petit, ce qui, avouons le, n'était pas bien compliqué pour lui, lorsque Aerodiüs évoqua devant l'Ombre l'épisode de la pierre. Si la créature n'avait fait preuve d'aucune animosité jusque là, le fantassin n'était tout de même pas certain qu'il soit judicieux de rappeler des détails aussi triviaux. Surtout s'il se rapportait à lui...
Mais soit que l'Ombre n'ait pas compris l'allusion, soit qu'elle s'en ficha comme de sa dernière chaussette, si tant est qu'elle en porta, elle se contenta d'émettre une réponse aussi sibylline que l'avait été sa première intervention. Le fantassin ne chercha pas à intervenir immédiatement, préférant laisser les plus érudits du petit groupe émettre les premières hypothèses. Ce qui ne l'empêcha toutefois pas d'y réfléchir aussi.
Les ombres... les failles... résister au flot... et le souvenir d'un message d'un des tchaë présents à Ulmendya et d'une réflexion des nemens quand à la dernière période d'activité recensée des Piliers.
Le petit tchaë laissa le Doyen achever sa question avant de prendre la parole à son tour. Timidement. Et sans s'adresser à l'Ombre mais plutôt à ses compagnons, comme pour proposer une idée qu'ils seraient libres ensuite de transmettre ou non: ***
Je... vous vous souvenez de ce qu'avait dit... c'était Fmème Maganot je cmois... que la demnième activité mecencée des Piliers... c'était quand nous sorrens ammivées sur Syfamia... il re semble r'en souvenim en tout cas...
Peut-êtme est-ce cela les failles dont pamle l'Ombme? Des failles poum marener de nouveaux poussiémeux... et les Ombmes semaient chamgées d'empêcher cela? D'empêcher que de nouvelles maces nous mejoignent? Au misque d'engendmer du chaos...
*** Au fur et à mesure de son semblant d'explication, Bail s'était fait de plus en plus nerveux, comme si l'idée d'exposer une théorie devant des individus plus érudits que lui le gênait terriblement. *** | |
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