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Le Luang 24 Nohanur 1508 à 18h05
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| *** Une fois encore, le jeune géologue consigna sur son carnet ce qu'avait proféré l'Ombre.
Une fois encore, la perplexité se lisait sur son visage. ***
Si je comprend bien, l'Antique, c'est à dire Sieur Flymeur, est sur le point de mourir... En même temps, vu la gourmandise des Piliers, il est étonnant qu'il ne soit pas déjà mort. Nous savons déjà qu'il n'est pas un tchaë ordinaire, mais est-ce vraiment un tchaë ?
Le fait qu'un vieux tchaë, symbiosé depuis peu, sache autant de choses dans un domaine inexploré, et possède autant de pouvoirs, c'est très suspect. | |
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Le Luang 24 Nohanur 1508 à 23h55
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| Aerodiüs fronça les sourcils. Il semblait en pleine réflexion. Il réfléchit à haute voix.
Si, comme je le suppose, Flymeur a été en quelque sorte possédé par la créature d'entre les consensus, cela expliquerait certaines choses mais pas sa faculté à voyager entre les consensus justement...
Le doyen se prit la tête entre les main. Il resta ainsi un instant, donnant l'impression qu'il allait s'effondrer de fatigue puis finit par par poser son regard fiévreux sur ses compagnons.
Vous devez avoir raison fantassin, nous n'avançons que trop lentement. Mais on ne comprend véritablement un puzzle que quand on dispose de toutes les pièces. Peut-être ce dialogue ne mènera-t-il nulle part mais je ne crois pas que nous puissions faire autrement. Et puis, bluffer cette ombre ? Quand bien même vous n'auriez pas évoquer l'éventualité devant elle, qu'est ce que cela aurait changé si nous avions été dans le faux. Si l'Antique les connait, je suppose qu'elles-même connaissent l'Antique.
L'Antique va vers la fin... Flymeur allait-il mourir ? Contrairement à ce qu'avait dit Marcolien, Aerodiüs ne pensait pas que Flymeur était l'Antique mais seulement son "véhicule". La fin était-elle la mort ?
Nous sommes la fin... Cette parole était-elle anodine ? Ni plus ni moins que les autres certainement. La poussière est la lumière... la poussière du soir...
Plutôt que tenter de bluffer l'ombre, le doyen prit le risque de suivre son jeu.
La poussière est-elle destinée à finir dans l'ombre ? Si l'Antique se dirige vers la fin, qu'adviendra-t-il de vous ? Comment peut-on suivre le flot, comment ne pas le briser ? Est-ce à la poussière de colmater les failles.
Le front du vieux tchaë perlait de transpiration tandis qu'il s'arcboutait en direction de l'ombre, comme s'il s'apprêtait à lui sauter dessus. Quiconque ne l'aurait parfaitement connu aurait pu croire qu'il savait ce qu'il faisait. Pourtant qui pouvait se vanter de parfaitement connaitre le doyen ?
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Le Julung 27 Nohanur 1508 à 01h13
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| *** Tout parut se dérouler au ralenti. Le Doyen, qu'un tchaë peu respectueux aurait qualifié comme étant au bord de l'apoplexie, s'étala la tête la première sur l'herbe humide, presque aux pieds de l'Ombre, si tant est qu'on puisse qualifier de pieds ces deux monstrueux appendices. Et avant qu'aucun des tchaë présents n'ait eu le temps d'esquisser le moindre mouvement pour aller l'aider, la créature s'agenouilla. Le ciel se serait mis à pleuvoir les gigots de sa maman que Bail n'aurait pas été plus surpris qu'en cet instant. Plus heureux certainement, et plus alléché, mais pas plus surpris.
Si l'Ombre ne chuchota pas au creux de l'oreille du malheureux Doyen, elle s'exprima toutefois d'une voix moins glaçante. Suffisamment encore pour faire se dresser les cheveux sur les têtes mais pas assez pour les blanchir en plus. Ce qui était un progrès indéniable.
Puis, étrangement, ce fut comme si le brouillard se dissipait. Comme si les yeux de l'Ombre, venus tout droit du cauchemar que pourrait faire une créature elle-même issue d'un cauchemar, par la grâce d'un court éclair de lucidité, avaient tiré le fantassin de l'état de confusion dans lequel il se trouvait. Comme si c'était brièvement créé un canal entre les deux êtres, canal par lequel l'Ombre avait transmis ses instructions au fantassin. Bien évidemment, cet éclair de lucidité n'était rien d'autre que la peur intense que ressentit Bail en regardant l'Ombre le fixer. Hormis ce sentiment qu'une mission venait de lui être confiée, il continua à patauger dans la même semoule qu'avant.
Lorsque le temps reprit son cour normal, le fantassin fut à deux doigts de rejoindre le Doyen à terre, ses jambes flageolantes manquant de se dérober. Bail réussit pourtant à donner le change et il fut le premier à se mettre en mouvement pour rejoindre Aerodiüs. Qui n'avait toujours pas bougé. Le fantassin, sans quitter l'Ombre des yeux, un mouvement pouvait en entraîner un autre et mieux valait être sur ses gardes, posa une main tremblante sur l'épaule du vieillard et le secoua en l'appelant:
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Doyen! Fmème Aemodiüs! Fmème Doyen!
*** Tandis qu'en lui même se mirent à résonner les derniers mots de l'Ombre.
Il faudra souffrir... Il faudra souffrir...
Le tchaë,tout en continuant à secouer l'épaule du Doyen, frissonna. *** | |
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Le Julung 27 Nohanur 1508 à 17h21
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| *** L'herbe fraiche, épaisse, soutenait son visage comme un doux matelas s'adaptant à chacune de ses formes. Étrangement, il se sentait bien allongé là, à demi-inconscient.
Aerodiüs sentit l'extraordinaire créature se mouvoir et l'entendit parler mais ne comprit pas bien ses paroles. Pas endormi, pas éveillé, il était ailleurs, comme en transe. Il ne se souvenait pas s'être senti dans un tel état auparavant. Même l'alcool ou l'herbe de mauvaise qualité qu'il avait pour habitude de fumer ne lui avaient jamais fait cet effet.
Quand Lihkeux vint pour le secouer, il eut conscience que quelqu'un le touchait mais fut incapable de réagir. La fatigue était trop grande, il avait lutter trop longtemps... un peu de repos, juste quelques instants, avant de souffrir à nouveau la lumière. ***
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Le Vayang 28 Nohanur 1508 à 00h26
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| *** Les traits du Doyen respiraient l'épuisement dans son dénuement le plus total. Constatant que le vieux tchaë ne revenait pas à lui, Bail se tourna vers ses deux autres compagnons. ***
Je... je cmois qu'il est épuisé... tous ces événerents... nous... il...
*** Un coup d'oeil vers la créature pour se remémorer ses mots passés et s'assurer qu'elle n'avait pas effectué de nouveaux mouvements et: ***
L'Ombme... elle a dit de l'enrrener... de...
*** Nouvelle interruption du fantassin, le temps qu'il chasse de son esprit l'écho persistant de la promesse finale de l'Ombre, après quoi il enchaîna: ***
Il y a tmop d'omb... de questions... j'ignome ce... et...
***
Le Doyen n'était pas le seul chez qui la fatigue se faisait sentir. Si le petit tchaë n'avait pas rejoint son vénérable compagnon dans les vapes doucereuses dans lesquelles il était plongé, elle le faisait tout de même bafouiller et lui donnait l'impression d'évoluer dans un brouillard.
Finalement, Bail se tourna vers l'Ombre. La fixa un temps avant de se décider à lui adresser ses premiers mots depuis le "Bonsoim" initial. D'une voix où s'entremêlaient fatigue, indécision et crainte. ***
Vous... je... Est-ce dans le Pilier que nous devons errener le Doyen? Est-ce qu'il doit essayer d'y mépamer ce que l'Antique y a fait? Est-ce cela la souffmance dont vous pamlez? Celle que Fmème Aemodiüs a expémirenté plus tôt?
*** Les questions lui étaient venues au fur et à mesure, comme si des hypothèses informulées jusque là et qui flottaient à la lisière de son esprit avaient profité de cet instant pour jaillir à la lumière. *** | |
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