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Le Sukra 29 Nohanur 1508 à 14h47
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 | *** Un vent froid soufflait sur les montagnes à l'est de Motabe. Terriblement froid. Cela était-il dû à la baisse de luminosité des astres syfariens ou était-ce là une saison particulièrement cruelle ? En ce moment précis, le chambellan Antiorn n'en avait cure. Il avait en tête son devoir. Non celui de s'assurer de l'approvisionnement constant des fundeqs et du rappatriement des denrées alimentaires vers Arameth, tâche gratifiante à ses yeux s'il en était une. Non. Aujurd'hui, son devoir était de voir à ses hommes. Ceux qui étaient tombés au service de la Cité des perles sombres. Ceux qui avaient donné leur vie pour que le rêve d'Arameth puisse subsister dans la fournaise d'Amody. Aujourd'hui, il leur rendait hommage.
La moitié des tchaës qu'il avait engagé à Motabe pour extraire les corps et monter un bûcher avait déguerpi leur paye empochée. L'autre moitié, étrangement, restait. À croire que ceux-là étaient capables d'empathie face aux malheurs d'étrangers. Ce n'était pas pour déplaire au chambellan. Le rapprochement des factions s'opérerait ainsi. En s'identifiant au voisin. En se disant c'aurait pu être moi. Je connais la douleur de perdre un fils dans ces montagnes.
S'approchant du bûcher torche en main, le blenc nelda se para d'une allure cérémoniale et entama le discours d'usage. Le rabaän ne serait pas approprié ici. Toucher les quelques tchaës présents donnerait un peu plus de sens à ces pertes.
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Irem Phahir, Ersh Emard, Peryl Enoh, Noa Enoh, Saec Tasis, Nassim Ferred, Sorol Andrak, Shynih Taseas, Nysit Kaseas, Ryhat Aldem, Ang'tia Nadim...
Vous avez engagé vos vie sur la voie des caravanes en toute connaissance des risques pour que le rêve d'Arameth puisse vivre. En toute connaissance de cause, vous avez choisi cette vie sur le mince fil des dangers dont recèlent ce monde hostile. Aujourd'hui, ce fil a été coupé. Vous étiez prêts autant que l'on peut l'être. La Confrérie des Six vous remercie.
En ce jour nous célébrons vos vies, votre don, votre sacrifice. Nous ne vous oublierons pas. Vos familles seront placées, comme il est d'usage, sous notre protection. Vous pouvez partir en paix.
Vos exploits seront chantés par des générations de caravaniers et vos vies seront rapportées aux quatre coins de Syfaria. Telle est notre tradition. En ce coin perdu des montagnes ou vous avez rencontré votre destin, nous nous recueillons sur votre sort. Et nous apprenons.
Nul n'est laissé de côté. Nul n'est oublié.
Aujourd'hui nous perdons des frères. Aujourd'hui nous apprenons. Apprenons la valeur de la vie. Apprenons à laisser partir les valeureux.
Demain nous seront plus forts.
Forts de votre exemple.
*** Sur ce le chambellan Antiorn abaissa sa torche et un brasier naquit. Les quelques tchaës présents restèrent là, à contempler le feu. À regarder la poussière devenir cendres. Demain, la cendre retournerait à la poussière.
Le blanc nelda se tourna vers une stelle qui avait été érigée et entreprit d'y graver les noms des disparus. Le matin venu, la besogne achevée, il rentra vers Motabe accompagné de ceux qui avaient veillé les morts avec lui. ***
N'est impossible que ce à quoi on se défend de rêver... | |
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