*** Ces deux jours de voyage dans les Nuages avaient été un émerveillement pour Shyama. Se rapprocher plus de ses frères et sœurs, pouvoir contempler les beautés de Syfaria d'en-haut, découvrir des paysages inhabituels, lui avaient presque fait oublier le froid qui régnait dans le haut des airs.

C'était la première fois qu'elle était autorisée à quitter les murs protecteurs et rassurants des cités du Déclin, et elle ne cessait de s'étonner de la variété et de la beauté qu'il existait AUSSI à l'extérieur.

C'est avec un certain vertige qu'elle descendit de l'appareil volant des nemens. Vertige du plaisir, du froid et de l'air raréfié....

Une fois remise de ses émotions, et son paquetage bien calé sur l'épaule, elle déchiffra le panneau indicateur.
Sud-Est.


L'accueil ne se fit pas attendre. L'endroit pullulait de monstres tous plus laids et plus agressifs les uns que les autres.
Rien à voir avec les routes claires et dégagées du Matriarcat. Les Filles du Déclin n'avaient pas besoin pour danser de plus de provocation qu'une aberration au bord de la route. Ou même à portée de vision....

Les Autres étaient vraiment.... étrangers.
***

*** Il fit circuler une pensée générale à l'intention de la Fraternité. ***

*** Le contact avait été pris.
Pas désagréable. La jeune liadha en était presque étonnée. Elle s'attendait à plus de rebuffades, plus de regards hautains et méfiants. Les Sœurs étaient certes moins tendres avec les folles, et plus dédaigneuses avec les étrangers.

On l'avait mise en contact avec le responsable des échanges, mais ce n'était pas lui qui était le plus loquace. Pas très rapide tout cela/

Prenant son mal en patience, l'Orfèvre sortit son étau portable et ses ciseaux de bijoutier, et se mit en devoir de tracer des arabesques sur une armille à moitié finie.
Et en oublia le temps qui passait et le froid qui régnait. Trois jours de travail acharné, durant lesquels, si son corps semblait dépérir, ni sa passion évidente, ni son esprit ne semblaient en souffrir. Elle paraissait capable de continuer jusqu'à sa mort, juste pour ne pas avoir à interrompre son ouvrage, sa drogue.
Assise dans l'herbe gelée, elle créait.
***

*** L'ouvrage enfin fini, la tydale sembla émerger d'une sorte de transe, et se rendre à nouveau compte de ce qui l'entourait. Un frisson la parcourut, et elle s'emmitoufla dans une épaisse cape rapiécée, pour contempler un instant son œuvre.

Satisfaite, elle laissa quelques flux de pensée parvenir à elle par sa moue, puis se leva, rempaqueta ses affaires et repartit par où elle était venue. ***