|
|
|
Le Matal 6 Jangur 1509 à 00h34
|
|
|
| Umbre était mort sur la route.
Il était censé être son ombre, et comme de juste, il avait suffit qu'il s'éloigne pour que le Destin, encore lui -ce salaud- s'engouffre dans la brèche, dans la garde laissée béante.
Umbre était mort, et son "Ombre" n'avait donc plus aucune légitimité. Il n'était pas ce protecteur silencieux qu'il avait espéré être. Le Rôle lui plaisait bien pourtant, il le jouerait jusqu'au bout. Mais ensuite ? Rentrer à Arameth lui faisait peur : il avait laissé là-bas ce qu'il n'osait affronter, ce qu'il fuyait depuis un an.
La confrontation avec sa soe... Avec Tara.
Ils ne pourraient pas continuer ce petit jeu là plus longtemps, surtout maintenant que le Luth sollicitait la présence simultanée des deux Ordinants.
Oh, ils avaient réussi pendant des semaines et des mois à veiller l'un sur l'autre sans se rencontrer, à s'éviter consciencieusement, l'air de rien, avec ce... ça entre eux. Mais il faudrait faire face un jour ou l'autre, et ce jour risquait d'arriver vite à présent.
Dorian marchait seul, en plein hiver, sur les routes incertaines de Syfaria. Couvert de blessures, comme à son habitude, son masque fendu par la dernière confrontation avec la flopée d'horreurs sur pattes qu'il s'était coltinée.
Tant pis pour elles...
Il observa en marchant l'énorme, la terrifiante épée dans son fourreau. Que signifiait-elle exactement ? C'était un cadeau de Tara, juste avant son départ. Elle l'avait laissée au théâtre, en apprenant -par le consensus, certainement- que les Confrères partaient pour Jypska.
Une flamberge, pour autant qu'il pouvait en juger (et il pouvait en juger) faite dans une matière noire, étrange, presque vivante, palpitante. Une épée monstrueuse qu'il était certainement le seul ou presque à pouvoir porter. Coupante comme la mort, lourde comme le péché, malsaine comme... lui.
De petites chaînes retenaient la lame dans son fourreau, alors que la monstrueuse arme semblait prête à jaillir dans sa main dès qu'il se mettait en garde.
Tara ne lui aurait pas offert une simple arme. Pour elle, tout était symbole, tout avait un sens, occulte ou évident.
Bref...
Il faudrait bientôt rentrer.
Cela faisait un an, presque jour pour jour. Un an qu'il avait fui, un an qu'il s'était écarté d'elle pour ne pas la corrompre. Pour ne pas détruire son innocence. Un an pour la préserver de lui.
Un an. Il avait grandi, il avait senti cette part animale, sensuelle, vicieuse, adulte... Il l'avait senti grandir en lui pendant tout ce temps. En un mot, il avait changé. Il n'était plus cet adolescent idéel et désincarné. Il était à présent un combattant, un homme, un Confrère dans toutes ses contradictions et ses démons.
Peut-être que depuis ce temps, l'espoir était mort, et qu'il aurait le courage de lui parler sans trembler.
Bien sûr, il se mentait.
Et il le savait.
Infernale lucidité.
Sa santé mentale semblait toute relative... avec notamment des tendances à la mégalomanie... Et peut être aux personnalités multiples.
Ermandr, Explorateur du Suaire, à propos de son supérieur Dorian. | |
|
|
|
|
|
Le Matal 6 Jangur 1509 à 14h33
|
|
|
| Dorian effleura la "cicatrice" sur le masque. Décidément, il était particulièrement doué pour se faire arracher l'oeil gauche. Ou presque. Cela n'avait pas changé : toujours dans l'exagération, la surenchère et les jugements intransigeants.
Y avait-il une faiblesse dans sa garde ? Pourquoi se laissait-il toujours avoir de la sorte ? Il parvenait pourtant à esquiver les bottes les plus sournoises, à parer les coups les plus brutaux. Mais dès qu'il s'agissait de protéger ce foutu côté gauche, plus personne.
Ce côté gauche, cette part de lui absente.
Il secoua la tête. Il repensa à ce combat contre le vieux loup aux entrailles infestées de fiel et de poison, corrompu jusqu'à l'os, cette image si lucide qui l'avait fait partir. C'était loin maintenant. Il avait grandi, il était plus sûr de lui, plus assuré.
Et voilà que cette consoeur, une artiste nouvellement symbiosée, les contactait tous deux, individus anonymes dans la foule des célébrités araméthéennes, sans comprendre ce qu'elle venait de déclencher. Il fallait répondre.
Il n'était même pas sûr de ce qu'ilé tait devenu, il n'était même pas conscient du recul qu'il avait pris sur tout cela, qu'il fallait répondre. Mais ce recul sur lui-même était bien présent. Il se sentait de taille à présent à s'affronter. Il avait pris acte de cette nouvelle part de lui.
Sans vraiment se poser plus de question que cela, il ouvrit son esprit, pour la première fois depuis une éternité. Et il répondit à l"invitation... mais juste à Tara :
Lilhian dit :Si ma cavalière me fait signe, il se peut que je sois de la fête
Sa santé mentale semblait toute relative... avec notamment des tendances à la mégalomanie... Et peut être aux personnalités multiples.
Ermandr, Explorateur du Suaire, à propos de son supérieur Dorian. | |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|