Les Mémoires de Syfaria
La région d'Utrynia

Retour de l'Orfèvre au Joyau

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Sujet lancé par Shyama
Le 29-01-1509 à 16h53
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Posté par Shyama,
Le 31-01-1509 à 21h58
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Shyama

Le Julung 29 Jangur 1509 à 16h53

 
*** Un craquement lorsque la tydale lourdement chargée posa le pied sur les brins d'herbes gelés.
Un dernier regard à cet étrange oiseau mort qui lui avait prêté ses ailes difformes.
Un petit soupir nostalgique à l'attention des nuages, sources d'émerveillements et fidèle auditoire de monologues sans fin ni début.

Une grande goulée de l'air piquant du petit matin lui brûla les poumons.

Les muscles de l'orfèvre se contractèrent, arrachant de terre son paquetage dans un cliquetis tellurique de métal et de pierre s'entrechoquant.


La sangle assurée sur son épaule, la liadha se mit en route vers Utrynia, vers son joyau qui lui avait tant manqué.
Ce voyage vers les Autres avait été décevant. Utile, néanmoins, puisqu'elle ramenait avec elle de quoi satisfaire ses clientes maniant le Fluide.
D'eux, elle n'en retenait qu'une seule. Une jeune. Une jeune irradiant le Fluide. Une jeune pour laquelle elle avait produit le plus bel ouvrage qui lui aie jamais été donné de réaliser.

Pendant un moment, elle avait oublié la futilité des Autres, absorbée dans la transe créatrice. Avec l'aide de ses pilules d'inspirations, elle l'avait produit d'une seule traite, sans accrocs, sans erreur. Comme coule le fleuve sur son lit de galets polis.
Six âmes cohabitant dans une pièce d'orfèvrerie si petite… si délicieusement ouvragée, si richement ornée….
Une pièce qui aurait pu lui faire mériter le respect de la Maîtresse Orfèvre d'Utrynia… si elle l'avait ramenée avec elle, comme preuve !
Mais on ne sépare pas un nouveau-né de l'être auquel il est destiné sans froisser le Tableau.


C'est en songeant à sa prochaine création que Shyama cheminait vers Utrynia.
***



Shyama,
Sombre comme un Nuage

 
Shyama

Le Vayang 30 Jangur 1509 à 15h24

 
*** De l'intense lumière qui brillait comme un soleil au-delà d'Utrynia, la jeune liadha ne se formalisait pas. ***

C'est joli. Cela illumine le Joyau d'une belle façon. Sous un angle nouveau. C'est vrai. Il faudrait le dessiner, pour ne pas l'oublier. Il ne devrait pas être là, pourtant, ce soleil. Un soleil doit rester dans le ciel ! Toi, la Voix de la Morale, tu n'es qu'une rabat-joie. Après tout, les soleils ont le droit de visiter… Et puis… Celui-là n'est que de passage. Reste à savoir de quelle façon il tirera sa révérence.
Les Cieux ne savent plus quoi inventer pour qu'on les regarde, en ce moment…. Oui, et les Poussiéreux s'agitent en tous sens comme les abeilles avant la Tempête.
Justement, nous sommes une abeille. Rentrons à la ruche au plus vite. Arshaläm plipöu pingoüi. Granhdüs Pingoüi Giganthiküs. Eht Mäghnifhikentïh ! Oui, aussi. J'allais le dire, d'ailleurs. Cela sent la peur. C'est joli, une ruche qui bourdonne. Ils bourdonnaient déjà, là-bas, chez les Petites. Et bien sûr tu ne t'es pas demandé pourquoi ? C'est vrai, après tout, à quoi bon s'inquiéter de ce qui affole tes sœurs de Poussière ? Pingoüiiiiiiiiiih ! Gwih toi-même !
A quoi bon s'inquiéter de ce que nous ne pouvons changer ? Qu'elles s'agitent ou non, le résultat sera le même.
Une dépense d'énergie inutile. La Confusion à l'Extérieur. Comme celle que nous apportons à l'Intérieur. Suggérerais-tu que nous arrêtions de nous exprimer pour laisser l'Hôte respirer, lui épargner une nouvelle crise ?
Non ! NON ! Nhöhn ! Noooon !
Oui. Aka's, oui ! Silence, silence, sileeeeeence !

*** Sentant qu'elle perdait peu à peu le contrôle de ses propres pensées, Shyama s'arrêta sur le bas-côté. Laissant son sac tomber à ses pieds, elle prit son front entre ses mains tremblantes, planta ses ongles dans ses tempes, et s'apprêta à gratter dans l'espoir extraire les Voix douloureuses. Elle hésita à arracher la pierre rouge incrustée dans son front pour voir si elles ne se cachaient pas derrière. Optant pour une ablation par chirurgie lourde, elle tendit la main vers sa pochette de ciseaux à joyaux.
Sa main, agitée de soubresaut incontrôlables, renversa une petite bourse de laquelle s'échappèrent quelques petites boulettes translucides et poisseuses.
Le regard d'acier de l'orfèvre s'éclaira passagèrement. Abandonnant son idée radicale, elle en porta quelques unes à ses lèvres et les avala goulument. ***


Ne me dites pas qu'elle en a pris trois ? TROIS ? Si. On te le dit. Elle en a pris trois. TROIS. Merci beaucoup. Vraiment. Tu me connais, toujours prête à rendre service. Cela veut dire… … Que l'on va être contraintes au silence ! … Qu'elle va encore nous pondre un chef-d'œuvre épileptique. … Que c'est une droguée !

***
Alors que le calme et le silence emplissaient peu à peu l'esprit de la tydale, ses yeux se fermèrent, son inspiration se fit longue et profonde, sa mâchoire s'éleva vers le ciel, muette prière de bienvenue à l'effet attendu. La douleur des tempes n'était plus. Les Voix avaient disparu.
Elle rouvrit les yeux, et, de ses pupilles dilatées, contempla le paysage. Utrynia et son quatrième soleil.
Mue par une impulsion irrépressible, elle saisit ses tablettes et entreprit de croquer la scène merveilleuse. ***



Shyama,
Sombre comme un Nuage

 
Shyama

Le Sukra 31 Jangur 1509 à 21h58

 
*** Et puis, au beau milieu d'un trait de crayon, la lumière disparut, aussi soudainement qu'elle était apparue, et la scène redevint d'une banalité sans nom.

Pffft.

Plus rien.


Pas plus étonnée que cela de ce cache-cache sidéral, Shyama attendit quelques instants pour être sûre que le soleil ne réapparaîtrait pas.

Mais non, rien. Elle l'avait effarouché, en le dessinant, comme ça, à nu, sans prévenir.

Elle rempaqueta ses affaires éparpillées dans l'herbe et reprit le chemin d'Utrynia.


Elle avait beaucoup de choses à faire. Beaucoup de choses à y faire.
Des gens à voir. Plus ou moins âgés.
Des objets à mettre au monde. Plus ou moins compliqués.
Les coussins de son lit à étreindre. Plus ou moins longtemps.
***


Shyama,
Sombre comme un Nuage

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