Les Mémoires de Syfaria
Hors de toute région civilisée

Une Tydale en vadrouille

Ou comment aller d'un point à un autre
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Sujet lancé par Elara
Le 30-03-1507 à 08h14
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Posté par Elara,
Le 01-05-1507 à 21h28
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Elara

Le Vayang 30 Marigar 1507 à 08h14

 
*** Elara eut un juron. ***


*** Un beau, un gros juron, qu'heureusement aucune oreille n'était là pour entendre.

Puis elle se mit à maugréer à voix haute en montant son camp pour la nuit. ***


A l'Est ! Comment j'ai pu ne pas me rendre compte que j'avais pris trop à l'Est !! Par l'Aka, foutue journée brumeuse ! Le soleil, lui, ne m'aurait pas trompé...

A l'Est... Nom de nom, il va falloir que je longe la côte maintenant ! Avec les créatures du S'sarkh que l'on dit sortir de la mer... Trop tard pour faire demi-tour !


*** Elara leva les yeux aux ciel une fois de plus. Le brouillard de la journée s'était levé, et l'on apercevait fort bien les étoiles. Mais pas à la place où la tydale aurait aimé les trouver.

Elle soupira une fois de plus, finit d'allumer son feu et s'assit sur sa couverture de fourrure, fourbue. Elle avait couru toute la journée pour arriver plus vite, et voilà qu'elle avait pris le chemin le plus long...

Au loin, on ne voyait plus les murailles d'Utrynia. Elara eut un petit pincement au coeur, elle s'éloignait de la région de sa jeunesse... Tant pis. Kryg serait sans doute très bien.

Kryg la Ville Forteresse, la Ville Savoir, la Ville des Mères... Il allait falloir être à la hauteur.

Elara sortit de son sac un lourd volume qu'elle avait "par mégarde" emporté hors de la bibliothèque de l'auberge. Bibliothèque par ailleurs fort dépenaillée et emplie de livres peu instructifs. Seul celui-là avait présenté pour la tydale un interêt certain... ***


"Contes et Légendes des Sorcières du Matriarcat".

*** Oh bien sûr, Elara se doutait qu'il était empli de plus de balivernes que de connaissances réelles. Mais c'était le seul livre concernant la magie qu'elle avait pu trouver. Et les légendes sont toujours basées sur un fond de vérité...

Un coup de botte dans le feu histoire de le relancer un bon coup, une position confortable dans les fourrures, un fruit entre les mains, et Elara commença l'ouvrage. ***


Il était une fois, au coeur du pays Matriarche, une jeune tydale qui s'appelait Kronya...

 
Elara

Le Sukra 31 Marigar 1507 à 10h00

 
Une demi-lieue à pied, ça useuh ça useuh, une demi-lieu à pied, ça use les soulieeers...

Deux demi-lieues à pieds, ça useuh ça usaaAÏEUH !


*** Une espèce de liane s'était entourée autour de la botte d'Elara. Celle-ci eut un reflexe de recul et lâcha un cri involontaire bien que la plante ne lui eut pas fait mal.

Une mandragora, presque sur la route... La tydale tenta de la déraciner avec sa rapière, mais l'arme n'était pas faite pour ça. Elle se prit une autre liane, sur la cuisse cette fois.

Lançant un regard mauvais à la plante, Elara s'assit sur l'herbe du coté opposé, et nettoya rapidement la plaie.

Rester pour châtier cette sale bête dégénérée ou poursuivre vers Kryg et la Magie, le dilemne était cruel... La Magie l'emporta.

Elara allait se relever, mais elle s'aperçut vite que s'appuyer sur sa cuisse la faisait souffrir... Elle ne fit pas trois pas de plus qu'elle dut se rasseoir sur le bord de la route.

Elle soupira et lança un regard vers le Nord. Krig ne devait plus être loin... Ce matin, elle avait dépassé le point d'encrage du vaisseau Némen. Non, ça ne devait plus être loin.

Avec un second soupir, elle se résigna à patienter et sortit le livre de contes de son sac. Elle eût une grimace de dégout avant de l'ouvrir : ce ramassis de mièvrerie était tout juste bon à faire comprendre aux jeunes tydales que la Ruche était l'endroit le plus sûr pour elles, qu'elles trouveraient l'accomplissement dans l'enfantement et blablabla... Tout ça pour enrober de sucrerie une obligation naturelle pas franchement réjouissante.

Ca ferait des belles filles du ciel tout ça, tiens... Bref. Le bouquin avait au moins l’avantage de présenter de façon plus ou moins claire les divers sorts existant, même s’il parlait plus de Thaumaturges et de sorts de soins qu’Elara ne l’aurait souhaité.

Elle replongea dans sa lecture. ***


 
Elara

Le Dhiwara 1 Astawir 1507 à 10h13

 
*** Fraîcheur du matin... Elle s'était endormi le nez dans le livre. Elle bailla à se décrocher la machoire, s'étira, se secoua, se frictionna et enfin se leva.

Et son pied fit "sponch".

Ou plutôt, la mandragora qui était sous son pied fit "sponch". Tout de suite après, la plante tenta de lacérer le pied en question, mais la tydale avait fait un bond prodigieux de surprise et la liane fouetta l'air.

La lame de la tydale, elle, ne rata pas sa cible cette fois-ci, et elle transperça de part en part la sournoise créature qu profitait du sommeil des honnêtes gens pour se rapprocher en rampant.

Elara examina avec une heureuse surprise le truc vert embroché sur son épée qui finissait d'expirer par sursauts. Son sourire s'élargit encore lorsqu'elle aperçut un cristal brillant dans l'herbe.
Elle faisait des progrès...
Elle se débarassa du petit cadavre en essuyant sa lame sur l'herbe, puis refit son paquetage et reprit la route en sifflotant une marche guerrière. ***


dit :
Oui, bon, ce n'était qu'une Mandragora, tu ne vas pas en faire un plat...


Je sais, je sais ma ptite Mini... J'ai le droit de siffler non ?

dit :
Non. Y a un truc qui gigotte devant, et j'aime pas ça. Concentre-toi un peu !


*** Effectivement, ça gigotait dur devant. Juste après les derniers pavés de la route, qui s'arrêtait au milieu de nulle part.

Elara plissa les yeux, fit un pas en avant, reconnu la bête et fit deux pas on arrière. ***


Ouai, on va contourner hein... C'est un Ulypiar. Trop gros pour ma petite épée...

*** Et le rodéo commença. Trois pas à droite pour éviter le champignon géant, deux pas à gauche pour éviter la charge d'un sanglier furieux, un saut de coté pour faire lâcher un crabe hystérique qui s'était pris d'amour pour sa botte, un détour près d'un nid de Mimic, une jolie cambrure pour éviter une seconde charge de sanglier furieux... Olé.

La journée serait longue... ***


 
Elara

Le Luang 2 Astawir 1507 à 08h15

 
*** La Tydale ne sifflotait plus. Dans cette grande plaine, elle faisait au contraire attention à chaque bruit, à chaque mouvement des herbes et des buissons.

Elle évita ainsi quelques grosses créatures désagréables, qu'elle contourna de loin. Un reflet dans un bosquet attira son oeil... Et ce mouvement n'était pas dû au vent... Elle fit un pas de plus, les muscles près à toute éventualité.

Elle réagit donc instantanément lorsque l'Arkonien se précipita sur elle, et para de son épée l'arme franchement rouillée qui la menaçait. L'humanoïde ne demanda pas son reste, et courut sur sa lancée se cacher dans un autre buisson. Elara frissona retrospectivement, songeant que les armes de ces négligés étaient bien plus dangereuses de part les maladies qu'elles pouvaient transmettre que de part leur tranchant, d'ailleurs inexistant...

Mais en songeant, elle avait fait un pas de trop, et une brûlure à la jambe la rappela à la réalité. Elle chercha des yeux la menace, sans la trouver. Elle fit quelques pas de plus, de nouveau aux aguets, mais ne put éviter une seconde brûlure. Enfin, elle l'aperçut : une Kroniade de feu camouflée, et qui se déplaçait fichtrement vite.

Elara contourna la bestiole, qui disparut de nouveau rapidement. Ceci ne fit qu'augmenter la prudence de la tydale, qui para une nouvelle attaque surprise de l'Arkonien revenchard. Celui-ci le paya d'un bon pouce d'acier dans l'épaule et s'enfuit de nouveau, égratignant la combattante au passage.

Cette plaine était loin d'être de tout repos... Le soir tomberait dans quelques heures, mais Elara ne pouvait se résigner à établir un camp dans un endroit si peu fiable. Elle examinait sommairement ses blessures lorsqu'elle perçut du coin de l'oeil l'avancée sournoise d'une mandragora.

Pas de doute, il fallait avancer... Elle se soignerait plus tard. Elle forca l'allure. ***


 
Elara

Le Matal 3 Astawir 1507 à 08h00

 
*** Un sanglier furieux, une poignée de mimic, une volée de chiroptères,...
Décidemment, cette expédition ressemblait de plus à plus aux comptines de son enfance. Quand on lui apprenait à compter.
Sauf qu'en vrai, compter les bestioles, c'est beaucoup moins drôle... Surtout quant elles ont la mauvaise habitude d'attaquer en groupe.

Elara se répéta pour la cinquantième fois qu'elle aurait dû prendre quelques cours de cartographie et de soins d'urgence avant de partir. Elle commençait à désespérer de retrouver la route lorsqu'elle aperçut au loin l'orée de la forêt qui entourait la montagne qui entourait Kryg.

Enfin, d'après ce qu'elle savait.

L'espoir d'atteindre la ville avant d'avoir perdu tout son sang vint doucement s'insinuer dans son esprit. Elle évita une énième attaque de la part d'un chiroptère assoiffé et se dirigea vers l'ombre, qu'elle espérait salutaire, des arbres.

Un grognement sourd dans un fourré proche la fit hésiter. Elle s'immobilisa pour distinguer la source du bruit, et ce qu'elle vit ne lui fit pas franchement plaisir : une oreille gris-violacée, des cros brillants dans la pénombre, un pelage pelé... Un loup dégénéré.

La tydale effectua soigneusement le détour necessaire mais, dans son souci de discrètion, cela lui prit un bon quart d'heure. Juste le temps pour la nuit, sournoise, de tomber définitivement.

Pour une fois, un bosquet proche semblait vide de toute vie animale. Le bosquet était un peu plus haut que ceux qu'elle avait déjà rencontré en plaine, car elle s'approchait de la forêt... Elle put donc s'y croire un peu plus en sécurité.

Elle s'ingénia à faire, sans mette en danger son abri végétal, un grand feu, très haut, très brillant, histoire de dissuader les bêtes de venir se nourrir dans ce coin. Et puis, si jamais une tydale passait par là... Elara se soigna comme elle put, regrettant les soins de Kirnia. Puis elle s'effondra comme une masse, endormie.
Pas de livre ce soir... ***


 
Elara

Le Merakih 4 Astawir 1507 à 13h00

 
*** Nuit tranquille, bien qu'un peu humide. La tydale s'éveilla en même temps que le soleil, plus en forme que la veille.

Elle refit son paquetage, repérant d'un oeil la quantité de provisions restantes. Pas de quoi tenir très longtemps... Et l'on était pas encore à la saison des fruits, elle ne trouverait rien ni en plaine ni en forêt. Il faudrait ménager les réserves.

Elara sortit ensuite de son sac une carte assez ancienne de l'île. Les détails étaient rares et elle ne put se situer qu'approximativement, par rapport à l'axe de levé du premier soleil et à la ligne d'horizon de la forêt. Encore deux, peut-être trois jours de marche... Elle replia la carte et parti sans tarder.

Les derniers kilomètres de plaine furent avalés rapidement, et elle se retrouva à peine une heure plus tard sous l'ombre protectrice des arbres.

La forêt enneigée semblait calme et la tydale put avancer longtemps sans être menacée par quoi que ce soit. Peu à peu, elle s'inquiéta tout de même de ne rien trouver sur son passage... et surtout aucun chemin. Et cette forêt n'était plus si rassurante, quand on n'avait pas l'habitude du repérage sylvestre...

Elle déboucha brutalement sur un chemin visiblement fréquenté et poussa un peu discret soupir de soulagement. Elle suivit le chemin vers le nord et déboucha bientôt hors de la forêt, pour se retrouver face aux premiers contreforts des montagnes qui entouraient la Ville-Forteresse.

Petite pause grignottage, Elara tenta d'ignorer les grondements de son estomac pour économiser ses réserves. Grimper ces pentes ne serait pas de tout repos...

Et en effet, cela grimpa. Les grandes collines des contreforts se transformèrent en montagnes, et peu à peu le chemin serpenta entre des pentes de plus en plus enneigées.

De là où elle était, Elara pu apercevoir un mouvement sur une pente devant elle. Une tydale, apparemment... La peu sociable Elara sourit involontairement à cette vue. ***


dit :
Enfin, de la vie intelligente ! Une compatriote ! On va pouvoir retrouver la société, et tu vas pouvoir te faire soigner... Demande lui de l'aide !


*** Elara se renfrogna immédiatement. ***


Rêve pas ma grande, pas question que je cause à une inconnue. J'arriverais bien à Kryg toute seule. Et là, t'en aura de la société, ptetre même trop. Tais-toi et laisse moi marcher.

*** Et tandis que son Mou boudait, Elara repris sa marche entre les rochers. ***


 
Elara

Le Julung 5 Astawir 1507 à 07h07

 
*** C'est dans le courant du lendemain qu'Elara aperçut enfin les remparts de Kryg.

La nuit avait été fraîche, et ce climat difficile avait empêché les blessures de la tydale de se cicatriser. La longue marche n'avait rien arrangé... C'est pourquoi Elara ne put s'empêcher de pousser un soupir de soulagement en voyant enfin apparaître la ville, même si elle estimait que devoir cotoyer ses compatriotes de manière intensive pendant une période indéterminée n'avait rien de réjouissant.

Mais les possibilités futures qui en découleraient en valaient la chandelle...

La veille au soir, elle avait repris ce livre de légendes pour tydales en manque de romantisme, et curieusement elle s'était laissé entraîner à lire vraiment longtemps.
Non pas qe les aventures de la fadasse petite Kronya soient passionnantes (peut-on seulement imaginer rêver de passer sa vie à chercher un tydale parfait pour une union ? Ou qu'une tydale soit obligé d'élever son enfant hors de la Ruche parce que des tas de méchands lui en veulent ? Mais bon, sans cela il n'y aurait pas eu d'histoire...) mais vers la fin du livre on retrouvait de nombreux exemples de sorts existants et de leurs effets. Et cela, Elara l'avait lu et relu, et décortiqué pour tenter de tout se rappeler.

Tout en songeant à tout cela, la tydale était parvenue aux portes de Kryg. Elle salua d'un signe de tête respectueux la dirigeante Nemen qui se trouvait dans le coin, puis pénétra en ville. ***


 
Elara

Le Sukra 21 Astawir 1507 à 15h56

 
*** Il y a plus d'une semaine, une Danse-Lame était entrée à Kryg. C'est une Sorcière qui en sortit.

Elara n'avait pu s'acheter la pelisse qu'elle avait vu au marché, toutes ses maigres économies étant passées dans l'achat des sorts nécessaires à accomplir sa reconversion.

Du haut du plateau qui abritait la puissante forteresse Tydale, elle regarda les pics acérés qui entouraient la ville, la neige qui s'amoncelait sur les bords de la route, les glaciers lointains qui étincelaient, puis son regard descendit sur sa tunique de cuir et ses hautes bottes de peau, bien plus faites pour la plaine que pour la montagne glacée.

Ce vieux fou l'avait foutu dehors, arguant qu'il ne pourrait rien lui apprendre de plus si elle ne s'entraînait pas toute seule. Et bien elle allait s'entraîner ! Et pas dans une bibliothèque, comme tous ces rongeurs de mages érudits !

Mais elle n'était pas folle non plus, et n'allait pas se précipiter seule dans la montagne. Elle emprunta sagement la route qui descendait vers la plaine, repassant dans sa tête les gestes et les paroles apprises avec tant de difficultés.
Le vent sifflait à ses oreilles, et les amas de neige s'effondraient parfois à son passage, la couvrant d'une fine pellicule blanche et glacée qui fondait doucement au contact du corps surchauffé de la tydale qui avançait à grands pas.

Pas question de passer la nuit ici, ou elle mourrait gelée.

Elle eut soudain une idée, s'étonnant de ne pas y avoir pensé avant. S'arrêtant un instant, elle se mit à parler au vent qui sembla l'écouter, l'entourer, presque la protéger... c'était ténu, et pourtant... Elara parvint de justesse à stabiliser cette bulle d'air mouvant autour d'elle.

Elle poursuivit son chemin, écoutant le vent siffler autour d'elle sans plus la fouetter, comme dévié par sa propre force. Ce sortilège de Résistance n'était pas mal du tout... Même si en l'état il ne pourrait la protéger d'une véritable attaque.

Mais le souffle du vent se faisait de plus en plus fort au fur et à mesure que la tydale descendait des hauteurs, et à l'approche de la fin des neiges éternelles, une rafale puissante chassa son sort comme s'il n'avait été que paille.

Elara frissonna un bon coup sous l'attaque de la bise glacée, puis continua sa route entre les congères et finit par émerger dans la partie rocheuse et chaotique, mais heureusement plus sèche, des montagnes de plus basse altitude. Elle y fit une pause bienvenue, s'efforçant de réchauffer ses membres glacés devant un feu ténu.

C'est alors qu'elle fut contactée par le Matriarcat. Minimou lui sauta sur l'épaule, se collant de façon très étroite à la nuque de sa maîtresse, et lui confia une pensée qui convergeait d'une Mère vers elle, Elara. Celle-ci en fut surprise, d'autant plus lorsqu'elle reconnu le contact mental de son correspondant. Akaliara elle-même...

L'esprit d'Elara resta muet d'étonnement, ne pouvant même pas murmurer les paroles de salutation rituelle. La Mère des Cieux ne sembla pas en avoir cure, et lui apprit de façon concise sa nouvelle affectation.

Ainsi, le Matriarcat avait eu vent de sa reconversion, de ses ambitions ? Kurucha avait-il parlé ? Elara se demanda vaguement pourquoi ce n'était pas sa propre Mère d'Hairam qui l'avait nommé, ou la Mestre Erudite... Mais elle fut submergée d'une vague de fierté intense qui la ramena au présent.

Elle finit par murmurer mentalement "Au service du Matriarcat, Akaliara..." mais ne sut pas si la Matriarche était demeurée au contact assez longtemps pour l'entendre.

Peu importait, et elle se releva vivement, écrasant du pied les restes du foyer, le corps réchauffé d'un feu bien plus brûlant. Elle reprit sa route sans tarder.

Elle était Némésis... ***


 
Elara

Le Merakih 25 Astawir 1507 à 08h19

 
*** Et la Némésis se battait. Ou du moins, elle essayait.

Projectile par-ci, projectile par-là... Ces plaines grouillaient de cibles mouvantes idéales pour l'entraînement. Mais les temps de repos pour pratiquer l'Osmose et se soigner étaient bien minces... Elle ne trouvait même pas de silence assez longtemps pour améliorer son sort de résistance.

Mais cette vie commençait à lui plaire. Au fur et à mesure que ses gestes trouvaient leur précision, que son esprit plongeait dans la Magie, Elara percevait de mieux en mieux les subtilités de son Art.
Et cet Art complèterait à merveille celui de ses soeurs Danse-Lame, lorsqu'elle serait devenue assez douée pour faire autre chose que se concentrer pendant trois plombes avant de lancer un sort.

"C'est pas gagné..." se dit-elle, alors qu'elle venait de rater un bête Chiroptère pour la seconde fois consécutive.

Epuisée mentalement de son entraînement, la tydale poursuivit son chemin. Elle avait gardé de son passé de Danse-Lame l'habitude de se tenir aux aguets, sens éveillés, lorsqu'elle marchait en terrain peu connu.
Cela lui évita de marcher sur une Kroniade de feu, et elle s'en félicita en voyant la couleur de l'herbe calcinée autour du petit monstre de flammes.

Une silhouette au loin lui fit plisser les yeux. Un long museau canin, une épée courbe, un uniforme brun... Milice de Korsyne ? Que faisait ce garde au milieu de la Plaine, aussi à l'Est ?

Elle haussa les épaules et poursuivit sans trop s'approcher du chien-debout.

Arrivée en haut d'une colline, elle tomba soudain face à une immense étendue bleue et mouvante. La mer...

La tydale se laissa tomber sur la face sud de la colline, face au soleil et protégée du vent. Elle sortit une ration de son sac et commença à manger tout en observant cette fascinante masse liquide.

La mer...

Source de tous leurs ennuis. Pays du S'sarkh.

Etait-il prudent de rester là ? Elara se posa à peine la question. Elle y était bien, et curieusement la proximité de la mer semblait éloigner les bestioles gênantes.

Elle y resta, et s'établit un bivouac rapide tandis que Minimou s'était placée face à la mer et déclamait des vers débiles (c'est du moins la caractéristique qui vint à l'esprit d'Elara) en l'honneur de la beauté du monde et autres blabla qui émurent peu la tydale. ***


 
Elara

Le Matal 1 Manhur 1507 à 21h28

 
*** La semaine avait passée. De bivouacs en bivouacs, la Tydale effectuait ce qu'elle appelait son "défrichement".

Elle s'évertuait en fait à rendre praticable la route qu'elle avait emprunté à l'aller, entre Utrynia et Kryg, au sud est du lac. Certes, la route était inégale, par moment elle disparaissait même complètement parmis les herbes. Elara n'avait aucune envie d'y remettre des pavés, elle se contentait en fait d'en ratisser les abords et d'en déloger les habitants dégénérés par le S'sarkh à coup de projectiles magiques.

Une Mandragora expira dans un grésillement, laissant échapper un petit quelque chose brillant en même temps qu'une atroce odeur de compost moisi.
Elara ramassa le petit crystal, se demandant ce qu'elle allait bien pouvoir faire de ce truc, puis s'assit un instant dans l'herbe.

A force de suivre les déplacements de ses cibles afin de les achever, la Tydale n'avait pas beaucoup avancé. Elle n'avait même pas dépassé les abords du lac. Pendant que ses mains effectuaient les gestes maintes fois effectués des exercices d'Evolution, son esprit divaguait.

Après tout, pourquoi se presser ? Le Matriarcat semblait calme, elle n'avait eu vent de rien de spécial, ni à Kryg ni à Utrynia... Ce Chien-Debout tout seul en plein pays tydale avait de quoi intriguer, mais elle l'avait observé un moment et il n'avait pas semblé vouloir bouger. Et après tout, seuls les villes leur appartenaient vraiment, pas le reste... Elle n'avait donc pas jugé bon d'avertir ses soeurs.

Elle caressa un instant l'idée d'aller taper la causette au poilu en uniforme, mais haussa les épaules. Si ça se trouve, elle ne le comprendrais même pas... Sa solitude commençait donc vraiment à lui peser, qu'elle envisage de parler à un bouffon perdu ?

Elara baissa les yeux sur ses mains. Son exercice avait réussi, mais elle n'avait pas l'impression d'avancer rapidement dans cette magie... Et avec la Chimère c'était pire, elle ramait totalement. Il lui aurait fallu un professeur... Mais Kurucha n'allait pas vouloir la revoir de sitôt. Et elle ne connaissait aucune autre Némésis.

Elle se releva avec un soupir. Kryg, Utrynia, le Chien-Debout ? Bof, à quoi bon... Il valait mieux s'entraîner jusqu'à ce que quelque chose arrive, jusqu'à ce qu'on ai besoin d'elle quelque part... ***


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