Les Mémoires de Syfaria
La région d'Utrynia

Le Mur de l'Indifférence

Le Pantin hors de la Boîte
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Sujet lancé par Umbre
Le 15-08-1509 à 14h48
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Posté par Umbre,
Le 24-09-1509 à 10h56
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Luisandre Kharylïern

Le Matal 25 Agur 1509 à 14h54

 
Le sourire que lui renvoie le bretteur est carnassier.
L’homme se dresse face au pantin, rehaussé de toute sa fierté : il ne va faire qu’une bouchée de ce petit freluquet.


Masque présomptueux ! Sais-tu bien qui je suis ?

L’attaque est immédiate : l’heure n’est plus aux palabres et les enjeux sont assez clairs, si ce n’est pour son adversaire.

Je suis Sir Drekaro, favori de Calliope,
Des rhéteurs redouté, fatal manieur de trope !
Sur mon défi rimé, sauras-tu renchérir ?



Avant je souffrais de schizophrénie... mais maintenant nous allons beaucoup mieux !

 
Umbre

Le Matal 25 Agur 1509 à 17h33

 
Le pantin répond sans attendre, le ton dégagé mais prompt à la défense (ou à l'attaque, selon) :

Quels grands airs arrogants, pour ce plat verbiage !
Où sont les mots qui touchent, rimeur de bas étage ?


L'air de rien, Umbre s'appuie sur son sceptre et fait mine d'étudier ses ongles. Pour enchaîner, feignant l'ennui :

A ces jeux de vilain, je vaincs sans coup férir.


Un visage est-il un masque de comédie posé sur la tragédie de l'âme ?

 
Luisandre Kharylïern

Le Merakih 26 Agur 1509 à 01h01

 
C’est tel un coup d’estoc qu’il reçoit la réplique.
Il rétorque aussitôt,


La main pris dans le sac, mais jamais n’en démords,
Renchéris de plus belle, ne suis tout à fait mort !


puis murmure ces mots…

Que dites-vous ?... C'est inutile ?... Je le sais !
Mais on ne se bat pas dans l'espoir du succès !


Avant je souffrais de schizophrénie... mais maintenant nous allons beaucoup mieux !

 
Umbre

Le Merakih 26 Agur 1509 à 11h19

 
Le pantin acquiesce et s'exclame, joyeux :

Non ! Non ! c'est bien plus beau lorsque c'est inutile !

Le garçon (Drekaro ? Luisandre ?) a du talent, c'est certain, mais il est trop gentil. Le Masque est une harpie sans pitié, élevé dans les cercles du Luth où une chance, c'est une chance de trop. Il répond aux murmures à voix basse, comme une sourde moquerie :

S'affronter pour la gloire ? Quelle idée saugrenue !
Vous seriez alors, courtisan de comptoir
Tombé au champ d'honneur : le trouvère inconnu
Indigent de la plume et conteur sans histoires


Il lève le menton, pour adopter la gestuelle fière et triomphante du conquérant, et pointe son sceptre vers l'Anja.


Va, prince à l'agonie, expire ou soumets toi !
A l'empire tyrannique du verbe et de son roi.



Un visage est-il un masque de comédie posé sur la tragédie de l'âme ?

 
Luisandre Kharylïern

Le Julung 27 Agur 1509 à 23h03

 
C’est la main sur le cœur, qu’il déclame la suite :

Si ce n’est pour la gloire, ce sera la vertu !
Je serais pour toujours, héros de vos histoires,
Combattant le félon, protégeant l’ingénue,
Ennemi de la mort ; étendard de l’espoir !


Le silence qui s’ensuit s’éternise…
Un instant.


Mais il est survenu, celui qui me vaincra,
Je me soumets alors : au verbe et à sa loi !


Drekaro finit sa tirade sur une révérence théâtrale. Lui qui pensait écraser un jeune faquin arrogant a trouvé un adversaire à sa mesure… Et même bien au-delà !
Voilà une heureuse rencontre.


Monsieur, vous me voyez ravi d’avoir pu vous combattre : je ne pensais point découvrir, à mille lieues de nulle part, un rhéteur tel que vous ! Et si vous désirez de moi quoi que ce soit, parlez et dites-moi, je suis votre valet…


Avant je souffrais de schizophrénie... mais maintenant nous allons beaucoup mieux !

 
Umbre

Le Sukra 29 Agur 1509 à 12h45

 
Mon valet ?! le Confrère rit aux éclats et s'approche de Luis...Drek...an..aro...dre...en lui serrant la main chaleureusement.
Vous n'êtes le valet de personne, cher ami, et je ne songerais jamais à tourner une défaite en une quelconque forme de servitude. Cela rendrait le tout bien trop amer, et pour les deux partis de surcroit. Je ne tiens pas à faire de vous mon valet, tout comme vous ne tenez pas à le devenir, j'en suis certain. Allons, allons...pas de cela entre nous.

Il lui enserre l'épaule comme un vieil ami, tout en l'invitant à se diriger vers la ville, abandonnant derrière eux les belles plaines d'Utrynia, champ de bataille au repos après un duel verbale effréné. Les lieux retrouvent leur quiétude alors que les deux énergumènes quittent la scène en sympathisant.

C'est moi qui doit vous remercier pour cet agréable défi, dont j'ai savouré chaque vers. Vous êtes une langue habile, vive et plaisante, et cela fait bien longtemps que je n'avais exercé la mienne de cette manière, n'usant cette vieille lame que pour des conversations d'usage ou de partage. Pas pour la ferraille, pourtant si excitante.


Il doit bien dire qu'après les réticences naturelles éprouvées à l'égard de cette personnalité-ci, le Masque l'a finalement complètement adoptée. Le fier Drekaro, chevalier en robe de demoiselle, a son intérêt. Un intérêt indéniable, ne serait-ce que pour sa verve et son goût pour le panache. Mais aussi pour ses manières archaïques, qui méritent à elles seules tout un roman ou une pièce de théâtre...
Ce serait bien le genre à se jeter à l'assaut de vieux moulins en croyant y voir des géants affamés. Un jeune rêveur idéaliste et absurde qui se prend pour un justicier. A bien y réfléchir, il n'y a rien de plus touchant.

Quoiqu'avec la boîte à folies de la Luisandre, on ne sait jamais vraiment à quoi s'attendre.
La vieille Rylionette, la timide anonyme, le bon Drekaro. C'est déjà quelque chose....


Alors, dites-moi, quels sont vos projets maintenant ? Vous avez des aventures en perspective ?
Une princesse à délivrer, un orphelin à sauver, un monstre à abattre ?



Un visage est-il un masque de comédie posé sur la tragédie de l'âme ?

 
Luisandre Kharylïern

Le Julung 3 Saptawarar 1509 à 00h05

 
Drekaro est perturbé. Et d'être perturbé, ça le perturbe encore plus. Habituellement, il ne perd jamais. Car il est un Héros, et un Héros ne perd jamais !
Sinon, où va-t-on...

Alors oui, il est un peu déstabilisé, tandis qu'il se laisse docilement entrainer vers les murailles d'Utrynia.
Il va lui falloir digérer cette défaite. Se reprendre en main.
Déjà, il faut absolument qu'il retrouve sa rapière.
Oui oui oui.



A côté de lui, Umbre voit soudain Luisandre s'arrêter, alors que son regard pensif se voile subtilement...



Lunarïas ferme les yeux, et inspire longuement. Puis elle retient son souffle. Un. Deux. Trois. Quatre. Cinq. Six. Sept. Huit. Neuf. Dix. Onze. Douze. Treize. Quatorze.
Elle sent la caresse douce de l'air sur son visage, et sourit.
Trente-deux. Trente-trois. trente-quatre.
Elle ôte négligemment ses sandale d'un sec mouvement de chaque pied, les envoyant valdinguer dans l'herbe sans même rouvrir les yeux, et fais trois pas dans l'herbe.
Quarante-neuf. Cinquante. Cinquante et un. Cinquante-deux...


Haaaaa !!!

Ses yeux s'ouvrent en même temps que sa bouche, et elle inspire l'air goulument.
Et son regard vide se pose sur Umbre.


Avant je souffrais de schizophrénie... mais maintenant nous allons beaucoup mieux !

 
Umbre

Le Julung 3 Saptawarar 1509 à 16h02

 
Bien évidemment, Umbre s'arrête dés que Luisandre se fige.
Il se doute rapidement qu'un changement s'opère et qu'une identité prend le pas sur la précédente.
Excité comme un enfant, le Masque observe avec une curiosité presque malsaine Luisandre se métamorphoser.
Mais en quoi ? Bonne question. Les premières secondes ne lui permettent pas de le savoir.
Il devine néanmoins l'essentiel : c'est visiblement une personnalité qu'il ne connaît pas.
L'attitude, la gestuelle, le regard en témoignent...

Quel genre de papillon vient de s'extirper du cocon à mille facettes ?
Long silence. Umbre renvoie son regard à Luisandre, Luisandre rend son regard à Umbre.


Mmm... Mademoiselle ?


Les yeux vides de la jeune femme n'étaient pas des plus engageants.

Vous...vous sentez bien ?


Un visage est-il un masque de comédie posé sur la tragédie de l'âme ?

 
Luisandre Kharylïern

Le Julung 3 Saptawarar 1509 à 21h06

 
Lunarïas continue de fixer Umbre d'une façon qui le met presque mal à l'aise, indéniablement.
D'autant plus qu'elle sourit. Un sourire charmant, qui dévoile de petites dents blanches et bien rangées, qui révèle d'adorables fossettes dans le creux de ses joues rosées.
Un sourire plein de la vie qui a manifestement déserté le regard de la jeune fille.
L'exact opposé, à cet instant, du Masque figé au regard vif et mouvant.


Aimerais-tu mourir sous la langue affectueuse d'un Boo'Ba ?

Demande-t-elle soudain en s'approchant du tydale sans le quitter des yeux. De ses yeux absent.
Elle lève un bras et caresse doucement, tendrement, le masque de porcelaine du dos de la main, et lui chuchote à l'oreille :


Je me sens mieux qu'hier, et moins bien que demain.

Et toi, Pantin du Chaos, comment te sens-tu à l'idée que dans une semaine, un mois, une année ou cinquante, ta chair aura pourri, mangée par les vers et que tes os joncheront le sol du Destin ?


Les lèvres fines de la jeune femme s'étirent un nouvelle fois en un sourire désopilant, et déposent un délicat baiser sur la joue de porcelaine.

Avant je souffrais de schizophrénie... mais maintenant nous allons beaucoup mieux !

 
Umbre

Le Vayang 4 Saptawarar 1509 à 18h36

 
Comme envoûté, le Masque se laisse faire. La nouvelle personnalité de Luisandre, quelqu'elle soit, l'hypnotise.
Son allure de prédatrice mystique, sa gestuelle enjôleuse, ses mots ensorcelants, le son de sa voix, son sourire dément.
Le charisme et la beauté que dégage soudain cette nouvelle aura subjuguent le Confrère, littéralement. A la fois surpris et séduit. La demoiselle était déjà charmante, assurément, mais elle est désormais vénéneuse. Ce qui n'est pas sans laisser Umbre indifférent, particulièrement sensible à ce genre de magnétisme. Les manières venimeuses de la sorcière envoûtent l'artiste, comme un joueur de flûte captive et assujettit les sens de son serpent. A la différence qu'ici, le désir contribue peut-être autant que la fascination.

C'est la première fois depuis longtemps que l'Ordinant se sent aussi explicitement "Pantin". Et c'est loin d'être une sensation déplaisante, quand on passe la majeure partie de son temps à vouloir garder ou gagner le contrôle de soi et de sa vie.
Il garde le silence un moment, songeant aux étranges questions de la matriarcale.


Sous une langue affectueuse, assurément...
Mais sans doute pas celle d'un Boo'Ba.


La voix est tendre et joueuse. Avant de devenir un brin lointaine.

Je ne me sens pas particulièrement inspiré par cette idée à dire vrai.
Mais j'imagine que d'une manière ou d'une autre, sans doute inconsciemment, c'est ce qui me fait vivre.
Vivre comme je le fais, au-dessus de mes moyens et au-delà de mes inspirations.
Pour faire mentir le Destin, le tromper en jouant au Hasard...

Car ce n'est pas sur son territoire que je compte mourir, ni de sa main, ni de son fait.
Et certainement pas en lui laissant mon cadavre comme seul héritage.
Si tant est que je lui laisse des os à ronger...



Un visage est-il un masque de comédie posé sur la tragédie de l'âme ?

 
Luisandre Kharylïern

Le Matal 15 Saptawarar 1509 à 11h38

 
Lunarïas éclate de rire. Un rire cristallin, aussi rafraichissant que l'eau claire d'une cascade de montagne, aussi sauvage et indomptable. Sa chevelure noire vole avec grâce tandis qu'elle rejette la tête en arrière et que son dos se cambre. Tout son être vibre, s'enflamme sous ce rire démesuré.
Qui contraste une nouvelle fois avec son regard de pierre, lorsqu'il revient, toujours éteint, se planter dans les yeux du masque.


Personne ne fait mentir le Destin, Pantin du Chaos, car même le Hasard lui obéit. Car même toi tu lui obéis, sans le savoir, en croyant te jouer de lui.
Ou jouer avec lui...


Un nouvel éclat de rire. Une nouvelle brise printanière, un courant d'air aux senteurs fruitées et épicées.
Lunarïas prend la main du Masque, mélange ses doigts aux siens et l'entraine de nouveau dans l'étendue herbeuse où, il y a quelques minutes encore, il dansait puis jouxtait avec d'autres facettes de la jeune fille.


Son territoire est partout, un immense terrain de jeu...
Reprend-elle à voix basse, rien que pour toi, rien que pour moi. Rien que pour chaque grain de poussière qui se débat vainement contre l'entropie.

Je suis Lunarïas.


Sa voix se fait plus forte, alors qu'elle s'arrête et prend l'autre main d'Umbre dans sa main libre, dans un étrange face à face.

Jouons.

Avant je souffrais de schizophrénie... mais maintenant nous allons beaucoup mieux !

 
Umbre

Le Merakih 16 Saptawarar 1509 à 19h28

 
Il se laisse entraîner et guider par la nouvelle et inquiétante Luisandre, profitant de l'étrange atmosphère qui entoure cette scène.
Son corps, autant que son esprit, réagit au contact de chaque son, chaque mouvement et chaque parcelle de son interlocutrice.
Il lui semble que Lunarïas parle à une partie très précise de lui-même et que cette partie l'écoute très attentivement.
C'est cela qui l'inquiète. Car il sait pertinemment de quelle partie il s'agit. Indomptable, dangereuse, ardente.
La partie de lui-même qu'il juge monstrueuse. Il n'est pas absolument certain de vouloir la libérer, ici, maintenant, comme ça.
L'invitation a beau être délicieuse, le loup qui dort dans la forêt de l'inconscient est une bête sauvage sans compromis.

Quand après quelques secondes, il est - mains dans les mains, de nouveau dans la plaine - face à elle, il relève légèrement la tête en toisant Lunarïas. Mi-conscient, mi-hypnotisé, il s'exprime avec une voix à la fois plus intense et plus lointaine que précédemment.


C'est là que tu te trompes, Lunarïas. L'Entropie n'est pas l'apôtre du Destin, il est celui du Hasard. Incarnation carnassière du Chaos. Le Hasard est au Destin ce que l'ombre est à la lumière, ce que le néant est à l'absolu. Il est sa dépendance et son opposé, son alter-ego douloureusement indispensable. Il n'obéit qu'à ses propres lois. A la Grande Oeuvre déjà planifiée du Destin et de ses schémas mathématiques, le Hasard répond par son Grand Jeu et ses coïncidences, sa causalité, sa chance. Sans lui, nous serions figés dans une trame stérile sans saveur.

Alors, oui, jouons : puisque Hasard comme Destin, ils mènent à la même chose.
Seuls les chemins diffèrent. Mais tout est dans la manière n'est-ce pas ?


Ses doigts enserrent plus fort ceux de la matriarcales. Il rit à son tour, gorge déployée, en osmose avec la Sang-Âme.
Puis il la rejette brutalement et dégage gracieusement ses mains, pour incanter. Sa voix tonne, portée par les accents de l'Anarkan.
Il disparaît tout à coup ... Réapparaît un peu plus loin. ... Disparaît de nouveau. ... Réapparait là, ici, à gauche, à droite. Là, pas là.
Alors qu'il entame sa ronde irréelle, il clame à l'attention de Lunarïas.


Quelle voie désires-tu emprunter...

Avant de se matérialiser de nouveau face à elle, son visage à deux doigts du sien.

...Vierge de Feu ?


Un visage est-il un masque de comédie posé sur la tragédie de l'âme ?

 
Luisandre Kharylïern

Le Julung 17 Saptawarar 1509 à 19h29

 
Umbre se met à clignoter autour d'elle, et le sourire de Lunarïas s'accentue, se fait presque carnassier alors que son regard reste fixé sur un point d'horizon invisible, comme une aveugle.
Sans bouger ni chercher à suivre la ronde papillonnante de son compagnon de jeu, elle déclame d'une voix profonde et vibrante :


Le Destin ! Le Hasard !
L'entropie est l'apôtre de l'un et l'autre. Car l'un est l'autre !
L'ombre est la lumière, le néant est l'absolu, l'infime est l'infini...
L'alter ego, l'autre soi.
Soi.
Soi. Soi. Soi.

Le Hasard et le Destin jouent au même jeu, Pantin du Chaos. La trame du Destin n'est ni stérile, ni sans saveur. Elle est tissée de Hasard, simplement. Dans une même finalité.

Lunarïas attrape des deux mains le visage de porcelaine qui vient de se figer face à elle, et l'attire contre elle dans un baiser à la fois macabre et sensuel.
Puis elle murmure à nouveau à son oreille:


La voie m'importe peu, tant qu'elle mène à la toute fin.

Et à son tour elle incante.

Montre-moi la tienne, Pantin du Chaos.


Avant je souffrais de schizophrénie... mais maintenant nous allons beaucoup mieux !

 
Umbre

Le Vayang 18 Saptawarar 1509 à 21h07

 
Un afflux d'énergie s'empare de son corps, descendant jusqu'aux jambes où il se diffuse un peu partout.
Il a les cuisses et les mollets en feu, prêt à courir le cinq fois cents mètres deux fois d'affilée (avance de s'écrouler).
Cela le démange, mais il se force à rester sur place, bien qu'excité par la nouvelle puissance qui l'habite.


Pantin du Chaos, Pantin du Destin. Oui, pourquoi pas...

Il recule, pas à pas, en tirant d'abord vers lui la belle schizophrène.

Ma voie est celle de l'Art, miroitante et flamboyante... Et ma fin sera de même.
L'acte ultime de ma tragédie sera une oeuvre suprême de flammes et d'intenses destructions.


Il se rapproche de nouveau de l'anja ténébreuse, et pose un index sur ses lèvres :


Mais...Chut...

Puis il se détache d'elle et plante son sceptre de bouffon dans le sol avant de prendre une pause de félin outrageusement théâtrale, les yeux plantés dans ceux de son interlocutrice. Derrière le visage fixe, il sourit à pleine dent, d'un rictus de pure démence. Il s'appuie alors sur le pommeau de son bâton et se dresse brutalement sur ce dernier avec un saut, le bras tendu, en parfait équilibre, la tête en bas et les pieds en l'air comme un athlète professionnel. Le corps à l'envers. Il rit et entame dans la foulée une suite d'acrobatie.

A défaut de courir, l'Ordinant met à contribution les forces accumulées par le sortilège de "Jambes de Feu" que la Sang-Âme vient de lui lancer pour se jeter dans une série de pirouettes harmonieuses et bouffonesques. Singe d'argent et de platine qui virevolte dans une frénésie de mouvements. Après plusieurs envolées dansantes des plus bizarres, il s'offre une roue et incante de nouveau : un jet de flammes émerge de la bouche du masque et vient lécher l'air (pas trop près de l'Anja), cracheur de feu...

Il se relève, de toute sa hauteur, et sa langue perle entre les lèvres de son faux visage.
Comme pour lécher les cendres et la suif de sa bouche de porcelaine noircie.


L'entropie est l'oriflamme de mon art au coeur de l'empire secret du Destin.
Arabesques de feu et de sang, prenant forme dans la tempête du Chaos fondamental.
L'entropie est le souffleur ardent qui nourrie les défaillances de ma logique depuis l'ombre du théâtre !
Il est le babil magique de mon verbe, mots à double-tranchants au sens plein d'absurdité.
Ma voie est celle de l'Art, l'entropie est tel ma musique, ma poésie, ma peinture...
L'expression mystique et passionnée...essence...d'une réalité insaisissable.



Un visage est-il un masque de comédie posé sur la tragédie de l'âme ?

 
Luisandre Kharylïern

Le Merakih 23 Saptawarar 1509 à 23h49

 
Luisandre n'a pas bougé d'un millimètre durant les cabrioles du masque, si ce n'est sa chevelure noire tremblant faiblement sous l'action de la brise.
Lorsqu'il se relève et s'adresse à sa spectatrice, il peut s'apercevoir qu'elle a les yeux fermés. Mais curieusement, au fur et à mesure qu'il s'exprime, il a le sentiment de plus en plus prononcé qu'elle l'observe malgré tout par l'étrange oeil tatoué sur son front. Un drôle de regard, troublant, insaisissable, qui semble curieusement bien plus vivant que les yeux vides de l'anja.


Tu es déjà un peu mort, Pantin du chaos. Nous le sommes tous.
Peut-être est-ce cette petite mort que tu caches derrière ton masque, symbole de ce que tu n'es pas et de ce que tu fuies.

Ta voie en vaut une autre, tracée dans les sillons impotents de la toile du Chaos elle te mènera à ton Destin.
Peut-être l'arpenterai-je avec toi un jour...


Lunarïas se tait, toujours immobile, puis soudain elle rouvre les yeux et adresse à Umbre le même sourire dual, à la fois terne et chaleureux, que lors de sa première manifestation.
Et une nouvelle fois elle lève sa main vers la joue de porcelaine qu'elle caresse dans une parodie de tendresse.

Puis sans ajouter un mot, elle fait volte-face.


Avant je souffrais de schizophrénie... mais maintenant nous allons beaucoup mieux !

 
Umbre

Le Julung 24 Saptawarar 1509 à 10h56

 
Umbre observe Lunarïas lui tourner le dos et s'éloigner. Une boule inattendue se forme dans son estomac, mélange de soulagement et de frustration qu'il est incapable d'expliquer. Son regard reste longtemps fixé sur la silhouette svelte et harmonieuse de la jeune femme, jusqu'à ce que celle-ci ne devienne plus qu'une ombre dans l'horizon ou disparaisse derrière les murailles de la cité. Le bilan de sa rencontre avec Luisandre lui laisse une drôle d'impression. Il faut dire que passer quelques heures avec une schizophrène à faire tout et n'importe quoi n'est jamais sans conséquence. Mais celle-ci a quelque chose de particulier, un charme et une richesse d'âme qu'il a trouvé chez peu de personnes jusque là. Même parmi la foule d'originaux qu'il côtoie fréquemment.
C'est sans doute dû à sa rafraichissante et détonante folie, mais pas uniquement. Umbre le sait : il la reverra.
Il espère que les aléas de la vie donneront raison à son intrigante promesse. Il y croit fermement.

Il a encore beaucoup à découvrir et à apprendre d'elle. Et il a très envie de la revoir, ne serait-ce que pour partager d'autres moments magiques comme ceux-là, incroyables dans la variété de leurs styles et de leurs intensités.
L'espace de plusieurs existences et de plusieurs rencontres en un laps de temps pourtant ténu...
Le Masque cligne des yeux et chasse quelques poussières sur son costume en soupirant.
Voilà une autre Muse étrange de laquelle il s'est entiché, un peu malgré lui.

Il songe de nouveau à ses dernières paroles et hausse les épaules.
Puis s'éloigne à son tour, en direction le Fundeq d'Utrynia.



Un visage est-il un masque de comédie posé sur la tragédie de l'âme ?

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