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Sujet lancé par Léonal
Le 20-09-1510 à 20h37
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Posté par Ylimildian,
Le 23-08-1511 à 23h37
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Léonal

Le Luang 20 Saptawarar 1510 à 20h37

 
Lorsqu'il rouvrit les yeux, Léonal eut la nette impression qu'il avait changé d'endroit.

Il faisait noir et très froid dans l'antre de la mort mais à ce stade du trépas le rêveur ne comprenait pas encore où il se trouvait. Son esprit découpé par les effluves de corruption conservait gravé la dernière image qu'il avait aperçut avant que tout son être ne l'abandonne. C'était la vision d'Utrynia sombrant dans les ténèbres et de ses défenseurs qui mourraient les uns après les autres. Un tableau à la fois triste et héroïque.

Léonal n'étais pas un héros mais un pauvre médecin vagabond. Aussi n'avait-il pas pris part à l'action menée par les poussiéreux contre les terribles immondices cauchemardesques. Peureux comme tout, il s'était très bien contenté de panser certaines plaies et de se terrer du mieux qu'il l'avait pu derrière un mur effondré. Maigre défense contre la Mort dont la faux est éthérée.

Léonal se redressa, la tête rentrée dans les épaules, les oreilles couchées en arrière. Pas un bruit pour contrarier le silence. Pas une couleur pour offusquer le noir. Rêvait-il encore ? Cela ne serait pas la première fois - mais tout de même, dans un moment pareil ! Si tel était le cas, le Cent Visage ou le Coq ne tarderaient à venir le voir, l'un étant le bourreau de ses songes et l'autre en étant la sentinelle.

Bien. Bien. Il fit quelques pas.

On dira ce qu'on voudra. Ce rêve ci était bizarre...

 
Arkana Voroshk

Le Luang 20 Saptawarar 1510 à 23h05

 
Une forme se matérialisa dans le songe mortuaire. Une Ombre grande et froide, un Corbeau d'Apocalypse. La Créature n'avait rien d'effrayant : rien de commun avec les effluves : elle rayonnait simplement d'une profonde noirceur. Abnégation et sacrifice se lisaient dans son plumage, tandis que nulle tristesse n'assombrissait ses prunelles or. L'Oiseau du Destin prit peu à peu forme humanoïde : le ramage se fit lambeaux de tissu et le visage opalin apparut. Les yeux étaient toujours de l'étrange teinte dorée et les cheveux -interminables !- d'une obscurité incommensurable. Des tatouages argentés miroitaient sur les parties découvertes de peau -main et face-, se mêlant à d'innombrables cicatrices suintantes d'un sang sombre.

Soudain...

Arkana jeta un oeil au Loup, sans surprise ni animosité. Elle l'examina quelques minutes -ou plus longtemps, le temps étant ici aboli- puis s'en détourna totalement. A la place, la Voroshk se mit à onduler, à Danser. Une Danse féminine et mélancolique, une Danse de guerre et d'Amour, de regrets et d'espoir. Le tissu du ramage du Corbeau s'éleva également dans le vide, innombrables serpents de ténèbres, tandis que les mèches de cheveux s'enroulaient et se déroulaient à l'infini.

Déjà, autour d'Arkana, d'autres formes tydales s'incarnaient, Soeurs, Filles, Mères mortes au combat. Lames et Sorcières, Artisanes et Erudites.

Les Folles de la Toute Fin.
Désormais Danseuses éternelles...

Après quelques minutes à valser dans le néant, l'ancienne Némésis tendit la main à Léonal, l'invitant à la rejoindre...



 
Léonal

Le Matal 21 Saptawarar 1510 à 00h53

 
Un rêve très bizarre, oui.
Léonal regarda la main tendue et hésita.

Tétanisé, les pattes jointes et collées contre sa poitrine, le loup gigantesque tentait de se faire tout petit. L'opération s'avéra bien difficile puisque l'obscurité infinie ne lui offrait, hélas, aucun recoin où se tapir et que la chimère dansante l'avait aperçu. Toute option de retraite ou de fuite semblait impossible à envisager. Léonal resta donc immobile, les yeux grands ouverts à contempler le ballet mélancolique qui se jouait devant lui.

Les curieuses formes intangibles se découpaient en nuances noires sur le fond ténébreux. Elles s'agitaient avec affliction et dignité, valsaient au rythme d'une musique dramatiquement muette, comme un seul corps abandonné. Comme une âme arrachée. Un spectacle à la fois enchanteur et terrifiant.

Après cette hésitation le loup décida qu'il ne saisirait pas la main car il ne s'en sentait pas digne. Il ne savait ni danser ni honorer les visions étrangères or il avait la certitude que ce ballet était une sorte d'hommage ; cette impression lui nouait les entrailles sans qu'il put comprendre pourquoi.
Un rêve en guise de deuil ?

Tant pis, se dit-il, mieux vaut peut-être refuser de participer aux honneurs que de déshonorer par maladresse.
Léonal secoua doucement la tête en tremblant. Son visage trahissait la peur, la culpabilité et le regret.


 
Diaspar

Le Matal 21 Saptawarar 1510 à 00h57

 
Une autre silhouette se détacha dans l'obscurité froide du néant.
L'ombre d'un vieux pèlerin qui avait arpenté bien des lieux, y compris celui-là.
Il s'attendait, comme lors de son dernier songe ici, à voyager sur l'antique barque.
Peut-être y retrouverait-il, au bord du fleuve, des âmes qu'il avait autrefois connu et chéri.
Mais pour le moment, rien, nul paysage formé par son esprit d'outre-tombe.

Qu'un grand espace noir, où d'autres ombres guettaient.

Léonal, l'étrange médecin qui avait joué de malchance, rejoignant malgré lui un combat désespéré.
Arkana, l'une des sorcières du Matriarcat du Déclin au côté de laquelle il avait lutté contre l'Effluve incarnée.
Derrière et autour d'elle, l'escortant dans une dernière danse, nombre de figures féminines de sa Faction.

Serphone savait. Il ne connaissait que trop bien cet endroit. Qu'il avait longtemps arpenté avant de devenir Diaspar.
Il savait qu'il était mort et ne se souciait guère du temps que durerait l'absurde supplice. Il observait, comme un fantôme.
La sérénité, toujours, guidait ses pas. La mort était plus qu'un voyage, c'était un état d'apaisement, de vide.
Le regard plongé dans l'étrange valse des gardiennes du Matriarcat, ses pensées flottaient.
Elles flottaient autour de lui comme une blanche fumée mystique, nimbant son ombre.

Dans les ténèbres, un ancien mantra s'sarknesh lui revenait en tête.
Un mantra autant qu'un poème, fondateur du Premier Principe.

La Voie qu'on tente de saisir n'est la Voie elle-même;
le nom qu'on veut lui donner n'est pas son nom adéquat.

Sans nom, elle représente l'origine de l'univers;
avec un nom, elle constitue la mère de tous les êtres.

Par le non-être, saisissons son secret;
par l'être, abordons son accès.

Non-être et Etre sortant d'un fond unique
ne se différencient que par leurs noms.
Ce fond unique s'appelle l'Obscurité.

Obscurir cette obscurité
voilà la porte de toute merveille.


Nuée qui se faisait mots et images autour de lui.
Puis dessinait un sentier d'argent dans la nuit sans fin.
D'une pureté qui se voulait digne de sa portée.

Sur ce chemin luminescent, il commença à marcher.
Pèlerin qu'il était, demeurerait ainsi même dans le néant.

Surtout dans le néant.


 
Shyama

Le Matal 21 Saptawarar 1510 à 12h30

 
*** Feu d'artifice de noyaux de cerises, douleurs, tristesse et déceptions....

Ultimes souffrances avant la délivrance ? Pas même, car le Néant lui-même n'offrait pas l'apaisement de l'âme.

Balance déséquilibrée, une brume à plusieurs vagues formes féminines entremêlées flottait, en retrait. Visiblement hésitante. Différents visages se succédaient, dans un morphing éthéré. S'incarner, se dissiper....
Quelle différence pour le Tableau ?



Inutilité....

Sous ce Ciel sans Etoiles, s'offrir au néant, ne faire qu'un avec lui ? Dissiper les dernières souffrances, les plus grandes, celles de l'âme ? Oublier la beauté et la laideur.
Absence de sentiments, d'être, de conscience.

L'oubli....
La forme ne savait ce qu'elle était en réalité. Ce qu'elle avait été. Elle n'était plus que sensations et hésitations. Quoi être, quoi faire ?


Nouveau visage brumeux, aux traits à peine dessinés. Prêt à disparaître dans l'éternité.



Un loup, un corbeau et un pèlerin.

Un nelda, une mortelle poupée dansante, et un sombre arpenteur.

Des visages sans noms et pourtant familiers....


Retenue par la curiosité. Retenue par la beauté d'une danse qui parlait à son âme, en faisait vibrer des cordes pour produire une comptine à la fois effrayante et maternelle.

Alors, elle continua de flotter, d'hésiter.
***


Shyama,
Sombre comme un Nuage

 
Léonal

Le Matal 21 Saptawarar 1510 à 12h31

 
Deux autres protagonistes que cette fois Léonal reconnait. Diaspar, le curieux encapuchonné qui l'avait incité à soigner les blessés dans la tourmente d'Utrynia, et Shyama, dont la réputation n'est plus à faire dans les villes survivantes de l'île. Que Furm font-ils ici ? D'abord les ombres qui dansent avec mélancolie, ensuite l'apparition d'un mystique baragouinant dans un dialecte barbare et d'une artisane sortie de son atelier.

Ce rêve n'a décidément ni queue ni tête - si bien que cela en devient inquiétant.

Si Léonal est souvent déboussolé quand il s'aperçoit qu'il rêve, la plus part du temps il peut se raccrocher à des éléments identifiables. Des peurs enfouies, des espoirs envolés, des regrets ou des doutes dissimulés. Dans ce rêve ci, en revanche, il n'y a rien de tout ça. L'impression d'intangibilité est présente tout comme la sensation de faire corps avec l'astral, mais les perceptions du loup manquent un poil d'onirisme. Ici l'impalpable à l'air concret. Indiscutable.

Voilà qui est très déroutant.


FrankyZ dit :
C'EST CHEULOU, HEIN ? AHA.


Le rêveur est forcé de se rallier à l'avis du Mou. Il y a un truc qui cloche. Un truc qui tranche radicalement avec les autres rêves spontanés de Léonal. D'habitude il ne se rend pas compte qu'il rêve tout de suite ; il fait d'abord l'objet de brimades et de mauvais tours de la part des cauchemars à la solde de Cent Visages. Ce n'est qu'ensuite, après bien des angoisses, qu'il prend conscience de son basculement vers le monde des songes.

Alors quoi aujourd'hui ? Dans quel environnement est-il tombé et comment ? Est-ce un contrecoup de l'exposition aux effluves ou une corruption psychique de sa santé mentale ? Rien qu'à ces idées, Léonal sent ses genoux claquer l'un contre l'autre. Brrr. Il en tremble. Si ça se trouve la créature lui a jeté un sort. Si ça se trouve elle l'a téléporté dans un monde horrible. Si ça se trouve elle s'en est pris à lui et il est...


FrankyZ dit :
MORT ?


Le Peureux se fige à nouveau, les yeux grands ouverts et les oreilles plus aplaties que jamais sur son crâne hérissé de poils paniqués. Il n'avait pas envisagé le décès avant que FrankyZ ne le suggère.

 
Léonal

Le Matal 21 Saptawarar 1510 à 12h33

 
...
Mort ?


 
Léonal

Le Matal 21 Saptawarar 1510 à 12h34

 
FrankyZ dit :
MORT.


 
Léonal

Le Matal 21 Saptawarar 1510 à 12h34

 
Mort...

 
Léonal

Le Matal 21 Saptawarar 1510 à 12h35

 
FrankyZ dit :
MORT. OUAIS. VLAN. MORT QUOI.


 
Léonal

Le Matal 21 Saptawarar 1510 à 12h35

 
MORT ?!!

 
Diaspar

Le Matal 21 Saptawarar 1510 à 18h57

 
Le pèlerin se tourna vers Léonal, comme seul pouvait le faire une âme dans l'au-delà.

Mort, vous l'êtes. C'est une étape de plus dans le cheminement du destin.
N'ayez pas peur et profitez de ce que le trépas vous enseigne.


Ce n'était ni des mots, ni des sensations, plutôt une transmission éthérée.
Il n'y avait pas de ton dans sa pensée, mais des nuances subtiles.

Suivez-moi.

Il ne s'était pas adressé qu'à Léonal. Mais à toutes les formes présentes.
Même dans les turpitudes de la mort, Diaspar essayait de garder la tête froide.
Il y avait toujours à faire, à découvrir, à comprendre. Quelque soit les lieux. Quelque soit le non-lieu.
Le sentier d'argent qui se formait devant lui, zébrures dans les ténèbres, se perdait dans l'infini.
Le Contemplateur commença à marcher dessus, sans savoir où cela le mènerait.

Peut-être à la résurrection, peut-être au coeur de l'Autremonde.
Lui savait néanmoins ce qu'il voulait. Ce qu'il cherchait.

Si l'esprit de la cité Nemen d'Utrynia avait péri, il était peut-être ici aussi.
Sous une forme ou une autre. La voir, la contempler, l'honorer. Une dernière fois.
Alors les pieds sur ce chemin argentin, le Témoin entama sa marche, son pèlerinage.
Espérant qu'au bout, il trouverait quelque chose.

De grand, de beau et de perdu.
L'âme d'une cité morte.


 
Arkana Voroshk

Le Matal 21 Saptawarar 1510 à 18h58

 
Arkana se saisit de la patte, attira contre elle le loup. Le masque d'albâtre de la Danseuse sourit et la peur fut balayée. Le visage de la Voroshk était parfait : pur, jeune, lumineux, dépouillé de son tatouage et de toutes ses cicatrices. Car ici, nulle laideur ne subsistait et les questions devenaient obsolètes. Léonal eut sa réponse à l'instant où il plongea son regard dans les yeux or de la Danseuse.
Ils étaient morts : oui. Et alors ?

Alors, des notes se mirent à pleuvoir dans le Rien.

La Ballerine écouta la réponse de Diaspar et son rire cristallin monta dans le Vide. Un rire nullement moqueur ou triste : un rire tout au contraire joyeux et plein d'espoirs. Immédiatement, la Folle reprit son ballet. Ses cheveux formèrent une spirale autour de Shyama, l'invitant à la rejoindre. Léonal, lui, fut collé à la Déesse par des mains douces mais fermes. Il n'y avait nul effort à faire pour suivre cette Valse, s'y laisser entraîner : ici, tout était d'une extrême simplicité. D'un ultime dépouillement.
Alors ils tournèrent, tournèrent et tournèrent encore. Suivirent Diaspar, au dessus, en dessous de lui. Égrenant les notes d'argent autour du chemin lumineux...

Fêtèrent leur Trépas, honorèrent leur Sacrifice.
Tentèrent d'attirer à eux toutes les âmes perdues du lieu.

Leur Danse était belle ; belle et triste ; mélancolique et douce. Absurde et pourtant pleine de sens.
Car c'était dans ce monde que fanaient les certitudes et que naissait le Tout.
Qui n'était pas grand chose...

Ils étaient morts, oui : et alors ? Le Néant les engloutissait et répondait à toutes les questions, anéantissant toutes les peurs. Ils étaient morts et cela ne changeait rien au monde, ils étaient morts et les limbes les retrouvaient comme s'ils n'avaient jamais vécu.





 
Léonal

Le Matal 21 Saptawarar 1510 à 19h39

 
Les limbes pouvaient bien faire ce qu'elles voulaient, Léonal ne se calmaient pas pour autant ! Tout au mieux cette invitation forcée à danser l'avait-elle pris de cours, laissant un mutisme interdit prendre place sur sa bouche. Au fond de son cœur (qui ne palpitait plus ! ohmondieu !) le Peureux éprouvait toujours cette terreur que rien au monde ne pouvait effacer en dehors d'une terreur encore plus grande. Même mort, le loup continuait à redouter le pire.

La valse l'entrainait aisément d'un pied sur l'autre mais le rite macabre relevait d'un intérêt beaucoup plus modéré lorsqu'on passait de l'état de spectateur à celui d'acteur. Hé, quoi ! Qui étaient tous ces gens pour l'entrainer ainsi dans une pantomime de mourants ? Des fantômes et des spectres barbares, voilà ce qu'ils étaient ! Incapables de ressentir la détresse de Léonal (c'est un pléonasme, mais là tout de même !), ils semblaient penser d'un commun avis que la mort ne devait pas être crainte.

Bien si, figurez-vous ! Ne vous en déplaise !

Le loup avait très peur ! L'une de ces peurs sans limite, tourbillonnante comme un syphon et aussi attractive qu'un vortex. Quelques mots et un regard ne suffisaient pas à l'éloigner de l'idée atroce que son corps pourrissait loin de son esprit ; que des verres dégoutants viendraient lui dévorer les yeux ; et que son bidon habriterait bientôt une nurserie pour araignées.

"N'ayez pas peur."
"On est mort : et alors ?"
ET PUIS QUOI ENCORE !


FrankyZ dit :
WOW. PAS LE MOMENT DE PETER UNE DURITE. ARRETE DE FAIRE CHIER PUTAIN.


Oooooh ! Toi, la boule de crotte, c'est pas le moment de mon gonfler. Tu ne vois pas que je suis mort ? Dé-cé-dé ? Alors ne viens surtout pas - mais SURTOUT PAS - me prendre le choux avec tes tirades idiotes.

FrankyZ dit :
HEIN ? HEY, NAN MAIS POUR QUI TU TE PREN...


JE me prends pour un loup qui vient de hurler sous sa dernière lune. JE me prends pour un médecin incapable de se soigner. JE me prends pour celui qui te trainasse depuis des lustres et pour qui tu n'as jamais eu AUCUNE considération. Mais maintenant que JE suis mort, mon petit père. A présent. Tu as intérêt à ne pas me casser les noix si tu ne veux pas que JE te fasse la vie dure.

FrankyZ dit :
BEN...


Capiche ?

FrankyZ dit :
... OUAIS.


Léonal se dégagea avec fermeté de l'étreinte d'Arkana. Il quitta la valse dont le charme s'était dissipé, foula le chemin argentée et se mit à réfléchir. Pour une fois, ça ne lui ferait pas de mal.

 
Arkana Voroshk

Le Matal 21 Saptawarar 1510 à 20h05

 
La Folle laissa partir le loup sans le retenir. Elle lui sourit, contrite de sa défection -désolée de ne pas l'avoir convaincu de l'inutilité d'une démarche de lutte, de recherche dans ce monde exempt de tergiversation. Toujours aussi sereine, la Voroshk s'éleva dans le Néant, au dessus de la tête des Arpenteurs, et continua sa curieuse Danse, étrange étoile du Ciel infini.


 
Diaspar

Le Matal 21 Saptawarar 1510 à 21h10

 
Le Témoin avait entamé sa marche et la poursuivait.
Cheminement sinueux mais paisible dans le grand abîme.
Sa conscience claire était entièrement tournée vers le sujet de son inquiétude.
Cette cité dont il ne restait plus que des cendres, des pierres sans vie et des ombres mauvaises.

Il espérait en percevoir les souvenirs, les vestiges, le parfum dans le monde des morts.
Il arpenta le sentier un temps incertain, distendu dans cette réalité autre.
Impossible de mesurer son vagabondage, en lieux et en âges.

Mais plus il s'enfonçait dans les ténèbres, plus des impressions contradictoires le saisissaient.
L'impression de s'approcher de la lumière, où le menait probablement son étrange route.

Rien. L'âme de la cité, comprit-il assez vite, ne se trouvait pas là. Ne s'y trouverait pas.
Après tout, ce n'était pas si surprenant. Elle était Nemen, ils étaient Poussiéreux. Et immortels.
Peut-être était-ce dans un autre enfer qu'elle avait trouvé le repos. Si il en allait ainsi pour une telle entité.
Nulle déception, ni dépit. Du regret seulement, de ne pouvoir, une dernière fois, oeuvrer pour elle.

Le pèlerin, abandonnant cet objectif, se laissa guider par la seule voie que lui offrait désormais le sentier.
Il s'allongeait, se déployait et se perdait jusqu'à l'ouverture lumineuse que lui offrait la renaissance.
Cheminement sinueux mais paisible dans le grand abîme. Jusqu'à la vie.
Diaspar, bientôt ombre noire dans un halo blanc, ressuscita.

Douleur. Souffrance. Plénitude.


 
Léonal

Le Matal 21 Saptawarar 1510 à 22h57

 
Après une certaine réflexion (interrompue par la disparition spectaculaire du mystique qui laissa le loup bouche bée), Léonal s’écria : J’ai une idée ! Si, une fois mort, la conscience des poussiéreux est envoyée, d’une manière ou d’une autre, dans cet endroit alors il se peut que tous ce qui est en rapport avec la conscience y soit également envoyé.

FrankyZ, le mou infâme aux humeurs belliqueuses, roula près de son symbiosé en haussant son unique sourcil.

FrankyZ dit :
JE TE SUIS PAS.


Je t’explique. Quand nous mourrons, la conscience est séparée du corps – pour une raison que j’ignore mais ce n’est pas la question – et elle est précipitée vers une destination où elle patiente le temps de… de… où elle patiente un temps. Or, il s’avère que cette conscience est intacte. Je peux en attester moi-même puisque je me souviens de tout ce qui s’est passé depuis ma naissance jusqu’à mon… enfin… tu vois.


FrankyZ dit :
DECES ?


Voilà. Bref, si ma conscience est entière et que ses mécanismes sont indemnes cela suppose que je peux l’utiliser de la même manière que lorsque je suis vivant. En d’autres termes, je peux à la fois réfléchir et faire tout le reste. Je pourrais donc, admettons, rêver.

Léonal ponctua sa démonstration en frappant du poing dans sa main. Il avait un visage radieux que FrankyZ ne lui connaissait pas et que le mou attribuait à une sorte de contre coup dû à la mort.

FrankyZ dit :
… SUPER. ET TU COMPTES PIONCER LA ? CA RIME A QUOI ?


Le Peureux agita son doigt sous le sourcil du mou dans un geste ridicule et docte.


Non, non, non. Ecoute, ou plutôt : regarde. Arkana et Diaspar ont comme qui dirait modelé l’endroit comme on pourrait façonner un songe. L’une virevolte dans le néant comme un oiseau et l’autre trace une route dans l’infini. Ils créent à partir de rien – ou à partir de tout, je ne comprends pas vraiment la nature de l’endroit où nous sommes. Toujours est-il qu’ils dessinent ce que leur esprit représente, comme dans…

FrankyZ dit :
PUTAIN ! COMME DANS UN RÊVE QUOI !


Exactement ! Et je suis sûr qu’il ne s’agit pas de simples hallucinations post mortem de ma part. Je perçois tout ceci comme dans une vision commune. On dirait que je suis… je ne sais pas… une goutte dans un océan très sombre. Tu me comprends ? J'ai l'air relié.

FrankyZ dit :
OUAIS, OUAIS. MAIS J’VOIS PAS OU TU VEUX EN VENIR. TU LA CHIE TON IDÉE !


D’accord, d’accord. Voilà où je veux en venir : si les poussiéreux, disons au moins les symbiosés, passent par ici lorsqu’ils décèdent, leur conscience se relie à cet endroit. Or, avant de partir comme Diaspar l’a fait, peut-être que certains d’entre eux ont laissé dans leur sillage comme une bouteille jetée dans cette mer de néant. Une idée, une émotion, un secret ! Imagine ce que nous pourrions trouver ici si, par chance, mon idée était exacte…

FrankyZ dit :
…OU PAS COMPLÈTEMENT FAUSSE…


… si, dans ce monde de mort, il était possible de trouver un souvenir désincarné ! Une pensée... disons... morte elle aussi !

FrankyZ dit :
D’ACCORD. J’AI PIGE. MAIS TU CHERCHES QUOI AU JUSTE ?


… je ne sais pas vraiment. Euh… disons… pour commencer… peut-être quelque chose sur la disparition des cités ?

Léonal se détourna du mou et leva les yeux vers Shyama et Arkana qui, si elles parlaient nelda, avait pu prêter une oreille aux théories du rêveur. Son visage ouvert venait de se figer dans une grimace de type "Je suis ouvert à tout avis mais attention je reste une âme sensible". Malgré lui, loup haussa les épaules timidement.

 
Kaliss

Le Matal 21 Saptawarar 1510 à 23h23

 
La présence de Kaliss était la......roulée en boule.....peu encline aux épanchements dans cet espace qu'elle avait déjà trop fréquenté à son gout ......surtout qu'elle n'aurait pas du être la. La corruption n'aurait pas du être détruite de cette façon.

Tous les efforts qu'elle avait déployée pour sauver la cité pour finir comme cela.

La faucheuse était déprimée......mais elle aurait du s'attendre à cela....la prochaine fois, elle ferait autrement.

Puis elle pensa à Utrynia et chercha la présence de l'âme de la cité en ce lieu, ou au moins une trace de son passage.

Peut être que les nemens morts passaient aussi par la mais ne pouvaient y rester, faute d'avoir une symbiose pour les ramener à la réalité de Syfaria.
Alors Kaliss sorti de sa prostration et étendit ses sens au maximum, cherchant une trace d'une cité qui venait de périr...


Vivre ou mourir...à toi de choisir

 
Léonal

Le Luang 27 Saptawarar 1510 à 21h42

 
Aucune réponse ne fit écho à la question du Peureux. Et pour cause : celui-ci s'aperçut qu'il était désormais seul plongé dans les ténèbres. Il partageait, l'instant d'avant, la mort avec d'autres âmes en peine mais un simple battement de cil avait suffit à les faire disparaitre. Les mots de Léonal perdurèrent un peu dans le néant avant d'être assimilé par le silence.

Plus rien ne bougeait, plus rien ne faisait de bruit. Tout semblait figé autour de lui comme dans les profondeurs d'un lac par une nuit sans lune. A dire vrai, c'était tout juste si le loup se distinguait lui-même du reste de l'endroit ; cette distinction approximative, résultat d'un effort inconscient de son esprit, le poussait à croire que son être intangible n'était pas miscible avec l'inconsistance environnante. Certitude ou folie ?

Cependant, une part infime de son esprit, sordide et noire, l'invitait à s'abandonner aux ombres.


***

***



Léonal n'avait aucune idée sur la bonne manière de s'y prendre pour trouver ce qu'il cherchait. Difficile par ailleurs de mettre la patte sur des idées, des souvenirs ou des concepts lorsqu'on n'a jamais réfléchi aux moyens à mettre en place pour y parvenir. Comment allait-il orchestrer son exploration, lui qui n'avait jamais eu l'âme d'un explorateur ?

Il se souvint qu'une fois, quand il était tout petit, son père avait organisé une grande chasse au trésor pour les louveteaux du quartier. Bien que le principe eut été simpliste Léonal n'avait pas compris la logique de l'exercice et s'était retrouvé dernier, couvert de honte car persuadé qu'il avait failli vis-à-vis de son père. Le Peureux conservait un souvenir aigre de cette expérience et s'était depuis juré de ne pas suivre des chemins qu'il ne comprenait pas.

Ironique lorsqu'on connait un peu le personnage. Passons.

Léonal marchait depuis... depuis une période indéfinissable puisque le temps s'écoulait étrangement ici (s'il s'écoulait toujours). Ses premières tentatives ne portaient guère de fruit. Il ne distinguait que le noir en dehors des ombres. Cela commençait à l'énerver.


FrankyZ dit :
TU T'Y PRENDS COMME UN MANCHE.


Hum ! Que t'ai-je dis tout à l'heure, FrankyZ !

FrankyZ dit :
ÇA VA. ÇA VA. N'EMPÊCHE QUE TU VAUX PAS UN CLOU.


Bien, bien. Tu as peut-être des idées, toi qui sais tout ?

FrankyZ dit :
BEN NON. MAIS SI TU CHERCHES UN TRUC PSYCHICOSPIRITUEL TU FERAIS BIEN DE LE FAIRE AVEC TA PSYCHEE. JE DIS CA, JE DIS RIEN.


... tu as raison. Je m'y prends mal... mais comment faire ? Je ne sais pas du tout !

Léonal cessa de marcher au hasard - ou plutôt de se déplacer sans but, et réfléchit à nouveau. Comment faisait-il d'habitude quand ses sens lui jouaient un mauvais tour, quand il dormait profondément sans le savoir et qu'il tentait de fuir le Sans Visage ? Tous ses repères n'en faisaient qu'à leur tête et pourtant il parvenait à avancer vers un but : se réveiller à tout prix.

Le réveil, cette sortie merveilleuse d'un labyrinthe cauchemardesque, revêtait bien des formes : idées, émotions, souvenirs, imaginations ou chimères. La solution n'existait pas physiquement (au sens où les autres factions, ces tristes aveugles, l'entendaient) mais elle était là, quelque part, et seul son esprit pouvait lui servir de boussole.

Cela s'apparentait au monde qui prenait vie dans la tête du loup quand il fermait les yeux et que son odorat prenait le relais. Il n'y avait alors plus rien de tangible, uniquement des couleurs surgissant du néant associées à des émotions.

Les émotions. Cet endroit en était forcément chargé. On ne meurt pas sans laisser de trace de son passage, qu'il s'agisse d'un acte manqué, d'un regret, d'une peur fatale, d'un amour inavoué, d'une amitié inoubliable ou mille choses encore. Le néant à beau tout prendre, les passions seront immortelles tant qu'il y aura des vivants pour être les gardiens. Pour s'en souvenir.

Oui ! Léonal se redressa, un poil rassuré par ses propres conclusions.


FrankyZ dit :
ALORS ? ÇA DONNE QUOI ?


Des aimants.

FrankyZ dit :
QUOI ?


Des aimants. Tu sais, les... les... les petits bouts de machins qui s'attirent. Je vais essayer d'en devenir un. Si ce lieu, cet endroit, cet environnement cache des traces spirituelles je vais essayer des les attirer à moi. Ou de me laisser attirer vers elles. Je... je suis sûr que je ne suis pas le seul à être passé par ici et à avoir ressenti une profonde détresse vis-à-vis des cités qui disparaissent. Certains morts ont dû dégager bien plus de tourments que moi et c'est avec cette détresse que je vais essayer de me polariser - dans l'espoir de trouver quelque chose de... euh... intéressant ?


FrankyZ dit :
ÇA M'A L'AIR FROIREUX ET DANGEREUX.


Léonal déglutit. C'était aussi son avis bien qu'il ne l'exprimait pas. Tandis qu'il commençait à regretter son idée, le Peureux se laissa envahir par la tourmente - toute la tourmente qu'il avait accumulé depuis des années et des années, laquelle détresse avait eu pour point culminant l'attaque de la cité d'Utrynia et sa mort. Il espérait ainsi drainer les terreurs environnantes et découvrir quelques terribles secrets...


 
Léonal

Le Matal 28 Saptawarar 1510 à 18h12

 
FrankyZ dit :
ÇA N'A PAS BIEN L'AIR DE FONCTIONNER. SI ?


Je... hé bien... c'est-à-dire que je me concentre, vois-tu ? Alors s'il te plait, fais moins de bruit.

FrankyZ dit :
JE M'EMMERDE.


FrankyZ ! J'ai besoin de toute ma concentration ! S'il te plait, tu n'as qu'à - je ne sais pas moi... - aller faire un tour ailleurs.

FrankyZ dit :
AILLEURS OU ?


Dans le... vers... tu as déjà été voir ce bout de noir, là bas ? Vas-y et reviens quand tu auras compter jusqu'à deux mille.

FrankyZ dit :
PFFF... C'EST A CHIER TON TRUC. COMME TOI. T'ES A CHIER.


J'avais compris, merci. Maintenant va t'amuser avec les ténèbres. Enfin... euh...

FrankyZ dit :
OUAIS, OUAIS.


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