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Le Dhiwara 28 Nohanur 1510 à 11h34
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Recherche d'une accroche.
Impression fugace.
Quelqu'un serait-il passé par là ?
Mais je suis seule... si seule...
***
Neniel dit :Reste tranquile, ça va aller...
Tu vas voir.
Ce n'est qu'une étape.
Ne pense plus à la douleur. Bientôt ça ira.
Et puis tu dois penser à ton rendez-vous...
Patiente...
***
Oui...
Je vais revoir Kaelianne.
Bientôt.
Solitude.
Si je pouvais pleurer, je le ferais...
Horrible.
J'ai perdu une partie de moi-même là-bas...
J'ai trahi le Matriarcat...
Je me suis trahie.
Mais je n'ai pas trahie Kaelianne.
Surtout pas.
J'ai besoin d'aide...
***
Est-ce... est-ce que quelqu'un est là ?
S'il vous plaît...
Kaelianne va bien ?
***
Celle-qui-enseigna-l'art-du-cache-cache-à-des-Neldas
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Le Luang 29 Nohanur 1510 à 20h05
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| ***
Douleur, sanglots...
Une flaque de larmes est à mes pieds.
Je suis quelque part.
Je me vois, du moins un reflet sur le sol.
Mes yeux ont perdu leur éclat.
J'ai vieilli.
J'essaye de sourire, mais je n'y arrive pas.
J'ai du mal à coordonner mes pensées.
Je ferme les yeux. Un instant. Une éternité.
Comment savoir dans ce non-lieu ?
Je rouvre les yeux et regarde autour de moi.
Un chemin enneigé qui se poursuit.
Que faire sinon avancer ?
Avancer et espérer.
Espérer que Kaelianne soit au bout du chemin.
Chemin dont je ne puis deviner la fin.
Si fin il existe...
Je me redresse, et j'avance.
Aussi froide que la neige.
La solitude pèse.
Quiconque interviendrait pourrait m'aider.
Sûrement.
Kaelianne.
***
Tu... es... où... ?
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Celle-qui-enseigna-l'art-du-cache-cache-à-des-Neldas
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Le Luang 29 Nohanur 1510 à 22h14
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| *** Méconnaissable.
Je ressens pourtant sa présence.
La peur qui suit la compréhension laisse place à un doute.
Que faire ?
Je suis de l'autre côté de l'étang.
En face d'elle. Je l'observe.
Sans rien dire, j'en suis incapable.
Des larmes roulent le long de mes joues...
Je tends le bras, l'invite à venir me rejoindre.
J'avance d'un pas, sur l'eau qui devient glace à mon approche, puis d'un autre.
Et encore.
Arrivée à la moitié du lac, je m'arrête.
Une question me trotte dans la tête.
Est-ce bien toi ?
Tu es morte ?
Pourquoi ?
Comment ?
Je ne mérite pas de te voir ici.
Tu n'y as pas ta place.
Tu dois retourner parmi les vivants.
Pour venir au rendez-vous.
Comme promis. ***
***
Moi je tiendrai ma promesse, Chaton...
Je t'aime toujours autant, et tu me manques.
Je sais que tu viendras.
Tu es déjà là.
Viens me rejoindre...
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Celle-qui-enseigna-l'art-du-cache-cache-à-des-Neldas
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Le Luang 29 Nohanur 1510 à 22h47
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| *** Nivyan est ignorée.
A-t-elle seulement été entendue ?
Sûrement pas.
J'avance dans l'eau.
Elle ne gèle plus.
À mesure que je me rapproche de Kaelianne, l'eau semble se réchauffer.
L'air semble plus agréable.
Je me sens mieux.
Apaisée.
Je m'allonge à côté d'elle et je ferme les yeux.
Mais je sens qu'elle est là.
Tout mon être le ressent.
Et en tire un grand réconfort.
Tu es là.
Sans ouvrir la bouche, je lui dis : ***
Je suis là, je suis là maintenant.
Je prendrai soin de toi.
Laisse-toi guider par le chant des étoiles.
Tu les entends ?
Tu vas aller bien, maintenant.
Parce que je le veux.
Il suffit de vouloir.
*** Je rouvre les yeux près du petit ruisseau des montagnes de Kryg où j'aimais aller avec Kaelianne.
Elle est à mes côtés et me semble être comme à notre première rencontre.
Jeune et belle.
L'air absente, mais en bonne santé.
Je m'approche d'elle et pose mes lèvres sur les siennes.
Elle s'évanouit en laissant un faux goût sucré sur mes lèvres.
Mes sens ne me servent à rien ici.
Je le ressens.
Uniquement.
Ne pas se perdre ici, juste suivre la voie de mon âme. ***
Neniel dit :Tu devras sûrement guider Kaelianne...
Dans son état, je ne sais pas si elle te suivrait.
Je ne sais pas trop ce qu'elle a.
Mais elle est changée.
Je la perçois comme ça en tout cas.
*** Sourire triste.
Ne t'en fais pas Kaelianne Foha, je serai là pour toi.
Tu as besoin de moi ?
Tu as envie de moi ?
Moi je ressens les deux à ton égard.
Et je te remercie infiniment d'être là.
Par ou contre ta volonté.
Tout ira bien. ***
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Celle-qui-enseigna-l'art-du-cache-cache-à-des-Neldas
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Le Matal 30 Nohanur 1510 à 17h55
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Il suffit de tendre la main pour saisir ce qui manque.
Kaelianne est là, mais ce n'est pas elle.
Pas celle que je connais.
Pas celle qui me connait.
Une étape.
Je la prends par la main et l'entraine soudainement dans Notre passé.
Les lieux qui lui plaisaient passent devant nous, formant parfois des mélanges improbables, pour finalement s'arrêter devant une petite maison qui ressemble à la notre.
J'ouvre la porte et entraine Kaelianne derrière-moi, sans rien dire...
Je m'assieds à côté d'elle sur un lit.
Notre lit.
Semblant n'avoir jamais été utilisé.
Je la regarde et souris.
Lui ouvre mon âme.
Les mots sortent d'eux-même, mes lèvres toujours closes.
Je suis une partie de toi, Kaelianne Foha.
Celle que tu aimes et que tu détestes.
Celle qui t'a fait le plus souffrir, mais qui t'a apporté ce qui peut ressembler au bonheur.
Je suis moi.
Mirwen.
Avec mes qualités, et mes défauts.
Et je t'aime de tout mon cœur.
M'aimes-tu ?
Je me souviens de ta première réponse à cette question.
Question mal formulée, réponse maladroite.
Ne parle pas.
Ici tu n'en as pas besoin.
Je découvre ça en même temps que toi.
Mais ici, je me sens libre.
Libre.
Et quand tu es avec moi, je suis heureuse.
Mais il ne faut pas rester ici.
On ne peut pas.
On ne doit pas...
Il nous faut regagner un pilier.
Ce n'est qu'une étape.
Et ensemble, on s'en sortira.
Tu dois me suivre...
Toi, toute entière.
Tu auras peut-être perdu.
Moi aussi.
Mais rien de ce qui nous représente vraiment.
On ne peut pas tuer l'amour.
On ne peut pas tuer nos âmes.
Quand tu t'en sentiras prête, tu viendras avec moi...
Syrinth.
Peut-être commencer une nouvelle vie.
Nous verrons...
Ensemble.
Je viens l'embrasser de nouveau, embrasser la Vie, embrasser la Mort.
Juste effleurer ses lèvres.
Pour faire ressurgir nos souvenirs.
Ensemble.
À jamais.
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Celle-qui-enseigna-l'art-du-cache-cache-à-des-Neldas
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Le Matal 30 Nohanur 1510 à 18h07
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Elle cille.
Je suis bien ici.
L’influence de Mirwen est repoussée d’un battement de cil.
Laisse-moi.
***
Je ne connais pas Kaelianne Foha.
Mais je connais le nom. Mirwen.
***
Elle regarde le pantin.
***
Je ne sais pas qui c’est.
Mais c’est pas important.
Qu’est-ce que c’est aimer ?
Quelle importance...
Moi, je vais rester ici.
Je suis bien.
Tu peux partir si tu veux.
***
Elle est congédiée d’un geste de main alors que l’esprit se lance dans un autre jeu de couleur.
Parfaitement à l’aise dans un monde d’apparence et de subjectif.
Et comme un enfant, elle rit.
Un.
Deux.
Trois.
Soleil !
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Moi, c'est elle | |
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Le Matal 30 Nohanur 1510 à 21h00
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| Je ne peux rien y faire ?
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Le sourire devient doux. Il illumine son visage.
Autant que la chaleur qui l’entoure et la transporte.
***
Je ne veux rien y faire…
Oublier, pourquoi pas.
Cela n’a pas d’importance, on verra quand ça arrivera.
Je n’ai pas rendez-vous.
Je ne m’en souviens pas.
Et puis disparaître… peut-être que c’est bien après ?
Pour Mirwen, ce n’est pas grave, j’oublierais. Je ne sais même pas pourquoi je m’en souviens.
Et puis je ne veux pas penser.
Va-t-en !
Je ne te connais pas. Je veux pas te suivre.
Laisse-moi !
LAISSE-MOI !
VA-T-EN !
***
La porte est claquée, le cœur fermé.
C’est comme se heurter à un mur.
Un mur de rejet.
Nivyan regarde Mirwen. Elle ne dit rien.
De toute manière elle ne sera pas écoutée.
Qui ne tente rien n’a rien.
***
Nivyan dit :Cherchez à l’atteindre mentalement est vain.
Ici vous êtes impuissante Mirwen.
La réalité n’existe plus.
Ce n’est que la réalité physique qui vous permettait de l’atteindre.
Rappelez-vous donc.
Elle a toujours réagis ainsi.
C’est par votre corps et votre présence qu’elle parlait et s’est accrochée.
Ce langage corporel ici est réduit à néant.
Je vais vous dire.
Quand vous lui avez envoyé cette stupide dernière pensée.
Elle s’est mise à hurler.
Oui, oui. Hurler. Vraiment fort. Pendant des heures jusqu’à ce que sa voix se brise.
Et que ses yeux soient gonflés au point qu’elle y voit plus.
J’ai sous-estimé l’importance que vous aviez.
Je vous déteste pour cela, je crois. C’est plus fort que moi, moi qui ressent sa douleur et sa souffrance.
Et puis elle s’est relevée et s’est mise à marcher.
A moitié-morte devrait-on dire.
Elle a perdu tout espoir. Toute envie.
Tout.
Vraiment tout Mirwen.
Et ça fait peur.
Elle a fermé son cœur.
Elle qui était si spontanée et gentille est devenue froide.
Inerte comme la glace.
Si elle n’était pas partie avec l’idée stupide de vous laisser libre, elle serait à l’heure actuelle une gentille petite marionnette du matriarcat.
Je me suis rendue compte qu’elle avait oublié.
Je sais pas. Le choc a provoqué comme une amnésie.
Un ultime refuge.
J’ai peur que vous ne mettiez fin à tout ce qui reste d’elle en tentant de briser ce rempart pour … je ne sais quelle lubie amoureuse.
Vous l’aimez ? Alors essayez de comprendre.
Il va falloir trouver un moyen qui ne la brusque pas.
Et moi, je dit plus jamais avec vous vu vos méthodes dignes d’une exécutrice, mais vous allez bien en baver pour la traîner à vous.
Peut-être vous dire, que c’est un message, cette amnésie.
Vous le comprenez ce message ?
Hein ?
Ou bien allez-vous vous obstiner aveuglément … ?
Moi, c'est elle | |
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Le Matal 30 Nohanur 1510 à 23h47
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| *** Une pensée bien différente de celle à laquelle Nivyan avait l'habitude vient lui répondre, de manière très douce.
Non Nivyan, je ne vais pas m'obstiner aveuglément.
Mais que penses-tu qu'il arrivera si je ne me préoccupais pas de Kaelianne ?
Elle resterait ici ?
Non, je vais reconstruire ce que j'ai brisé, petit à petit, et ça prendra le temps qu'il faut.
Je ne vais pas la brusquer.
J'attendrai peut-être qu'elle fasse le premier pas.
Mais tu sais, je m'affaiblis à mesure que je reste ici.
Je pense que Kaelianne aussi.
Je patienterai, bien sûr.
Mais j'espère que pour son bien, tu essayeras de lui rappeler qui elle était, et qui j'étais pour elle...
Bien sûr, tu es libre de tes actes.
J'espère simplement que tu me feras confiance.
Moi, je te fais confiance à présent.
Tu peux compter sur moi, si tu as une idée...
Je reste non loin, gardant une pensée auprès de Kaelianne, comme une main tendue au loin.
Une invitation, un sourire.
Rien de plus, je n'en ai pas le droit.
Neniel me parle à ce moment. ***
Neniel dit :Tu as changé...
Tu me ferais presque un peu peur.
Je ne sais pas comment tu seras en dehors d'ici, mais tu seras différente...
J'en sais pas plus.
Tant pis.
Tant mieux...
Je ne regrette rien.
J'ai peur pour Kaelianne.
Je ne pense à rien d'autre, à présent.
J'ai envie qu'elle aille bien, et qu'on puisse regagner Syrinth.
Neniel dit :Ça se fera en son temps...
Je doute que tu arrives à la faire retrouver ses souvenirs comme ça.
Fais-lui confiance, réellement, et montre-lui la voie à suivre.
Juste ça.
Elle finira par te rejoindre.
Vos cœurs sont liés, et je doute qu'on puisse oublier ça réellement.
Ça doit être une étape.
Une sorte de protection.
Comme au début.
Rien que le temps et l'amour que je lui porte ne pourront régler.
Je te remercie.
J'attendrai.
Nous verrons...
Neniel dit :Comme tu voudras.
Pourtant, je pense que Nivyan a raison, c'est peut-être un message.
Quant à sa signification, je pense qu'elle nous échappe à toutes trois.
Et à Kaelianne aussi, sûrement.
Patience.
Les réponses viennent à celles qui savent écouter...
*** Je souris intérieurement et ne réponds rien.
Toujours prête à aider Kaelianne si elle fait mine de s'approcher.
J'attends.
Sagement. ***
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Celle-qui-enseigna-l'art-du-cache-cache-à-des-Neldas
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