Douleur ? Pas réellement… Surprise ? Oui… Sans aucun doute. Soulagement ? Immense. Le repos… Enfin. A quand remonte votre dernière nuit de sommeil complète ? Quand vous étiez sous la forme d’un écureuil ? Hein ? Et encore… Peut-on encore parler de "nuit" ? Ces deux nuits passées a te terrer au fond d’un garde manger en priant pour qu’aucun poussiéreux mal attentionné ne vous tombe dessus… Trop effrayée pour mettre le bout de votre museau dehors… Les pensées trop obscures… De plus en plus animales…
A présent vous éprouvez une compassion sans borne pour tous ces petites bestioles vivant sans cesse dans la terreur du matou… du rapace… Ou autre fléau plus grand encore… Autrement dit : l’horreur. Vous avez pas encore vraiment pris le temps avec les préparatifs de la fête des fous… Mais… Vous comptiez bien conserver un petit bol remplis de friandises pour vos anciens congénères… Bien a l’abris sur le toit du théâtre…
Mais voilà… C’est trop tard. Vous vous êtes laissées aller entre les mains de la dame… Et… Les choses ont évolué ainsi. Un flux de mana… Une douleur vive a la poitrine… Puis plus rien. Plus la moindre lumière…
Comment décrire cela ? La nuit avait été pour le moins mouvementée… Mais en comparaison du début de la journée… Cette nuit avait simplement été une douce promenade de santé… Combien de laplah avez-vous lancé ? Combien de fois avez-vous encerclé une actrice de flammes entropiques ? Rien qu’en y songeant votre tête tourne…
…Bien que vous n’ayez pas de tête a l’heure actuelle…
Lentement tu sent les autres toi s’éloigner… Ta conscience… Loin de se déliter… S’étendait. Libre des entraves de ton corps… Tu peux enfin occuper tout l’espace mental qu’il te plait… Bon. Pas qu’en temps normal vous soyez particulièrement étriqué… Mais bon… Voilà quoi.
*** *** ***
Une plaine. Immense. Sans fin. Vous êtes un petit groupe de trois a y avancer… Observant les oiseaux dans le ciel… Admirant les fleurs…
Quand au loin… Au loin… Dans un recoins oublié de votre esprit surgit… Quelque chose. Une fumée… Une présence… Au delà des limites de votre esprit… Et pourtant quelque part en lui…
Curieuses ? Si vous l’êtes ? Autant demander si le ciel est bleu… Autant demander a la pierre lancée en l’air si elle retombera sur le sol…
Ni une ni deux vous vous précipitez toutes trois dans cette direction… Avec le minimum syndical de discrétion (et encore)… Juste ce qu’il faut pour pas forcément se faire boustifailler par une créature issue du rien dans lequel vous êtes (a priori) en train de flotter…
*** *** ***
Surprise. Stupeur. Joie. Soulagement.
Comment décrire cela ? La joie des retrouvailles ? Tout simplement… Retrouver des amies perdues depuis toujours. Retrouver des amies égarées… Des amies si lointaines qu’on n’en soupçonnait même pas l’existence. Des amies si proches qu’elles ne sont en fait qu’une part de vous…
Etreintes. Histoires… Il ne faut pas longtemps pour qu’un feu de joie prenne naissance quelque part en toi… Et que vous vous réunissiez toutes. Enfin. Plus d’un an… Plus d’un an de solitude… De creux. De manque… Et la plénitude. Enfin.
Jamais vous n’auriez pu imaginer ce qui n’était pas là… Ce qui manquait. Une vague trace. Une mémoire perdue… Des paroles de Moë… Mais ça…
Ca… Non. Vous n’auriez pas pu. Simplement pas pu.
Lentement les failles entre passé et présent s’estompent… Les différences restent… Mais le ciment du à l’habitude… L’habitude de la coexistence fait le reste. A nouveau Nyrndî est complète.
Changée ? En tout.
Changée ? En rien.
Nyrndî reste Nyrndî… Et une seule chose l’attriste… Une seule chose vous attriste. Moë. Moë n’est pas là, quelque part, tout près pour partager ce bonheur indicible…
Moë n’est plus là… Les autres non plus. Quid de la fête des fous ? Des artistes ? Des quelques (trop rares) amis que vous aviez su vous faire ?
Symbiose.
Evidement !
Pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt ?
La sortie…
Elle est forcément quelque part.
Le pilier.
Oui. Il faut trouver un pilier…
Moë ! C’est elle la clef… ça ne peux être qu’elle… Un lien pour retrouver le chemin de Syfaria. Pour ne pas errer sans fin dans les limbes…
Là ? Une lumière ? Tout simplement…
Enfin.
La vie...
L'abandon n'est pas pour tout de suite.
Loin s'en faut.
Vous avez encore tellement a faire…
