Oh S'sarkh...
C'était le mot. Le dernier, à vrai dire... Parce que si la première fois avait eu quelque chose de suicidaire, la deuxième quelque chose de téméraire, celle-ci tenait plus de la stupidité.
Ulfwych avait eu envie de se servir d'elle comme d'un cobaye pour jouer les apprentis sorciers...
Elle avait éprouve des sensations étranges...
D'abord, elle avait ressenti de terribles douleurs articulaires. Puis elle avait senti sa cheville se briser sous son poids.

Et, alors qu'elle poussait un cri de douleur, lui, pensant probablement que son sort eut été inoffensif, il avait surenchérit.
Sa main poilue s'était posée sur son bras et avait drainé toutes ses forces vitales...
Pire, elle s'était sentie imploser en un tas de poussière... Pour finir sa course dans la chambre noire à l'intérieur du pilier.

Non...
C'était une blague, hein? Elle n'était pas encore là... Elle claqua des dents, regarda autours d'elle...
Les rires et les gémissements reprenaient...
Moutrefoucre !

Il eut un mouvement de recul en le voyant, lui, lui sourire avec un plaisir manifeste et s'ôter le chef pour la saluer, éclaboussant le néant de gerbes de sang...
Temia, grelotta et se roula en boule dans cette immensité, terrifiée... Puis, hurla :

Ulfwych ! Vous allez me payer ça !

Le froid et la main spectrale lui effleura les yeux... Limbes... Bonne Dame !
Rhin Assia ! Laissez-moi en paix ! Temia roula en boule en convulsant...

Kiavè... Kiavè... Kiavè...

Seule, dans l'immensité de la mort.

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Digne ou indigne,ma vie est ma matière, ma matière est ma vie.

 
Releva les yeux.
Haine... Elle s'était adossée à ce qui aurait pu passer pour un mur si ça n'avait été vide.
Seule. Avec elle même...

Tu vois où ça te mène? Je te laisse gérer les affaires pendant un moment, et toi, ma belle, tu réussis à... trépasser deux fois de la manière la plus pathétique qui soit.

Roulée en boule, elle souffle :

Mais j'en suis devenue presque plus respectable

Un éclat de rire. Elle la regarda d'un oeil noir de folie :

Qui te faisait survivre? Moi... Moi, qui éliminait l'obstacle méticuleusement. Moi, la discrète qui effaçait les traces, moi, l'extrême prudente...

Elle reprit :

Nous sommes symbiosée maintenant, la logique est différente. Mirgahal a choisi ta voie. Il est perdu.

Un éclat de rire dans le noir.

Mirgahal était un imbécile... Je ne lui nie pas un sens artistique et une classe certaine. Bruler cette famille était un acte merveilleux. Mais fou. Il attirait l'oeil sur lui... Ce type était un vaurien complètement taré... Une bête galeuse qui devait être abattu... Et ta complainte... Ma vieille. Tu es complètement folle ! Tu voulais te suicider en t'apitoyant sur son sort?

Temia déglutit et releva la tête pour observer le reflet pâle de son miroir... Celui-ci prit un air de pitié :

Ma petite Tchaë en sucre... Tu es restée l'enfant que tu étais... Tu es incapable de faire mal à une mouche... Je t'ai laissé agir en observant... Je n'ai rien dit... Tu es morte. Deux fois. Combien de fois encore avant que tu ne reviennes plus? Combien de fois, Raltémiane?

Temia détourna le regard :

Je ne sais... Je ne sais que dire. Je te hais...

Un rire pincé :

Tu me hais, ingrate... Et pourtant, tu sais que je t'ai protégé... Regarde-toi.... Tu es incapable de tuer aujourd'hui... Incapable... Tu as tant d'outils... Mais tu es une inapte, une vaurienne... Tu es comme ces bonnes femmes de taverne... Combien de temps avat que tu trouves un mari.

Temia s'assit, la tête entre les genoux :

"Va-t-en, ne m'importune plus.


Un silence.

Que préfères-tu? Moi?.. Ou les spectres?..

Elle ne répondit pas... Soudain il se passa une chose singulière, la voix prit un ton de supplication ;

Je ne te demande qu'une chose... Laisse-moi être... Interviens, mais laisse moi être. Libère moi de mes liens... Si tu veux être Ombre, tu n'as pas le choix. Si tu veux vivre en paix... tu n'as pas le choix... Dis adieu au remord... Sois impitoyable.

Temia ferma les yeux.

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Digne ou indigne,ma vie est ma matière, ma matière est ma vie.