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Les Cultures

La clé des champs

Evasion dans le poumon vert des nemens
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Sujet lancé par Hirvane Tuek
Le 03-12-1509 à 02h11
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Posté par Hirvane Tuek,
Le 19-12-1509 à 22h49
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Hirvane Tuek

Le Julung 3 Dasawar 1509 à 02h11

 
*** Ulmendya, 2e niveau : les cultures. ***


Un voyageur range son épée au fourreau. Il remet sa veste de cuir dans son sac à dos, tout en sifflant un air joyeux que reprennent espièglement les bestioles du coin. Une simple chemise en tissu plus tard, il continue sa route. L'atmosphère est lourde pour une cité des glaces.

On est à une centaine de mètres sous la neige, au creux d'un permafrost. C'est à se demander par quel miracle la moindre fleur peut éclore ici. Pourtant Hirvane le sent, il y a plusieurs milliers d'hectares de plaine fertile; de la terre fraîche à perte de vue. Quand il pense en termes d'énergie dépensée pour ça -- car il y en a forcément, l'ancien bûcheron a la tête qui tourne.


*** Mais quel genre d'écosystème les nemens avaient déployé ici ? ***


Tandis qu'Hirvane découvrait l'improbable poumon vert d'Ulmendya, Klathu poursuivait sa lecture de "Tu n'es que poussière" de Yakashipu Upisha. Il en était au passage où Qohalu projetait le rapt de Kuutar, la disciple de Veth.

« La belle Kuutar devisait avec Vidi Girisha au fil de l'eau. Le vieux était avide de se baigner car le pâle reflet de la jeune fille, ondulant soyeusement aux côtés de la lune, le séduisait. Patience se dit-il, car tel le voulait la tradition du Srii Ayin. Il ne ferait ses ablutions qu'au petit matin. »


Klathu dit :
Ya un sous-entendu ? Hummm ... mwé. Lisons la suite.


Les partenaires symbiosés arrivèrent tranquillement à un point d'eau. Hirvane sortit un gobelet de céramique et une pastille granuleuse ocre de son sac. Il plongea le gobelet pour le remplir, puis il lâcha la pastille dedans. Rien de particulier ne se passa ensuite... Hirvane eut un léger sourire et but plusieurs rasades.

Ils n'avaient croisé aucun nemen sur le chemin, jusqu'à cet instant où Hirvane cessa de boire. Un petit nemen s'approchait. Il venait lui aussi chercher de l'eau. Il portait une sorte d'outre géante et transparente, qui avait des sangles pour s'accrocher aux épaules. Très vite, un adulte arriva sur le chemin.


Klathu dit :
Le début des ennuis ?


Hirvane dit : Non, du tout. C'est le meilleur moyen d'apprendre la culture nemen. C'est dans les champs que respire le peuple. Et nous, on est du peuple.

*** Hirvane tenta d'engager la conversation. ***


Bonjour. Je suis Hirvane. Vous comprenez le shaï ?
Euh... Bonjour. Je suis Hirvane. Le tydale peut-être ?
Ah... Hum... je parle un peu rabaän aussi. ça vous dit quelquechose ?

*** Hirvane tenta le fifrelin pour finir. Du nemen ! Il fit tous les efforts possibles pour se montrer ouvert et clair. ***


Bonjour !

*** Il salua avec la main et un joli sourire. ***


Bonjour ! Je suis Hirvane, Hirvane.

*** Il se désigna du doigt. Il chercha à voir si les nemens comprenaient, mais c'était difficile. ***


Hum... Dormir chez vous, je peux ?

*** Il inclina sa tête sur le côté, la posant sur ses mains jointes pour mimer la paillasse, le foin ou le tapis qui lui servirait de couche. ***


Dormir chez vous ? Je peux aider. Je sais labourer. Je connais les bêtes.

*** Pour finir, il mima le travail du faucheur en gesticulant. Il mima un peu le travail de la fourche, mais il commençait à être découragé par sa basse maîtrise du nemen. ***


Klathu dit :
Beh moi je vais retourner lire mon livre je crois...


 
Narrateur

Le Julung 17 Dasawar 1509 à 18h42

 
*** Le Nemen regarda le poussiéreux d'un air dubitatif, puis lui répondit dans un tydale hésitant : ***


Dormir, oui ! travailler aussi !

Puis le Nemen lui montra le champ plus loin et lui fit signe de le suivre.

Takma, vous ramasser Takmah?

*** Le nemen montra ensuite à Hirvane les plantes semées dans le champ et se baissa pour couper la tige à ras de la terre avec un couteau, puis lui montra comment séparer les feuilles de la tige et de remplir 2 paniers avec d'un coté les feuilles et de l'autre les tiges. ***


 
Hirvane Tuek

Le Vayang 18 Dasawar 1509 à 16h00

 
*** Jamais à Elbol, dans la Soufy... ***

La chaleur pèse sur le crâne des rudes paysans tydales. Un jeune adolescent en haillons fend les pousses amarantes et vient trouver le plus barbu d'entre eux :

Hirvane : Je sais travailler. Je sais labourer. Le pain et un brin de paille pour le travailleur, telle est la tradition.
Blossgar : Ah ? Ouste ! Tu es trop frêle !


*** Jamais à Tetsaya, sur les rives du grand lac... ***

Tout est calme dans le hameau sur pilotis. Un boutre glisse paisiblement sur l'eau, poussé tendrement par la brise matinale. Un jeune tydale se tient debout sur la rive. Il attend patiemment que le capitaine tchaë mette pied à terre. Puis il s'approche :

Hirvane : Le pain et un brin de paille pour le travailleur, c'est la tradition.
Piskritt : Tu t'y connais en poissons, le tydale ?
-pas vraiment.
-Oh, on est pêcheurs de génération en génération ici. Puis tu viens de Kryg, tu vas faire peur aux poissons.
-Mais...
-Du balais !


*** Même à Fergon, jamais... ***

Le vent brasse les feuilles mortes. Une silhouette hirsute prend forme dans la lumière déclinante. Elle marche vers un jeune Nelda blanc :

Hirvane : labourer et récolter, je sais. Le pain et un brin de paille pour le travailleur, c'est la tradition.
Sakan Mi'Kash : Tu t'es gourré de village, mon pote. Il n'y a que des artisans ici. Tu travailles le bois ?
-Non; Mais je...
-T'as aucune chance. Je préfère te prévenir, avant les embrouilles.


*** ... Dame, jamais cette tradition n'était respectée. ***

Hirvane aura bourlingué dans tout Syfaria -- à peu près 16 ans, avant que quelqu'un lui réponde si naturellement : "oui". Le nemen avait parlé et il laissait le tydale scotché sur place. Dame, ça avait marché ! Il avait vraiment accepté de lui offrir son toit en échange d'un modeste travail ! Hirvane accueillit ça avec émotion.

Merci. Merci, c'est très gentil à vous.

*** Il joignit ses mains devant le torse et salua. Il suivit ensuite le nemen vers les champs. ***

Le chemin traversait un bosquet grouillant de vie. Les insectes y étaient au moins gros comme un poing, flamboyant de couleurs d'une rare intensité. On entendait une cacophonie de crissements au timbre métallique. L'environnement était tout à fait inconnu d'Hirvane. Ce n'était pas aux limites du réel, mais il leva quand même les yeux au ciel pour vérifier.

***
Au fond du puit, la glace bleue océan réfractait les rayons de Maelia sur les arbres, qui prenaient l'éclat des étoiles. ***


Ils arrivèrent à l'orée du bosquet. Des centaines de nemens s'activaient sur les vastes étendues fertiles à l'horizon. On y cultivait un genre de poireau violacé, du "takmah" selon le nemen. Hirvane jugea la technique de récolte rudimentaire par rapport à ce qui pouvait se faire en surface.

Puis en y regardant mieux... Les gestes des cultivateurs était très soignés. C'était comme un art martial écologique, où chaque muscle était travaillé pour supporter des mouvements techniques pratiqués sur le lieu de travail. Combien d'années d'entrainement, avant d'arriver à une maîtrise aussi stricte de son corps? C'était peut-être faux, mais Hirvane imagina que ces nemens avaient vécu bien plus longtemps que leur physique ne le laissait croire.

L'un des nemens lui tendit un petit couteau finement ouvragé, serti de runes indéchiffrables. Alors Hirvane se mit au boulot. Il mima les gestes des nemens, sans arriver à reproduire le geste parfait. Bizarrement, toutes ces années à la surface lui avait forgé un corps inadapté à ces techniques nemens.

*** Mais Hirvane coupa les takmah. Il finit par prendre le rythme des autres, à marcher à leurs côtés. ***

Il demeura à côté de son hôte improvisé. Il avait tant de questions à lui poser... Mais avant toute chose, les présentations n'avaient pas été faites.

Dites... Comment vous vous appelez ?

Et... vous parlez bien tydale, vous savez. Il y a souvent des poussiéreux qui viennent par ici ?

En tout cas, c'est... enfin... ça se mange le takmah ? On peut le cuisiner ?

Des questions banales; des questions fondamentales; voilà tout ce qu'Hirvane avait eu le réflexe de demander. Il ne s'interrompit pas dans son travail pour les poser. Il commençait à avoir un peu mal au dos à force de se pencher si bas. Cet art martial écologique... Il en était jaloux ! Il voulait le maîtriser, voire l'améliorer pour l'adapter à la surface ! Le regard d'Hirvane voletait de nemen en nemen pour observer les gestes...

 
Narrateur

Le Sukra 19 Dasawar 1509 à 14h05

 
*** Le paysan Nemen œuvrait avec vélocité d'un geste net et précis. Il ne leva pas la tête pour répondre toujours dans son tydale hésitant : ***


Moi être, Josh'ahltor Manilothar Ek'moultiriem

Takmah, bon manger ! Soupe, purée, salade, tout faire avec Takmah. Takmh trés bon.


*** Le paysan continua son travail consciencieusement coupant les tiges avec dextérité. ***


 
Hirvane Tuek

Le Sukra 19 Dasawar 1509 à 22h49

 
Quel nom imprononçable! Les nemens se saluaient-ils tout le temps en déclamant leur nom complet? Peut-être... Peut-être qu'il y avait tellement de nemens à Ulmendya qu'ils avaient besoin de ça pour se différencier. Pour l'ancien bûcheron, deux syllabes feraient l'affaire.

Mmmm... Josh, hein ? Joli nom.

Josh avait éludé la question sur les poussiéreux. Bah. Tant pis, se dit Hirvane. Le nemen avait ses raisons; et il y aurait plein d'autres merveilles à découvrir pour compenser le silence. Le Takmah par exemple : ça semblait être la nourriture de base des nemens.

Quand ils rentrèrent dans la maison de Josh, ils furent d'ailleurs accueillis par l'odeur du poireau à tout faire. Takmah par-ci, Takmah par-là... Pendant deux jours, ils ne mangèrent pratiquement que ça. Ce n'était pas déplaisant, car la famille de Josh le cuisinait différemment chaque jour.

*** Mais bon, la nourriture à Syrinth c'était autre chose... ***


Josh avait trois filles et un fils qui venaient de temps à autres souper chez leurs parents. Josh et sa femme paraissaient le même âge qu'eux -- à peu près quarante ans, c'était assez déconcertant pour Hirvane. Peut-être qu'ils avaient fini par oublier les liens paternels, vu qu'ils étaient tous immortels. Dans tout le quartier, il n'y avait guère qu'un seul enfant.

*** Une semaine passa. ***


Klathu était en train de lire un livre au bord de l'eau quand il reçut une pensée de Fenrir. Les chevaucheurs étaient mobilisés pour surveiller les mouvements du P'khen S'sarkh. Des saloperies étaient déjà apparues du côté de Syrinth. Hirvane reçut immédiatement le message et... Il décida de partir, d'abandonner la quiétude des cultures nemens.

*** Il était un peu triste, mais il annonça sans détour sa décision à Josh. ***


Josh. Je t'ai dis que j'étais un soldat de ma faction. Je suis mobilisé. Je dois partir.

Je suis très heureux ici. Vous êtes tous très gentils! Je reviendrai vous voir, s'il y a encore du travail.


Puis Hirvane réfléchit à toute vitesse. Serait-ce... Le moment était-il venu de donner le trésor qu'il avait conservé durant toutes ces années? Une fois offert, Hirvane n'en retrouverait plus jamais sur Syfaria, il en était convaincu. Mais en y songeant bien, Ulmendya était le seul endroit de l'île où son trésor serait en sécurité.

Mais avant que je m'en aille, je veux te faire un cadeau.

*** Hirvane tendit à Josh un flacon contenant une sorte de piment ocre avec des rayures noires, avec trois tiges vertes pointant sur le dessus. ***


As-tu déjà entendu parler des jardins de Saïs , Josh ? C'était un réseau de grottes souterraines où poussait des choses... bizarres. Des choses sans équivalent sur Syfaria.

Il y a dix ans, l'eau a tout englouti. Les dernières merveilles de Saïs sont maintenant entre les mains d'inconnus.

*** Il plaça le petit piment dans la main de Josh. ***


Tiens, Josh. C'est un K-coing de Saïs , , un des derniers K-coings de l'île. C'est un légume qui doit être planté dans une terre relativement fraîche et très humide. Syfaria fera le reste.

Fais-en ce que tu veux. Je ne sais même pas à quoi ça peut servir, peut-être que vous les nemens en savez plus que moi là-dessus.


*** Et, avant de partir définitivement, un dernier regard. ***


Au revoir, Josh. Au revoir tout le monde. Merci !

Qui sait, peut-être Josh cultiverait-il le K-coing. Lorsqu'Hirvane reviendrait, il y aurait tout un champ de K-coing et Saïs revivrait à nouveau, comme dans ses souvenirs.

*** Mais c'est une autre histoire. ***


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