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Le Puits

Un Tchaë s'avance...

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Sujet lancé par Vernor Cereus
Le 15-10-1508 à 06h59
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Posté par Vernor Cereus,
Le 17-10-1508 à 14h57
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Vernor Cereus

Le Merakih 15 Otalir 1508 à 06h59

 
(Reprise de Au coeur de la Forêt-Qui-Chante)

*** Gêné par cette lumière trop diffuse à laquelle ne l’avait pas habitué les profondeurs des bois, il plisse légèrement les yeux pour tenter de mieux distinguer la construction originale qui s’élève au centre de la clairière, adossée à un petit muret.

Pas de doute, il s’agit bien d’un puits. Et à quelques encablures de là s’élèvent de chaque point cardinal une maison à l’architecture différente, qui témoignent toutes d’un extraordinaire savoir-faire. L’endroit a pourtant l’air à l’abandon… Difficile à admettre tant il semble au confrère que c'est un endroit paradisiaque et, partant de là, impossible à quitter pour qui s’y serait établi.

Le doute n’est plus permis : c’est bien l’endroit qu’il recherche.

Le Puits des Souvenirs.

Un détail, ou plutôt une silhouette, attire soudain son attention, justement au pied du fameux puits. Une présence, dans ce cadre ? La pensée lui paraît sur le coup décalée. Mais il doit bien se résigner, à mesure qu’il s’avance et que le profil d’un Tchaë allongé se détache nettement : Une personne a déjà pris possession des lieux. Il en éprouverait presque de la colère : Comment un autre a-t-il pu pénétrer dans ce sanctuaire avant lui ?

S’approchant et rompant avec son isolement de plusieurs jours, il lance d’une voix hésitante à l’inconnue – car c’est une femme, et ressortissante de la Fraternité qui plus est, d’après les informations transmises par son mou : ***


Eh, bonjour ! Moi qui pensais que l'endroit était déserté...

*** Pas de réponse. Il se penche sur Lilyeth, cherchant un signe de vie ; qu’il trouve dans la respiration lourde mais apaisée de la diplomate. Elle est simplement endormie à l’ombre d’un arbre ancestral, d’un sommeil profond, inspiré par la paix de ce lieu figé hors du temps .

Rechignant à la réveiller, il en profite pour jeter un œil au fond du puits… ***


 
Narrateur

Le Merakih 15 Otalir 1508 à 15h40

 
Le puits est long et étroit.

Un trou sombre et si abyssal qu'il est impossible d'en distinguer le fond. La faible humidité qui affecte le boyau de pierre rappelle la présence de liquide perdu dans l'abîme. Et dans la contemplation de ce gouffre ancien, à l'âge immémorial, Vernor se sent appelé, hypnotisé et étrangement investi. Comme si dans cette spirale descendante se jouait une magie ancienne et oubliée, sans nom et sans forme. Une magie dont les faibles voix parvenaient maintenant aux oreilles du Chercheur...des chuchotements indistincts, des murmures éloignés, des bribes et des fragments encore trop doux, trop faibles, trop mystérieux pour être compris.

Et ce sentiment terrible.
Ce sentiment magnétique d'abandon...
Ce sentiment apaisant et terrifiant.


 
Vernor Cereus

Le Merakih 15 Otalir 1508 à 20h39

 
*** Vernor reste un long moment penché au-dessus de l'abîme, tentant en vain de déchirer l'obscurité impénétrable. Et ces murmures sorties de cette bouche fantasmagorique, à présent bien audibles, sans qu'il parvienne à en saisir le sens... Une musique fugitive et entêtante qui résonne longuement à ses oreilles.

Un appel ? Ou la réminiscence d'un passé lointain ?

Un court moment, il hésite à crier son désarroi face à cet interlocuteur invisible. Mais que dire ? Et quel sens donner à tout cela ? Il se résigne à un silence à la fois respectueux et craintif.

Ces pensées en arrière-plan, le confrère peine à se détacher de la fascination quasi-hypnotique que le fond du puits exerce sur lui, prêtant encore de nombreuses minutes l'oreille aux chuchotements magiques. Mais, poussé par la curiosité, il parvient à s'arracher à cette inquiétante contemplation et fouille au fond de sa poche pour en sortir une pièce de monnaie.

Après avoir suspendu le sardoine au-dessus du trou béant, il le laisse tomber, autant dans l'espoir de sonder la profondeur du puits que dans une improbable marque d'offrande. ***


 
Narrateur

Le Julung 16 Otalir 1508 à 03h08

 
Au fur et à mesure que l'oreille du Chercheur se précise, il lui vient que les voix sont nombreuses, les murmures innombrables. Des phrases brisées et écorchées, perdues dans le puits comme autant de conversations délaissées par le destin et ses sbires. L'ensemble est toujours incompréhensible, dénué de sens tangible, mais les intonations, les inflexions, les sonorités sont légion. Le puits est pluriel, multiple et pourtant parfaitement seul, unique.

....Il n'y a pas un accord, mais des accords....

Quand Vernor lâche son sardoine dans la cavité tourmentée, le temps paraît se figer un bref instant ...pour reprendre ses droits avec encore plus de fermeté qu'à l'accoutumée. Le cristal est littéralement dévoré, emporté à grande vitesse par la béance déchue. Disparu sans autre forme de procès, un ultime éclat comme seul adieu. Les murmures, quant à eux, poursuivent leur chant troublé et intrigant. Ils cachent, par leur babillage incessant (dont Vernor ne sait plus si ils sont mentaux ou réels), l'éventuel tintement de la monnaie au fond du puits.

En tout cas, le Tchaë n'en prend pas conscience, que ce soit durant les rares interstices de silence ou pendant les impossibles chuchotements. Mais le sardoine a-t-il seulement atterri ?


 
Vernor Cereus

Le Julung 16 Otalir 1508 à 19h58

 
*** Vernor a bien du mal à cacher la frustration qui commence à poindre. Ces murmures troublants et grisants à la fois continuent d'échapper à sa compréhension. Comment démêler cet entrelacement de voix ? La question lancinante ne trouve pas de réponse dans son esprit, et c'est donc du puits lui-même qu'il espère l'obtenir : ***


Qu'avez-vous à dire ? Je ne comprends pas... Aidez-moi... Et je vous aiderai en retour.

*** Ultime tentative de tisser un lien avec la magie à l'oeuvre dans les lieux. ***


 
Narrateur

Le Vayang 17 Otalir 1508 à 01h38

 
Sa question ne trouve nul écho, nulle réponse.

Pourtant...pourtant, Vernor se rend compte qu'à force d'écouter les murmures, il en saisit le sens, par à-coups, presque fortuitement. Des phrases dans une langue ancienne dont il reconnaît la sonorité. C'est du Nemen, un peu vieillot, mais du Nemen tout de même. Et qu'elle n'est pas sa surprise de découvrir qu'il comprend ces paroles, ces dialogues lointains et torturés. Malgré sa maîtrise imparfaite du dialecte, il embrasse les nébuleux propos et sait d'instinct que son esprit simplifie les mots pour les rendre intelligibles, les traduit dans une forme abrégée et schématique, leur donne un ton et une syntaxe plus abordables pour sa psyché poussiéreuse.


***
Qui aurait pu envisager pareille folie ?....
...J'adore ce son, il me rappelle les Coeurs de Cybèle...
...Et récemment, tu l'as vu ? Triste à pleurer....
...Je me suis fait tatouer cette Rune après le sauvetage du 7ème Vaisseau d'Andryne...
Non, non...Lâchez-moi ! Qu'est-ce que vous faites ?! Lâchez-moi !
...Peu importe. Les Anciennes Voies sont trop incertaines...
...Parcourir, parcourir. Oublier, oublier. A la fin ?...

Aider ? Viens, viens...Comprendre c'est aider...Viens, viens...
...Tu as vu la fille Nash'dalem ? Elle est devenu sublime. Son Initiation est pour bientôt ?
Callimancien ? Callimancien ? Billevesées, ce type est incapable d'écrire son nom correctement...
...Voilà ! De la graisse de khouli-khouli avec une sauce au sel pour ces messieurs...
...Ils étaient...ils étaient....Non, c'est tout bonnement indescriptible !
...Les vieilles craintes ont péri sous le feu des honneurs présents...
...Ils ont fait repeindre les statues de Yenekel...
...J'ouvre, j'ouvre pas ?...

***

Et ainsi de suite, jusqu'à se perdre dans les méandres de leur profusion. Des fragments, toujours plus de fragments. Des bouts, des morceaux, des restes fantomatiques que Vernor attrape en plein vol. Des doutes sur l'exactitude d'un mot, le sens multiple d'une suite, la diversité des voix et des pensées retarde généralement les analyses du Confrère. Mais une chose est sûr, il entend, de plus en plus clairement, ce que clament de façon composite les inspirations du puits. Une brève seconde d'inattention lui fait vite perdre le fil, mais y a-t-il vraiment un fil ? Et malgré les voix et le divertissement de leur doux caquetage, il n'en demeure pas moins que l'abîme continue d'exercer une attraction malsaine, une fascination obscure et déroutante.

 
Vernor Cereus

Le Vayang 17 Otalir 1508 à 14h57

 
*** Ebranlé par le choc que ces mots, péniblement mis bout à bout pour en restituer le sens sommaire, lui inspirent, le confrère peine à retrouver ses esprits. En cet instant précis, il se maudit d'avoir privilégié l'étude des langues poussiéreuses au détriment du Nemen, pourtant instrument privilégié de compréhension du monde. Que n'aurait-il pas donné pour mieux saisir la signification de ces tranches de vie passées ! Elles qui semblent ressurgies de temps immémoriaux, d'un monde englouti, pour mieux le hanter...

Il aurait prêté l'oreille des heures durant sans autre but que de s'abreuver à cette source inépuisable de murmures empreints de nostalgie, si son alarme interne ne le pressait pas avec autant de vigueur de revenir à une certaine lucidité. Affolé par la promesse de nouveaux savoirs, il hésite pourtant un court moment à franchir le parapet qui le sépare du vide, cette tangible mais si précaire frontière qui le sépare d'un univers dont il ne sait rien encore mais dont il voudrait tout connaître... Saute ? Sautera pas ?

NON.

Vernor s'arrache péniblement à cette invitation au mysticisme.

Eprouvé autant physiquement que mentalement par cette rencontre, il se laisse glisser sur l'herbe, adossé contre le puits dont lui parviennent encore quelques bribes... A quelques pas de là, Lilyeth dort toujours. A-t-elle expérimenté la même chose ? Il s'apprête lui aussi à sombrer dans le sommeil du juste. Mais avant, il prend soin de retranscrire sur un parchemin les propos décryptés, comme pour attester de la réalité de ce qu'il vient de vivre et s'assurer que demain ne vienne pas recouvrir entièrement de son voile ce voyage inédit.

A son réveil, il entamera la visite des maisons... ***




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