Bienvenue dans le forum de Le Puits des Souvenirs
Le Puits

Le chant des souvenirs

Un passé trouble éclairé ?
Page [1] [2]
Détails
Sujet lancé par Herran
Le 08-09-1509 à 00h29
38 messages postés
Dernier message
Posté par Herran,
Le 19-10-1509 à 21h29
Voir
 
Narrateur

Le Julung 24 Saptawarar 1509 à 20h53

 
***

L'Ombre médite, à la recherche des ombres de son passé.
Sa mère, son histoire familiale, l'histoire de ce lieu...
En osmose, ouvert sur cet endroit magique.

Après quelques instants il entend un murmure.
Délicat, velouté, perdu. Echo égaré qui arrive jusqu'à lui.
Echo du temps, de lointains souvenirs...

Il se concentre, pour en saisir la provenance.
Le Puits. C'est le puits qui chuchote.
Que chuchote-t-il ? Un appel...

Viens, viens, viens...
Viens à moi....


Un appel doux autant qu'il est brisé.
Douloureux et dangereux....
Appel du passé.

***


 
Herran

Le Vayang 25 Saptawarar 1509 à 11h09

 
***
Un voix traverse le temps pour caresser les oreilles du Tydale. Une invitation à se rendre au centre de la clairière.
Herran ne perd pas de temps. Serrant toujours la pierre précieuse dans sa main droite, l'Ombre avance vers le puits.

A mesure que l'équilibrien s'en rapproche, il a le sentiment que l'air se fait plus dense, plus lourd... La lumière du jour semble diminuer en même temps que les sons, étouffés par une atmosphère pesante...

Quelques secondes plus tard, Herran fait face au Puits des souvenirs...

***



Les Chroniques d'Herran

 
Narrateur

Le Vayang 25 Saptawarar 1509 à 13h05

 
***

Le Puits est d'apparence somme toute assez banale.
C'est un puits, un vieux puits de pierre asséché, envahi par la mousse.
Dressé à l'ombre d'un vieil arbre majestueux à l'imposant feuillage.
Mais à défaut d'être beau ou ouvragé, il possède une aura.
Une aura hypnotique et enivrante.

Alors qu'Herran le contemple, d'autres murmures s'en échappent.
Nombreux, multiples, variés. La grande majorité sont en Nemen.
Incompréhensibles pour lui, sinon par bribes perdues.
La vision du gouffre noir et l'écoute de ces échos...
Troublent l'Ombre et l'absorbent.

L'abysse captive son regard, les murmures charment son ouïe.
Il se sent comme paralysé, bercé. A la fois bien et mal à l'aise.
Il lui semble que le fond noir du puits l'appelle, l'invite.
Et dans la mélopée incompréhensible...

Des mots ressortent.
En Tydale.

Viens, viens, viens...
Viens à moi....


***


 
Herran

Le Dhiwara 27 Saptawarar 1509 à 12h40

 
***
Une véritable symphonie du passé étourdit Herran lorsqu'il s'arrêta près du puits. Des voix s'élevaient de l'abîme obscur, murmures éthérés venus du fond des âges...
Un certain malaise envahit le Tydale à l'écoute de ces échos plaintifs mais néanmoins envoûtants. Le puits serait-il le gardien inerte de la vie passée en cette clairière ?

L'Ombre s'approcha plus avant, penchant la tête afin d'examiner l'intérieur du puits. Les ténèbres qui en tapissaient le fond indiquaient que ce dernier n'était pas visible d'ici. Les parois étaient lisses, comme polies par les années, mais sèches, pour ce qu'il en voyait. Le puits étaient cependant suffisamment large pour une descente, certes risquée, mais envisageable...

C'est au milieu de ces réflexions qu'Herran entendit un murmure qui se détachait des autres. Du Tydale...

Viens, viens, viens...
Viens à moi....


Herran était troublé, mais sa soif de comprendre l'emportait sur son appréhension. Descendre dans ce puits ne serait pas chose aisée. Il était même possible que cela fut un piège...
Serrant à nouveau la gemme turquoise dans sa main, l'équilibrien prit sa décision : il devait savoir.

Plongeant la main sous sa cape, il en sortit une longue corde dont il attacha une extrémité à l'arbre surplombant le puits. Il fit ensuite de même avec l'autre extrémité, mais en l'attachant à sa taille cette fois. Ainsi solidement harnaché, il pourrait remonter en cas de problème.

Herran était rompu à l'art de l'escalade, mais cette précaution lui sembla nécessaire. Après avoir vérifié que ses nœuds ne céderaient pas, il prit place dans le puits, le dos appuyé sur une paroi, les pieds solidement ancrés en face, les mains agrippant la corde.

Lentement, il commença sa descente...

***



Les Chroniques d'Herran

 
Narrateur

Le Julung 1 Otalir 1509 à 13h07

 
Malgré l'ancienneté du puits et la difficulté que demandait la descente, les talents d'acrobate de l'Ombre n'étaient pas à remettre en question. Il commença, doucement, à s'engager dans les profondeurs oubliées de la cavité. Il glissa quelquefois mais se rattrapa toujours : accroché, tendu au-dessus du vide, scellé à sa corde et à son destin. Peut-être même un peu trop...
Les mètres, lentement mais surement, disparaissaient dans sa chute mesurée, calculée....inconsidérée ?

C'est ainsi que le danger, bientôt, se présenta à lui. Ce n'était pas un danger physique, matériel, palpable.
Ce n'était pas une glissade, un faux pas, un mouvement maladroit ou une erreur.
C'était le charme du puits lui-même qui lui dévorait la conscience, petit à petit.
Herran ne s'en rendit pas compte tout de suite. Malheureusement...
Car son esprit était focalisé sur le travail de son corps.

Il le sentit, alors qu'il ne voyait toujours pas le fond, l'abysse.
Etait-il à mi-chemin, était-il au début, au tiers, au quart, à la fin ?
Le danger était un danger sourd et subtil, plus pernicieux que tout.
Parce que c'était aussi un danger agréable, apaisant, enivrant et capiteux.

Le danger venait des voix et les voix s'insinuaient dans l'esprit de l'équilibrien.
Les murmures et les échos en Nemen qui berçaient sa conscience et son inconscient.
Le parfum des idées inaccessibles qu'ils charriaient, des souvenirs et des vieilles forces du temps.
Avec, quelque part dans le choeur d'éternité, ces mots répétés en Tydale "Viens, viens, viens. Viens avec moi."

Herran sentit que, comme un corps emporté par l'océan, son âme pouvait être déchiquetée.
Brisée par la puissance de ces vagues terribles et merveilleuses, infiniment riches.
Et, en même temps, il se sentait charmé par elles. La sensation était onirique.
Mais dans le peu de bon sens qui lui restait : il devait prendre une décision.
L'un dans l'autre : ce n'était pas n'importe quel choix.
Les conséquences étaient multiples...


 
Herran

Le Dhiwara 4 Otalir 1509 à 12h07

 
*** Centimètre par centimètre, Herran s'enfonçait sans les ténèbres du Puits. Il ne savait plus s'il descendait depuis quelques minutes, quelques heures, ou une éternité... Il se prit à penser être enfermé là, pour toujours, dans une perpétuelle descente qui ne connaitrait jamais de fin... Condamné à progresser le long d'une paroi de pierre sans jamais revoir la lumière du jour...

Le Tydale secoua la tête pour chasser ces élucubrations. Et c'est à ce moment-là qu'il les entendit : les murmures, les voix, les émotions même. Un flot incessant de paroles obscures l'enivrait, troublait son sens de la réalité. C'était comme si un chœur venu du passé lui chantait une berceuse pour l'entraînait dans le sommeil. Une sommeil dont il ne se réveillerait jamais...

Lentement, Herran relâcha sa prise sur la corde, seul lien tangible avec l'extérieur... Il regarda en bas, n'apercevant que ténèbres, mais il entendit l'appel de cette voix si envoûtante...

Viens avec moi...

Les muscles de l'équilibrien se détendaient, il fixait le fond du puits, les yeux mi-clos... Il se sentait partir... ***

Aerin dit :
HERRAN !!!


*** Les mains de l'Ombre se contractèrent instantanément autour de la corde, alors que son regard se posait en un éclair sur la moue en équilibre sur sa jambe gauche.
C'était comme s'il se réveillait d'une nuit remplie de rêves... ***

Aerin dit :
Et ben quand même ! Je t'ai appelé six fois !...
Bon, peu importe... Je n'aime pas cet endroit. Il faudrait que l'on sorte de là... Enfin, surtout toi, parce que moi, je peux me téléporter si besoin...
Allez, on remonte dit ?


*** Herran cligna des yeux plusieurs fois. Il était revenu à lui grâce à Aerin, et se concentra pour fermer son esprit aux murmures tentateurs.
Il tira deux coups secs sur la corde. Il lui restait encore du mou, mais qui sait si cela serait suffisant pour atteindre le fond du puits ? ***

Ne t'inquiète pas, tant que je suis accroché à cette corde, il ne m'arrivera rien... Voilà ce que je vais faire : je continue ma descente jusqu'à ce que ma corde soit tendue au maximum. Ensuite je lâcherai un Hyalin pour entendre si oui ou non je suis près du fond.
Si ce n'est pas le cas, je remonterai... Ce n'est pas un charabia Nemen venu d'un trou dans la terre qui va me faire peur...
Rassurée maintenant ?


*** Herran ponctua sa phrase d'un sourire, auquel Aerin répondit par un petit battement d'ailes.
En réalité, il avait peur... Mais il devait faire abstraction de cela. S'il n'atteignait pas le fond rapidement, il remonterait, voilà tout... Bien que cette solution était un tant soit peu frustrante pour le Tydale... ***




Les Chroniques d'Herran

 
Narrateur

Le Dhiwara 4 Otalir 1509 à 17h59

 
Après quelques efforts supplémentaires, Herran arriva au bout de sa corde.
Son mou l'avait rappelé à la raison, mais la mélopée envoûtante des souvenirs poursuivait son office.
Ses efforts lui parurent donc longs et douloureux, redoublant de concentration pour ne pas succomber à l'appel.
Finalement, au-dessus de ce qui restait de vide, l'équilibrien dût reconnaître qu'il ne voyait toujours pas le fond.
Il tira donc un hyalin de sa poche et fit basculer la pierre dans le néant.
Quelques secondes après, un bruit résonna en écho.
Au milieu de l'antique chant de murmures.

A vue de nez, le sol devait se trouver à 3 ou 4 mètres...
Ce qui était considérable pour un poussiéreux, moins pour un acrobate.
Mais l'Ombre devait reconnaître qu'ici les parois étaient moins précises et plus humides.
Un faux pas pouvait lui être fatal et un saut, même bien calculé, pouvait lui briser des membres.
Une partie de lui lui disait néanmoins que c'était possible, avec moult précautions.

Mais à quel prix...?


 
Herran

Le Matal 6 Otalir 1509 à 20h26

 
***
Malgré l'impression tenace qu'une dizaine d'oiseaux picoraient son cerveau avec entrain, et au milieu des murmures lancinants émanant du puits, Herran parvint à entendre le bruit de la pierre touchant le fond du gouffre obscur.

Entre trois et quatre mètres... Allez, arrondissons à quatre pour être sûr.
Un rapide calcul s'avéra nécessaire : en dénouant la corde autour de sa taille, Herran devrait gagner un peu plus d'un demi-mètre. Plus que trois et demi.
Herran mesurait environ deux mètres les bras levés. En se suspendant à bout de bras à l'extrémité de la corde, ses pieds devraient se trouver à environ un mètre cinquante du sol... En théorie bien sûr...

Et après ? On lâche tout et on espère ? Trop risqué : il n'y avait pas assez de place pour rouler et amortir la chute si besoin...

Ou alors, une fois suspendu, écarter les jambes pour bloquer ses pieds sur la paroi, lâcher un bras pour faire la même chose, puis l'autre... Ensuite descendre en "glissant" le long des parois, toujours avec bras et jambes en contact avec la pierre... Oui, ça c'était peut-être faisable, si les parois n'était pas trop humides...

L'opération était risquée (trop ?), mais se rapprocher au maximum du sol par la méthode qu'il avait mis au point devrait minimiser les dégâts...
L'équilibrien adressa une rapide prière à la Dame pour le succès de son opération. Il était trop proche pour reculer maintenant. Il pourrait remonter de la même manière qu'en descendant, ou prendrait rapidement appui sur une paroi pour rebondir sur l'autre et arriver au niveau de la corde...

Peut-être n'allait-il rien trouver d'autres que ténèbres et corrosion irréversible de l'esprit. Peut-être allait-il comprendre ce qui était arrivé à sa mère...

Quitte ou double... Mais pas sans précaution. Le Tydale adressa un message mental à son Nerhë pour expliquer la situation, au cas où des recherches seraient nécessaires. En entendant le message qu'elle devait transmettre, Aerin eut un regard triste, ses petites ailes se rabattant vers le sol...

Lentement, Herran commença d'une main à défaire la corde autour de sa taille...

***



Les Chroniques d'Herran

 
Narrateur

Le Merakih 7 Otalir 1509 à 18h35

 
Herran effectua les dernières mètres sans problème.
Il avait beaucoup gagné en se tenant à bout de bras par la corde.
Et en poursuivant par une escalade minutieuse des parois, mêmes humides, il atterrit.
Dans ce qui était un mélange de terre, de pierres et de boue.

Une boue qui le happa comme des sables mouvants !

Il eut à peine le temps de s'accrocher aux parois du puits.
Son regard se porta sur ces dernières, affolé, et vit des traces de sang.
Des personnes, par le passé, avaient visiblement commis la même erreur que lui.
Et avaient cherché à s'accrocher à ce qu'ils pouvaient. Avant de disparaître.

Il crut un instant que sa dernière heure était venue.
Drôle d'impression, même pour un symbiosé. Mais point de mort.
Il fut emporté très rapidement par la nappe boueuse....
Avant d'être recraché de l'autre côté !

L'Ombre chuta de quelques mètres, sale et surpris.
Son instinct, ses talents d'acrobates et son sens de l'improvisation le sauvèrent.
Il utilisa son nouvel environnement pour ne pas s'écraser.
Il s'agrippa à quelque chose et roula au sol.

Pas trop de dommages, une épaule douloureuse et un genou cogné.
Ce qui faisait de lui un estropié léger. Rien de bien engageant mais rien de grave.
Il se releva dans la grotte. Un galerie humide et étroite... A l'atmosphère...particulière...



Les lieux n'étaient pas très haut de plafond.
Les murs aux couleurs miroitantes étaient coupants.
Bien plus proche du métal que de la roche. Et d'aspect étrange....

Il comprit que l'endroit devait être la nappe phréatique.
Vide aujourd'hui de l'eau qu'elle offrait autrefois au puits.

Il fit quelques pas dans la lumière ambiante. Les voix étaient toujours là.
Mais bien plus ténues, lointaines, comme un vent léger qui s'engouffre dans une faille.
Puis il observa plus attentivement le sol. Il y avait des choses qui le jonchaient.
Des objets, des bijoux, des tissus, des vêtements en lambeau.


 
Herran

Le Vayang 9 Otalir 1509 à 10h47

 
Nom d'une...

*** Herran n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'il fut aspiré par une nappe de boue probablement affamée par les années. Par réflexes, il tendit les bras pour agripper quelque chose. Et grâce à quelque chose, qui décidément se trouvait toujours là quand il le fallait, il put amortir sa chute, non sans se blesser légèrement. ***

Grise..., acheva-t-il en se relevant doucement.

*** Tout en massant son épaule et en bougeant son genou pour faire passer la douleur, l'Ombre observa son environnement.
Une grotte étrange s'offrait à ses yeux, et Herran tendit une main pour effleurer la paroi la plus proche de lui. Il sentit le tranchant des arrêtes, mais aussi la froideur d'une sorte de métal...

Après quelques pas, il comprit qu'il se trouvait dans la nappe qui jadis alimentait le puits en eau. Il remarqua aussi que les voix lancinantes se faisaient plus étouffées, rendant l'atmosphère plus supportable.

Enfin il remarqua ce qui jonchait le sol... Intrigué, il se pencha pour examiner ces trouvailles... ***



Les Chroniques d'Herran

 
Narrateur

Le Sukra 10 Otalir 1509 à 11h15

 
Herran se rendit vite compte que le sol en était plein.
Des tissus très anciens, des objets antiques, de facture Nemen pour la plupart.
Le temps les avait rongé, tout comme le destin tragique de leur hôte dont il ne restait rien.
L'Ombre se mit à marcher dans la caverne. Il y en avait un peu partout.

Puis... Il tomba un peu plus loin sur un squelette. Les restes d'un squelette. Tydale.
Vêtu d'une robe et d'un collier qu'il connaissait. Dont il se rappelait.
Le collier surtout. Auquel il manquait une gemme.

Sans aucun doute, la brutalité de la scène figea l'équilibrien.
Même si, quelque part, il s'en était douté, s'y était attendu. La vérité était là.
Le choc aussi. Il était devant le corps de sa défunte mère.


 
Herran

Le Sukra 10 Otalir 1509 à 12h57

 
***
Des restes par dizaines. Des restes Nemen, à en croire les possessions qui jonchaient le sol dans cette triste sépulture... Le temps avait emporté toutes traces d'ossements...
Cette grotte était un véritable tombeau. Que c'était-il passé ici ? Étaient-ce là les restes de tout ceux qui avaient chuté par accident dans le puits ? Ou la vérité était-elle plus terrible ?...

Voilà donc l'origine de ces murmures... Les esprits sans repos de ces victimes martèlent les rares voyageurs qui passent à leurs côtés, sans doute pour obtenir un peu de compagnie dans l'éternité...

Aerin, qui en se téléportant avait évité tout contact avec le boue, sautillait ça et là, plus curieuse qu'effrayée à la vue de ce spectacle macabre. Après tout, la mort était un concept assez étranger à la moue...

C'est alors qu'Herran les vit. Les os d'un squelette, un peu plus en retrait, un peu plus... Familier. Le regard du Tydale remonta du bas de la robe jusqu'à ce qui autrefois fut le cou d'une jeune femme...
Et le choc le figea. Il tomba à genoux, les yeux rivés sur ce collier vieilli par les années, auquel il manquait une petite gemme bleue...

Il voulu ouvrir la bouche, mais aucun son ne sortit. Seul ce mot résonna dans son esprit : mère...

L'équilibrien avait enfin retrouvé celle par qui il était venu au monde... Les théories les plus folles s'échafaudèrent à toute allure dans son esprit confus.
Au bout de quelques minutes, son calme retrouvé, Herran adressa une prière à la Dame et se rapprocha.

Il chercha tout d'abord le moindre indice permettant de comprendre ce qui s'était passé : les restes d'une arme peut-être, couteau, corde, bout de bois, peu importe...
Il ôta ensuite sa cape, et vérifia s'il pouvait y poser les os de sa mère afin de les transporter pour lui offrir une sépulture décente...

***



Les Chroniques d'Herran

 
Narrateur

Le Dhiwara 11 Otalir 1509 à 18h57

 
Pas de lame, pas de bout de bois, pas de quelconque restes ni de traces d'une quelconque arme....
Le squelette était brisé en plusieurs points, mais ce n'était pas les dégâts d'une arme, improvisée ou non.
Le corps avait dû se casser à ces endroits durant sa chute, traversant le puits et atterrissant ici.
Même si avec le temps, la situation et la confusion, il était difficile d'établir un réel pronostique.
Le fait est qu'Herran pouvait en effet envelopper les os de sa mère dans sa cape.
Mais pour cela, il allait être obligé de le plier ou de le casse un peu plus....


 
Herran

Le Merakih 14 Otalir 1509 à 21h57

 
***
Avec toutes les précautions du monde, les yeux emplis de tristesse et de froide colère, Herran enveloppa le squelette de sa mère dans sa cape, en prenant soin de ne pas l'abîmer plus qu'il ne l'était déjà. Tant pis s'il devait le plier quelque peu. Il tenait à lui offrir un lieu de repos plus convenable.

Chargé de cette dépouille blanchie par les années, Herran se releva. Il se retourna et jeta un dernier coup d'œil au reste Nemen qui habillaient le sol de vêtements et autres objets anciens.
Il adressa une autre prière à la Dame, pour le repos de leur âme, et commença à examiner les alentours.

Impossible de repasser par la couche de boue qui l'avait amené ici, à plus forte raison avec les restes de sa mère. Mais cette grotte devait bien déboucher quelque part.

Sans plus attendre, Herran se mit en quête d'une sortie...

***



Les Chroniques d'Herran

 
Narrateur

Le Julung 15 Otalir 1509 à 10h43

 
Herran se mit en marche, son funeste paquetage sur le dos.

Ses recherches furent longues et difficiles. Il lui fallut de durs efforts et bien des heures.
Il se retrouva à courber la tête, voir à ramper plus d'une fois. A sauter, à escalader, à s'accrocher.
Comme toute formation souterraine de ce type, l'ancienne nappe phréatique était accidentée.
Complexe et chaotique, profonde ou étroite, modelée par des siècles d'eau et de pierre.
L'étrange matériau dont elle était constituée ne facilitait en rien sa progression.

Il dut faire des allers-retours devant des impasse ou des obstacles impossibles.
Tourner en rond, explorer le moindre recoin, chercher toute ouverture.

Mais après plusieurs heures d'acharnement et de fatigue, il trouva un passage.
Un passage qu'il dût forcé, à coup de poings, de pierre, d'armes. Mais un passage tout de même.
Il avait brisé un coin de pierre et était tombé sur une galerie. Une très ancienne construction.
Après plusieurs mètres et deux ou trois couloirs, il accéda à un escalier. Bloqué par des roches brisées.

Il lui fallut dépenser ses dernières énergies et les derniers moments de cette journée.
Mais après cela, la sortie fut déblayée. Il put enfin émerger. Herran aboutit dans de vieilles ruines.
Des ruines envahies par le lierre et la végétation. Des ruines qu'il avait vu dans la clairière.
Les ruines d'une des quatre maisons. Il se trouvait dans les vestiges Lordaye.

Plus important, il se trouvait de nouveau à l'air libre, dans la clairière, non loin du puits.
La nuit était tombée depuis longtemps et les lunes enveloppaient les lieux d'une douce lumière.
Il avait passé sa journée et sa soirée sous-terre. Herran était sale, épuisé, triste et affamé.

Mais il avait ramené le corps de sa mère. Effrayante et terrible consolation....


 
Herran

Le Julung 15 Otalir 1509 à 19h23

 
***
Si quelqu'un avait été là pour voir Herran émerger dans la clairière, plein de terre, de sang, le regard vitreux, et transportant les restes d'un squelette... Nul doute que ce quelqu'un aurait prévenu la garde sans attendre...
Mais il n'y avait personne... Seule la voûte étoilée était là pour accueillir le Tydale et sa mère...

Les ruines dans lesquelles avait débouché l'équilibrien offraient un cadre parfait au tragique de la situation. Tel un fantôme, Herran les traversa pour se retrouver dans la clairière, sur l'herbe de laquelle il déposé le squelette avant de s'effondrer.
La fatigue était intense, mais il ne pouvait trouver le sommeil. Trop de questions se bousculaient dans sa tête...
Et à chaque fois qu'il se demandait qui pouvait en avoir les réponses, un nom s'imposait à son esprit : Aniri, le père du Tydale... Celui-là même dont il était sans nouvelles depuis plusieurs mois...

Herran se redressa. Il n'avait plus rien à faire ici... Ou plutôt : il avait autre chose à faire ailleurs... Mais alors qu'il saisissait le squelette, constatant au passage les quelques dégâts qu'avait occasionné son transport, il se senti comme guidé par quelque chose...

Sans un bruit, il transporta sa mère jusque dans la maison Ilmiens, et déposa son squelette à l'endroit même où elle s'était assoupie des années plus tôt. A l'endroit même où Herran s'était lui-même endormi...
L'espace d'un instant, il crut voir sa mère, en chair et en os, respirant lentement dans son sommeil, paisible malgré ce quelque chose ou ce quelqu'un qu'elle fuyait...

Herran, gravant cette illusion dans sa mémoire, s'allongea à même le sol et s'endormit à côté du fauteuil où sa mère passerait une dernière nuit avant de regagner ses terres...

***



Les Chroniques d'Herran

 
Narrateur

Le Luang 19 Otalir 1509 à 04h43

 
Avant de s'endormir, Herran est bercé par une douce impression.
Même si il reste des mystères à élucider, il sait qu'un cycle se clôt et s'achève.
Et même si l'appel de sa mère a résonné loin dans sa conscience et dans ses rêves pour l'amener jusqu'ici...
Il a comme le sentiment que ce n'était pas un appel de détresse, mais comme un adieu.
La volonté d'un dernier au revoir, d'un baiser éphémère.

Au matin, il ignore comment : mais il sait.
Sa mère s'est suicidée. Bien des années auparavant, elle est revenue ici.
Et s'est jetée dans le Puits des Souvenirs pour se donner la mort.

Pourquoi ? C'est une autre histoire...
Quoiqu'il en soit, elle est maintenant en paix.


 
Herran

Le Luang 19 Otalir 1509 à 21h29

 
***
Repos éphémère d'une nuit sans rêve, réveil attristé par une vérité nouvelle...
Herran se lève et regarde le squelette de sa mère. Une illumination ? Une réponse de la Dame pour apaiser un esprit tourmenter ? Un message de l'au-delà ?...
Quelle importance au fond ?

Herran sait : sa mère s'est donné la mort il y a bien des années... Pourquoi ? Pourquoi avoir abandonné mari et enfant pour renoncer à la vie ?...
Encore des questions... Pas encore de réponses...

Inutile de s'attarder. La maison Ilmiens sembla soudain plus froide, moins accueillante... Herran saisit le corps enveloppé de sa mère et sorti dans la clairière.
Elle aussi ne semblait plus aussi belle qu'à l'arrivée du Tydale...

Un souffle de vent fit frémir les brins d'herbes. Herran contempla quelques instants le ballet aérien de quelques feuilles volages, puis s'enfonça dans les bois...

***



Les Chroniques d'Herran

Page [1] [2]
Vous pouvez juste lire ce sujet...