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Le Julung 28 Jangur 1510 à 18h26
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Le Domaine Palutra, imposant et sinistre.
Aisément la plus grande parmi ses congénères, c'était clairement aussi la plus inquiétante.
Dans cette noblesse vaste et abandonnée, respiraient de biens sombres mystères.
Et quelque part, Hir'Daeles le sentit de suite, une menace sourde, couverte.
Qui n'attendait probablement qu'un geste pour être réveillée.
Le Poussiéreux emprunta l'unique petit escalier menant à la porte d'entrée.
Deux vastes panneaux en bois coulissants, ornementés, qu'il fit glisser.
En s'introduisant à l'intérieur de la bâtisse, le Confrère découvrit un havre d'obscurité.
Il n'y avait que quelques rais de lumière, provenant d'ouvertures condamnées.
Comme des faisceaux de lumière descendant ci et là.
De ce qu'il en distinguait, le hall était très haut de plafond et très long.
Presque vide, très peu meublé, mais vide de ce vide qui se suffit à lui-même.
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Le Sukra 30 Jangur 1510 à 15h01
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Dans le vaste hall où il se trouvait, Hir'Daeles révéla essentiellement du riche mobilier.
Fauteuils, tables, canapés, commodes, secrétaires, chaises et des....gens ?!
Ah non, pas des gens, des sculptures et des ombres joueuses.
Ainsi était empli l'espace. Malgré la multitude de mobilier, tout était harmonieusement agencé.
On pouvait difficilement se prendre quoique ce soit dans le genou ou dans le pied.
Mais, à l'opposé, tout était complètement poussiéreux, négligé, à l'abandon.
Du reste, deux couloirs, un à droite et l'autre à gauche, se présentaient au visiteur.
L'un donnait sur l'aile ouest de la maison et l'autre sur l'aile est.
Beaucoup de portes pour chaque.
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Le Sukra 30 Jangur 1510 à 15h45
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Hir'Daeles, une fois assuré que les ombres qui dansaient sur les murs n'étaient pas celles de personne sen chair et en os mais de sculptures disposées ca et là, put pleinement apprécier le spectacle qui s'offrait à lui...
Poussé par le hasard, il traîna ses pieds jusqu'à la première sculpture à sa droite, avant de les regarder toutes, une par une....
Il était poussé par une intuition...
Ces sculptures étaient elles l'œuvre d'un unique artisan, représentaient elles des personnes différentes, imaginées, fruit de l'imagination de ou des artistes les ayant réalisées, ou s'appuyaient elles d'un modelé réel, connu ou inconnu d'Hir'Daeles ?
Tout cela lui rappelait, en moins lumineux, ses premiers cours sur l'Art de la Sculpture en Utrynia...
Qui sait, si il en trouvait une dont il se dégageait un puissant sentiment, peut être emmènerait il cette statue dans son chez soi en Arameth...
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Le Dhiwara 31 Jangur 1510 à 17h44
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Les sculptures en question étaient toutes abstraites.
Elles étaient également le fruit d'un travail remarquable.
Finesse, détails, pureté, légèreté du style...
Leurs formes n'étaient qu'un assemblage de courbes, d'arabesques, de déliés.
Elles évoquaient clairement de forts belles Runes Nemens agencées les unes aux autres.
Comme si le sculpteur avait cherché à transposer la calligraphie en matière, en dimensions.
Et, il fallait le reconnaître, c'était assez réussi.
La plupart faisaient entre 50 centimètres et 1m20.
Elles étaient taillées dans une pierre lourde et sombre, aux reflets ambrés.
Comme le reste, elles prenaient la poussière. Toutes étaient fort bien préservées.
Sauf une, brisée et éparpillée, au sol.
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Le Luang 1 Fambir 1510 à 15h32
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| *** L'Ordinant se baissa, enveloppa les quelques fragments de la rune éparpillée sur le sol dans sa cape, qu'il roula en boule et mit ensuite dans son sac de voyage.
Peut être le fait qu'uniquement celle ci était dû à un pur hasard, mais Hir'Daeles ne croyait pas au hasard... ou tout du moins, il n'y croyait plus depuis longtemps.
Et puis de toute facon, le propriétaire des lieux n'allait sans doute pas revenir quémander son dû.. et puis si l'étude ne portait pas ses fruits, Hir'Daeles pourrait toujours l'exposer sur la table basse de sa maison, près de la cheminée...
Et pour être sûr de ne pas faire les choses à moitié, l'Ordinant prit une deuxième sculpture, celle ayant la taille la plus réduite, et la fit rejoindre sa consoeur brisée dans les tréfonds de son sac...
Reprenant sa torche, l'Entropiste se dirige vers l'aile droite de la maison Palutra, ouvrant chaque porte systématiquement pour vérifier si il n'existe pas une bibliothèque dans cette maison, pour pouvoir accéder, peut être, à des chroniques du Puits des Souvenirs, de par ses anciens habitants...
Et aussi pour voir s'il n'y a pas un escalier , menant à une partie encore ignorée de l'Ordinant de cette maison... *** | |
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Le Vayang 5 Fambir 1510 à 09h24
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Hir'Daeles n'aimait pas cela...
Il le savait.. il n'allait pas pouvoir s'empêcher de retourner chaque coin de la maison pour trouver la moindre trace de documents, de chroniques, d'estampes relatant la vie au Puits avant sa désertion...
Ainsi que la raison de sa désertion...
Alors autant ne pas faire reculer l'échéance...
D'autant plus qu'il sentait qu'ici... les murs avaient des oreilles...
Mais s'ils avaient souvent des oreilles partout, surtout en Arameth, ces murs dénotaient surtout des autres par le fait qu'ils semblaient avoir une bouche...
Prête à chuchoter l'histoire inavouable de ce lieu à quiconque serait prêt à l'entendre...
Hir'Daeles leur faciliterait la tâche...
L'Ordinant se dirigea vers le centre de la maison, au premier étage.
S'allongea à même le sol, faisant fi de la poussière...
Après tout, ne faisait t-il pas que mêler la sienne à celle laissée par les Nemens ?
Et, d'un claquement de doigt, ouvrit son esprit...
Une étincelle rouge remonta le long de son poignet, se divisa en deux au niveau de son bras, qui éclatèrent en milliers de feux d'artifice en arrivant sur sa gorge..
Pour fuser vers son cerveau...
L'esprit de l'Entropiste était désormais assoifé, assoifé de connaissances....
Advienne que pourra, mais il voulait trop savoir...
La connaissance était son seul but dans la vie désormais...
Cela s'imposait à lui comme s'il l'avait toujours su...
Mais toujours dénié...
Du moins jusqu'à aujourd'hui...
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Le Vayang 5 Fambir 1510 à 16h29
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N'attendant qu'une ouverture, le souvenir s'engouffre.
Il envahit l'esprit d'Hir'Daeles, le possède et l'incarne avec violence. Le viol, le vrille.
Le souvenir en lui-même n'est pas violent, mais ce qu'il signifie, oui, ainsi que son âge...
L'Ordinant comprend que ce qu'il fait est extrêmement dangereux.
Qu'il pourrait en perdre le sens commun.
Cela se passe dans la même pièce. Le hall du rez-de-chaussé.
Dans ce salon central, plus coloré et lumineux qu'aujourd'hui, trois âmes sont présentes.
Il y a un Nemen mâle, assis dans un fauteuil, l'air agacé derrière son regard ambre.
Son visage argenté est bardé de runes sombres. Il écoute quelqu'un.
Un autre Nemen mâle, qui lui ressemble passablement, est debout.
Lui n'est pas agacé, il est clairement énervé. Il s'agite, beaucoup, et cri sur l'autre.
Tous deux sont sobrement habillés, de costumes noirs et gris, dotés de belles chevelures platines.
La tension est forte, extrêmement forte, et l'Ordinant sent son coeur déraper un instant.
Mais il y a un troisième protagoniste, qui observe la scène, triste.
Elle tourne le dos aux deux hommes, mais les écoute depuis un coin de la salle.
C'est une Nemen, femme, d'une puissance et d'un âge plus avancé, cela se sent...
Elle pleure, une larme brillante roule le long de sa joue.
Un bruit. L'un des Nemens, celui debout, vient de jeter à terre une des sculptures.
L'une des statues abstraites qui ornent le salon un peu partout.
La scène est silencieuse depuis le début, sauf ce bruit. Ce bruit est salvateur.
Il ramène brutalement Hir'Daeles à la réalité. Par un lien étrange.
Alors qu'il le sait, sa tête était sur le point d'exploser.
Il est seul, dans l'ombre et la poussière, dans le présent.
Et il a affreusement mal au crâne...
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