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Les Dédales du Luth

De l'élégance du hérisson

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Sujet lancé par Achara Edaregord
Le 09-09-1510 à 17h18
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Posté par Hohen,
Le 01-06-1512 à 18h20
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Achara Edaregord

Le Julung 9 Saptawarar 1510 à 17h18

 
***
« Trois rues au sud de l'Amphithéâtre, devant une large demeure en ruine, prenez à droite pendant quelques minutes jusqu'à déboucher dans une impasse. Une lourde porte en bois sera à votre droite. Frappez fort. »

Les indications sont précises : elle a trouvé facilement. La porte se dresse maintenant face à elle, aussi massive que dans sa description. Son bois nu ne révèle rien de ce qu’elle abrite, neutralité à l’image de celui qui l’attend. Il n’aurait pu en être autrement. Le mystère se nourrit de lui-même, inconscient qu’il existe. Car si nul ne sait qu’il est là, personne jamais ne le dévoilera.
Le secret n'est que parce qu’on essaie de le percer…
C’est pourquoi elle est là. Debout. Se balançant doucement devant la porte qui l’observe sans animosité. Sans curiosité non plus d’ailleurs. La Porte attend, tout simplement. Qu’elle se décide, dans un premier temps. Puis que la nuit tombe. La Porte n’aime rien tant qu’assister à l’arrivée de l’obscurité qu’accompagne la naissance des étoiles. D’où elle se trouve la vue est loin d’être remarquable, mais une trouée entre deux bâtiments lui permet tout de même d’observer les cieux changeants et le ballet des astres nocturnes. Cela lui suffit. Parfois la brise transporte jusqu’à ses planches patinées les mélodies des ruelles animées, mais elle n’en a cure. Elle préfère le calme de son impasse. Le silence des chats qui passent et le souffle ténu des zéphyrs…
Perdue dans ses pensées, la Porte n’a pas remarqué que la visiteuse s’est rapprochée, déclenchant les tintinnabulements de ses grelots. Elle reste un instant indécise sans savoir si le carillonnement l’agace ou lui plaît. Peut-être un peu des deux, finalement. Elle n’a pas le temps d’approfondir sa réflexion qu’enfin son vis à vis se décide. Et frappe. Trois coups. Fort. Exactement comme il lui a été demandé. Habituée, la porte se fait écho. C’est ce qu’elle sait le mieux faire. Les trois coups résonnent longuement. Il n’y a plus qu’à attendre. C’est donc ce qu’elles font, en s’observant mutuellement…
***


Voudriez-vous me dire quel chemin je dois prendre pour m’en aller d’ici ?
- Cela dépend de l’endroit où tu veux aller, répondit le chat.
- Peu importe l’endroit… dit Alice.
- Dans ce cas peu importe la route que tu prendras.

 
Hohen

Le Julung 9 Saptawarar 1510 à 21h09

 
Quelques instants passent. Silence troublant, le faible écho des trois coups disparait aussi rapidement qu'il est venu. La porte n'a pas bougé d'un poil. Puis derrière, le bruit d'une porte qui s'ouvre et se referme rapidement. Le bruit de quelques pas vient troubler le silence. La serrure s'agite et la porte s'ouvre. Un tydale qui partage quelques traits avec le matassin trouillard mais la ressemblance s'arrête là. Plus grand, plus âgé, plus musclé. Il porte une longue toge blanche à col mao dont le style n'est visiblement pas Confrère. La mâchoire carrée, les tempes grisonnantes et le regard qui n'incite pas à la convivialité les premières secondes après l'ouverture de la lourde porte. Décryptant la Chambellan, ses yeux s'ouvrent en grand et semble comprendre qui il a en face.

Malgré sa taille, il se déplace rapidement sur le côté et s'incline pour laisser rentrer l'invitée.


Chambellan Edaregord je présume. C'est un honneur. Si vous voulez bien entrer. Mon fils va arriver d'un instant à l'autre.

La nelda s'avançant, le tydale refermait la porte derrière elle dans un bruit sourd. D'un geste de la main, il l'invitait à la suivre. Ils traversaient un petit jardin de gravier blanc agrémenté de quelques pierres mousseuses par endroits. Ils marchaient sur des dalles noires, comme de sombres nénuphars posés sur une mer blanche parfaitement immobile. Devant l'entrée, en totale opposition avec la porte donnant sur la ruelle, une porte en bois clair finement sculptée que le tydale fit coulisser sur la droite.

Après vous Avihia. S'il vous plait.

Le vestibule d'un dépouillement total ne donnait que sur une seule solution : tout droit. On pouvait deviner d'autres portes coulissantes sur les cotés dont les seules décorations étaient quelques motifs géométriques discrets. Derrière la Chambellan, la porte se refermait avec le tydale à l'intérieur. D'un geste de la main, il l'invitait à avancer.

La pièce principale était dans le même style épuré. Une table basse et une plante en pot pour seule décoration. En fouillant la pièce du regard, un seul objet dénote. Posée sur un présentoir en bois noir, une longue épée légèrement recourbée avec une garde discrète patiente sagement en attendant son heure. A moins qu'elle ne prenne un repos bien mérité après une vie bien occupée.

Sur la table basse, quelques parchemins de tailles différentes sont sortis. Un kit de calligraphie aussi. Si le tydale de la Chambellan n'est pas trop rouillé, elle pourra lire certains mots finement écrits : Epée, Déclin, Devoir, Fatalisme. L'hôte de ses lieux s'empresse de ranger son nécessaire. Il ouvre deux grands panneaux de bois, découvrant une vue sur un minuscule jardin intérieur pourtant très garni. Une terrasse en bois suffisamment grande pour trois personnes surplombe un petit bassin où nagent un poisson blanc et un noir. Il se retourne et se plante devant la Edaregord.


Hohen va arriver.

Il s'incline devant l'artiste et disparait dans le couloir. Quelques instants après, le bruit discret d'une porte trouble une nouvelle scène silencieuse. La silhouette de l'Ordinant apparait dans la pièce, fidèle à son habitude, il manque de trébucher malgré la régularité du sol. Nouvelle inclinaison.

Désolé pour le retard Chambellan, je terminais mon service à la taverne.

Se rendant compte que c'était totalement inintéressant, l'Ordinant enchaina rapidement.

Vous…vous vouliez être surprise, j'espère que..que ce sera le cas. Veuillez pre..prendre place sur la terrasse, j'arrive tout de suite.

Le peureux technicien disparait à son tour. La Chambellan peut entendre murmurer la voix du larbin ainsi que la voix d'une femme. Il réapparait quelques instants plus tard avec un plateau et de quoi servir le thé. Il s'affaire quelques instants. Les bols sont quelconques, modelés grossièrement et la peinture, sans être écaillée n'était pas uniforme. Le thé est très doux, si dilué que c'est presque de l'eau chaude. Peu sucré, il laisse un arrière-goût amer pas forcément désagréable.

Voilà. Pourquoi je demandais à vous voir. Arameth semble vivre de sombres heures. L'art a du mal à se faire une place dans l'esprit de nos Confrères. Le futile et l'amusant doivent céder leur place au grave et à l'impératif.

Mais…je..pensais, enfin surtout Avihia Agliacci souhaitait faire une sorte de soirée festive autour du thème "Trois choses que vous aimeriez faire avant de mourir". L'idée est résolument pessimiste mais j'ai un peu réfléchi, enfin..j'ai essayé. Si Arameth et ses Confrères doivent subir le même sort que les autres villes, autant montrer à Syfaria que la Confrérie des Six…affronte l'heure fatidique, le sourire en coin, l'esprit libéré et les remords purgés. Faire un grand feu d'artifice, repeindre le Dédale, célébrer la fin de la Confrérie avec la même insolence dont nous avons toujours fait preuve.


L'Ordinant sirote son thé, le regard absorbé par les carpes.

Certes, nous devons être optimiste et penser que nous serons la ville qui arrêterons le Tark'nal. Mais, un peu de divertissement pourrait être bienvenu.

Il se ressert un peu de thé.

Mais votre…votre expérience est…enfin, c'est plus fiable.


 
Achara Edaregord

Le Sukra 11 Saptawarar 1510 à 14h37

 
Et la Porte s’ouvre, dévoilant un futur qu’elle espère. Grisonnant, sûr de lui, solennel... Le Tydale se révèle finalement être son passé lorsqu’il prend enfin la parole tout en s’inclinant cérémonieusement. Tiens donc… Son père… Elle s’incline en retour avant de lui emboîter le pas en silence. Clochettes, bracelets et grelots se sont tus, attentifs au diapason des lieux. Epure. Le mot s’impose. Le dépouillement y est total, chaque objet revêtant des significations qu’il n’aurait sinon jamais atteint. Symbolisme à l’état pur.
Pénétrant dans la pièce principale, son œil s’attarde sur l’arme en exergue avant de saisir à la volée les mots calligraphiés : Epée, Déclin, Devoir, Fatalisme. Elle s’imprègne encore de la quiétude des lieux que le passé disparait pour laisser place au présent… inchangé. Toujours figé dans sa servilité maladroite et bancale. Elle s’incline.

C’est le cas.


Sans plus de cérémonie, elle suit les indications de l’Ordinant et s’installe sur la terrasse, admirant le ballet des carpes d’opale et d’ébène. Le thé qu’il lui sert est très clair, dégageant une amertume révélant des fragrances légèrement boisées. Elle le déguste en silence, attentive au discours de son Luthier, agréablement surprise qu’il prenne pour une fois l’initiative de la conversation. Elle passe sur le fait que c’est elle qui a demandé à le voir et non lui, pour se concentrer sur la suite de ses propos… Un long silence accueille la dernière phrase de l’Ordinant. Elle prend finalement la parole d’une voix très basse, presque rauque.

Avant d’aller plus loin, je veux que vous fassiez quelque chose pour moi...

Son regard clair plonge dans celui de son vis-à-vis.

Je veux que vous vous imaginiez le Tark’nal à nos portes. Sa puissance destructrice. L’armée qui marche à ses côtés. Les grains de poussière que nous sommes se battant désespérément contre l’inéluctable. Maintenant imaginez les habitants de la Cité, jetés sur les routes en caravane éparse, les maigres possessions qu’ils ont pu emballer dans leur fuite déjà trop lourdes et pourtant si légères. Où dormiront-ils ce soir ? Demain ? Ils viennent de perdre tout ce qu’ils ont mis des années à construire… Survivront-ils même au trajet ? La faune de Syfaria ne fait pas de trêve parce qu’une armée de natifs s’est mis en tête de pervertir nos cités. Le ballet des charognards les accompagne aussi sûrement que les effluves imprègnent la cité. Les derniers résistants le savent : le combat est perdu d’avance, l’espoir n’est plus, s’il n’a jamais été. La cité abandonnée commence à hurler tandis que la perversion s’infiltre. Tous ceux qui assistent à l’agonie de la ville, la ressentent : la terreur, la douleur, la destruction. C’est l’âme de chacun qui se brise tandis que la Cité trépasse… Vous tombez à genoux, le souffle coupé. Des larmes silencieuses glissent lentement le long de vos joues. Déjà derrière vous le monstre de mana disparaît, suivit par son armée. Autour de vous les gémissements se font de plus en plus forts. Il y a ceux qui ne peuvent supporter la vision de leur ville pervertie, il y a les blessés… Et les morts. Car la poignée de poussiéreux qui a accueilli l’Enfer et ses légions n’était pas constituée uniquement de symbiosés… Et soudain vous vous souvenez... Votre père. Il était là lui aussi. Le Devoir, l’Épée, le Destin... C’est ce qu’il a dit. Vous vous relevez en trébuchant dans le sable imbibé de votre propre sang. La poigne glacée de la peur étreint votre cœur tandis que vous parcourrez le champ de bataille en criant son nom. Et soudain il est là. Son visage paisible tourné vers les cieux, le regard vide, ses mains crispées sur la blessure béante qui révèle maintenant ses entrailles… Mais pour lui, nul retour par pilier. La camarde l’a cueilli là où il est tombé, sans plus de cérémonie. Déjà les corbeaux s’approchent, alléchés par le festin à venir…

Maintenant imaginez que les semaines ont passé… La perte de votre cité comme celle de votre père continue à vous hanter. Vous avez réussi à retrouver votre mère au milieu de la cohue des réfugiés mais vous vous inquiétez de savoir comment elle va survivre sans son époux et sa maison. Grâce aux Six, vous avez pu lui trouver un logement dans la cité voisine, un minuscule appartement de deux pièces, en partie insalubre... Une trouvaille dans la situation actuelle alors que le commun des poussiéreux doit se contenter de partager à deux ou trois familles des ruines à peine en état des les accueillir. Le bénéfice d’avoir un fils symbiosé, c’est ce que vous a expliqué l’employé de mairie chargé du relogement des expatriés…
Quand soudain apparaît un espoir : une cité aurait peut-être trouvée une solution pour arrêter le Tark’nal… La décision s’impose d’elle-même. Vous devez y être. S’il y a un moyen d’éviter que d’autres subissent ce que vous avez vécu, vous y serez.


Un silence, la voix se fait chuchotements.

Maintenant imaginez que vous y êtes. Déterminé. La douleur de la perte est encore sourde mais il y a un espoir. C’est ce que vous vous répétez chaque nuit quand les cauchemars vous éveillent brusquement, le corps en sueur, un cri bloqué dans la gorge... La Peur est présente partout. Mais la détermination aussi. L’attente commence. Insupportable…

Un jour que vous errez dans les rues, plus désœuvré que jamais, une affichette attire votre attention, conviant chacun à une grande soirée festive destinée à célébrer la fin de tout dans l’opulence et la décadence… Oh ! Et il y a même un sous-titre : « Trois choses que vous aimeriez faire avant de mourir »… Debout devant l’affiche vous vient soudain l’image de votre père, cadavre en décomposition en train de nourrir les vers. Puis celle de votre mère, seule dans une ville étrangère, assise dans l’obscurité d’une pièce ouverte aux courants d’airs son visage vieilli prématurément... Et la question résonne sans fin…


Un silence. Lourd de sens.

Comment vous imaginez-vous réagir raisonnablement à cette énième provocation de ceux que vous venez aider ? Expliquez-moi…

Un soupir.

Ne pensez-vous pas que nous avons déjà fait preuve d’assez d’insolence en conviant le Tark’nal à nos portes ?


Voudriez-vous me dire quel chemin je dois prendre pour m’en aller d’ici ?
- Cela dépend de l’endroit où tu veux aller, répondit le chat.
- Peu importe l’endroit… dit Alice.
- Dans ce cas peu importe la route que tu prendras.

 
Hohen

Le Sukra 11 Saptawarar 1510 à 16h10

 
J'ai toujours su que je devais garder le silence. Moins je parlais, mieux c'était. Quelle idiotie d'avoir voulu faire preuve d'initiative. Pour quoi dois-je passer maintenant ? J'ai toujours été très mauvais pour imaginer, mais force est de constater que la narration pour le moins précise de ma supérieure aide tout de même à créer une scène dans ma tête. La fin de toute chose. Narration précise et encore moins optimiste que moi. Ce n'est pas le pire scénario, juste que sa description rend la chose plus difficile. Et pourtant, c'est ce qu'il risque de se passer. Car c'est ce qu'il y a du se passer dans les autres villes. Du sang, des pleurs et la mort planant. Les plus chanceux sont au final ceux qui ne se relèvent pas, les survivants doivent vivre avec des souvenirs, des remords et des doutes. Ma Chambellan est une artiste, son imagination ne m'étonne pas. Mais j'en viens à me demander si ces descriptions ne sont pas du vécu ? Après tout, je ne sais pas où elle était lors de la chute des autres villes. Korsyne était peut-être sa ville d'origine ? Je n'ai pas envie de savoir.

Je ne peux me retenir de grimacer à la pensée de certaines scènes. Mais à la fin, haussement de sourcil et sourire discret en coin.

J'ai été élevé dans la pensée Matriarcale. Le Déclin de toute chose, la fin d'un monde à l'agonie. Si le Tark'nal est notre fin, alors nous ne pourrons rien faire, nous ne devrons rien faire. Assister de mes yeux au Déclin est une chance, seule la fin a un sens. C'est ce qui donnera tout son sens à nos existences. Rien à faire pour presser la Chute du Monde, nous devons attendre. Si nous devons disparaître en même temps qu'Arameth, si tout est inscrit dans le Tableau, nous ne pourrons strictement rien faire. Mais comment expliquer ça à ma supérieure ? La Confrérie est presque à l'opposé du Matriarcat. Ils pourraient me prendre pour un suicidaire, impatient que le monde finisse. Je souhaite juste servir mes supérieurs consciencieusement, trouvant dans le travail un exutoire et la stabilité réconfortante. Mais leur faire comprendre que je ne crois pas en l'avenir est impossible. J'ai déjà bien eu assez de mal faire passer le message que je ne souhaite seulement qu'obéir aux ordres, faire correctement mon travail. J'ai trouvé cette tranquillité d'esprit sans me poser trop de questions.

Je sais qu'elle ne pourra pas me comprendre, elle n'a pas compris pour mon père, elle ne pourra pas comprendre pour le fils. Mon paternel fera ce pour quoi il existe. Je ne pleurerai pas sa fin car il aura trouvé un sens à son existence. Et je souhaite trouver un sens à la mienne. Il a accompli son premier devoir, il fera le deuxième non pas par plaisir mais par obligation. Et je sais qu'il y trouvera une certaine joie, celle de ne pas revenir par un pilier. La résurrection est une chose contraire à nos principes. Même si j'avoue que je suis quelque part content d'avoir cette faculté.

Une éducation matriarcale n'a pas de place à la Confrérie, tout comme l'inverse. Heureusement je suis un mélange des deux. Mais la situation n'est pas pour autant débloquée.

Je remarque que je suis resté silencieux un peu trop longtemps, je cesse mes réflexions pour resservir un peu de thé à ma Chambellan en souriant bêtement.

Je ne pense pas ma Chambellan, je..je me contente d'obéir.

Je repose la théière sur le plateau et regarde ce petit jardin, l'imaginant attaqué par le Tark'nal. Quel dommage.

Je...je suis désolé avihia Edaregord. Nous n'avions pas vu les choses sous..sous le bon angle. Vous avez raison.

Un instant.

Alors, que devons-nous faire.

 
Achara Edaregord

Le Merakih 15 Saptawarar 1510 à 15h35

 
Évidemment… Elle retient un soupir d’agacement.

C’est justement ce que je vous demande : penser…

Et c’est la raison qui l’a poussée à le nommer Ordinant : l’obliger à prendre les choses en main, faire preuve d’initiative… Espérant qu’un surcroît de responsabilités le contraindrait enfin à sortir de sa coquille et briser sa carapace… Il faut croire que son périple parmi les frères du désordre n’a pas eu les effets escomptés ; à moins que ce ne soit elle qui génère chez lui cette réaction d’obéissance servile qu’elle exècre…

Elle observe longuement le Tydale qui lui fait face. Le silence s’éternise.

Elle se trompe.
Depuis le début.
Elle essaie de le forcer à se dévoiler quand il ne le souhaite pas, déclenchant exactement les réactions inverses qu’elle espère. Et lorsqu’il accepte enfin d’un peu se révéler, elle se joue de lui. Elle qui se targue d’être fine psychologue… Elle en rirait si elle ne craignait que son vis-à-vis le prenne pour une moquerie. Ce qui n’arrangerait en rien la situation…

Reprenons. Simplement. Sans arrière-pensée. Sans vouloir à tout prix en extraire quelque chose…

À vrai dire, votre idée me plaît.

Elle s’interrompt, le temps de laisser l’idée faire son chemin dans l’esprit du Luthier.

Mais pas en l’état, bien sûr. J’ai bien peur qu’organiser une telle fête dans les faubourgs serait particulièrement malvenu : pour la plupart nos « invités » ont assisté à la chute d’une des cités, généralement la leur, et ne comprendraient pas que nous fassions preuve d’autant de… légèreté. Sans compter les réactions violentes que déclenchent notre volonté manifeste de ne pas évacuer la ville… Je vous laisse imaginer leur réaction à l’annonce de l’organisation d’un raout à l’auberge. Non, non, non.

Un temps.

Par contre… Nous venons d’autoriser plus d’étrangers à pénétrer dans notre cité que ces vingt dernières années réunies. C’est là une occasion que ne se représentera pas de sitôt…

Elle semble réfléchir un moment à l’implication de ses dernières paroles, le regard perdu au loin. Finalement elle se retourne vers lui, curieuse.

Et vous ? Qu’en pensez-vous ? Mais surtout : qu’imaginez-vous ?


Voudriez-vous me dire quel chemin je dois prendre pour m’en aller d’ici ?
- Cela dépend de l’endroit où tu veux aller, répondit le chat.
- Peu importe l’endroit… dit Alice.
- Dans ce cas peu importe la route que tu prendras.

 
Hohen

Le Julung 16 Saptawarar 1510 à 13h31

 
Aïe aïe aïe, dans quelle situation j'ai embringué malgré moi ma misère intellectuelle. Penser, penser, encore penser. Suis-je donc condamné à penser pour servir mon Horloge ? A force de trop penser, on en apprend de trop, on découvre trop, trop que l'on puisse supporter. Les grands magiciens, à force de savoir, en perdent la tête, au sens propre ou au figuré. Je m'estime assez fou pour éviter d'en rajouter une strate. Mais s'il le faut pour servir le Luth, allons-y gaiement. Petrorius aura gagné un patient supplémentaire. Misère...

Imaginer...malheur. Demander à un apôtre de la Chute d'imaginer...pourquoi pas un déclinant que nous y sommes ? Allons Hohen, je sers la Confrérie et c'est ma joie. Voyons, imaginer, imaginer...IMAGINER !

Nerveusement, je cherche une réponse autour de moi, je croise son regard une fraction de seconde, je baisse les yeux.


Euh...oui donc.

Silence.

Visiter Arameth...les faubourgs ne sont que la partie visible du...moelleux au chocolat.

Qu'est-ce qui m'a pris de dire une telle absurdité ? Vite, enchainons.

L'intérieur, ce qui est caché, c'est la véritable ville. Le...le coeur de notre faction. Que l'on expose pas si facilement. Mon imagination est...endormie.

Pour ne pas dire inexistante ou au mieux paresseuse.

Leur montrer la véritable Perle. Visiter le Dédale, l'Amphithéâtre, nos plus grandes tables, découvrir les canaux la nuit, nos artisans...

Ce...c'est terriblement simpliste mais...si j'essaye, un court instant, d'être à leur place. Je...voir la cité pour laquelle je risque ma vie, voir sa richesse et sa fragilité, sa beauté, tout ça tout ça, je...je verrai le combat contre le Tark'nal d'une autre façon. C'est...terriblement touristique..je sais.


 
Achara Edaregord

Le Matal 21 Saptawarar 1510 à 17h33

 
Elle profite de son hésitation pour laisser échapper une pensée : si l’idée est tentante, il convient tout de même d’en référer à son collègue de chambellance. Tant qu’à faire, autant éviter la bourde diplomatique…

Le regard fuyant, l’ordinant prend finalement la parole. Toujours aussi nerveux, ses mots se télescopent dans d’improbables conjonctions laissant apparaître ici et là un moelleux au chocolat… Elle ne s’en formalise pas, attentive à ses propos. Car si la forme est bancale le fond n’en reste pas moins intéressant. Classique certes, pas franchement novateur, mais tout à fait acceptable en l’état. Il a fait l’effort de répondre à sa question en faisant un minimum preuve d’imagination, c’est déjà pas si mal.

Elle enchaîne.

Terriblement touristique, certes, mais dans une ville qui n’a pas eu de visiteur depuis la virée de Penthésilée - il y a de cela au moins trois cycles - je pense que nous pouvons taper dans les poncifs sans trop être complexé.

Elle semble réfléchir quelques instants.

J’aime l’idée d’un voyage sur l’eau… Peut-être pourrions-nous imagi…

La pensée la prend par surprise. Glaciale. Oh oh. Si elle évite la grimace, elle ne peut empêcher un froncement de sourcils. Oulàlà, mais c’est qu’il n’est pas très second degré l’Arlequin en ce moment. Bon. Bonbonbon. Certes. Oui. Bien.

Zut.

Elle pousse un léger soupir avant de reprendre la parole.

Malheureusement mon collègue de la Diplomatie, que je viens de consulter par pensée, nous déconseille vivement d’organiser un tel événement. Il semblerait que nos invités possèdent tous un caractère incompatible avec l’idée même de réception… Son avis étant prépondérant en la matière, il va nous falloir abandonner cette idée, aussi plaisante qu’elle ait pu paraître. Vous m’en voyez désolée.

Et elle l’est. Pour une fois que son hérisson propose quelque chose…
Un tintinnabulement sévère la ramène à la conversation.

Mais que cela ne nous empêche pas d’évoquer d’autres projets…

Vous aviez évoqué, il y a de cela de longs mois, l’idée d’une exposition mêlant, si je me souviens bien, art confrère et fresques haut-rêvantes… Est-ce toujours d’actualités ? La perte de Korsyne risque de changer quelque peu votre thématique, mais il peut être intéressant d’évoquer le sujet avec des membres de l’Ordre… Parlez-vous le Nelda ?


Elle boit une gorgée avant de reposer doucement la tasse sur la table qui les sépare.

J’aimerais par ailleurs que vous me contiez plus en détail votre voyage au sein de la Fraternité aux côtés du Docteur Pétrorius. Je suis curieuse de savoir ce qu’un personnage tel que lui est allé faire au cœur du Désordre…

Et quelles théories il a pu en ramener…


Voudriez-vous me dire quel chemin je dois prendre pour m’en aller d’ici ?
- Cela dépend de l’endroit où tu veux aller, répondit le chat.
- Peu importe l’endroit… dit Alice.
- Dans ce cas peu importe la route que tu prendras.

 
Hohen

Le Matal 21 Saptawarar 1510 à 23h18

 
Que puis-je y faire ? J'ai un début d'idée mais manque de bol, ça n'ira pas plus loin. A mettre dans la catégorie "essais avortés". Qu'importe, ce qui m'inquiète davantage, c'est de devoir expliquer à ma supérieure ce que j'ai compris des théories scientifiques du Docteur. J'ai eu toutefois la bonne idée de relire mes notes à plusieurs reprises et je pense avoir saisi les bases de la démarche. Autant commencer par là.

Excusez-moi un instant Avihia.

Je me lève pour me diriger vers la cuisine. Je jette un oeil sur ce qu'il y a de potable à offrir à ma patronne. Le thé a beaucoup de vertus, mais pas celle de nourrir. Je trouve quelques pâtisseries que j'ai fait la veille au soir. Un essai improbable pour reproduire la cuisine de Kryg. Je n'ai pas encore eu le temps d'y goûter et le reste de la cuisine est désespérément vide que je me contrains sur ce choix par défaut. Elle qui voulait être surprise, elle ne sera pas déçue du voyage.

Je sors une large assiette du même service que les tasses et y dépose de petites boules de brioches fourrées au miel de Cavillo. Ils sont loin d'être bons. J'ai beau utiliser le même miel et la même farine, je n'arrive toujours pas à retrouver ce goût si singulier, comme s'il manquait quelque chose de typiquement matriarcal. Tant pis, je doute un jour atteindre cette perfection.

Je reviens vers ma supérieure et dépose l'assiette entre nous deux.


Le Docteur Petrorius a un esprit si brillant que je demande s'il est bien de la même race que la mienne. Il pense que la corruption se propage par le son. Enfin, si j'ai bien compris son exposé, il décompose la transmission de corruption en deux : le son qui influe sur la réalité et ce qu'il appelle "l'abson", c'est-à-dire l'influence sur la Trame. Là où j'ai plus de mal à le comprendre, c'est qu'il parle d'intentionnalité du son, de volonté, enfin, j'ai l'impression d'avoir compris la théorie, mais la pratique....les Astres m'épargnent de voir ça moi-même, me dépasse totalement.

Je fais une petite pause dans mon récit, le temps de reprendre mon souffle.

J'ai suivi bien difficilement quelques cours de nelda à la bibliothèque d'Arameth. Je crois que mon professeur a pris sa retraite tant j'ai été un élève...médiocre. Aussi pardonnez mon phrasé approximatif, j'évite d'utiliser le peu d'autres langues que je connais, de peur de vexer mes interlocuteurs.

Lorsque j'ai eu cette petite idée, c'est Korsyne qui était attaqué et désormais aujourd'hui, c'est Arameth qui risque de subir le même sort...Je...je ne sais pas. Mais...oui, j'ai cru comprendre que plusieurs dignitaires de l'Ordre sont amassés dans les faubourgs, je pourrai m'entretenir de ça avec eux, entre deux réunions tactiques, histoire de changer les idées et les humeurs maussades...oui...


 
Hohen

Le Merakih 6 Otalir 1510 à 14h57

 
Combien de temps nous restait-il ? Une journée, deux tout au plus. Le temps pour un Confrère avait toujours cette signification bien particulière, si on utilisait les termes Horloges, Cadrans et Aiguilles, ce n'était pas une coïncidence. Oh bien sûr, je pouvais me sentir chanceux. En arrière ligne à faire office de soigneur, symbiosé et plus ou moins équipé, en théorie, je ne courre aucun risque. En théorie. Ma première expérience au combat... J'en menais pas large quand même.

Assis en face du jardin intérieur, je terminais de siroter mon thé. Aucun plan d'évacuation, comme si nous étions persuadés de gagner là où quatre autres nations avaient échouées. Un rituel magique dans une main, une nemen dans l'autre, et au milieu : nous. Faire office de tampon, leur donner du temps d'une façon ou d'une autre. Finalement, la Confrérie était plus matriarcale qu'elle ne ne le pensait. J'en riais intérieurement.

Faire ce pour quoi on existe ? Son devoir et rien d'autre ? Ou tenter de se dépasser, une fois n'est pas coutume ?

Quelle idée ridicule. Dépasser zéro ne fera pas grand chose.

Je regarde bêtement les deux carpes qui nagent dans le petit bassin à mes pieds. La vie de carpe est quand même agréable. On nage, on mange, on dort. Nulle conscience de la beauté du monde qui l'entoure, nulle conscience de sa complexité également. Elles ne savaient pas l'épée de Damoclès qui pendait au-dessus de nos têtes. Elles en sont très loin. Et je me dis, que quelque part aussi, nous sommes des carpes.

Mon père me tire de mon début de réflexion philosophique pour l'aider à enfiler son exosquelette. Il savait qu'il partait à une mort certaine mais s'en moquait totalement. Son devoir, rien de plus, rien de moins. Tout se fait dans le silence le plus total, les lamelles de métal tintent faiblement tandis que la cote de maille recouvre les articulations. J'ai toujours été étonné de voir à quel point l'armure collait parfaitement à la peau, comme un moule métallique qui n'autorisait aucune autre personne. Petit à petit son corps se recouvrait de métal et imposait le respect qui était dû à un ancien exécuteur du Matriarcat du Déclin. De quoi avais-je l'air moi, petit larbin du Luth avec mon armure de cuir trop serrée ? Il me fait un mouvement de tête pour me dire d'aller chercher son masque de cristal, presque aussi lourd que le reste de l'armure aussi étrange que cela puisse paraître. Une fois équipé, je recule, par réflexe tandis que ma mère entre dans la pièce avec entre les mains la Fauchelame. Il dégaine l'épée et m'éblouit avec le reflet alors que je devine les inscriptions sur la lame.

Je quitte la salle pour laisser mes parents seuls. J'ai l'air d'un va-nu-pied à coté de lui avec mon équipement de voyageur. Une seconde peau, une paire de bottes, une trousse de soin en bandoulière et des gants de magicien alors que je n'y connais rien en sorcellerie. Chacun son rôle après tout. Et ça m'arrange bien au final.


Hohen, on part.

Les deux partaient mais un seul reviendrait. Nous étions préparés, c'était notre Tableau.

On sert la Confrérie et c'est notre devoir.


 
Hohen

Le Matal 18 Jangur 1511 à 22h23

 
Je suis rentré.

Ambiance

Je retire mes bottes à l'entrée et prends une paire de sandales. Je sais qu'on ne me répondra pas. Je sais que la maison est vide. Je sais qu'il est inutile de parler. Mais l'espace d'un instant, une fraction de temps, j'ai voulu faire comme si. Revenir en arrière. Quand il était vivant. Quand elle était là. Je retrouve la même odeur de bois qui inonde mes narines. Le silence me transperce de part en part, non, je suis submergé. Sur le plancher qui grince par endroits, j'avance lentement, pensant qu'à chaque instant, je verrai surgir mon paternel ou ma mère et me reprocher mes horaires tardifs.

Je pénètre dans la pièce principale. Tout est figé dans un immobilisme qui me met mal à l'aise. Je déambule dans les couloirs, les différentes chambres. Tout est gris, terne, livide. A l'image de mon teint. De mon humeur. Mon père a été incinéré comme prévu, ma mère a préféré quitter la maison qui lui rappelait trop de souvenirs. Je la comprends. Je la méprise de m'abandonner mais je la comprends. J'en aurai fait probablement autant si je n'avais pas été endoctriné par la culture du Matriarcat du Déclin où finalement la mort finale est vécue différemment. Mais malgré ça, je n'arrive pas à me faire à l'idée, à l'accepter.

J'ouvre un panneau coulissant qui débouche sur le minuscule jardin miniature. Les deux poissons sont toujours là. Je leur jette un peu de pain rassis. Ils sont contents. Ils ont de la chance. Je me retourne et vois la pièce principale d'un oeil différent. Au mur sont accrochées les dernières peintures et calligraphies qu'il a réalisé. Un oiseau sur un rocher, un arbre à fleur de falaise et quelques caractères tydales. Je pourrai reconnaître son style d'écriture entre mille, à l'image de son maniement de l'épée, fluide et puissant.

A sa place habituelle, la fauchelame reste là. Elle ne chantera probablement plus son chant d'acier et de sang. Pas avec moi en tout cas. Orpheline un peu comme moi, nous avons perdu toutes les deux quelqu'un ce jour-là. J'étais symbiosé, lui non. J'étais en retrait, lui non. J'avais peur, lui non. Un sentiment s'empare de moi tandis que je me laisse tomber à genoux, la culpabilité du survivant. Ma vie n'avait aucune valeur et j'ai du mal à comprendre la raison de ma survie. Il me disait toujours que la réponse se trouvait dans les étoiles, que le Tableau devait continuer avec ou sans certaines personnes et qu'il ne fallait rien faire pour l'y contrarier. Plus facile à dire qu'à faire.

Par moments, je me surprends à penser à aller consulter ce vieux sénile de Petrorius, aliéniste de son état. Moi qui me pensais suffisamment prêt à ce genre d'évènements tragiques, je me prends le choc en pleine figure, plein pot, plein tarif. Je me découvre plein de faiblesses que je pensais inexistantes. Moi qui espérais être trop bête pour vivre ce genre de détresses généralement réservées aux grands penseurs, finalement je me retrouve dans le même bain. En parlant de bain, je noierai bien le chagrin, car c'en est au final, dans quelque divertissement qui me ferait oublier l'espace d'un instant, ma faiblesse. L'alcool, les filles, le travail, qu'importe du moment que je peux m'oublier dans autre chose.

Mes mains se crispent, ma vue se brouille, j'ai le hoquet.

Bordel, je pleure.


 
Hohen

Le Vayang 1 Jayar 1512 à 18h20

 
Le réveil est douloureux.

J'ai oublié le temps, à moins que ce ne soit l'inverse. Les mois défilent, la vie autour de moi évolue mais je reste le même. Je continue mes tâches de matassin, délaissant l'ordinant qui est en moi pour revenir à des tâches plus simples, plus mécaniques. Réparer une poulie, un mécanisme dans un théâtre, porter des caisses, poser les affiches des spectacles. Une multitude de tâches ingrates, invisibles, incolores. Je m'y sens bien. Cette aliénation m'était profitable. Autour de moi, je voyais les poussiéreux, symbiosés ou non, courir après la gloire, souffrir milles passions, faire quelque chose de leur vie. Sans jamais penser à s'arrêter. Divertissement pascalien qu'on appelle ça.

Le réveil est douloureux.

J'ai oublié l'espace. Constante intrinsèque de mon sens de l'orientation légendaire, je me perdais plus profondément dans les ruelles de la Perle. Combien peuvent se vanter de les avoir toutes faites ? Vivant et en un seul morceau : peu. Sans être voulu, ces égarements géographiques étaient une bonne occasion pour moi. Oh certes, quand quelques voleurs se proposèrent de m'alléger de mes sardoines au lieu de ma tête, je me demandais du bienfondé de mes pérégrinations urbaines. La ville est vivante, sinueuse, imprévisible. J'ai assisté à des choses si communes, si ordinaires, que personne ne les remarque si bien qu'on pourrait se demander si elles ont un jour existées.

Le réveil est douloureux.

Je me suis oublié à un moment ou un autre. Dire que j'étais en dehors du temps et de l'espace aurait été prétentieux pour quelqu'un d'aussi banal que moi mais l'idée était là quand même. Sans même réfléchir, j'agissais, mécaniquement. J'aurai pu être une de ces machines tchaëes dénuées d'âme ou un de ces mécanismes de théâtre qui s'exécutent sans que personne ne les voient.

Le réveil est douloureux.

Je reçois une pensée. J'avais presque oublié cette voix intérieure. Sur un ton enjoué où on pourrait même entendre les didascalies, j'apprenais la fin du monde dans un proche non avenir.


Enfin. lachai-je sans trop savoir quoi penser.

La moitié matriarcale qui est en moi ne peux qu'exhulter face à cette annonce. Le Déclin arrive, la Fin de toute chose, le but de tout un peuple versé dans la décrépitude de toute chose. La seule vraie Mort que chaque tydale attend de pied ferme. Une joie quelque peu morbide j'ai toujours trouvé.

La moitié confrère qui est en moi ne pense qu'à profiter au maximum du temps qu'il me reste, hurlant à ma conscience que je n'ai rien accompli, rien fait, rien vécu pendant mon existence. Si le Destin décide d'en finir, autant lui rire au nez, le ventre plein, une bière à la main et en bonne compagnie. Certes trop excessif pour moi.

Toutefois, une idée me vint avec force, comme une baffe reçue sans trop comprendre comment ni pourquoi.

Je me dirigeais vers une armoire et l'ouvrit en grand.

Une idée germait dans mon esprit. A la frontière entre mes deux origines se trouvait le peu de personnalité que j'avais. Un mélange improbable qui serait parfait pour le grand final.


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