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Les Dédales du Luth

Aux filles difficiles

Un lieu propice aux bonnes conversations
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Sujet lancé par Petrorius
Le 20-10-1510 à 00h21
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Posté par Hohen,
Le 20-11-1510 à 11h48
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Petrorius

Le Merakih 20 Otalir 1510 à 00h21

 
"Aux filles difficiles" : la devanture annonce le programme, en quelque sorte.

L'estaminet ne paie pas de mine, mais je sais que l'on y boit l'un des meilleurs vin chaud de l'univers connu. C'est ici que j'ai donné rendez-vous à Avih mon Chambellan Edoar Edaregord.
Les filles difficiles de l'endroit, je les connais très bien : elles se nomment Lysia et Perline Mouchet. Ce sont deux sœurs jumelles, tchaës de naissance (comme souvent, chez les tchaës), dont j'ai soigné le père ces dernières années. Avant d'accompagner son passage dans l'au-delà, lorsqu'il s'est avéré que sa "maladie" n'était due qu'à son grand âge.

Avih Hohen et moi avons marché à travers la ville agitée, troublée et fiévreuse, encore sous le choc du drame l'ayant sinistrement affectée. Je n'ai pipé mot après le court rapport du grand benêt, manifestement peu au fait des évènements, dans le détail. Il a quand même lâché un nom : Aliundil.

Qu'est-ce que mon Œil, poinçonneur de son métier, vient donc faire dans cette galère ?
Je vais solliciter un entretien avec cet individu.

Pour l'heure, flanqué de l'Ordinant du Luth, je me tiens devant la passerelle de la petite péniche. La taverne "Aux filles difficiles" est un joli bateau, qui ne court plus les canaux depuis longtemps. A travers ses fenêtres aux rideaux de dentelles pourpres, l'on devine la buée typique d'un endroit chaud ou plutôt, chaleureux. Sieur Edaregord est-il déjà à l'intérieur ?

Avant de franchir le Rubicon, je me tourne soudain vers mon voisin :


Par exemple !
Que diable faites-vous donc avec cette chose ?


D'un regard accusateur, je désigne le fourreau de l'énorme épée. Le cuistre l'aura dérobée sur le champs de bataille...
A moins qu'il n'ait profané une sépulture ?


Docteur Petrorius.
Médecin. Arracheur de dents. Aliéniste.
Sur rendez-vous.

 
Hohen

Le Merakih 20 Otalir 1510 à 00h36

 
Ai-je réellement d'autres choix que de le suivre ? Oui bien sûr, mourir en est un si on va par là. Jusqu'à ce que j'ai mieux à faire ou qu'on m'ordonne le contraire, je me contenterai de suivre notre arracheur de dents, pas menteur pour autant. Mon résumé semble avoir fait son effet, celui de le faire réfléchir en silence. A moins que le trépas ait une vertu muette cachée ? Quoi qu'il en soit, je me retrouve devant un lieu bien étrange, au titre surprenant mais à l'inquiétante perspective. Ce vieux psychiatre serait en plus de ses autres travers bien dissimulés quelque peu...frivole ? J'envisage de nouveau l'idée d'une fuite totale et absolue en mettant un pied devant l'autre à une vitesse supérieure à celle des ennuis qui semblent m'arriver dessus à pleine vitesse.

J'ai du mal à conserver mon sourire timide quand Petrorius décrit un chef d'oeuvre d'artisanat martial par le vulgaire descriptif de "chose". J'aurai pu parler de "bijoux de famille" mais je me suis dit que la phrase aurait pu prêter à confusion. Je pourrai dire la vérité également. Mais expliquer la symbolique de la transmission d'épées au Matriarcat à un Confrère est peine perdue. Il ne comprendrait pas que cette chose à un nom, une histoire, une âme, un maître, un père et une mère, un Destin et tout ce genre de trucs que mon paternel me racontait de son vivant. Une fois n'est pas coutume, je ferai un pieux mensonge je crois.


Oh...ça..ça être rien, un forgeron m'a demandé de livrer en main propre sa commande à un riche particulier..il n'était pas chez lui alors je..je...eh ben je lui donnerai demain.

 
Petrorius

Le Sukra 23 Otalir 1510 à 09h43

 
Ah. Un Ordinant est donc un livreur. Voyez-vous cela ?
Je me demande parfois si votre Horloge tourne bien rond, mon cher...


Sur ces mots fleuris, je passe le petit pont, je me baisse et j'entre dans la guinguette. La salle est agréable, avec son zinc à gauche de la lourde porte, très basse, et ses tables alignées de part et d'autre de l'allée centrale, dont la disposition évoque irrésistiblement des rangées de galériens. Habitué de l'endroit, je choisis de nous poser à mi-longueur, près de la cheminée centrale où craque un bon feu. Le Chambellan Edaregord n'est point présent, nous l'attendrons.

Je m'assieds, attends qu'Avih Hohen en fasse autant, et reprends :


Comment se nomme ce riche particulier ? Je l'ai peut-être dans ma patientèle. Imaginez qu'un aliéné de frais s'équipe d'une telle épée...

Docteur Petrorius.
Médecin. Arracheur de dents. Aliéniste.
Sur rendez-vous.

 
Hohen

Le Sukra 23 Otalir 1510 à 15h03

 
Quelle idée ai-je eu de venir... Et le Chambellan qui est en retard, c'est bien ma veine, je me demande si ça peut être pire. Oh oui, ça peut toujours l'être, en fait, je préfère ne pas y penser. Plutôt trouver une nouvelle histoire terriblement banale pour être oublié. Un aliéné n'aurait pas le droit d'être armé ? Auquel cas la moitié des symbiosés de Syfaria peuvent dire adieu aux leurs, disons...la moitié des frères du désordre, les deux tiers du Matriarcat et les neuf dixième de la Confrérie. Mais on dit que les témoins sont également bien frappés dans leur genre. Oui...au moins la moitié de Syfaria en fait. Un de plus ou de moins...

Je...je n'imagine pas docteur, j'obéis.

Par sécurité, je ne vais pas dire de nom confrère, il serait capable de vérifier, ou pire, qu'il connaisse la personne en question. Je dois prendre un nom où je suis sûr qu'on ne le trouvera pas à la confrérie, et qu'il soit inconnu à ce cher arracheur de dents. Finalement, des deux, c'est moi qui risque de mentir le plus. Je cherche dans ma mémoire un nom du Matriarcat dont j'entendais l'histoire et la hiérarchie en long, en large et en travers. Je prends le risque de parier que ce bon docteur est un pur produit confrère. Je ne vois ni marque des inaptes sur son front ni marque des mish ayant acquis leur liberté sur la nuque. Je peux donc profiter de la situation et faire une pirouette. La maîtresse du harem à l'époque de mon paternel fera l'affaire.

Ka..limash je crois bien.

 
Petrorius

Le Dhiwara 24 Otalir 1510 à 21h12

 
Ka-li-mash, dites-vous ?
Non, je n'ai point ce piéton dans mon agenda.


Un ange passe

Bon, il semble que notre brave Avih Edaregrod ait décidé de se faire attendre. S'il escompte ainsi être désiré, il se plonge un antérieur dans l'orbite jusqu'à l'articulation sterno-claviculaire... mais peu importe. Nous l'attendrons le temps voulu.
Vous n'aviez nul autre programme pour la soirée, de toute façon.

Tiens, pour passer le temps, parlez-moi donc de sa Chambellan de sœur. Je n'entends jamais parler d'elle, ni en bien, ni en mal. Que pourriez-vous m'en dire d'intéressant ?
Cela nous occupera l'esprit.


Faute de grives...

Docteur Petrorius.
Médecin. Arracheur de dents. Aliéniste.
Sur rendez-vous.

 
Hohen

Le Dhiwara 24 Otalir 1510 à 23h38

 
Je souffle intérieurement. J'aurai eu quelques difficultés s'il avait connu une personne de ce nom. Le Tableau se serait bien acharné sur moi. Ce qui m'embête d'avantage, c'est d'être obligé de faire la conversation. Pourquoi meubler, le silence est-il si embarassant que l'on doit être obligé de le combler ? J'aime bien le silence, c'est reposant, c'est soporifique, c'est bien.

La Chambellan Edaregord...je ne l'ai vu que deux fois. Je ne la connais pas assez pour en parler, encore moins pour dire quelque chose d'intéressant. Elle me donne quelques consignes, j'obéis du mieux que je peux. C'est ma supérieure hiérarchique et je suis un subordonné.

Hormis dire qu'elle prend un malin plaisir à me pousser dans mes derniers retranchements, à me forcer à faire preuve d'initiative ou de tenter de la surprendre, chose que si je communique, Petrorius pourrait être tenter d'en faire autant, déjà que là, j'ai un mauvais pressentiment. Que pourrai-je dire d'autre ? Rien, terriblement rien. Quelques messages télépathiques, deux entrevues et le reste du consensus. On ne lui a rien confié, et c'est tant mieux. Mais j'ai l'impression que je commence à trop trainer dans les affaires du Limonaire et que j'en apprends beaucoup trop. Beaucoup trop pour rester ignorant, ou du moins en vie...


 
Edoar Edaregord

Le Julung 4 Nohanur 1510 à 11h31

 
En général il suffit d’évoquer deux fois Achara dans une discussion pour que cela provoque l’apparition d’Edoar.

Cette fois-ci ne fait pas exception à la règle et c’est donc le moment que choisit Edoar pour franchir la porte de l’auberge.

Une fois n’est pas coutume, le chambellan est en retard et bien en retard et c’est donc d’un pas pressé qu’il rentre dans l’auberge.

« Aux filles difficiles »

Un nom d’auberge qui va si bien avec le docteur… Mentalement le chambellan la rebatise immédiatement « Aux Erudits difficiles » et retient une petite grimace qui pourrait être un sourire.

Il faut dire qu’il redoute un peu cette entrevue, les dernières rencontrent avec le docteur n’ont été que des échecs retentissants et le nelda redoute de découvrir que le fossé qui les sépare actuellement est aujourd’hui insurmontable. Un drame quand on pense qu’il voit dans Pétrorius son successeur à la tête du calligramme.

Enfin tout va trop vite et tout est trop compliqué en ce moment à Arameth et ce n’est pas prêt de s’arrêter c’est à craindre…

Alors qu’il s’approche de la table, le nelda note une agréable odeur d’épice qui parfume le lieu. Elle semble provenir des godets fumants qui reposent sur la majorité des tables, surement la spécialité du cru.

Alors qu’il arrive à la hauteur de la table, le nelda fait signe à une petite tchae au regard pas commode de lui apporter un exemplaire de la dîte boisson. Arrivé devant la table, il note la présence de l’ordinant Hohen au coté du docteur, les deux ne se quittent plus depuis que le nelda les a mis en contact il y a quelques mois, le chambellan espère juste que le docteur n'a pas réussi à l'embringuer dans sa croisade personnelle.

En repensant au caractère du docteur il se demande aussi s’il n’a pas été un peu dur avec le garçon.

D’un ton extrêmement neutre, le visage et la posture figée, signe qu’il n’a guère oublié la façon dont c’est terminé la dernière rencontre avec l’érudit il prend la parole.


Avih Erudit je vous salue, veuillez excuser mon retard, croyez bien que je n’ai pas pu faire autrement.

Puis se tournant vers l’ordinant, d’un ton un peu plus léger.

Avih Hohen c’est un plaisir de vous revoir, comment allez-vous ? Vous savez que ma sœur ne cesse de me parler de vous en grand bien… Mais je ne vous apprends sans aucun doute rien.

L’ordinant peut toutefois sentir qu’il s’agit plus de courtoisie que d’une réelle envie d’engager la discussion.

Le nelda attend qu’on l’invite à s’assoir et prend place. Contrairement à son habitude il n’engage pas la discussion, il se contente d’interroger Pétrorius du regard.



~Edoar Edaregord œil du poinçon~
Frère de la superbe nelda célibataire qui a gagné le concours de poésie d'Arameth


 
Petrorius

Le Julung 4 Nohanur 1510 à 17h52

 
Et bien, ce bougre de Chambellan nelda ne semble guère heureux de me revoir.

Peu importe. Pour ma part, j'apprécie sa présence, plus qu'il ne l'imagine sans doute. J'ai quelque difficulté à exprimer mon plaisir, depuis toujours. Aussi demeurai-je aussi expressif qu'une statue de cire aux traits fondus lorsque je dis d'un ton monocorde :


Soyez le bienvenu, mon Chambellan. Je vous en prie, prenez place.

Croyez-vous que ce cuistre d'Ordinant se lèvera ? Peut-être y songe-t-il encore lorsque je tire une chaise pour notre hôte, puis me rassois, non sans souffler d'irritation ostensible.

Avih Edaregord, je n'ai point eu l'occasion de vous féliciter expressément pour votre rituel. La plupart des gens s'imaginent que vous avez simplement initié quelque effet vaguement original, par chance, et par la grâce de l'aide d'une puissante nemen. La poussière pensera qu'en la matière, vous aurez conçu quelque chose d'intéressant, sans plus...

D'un regard, j'intègre Avih Hohen dans la confidence. Une fois n'est point coutume :

Mais à cette table, nous trois savons ce qu'il en est : vous avez créé un effet de sort qui jusqu'à ce jour, n'existait pas. Vous avez, le temps d'un battement de cil à l'échelle de l'histoire, contrecarré la malédiction, conjuré le signe indien qui fait de nos factions des sociétés bègues et figées. Vous avez réussi, à contrario de nos cités, là où depuis six siècles, tous les mages de poussière ont systématiquement échoué.

Las ! Ce succès entrera dans l'histoire, mais n'aura point descendance, car ce qui nous afflige le détruira : tout progrès est dissous dans le temps, triste présent sans fin...

J'ai parlé de cela avec notre première Dame.
Et je n'ai point été déçu.
Je vais donc vous narrer l'évènement, mais avant, je tenais à vous exprimer ma sincère admiration.


Docteur Petrorius.
Médecin. Arracheur de dents. Aliéniste.
Sur rendez-vous.

 
Edoar Edaregord

Le Sukra 6 Nohanur 1510 à 12h10

 
Le nelda écoute surpris la déclaration de son érudit, et laisse échapper un sourire en se rappelant avec nostalgie leur première rencontre. Ces quelques paroles qu’il sait sincère procurent un étonnant réconfort au chambellan qui se rend compte pour l’occasion de toute la rancœur et de toutes les tensions accumulées au cours de ces dernières semaines.

Merci docteur, j’apprécie ces paroles à leur juste valeur vous pouvez me croire. Surtout après ce que j’ai eu à subir durant les dernières semaines en traitant avec les autres factions.

Tout en conservant le sourire légèrement désabusé que le tydale a su faire naitre, le mage continue.

Ainsi donc votre rencontre avec le grand chambellan du terreau a porté ses fruits. Vous m’en voyez sincèrement ravi, tout comme j’espère que cette rencontre permettra que nous nous comprenions mieux à l’avenir.

Vous m’aviez précédemment expliqué votre théorie il est donc inutile de revenir dessus, mais je suis extrêmement curieux de savoir ce qui est ressorti de l’entretien ?


Au même moment arrive sur la table la coupe de vin chaud du nelda, parfaite diversion pour laisser le docteur narrer une rencontre qui fut visiblement fort instructive.


~Edoar Edaregord œil du poinçon~
Frère de la superbe nelda célibataire qui a gagné le concours de poésie d'Arameth


 
Petrorius

Le Sukra 6 Nohanur 1510 à 15h46

 
Et bien, l'affaire est complexe.

Je cherche le meilleur angle d'attaque. L'ironique "je n'ai point été déçu" a été reçu au premier degré, mais c'est de ma faute.

Notre première Dame s'est montrée à la fois très intéressée, et très... discrète. C'est un mélange un zeste étrange, que je n'interprète point, faute d'éléments. Apparemment, elle souhaite en savoir davantage et apprécierait de me voir poursuivre mon travail, creuser la question, valider ou invalider mon hypothèse en la nourrissant de données supplémentaires.

Mais ceci posé, Syphine Andromar s'est bien gardée d'exprimer ce qu'elle pensait, sur le fond, de la conjecture essentielle : celle d'une interaction puissante et destructrice entre les altérations de notre réalité d'une part, et les blocages de l'histoire d'autre part. En clair, j'ignore si ses encouragements procèdent d'un désir de mettre un brave mais envahissant docteur au placard, sachant qu'il met le nez dans des affaires qui ne le concernent point, ou d'une volonté réelle de m'orienter vers quelque chose d'important pour la Confrérie.

J'en étais de ces considérations lorsque j'ai reçu des informations plutôt inattendues, via la propage Nelle, d'un illustre personnage : le roi fraternel Elchior.
Pour lui, la conjecture précédemment proposée est nulle et non avenue. De plus, le progrès n'est pas stoppé, mais simplement ralenti, pour des raisons qui n'ont rien de mystérieuses : abandon de l'aide des nemens, nécessité de recentrer les activités des factions sur la seule survie, dénatalité globale en réaction au Dhapu. Enfin, les altérations du réel que d'aucuns ont observé à la Perle d'affectent ni Oriandre, ni Farnya.
Le souverain connaissant sa faction évidemment mieux que moi-même, je ne puis qu'en convenir. Dès lors, de ce point de vue, toute mon étude est bonne pour le panier.


J'écarte les bras en signe d'impuissance :

A partir de là, Avih mon Chambellan : quelle stratégie adopter ? Sans soutien dans mon travail, dénigré par les uns et réfuté par un roi, je déclare forfait : l'acharnement n'a de sens qu'à l'aune d'arguments sérieux, or, je n'en ai plus. En sciences, il faut accepter l'échec comme le succès : avec philosophie...

Reste l'étude des effluves ou tout du moins, de leur propagation. J'ai requis l'aide d'un propage, dont la sensibilité à la corruption semble exceptionnelle, et d'un confrère bien outillé. Le premier m'a envoyé paître, le second y réfléchi. Rien de nouveau sous le soleil, donc...


Je souris, avec naturel

J'étais bon médecin, l'année dernière. La symbiose a fait de moi un mauvais chercheur. J'ai donc une vraie nouvelle à vous annoncer :

Je vais revenir à ma vie d'avant.


Docteur Petrorius.
Médecin. Arracheur de dents. Aliéniste.
Sur rendez-vous.

 
Hohen

Le Dhiwara 7 Nohanur 1510 à 14h12

 
Ai-je d'autres choix ? Celui de rester silencieux et immobile. Témoin de ce qui se passe sans en prendre part, j'assiste à une énième conversation scientifique qui me dépasse sauf à un instant où je perçois parfaitement certains mots. Je ne peux retenir un haussement de sourcil puis un deuxième. J'ai du mal à comprendre une telle situation. Pour le peu que je connaisse de la science et ce qu'il dit me le confirme, mais le but d'une théorie est d'être éprouvée par des faits. Echecs possibles mais est-ce là réellement la fin de tout. Des chercheurs s'acharnent sur des questions pendant des années voire des décennies, remettant en cause sans cesse leurs propres théories ou modes opératoires. Un échec signifie-t-il la qualité d'un chercheur ? Je n'y connais rien mais j'ai envie de dire non.

Bon à rien de mon état, je ne suis d'aucune aide dans ses travaux, ce n'est pas ma mission, ni mon rôle et j'assiste impuissant à ce qu'il se passe sous mes yeux. Je pourrai également intervenir, protester ou argumenter mais ce n'est pas mon rôle. J'ai pourtant du mal à me retenir mais je dois apprendre à me cantonner à ma place et respecter certains choix, parce que je ne peux pas les comprendre.

Alors j'écoute, impassible, redescendant mes sourcils, ce qu'il se passe sous mes yeux.


 
Edoar Edaregord

Le Matal 9 Nohanur 1510 à 14h56

 
Le nelda est surpris de l'annonce du docteur. Qu'a t'il bien pu se passer durant la rencontre avec Syphine pour justifier une telle évolution ?

Il lance un regard interrogateur à Hohen, ce dernier étant peut être au courant de quelques choses....


Docteur, j'avoue que ce discours ne vous ressemble guère, jusqu'à présent même une théorie émise par un premier né ne vous a pas fait renoncé donc j'avoue que je ne comprends pas ce revirement.

Puis d'une voix légèrement engoissée, le chambellan pose la question dont il craint maintenant la réponse.

Vous dîtes vouloir retourner à votre vie d'avant...

Voulez vous dire que vous allez.... quitter le Limonaire ?



~Edoar Edaregord œil du poinçon~
Frère de la superbe nelda célibataire qui a gagné le concours de poésie d'Arameth


 
Petrorius

Le Matal 9 Nohanur 1510 à 15h50

 
Vous avez partiellement raison ; un chercheur doit savoir conserver son sang-froid et passer outre les obstacles qui s'opposent à son projet d'explicitation du monde.

Cependant, il doit aussi tenir compte des éléments qu'il rassemble dans ses investigations, sous peine de sombrer dans un autisme facile et sans issue. C'est un jeu d'équilibriste permanent, dont je suis coutumier. Et force est d'admettre que depuis quelques temps, la balance penche du mauvais coté, au point qu'il me faut renoncer à l'essence même de mes hypothèses initiales.

Vous connaissez mon travail sur la stagnation manifeste de l'histoire, je n'y reviens point. En voici un résumé, que je vous laisse en héritage, si j'ose dire. Un héritage qui n'a aucune valeur savante, comme vous pourrez le constater dans quelques instants, si ce n'est de constituer une bonne histoire, une fiction inventive et plutôt bien ficelée, enfin... j'aime à le croire. Faites-en un roman, à l'occasion, il y a là une matière qui pourrait être exploitée à cette fin. Car comme œuvre de science, c'est - hélas - de la poudre aux yeux :

Comme vous le savez, le corps central de mon étude repose sur une conjecture fondamentale, un postulat nécessaire et suffisant. On peut le résumer en une phrase : j'attribue l'immobilisme historique des factions poussiéreuses aux conséquences en cascade des altérations du plan d'urbanisme conduites par les cités nemens dans leur tâche protectrice envers leurs habitants.

Toute ma recherche repose sur l'idée que les cités poussiéreuses altèrent la réalité et de ce fait, effacent l'histoire de la poussière à mesure qu'elle s'écrit. Mais si cela s'avère faux, cette recherche s'effondre, comme un bâtiment pesant dont les fondations seraient de papier. Et c'est ce qui s'est produit, au terme d'un très bref dialogue, qui m'a vu converser par propage interposée avec le roi fraternel Elchior lui-même. Voici ce que m'a dit ce puissant souverain, premier-sorti de son état (ce que n'est point notre Grande Chambellan du Terreau) :


Citation :
Ce qui est vrai, c'est que dans les premiers siècles après notre arrivée notre expansion intellectuelle a été impressionnante.
Ceci avait deux causes.
Nos souvenirs et l'aide des Nemens.
Car ils nous ont aidé sur la sorcellerie, pour nous adapter vu que nous n'en savions rien à notre arrivée, mais pas uniquement.
Nos souvenirs étaient nombreux, les Tchaës avaient cette particularité par rapport aux autres races d'avoir un passé inscrit dans leurs âmes.
Des plans, des théories, des procédures.

Grâce à cela, et à l'aide Nemen pour adapter notre ancienne technologie, nous avons pu recréer la majeure partie de nos inventions d'antan.
Partant de là, certains artisans se sont illustrés ensuite, comme Arkantarok.

Puis il y eut la Coruscation. Et la fin de l'aide des Nemens.
Cela a mis un frein, à la fois psychologique et technique, à nos avancées fulgurantes.
Il n'y a nul complot là dessous, juste une réalité.
Les Nemens nous ont aidé et permis de survivre, puis ils nous ont laissé nous débrouiller seuls.
Cela a tout changé.

Pas uniquement parce que leur aide nous permettait de progresser plus vite, mais surtout parce que nos priorités ont changé.
Sans l'appui militaire des Nemens, subvenir aux besoins de nos peuples est devenu la priorité absolue.

Ajoutez à cela le drame du D'hapu, qui a fait que nos populations, pas seulement celle des tydales, se sont vues effrayées d'engendrer.
Et nous sommes ainsi si peu nombreux.
Nos souvenirs nous disent que nous pourrions être bien plus sur une telle durée.
Mais nous sommes une dizaine de milliers.
Il y a aussi évidemment la mort qui rodait à nos portes qui a considérablement empêché notre évolution naturelle.
Les symbiosés ont tendance parfois à l'oublier, mais la vie sur Syfaria est très dure pour ceux qui ne meurent qu'une fois...

Alors, depuis quatre siècles nous avons fait des progrès, sur certains points sensibles.
La conservation des aliments, l'étude des plantes, la gestion de nos déchets, l'exploitation des réserves d'eau, etc...
Mais ces progrès sont faibles au regard de notre progression des premiers siècles, ceci amenant sans doute votre docteur à se faire cette opinion radicale.

Il a sans doute pu consulter nos ouvrages.
Mais d'une part il n'a pas pu avoir accès à tout, et d'autre part on ne voit que ce qu'on veut bien voir.

Il n'y a pas de complot.
Il y a une terrible réalité.

Par contre, son point de vue a un mérite exemplaire : il pointe du doigt que l'époque a changé.
Et qu'il serait peut être temps de mettre en place d'autres politiques.
Moi et les autres premiers dirigeants y réfléchissons...

Sur le fait que les Nemens voudraient nous brider, ce qu'il exprime en somme, je ne peux pas le nier.
Il a sans doute raison : les Nemens n'ont rien fait pour nous aider concrètement depuis quatre siècles, et ils sont sans doute satisfaits de notre relative stagnation.
Les recherches sur la Coruscation leur avaient fait peur, et je les comprends.

Mais croyez moi : ils n'ont pas eu besoin d'agir pour nous freiner.
Ils ont juste eu besoin de ne plus agir...


Décortiquons ensembles, si vous le voulez bien, ce qui nous est ainsi transmis. Notez que Sa Majesté Elchior n'est point avare de ce qu'il sait, qu'il argumente avec force et sérieux, m'évitant ainsi de perdre un temps précieux en de vaines spéculations. Bref, que dit le roi tchaë ?

- Que les changements qui affectent les canaux d'Arameth, changements que je croyais universels et conséquemment susceptibles d'affecter toute la poussière, n'ont pas cours dans les cités fraternelles.
- Que l'histoire n'est point stoppée, mais simplement ralentie. Exit donc l'effacement collectif des savoirs acquis, ce qui n'a rien d'étonnant désormais, puisqu'il ne s'explique plus.
- Que ce ralentissement s'explique simplement par les conséquences pratiques et psychologiques de l'abandon des nemens d'une part, et la malédiction du Dha'pu d'autre part.
- Que j'ai pris ma vessie pour une lanterne, ce que le haut personnage exprime charitablement par "on ne voit que ce qu'on veut bien voir", construisant de fait une théorie aussi passionnante qu'inexacte.
- Qu'enfin, il n'y a pas de complot à proprement parler, si ce n'est la volonté plus ou moins avouée des nemens de nous voir calmer nos ardeurs en matière de recherches, qu'elles soient technologiques ou ésotériques, compte tenu des dégâts que nous occasionnons régulièrement à leur satanée trame.

Notez en passant une confidence étonnante : il est dit que les premiers-sortis travaillent ensembles, sur le plan politique...
Notez aussi que nous négocions du sel à la coalition, à mon avis. C'est ainsi que j'interprète l'impunité de nos villages, entre autres mystères tenaces. Mais c'est un autre sujet.

Le roi Elchior observe qu'avec ce travail, je pointe du doigt un changement d'époque, impliquant un nécessaire réajustement de la politique poussiéreuse : je dirais, compte tenu de l'avènement de la symbiose, de la découverte des obsessions, de la fin du siège d'Ulmendya, de la malédiction des nemens par Loïa et de la perte récente de nombreuses grandes villes, qu'il s'agit là d'une lapalissade comme j'en ai rarement entendue !
Or donc, ce que j'ai trouvé est soit complètement faux, soit connu de tous. Dans de telles conditions, insister serait absurde au-delà des mots, et j'ai encore quelque once de lucidité.


Je marque une pause, le temps de boire doucement une bonne lampée de vin chaud.

Je ne vais point quitter le Limonaire, Avih mon Chambellan. J'ai trouvé dans votre horloge une ambiance et des personnes dont je ne puis désormais me passer. En revanche, j'y serai plus discret : par "revenir à ma vie d'avant", j'entends renoncer à la symbiose. S'il est une chose que j'ai compris, c'est bien que cet état dépend avant tout d'une volonté commune, celle d'une personne et de son mou. Or, tous deux relâchons progressivement nos liens, et j'augure que ces derniers cesseront sous peu.

Pour une fois direct et naturel, je résume l'affaire sans fioritures :

Le cœur n'y est plus, Edoar. Et je manque à tous mes devoirs, de médecin et de père, en persistant dans une voie qui ne me convient point.

Docteur Petrorius.
Médecin. Arracheur de dents. Aliéniste.
Sur rendez-vous.

 
Edoar Edaregord

Le Matal 16 Nohanur 1510 à 01h03

 
Interdit, le nelda reste pendant de longues secondes sans voix.

ll jette un regard incrédule à Hohen, espérant peut être que ce dernier mette un terme à la triste farce qui est entrain de se jouer. Finalement après de longues secondes il se lance.


Je vois...

Vous savez, les confrères ayant réussi à établir des liens aussi puissants avec une faction étrangère se comptent sur les doigts d'une main à Arameth...

Apprendre le tchae ancien, confrontés vos théories avec un premier né, émettre des théories novatrices sur la diffusion des effluves, je n’appelle pas cela un échec docteur. Je donnerais tout ce que je possède pour voir tous les membres de notre horloge échouer d’une telle façon…

L’argument concernant votre famille je peux l’accepter même s'il suffirait que nous vous trouvions un poste moins contraignant dans l'horloge pour y remédier mais pour le reste…

Foutaise…

De tous les symbiosés de notre horloge, vous êtes le dernier que je m’attendais ainsi à voir jeter l’éponge. Je crois que vous ne comprenez pas ce que va signifier la perte de votre symbiose pour un esprit tel que le votre docteur.

Là où vous avez mis quelques mois à apprendre une des langues les plus complexes de Syfaria, le reste de votre vie ne suffira pas à rééditer l’exploit ! Votre esprit va s’embrouiller, vous allez vous sentir lent, stupide, mutilé ! Pour être tout à fait honnête je doute même que vous soyez capable de travailler aussi bien que vous le faisiez avant votre symbiose.

Sincèrement je ne pense pas qu’un scientifique comme vous y survive.

Je vous conjure de tenter d’inverser le processus car c’est la folie voir la sénilité qui vous attendent si vous laissaient votre mou s’en aller.


~Edoar Edaregord œil du poinçon~
Frère de la superbe nelda célibataire qui a gagné le concours de poésie d'Arameth


 
Petrorius

Le Merakih 17 Nohanur 1510 à 16h51

 
J'ai l'impression que mon bon Chambellan se prend les pieds dans le tapis des poncifs, aussi rectifiai-je le tir une dernière fois avant de faire ma révérence. Je ne voudrais point tout laisser en vrac derrière moi, tel un malpropre. Secoué d'un petit rire sec, je dis :

Par exemple, Avih Edaregord ! Votre perception de l'existence est pour le moins sinistre ! Ne me faites point l'article sur la non-symbiose, je la connais tout autant qu'un chacun, et pour cause : j'en viens.

Folie et sénilité, rien que cela ! Allons ! A qui ferez-vous gober pareilles fadaises ?
A un aliéniste de métier ?
Tsss !


Je me lève tranquillement, les mains posées à plat sur la table :

Nous n'avons plus beaucoup de temps, mon ami. Je dois rapatrier mes enfants au châtelet, tant que la symbiose m'offre ses puissants services et m'autorise à voyager. A l'occasion, songez à ce que je viens de vous dire à propos de notre sel... il y a là une piste extraordinairement dangereuse - et fort prometteuse - à explorer, pour un esprit sagace.

Mais ce n'est plus mon affaire.


Je me découvre élégamment.
Une dernière fois.


Adieu, Edoar.

Je salue l'Ordinant Hohen et je sors.

*** ***


Docteur Petrorius.
Médecin. Arracheur de dents. Aliéniste.
Sur rendez-vous.

 
Edoar Edaregord

Le Merakih 17 Nohanur 1510 à 23h10

 
Le chambellan regarde le docteur se lever sans un mot supplémentaire. Décidément il n'a jamais vraiment compris le personnage et le regrette profondément.

Adieux mon ami... Puissiez vous trouver ce que vous cherchez avec tant d'ardeur.

Alors que l'érudit quitte l'établissement le chambellan se tourne vers l'ordinant.


Vous étiez au courant de sa décision ?

Que c'est il passé exactement durant la rencontre avec le grand chambellan du Terreau qui puisse provoquer cette réaction ?


Le regard que pose le chambellan sur Hohen est particulièrement froid. On a presque l'impression qu'il reproche à l'ordinant la perte de son plus brillant érudit.


~Edoar Edaregord œil du poinçon~
Frère de la superbe nelda célibataire qui a gagné le concours de poésie d'Arameth


 
Hohen

Le Sukra 20 Nohanur 1510 à 11h48

 
Je restais impassible devant ce qu'il se passait sous mes yeux. Point d'au revoir cette fois. Un aller simple pour une vie normale. Sans symbiose. J'hésite toujours à prendre la parole, tenter quelque chose ou simplement dire merci. Peut-être était-ce la raison de ma présence après tout ? Mais les implicites sont délicats à saisir pour mon esprit simple. Ou juste être un témoin supplémentaire. Mon rôle de toujours, regarder en silence. Mais il va falloir que je brise ce silence qui m'est si cher lorsque je vois un chambellan passablement agacé qui me questionne.

Je n'étais au courant de rien.

Je n'avais pas grand chose d'autre à dire après tout. Certes Petrorius avait été quelque peu contrarié par certaines réponses mais il semblait l'être tout le temps. Que ce soit les réponses d'étrangers ou d'autres confrères ne changeait pas grand chose. Le résultat est le même. Que puis-je y faire ?

A..avih Petrorius a du vous parler de cette réunion mieux que moi. Il a exposé sa théorie expliquant que la sorcellerie et les cités freinaient le...développement des factions poussiéreuses. La Grande Chambellan a remis en cause certains points relatifs aux cités et la propage Nelle défendait la sorcellerie. Le docteur a essayé de défendre son point de vue et le sens des échanges suivants m'a...m'a échappé. La Grande Chambellan a conclut l'entretien en encourageant des recherches plus approfondies mais vous...vous comme moi savons ce que ça veut dire.

D'aller voir ailleurs.

Il y a trop...de secrets. Mettre le nez dans des choses trop secrètes, trop importantes, trop sensibles. Trop pour un poussiéreux.

Je ne veux pas en savoir plus. Ouvrir la boite de Pandore, la curiosité est grande mais les risques le sont encore plus. Je l'ai vu de mes yeux, lors de l'attaque, cette petite vieille se promenant au milieu du champ de bataille sans être attaquée, face au plus grand monstre de Syfaria et de ses sbires, là où des centaines de poussiéreux avaient du périr. Aucun rejeton ne l'attaquait ou ne daignait baisser les yeux sur elle. Je ne préfère pas apprendre comment elle a fait, quel pacte elle a conclu avec des parties peu recommandables, comment elle a avoué à demi-mots avoir négocié avec des rejetons pour notre sauvegarde. Je maudis ce vieux cinglé de m'avoir fait tremper dedans, j'ai du mal à garder mon stoïcisme naturel, trop d'interrogations me taraudent.

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