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Les Dédales du Luth

Le palais du Minotaure

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Sujet lancé par Agliacci
Le 12-01-1511 à 19h54
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Posté par Agliacci,
Le 03-02-1511 à 22h57
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Agliacci

Le Merakih 12 Jangur 1511 à 19h54

 


Voilà le Minotaure, monument d’une Vénus monstrueuse, enfin l’œuvre fameuse, dans son palais aux détours inextricables.

Mais au Luth, les vétérans l’appellent, très affectueusement : ‘Nono.’

Le Minotaure en lui-même n’est guère plus qu’une sculpture de marbre représentant la célèbre créature mythique, dressée au centre d’une des multiples places animées et bruyantes des Dédales. Si ‘Nono’ est si bien côté dans le quartier, c’est parce qu’il a la petite réputation d’accomplir les souhaits que l’on formule en jetant quelques piécettes dans sa gueule entrouverte. C’est un peu le même folklore que, mettons, les étoiles filantes et les fontaines. Qui en profite vraiment, c’est une autre histoire. Disons qu’il est fort probable que le lanceur de la superstition et le créateur de la statue n’aient plus jamais besoin de fournir de sueur sur l’autel du labeur.

Contrairement à ce que l’on pourrait attendre, la bête sculptée n’a rien de bestial ou de sauvage ; au contraire, ses traits sont curieusement contemplatifs, et il courbe sa tête de marbre en avant comme pour observer avec curiosité les poussiéreux qui passent et s’agitent à ses côtés. Que peut-il bien en penser ?

Agliacci lui renvoie son regard avec une énorme poutre de bravade dans l’œil. La posture droite, les bras croisés, le sourire rogue, la tydale le défie clairement. Vêtue d’une simple chemise à jabot violine et d’un pantalon qui représente l’essence-même du pantalon de pirate, elle abhorre en plus le traditionnel et grandiloquent chapeau signé de l’incontournable tête de mort. Avec ça, elle en est sûre, son rendez-vous ne risque pas de la louper par hasard, même avec toute la mauvaise volonté d’un commerçant aramethéen lambda.

Le premier qui cligne des yeux est fini, fichu, foutu, son ego passera au moulinet de la défaite et sera annihilé par la râpe de l’humiliation, enfin, tout du moins pour les trois prochains jours. Agliacci va jusqu’à plisser les yeux d’un air sombre et menaçant, histoire d’intimider le bout de marbre qui se prétend grand joueur, mais rien à faire : le Minotaure ne ploie devant aucune de ses ruses d’actrice de théâtre Z.
C’est au bout de quelques minutes que, reniflant bruyamment, la donzelle passe une main sur ses yeux et essuie quelques larmes qui coulent de ses yeux écarquillés.


-Bon. Ça va. La victoire est à toi - pour cette fois, concède-t-elle à la créature mythologique.

Changeant de position, elle s’adosse contre la créature, se laissant aller au plaisir d’un rayon de soleil de passage. Sur la place, quelques artistes de rue s’échinent à tendre une toile de plusieurs mètres. D’autres encore perfectionnent leur numéro, à l’intimité d’un peu d’ombre. Un sourire rêveur s’empare du visage d’Agliacci alors qu’elle s’absorbe dans ses réflexions, guettant avec patience l’arrivée de Kalu.


Comme si c'était la dernière fois. La première fois.

 
Kalu

Le Luang 17 Jangur 1511 à 17h45

 
Je la retrouverai aisément...

Ces mots résonnaient dans l'esprit de Kalu tandis qu'il errait dans les rues à la recherche de celle qui lui parlerait du Luth sans pour autant réellement connaître l'identité autant physique que psychologique de son rendez-vous.

Si elle m'a dit cela, c'est qu'elle se mettra sûrement en valeur d'une manière ou d'une autre pour être facilement reconnue par un étranger la cherchant.

Tout en méditant ses pensées, le Tydale faisait les cent pas, allant d'Est en Ouest, du Sud au Nord, puis en faisant demi-tour pour entreprendre des fouilles plus approfondies.

C'est ainsi qu'il la vit, arborant fièrement un accoutrement de pirate, appuyée à la statue dressée derrière elle. Un imposant Minotaure. Il hésita un instant, préférant observer de loin autant l'édifice superbement sculpté que la femme à ses pieds puis se décida après s'être épousseté les vêtements.


Bien le bonjour.
Dame Agliacci je suppose ?


 
Agliacci

Le Vayang 21 Jangur 1511 à 16h13

 
Les yeux vairons de la tydale se redressent aussitôt vers Kalu, aussi brusques qu’un diable émergeant de sa boîte.

Elle-même.

Agliacci prend en compte la présence du tydale, l'intègre dans son paysage sensoriel, du reste légèrement brouillé par l'indolence qui la gagne. De ce qu’elle peut en juger, le va-nu-pieds doit être légèrement plus âgé qu’elle, mais l’entrain qui goutte de son visage et son apparence négligée lui confère une aura plus juvénile du point de vue de la Luthière.

Elle se détache du monstre de marbre et s'avance vers lui, une ombre de sourire aux coins des lèvres :

J’espère que le Dédale ne vous a pas trop égaré. S’y perdre est bien plus aisé que d’y trouver son chemin.

Certains prétendent qu’il faut y voir une certaine forme de réflexion philosophique. Se perdre pour mieux se trouver, allumer des lanternes en plein jour, quelque chose comme ça. Si vous voulez mon avis (et quand bien-même ne le voulez-vous pas), c’est une justification idiote. Je serai plutôt partisane d’échanger deux mots avec les architectes qui ont monté un quartier pareil. Ils ont certainement beaucoup à enseigner sur la psychologie araméthéenne, à défaut de pouvoir bâtir une avenue qui ne débouche pas sur un cul-de-sac.


Sa figure reprend une certaine forme de sérieux, bien que l’éclat vivace de ses yeux reste alerte. Elle tend spontanément la main le bras vers Kalu, l’invitant à échanger une poignée de mains comme salutations.

Enchantée, Kalu. Et je suppose que je devrais vous féliciter pour votre entrée dans les rangs des symbiosés. C'est...enfin...la symbiose vous sied-t-elle ? demande-t-elle avec une soudaine pique de curiosité.


Comme si c'était la dernière fois. La première fois.

 
Kalu

Le Luang 24 Jangur 1511 à 20h53

 
Tout comme elle semblait l'observer, le tydale fit un rapide descriptif de la jeune femme qui se tenait devant lui. Il la surpassait de quelques centimètres et peut-être aussi de quelques années. De par ses gestes rapides, elle paraissait pleine d'entrain, ce qui déstabilisa Kalu qui ne s'attendait pas à un accueil si... Disons qu'il ne s'attendait tout simplement pas à ça sans trop savoir pourquoi.

Il sourit aux propos concernant l'architecture du labyrinthe, pensant intérieurement qu'un plan ferait sûrement partie de son inventaire si une future visite devait se faire en ces lieux.

Tendant la main pour répondre au geste de son interlocutrice, il la salua en poursuivant la conversation.


Je suis tout autant enchanté d'enfin vous voir.
...
La symbiose ?


Une rapide pensée se dirigea vers la boule grise qui se tenait silencieusement sur son épaule.

Oh ! Disons que je m'y fais doucement. Un si brusque changement ne peut se faire sans séquelles je suppose. Il m'arrive encore d'avoir quelques maux de têtes.

Il ria bêtement, gêné, sa main droite frottant l'arrière de sa tête tandis que la gauche pendouillait, l'air un peu idiot dans sa tenue dépravée.

Mais je saurai passer outre et être patient en m'y faisant petit à petit.

Et vous, dîtes moi. Vous l'êtes depuis longtemps ? Symbiosée je veux dire. Avez-vous rejoint le Luth après l'avoir été ou bien l'inverse ?


Il était désormais dans une posture normale, les yeux écarquillés et semblant dévorer toute parole dont il pourrait en tirer des connaissances.

Aviez-vous vous aussi du mal à vous y faire au début à toutes ces nouveautés, ces changements qui surviennent d'un coup au milieu d'une vie normale ?

 
Agliacci

Le Merakih 26 Jangur 1511 à 16h40

 
Elle s’amuse de la mention d’une ‘vie normale’ ; vu l’allure négligée des haillons de son compagnon, sa normalité doit être bien relative…un immigrant récent des lointaines contrées maternelles, ou bien un de ces multiples enfants oubliés dans les Bas-fonds ? Un rêveur bohème, débarqué sur la fange du trottoir à la recherche d’un quelconque paradis ? Dans tous les cas, Agliacci apprécie immédiatement le ton de voix agréable du jeune homme et son jeu de posture, que son esprit trop rôdé à la dramaturgie ne peut s’empêcher de pointer d’un air inquisiteur.

Vie normale ? Vous ne me paraissez pas vraiment avoir mené une vie des plus normales. Je me trompe ?, fait-elle, arquant indélicatement un sourcil qui, s’il n’est pas curieux dans son essence, parvient avec brio à former une courbe indiscrète et fouineuse.

Pour ce qui est de ma symbiose…

Je crois avoir bien plus mal réagi que vous. J’avais l’impression qu’une multitude d’êtres imaginaires s’étaient accumulés sous mon crâne et gueulaient à qui mieux-mieux pour savoir lequel occuperait le plus d’espace. Ce qui s’avéra être le cas. J’ai longuement envisagé l’hypothèse de la schizophrénie, dans l’espoir que cela n’était qu’un délire issu de mes divagations, mais il a bien fallu que je me rende compte que j’allais désormais avoir à supporter toutes les insanités des esprits les plus tordus d’Arameth.


Agliacci retient un sourire :

Enfin, ça, ne leur répétez pas, rajoute-t-elle, amusée. Et puis, de toute façon, avec l’expérience, on parvient très bien à ignorer le consensus. Même si, pour ma part, j’ai vite pris goût à la symbiose : c’est un phénomène fascinant…

Si seulement cette capacité télépathique pouvait se faire sans l’entremise des mous.


Elle roule des yeux, songeant, non sans une pointe d’ironie, au terrible petit être qui s’était lié avec elle. Svev se considérait comme l’équivalent des anthropologues chez les mous, et avait tendance à regarder les poussiéreux comme des sujets d’expérimentation et d’étude tout à fait bizarres et incongrus. Dont sa symbiosée, sujet principal de ses recherches, qui s’en serait par ailleurs bien passer.

Adressant un petit sourire à Kalu, elle lui fait signe d’avancer, et commence à le guider à son pas au niveau d’une ruelle attenante. Tout en continuant à répondre à la question du tydale.

Je me considère souvent comme une symbiosée récente, étant donné que nombre de confrères et consœurs sont mes aînés à ce niveau-ci et possèdent bien plus de connaissance et d’expérience que moi. Ceci dit, dans les faits, je crois que ça va bientôt faire…deux ans ? Quelque chose comme ça.

Et j’ai rejoint le Luth après ma symbiose. Dans la branche de l’Art. Vous me devez nombre d’affreuses peintures sur mur, de musique de taverne, de spectacles scandaleux, et je ne compte plus les pamphlets et les correspondances que j’entretiens avec les penseurs avinés des salons. Enfin, bon, le Luth grouille d’artistes talentueux qui ont plus de flamme et d’inspiration (et de mécènes), résultat je n’ai que peu de chances de passer à la célébrité à moins de me suicider en pleine représentation à l’Amphithéâtre. Ou, encore mieux, de m’y faire assassiner. S'sarkh, ça, ça serait un sacré coup de fouet à la popularité de mes œuvres. Ça ne vous tenterait pas, à tout hasard, le job d’assassin ? Vous n’auriez pas des compétences à l’épée, quelque chose comme ça ? Ou à l'arbalète ? C'est très bien, aussi, l'arbalète.


Elle est clairement ironique, mais d’une ironie légère et tendre : in fine, la tydale n’attache que peu d’importance à la jungle matérielle du Luth.

Le duo débouche sur une nouvelle place, cette fois-ci beaucoup plus animée que le recoin paisible où règne le Minotaure. Agliacci se rapproche de Kalu, peu désireuse de le perdre au milieu de la foule, mêlée de spectateurs et d’artistes, qui commence à se former autour d’une sorte d’arène de sable. Quelques funambules s’exercent en hauteur, balancent leurs longs corps filiformes en costumes de mime au-dessus du vide, font les gros yeux à ceux qui les regardent. Agliacci pose une main légère sur le bras de Kalu :


Un duel d’avocats-rhéteurs, souffle-t-elle, pointant du doigt une espèce d’arène de sable où deux poussiéreux se font face, le dos droit, et s’échangent une suite de palabres inaudibles à cette distance. Expliquant à voix basse : Ce sont des maîtres de la verve. Je les appelle les mots-siciens. Chacun d’eux représente un client, en général des poussiéreux joueurs, des mécènes, des désargentés, qui souhaitent régler des conflits mineurs. Ils doivent passer des exercices stylistiques, imposés par l'arbitre, le tchaë en toge, là-bas. Celui qui brille le plus par son originalité, sa créativité et sa prose, remporte le procès. J’aimerai beaucoup avoir leurs talents.

Quoiqu’elle jette des regards appuyés tantôt vers le funambules, tantôt vers les avocats-rhéteurs qui se lancent dans un duel d’anagrammes, son attention revient toujours vers Kalu.

Je vous baratine avec mon Horloge, alors que je ne vous ai pas même demandé ce que vous pensiez de l’Art, remarque-t-elle calmement, inclinant la tête de côté.


Comme si c'était la dernière fois. La première fois.

 
Kalu

Le Sukra 29 Jangur 1511 à 21h21

 
Kalu était fasciné. Il avait été tellement pris par la recherche d'Agliacci qu'il n'avait même pas remarqué tout ce qui venait de se dévoiler sous ses yeux au fur et à mesure des paroles de la Tydale. Dorénavant il écoutait d'une oreille distraite en jetant des coups d'oeil à droite à gauche.

Ça ne vous tenterait pas, à tout hasard, le job d’assassin ?

Le Tydale eut un léger sursaut.

Je n'ai ni de compétence au maniement de l'épée ou de l'arbalète, ni le courage de m'en prendre à vous.

Souriant, il ajouta pour continuer dans l'ironie du sujet :

De plus, il serait mal vu de s'en prendre à mon guide.

Continuant leur route au milieu de la foule, le groupuscule s'arrêta lorsque la main de la jeune femme se posa sur Kalu.

Des avocats-rhéteurs... C'est une manière pour le moins originale de remporter un défi.
...
Vous voulez savoir ce que je pense de l'Art ? Eh bien...


Il prit un instant pour choisir ses mots devant la tête interrogatrice d'Agliacci.

Disons que je sais apprécier ses subtilités, qu'elles soient sous forme d'une sculpture telle que ce Minotaure, sous la forme d'une peinture ou encore verbale mais je n'ai, contrairement à vous, pas le moindre génie pour aucune de celles-ci. Je manoeuvre quelque peu le verbe mais je serais bien incapable d'en faire un poême à une belle. Je ne suis pour l'Art que spectateur, néanmoins spectateur tout de même.

 
Agliacci

Le Julung 3 Fambir 1511 à 22h57

 

Agliacci répond immédiatement à la plaisanterie de Kalu par un clin d’œil malicieux, et rajoute :

Oui, surtout lorsque le dit guide est la seule à savoir où vous êtes actuellement et comment en sortir. Je vois que les règles de survie élémentaire ne vous sont pas étrangères. Vous connaissez la règle numéro un aussi, j’imagine ?

Elle note avec surprise, du coin de l’œil, le soubresaut du jeune tydale. Elle avait tantôt évoqué le sujet des armes uniquement pour observer une réaction chez Kalu ; au vu de l’apparence du jeune homme, et de son hésitation à entrer dans le Poinçon, Agliacci avait pensé que ce dernier devait sinon connaître, au moins s’intéresser au maniement des armes. Un talent qui n’est pas toujours inappréciable dans le Luth. Ce n'est pas vraiment la réaction qu'elle avait imaginé. Le tydale avait-il été du mauvais côté de la lame ?
Ah, le doux attrait de l'inattendu...!

Son regard repart vers le duel verbal qui se tient lieu à quelques mètres et qui occupe la foule.


Vous avez raison, acquiesce-t-elle. Si ça vous intéresse, à l’occasion, passez voir les Gladi-Acteurs. J’en suis.

Quant à la réponse de Kalu sur l’Art, elle invoque un sourire sur le visage de la tydale. Sa curiosité transpire par tous les pores de sa peau, par l’éclat de ses yeux, l’inclinaison de sa nuque ; puis s’efface, lentement, pour laisser place à la réflexion.

Et c’est déjà très bien, fait-elle. J’ai parfois du mal avec la scène araméthéenne. J’ai souvent l’impression que…eh bien, que les spectateurs sont lassés, noyés, amorphes, indifférents. Ils sont des spectateurs, mais souvent purement oculaires. Ils ont perdu…la faculté de s’émerveiller. De se lancer, eux aussi. Je généralise, bien entendu, mes propos ne sont que des spéculations, mais…eh bien, ça me frappe souvent de voir à quel point la vie courante peut être apathique ! Est-ce la faute à ceux qui devraient l’illuminer, à tous ces artistes qui ne savent plus sortir du carcan et du prévisible ? Ou une forme de crève-cœur générale, une mollesse languide qui interdit la brusquerie, le sursaut ? Ou est-ce moi, simplement ?...Je...


Agliacci se tait brusquement.
Quelle idiote !
La voilà qui se confie au premier venu, laisse les palabres couler de ses lèvres comme de l’eau des montagnes. Elle s’en veut pour cet emportement. N’est-ce pas elle qui est censé sonder Kalu, et non l’inverse ? Depuis quelques temps, la tydale est plus renfermée ; et la crainte qui lui serre le cœur – celle de se perdre parmi la multitude, celle de s’incorporer à la masse molasse qu’elle critique avec tant de fougue - la tourmente bien plus facilement. Elle jure intérieurement, furieuse contre elle-même, et reprend d’une voix maîtrisée :


L’Art…une chose bien mystérieuse, n’est-ce pas ?
Lorsque j’en entends parler, je pense tout de suite aux Beaux-Arts. La peinture, la sculpture, la musique, le théâtre…des catégories bien pratique, bien délimitées. Et grandioses, et superbes, et perverses.
Oh, je sais qu’il fût un temps, autrefois, où l’Art était considéré comme une technique. N’est-ce pas de là que vient l’expression « l’art de la manière » ? L’astrologie est un art. La mathématique en est un. La diplomatie aussi. Mais comment la politique confraternelle pourrait-elle même se passer de l’Art ?

D’ailleurs, le Luth n’accueille pas que des artistes – entendez, des folâtres dans mon genre, des poussiéreux animés par le goût de la création - en son sein. Il y a bien entendu les Diplomates, qui manie les mots comme des lames et vous gracie ou vous tue d’une phrase…mais aussi tout le peuple moins visible du Luth : les Matassins, ceux sans qui rien ne serait possible mais qui n’occupent jamais la scène. Costumiers, décorateurs, techniciens, assistants personnels… - Ils sont toujours dans l’ombre, au service des leurs.
Le clair et l’obscur, on appelle ça, par ici.

Le Luth a la spécificité Kalu, d’habiter tant la lumière que l’ombre. Il a une pulsation, il est le cœur de la Confrérie, il a un rythme : celui de ce que vous ne voyez pas. Les Luthiers vivent sur cette frontière. Ils dévoilent et voilent dans un même mouvement…ils se nourrissent de mystères, s’abreuvent de secrets, se cryptent et se troublent pour un rien, pour le plaisir.
Pour la Confrérie.
Tous les Luthiers ne naviguent par sur cette double-voie. Mais n'empêche que c'est là le fondement du Luth : le lien entre les gens du clair et les gens de l'ombre. Une très belle valse, en vérité.


Agliacci fait une courte pause, se demandant si Kalu a pu saisir ses sous-entendus sibyllins. Sont-ils vraiment nécessaires face à un confrère ? Pas vraiment. Mais il faut cultiver l'amour de l'inconnu, n'est-ce pas ?
Elle rajoute tranquillement :


Enfin, si vous avez vécu à Arameth avant votre symbiose, vous devez avoir entendu toutes les rumeurs qui se propagent sur l’Art de la Confrérie…



Comme si c'était la dernière fois. La première fois.

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