Bienvenue dans le forum de Arameth
Bas fonds d'Arameth

La Puante

Page [1]
Détails
Sujet lancé par D'linei
Le 21-03-1511 à 17h39
18 messages postés
Dernier message
Posté par D'linei,
Le 31-05-1511 à 17h43
Voir
 
D'linei

Le Luang 21 Marigar 1511 à 17h39

 
Un gémissement retentit alors que les premiers rayons du soleil atteignaient le frèle abris de planches. Un tas de chiffons bouge. Une odeur pestilencielle se répand. Une tête, immonde, édentée, se soulève.
Le lever de la Puante obéit à un rituel immuable. Les os abîmés par l'arthrose craquent tandis que la silhouette cassée se redresse. Toutes sortes d'objets invraissemblables rejoignent leurs besacess respectives. La capuche noir et trouée viens recouvrir le visage déformé.

C'est une déchue qui se lève. De passé, elle n'en a pas. D'avenir, elle n'en espère aucun. Chaque journée est longue comme une vie. Elle se lève en espérant voir arriver le soir, elle s'endort en priant pour que le matin ne vienne jamais.

Comme chaque jour, elle quitte son fragile abri pour quêter un peu de pain. Comme chaque jour, elle va tâcher de survivre à ce nouveau cycle de la terre. Mais il y a une chose de changée, aujourd'hui. Elle fait désormais partie des symbiosés.


 
Narrateur

Le Vayang 25 Marigar 1511 à 01h21

 
*** La cité, elle, n'a changé en rien. Une machine huilée avec beaucoup de soin fait grincer ses rouages au petit matin. Voici le négociant A. qui a rendez-vous avec le caravanier B. Voyez comme Madame C. met du coeur à l'ouvrage, étalant de la farine sur une planche qu'on distingue vaguement par l’entrebâillement de sa porte.

Les gens passent devant D'linei avec un dégoût qu'ils ne font même pas l'effort de réprimer. Il pleut de la petite monnaie, alors que les nuages sont énormes. La solidarité n'est pas spontanée, tout au plus est-elle négociable. Personne pourtant ne souhaite négocier avec elle.

D'linei est hors circuit.

Que va-t-elle bien pouvoir faire, par exemple, à ce gamin des rues qui court dans tous les sens ? Ou à ce vieux Monsieur rabougri qui marche d'un pas lourd ? Personne ne semble lui prêter attention...

Quelle force lui donne la symbiose aujourd'hui ?

Est-ce vraiment un espoir ?

Ou un fardeau de plus ?

Les soleils continuent leur course dans le ciel, la société tourne au rythme de ses engrenages dévastateurs, qui écrasent le moindre grain de sable,
s'il n'a pas lui-même la force de bloquer leur mouvement. ***


 
D'linei

Le Vayang 25 Marigar 1511 à 15h31

 
Cette force, la femme qui fut jadis nommée D'Linei ne l'avait pas. Elle ne l'avait plus. C'est une créature broyée, presqu'une bête qui se traina dans les rues d'Arameth en agita un vague chapeau destiné à récolter les dons. Une bête sans nom, qui ne répondait depuis longtemps qu'au qualificatif de "Puante".

Pas après pas, elle parcourait les rues, voutée, cassée. Pas après pas, elle mendiait aux habitants de la cité de quoi subsister cette nouvelle journée.


- S'vous plait, m'sieurs-dames. Une petite pièce pour manger ce soir. A vot' bon coeur... égrenait inlassablement sa voix cassée.

Une journée comme une autre. La symbiose pouvait-elle permettre à la Puante de retrouver D'Linei ? De la débarassser des scories, physiques et mentales, que la misère avait amassé sur sa pauvre carcasse, pour lui donner une seconde chance au crépuscule de sa vie ?
Peut-être. Une chose était sûre. Il faudrai du temps.


 
Daer’Nythîs

Le Sukra 26 Marigar 1511 à 14h18

 
C'est une autre poussiéreuse bien différente d'apparence qui déambule dans la ruelle. Mais qu'est-ce que l'apparence? Reflet de la personnalité ou simple contingence ? Arameth elle-même se nomme Perle Sombre. Aspect lisse et velouté de la beauté d’une nacre fuligineuse. Et son cœur, une souillure ainsi cachée ? On ne pouvait en tout cas ignorer les cristaux qui sortaient des murs, des effluves à la corruption maitrisée mais qui restaient là, autour d’eux, à murmurer ses promesses de douleur dans les méandres sombres.

Les murmures qui l’entourent ? Une gamine des bas-fonds, comme il y en a tant, qui un jour a disparue. Réapparue d’on ne sait où, avec une de ces étranges petites boules vivantes, qui permettent à leurs possesseurs bien des merveilles ou des horreurs. Qui s’est élevée dans la hiérarchie comme une dague tranche la chair nue. Pourtant, à la voir dans ses vêtements tous simples, certains, aux idées mal tournées, l’ont confondues avec une poussiéreuse ordinaire. Ils ne sont plus la pour en parler.

Avec ses responsabilités, elle ne trouve que rarement le temps de se promener. Lorsqu’elle le peut, elle en profite. Le hasard l’a amenée ici. Une mendiante proche, apostrophe les passants. La vie semble l’avoir usée, malmenée plus qu’elle n’aurait cru possible. Et là, elle perçoit une infime note mentale, d’une symbiose partagée. D’habitude, lorsqu’un poussiéreux a la chance de rencontrer un mou, il se fait rapidement remarquer, elle en sait quelque chose. La présence de la mendiante ici l’intrigue. Confrère jusqu’au bout de sa queue, marchande parmi les marchands, elle ne peut s’empêcher, parfois, d’un acte gratuit. Un rien à la face d’une horloge huilée. Un acte désintéressé, sans but. L’absence de but ne pourrait tout de même pas en être un.


Vous voulez de l’aide.

Pas d’interrogation, c’est un fait. Mais la mendiante saurait mieux qu’elle ce dont elle avait besoin. Ou du moins elle saurait ce qu’elle voudrait.


Chambellane du Commerce Intérieur d'Arameth, à votre service.

Dernière nouveauté: Vente de bâtons d'afflux.

 
D'linei

Le Sukra 26 Marigar 1511 à 20h22

 
- Oh ! Non, pas d'aide, ma bonne dame. Ne vous donnez pas de peine pour la pauvre Puante. Une petite pièce suffira bien..

Un large sourire dévoila une rangée de dents cariées. La Nelda était sans doute prête à proposer bien davantage. Un emploi ? Une mission ? Une raison d'être ? La déchue n'avait plus l'ambition, ni la force de rechercher ses choses là. Elle ne voulait plus que survivre. Manger, dormir, puis trouver encore de quoi manger.

L'oeil qu'elle laissa traîner sur sa bienfaitrice était effrayant. Avide. Il n'y avait plus une once d'humanité dans cette créature. C'était un animal aux abois, enragé, qui n'hésiterai pas une seconde à mordre la main qui lui serai tendue.


 
Daer’Nythîs

Le Sukra 26 Marigar 1511 à 22h36

 
Malgré ce qui pouvait paraitre, la nelda avait vécue dans les bas-fonds de nombreuses années, et avait vu toutes les horreurs de la misère qui pouvait s'y cacher. Et vivre dans les bas-fonds faisait également acquérir rapidement certains réflexes et précautions.

Maintenant, pourquoi l'aider. Pour rien, donc. Certes, cela ne semblait pas confrère, mais il serait toujours temps de trouver une excuse matérialiste, le moment venu.


J'insiste. Venez avec moi à l'auberge, vous pourrez manger.

L'auberge du tydale borgne, manchot et unijambiste, aussi nommé auberge du tydale pourfendu, du nom de son fondateur qui avait un jour trouvé son destin en face d'une hache et survécu encore de longues années, était fonctionnelle et doté d'une nourriture mangeable, sans compter que son patron actuel, fils du premier, me devait quelque service.

Chambellane du Commerce Intérieur d'Arameth, à votre service.

Dernière nouveauté: Vente de bâtons d'afflux.

 
D'linei

Le Dhiwara 27 Marigar 1511 à 09h12

 
La lueur d'avidité qu'on aperçevait dans le regard de la vieille femme s'intensifia à l'écoute de cette offre généreuse. Mais, dans le même temps, son visage se plissa dans une grimace méfiante. Elle n'avait plus l'habitude de bonté gratuite. Un instant, elle pensa que la Nelda voulait se moquer d'elle. Puis il lui vint à l'esprit qu'elle en voulait après les récoltes de la Puantes, qui avaient grandement participé à son qualificatif. Tous ces objets, ramassés dans divers tas d'ordures au cours des derniers mois, représentaient toute la richesse de celle qui n'avait rien.
La Puante aurai probablement donné sa vie pour défendre ces bibelots sans la moindre valeur.

Un rapide calcul se fit dans la tête de la Tchaë. Un repas gratuit contre le risque de quelques moqueries, et du vol de ses sacs ? Cela semblait honnête. C'est pourquoi elle répondit :


- C'est très généreux, ma bonne dame. Je vous remercie beaucoup.

La puante, répandant ses effluves rancies dans les rues d'Arameth, suvit la marchande jusqu'à l'auberge indiquée.

 
Narrateur

Le Dhiwara 27 Marigar 1511 à 15h49

 
*** Sur le chemin, le duo atypique ne manqua pas de susciter quelques haussements de sourcils ainsi que d'imperceptibles quolibets murmurés du bout de lèvres grasses, gorgées de rouge ou encore aussi sèches que le ventre d'un psurlon. Aucun riverain ne se permit néanmoins de les apostropher.

Cela était d'ailleurs inhabituel. La présence de Daer'Nythîs avait transformé les insultes en messes basses qu'il était particulièrement difficile de décrypter.

Il ne faudrait pas beaucoup de temps avant que quelqu'un identifie clairement le Chambellan du commerce intérieur, si ce n'était déjà fait. Toute information était bonne à dévorer pour les vautours de la Perle Sombre.

Et après ?

Quelle importance ?

L'importance qu'on y accorde. ***


 
Daer’Nythîs

Le Dhiwara 27 Marigar 1511 à 22h11

 
A Arameth, le pouvoir se mesure plus à la baisse de ton des badauds qu'aux fréquentations. Et à vrai dire, la nelda méprisait honnêtement les éructeurs. Ils pouvaient dire ce qu'ils voulaient, il y a avait à présent longtemps que personne ne cherchait plus à l'apostropher ou à la toucher.

A Arameth, on trouvait de tout, ou presque.Certaines denrées étaient particulièrement rares, de celles qui ne s'achetaient pas. La moralité ou l'honnêteté par exemple. Et la Chambellane leur était si étrangère qu'elle n'y pensait même pas. Un sens aigu de son travail, un mercantilisme pragmatique les avait remplacées.

Arrivée devant la dite auberge, elles entrèrent. Le patron reconnu aisément la nelda mais le regard qu'il jeta à D'linei était clairement reconnaissable. Daer l'eut bien ignoré, néanmoins il pouvait se révéler gênant pour la tchaë. Aussi après un bref conciliabule avec ce dernier, la nelda revint près de D'linei.


- Le repas arrive. Vous avez également une chambre, avec toutes les commodités.

Quelques instants après, une nourriture robborative fut servie à la tchaë.

Quand à Daer, elle restait coite en attendant que D'linei se fut rassasiée.


Chambellane du Commerce Intérieur d'Arameth, à votre service.

Dernière nouveauté: Vente de bâtons d'afflux.

 
D'linei

Le Luang 28 Marigar 1511 à 16h22

 
L'immonde créature se jeta sur les plats qui lui étaient ainsi servit. La Nelda avait donc tenu sa promesse. C'était à la fois merveilleux, et un peu inquiétant. Que voulait-elle ? Pourquoi faisait-elle cela ? La Puante n'avait plus l'habitude des gestes de bonté. Elle était devenue incapable de croire en la gratuité, surtout de la part d'un membre de la Confrérie.

C'est ainsi qu'elle leva sa tête grise et fripée pour observer, encore, sa bienfaitrice. La bouche encore pleine de tout ce qu'elle avait pu y enfourner, elle demanda :


- Une chambre pour la pauvre Puante ? Une vrai chambre avec des draps et tout ?

La vieille femme mis du temps à assimiler l'information. C'était si nouveau qu'elle ne pouvait pas y croire. Puis, soudain, une idée lui traversa l'esprit :

- Qu'est-ce que vous voulez, en échange ?

 
Daer’Nythîs

Le Matal 29 Marigar 1511 à 14h24

 
Lorsqu’un étranger – disons un équilibrien – fait un acte apparemment gratuit, il doit dire qu’il fait preuve d’une générosité sans arrière-pensée, car sinon on s’offusquerait, on le déconsidérerait et on se méfierait de lui. Et même si derrière un pur égoïsme se cache.

Lorsqu’un confrère fait un acte gratuit fait un acte apparemment gratuit, il doit dire qu’il fait preuve d’un calcul égoïste, car sinon on s’offusquerait, on le déconsidérerait et on se méfierait de lui. Et même si derrière une véritable absence de calcul se cache.

Lorsque la vieille femme parle, le patron murmure entre ses dents, trop bas pour que quiconque l’entende.


« Et une douche, surtout… »

La nelda, elle, continue.

- Oui, une chambre complète.

En échange ? C’est là le point pour lequel elle n’a pas de réponse…Voyons, que peut-elle trouver…

- …Disons qu’il m’est désagréable que les forces de la Confrérie ne puissent s’occuper de sa suprématie.


Chambellane du Commerce Intérieur d'Arameth, à votre service.

Dernière nouveauté: Vente de bâtons d'afflux.

 
D'linei

Le Merakih 30 Marigar 1511 à 07h12

 
- M'occuper de la suprématie de la confrérie ?

La Puante passa en un instant de la méfiance à la sidération la plus totale. Que pouvait faire une femme comme elle pour la confrérie ? Elle n'arrivait même pas à maintenir sa propre position sociale. La Nelda était-elle folle ? Où y avait-il quelque chose que la Puante ne comprenait pas ?

La stupéfaction alla presque jusqu'à couper l'appétit de la tchaë. La créature restait figée, sa bouche édentée ouverte au-dessus de son assiette.


- Mais heu... Comment belle dame ? Je... euh... je ne sais pas...

Tout cela était si nouveau pour elle. La nature humaine est étrangement faite. La mendiante passait ses journées à demander de l'aide. Et voilà qu'on venait la voir, elle, pour lui dire que la confrérie avait besoin d'elle. Stupéfiant retournement du petit monde de la Puante.

L'étrange affirmation de Daer'Nythis inspirait une véritable terreur à celle qui fut D'Linei. Comment pourrai-t-elle mener avec succès la moindre tâche ? Elle était maudite, déchue, brisée. Si elle tentait quoi que ce soit, elle allait encore connaitre l'échec, c'était certain.
Et pourtant, un autre sentiment naissait,, encore presque imperceptible, mais cependant bien présent. Un sentiment profond, qui lui remuait les tripes jusque dans leur fondement. Un sentiment qui s'apparentait à la renaissance de sa fierté.


 
Daer’Nythîs

Le Sukra 16 Astawir 1511 à 21h40

 
Non, la Nelda n'était pas folle. On aurait bien des choses à dire sur sa psyché, si tel était le sujet et qu'on en avait le temps, mais la folie, considérée comme une aliénation totale des capacités mentales, donnant aux propos une logique tellement tordue que les paroles devenaient dépourvues de sens pour les autres personne, n'en faisait pas partie.

- La Confrérie est la somme des capacités de ses membres. Une somme qui est bien plus élevée que la simple addition des capacités de chacun.

Doucement, elle sentait quelque chose arriver. Elle sentait aussi, confusément, quelque chose derrière le simple personnage de La Puante. Il était discernable, par un pur acte de l'esprit, que D'linei n'avait pas toujours été ainsi. Mais les détails appartenaient au registre de l'émotion et il y avait quelque chose de sombre, qu'il valait mieux ne pas titiller. Chaque chose en son temps.

- Une chambre avec ses commodités et vos repas payés. Je vous amènerais des vêtements demain. Cela vous va t'il?

Le sourire était franc, sans arrière-pensée.

Chambellane du Commerce Intérieur d'Arameth, à votre service.

Dernière nouveauté: Vente de bâtons d'afflux.

 
D'linei

Le Julung 21 Astawir 1511 à 05h16

 
En effet, D'Linei n'avait pas toujours été la Puante. Elle n'avait pas toujours vécu dans la rue des déchets qu'elle parvenait à ramasser dans les tas d'ordures. Mais des années de déchéance matérielle avait enfoui jusqu'au souvenir de son nom. L'esprit torturé de la Puante avait refoulé les souvenirs de sa vie passée qui la douleur qui les accompagnait. Selon une acceptation assez large du mot, on pouvait dire que la Puante était folle, ou, tout du moins sérieusement déséquilibrée.
La Puante était tout simplement incapable de faire remonter sa mémoire à plus de quelques mois en arrière. Ses premières années dans la rue n'étaient pour elle qu'une vague et brumeuse réminiscence. Quant à sa vie antérieure, celle où elle répondait encore au nom de D'Linei... Ce n'était plus qu'une bribe, un conte qu'on lui avait raconté, il y a très longtemps.

Sa folie s'était emparé d'elle, à un telle point qu'elle n'était même plus visible. C'était donc bien la Puante, une clocharde quelconque, qui répondit avec une sourire d'abjecte dévotion :


- Oui madame. Que les six vous bénissent à jamais madame.

C'est sans aucun doute avec soulagement que les clients virent la créature se lever, cacher dans les replis de son vêtement tous les restes de nourriture qu'ils pouvaient contenir, et gagner d'un pas inégal sa chambre à coucher.
Le personnel de l'auberge, lui, dû accueillir ce client répugnant avec beaucoup plus de réticence, mais le titre et la réputation de Daer'Nythis firent que leurs objections ne dépassèrent pas le stade de la chuchoterie.

Prendre une douche ne serai pas venu à l'idée de la Puante si une femme de chambre n'avait pas lourdement insisté sur ce point. Il s'agissait sans doute de la jeune femme chargée de changer et de laver les draps. La vieille mendiante se laissa donc faire de mauvais gré, frottant vaguement sa peau craquelée, et laissant finalement un baquet d'eau noire, alors qu'elle-même n'était guère plus propre qu'avant.

Au grand désespoir de la servante, la vieillarde repris immédiatement ses vieilles frusques (désormais remplies de nourritures diverses) avant d'aller s'allonger sur le lit. Là, dans le noir complet, elle décida que les couvertures la grattait et la faisait transpirer. Elle les rejeta bien loin d'elle, puis les draps prirent le même chemin. Après de multiples retournements, la Puante trouva que le lit grinçait. Elle entrepris donc, avec moult gémissements pour son pauvre dos, de poser le matelas par terre, dans un coin de la chambre. C'est finalement dans une position à moitié accroupie, la tête contre le mur, qu'elle parvint à trouver le sommeil.

Tandis qu'elle commençais à ronfler, son bras s'allongea un peu, sa paume se tourna vers le haut. Même en dormant, elle quémandait.


 
Daer’Nythîs

Le Sukra 23 Astawir 1511 à 10h43

 
Un matin. J’avance d’un pas vif, un paquet sous le bras. Retrouvant l’auberge de la dernière fois, j’entre puis m’avance vers les escaliers.

La servante qui s’est occupée de la chambre se tourne vers le patron et lui jette un regard. Le patron se tourne vers moi et me jette un regard. Je me tourne vers le patron et lui rend un regard. Rapidement, celui-ci se tourne à nouveau vers la servante et lui jette un regard. Quant à elle, elle regarde de nouveau le sol qu’elle était en train de laver. Je m’avance vers elle et lui murmure une phrase. Son regard ‘adoucit quelque peu. Affaire réglée.

Je toque à la porte de D’linei. De bon matin, celle-ci n’est sans doute pas encore levée.


Chambellane du Commerce Intérieur d'Arameth, à votre service.

Dernière nouveauté: Vente de bâtons d'afflux.

 
D'linei

Le Matal 26 Astawir 1511 à 17h55

 
Aucun bruit ne répondit à la chambellan. Lorsqu'elle ouvrit la porte, elle ne vit que le lit vide, un petit tas de couvertures dans un coin de la pièce, et une fenêtre ouverte.

Pourquoi était-elle partie ? La Puante elle-même n'en savait rien. C'était un geste instinctif, la fuite d'un animal sauvage devant un danger qu'elle ne connaissait pas, mais qu'elle pressentait. Quel danger ? Aux yeux d'un véritable symbiosé, il n'y en avait aucun. Daer'Nythis avait bien pris soin d'elle, n'avait pas d'arrière pensée.
Mais aux yeux de la mendiante, cette bonté contenait la pire des menaces : celle d'un avenir. La Puante ne se souvenait plus de son passé, et ne désirait pas non plus de futur. Faire des projets la terrifiait.

Le temps du dîner, elle s'était sentie forte, elle avait imaginé une vie meilleur. Mais ici, dans les ténèbres de cette chambre, ses vieilles terreur la reprenaient. La peur d'échouer, la peur d'être trahie l'avaient prise au corps, submergée.

Ne pouvant résister à la panique, elle avait fuit.


 
Daer’Nythîs

Le Merakih 27 Astawir 1511 à 14h29

 
Alors que j'entre dans la chambre, je comprends ce qui s'est passé. Une fuite...Je ne peux pas dire que je m'y attendais, mais que cela ne m'étonne pas vraiment, malheureusement. Cela ne me décourage pas pour autant.

Mon paquet à présent inutile sous le bras, je redescends prévenir le patron du changement de situation. Il réfrène bien vite un air soulagé en voyant mon regard.


*** Un peu plus tard, dans les bas-fonds. ***


Il ne m'est pas très difficile de pister D'linei, et cet endroit a été bien trop longtemps mon territoire pour que je ne m'en souvienne pas. J'aperçois enfin une petite masse, cachée, que je devine en même temps que la symbiose m'assure qu'il s'agit bien d'elle.

Ralentissant, j'approche lentement, à découvert, tout en parlant d'une voix douce.
[/i]
J'ai peut-être fait une erreur en vous laissant seule...

Elle réagissait comme un enfant apeurée, son innocence en moins et une triste expérience en plus, fuyant ses peurs imaginaires, refusant de voir le futur en espérant que cela la protégerait.

Venez avec moi, encore une fois, il y a un endroit de libre dans le souk, pas très loin de mon bureau, vous aurez plus place et vous serez moins seule.

L'endroit en question était une série d'entrepôts désaffectés, de petits bâtisse vide, qui pourront laisser un endroit ouvert à la tchaê tout en lui laissant un toit sur la tête.

Je tends une main, légère, à D'linei.


Chambellane du Commerce Intérieur d'Arameth, à votre service.

Dernière nouveauté: Vente de bâtons d'afflux.

 
D'linei

Le Matal 31 Manhur 1511 à 17h43

 
D'Linei regarda la main tendu. Les écailles blanchâtres de ses yeux cachaient mal qu'elle ne se rappelait visiblement plus sa rencontre de la veille. Elle leva le regard, et, de son plus horrible sourire, dit à la chambellan :

- A vôt' bon coeur, ma bonne dame ! Quelques sous pour la pauvre Puante !

Ce que Daer'Nythis avait semé dans celle qui fut D'Linei finiraient par germer. Mais il faudrai du temps. Pour l'instant, la Puante se contentait de refouler au plus profond d'elle même les quelques marques de bonté qu'elle recevait. La peur d'être trahie restait la plus forte.


Page [1]
Vous pouvez juste lire ce sujet...