Bienvenue dans le forum de Arameth
Souk du Vitrail

Un voisinage des plus tranquilles.

Un entrepôt où l'on ne fait qu'entreposer... ou presque.
Page [1]
Détails
Sujet lancé par Nay Saniden
Le 12-05-1511 à 04h24
2 messages postés
Dernier message
Posté par Narrateur,
Le 13-05-1511 à 00h16
Voir
 
Nay Saniden

Le Julung 12 Manhur 1511 à 04h24

 
Un voisinage des plus tranquilles.

C'est ainsi que l'on avait décrit à Kadj et Nay Saniden, les deux jeunes baillis en charge de la surveillance des travaux de découpe et du convoyage des cristaux d'effluves que le Tark'Nal avait laissés derrière lui, la zone où le malsain mais précieux matériau serait conservé. Officiellement, conservé. En réalité, converti.

En effet l'endroit était banal et impersonnel à souhait, aussi rasoir que le Souk était attrayant. Nay ne put s'empêcher de penser que c'était une belle allégorie du commerce confrère.
Une face chatoyante où la multiplicité des richesses à négocier hypnotisait les sens, dans une rumeur qui sonnait aux oreilles du nouveau venu telle une invitation en musique.
Une autre face où le résultat de ce spectacle quotidien s'entassait en ordre serré, au rythme des pas de porteurs et de bêtes de somme fatiguées, ramenant cette agréable illusion à sa seule réalité: des lignes de compte sur un registre et un changement de propriétaire.



*** Le trajet avait été extrêmement court, les petits amas découpés en ces premières heures de travail se trouvant justement à côté des entrepôts.
Ils firent attendre le convoi devant les portes coulissantes de la bâtisse, pas question de laisser les ouvriers y entrer avant d'avoir vérifié qu'il n'y avait rien dedans qui puisse compromettre la partie cachée de leur mission.

Nay fit glisser la porte dans son rail et se glissa lui-même à l'intérieur. La pénombre était à peine tempérée par la lumière de fenêtres étroites située sur les côtés du toit plat. ***


« Vous êtes le bailli Saniden ? »

*** Nay sursauta et sa tête pivota à angle droit, avant même qu'il eut fini de refermer la porte. Le personnage qui venait de lui parler était un tchaë particulièrement petit, rondouillard, au visage affable et doté de favoris parfaitement taillés. On devinait en lui un artisan expérimenté et de vieille école, tout en correction et en savoir-faire. ***


« C'est bien moi. Le premier convoi est de l'autre côté de la porte, je m'assure juste qu'il n'y a rien de "gênant" ici.
- Oh, je vois. Non, nous avons fait attention à ne pas laisser de traces de notre passage. Je suis justement resté car je voulais m'entretenir avec vous et votre collègue le bailli Kadj. Mais je manque à tous mes devoirs, laissez-moi d'abord me présenter: Gondar Bricier, maître-tailleur. J'ai été désigné comme le chef de l'équipe chargée de convertir les cristaux bruts en pierres utilisables. Tout est en place selon la volonté du Chambellan d'Arameth, toutefois je dois vous présenter mon équipe à vous ainsi qu'à votre collègue. Et également... Vous parler de deux ou trois choses à leur sujet.
- Bien, nous allons voir ça dès que le chargement aura été rangé, Kadj est là lui aussi.
- C'est entendu. Toutefois permettez d'abord que je m'éclipse, je ne suis pas censé être vu...
- Euh, oui... Mais comment... »

*** Le sieur Bricier lui sourit pour toute réponse. Se dirigeant vers le fond de la salle, où trônait une imposante horloge que Nay avait remarquée dès le début, il actionna les aiguilles de celle-ci, ce qui eut pour effet d'en ouvrir le panneau inférieur. Il remit alors les aiguilles à l'heure avant de s'y glisser et de refermer le panneau derrière lui. Nay eut le temps de voir de la lumière de l'autre côté. ***


*** Sortant lui-même de l'entrepôt, il dit aux ouvriers que tout était en ordre et ceux-ci ouvrirent alors grand les portes. Il leur fallut à peine un quart d'heure pour décharger les cristaux noirs dans les grands bacs prévus à cet effet.
A la fin de l'opération, les baillis les renvoyèrent avec les gardes vers Fontanas, tandis qu'eux-mêmes restaient sur place. Nay avait eu le temps de glisser quelques mots à l'oreille de Kadj sur ce qu'ils avaient à y faire.
Il s'approcha de l'horloge et tapota doucement sur le panneau. Aussitôt ils entendirent qu'on ouvrait celui-ci de l'intérieur. Le sieur Bricier leur fit signe de passer par cette ouverture. ***


*** Ils se rendirent compte alors que les artisans de son équipe avaient tout simplement découpé un trou dans le mur qu'ils avaient ensuite caché avec l'horloge. Le panneau inférieur de celle-ci ouvrait sur une simple commode vide dont ils avaient également découpé le fond, le mécanisme se trouvant au-dessus.
De l'autre côté, Gondar Bricier se trouvait un pas devant une rangée de confrères armés de divers outils. Il prit la parole. ***


« Voilà où nous travaillerons. Nous nous trouvons dans un autre entrepôt qui a un mur en commun avec celui d'où vous venait. Nous irons nous-mêmes remplir nos paniers de cristaux bruts dans le premier entrepôt, il suffit de déplacer l'horloge pour y avoir un accès pratique. Cette farce de passer à quatre pattes en ouvrant le panneau bas de l'horloge, c'est simplement quand on a pas le temps...
Les portes que vous voyez là-bas donnent sur la façade arrière d'un éleveur, c'est par là logiquement que vous viendrez réceptionner les chargements de cristaux taillés. Nous travaillerons de nuit donc nous devrions être prêts chaque matin. Je ne veux pas trop m'avancer, ce n'est pas une tâche très courante et cela dépendra aussi de la qualité de la découpe...
Est-ce que vous voulez que nous fassions différemment ? »


*** Nay resta idiot devant la question du tchaë qui de toute évidence n'avait pas besoin d'eux pour organiser son équipe... ***


« Et bien pour ma part cela me semble très... Très bien. Je ne sais pas pour toi, Kadj, mais avant je voudrais vous demander: d'où venez-vous exactement, vous et vos hommes ? »

*** Gondar Bricier sembla quelque peu gêné par ce que venait de dire Nay. Ce qui, chez quelqu'un habitué à présenter un visage aimable à ses clients quoi qu'ils disent, voulait sans doute dire qu'il l'était beaucoup... ***


« C'est-à-dire que... Ce ne sont pas mes hommes, vous savez, seulement mes compagnons de travail pour cette commande. Mais il est vrai que je suis responsable d'eux, aussi...
En fait, pour ma part je suis un tailleur de pierres presque à la retraite, j'ai longtemps été actif au Vitrail mais aujourd'hui je travaille occasionnellement seulement. Le salaire offert par le Chambellan d'Arameth pour ce travail était de fait des plus convenables.
Quant à mes camarades, il s'agit de membres du Vitrail qui ont par trop de fois oublié de payer leur licence et qui ont ainsi l'occasion de se racheter auprès de leur Horloge... Ainsi que d'anciens membres de celle-ci qui ont eu, comment dire, des ennuis avec la justice d'Arameth dans le passé. Et veulent également se racheter. Ils ont tous une solide expérience et je suis sûr que le travail se passera bien, si le matériau qu'on nous amène n'est pas de trop mauvaise qualité évidemment. De plus vous comprenez qu'ils ont tous un intérêt important à ne pas ébruiter ce qu'ils sont chargés de faire, en plus du salaire promis. »


*** Comme pour lui venir en aide, les intéressés opinèrent tous du chef à ses paroles.
Nay se caressa le menton d'un air circonspect, sa nature méfiante s'accommodait mal des petites précisions du sieur Bricier sur les membres de son équipe. Ne sachant trop quoi dire et voulant surtout éviter de laisser son naturel prendre le dessus, il jeta un regard équivoque à Kadj pour l'inviter à exprimer ce qu'il pensait de tout ça. ***


 
Narrateur

Le Vayang 13 Manhur 1511 à 00h16

 
Un voisinage des plus tranquilles peut être, peut être pas…

Observant le manège des baillis du poinçon, trois personnages à la mine peu ragoutante observent discrètement les vas-et-viens des convoyeurs de la précieuse cargaison.



La donneuse elle a pas mentie, y se passe un truc ici. Par contre y sont nombreux la volaille, va falloir faire gaffe ou refroidir du chaland.

Laisse échapper le grand maigrichon en jouant avec le percuteur de son pistolet.

M’ouaip, t’emballe pas trop ! Même si on a pas vu de prévôt, y a deux oisillons avec leurs patates volantes. Et ça c’est quand même de la putain de triche qui change la donne.

Bon faut que je prévienne le patron et qu’y m'dise si on s’y frotte.

Répond le tchae qui semble également le chef de la vilaine bande.

Emma, tu montes la garde, on revient dans pas très longtemps.

Pour seule réponse, la « beauté » tydale enfourne un morceau de tourte au rat dans sa bouche.

Le grand et le petit repartent par la ruelle sombre d’où ils sont arrivée quand à la belle Emma, elle s’assied sous un porche pas très loin de l’entrée de l’entrepôt et pose une écuelle vide devant elle, dans laquelle elle m’est une sardoine. Une fois ce puissant stratagème en place, tout en gardant l’entrée de l’entrepôt à vue, elle termine sa tourte en se félicitant de son savoir faire culinaire. Qui a dit que le rat ne s’accommode pas à toutes les sauces.



Page [1]
Vous pouvez juste lire ce sujet...