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Les Dédales du Luth

Mon métier ? Vous divertir

Préparatifs quelque part dans les tréfonds d'un Dédale
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Sujet lancé par Hohen
Le 02-07-1511 à 20h55
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Posté par Hohen,
Le 13-07-1511 à 09h33
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Hohen

Le Sukra 2 Julantir 1511 à 20h55

 
J'essaye de me souvenir.

De quelque chose. De quelqu'un.
D'un instant. D'une période.
Que s'est-il passé cette nuit-là. Pourquoi je me mets soudain à autant réfléchir. Je cherche ce qu'il ne va pas. Ce qui m'éloigne de l'époque heureuse où je ne savais rien, où je ne comprenais rien. Le peu que je sais me harcèle, me titillant vers les sentiers d'une perdition certaine. Une partie de moi y aspire, toute petite partie mais suffisante pour entamer le roc d'un conditionnement pluri-décennal. Est-ce la symbiose ? Ce vieux fou de Petrorius ? Ou bien Edoar ? Et Agliacci ?


Très très bien, dernier prix : quinze sardoines pièce.

Hein ?


Je sors de mes rêveries. Je me souviens que j'étais en pleine discussion avec un importateur de la Fraternité. Des fusées d'artifices, il était bien connu dans syfaria que tout ce qui était technologique et explosif venait du Désordre. On m'en avait beaucoup parlé, de ces spectacles pyrotechniques. Autant de leur beauté que de leur danger incendiaire. Je me disais que ça pourrait faire son petit effet ici bas. Le peu de feu d'artifices qu'on a pu voir à la Perle étaient timides, discrets, silencieux. Ici, je comptais bien y mettre les formes et sacrifier une part non négligeable du budget dans cette partie. Le reste est comme d'habitude séparé entre nourriture, alcool et autres animations.

Ray'zë !


Je mime la satisfaction de la conclusion de cet accord. On trinque et j'offre à mon marchand de la compagnie pour la soirée. Je n'apprécie pas avoir recours à ce genre de procédés, une partie de moi se révolte, l'autre dit que ce sont les affaires et qu'après tout, je suis confrère. Je ne dois pas usurper la réputation d'une faction qui vendrait père et mère pour quelques sardoines de plus.

Le tchaë s'éloigne heureux, je dégaine mon calepin de notes et rature une des lignes de ma liste. Plusieurs autres tâches ont été confiées à des subalternes. Il me faut croire qu'un Ordinant doit déléguer les tâches ingrates à d'autres. Je m'y refuse encore, me heurtant à un mur d'incompréhension. Je suis un "gradé", un "symbiosé", l'élite de la poussière parait-il. Je dois donc encadrer, déléguer et profiter. Alors j'applique les règles, du moins une partie. Je me refuse d'enseigner quoi que ce soit à d'autres car j'estime que je n'ai rien à leur apprendre. Que pourrai-je d'ailleurs transmettre ? Comment bégayer devant son supérieur ? Comment nettoyer une casserole trop grasse ? Comment rempailler une chaise ?

Je parcoure anxieux le Dédale, je commence à ne plus me perdre à l'intérieur. Depuis quand suis-je devenu aussi expert pour reconnaître mon chemin ? Depuis quand ai-je la désagréable impression que je deviens différent, radicalement. Les artisans, les commerçants commencent à me connaître, j'ai perdu mon anonymat progressivement.

On m'informe que le banquet est en bonne voie de préparation. Buffet géant une nouvelle fois élaboré par le Piaf, celui qui avait crée le menu du banquet du nouveau cycle. Les artistes ont été sélectionnés pour représenter plusieurs corps de métiers et promouvoir la diversité et la nouveauté. Les autorisations administratives sont en retard mais rien ne m'étonne, ainsi va le Terreau. Le Poinçon a été également prévenu, le service d'ordre devrait éviter une partie des excès. Le Sérail prépare ses plus belles créations.

Assis dans le bureau que l'on m'a donné, j'écoute le rapport de mes différents aides de camp. Pourquoi ai-je l'impression que quelque chose cloche. Je devrai être à leur place et quelqu'un d'autre à la mienne. C'est ça, je ne suis pas à ma place. L'idée me trotte dans la tête depuis un moment.

Je cligne des yeux et reviens dans la réalité. J'ai un métier, je dois l'exécuter.

Je sers la Confrérie et c'est ma joie.


 
Hohen

Le Merakih 13 Julantir 1511 à 09h33

 
Les jours passent, les soleils brillent un peu plus que d’habitude. La chaleur commence à se faire sentir, j’avais presque oublié cette sensation. J’ai l’impression de revivre quelque part. Que serai-je sans un peu de lumière ? J’ouvre les volets et aère la maison, profitant des derniers instants de fraîcheur, les mages annonçaient une journée chaude sans aucun nuage à l’horizon. Je suis ébloui pendant quelques secondes, le temps de m’habituer. Je ne sais pourquoi j’ai cette impression, même si je ne comprenais pas, je me sentais bien. Et au final, c’était bien l’essentiel.

Je grignote un bout et quitte la maison en direction de l’Amphithéâtre. Les artistes, que j’avais sélectionné conseillé par d’autres Ordinants, faisaient une répétition groupée. Une bonne occasion d’avoir un avant-goût de ce que sera la prochaine fête. La ville s’éveille lentement. La vie nocturne s’efface progressivement au profit de sa consoeur diurne. Les premiers commerçants ouvrent leurs étals, bientôt le Dédale sera envahi par les bruits, les odeurs et une immense fourmilière, semblable aux quartiers marchands de Farnya prendra vie.

J’arrive un peu en avance, je discute avec quelques anciens collègues matassins. Je me sentais souvent plus proches d’eux que des autres ordinants. J’étais un exécutant, non un décideur. Mais c’était ainsi je suppose, mon Tableau est ainsi tracé. L’un d’eux m’expliquait les récents problèmes d’approvisionnements de certaines denrées et outillages, je me promettais d’y jeter un œil plus tard. Un autre me donnait une idée quant à l’organisation de la fête, un point de détail supplémentaire que j’avais oublié. Enfin quelques autres Luthiers arrivent pour me tenir au courant de l’avancée de certaines tâches : impression des invitations, implication des autres horloges, arrivage des denrées, élaboration du menu et rouspétages du chef cuisinier comme quoi il était entouré d’incapables notoires manchots à la virilité déclinante.

Petit à petit, les artistes arrivent pour exposer leurs numéros. Je prends quelques notes, aidé par d’autres ordinants. Placer tel spectacle avant tel autre, modifier tel élément du décor, ajouter un peu plus de plongeant au décolleté d’une tenue de scène afin d’avoir un public plus réceptif d’après un de mes compères expert dans le domaine me disait-on… Deux bonnes heures passèrent avant qu’un messager vienne me transmettre un parchemin cacheté. J’y reconnais le sceau du Piaf et sait de quoi il s’agit.

J’ouvre fébrile et déroule le manuscrit. J’y reconnais l’écriture du maître cuisinier, énergique, chaotique, passionnée à son image.

Je l’enroule et le glisse dans une poche intérieure. J’esquisse un sourire en coin.


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