Entre deux préparatifs de la prochaine fête, l'on m'a contacté pour m'occuper d'un nouveau symbiosé. Enfin nouveau...ce doit bien être la seule chose qui est nouvelle chez ce confrère de 97 hivers bien sonnés. Je hausse un sourcil en voyant le registre du terreau. J'ai entendu quelques rumeurs étranges sur la place centrale et sur le consensus. Je m'inquiète quelque peu en pensant que mes vêtements sortent tout juste de chez le teinturier.

Je lui donne rendez-vous à une taverne calme, au cinquième as, lieu de rendez-vous de joueurs de belote. Peut-être que ça le mettra en confiance. Je commande un pichet d'hydromel, une assiette de charcuterie et je commence à grignoter tout en pensant que les affiches n'étaient toujours pas prêtes pour la soirée.

Au dehors, la foule commence à décliner, le soir arrive, les journées sont finies. Certains étals commencent à se ranger. Je me demande bien comment la symbiose peut fonctionner. Quelle destinée peut attendre quelqu'un qui est choisi par la symbiose ? Existe-t-il un point commun entre eux ? Ou peut-être une force invisible choisi certains "élus" ? Pourquoi un vieux de 97 ans ? Pourquoi un grand incapable qui ne sait rien faire de ses dix doigts ? Pourquoi un médecin légiste ? Pourquoi ?

 
J'apercoit l'entrée de la taverne où ce cher confrère m'a donné rendez-vous. Je sens déjà l'odeur de l'alcool qui me plonge dans un doux état entre délire et envie meurtrière.
Je pénetre dans la bâtisse et mes sens s'affolent. Ma vue repère au loin mon confrère qui m'attend assis à une table, en compagnie d'une assiette de charcuterie et d'un peu d'alcool. Mes sphyncters me disent d'aller dehors ... je ne les écoute pas...

Je me dirige vers lui lorsqu'une serveuse Tydale trébuche sur moi et répand ses plats au sol. Elle s'excuse... Je lui crache violemment au visage et envoie valser les plats d'un grand coup de pied. Je m'assoie enfin à table en pestiférant :
VOUS AURIEZ PU MIEUX CHOISIR BON SANG !!!! C'EST INFESTE D'INCOMPETENTS ET D'ABRUTIS !!!

 
Je hausse un sourcil inquiet et commence à m'inquiéter pour mon intégrité physique. Il ne sait probablement pas qu'il a le plus grand incompétent de la Confrérie devant lui. Je comprends mieux pourquoi mon estimée supérieure m'a demandé de m'occuper de ce nouveau symbiosé...

Je sers la Confrérie et c'est ma joie.

Je....

Inspiration profonde.

Vous avez tout à fait raison avih ! La Confrérie tombe de Charybde en Scylla. Il est temps pour vous, et pour la Confrérie, de faire bouger les choses.

Ne surtout pas l'énerver davantage.

Votre expérience sera appréciée pour guider les nouvelles générations à développer leur potentiel.

J'ai honte de ce que je dis.

Mais avant ça, parlez-moi de vous avih. Votre histoire, ce que vous avez fait de votre passé et surtout ce que vous compter faire de votre avenir.

Quelques clients nous regardent, se demandent comment ça va finir. Certains règlent l'addition et commencent à s'éloigner.

 
Je crois qu'il commence à me parler, mais je n'écoute pas trop, je dévore la charcuterie et englouti l'hydromel avec avidité. Je crie à une autre serveuse - une moins mongole - d'amener tout le porc des cuisines sur la table, ainsi qu'un tonneau d'hydromel.

Soudain j'entends une phrase qui me fait retourner les yeux : " Votre histoire, ce que vous avez fait de votre passé et surtout ce que vous compter faire de votre avenir. " Je tourne la tête vers Hohen et lui lance en bavant :

EN QUOI MON HISTOIRE VOUS INTERESSE. FAITES GAFFE A VOUS GALOPIN, MOI JE VEUX PAS DE TURLUTUTU, JE VEUX JUSTE UN BOULOT !

J'arrache alors violemment l'assiette de charcuterie des mains de la serveuse qui arrive.

 
Je hausse mon deuxième sourcil. Inquiet pour le personnel servant et pour mon intégrité physique. Va-t-il tenter de m'attaquer avec sa canne ? Je redoute déjà ce qui va suivre.

D'accord, d'accord.

Au moins, on rentre dans le vif du sujet rapidement.

Qu'est-ce que vous savez faire avih ?

Je peux pas faire plus simple. Après, il faudra s'arranger pour trouver quelque chose où il n'ait pas d'ordres à donner aux malchanceux qui seraient sous ses ordres. Soudain, il me rappelle un de mes anciens employeurs, un vieil alchimiste pour qui je faisais des livraisons. Le même physique, la même voix, la même colère. Cette réminiscence d'un passé oublié me fait verser un nouveau verre d'hydromel.

Compte-t-il se tuer avec toute cette nourriture et cet alcool ? Le patron va-t-il nous virer manu militari ? A moins qu'il n'appelle le Poinçon ? Comment vais-je faire pour m'en tirer entier ?

Que de questions.

 
Mes yeux sortent de leurs orbites :

COMMENT CA CE QUE JE SAIS FAIRE !!! C'EST UNE BLAGUE J'ESPERE !!

Au fond de moi je sais qu'il faut que je me calme, mais bon ... Je jette un coup d'oeil rapide sur la table et plus rien. J'hurle alors qu'on m'apporte deux autres pichets d'hydromel, un pour moi et l'autre aussi.
Un homme vient me dire que j'ai déjà trop bu.
Un silence envahit la salle, tous les yeux sont rivés sur nous. Un enfant se met à pleurer.
Je commence alors à me lever lentement.
Les souffles se coupent...
Soudain j'attrape le plateau de charcuterie vide et je l'enfonce à grands coups sur la tête du type. Quelques coups plus tard, je me rends compte que j'ai réalisé un moulage parfait de son crâne dans le plateau.

Je me calme et me rassois calmement. L'homme rampe jusqu'à la sortie en se tenant la tête. Tout le monde retourne alors à ses activités.

Je me retourne enfin vers mon confrère et lui lance :

Vous disiez ? Ah oui, mes compétences. Je suis un très bon compositeur d'oeuvres poétiques, et j'ai un gout prononcé pour la musique.

J'espère qu'il va comprendre que l'épisode mongol-plateau de charcuterie, n'est qu'une banalité de mon existence.

 
Je nage en plein délire. Ou plutôt je coule. Pour son âge, il a encore une forme olympique, du moins dans le domaine de la glouttonerie et de la baguarre de comptoirs. Il est étonnant qu'il soit encore vivant à cet âge là malgré ces deux points. Une crise cardiaque ou une dague arrivent si vite parfois.

Du moment que je ne suis pas la prochaine victime, moi ça me va. Mais il faudra que je domaine à avihia ma Chambellan de revoir mes émoluments. Une prime de risque ne serait pas de trop quand je vois les dangers auxquels je dois faire face. Je m'essaye au style du type qui n'est pas dérangé par la violence et qui semble intéressé. Surtout ne pas l'énerver.

Un poète et un musicien...

Je mime un autre ordinant quand il recrute des artistes, du moins j'essaye.

Mais c'est très intéressant. Nul doute que le Luth saura apprécier à sa juste valeurs vos talents.

Oui, ça doit être ce genre de phrases que mon collègue sort.

Par hasard, auriez-vous quelques unes de vos oeuvres lyriques ?

 
En temps normal, je sais que je me serais énervé, mais là, l'alcool doit tout emplifier. Je crie à mon confrère :

VOUS INSINUER QUE JE SUIS VIEUX ET QUE MA MEMOIRE FLANCHE TELLEMENT QUE J'AI BESOIN DE PRENDRE SUR MOI MES COMPOSITIONS. SACHEZ INSOLENT QUE JE ME SOUVIENS PARFAITEMENT DE MES " oeuvres lyriques "... Fayot...

Je commence à me dire que je devrais quitter les lieux, mais bon si je peux obtenir un poste. Ils sont vraiment bizarres ici, et puis cet Hoen qui est si mou... Je me rends compte que j'ai déjà manger tout ce qu'on m'avait apporté, je sens alors l'envie de me vider encore plus présente. J'attrape alors le plateau déformé et me soulage à l'intérieur. Je menace alors une autre serveuse de prendre le plateau en pleine face si elle ne m'apporte pas dans l'instanté de l'hydromel.
Je me rends alors compte que le type avait peut être raison, et qu'il faut que je me calme....