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Souk du Vitrail

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Sujet lancé par Elias Armillia
Le 11-12-1507 à 22h11
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Posté par Elias Armillia,
Le 30-03-1510 à 21h47
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Elias Armillia

Le Matal 11 Dasawar 1507 à 22h11

 
Le soleil est encore bas sur l’horizon et commence à étendre ses bras sur les dunes de sable. ***petite musique douce – Ambiance*** Un faible rayon fait une trouée dans le Souk, illuminant une placette entre les quartiers du poissonnier, les brodeuses et les chaudronniers.

Petit à petit la vie s’éveille dans le Souk et bientôt ce labyrinthe mercantile sera aussi animé et en effervescence qu’une ruche. Le ballet des porteurs, des fournisseurs qui vont et viennent entre les échoppes et les ateliers commence déjà, valse timide devient paso doble passionné.

Train train quotidien mais certainement pas plan-plan qu’est la vie du Souk en Arameth.

S'en allant vers l’ouest, le rayon chaud balaye la place où notre tydale est installé depuis les premières lueurs du jour. Il est tombé sous le charme de ce lieu et de sa faune dès l’instant où il y a posé les pieds.


Robick dit :
Va-t-il te garder le grand canidé ? Le loulou n’a pas l’air facile sous ses airs débonnaires, m’est avis que les crocs acérés doivent parler dès la première contrariété. Te sens tu à la hauteur de la tache Ô mon Elias ?


Dans sa tête la voix du mou résonne. Armillia peine à s’habituer à cette symbiose, étrange notion quand on doit la subir, néanmoins bien pratique qui lui a permis d’arriver jusqu’à S’hilaan Tos’hur dans les meilleurs délais.

La chope d’eau chaude épicée du bistrotier d’à côté a refroidie maintenant, le temps a passé depuis qu’Elias s’est levé. Il la pose à ses côtés et attrape machinalement son ouvrage qu’il a emporté avec lui. Il froisse le tissu entre ses doigts fins et le porte à son nez pour vérifier que l’odeur du futur atelier du maître marchand ne s’est point imprégnée.

«Campagne de recrutement…» Le gros titre de l’affiche fixée à la chaux d’un mur attire son regard. L’un des coins s’est détaché et se soulève à la brise. Le tissu crisse et s’accroche à la repousse de ses poils, Elias songe qu’il va devoir se raser bientôt.

Va-t-il te garder…. ? les mots prononcés par le mou auparavant, résonnent comme une sentence maintenant. Armillia secoue la tête, une détermination farouche dans le regard. Rien à perdre ! et puis après ce que j’ai vécu et subit, aucune raison que nous ne nous entendions pas avec le nelda !

Et il tourne le tissu et reprend son ouvrage là où il avait planté l’aiguille la veille. A petits points serrés et invisibles il attache, langue tirée, le dos au devant comme il avait vu faire sa gardienne. Si elle le voyait maintenant lui qui avait farouchement refusé d’apprendre à coudre malgré l’insistance de le vieille tydale !

Vient s’installer sur le banc à ses côtés, une dame aussi distinguée que son accent des bas quartiers d’Arameth. La gueuze se révèle être une vraie pipelette et commence à saouler le héros de cette aventure, sans même qu’il soit l’heure de l’apéro, de ses jacasseries. Mais Armillia

poursuit son ouvrage en glissant sur le banc l’air de rien pour mettre le plus de distance possible entre eux deux, le dégoût que lui inspire cette femme à peine visible. Elias est un garçon poli ! N’ayant aucun écho de la part du bellâtre, elle finit par s’en aller. Soupir de soulagement
Foutresang ! Armillia se rend compte qu’il lui faut découdre et refaire, une heure de travail acharné perdue, la manche cousue sur le col, rien ne va plus.

Son tour du Souk des derniers jours la conduit jusqu’à la corporation des artisans pour y glaner quelques patrons et conseils de base dispensés par une petite tchaë, se refusant à prendre des cours malgré l’insistance de la femme, notre homme étant beaucoup trop fier. N’ayant trouvé son bonheur vestimentaire dans aucune boutique, il allait lui falloir mettre la main à la pâte.

Chemin le plus direct entre la place et l’atelier du nelda, Armillia coupe à travers la boutique poussiéreuse de céramiques, saluant au passage le vieux tydale usé et voûté fidèle derrière son comptoir depuis des années. Armillia se presse, l’heure avance et il lui reste du pain sur la planche pour nettoyer le taudis du maître marchand.


Elias, trois fois Elias disait ma mère
catalogues vêtements, bijoux, bois et potions

 
Elias Armillia

Le Luang 17 Dasawar 1507 à 16h07

 
Serpentin de terre, de sable et de pavés, de tentures, de palissades et d’échoppes, le Souk étend ses ramifications sur une petite partie de la ville contrastant avec les larges avenues calmes qu’Arameth peut offrir dans ses quartiers plus chics.

De bon entrain, la matinée a fort bien commencée et notre tydale s’est instruit de l’expérience en matière de négociation du maître marchand S’hilaan. Lui même n’ayant pas trop mal manœuvré sous l’œil expert et jugeant du nelda. Puis après un repas frugal il a fallu reprendre le grand déblayage de l’atelier et, foi d’Elias, ça ne saurai tarder.

Bois donc un coup ! La chaleur du zénith le fait transpirer et le tydale se dirige d’un pas décidé vers la fontaine., abandonnant son chargement puant un instant. Souffler. Voilà un travail de longue – et mauvaise- haleine. Déblayer par brassées, jeter dans la charrette, ahaner jusqu’au carrefour, jeter par brassées, retourner à l’atelier et recommencer jusqu’à ce que rien ne traîne plus.

Et l’inévitable failli se produire, il manque de percuter un minuscule tchaë, Artus Finn comme il se présenterai par la suite. La voix surgit de nulle part le fait sursauter.
Foutresang j’ai écrasé un gamin ! Elias est dans tous ses états tandis qu’une voix retentie : « Holà... bousculade ! J'ai bien failli y perdre mes pommes ! Vous n'imaginez pas la valeur de celles-ci ! Même l'Equilibrium n'en a pas de pareilles ! Ca c'est sûr ! »

De fil en aiguille la discussion s’anime entre les deux loustics, le tchaë se montrant un fieffé bavard, et s’oriente de la philosophie de l’artistique à la tante Cyra, infoutue de cuire du pain, du nabot. Nabot n’ayant aucunement une quelconque connotation péjorative dans ce contexte mais il est rare pour Armillia de converser le regard orienté en direction de ses pieds.

Ferraille, tessons de terre cuite, vestiges de cuisine datant des premiers némens, vélins ayant servi à tout sauf à être manuscrits…L’ hétéroclitisme du chargement semble émoustiller le tchaë, du moins il n’est pas rebuté, affirmant même que comme disait sa tante Cyra «
c'est les pieds dans la mouise que poussent les plus belles plantes ! » Armillia doutait que quoique ce soit de bénéfique puisse prendre vie dans ce tas d’immondices juste bon à accueillir des rejetons malfaisants.

Rouille et gangrène ! Elias rugit, un larbin pressé et chargé se cogne à la charrette qui vacille dangereusement, menaçant de se disloquer sur le champ. Un entretien sommaire et les rejets acides des ordures commencent à venir à bout du bois et des écrous, mais finalement le chariot tient bon, Armillia se voyait déjà en train de ramasser les ordures au milieu de la ruelle et tout transporter à la main. Cette seule idée le fait frémir et il ne peut s’empêcher de pousser un soupir de soulagement.

Et il reprend son travail : décharger sur le tas d’ordures, repartir à l’atelier fissa, remplir le chariot, pousser avec précaution jusqu’au carrefour maintenant bourdonnant d’insectes heureux de cette manne offerte. Et qui de pondre dans un nid douillet et qui de rouler jusqu’au terrier les réserves pour l’hiver, certains même y élisant domicile, pensez ! un vrai palace que l’Elias est en train de leur construire.

Vert de rage, un vieux tydale brandit un bâton noueux à l’adresse d’une vieillarde minuscule et tellement fripée que plus personne, ni même elle atteinte de sénilité, ne saurai dire de quelle race elle est issue. La femme se meut en tortillant du bassin en direction d’Elias, un chapelet d’insultes à sa bouche édentée. Malgré sa mise défraîchie, l’élocution de la vieille est excellente.


De quel droit souillez vous cet endroit commémoratif ? Armillia la regarde avec des yeux ronds.Première nouvelle. Commémoratif ? Changez de ton jeune homme ! Ignorez vous à qui vous vous adressez de la sorte ? Et Elias, qui l’ignore effectivement, répond dans un haussement d’épaule, encore la femme d’un quelconque notable qui se prenait pour un grand chambellan

Gris et bleu voyez donc ! les couleurs de la grande famille Eth’Rabiau, grands marchands d’Arameth dont je suis la matriarche. hurle la dame à l’encontre d’Elias en agitant sous son nez une bague ornée d’une énorme pierre bleuté. Ce dernier mot provoque une sueur froide chez notre ami qui sert le poing avec force luttant pour ne pas l’envoyer au visage parcheminé de la créature vêtue de haillons.

Sous le regard amusé de la foule de badauds qui s’est amassés peu à peu, désireux de ne pas louper une miette de ce spectacle, Armillia commence à perdre patience mais la harpie n’en a pas fini avec lui «
les gens de ma famille sont enterrés ici même ! Que de grands noms que vous devez respecter. Agenouillez vous et baisez ma bague !

Là s’en était trop pour le tydale. Rouge de colère il regarde autour de lui à la recherche d’une aide. Un fripier est sorti sur son pas de porte et rit à gorge déployée face à la détresse de notre ami. Armillia lui jette un regard noir. Pris d’une inspiration soudaine et prenant sur lui, il se penche avec dégoût vers la vieille se demandant qui de ses frusques ou des ordures puent le plus et lui marmonne quelques mots à l’oreille réprimant une montée de bile.

Pluie d’injures, de cailloux, d’objets pris sur les ordures s’abattent sur le fripier, la mégère a trouvé une nouvelle cible et fonce, serres en avant, sur le marchand qui se carapate vite fait dans sa boutique. La foule se déplace jusqu’à l’échoppe encourageant l’indigente par des cris de joie. Armillia est soudain épuisé, la tension des derniers jours retombe et il se dirige lentement vers l’atelier du maître marchand s’éloignant du chahut. La nuit lui tend les bras, il a hâte de s’écrouler sur sa couche.



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Artus Finn

Le Vayang 21 Dasawar 1507 à 17h12

 
Dong Dong Dong Dong !

Une espèce de gnome hirsute frappait à un carreau de l'atelier du marchand nelda en jetant régulièrement des regards fouinards au travers de celui-ci. Les rues de la cité s'étaient éveillées depuis quelques heures déjà et s'emplissaient encore d'une agitation croissante. Le gros Kazafir avait sorti ses tapis sur la place et déjà deux tchaës chenus se battaient pour obtenir de lui le meilleurs prix.

Dong Dong Dong !

Elias le pirate ? Je suis là ! J'entre...

Il poussa la porte en trainant avec lui une curieuse mécanique grinçante montée sur roulettes et munie d'une demi douzaine de bras.

Coui couicouicoui Couiiii couicouicoui...

Voilà bien longtemps qu'il n'avait pas rangé un atelier, ça c'était sûr ! Il espérait bien trouver dans celui-ci quelques babioles réutilisable, Elias le pirate lui avait bien dit qu'il pourrait garder les débris qu'il voudrait. Mais par la barbe de tante Cyra où donc se terrait-il ? Ils devaient bien se retrouver dans cet atelier pour le débarrasser de ses immondices qui pendouillait et trainaient un peu partout. Artus posa un regard curieux autour de lui en attendant le pirate.


 
Elias Armillia

Le Dhiwara 23 Dasawar 1507 à 19h28

 
Il est encore tôt lorsqu’ Artus Finn arrive dans l’atelier. Armillia, pourtant debout depuis des heures, ne l’entend pas, occupé à assembler deux pièces de tissu. La toile est épaisse, l’effort demande beaucoup de concentration au tidale, trop forcer et c’est l’aiguille qui pénètre dans le doigt comme dans un vieux bout de gras flasque.

Est il mal installé notre héros au milieu des ordures ? A croire qu’il s’est habitué à ce lieu où saleté et bric à brac ont été consacrés. Finalement l’odeur ne lui soulève plus le cœur comme les premiers jours, la crasse ne le repousse plus autant.

Beau joueur il a déblayé sans rechigner tout ce qu’il a pu au jour d’aujourd’hui, aucune protestation ni devant ni dans le dos de son nelda de patron. Sage Elias qui fait son trou, qui écoute et observe, qui goûte à la vie particulière du Souk dont seuls les autochtones en connaissent les codes et peuvent apprécier à sa juste valeur.

Quand Artus Finn a proposé son aide Armillia a voulu en causer à S’hilaan, le nelda n’apprécierai peut être pas la compagnie du diplomate dans ses murs, puis il a haussé les épaules et contacté son confrère du Luth, après tout c’était un petit peu aussi l’atelier d’Armillia, toutes proportions gardées !


Robick dit :
Le grand canidé parti , les lutins dansent…


Soleil à travers la pièce ! Armillia jure, le vacarme dans l’entrée l’a fait se lever en sursaut et trébucher sur un objet coupant, un miroir qui fut serti de métal à première vue, et les mains qui glissent sur une substance visqueuse verdâtre font mentir Elias sur l’accoutumance au lieu ! Il se relève avec la plus grande difficulté sans cesser de hurler, furieux.

L' idiot qui….Ooh ?! C’est vous…je ne vous avais pas entendu…enfin jusqu’à ce que…enfin bref c’est pas grave Armillia s’essuie sommairement les mains sur son tablier
et tend une franche paluche au minuscule tchaë.


Robick dit :
Enflamme tout ça, ça irai plus vite
.Ignorant l’intervention inopportune de son symbiote, Armillia se concentre sur Artus. Avez -vous trouvé facilement ? À l’odeur peut être ? uh uh. Entre la crasse de ce lieu et le poissonnier du coin, nous voilà gâté. On se sent vivant à chaque instant !!

Au début, faut s’habituer
poursuit Elias en faisant une visite rapide de l’atelier, poussant du pied ce qui gêne leur passage, jetant dans un coin les objets qui lui tombent sous la main mais une fois nettoyé, le parquet poncé, les plafonds… Armillia suspend sa phrase, lève la tête vers le plafond d’une hauteur vertigineuse, couvert de projections douteuses et de vélins collés on ne sait comment, et regarde à nouveau Artus Finn avec un sourire Ca le plafond je pense que ce sera S’hilaan Tos’hur qui devra s‘en charger !

Couchant, vivant en ces lieux il lui fallait s’activer à le remettre en état et l’aide du tchaë était vraiment la bienvenue. Le petit bonhomme avait l’air farfelu mais Armillia avait envie de lui faire confiance pour être efficace.

A présent il semble prendre conscience de l’existence de la machine infernale qui a accompagné le diplomate.
Mais par tous les rejetons ! qu’est-ce donc que cet engin ? Je n’ai jamais rien vu de semblable

Travers de porcelin au jus au menu, le tout préparé par le cabaretier du coin, mais avant ne nous laissons pas abattre par l’immensité de la tache et si vous voulez bien passons à l’action ! Comme je vous l’ai dis tout ceci doit être débarrassé et vous récupérez toutes les mer…les bricoles que vous voulez.

Champs de bataille ou champ agraire dicton de par chez moi, le pot de fer contre le pot de terre, foie d’Elias qu’à la fin de cette journée nous ayons bien avancé et à notre santé !
Armillia tend une outre encore fraîche au tchaë.

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Elias Armillia

Le Sukra 29 Dasawar 1507 à 19h27

 
Les allers et retours de l’atelier au point de déchargement commencent par peser sur les bras et les jambes courtes du tydale. Mais au rythme où il va, ils plutôt depuis que Finn est venu avec sa drôle de machine, S’hilaan Tos’hur aura un lieu de vie et de travail convenable dans les délais.

Chapeaux mon p’tit Elias t’auras bien travaillé et mérité ta croûte éh éh…Un petit détour par la corporation, puis le quartier des tisserands au prochain déchargement et la journée sera bouclée…l’autosatisfaction se lit sur le visage luisant de sueur d’Armillia.

Des gens grouillent dans toutes les ruelles, il faut boucler les exercices de l’année écoulées, faire état des stocks, préparer les prochaines commandes. Les négociants tirent de plus en plus sur les prix, les artisans réfléchissent à renouveler leur créations. Les clients potentiels baguenaudent.

Paysannes, femmes de notables, valets vont et viennent, se croisent, se toisent. Ces gens que tout sépare et qui jamais ne se mélangeraient habituellement fréquentent ces mêmes lieux. Certains viennent s’encanailler d’autres y jouent leur survie. La magie du Souk.

Ondulent les robes, crissent les soies, frottent les toiles épaisses. Les chapeaux, les dentelles des capelines, les coiffes et les casquettes de qui n’y prend pas gare, virevoltent au vent d’hiver venant de lointaines contrées du fin fond des terres de Syfaria.

Sous la pression, Armillia s’efface et se retranche dans l’atelier, le désordre y règne encore en maître mais le tydale, soulagé, commence à apercevoir une issue à cette pagaille crasse. Il se pose lourdement dans le coin qu’il s’est aménagé et recommence à couper, filer, coudre minutieusement à la flamme vacillante d’une bougie. Prend garde à ne point t’enflammer mon p’tit Elias…

Le bon mot le ragaillardi -il en faut peu à notre ami-, l’ouvrage avance vite et peut être même qu’Armillia pourra se permettre le luxe d’aller boire un verre chez le cabaretier du coin de la rue. C’est décidé ! Ni une ni deux, un dernier piqué, un beau nœud dans l’ourlet invisible, un brin de toilette et zou…dehors !

Vent du nord qui apporte du sable dans les rues de la Perle Sombre, le couchant n’est pas loin et Armillia tombe menton à nez avec l’étrange mais néanmoins fort sympathique Al’Kognita.


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Elias Armillia

Le Luang 7 Jangur 1508 à 16h59

 
Elles s’étaient amassées près d’un banc qui borde la placette d’où débouchent quelques ruelles fourmillantes. Leur ricanements et sourires en coin exaspèrent Armillia au plus haut point Que lui veulent donc ces bécasses, n’ont elles jamais vu quelqu’un coudre ? Elias lève soudain la tête vers elles, un silence de mort se fait à cet instant. Les jeunes filles retiennent leur souffle, certaines portent une main à leur encolure et fixent le tydale dans un battement de cils, les lèvres en cœur. Elias se fend d’un sourire qu’il veut carnassier et lubrique. Les filles

Rient et fuient comme une nuée de moineaux s’éparpillant dans le souk, leur rire cristallin s’évanouissant peu à peu. Armillia hausse les épaules et se remet à l’ouvrage, il n’a pas de temps à perdre en futilité contrairement à toutes ces filles, tout juste pubères, qui le harcelaient de leur charme la journée tandis que leurs mères prenaient le relais le soir. Traînées !

Parfois il aimait à regarder travailler les dentellières. Certaines d’entre elles étaient de jeunes femmes, déjà girondes, le physique des plus agréable. Calmes, posées, Armillia admirait leur dextérité à tourner le crochet avec un fil épais. Les plus douées réussissaient à insérer des fils métalliques au coton blanc ce qui agrémentait magnifiquement un caraco ou un bas de jupon. Il ne se lasse pas de ce spectacle et réjoui d’avoir choisi cet itinéraire pour revenir de la décharge. Bien sûr il n’a encore jamais osé aborder l’une de ces femmes, mais il lui faudrait, un jour, afin d’apprendre le métier avec l’une des vieilles nelda de la corporation.


Robick dit :
Jusqu'aux limites de l’irraisonné tu m’étonneras Elias


Larmes salvatrices, de grosse gouttes d’eau s’écrasent sur le visage du tydale, l’averse n’est qu’un passage fugace hélas, pas suffisante pour coller au sol la poussière et le sable charrié par les vents jusque dans la Perle. Armillia goûte en silence à la pluie, l’esprit vagabondant puis d’une voix qui frise la colère, il tonne sourdement à l’attention de son symbiote

En quoi est-ce irraisonné ? détrompe toi, toi qui crois tout savoir ! Bien au contraire. Les hommes sont des créateurs, les femmes ont de la pratique c’est tout. Et moi je serai complet. L’art de suffire à soi-même ça me connaît. Créer des œuvres d’art n’est pas une affaire de femelles, crois moi. Si elles n’avaient pas les hommes pour leur souffler ce qu’elles ont à faire, le monde tournerai drôlement. Connais tu le Matriarcat ? un beau bordel crois moi…

Rêvant à un monde fait d’hommes, le tydale affiche un sourire benêt et un air crétin, il ne manque que la bave à la commissure des lèvres pour compléter ce tableau idiot. Chassant cette pensée qui lui a mis du baume au cœur, Armillia se secoue et reprend la route, du travail l’attend encore chez S’hilaan. Encore quelques voyages et ils en auraient fini. Enfin…il ne resterai plus qu’à nettoyer mais l’atelier aura déjà meilleure allure.

A peine a t il fait trois pas que des gloussements retentissent dans son dos. Faisant volte face il se retrouve nez à poitrine avec une tydale pas farouche pour un sardoine. La femme d’une quarantaine d’années est encore séduisante malgré ses traits tirés pas son labeur harassant, ses paupières sont lourdes et peintes avec un mélange de cire et de bleuet. Son allure et son haleine avinée ne font pas de doute quant à sa profession. Etouffant la colère qui monte en lui, Armillia tourne le dos et s’en va à grands pas. Le crépuscule arrive et les cantonniers commencent leur ronde.

Leurs vêtements faits de toile robuste étaient protégés par un immense tablier couvrant l’avant et l’arrière. Equipés de perche en bois dont l’extrémité est faite d’un assemblage de brindilles, ils parcourent les ruelles poussant devant eux les détritus jonchant les pavés et la terre battue. L’heure des balayeurs. Les échoppes se transforment en lieu d’habitation jusqu’au lendemain, les familles se reforment tandis que la faune nocturne commence à pointer son nez.

Amants pour quelques minutes les soleil et les lunes brillent encore dans le ciel. La voute étoilée va bientôt envelopper la cité.



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Elias Armillia

Le Merakih 16 Jangur 1508 à 12h00

 
L'angoisse du débutant ronge Armillia. A chaque fois qu’il en a l’occasion, il parcoure les ruelles et les quartiers de la Perle pour intéresser à la mode ses confrères et sœurs. Las les retombées sont loin des espérances du tydale, nulle demande ne lui est encore parvenue. Les affaires sont rudes

Avoine humide ! Elias ronchonne dans sa barbe de trois jours. Et le moustachu de la corporation qui ne veut rien entendre et se fait un malin plaisir de le regarder de haut chaque fois que le tydale pointe son nez ! L’insolent. Pas le niveau, pas le niveau…Même ses collègues ont apprécié le travail de confection d’Armillia, mais le gros moustachu faisait valoir une pseudo autorité de frustré.

Est-ce qu’il allait pouvoir honorer la commande du Chambellan avant que celui-ci ne s’impatiente et se tourne vers un autre artisan ? Armillia enragerai de ce scénario, il lui faut déployer toutes ses armes pour parvenir à faire plier le moustachu, il n’a pas le choix. Maudit moustachu.

Déjà près de deux semaines qu’Elias déblaye l’atelier et se fait connaître auprès des camelots le jour et qu’il coud et brode la nuit, s’esquintant les yeux à la faible lueur d’une bougie. Il ne devait pas être trop proche du feu pour ne pas prendre le risque de brûler les précieuses étoffes ou pire : mettre le feu à l’atelier ! A cette idée Armillia éclate d’un rire jaune.

Germée dans son esprit une idée lui trotte dans la tête depusi quelque temps et se fait plus insistante lorsqu’il croise le tchaë diplomate. Osera t-il lui demandé, là est tout le problème. La situation est des plus gênante et le tydale a sa fierté. Elias est partagé. Que dois je faire ? Si quelqu’un venait lui dire «une tache facile» Elias se sentait capable de faire sortir toute sa rage et jouer des poings. Cramoisi, le tydale réfléchi à un plan d’attaque. Il doit bien exister un autre moyen que demander l’aumône.


Robick dit :
As tu essayé de jouer les saltimbanques de rues ? Ca paye ça mon bon tydale. Les gens aiment bien les bouffonneries, rire, s’évader l’esprit de leurs tracas quotidiens. Bon faut avoir du talent surtout dans le grotesque et je suis sur que tu es doué dans ce registre…


Tu vas te taire maudit Mou ? Et cesse de rire de moi maudite bestiole. Même si je suis un artiste, et visiblement incompris, je n’aime pas me donner en spectacle sache le. Si tu n’as rien de mieux à me proposer comme aide je t’invite à nouveau à te taire et à me laisser réfléchir.

Rentré dans le petit bistrot où il a ses habitude, Armillia s’installe au comptoir, la journée ne fait que commencer et il doit garder les idées claires et prendre le temps qu’il faudra pour renflouer sa bourse.

Le p’tiot Frat’hui sert moi donc un verre de thé bien fort, bien chaud et bien sucré. J’ai besoin d’un truc qui me donne un bon coup de fouet mon gars.
Ahh misère, misère, me voilà bien dans la panade

Blé?…
Quoi ?
Pas b’soin d’être un érudit d’la bibliothèque pour voir qu’t’as des problème d’pierres mon bon Elias. Dès qu’un guss a ta trogne c’t’un problème d’femme ou d’caillasse, ainsi va la vie. Et vu ton charme mon gars, y a pas d’doute c’pas les femmes !


Cette réflexion le laisse songeur et Armillia regarde le nelda qui lui fait face derrière le comptoir, avec un œil neuf et méfiant et l’invite, d’un signe de tête un brin menaçant, à poursuivre

Année après année on en voit passer du monde tu peux m’croire et pis on en entend des choses. Et oui mon brave, un cabaretier c’est l’médecin d’l’âme du peuple. Avec l’expérience on d’vient fortiche à c’jeu, à savoir qui est quoi. On organise même des paris d’fois avec les collègues. Qu’est-ce tu vas t’imaginer là ? c’moi qui pourrai m’fâcher d’ta réaction. Elias faut qu’t’apprenne à ouvrir les yeux c’t’aussi simple qu’ça.

Les paroles nébuleuses du nelda n’évoquent rien pour le tydale qui hausse les épaules et plonge son nez du côté de son breuvage. Pas de temps à perdre à réfléchir à ses salades mais le cabaretier a vu juste, sa bourse vide est un obstacle pour atteindre le moustachu. Elias soupire.

Vaches maigres, ouai. T’as raison. Dis donc toi qui connais du monde, tu sais comment je pourrais amadouer ou contourner le moustachu replet de la corporation des tailleurs ? Il me met des cailloux dans les chausses en dénigrant mon travail ?

Ont-ils trouvé une solution ? L’histoire ne le dis pas encore. Quoiqu’il en soit le tydale ressort pressé de l’établissement enfumé, il s’est déjà que trop attardé et doit aller rejoindre S’hilaan Tos’hur à l’atelier. Il parcourt d’un pas aussi rapide que le permet la foule dans les ruelles au paroxysme de l’affluence de bipèdes.

Fait exprès, une charrette remplie de pièces de charpente s’est renversée en travers d’une rue obligeant Armillia a un long détour par le quartier des luthiers. Une cacophonie de crincrin de violes et autres violons lui agresse les oreilles, le tydale s’enfonce dans le Souk au pas de course en essayant de ne pas trop bousculer les ouvriers au passage.

Des cris d’émerveillements lui indique qu’il arrive à proximité de la place où vient régulièrement sévir un mime, régalant de ses mimiques les vielles dames et faisant éclater de rire les enfants, plus réjoui de voir les airs outrés des quelques notables s’aventurant dans le souk, proies idéales de l’artiste.


Hectolitres, décilitres, quintaux, kilo…on trouve de tout chez Grastos. De la bonne bière, du bon vin en provenance des vignobles Blakk’us et fils…
Pomme reinettes, pomme d’api , ils sont bons mes fruits…
hurlent à tue-tête les camelots.

De ce quartier il lui suffit de tourner dans le premier passage à gauche pour se retrouver au coin du poissonnier. Armillia s’est habitué à l’odeur depuis le temps, ses cils odoriférants se sont pliés à la rigueur de ce régime putride. Entre la crasse de la précédente propriétaire de l’atelier de son nelda de maître marchand et le pauvre tchaë qui s’évertuai à vouloir vendre ses poissons pas frais, il était gâté. Quant au poissonnier il n’avait pas encore trouver de solution pour éviter que les pains de glace ne fondent trop vite.


Lait caillé et démons du S'sarkh ! Et si tu essayais de l’assécher ta poiscaille plutôt ?
En colère Armillia rentre dans l’atelier et commence à ranger, rageur.


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Umbre

Le Julung 17 Jangur 1508 à 04h46

 
"Armillia ?" lui avait-on couiné au nez de façon fort détestable. À son grand dam, il ne pouvait compter qu'un nombre très restreint de commerçants parmi les gens qu'il respectait et bien peu parmi ses amis. Pourtant, tout Confrère était un marchand potentiel ou avéré. Mais ceux du Souk lui sortaient souvent par les trous de nez, masque ou non. Lui qui était un maître de l'information, il avait dû errer pendant presque une heure dans ce labyrinthe coloré et odorant pour trouver un indicateur fiable ou un renseignement utile. Le nom Armillia ne semblait pas sur toute les lèvres, ce qui avait ajouté à la méfiance du chambellan tout en attisant sa curiosité.

Ses requêtes sensibles avaient jusque là toujours été du ressort de la Joranum.

Néanmoins, il préférait encore s'adresser à un de ses subordonnés symbiosés qu'à ces couturiers vénaux et roublards qui faisaient tout pour le brosser dans le sens du poil sur le simple fait de sa condition, sans savoir passer un fil dans le chas d'un aiguille. Qui plus est, les pensées du dit Elias lui avaient donné l'impression d'un tailleur motivé, réellement intéressé par la commande plutôt que par son prix. Peut-être était-ce un véritable artisan comme il en existait si peu ? Restait à en juger réellement, et donc à le rencontrer pour de vrai.

C'est donc sur un insupportable couinement "Armillia ?" suivi d'un tout aussi irritant "Tos'hur !" qu'un commis de quinze ans tout en coudes et en genoux lui désigna du bout du doigt un atelier, visiblement en rénovation.

Pourquoi S'sarkh, l'imbécile lui avait-il répondu "Tos'hur !" ?

L
e négociant avec qui l'artiste s'en allait faire affaire était-il un associé ou un apprenti du nelda ? Mmm...Sans davantage se poser de questions, Umbre entreprit d'éclaircir la chose en prenant les devants. C'est ainsi que l'esthète masqué, richement vêtu, vint frapper à la porte du dit atelier où s'activait nerveusement un tydale. Toc, Toc fit-il en passant sa tête à l'intérieur de la bâtisse.


Confrère Armillia ?

Un visage est-il un masque de comédie posé sur la tragédie de l'âme ?

 
Elias Armillia

Le Julung 17 Jangur 1508 à 16h01

 
Petit rat affairé à déblayer les derniers vestiges du capharnaüm crasseux accumulé par l’ancien propriétaire, le tydale va d’un coin à l’autre des deux pièces contiguës. Une boule de papier par ci, un morceau d’un écumoir rouillé par là, une garde d’épée au cuir échevellé, une bobine de fil vide…Ah ! une cuillère en bois en parfait état. Elias hésite, la garder, la jeter ? Il hausse les épaules, pas de risques inutiles, l’ustensile va rejoindre le tas d’ordure.

Train d’enfer…à ce rythme le tydale ne pourra pas suivre longtemps, il lui faut lever le pied un peu. Travailleur acharné et passionné, Armillia n’en aime pas moins prendre son temps…Pour tout, les affaires comme pour lui même. Il soupire et s’étire. Son foulard lui glisse sur les yeux, depuis des jours à transpirer dans le carré de tissu il est temps qu’il en change. De plus en plus il avait l’impression de devenir aussi crasseux que la dame trucchose, l’amie de la Chambellan.

Où j’ai ben pu mettre l’autre. Tsss Mon P’tit Elias tu perds la tête en même temps que tes affaires. Allez, allez au boulot avant que le Chambellan Umbre arrive pour les mesures. Armillia sort de l’atelier et avance d’un pas tranquille jusqu’à la petite fontaine du carré des brodeuses, procéder à ses ablutions. Se dépoussiérer ne sera pas du luxe. Cela fait il se sent un homme neuf.


T'aurais pas b’soin d’un apprenti dis ? Un gamin le tire par le paletot, le regard implorant, une morve verdâtre coulant des narines. Armillia prend son air peu aimable File petit, je vois pas ce que je ferai de toi, j’ai déjà du mal à me prendre en charge…Qu’est-ce que je ferai de toi ? Devant l’insistance et les démonstrations de preuves de bonne volonté du gamin, Armillia soupire. Bon écoute moi bien, tu vas aller me chercher du thé, bien noir et bien sucré et tu vas me l’apporter chez maître Tos’hur. T’en prends 2 verres. Tu fais mettre ça sur mon bout d’ardoise. Et pas d’entourloupe tonne t-il.

En route pour l’atelier Armillia , pressé, fait à peine attention à l’agitation à peine plus soutenue qu’à l’accoutumée. Une tydale, d’un âge avancé visible sous l’épaisse couche de graisse colorée et de poudre étalée sur le visage et les yeux, l’alpague d’un air aguicheur et gourmand. Une grande bringue à la chevelure blonde comme les dunes de sable au nord de la Perle qui arbore un décolleté vertigineux, ne cachant rien de son opulente et indécente poitrine. Tête baissée, front plissé Elias fonce droit devant lui, le poing serré prêt à jaillir si la gueuze se montre insistante.


Vas t’en catin ! ne t’avise pas de m’approcher. Vas faire ton commerce ailleurs, fille du S'sarkh Armillia fulmine. Tous les jours il lui faut subir ce genre d’assaut et chaque jour il est un peu plus écœuré. Enfin le pas de port est en vue. Armillia est en nage. Il rentre dans l’atelier, referme la porte et s’y adosse en soufflant.

Tu es là S’hilaan ? Le silence accueille sa question et Armillia n’est guère plus avancé, le nelda est fréquemment perdu dans ses pensées ou concentré sur son influx d’énergie. Pour Elias il ne faisait pas de doute que le nelda fumait un peu trop pour garder l’esprit au clair. Mettant à profit le temps qu’il a Armillia à nouveau s’attèle à mettre au propre un coin de la pièce du fond pour accueillir dans les meilleurs conditions son client.

*** pause ***


Entendant son nom, Armillia répond par l’affirmative et se retourne. AHH ! Le cri vient mourir dans sa gorge. La main sur la poitrine où le cœur bat à tout rompre, le tydale se reprend devant le faciès immaculé, lisse et inexpressif de celui qui lui fait face.

Chambellan Umbre ? Armillia tousse pour s’éclaircir la voix et en chasser le tremblement. Foutresang ! Vous m’avez fichu une sacré trouille. Entrez, entrez.
Tandis que le chambellan fait quelques pas dans la pièce, Armillia, nerveux, le détaille sous toutes les coutures. Il admire la richesse des tissus dont est drapé l’homme de l’Art, du bel ouvrage à n’en pas douter.

Installez vous. Elias désigne du bras le fond de l’atelier, par l’ouverture de la porte un petit tabouret est visible. En suivant le chambellan, le tailleur reprend son observation du bonhomme. Nous commençons tout juste à nous installer, c’est encore très sommaire. Le tydale prend une profonde inspiration, le chambellan était sans nulle doute habitué à bien plus luxueux et confortable, mais sa volonté de se déplacer au Souk rassurait Armillia : Umbre devait aussi avoir l’esprit aventurier !

Bien, comme je vous l’ai d…QUOI ENCORE ? Armillia rugit Un gamin apeuré montre sa frimousse par l’encadrement de la porte et par on ne sait quel miracle aucune goutte de thé ne s’écrase sur le sol.
Maître Armillia le thé que vous avez demandé…
Ah oui, oui, merci petit. Pose ça sur le tabouret et tiens pour toi. Et file maintenant.
Le regard que lance le tydale est sans appel, le minitchaë prend ses jambes à son cou, le sourire aux lèvres pour la piécette gagnée.
Armillia attrape un verre à la base renflée, rempli d’un liquide noir aux reflets ambré et le tend à Umbre


Un thé Chambellan ?

Bon..bien…comme je vous l’ai signalé en pensées je vais pouvoir me mettre à votre habit dans les plus brefs délais. Avez vous des exigences concernant la couleur ou des motifs, blason ou signes particuliers que vous voudriez sur votre habit ?


Armillia attrape une corde épaisse d’un bon mètre de long où des nœuds ont été noués à intervalles réguliers et la laisse pendre autour de son cou.

Je n’ai pas encore le patron, vous savez ce qui sert de conducteur pour dessiner et couper les pièces de tissus et de cuir. Si vous le souhaitez et selon vos disponibilités je peux repasser vous voir pour vous soumettre quelques arrangements possibles. Armillia marque une pause et malgré le port intimidant de Umbre cherche le regard du chambellan. A moins que vous fassiez confiance à mon jugement et professionnalisme pour créer la tenue adéquate à votre personne, Chambellan ?

Si vous voulez bien prendre place debout sur le tabouret, je vais prendre toutes les mesures nécessaires.
Le tydale commence à tourner autour d’Umbre, la corde à la main, enserrant la ceinture, mesurant la hauteur des jambes du talon au genou, puis du genou à la hanche…

Voilà…descendez maintenant…110… humm…Asseyez vous je vous pries vous êtes un peu grand pour moi ! merci voilà…40 ici et 35 là…Parfait !
Enfin au bout d’un bon quart d’heure le tailleur libère le tydale masqué et plie soigneusement le vélin sur lequel il avait reporté toutes ses mensurations.

Il faudra sans doute que je vous revoie pour les dernières retouches afin que ce soit ajusté au mieux.
Un autre thé ?



Elias, trois fois Elias disait ma mère
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Umbre

Le Vayang 18 Jangur 1508 à 06h42

 
Armillia lui fait l'effet d'un tempête, mais rassurante. Une tempête qui tient compte de ce qu'elle emporte dans son sillage, avec une assurance maladroite et une détermination passionnée. Le Chambellan, sans mot dire, se laisse guider par le tailleur qui prend ses mesures et s'inquiète de ses volontés, à peine quelques secondes après son entrée. Le Pantin se plie au rituel, à cette danse artisane. L'instinct possède son interlocuteur, chose précieuse et chose rare. Rapide, il semble que son doigté soit également sûr. Son oeil, tout du moins, paraît aguerri. De quoi, sans doute, lui laisser toute les clefs en mains.

Le projet est tout à vous. Je ne vous serai désormais plus d'aucune utilité, hormis pour ces derniers éléments de taille qu'il vous faudra ajuster. Considérez qu'ayant mes mesures, le reste est entre vos mains; y compris l'esthétique à laquelle je tiens - pour ainsi dire - plus que de raison. Les couleurs, la coupe et les motifs sont à votre entière discrétion, mon unique exigence est celle que vous imposera votre muse. Et vous vous en doutez, mes largesses dépendront de votre succès.

La plupart du temps, les commandes exigeantes mais sans indications ne sont rien de moins que les entrailles du S'sarkh pour bien des créateurs et Umbre le sait. Mais elles laissent aussi l'inspiration faire son sibyllin chemin et donnent quelquefois, d'inattendus résultats. Pour lui, il n'y a pas de meilleur moyen pour rendre compte du talent d'un artisan et obtenir de véritables joyaux.


Je vous ai amené le plus proche de la somme demandée. Le reste vous parviendra dés que possible. Quant à vos bénéfices personnels s'ajoutant à tout cela, ils iront de fait avec le résultat.


Le Masque détache de sa ceinture trois bourses pleines de sardoines représentant une somme non pas coquette, mais tout à fait considérable. Il les pose sur le tabouret où il a siégé quelques instants auparavant et chasse de ses épaules d'invisibles poussières, avant de poursuivre.

Je n'ai pas pour l'habitude de marchander et n'envisage pas tomber dans ce vice que notre faction a rendu vertu. Si votre travail me plaît, vous serez payez davantage que mieux et recevrez ma fidélité, sinon....sinon nous aviserons.

La voix est tranchante et directe, intransigeante. Le prix coûtant que lui a annoncé Armillia par messages interposés s'est avéré plus important qu'il ne l'avait envisagé au premier abord. Mais le travail en question en demande certainement autant et il s'est décidé à offrir sa confiance au nouveau marchand télépathe. De fait, il est prêt à le récompenser si la tenue est à la hauteur de ses espérances. Le reste suivra.

Est-ce entendu ?

Un visage est-il un masque de comédie posé sur la tragédie de l'âme ?

 
Elias Armillia

Le Vayang 18 Jangur 1508 à 15h45

 
Armillia sursaute au ton froid et autoritaire du chambellan. Puis le visage du tydale se fend d’un sourire et il se penche en avant pour esquisser une révérence grotesque, petite tentative d’humour du négociant. Relevant la tête et redevenu sérieux, il fixe à nouveau le masque blanc. Armillia n’a rien d’une personne obséquieuse, les choses devaient être dites et faites simplement, comme elles venaient, notable ou non face à lui.

Vous ne le regretterez pas Chambellan.

Comme je vous l’ai dis votre contentement sera ma plus belle récompense.


Armillia a conscience que ce jeu est à double tranchant, il ne pouvait pas vivre que de l’air du temps. Le maigre salaire dû à sa fonction lui permet de faire face à ses dépenses courantes mais pas à l’investissement en matériel et ni matériaux nécessaires à son installation. Malgré tout sans un coup de pouce et une dose de renommé autant aller vendre des tuniques aux gambols !

Je vous contacterai pour les essais mais avant je dois partir à la conquête du moustachu de la corporation !

Décidément Armillia ne regrettai pas cette rencontre. Il comprenait que le géant qui lui faisait face pouvait ruiner sa réputation en un seul mot. Malgré tout il était confiant sur ses capacités et son ouvrage à venir.
Un travail de taille…de taille. Le Chambellan est grand et mince, le port quasi majestueux, même un haillon pour peu qu’il soit coloré n’enlèverai en rien à son élégance. Elias n’est pas inquiet sur l’aspect esthétique du vêtement, il connaît ses aptitudes, il sait qu’il sera beau. Qu’il plaise ou non au Masque était une question annexe. Non il ne fallait pas qu’il perde de vue la fonctionnalité première de la tunique, soit la plus grande difficulté de cette réalisation.


Si vous n’avez rien d’autre à ajouter…Pour ma part j’ai tout ce qu’il me faut dit il en tapotant la poche de sa tunique où il avait glissé les mesures.

Raccompagnant Umbre jusqu’à la sortie Armillia lui tend la main afin de conclure leur affaire


Alors à bientôt Chambellan, je ne voudrai pas vous retenir plus que nécessaire, j’imagine vos charges importantes. Je suis à votre disposition dans le suivi de votre commande.
Si vous veniez vous égarez dans le Souk, passez donc prendre un thé à l’occasion…



Elias, trois fois Elias disait ma mère
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Elias Armillia

Le Julung 31 Jangur 1508 à 13h47

 
*** Trois-quatre ***


Train de vie très sobre mené, le tydale n’est point habitué au luxe, bien que sa famille, enfin sa mère, ait été riche –ou qu’elle le soit encore pour peu qu’elle fût toujours vivante, mais Elias en avait cure. Enfant il restait enfermé dans sa chambre – petite pièce sans grand confort, après tout ce n’était qu’un mâle et sa condition était des plus envieuses –sauf lorsqu’on aimait être un objet sexuel ou que cela soit sa seule ambition. Une vieille femme au corps si ridé et fatigué qu’elle ne pouvait plus enfanter s’occupait de son éducation. La vieille avait pris Elias en affection et l’enfant avait bénéficié de ce que beaucoup n’avait pas : un minimum d’instruction. Lui apprendre à lire, écrire mais surtout à compter était l’une des missions que….comment s’appelle t-elle déjà ?… qu’elle s’était donné. Elias ignorait la raison de l’acharnement de la vieille, pour lui sa vie se résumait à ne jamais plus quitter sa chambre, pourquoi l’instruire à tous prix ? Et il avait payé plein pot, les douleurs cuisantes des coups de bâton ferré sur le bas du dos remontaient régulièrement à sa mémoire, son esprit était capable de lui faire ressentir aussi violemment la douleur que lorsque les coups pleuvaient. C’est elle aussi qui l’avait initié à la couture. Jouer avec les autres gamins lui était interdit, fallait l’occuper ce petit…Armillia détestait tout simplement les femmes !

De bon matin Armillia part à la conquête des tisserands et des fileurs. Un petit tour du côté des canuts, le tydale arriverai peut être à récupérer un peu de soie, juste une bande pour souligner la ceinture. De ce qu’il a deviné de la personne, il visionne la tonalité, le chamarré à apporter à la tenue du Chambellan. Il baguenaude dans différentes échoppes, discutant et buvant des thés toujours très forts et sucrés avec les Bourgeteurs, les tisserands et les détaillants. A la fin de la matinée son choix est arrêté. Oui, ce sera parfait !



La diversité des couleurs et des matières à travailler plait à Armillia. Un tour du côté des corroyeurs pour obtenir à bon prix quelques pièces pour le renfort et des liens pour structurer la coupe, quelques boutons de bois qu’il lui faudra teindre et le tydale peut rentrer, satisfait, à l’atelier.

Mort de peur un gamin détalle dans les jambes du tailleur manquant de le renverser. Sous l’impact violent, le chargement précieux d’étoffes et de matériaux tombent sur le sol poussiéreux de la rue des chapeliers. Jurant avec tout le vocabulaire de circonstance de sa connaissance, Armillia ramasse les affaires et les époussette. Direction l’atelier pour y déposer ses acquisitions et commencer le travail au plus vite.

Mais rien n’est jamais simple. Le tydale voit au loin dame Grupionne, bonnetière de son état et harcelant de ses charmes le tailleur. Malheur…Armillia bifurque aussitôt à gauche et il lui faut faire une grand détour pour arriver enfin à portée de nez de la rue de l’atelier.

Que cette dame le trouve charmant est une chose, mais qu’elle aille donc fantasmer dans sa boutique ! Furibond Elias entre dans l’atelier et pose sur la couverture qui lui sert de couchage les tissus pour le vêtement de Umbre. Avec précaution il déplie le patron et le guide de pratique récupérés à la corporation et commence a étudier tout ça. Il marmonne, fronce les sourcils, hoche la tête d’un air surpris, caresse son foulard, perplexe…Au bout d’un long moment il repose les parchemins satisfait. Ca devrai pas être trop compliqué. Bon, encore deux trois choses à faire et je vais pouvoir m’y mettre.


Fais moi voir ta main, tydale, que je te dises le merveilleux destin qui est le tien …Allons bon, une voyante maintenant. Armillia fulmine, jamais elles le laisseront en paix à travers la ville. Ressorti à une heure largement dépassée du déjeuner, le soleil chauffe son chef lorsqu’ Elias traverse les larges avenues de la Perle jusqu’au manoir du Limonaire. Il entre dans le bâtiment et prend un instant pour s’orienter. Au fond à gauche –droite il a pensé…bureau…oui, ce doit être par là…Une fois son confrère du Luth trouvé, la pelisse, ou plutôt la relique tellement elle est dans un état pitoyable, regardée sous toutes les coutures et s’être entendu sur un prix, Elias repart les bras chargés, une consœur ayant saisie l’opportunité de faire retoucher son vêtement.

Tu te rends compte quel manque de soin les gens apportent à leur frusques ? Non mais regarde moi ces chiffons …déchirés, les coutures éclatées, des trous partout…tsss

Le pauvre Armillia, déconfit, s’en remet au jugement de son Mou, seul interlocuteur qu’il a sous la main. Il retraverse la ville en direction des forges pour glaner quelques fils de ferraille et des plaques, il avait besoin d’un mannequin pour travailler. Une fois cela fait, il repart pour l’atelier dans l’intention de ne le quitter qu’une fois son travail de reprise fini. Toute la nuit il retouche les coutures, taille les fils anarchiques, coud des pièces, raccommode à la lueur de sa bougie. Au petit matin il s’endort enfin, épuisé, l’œil papillonnant après s’être concentré sur ce travail minutieux. A son réveil une grande journée l’attendait encore.

Referas tu du café ? s’inquiète Elias auprès de l’un de ses cafetier préféré, le vieux Plö’emtru. Sitôt debout il a vérifié le travail accompli dans la pénombre, sait on jamais, et fignolé les retouches des deux vêtements. Satisfait il est parti faire sa livraison au Manoir et rentré rue des poissonniers non sans s’arrêté par le bistrot, une grosse dose de caféine ne sera pas du luxe pour ce qui l’attend.
Après avoir avalé deux tasses d’un jus noir épais, Armillia se sent revigoré, un de plus et il sera fébrile il le sait et c’est un état qu’il vaut mieux éviter, son travail à venir ne souffrait pas qu’il ait le moindre tremblement. Mon vieux, c’est un délice. Je repasserai sûrement plus tard ! Armillia prend congé du tavernier et prend la direction opposée à son lieu de vie


Tu sais où je peux trouver du lannë ? Armillia une fois encore cette semaine fait le tour des tisserands, des débitants, des chineurs, des fripiers…bref tout ce que la Perle peut compter de revendeur de tissu, sans succès. Aucun ne peut satisfaire sa demande.

Encore un coup du sort pour notre tydale, cette soie semble introuvable à moins d’entreprendre un long voyage jusque chez les dEquilibrés.
Foutresang ! Furieux et abattu Armillia s’en remet à la Chambellan et songe que le gros moustachu de la corporation a loin d’en avoir fini avec lui !


Elias, trois fois Elias disait ma mère
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Umbre

Le Dhiwara 3 Fambir 1508 à 23h56

 
*** 2 semaines après sa première visite... ***

Animé par l'excitation de l'enfant qui sent venir à lui le confort plaisant d'un présent bientôt obtenu, le Chambellan avait pris ses jambes et ses bottes (cirées) pour se rendre au Souk, à peine quelques heures après la réception du message télépathique d'Elias. Le Négociant parlait surtout de finitions et d'ajustements, ce qui signifiait que le Masque pourrait peut-être apercevoir l'oeuvre....Voir la toucher, l'admirer.

Ses pensées vagabondaient sur la vague houleuse de son imagination, prêtant déjà formes et couleurs à ce costume qu'il porterait d'ici quelques temps. Cette fois-ci, le chemin fut plus aisé, non seulement parce qu'il savait où trouver le tailleur mais aussi parce qu'il planait sur un songe. Comme le comédien à qui l'on a promis un nouvel habit de scène et un musicien à qui l'on fait miroiter l'éventualité d'un instrument plus performant.

Aussi, c'est bien à l'atelier rénové du Marchand Tos'hur (après tout c'était là qu'il avait trouvé Armillia) qu'Umbre pointa le bout de masque. Il se demanda au passage si l'apprenti du nelda n'avait pas entre temps fait sa propre acquisition, mais il en doutait sérieusement.

Toc, toc, toc.


Un visage est-il un masque de comédie posé sur la tragédie de l'âme ?

 
Elias Armillia

Le Luang 4 Fambir 1508 à 23h46

 
Personne dans cette ville ne semblait donc savoir où trouver la précieuse toile dont il a besoin pour honorer une commande. Calmé, Armillia est résigné à attendre des nouvelles d’une potentielle caravane en partance pour l’Equilibrium. Un client, qui plus une personne qu’il peut considérer comme ami, ça se respecte et Elias est décidé à se rendre sur place s’il le faut !

Ne se connaissant pas beaucoup de talent pour l’exploration et ayant de très vagues souvenir d’un voyage semé d’embûches depuis sa fuite du Matriarcat, Armillia soupire en pensant à ce qui peut l’attendre en route. Mais s’il le faut, il le faut et il ne reculera pas ! Et autant profiter du voyage pour ramener de ce fameux cuir qui ferai de très bonnes paires de souliers.

Sait il qu’il a de la chance notre tydale ? Hormis ce contretemps de matière première, depuis son arrivée en Arameth il lui faut bien admettre que la bonne fortune, sous les traits du nelda Tos’hur et du tchaë Al’Kognyta, lui sourit. Mais pour l’heure il a un travail à terminer. Des jours, enfermé dans sa pièce il découpe, taille, brode dans de la toile, du cuir ou de la soie.

Ce qui lui semblait facile de prime abord s’avère plus complexe, un véritable jeu de patience, mais Armillia n’est pas homme à renoncer. Mainte fois la soie fragile se déchire, mainte fois les coutures lâchent. Elias grogne, tempête, fulmine mais inlassablement recommence, renforce, reprise à petits points solides et invisibles. Des plaques de cuir sont assemblées au niveau de la poitrine entre deux couches de coton brodé pour la protection et donner de la tenue à l’ensemble, avec les chutes Armillia fabrique une ceinture et des bracelets couvrant les avants bras jusqu’aux poignets.

Qui ne serait être satisfait de son travail ? Enfin un matin, Armillia pose ciseaux et aiguilles, un sourire aux lèvres. Ses pensées vagabondent…Bon matin Chambellan, Armillia en pensées. Votre tenue avance très bien, il ne reste que les finitions et autres ajustages à votre personne. Je suis disponible dès qu'il vous accorde pour vous recevoir à l'atelier ou même venir dans vos appartements si vous préférez.


S'assoupissant un instant, le tydale est réveillé en sursaut par des coups frappés à la porte. Il se retrouve devant Umbre arborant un nouveau masque. Le chambellan semblait en changer au grès de ses humeurs et Armillia ne peut s’empêcher de sursauter, peu à l’aise devant l’autorité inexpressive du Chambellan. Le tailleur accueille son visiteur et l’emmène au fond de l’atelier. Entrez Chambellan, comment vous portez vous depuis l’autre jour ? le travail est quasi fini, il ne reste que quelques ajustements à faire, si vous voulez bien vous donnez la peine. Armillia désigne une chaise où Umbre peut s’asseoir et exhibe un mannequin de fortune sur lequel tombe une longue tunique dans un beau camaïeu de bleu. Sous un épais tissu souple bleu foncé aux fines broderies formant un genre de manteau sans manche, une tunique en soie turquoise aux manches longues et très larges donne brillance et volume a l’ensemble.




Y faut que vous le passiez Chambellan, que je fasse les dernières retouches : longueur des manches et du manteau, ajustement de la taille…J’ai fait des renforces poignets aussi, pour ne pas que les manches vous gênent dans vos mouvements. Il y a là une ceinture pour donner du bouffant à la tunique.
Vous trouverez un miroir là derrière. Je vous laisse maintenant, je suis à côté.


Fait sur mesure, il n’y a pas de plus beau vêtement. Armillia ne doute pas que la tenue d e bravache plaise au Chambellan, malgré tout il attend les critiques du Masque les mains sèches. Il sort de sa poche sa petite flasque et boit une bonne rasade de son contenu.



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Umbre

Le Matal 5 Fambir 1508 à 04h05

 
Comme il s'y attendait, le Négociant avait débuté les plaisantes hostilités sans attendre, prenant immédiatement en charge les muettes attentes de son invité. Le tourbillon Armillia, parfaitement coordonné dans sa propre danse et imperturbable dans l'achèvement de ses desseins, mena le Chambellan dans la salle du fond pour un essayage instantané. Décidément cet homme plaisait à Umbre, non seulement par sa façon de jurer avec le paysage babillant des marchands du Souk mais aussi par la force passionnée de son travail et par l'énergie déterminée de ses agissements.

Néanmoins, ce qui suivit acheva sans conteste de concrétiser la bonne impression que lui avait offert l'individu et de donner raison à son instinct. L'oeuvre que Elias révéla au regard impatient de son client était de toute beauté. D'une finesse onirique et d'un goût exquis, dans des tonalités qui étaient les siennes. Bref, d'un charme parfait.

Laissé seul à l'abandon de cette tunique, le Masque profita longuement du ravissement visuel que lui procurait ce superbe costume. Puis, lentement et délicatement, il prit contact avec la création. Le tissu, l'épaisseur, les formes, les reliefs et les plis. Tout lui parut parfait. En conséquence de quoi il ôta son présent vêtement pour posséder pleinement la chose. En quelques secondes mesurées, il était dedans. Et mis à part les quelques ajustements qu'avait évoqué le tailleur, l'habit lui convenait avec une précision diabolique. Autant à l'intérieur qu'à l'extérieur.

Après quelques mouvements et quelques regards dans la glace, il semblait évident que le travail demandé avait été accompli au-delà de ses espérances. Restait les dernières touches et il serait pleinement satisfait. Dans la quiétude quasi-mystique où il venait de prendre connaissance de ce nouvel attribut divin, sa voix s'éleva pour ramener à lui le compositeur.


Je suis prêt Maître Armillia ! J'ai revêtu votre chef d'oeuvre et il vous faut désormais lui consacrer vos ultimes coups de pinceaux. Entrez, je vous en prie.


Une impatience notable, bien supérieur à celle qui l'avait secrètement animé jusque là, était bel et bien perceptible dans sa voix claire et mélodieuse. Dans son appel, il en avait profité pour laisser percer son contentement sincère.



Un visage est-il un masque de comédie posé sur la tragédie de l'âme ?

 
Elias Armillia

Le Matal 5 Fambir 1508 à 16h07

 
Personne n’aurait pu dérider le tydale à cet instant. Malgré son assurance, au fond de lui, une petite boule jouait au yoyo dans ses viscères. Il attend. Et contre toute attente l’invitation a revenir dans la pièce ne tarde pas. Le Chambellan, s’il est coquet, n’en est pas moins un homme efficace.

Ne laissant pas éclater violemment son autosatisfaction devant le Chambellan qui se dresse devant lui - ceci n’est pas dans le caractère du tydale, sans fausse modestie non plus- le négociant de la Perle, le rose aux joues, affiche un fin sourire en entrant dans la pièce et découvrant Umbre dans le vêtement crée.

Croit d’aucun qu’Armillia est froid et imbue de lui même, il n’en est rien. Le tydale se sait capable de faire des choses et de les faire bien, il est doué et aime son travail, point. D’un œil expert il jauge rapidement l’effet global et très vite s’attarde sur le moindre détail. Raccourcir un peu devant, rallonger légèrement la manche droite pour un tombé harmonieux. Mais avant de se saisir de ses aiguilles le tailleur dépose près des affaires du Masque une bourse en cuir.


Il vous revient cette somme. Comme je vous l’ai expliqué j’ai pu faire des affaires beaucoup plus intéressantes que prévue. S’engornellir des malheurs des autres n’est pas trop mon genre mais il serai idiot de ne pas « profiter » d’un commerce au bord de la faillite. Au final tout le monde y trouve son compte, même si une partie est un peu plus lésée forcément. Enfin il n’aura pas vendu à complète perte non plus.

Faut dire qu’à force de pratiquer des prix exorbitants, le destin de ce camelot était plutôt prévisible…

La scène paraît surréaliste : un artisan donnant de l’argent à un client pour une commande passée…mais en ces terres de Syfaria rien ne peut sembler complètement incohérent. Tout en parlant Armillia se saisit de son pique épingles, large lanière de cuir sur laquelle est cousu du tissu ramassé en boule sur laquelle sont plantés des... épingles, le fixe autour de son poignet et entreprend de piquer ça et là, sur le bas du manteau, quelques épingles afin de marquer le nouvel ourlet.

Qu' il y ai des gens aussi vénaux m’étonnera toujours. Certes sans argent la vie est plus difficile faut pas raconter n’importe quoi non plus. Elias continue de piquer ses épingles, se montrant plus bavard qu’à l’accoutumée. Mais bon…c’est une question de choix

Il faudra réajuster là aussi…
Le tailleur passe dans le dos de Umbre et tire légèrement sur le tissu. Vous n’êtes pas homme a ne pas vous soucier de votre silhouette...ça ne posera …donc pas de pro…blème si…je resserre un peu…au niveau de la taille. Voilà. Armillia fait à nouveau face au chambellan et regarde l’ensemble d’un air appréciateur.

Voie qu’il n’aurai jamais pensé suivre que le métier de tailleur. Et pourtant Armillia se sent de plus en plus passionné par cet art. Toucher les différents tissus, raviver ou réinventer les couleurs d’une toile, l’odeur chaude des cuirs, donner du corps à une matière et parfois donner une nouvelle personnalité à quelqu’un rien qu’en drapant son corps., tout ceci était finalement très excitant.

Mais rien n’est jamais aussi facile qu’il y paraît et le tydale a passé bon nombre d’heure et de nuits blanches à coudre jusqu’à voir les différents motifs danser devant ses yeux et les couleurs se mélanger. Et maintenant qu’il voit la tenue sur Chambellan, gracieux, retomber fluidement, épousant ses mouvements aériens, Armillia prend un air grave, presque solennel.


Moi je dis pas mal. Pas mal du tout. Il faut dire que vous n’êtes pas compliqué à habiller Chambellan. Armillia se recule à nouveau à l’affût du moindre détail.

Je suis bien obligé d’avouer que je suis content de mon travail mon sieur et je suis encore plus heureux qu’il vous satisfasse. L’astuce se montre donc dans les serre-poignets que vous avez là et se mettent de cette façon ci.. La largeur des manches, qui peut sembler démesurée, allonge la silhouette et donne de la majesté au geste, mais une fois les pièces de cuir ajustées vous n’êtes plus gêné par le tissu et libre de tous mouvements.
Armillia prend un air désolé.

Suis-je tête en l’air…vous aimeriez peut être boire quelque chose de chaud. Un thé ? un café ? je peux aller vous en faire quérir sur le champ.

Quand Armillia était plongé dans son art, rien d’autre ne comptait, surtout pas le protocole, et même si le Chambellan masqué l’impressionnait quelque peu et que l’artisan se sentait comme un aveugle face à Umbre en l’absence d’expression faciale, il ne changeait pas de comportement pour autant.

Même au contraire. Un sentiment contradictoire combattait en lui. Le Chambellan de l'Art était le modèle idéal et le tailleur arrivait à bavarder librement en sa présence sans se sentir jugé. Etonnant mélange qui se faisait dans l’esprit du tydale, il avait conscience de la puissance de cet homme et qu’il pouvait se montrer dangereux, sans pour autant perdre son naturel avec lui. Curieux bonhomme…


Là. Bien. J’aurai terminé au plus tard demain Chambellan. Je vous le porterai chez vous si cela vous accorde. Je vous laisse vous rhabiller maintenant. Armillia sort de la pièce laissant Umbre seul.


Elias, trois fois Elias disait ma mère
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Umbre

Le Julung 7 Fambir 1508 à 04h42

 
Encore une fois, la tornade Armillia fait son office, laissant peu de place au superflus et à l'inutile. En quelques coups, en quelques tours, il épingle et pique, il voit ce qu'il y a faire et ce qu'il y a à finir. Il laisse aussi son verbe s'échapper et la Masque l'écoute sans en perdre une goutte, dans un silence paisible et une immobilité parfaite. Il s'agit pour lui de saisir le personnage, de connaître l'artiste derrière l'artisan. Il sent, au gré des allers et venues, cette seconde peau se former autant que le personnage se révèle. En ressortant d'ici, Umbre aura cerné davantage une de ces âmes qui peuplent sa ville et ce Souk. Une âme importante, à n'en point douter.

En quelques minutes, Elias relâche son emprise aguerrie et libère le Chambellan. Qui à son tour se libère de sa tunique en finition et reprend ses vêtements. Il replace avec minutie le costume sur le mannequin et admire de nouveau la pièce. Étonnante. Le tailleur a su saisir les goûts de son client avec une précision déconcertante et leur donner forme dans un mélange déconcertant d'efficacité et d'habileté.

Il y a apprendre de cet homme, plus qu'il ne le croit lui-même, c'est certain. Un artisan qui voit les songes est un artiste, un artisan qui les concrétise est un virtuose. La perfection est encore un peu loin, mais avec le temps et l'expérience, il pourra peut-être la toucher du bout du doigt.

S'arrachant à sa contemplation, Umbre regarde d'un oeil distant la bourse de sardoines que son hôte a déposé sur la chaise. Inutile de la prendre pour la lui donner, l'homme l'aurait refusé. "L'oublier" par contre, l'obligerait à faire face au fait accompli. Mais l'oublier avec une autre bourse, pour lui faire comprendre que c'est un oubli sans rappel. Le Chambellan détache de sa ceinture une autre contenant plein, plein de 25 sardoines. À elle deux, cela fait 50. Ce n'est pas myrifique, mais c'est de toute manière davantage que n'en attendait le marchand. Et c'est aussi la seule somme que le Pantin transporte.

Hop. Voilà.

Puis il s'extirpe de la salle et rejoint Elias dans l'atelier.


Bien. Parfait. Alors nous pouvons dire que je vous retrouve bientôt à l'Amphithéâtre du Luth, avec la version définitive ? La pyramide de mon Horloge est plutôt sinueuse et complexe, comme le quartier qui l'entoure, alors n'hésitez pas à demander votre chemin. Si on tente de vous bloquer le passage jusqu'à mon bureau, dites que c'est moi-même qui vous envoie à moi-même.

Un pas, deux pas vers la sortie. Courbette et salutation.

Maître Armillia, bien à vous.


Et l'esthète disparaît dans les amples franges colorées des tentes et des maisons du Souk. La visite éclair a portée ses fruits, comme toujours, mais laissant cette fois-ci les deux protagonistes plus riches au départ qu'à l'arrivée. Bien que sous des formes variées.


Un visage est-il un masque de comédie posé sur la tragédie de l'âme ?

 
Elias Armillia

Le Vayang 15 Fambir 1508 à 10h56

 
Le tydale est de retour à l’atelier pour une période d’accalmie. Il va pouvoir se poser, aménager son coin et voir avec le maître Tosh’ur comment donner plus de vie à l’atelier. L’armurier a installé ses râteliers, mais beaucoup de choses traînent encore.

Petit à petit l’oiseau fait son nid comme disait ma grand-mère et le tailleur se sent l’âme d’un passereau. Il note dans un coin de sa tête les quelques fournitures dont il a besoin pour son installation : des barreaux de bois, du chanvre pour les fixer au plafond – bon sang…le plafond ! Le tailleur allait devoir faire appel à S’hilaan pour qu’il lui fixe les cordes en hauteur. Même avec un escabeau le tydale ne serai pas assez grand.

Train arrière dans une ornière, une charrette bouchait le passage de l’une des artère principale du Souk ajoutant à l’ambiance fébrile habituelle. Le tailleur ignore pourquoi ce souvenir remonte à sa mémoire, un détail sans doute gravé dans son subconscient, quelque chose d’importance, mais quoi ?


Dans son empressement rentrer et s’installer, Armillia oublie de passer commande du côté de chez les ébénistes pour les barres. Aussitôt il ressort et entre dans la corporation des travailleurs du bois. Une odeur de bois chauffé et de résine lui caresse les narines. Il avance sur un sol de sciure fine et se dirige vers un artisan, moustachu et joufflu. Le ventre proéminent de l’homme et sa petite taille contraste, il est rare de voir un tchaë aussi gras, mais le vieux bonhomme est joyeux et sait communiquer son enthousiasme.

La, Paû’Hlo, bonne journée confrère artisan. J’ai besoin de toi. Me faudrait deux barres d’une bonne mesure, disons 2 mètres chaque, et d’un diamètre de cet approximation, ce disant il joint le bout de son majeur à celui de son pouce. Je veux pendre des vêtements dessus, il me faut du costaud pour ne pas qu’avec cette longueur la barre plie sous le poids des étoffes et des cuirs.

Campagne se désertent, misère en porte ouverte ! Le vieux tchaë désigne du menton deux pauvres gars traînant leurs guêtres à la recherche de quelque chose à grappiller pour se mettre sous la dent. Il soupire. On en voit d’ pus en pus d’ comme eux. Y sortent des bas fonds et d’viennent de pus en pus hardis. Avant y s’aventuraient jamais d’trop par là, disons qu’la vue d’bonne planche, un bon manche solid, ça avait d’quoi r’froidir les ardeurs des imprudents. Mais main’nant…La phrase reste en suspend

Et toi alors dis moi ? Bon…j’ai ça à t’ proposer, le bois il est pas régulier, y a d’ nœuds…là….là et un p’tiot là. C’pas méchant pour deux sous mais j’ peux pas en faire grand chose. S’ tu veux un portant l’esthétrique on s’en fout.
Y a juste un souci d’solide du coup, deux mètres j’t’ garanti pas que ça pliera pas s’tu mets toutes tes frusques d’sus. J’te fais deux bouts d’un cinquante. C’pas mal d’jà, t’peux en stocker. J’te fais ça tout poli et tout, garanti sans écharde pour quat’ pierres…


Les deux pour deux sardoines papy et on fait affaire. Armillia aimait bien venir voir le vieil ébéniste. Malgré ses idées un peu trop courtes et ses vieilles mains tremblantes il restait un bon artisan forçant au respect. Le tailleur ne jurerai pas de faire appel à lui pour la fabrication d’une pièce délicate mais pour ce genre de petits arrangements il était l’homme de la situation.
Discutant encore un peu avec le tchaë, Armillia repart avec ses deux barres sous le bras. Du boulot pour S’hilaan...cette pensée arrache un sourire au négociant.

Enfants de la balle venus se perdre dans les ruelles du grand Souk d’Arameth, quelques gamins accompagnent de leur rire Elias jusqu’à la rue du poissonnier, dont l’étal, pourtant pauvrement fourni, foisonne de produits peu ragoutants. Armillia plisse le nez et en apnée se presse jusqu’à l’atelier.


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Elias Armillia

Le Julung 21 Fambir 1508 à 12h10

 

Le tailleur est affairé dans l’atelier. Les barre de bois et les cordes en chanvre ont été déposées dans un coin de la petite pièce du fond en attendant le moment propice d’appréhender le nelda afin de solliciter son aide. Armillia se frappe le front. Foutresang ! S’hilaan…Voilà bien longtemps que le maître artisan lui avait demandé une tenue pour forger en toute sécurité et que s’étant laissé débordé par les évènements le tailleur en avait oublié son ami !

Petit rat studieux, Elias farfouille dans ses affaires et en sort une longue tunique. Après une rapide inspection, il hoche la tête, un nelda la porterai avec aisance ! Un pur coton, idéal quand on est amené à jouer avec le feu d’un peu trop près, de teinte écru. Des petites feuilles brodées avec du fil vert soulignent le col rond et le bas des manches, formant de légères arabesques colorées qui relève l’austérité apparente de la tunique. Armillia enfile le vêtement sur son mannequin de fortune et recense les différentes pièces de cuir qu’il a à disposition pour rapidement constater qu’aucune ne sera suffisamment importante pour recouvrir le devant de la tunique. Qu’à cela ne tienne…ciseaux, fil et aiguille en main, le voilà parti à tailler de gros carrés dans les différents cuirs.

Train machinal, Armillia découpe et assemble pour bientôt obtenir un pachwork en cuir dans un camaïeu de bruns qui lui faut fixer sur le devant de la tunique. Avec méthode il découpe le tour de cou, laisse un pan de cuir retomber sur les épaules et fixe deux lanières au niveau de la ceinture pour un vêtement ni trop ample, ni trop serré, adaptable à la morphologie et à l’humeur du forgeron. Au bout de quelques heures tout est assemblé, le tydale s’acharne à tirer le cuir et le coton dans tous les sens pour tester la solidité de ses coutures.

Dans sa barbe de trois jours, Armillia sourit, satisfait. Il lui faut maintenant s’occuper des serre-poignets. Il découpe deux larges bandes de cuirs sur lesquelles il fixe des attaches, le nelda pourra à la fois protéger ses avants bras du feu et emprisonner le tissu pour ne pas gêner ses gestes.

La tenue est terminée. Armillia la pose délicatement sur sa paillasse en attendant de la donner à son maître marchand. Un bruit sourd à la porte. Quelqu’un vient. Le tydale traverse l’atelier, ouvre la lourde porte en bois et se retrouve nez à ventre poilu avec un nelda.

Montagne de muscles et de crocs, l’être qui lui fait face ne donne pas envie de le croiser au fin fond des bois un soir de pleine lune. Elias lève le nez pour s’enquérir de ce que veut le nelda : un arc…Un arc…un long, un composite…Sandolphan !
Armillia fait entrer l’aventurier et passant les politesses d’usage commence un questionnaire très professionnel, à savoir : gaucher ou droitier ? Une fois la mesure des bras prise, la force de l’athlète testée, les divers desiderata éclairés, le tydale va pouvoir passer à la phase achat, le nelda lui faisant apparemment confiance sur son choix d’arme de jet.


Les ateliers des armuriers dans les entrepôts étaient aussi bruyants qu’ l’accoutumée. Et bien qu’Armillia avait toujours un peu de mal à se faire à l’étouffante chaleur ambiante, il se dirigeait assez précisément parmi les artisans jusqu’à son but, le vieux nelda placide que lui avait présenté S’hilaan à ses débuts.
Bon matin Nyrdeq. Comment te portes tu ? J’ai besoin de tes talents pour un grand gaillard. Un nelda du genre hargneux…ouai…ouai il bande à droite…costaud ouai…Bah surtout fonctionnel en fait, je crois que les petites sculptures sur les âmes externes c’est pas la peine c’est pas le genre du gars… ‘fin du discret, ça n’empêche pas d’avoir une arme de classe après tout ! La poignée ? une largeur et demi par rapport à ma main…

Grands-parents, parents…Une famille d’archiers depuis des générations. De vrais artistes. Le vieux Nyrdeq Lysthan fabrique de magnifiques pièces dans la traditions de ses ancêtres. La solidité et la portée de l’arme étaient garanties sur chaque pièce créée, un travail magnifique. Quant au prix, à croire qu’il avait pris le tailleur en affection, les négociations se menaient à bâton rompu mais à chaque fois pour le plaisir de discuter et pinailler. Au bout de quelques heures, Armillia reprend le chemin de l’atelier avec un arc presque aussi grand que lui. Un très long travail l’attendait encore, il lui fallait maintenant procéder à la tache délicate de l’enchantement.

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Elias Armillia

Le Vayang 22 Fambir 1508 à 16h33

 
Petit à petit Armillia insuffle de l’énergie magique sur le corps de l’arc. La tâche est délicate et demande beaucoup de concentration au tailleur qui doit régulièrement méditer pour recharger sa mana. Tandis qu’il prend un peu de repos, des pensées quelque peu excitées arrivent dans sa tête. Son ami Al’Kognita entre en contact pour affaire. L’artisan sait combien il coûte au diplomate de la Perle d’utiliser l’étrange pouvoir de son symbiote, il n’en est que plus réceptif.

Train de vie sédentaire apprécié, le tydale n’en a pas moins un pincement au cœur en apprenant que son ami va parcourir les routes de l’île en direction des terres dites équilibrées. Un jour Armillia aussi ira par monts et par vaux. Aller quérir lui même la matière première dont il aurai besoin, détourner les matériaux qu’il trouverai pour ses créations…A coup sûr son talent et sa créativité exploseraient !
Mais pour l’heure rester dans la Perle est une bonne chose. Il y a l’installation dans l’atelier, de nouveaux clients à aguicher et puis surtout notre tydale n’est pas un aventurier aguerri.

Conduis toi en héros urbain mon p’tit Elias !! vole au secours de ce pauvre Krym et de sa tunique défraîchie.

Les pensées du tailleur s’envolent vers le tchaë l’invitant à passer à l’atelier avec la tunique afin de procéder aux réparations et reprises nécessaires. Pressé le diplomate ne tarde pas et confit la tenue à Armillia qui se met rapidement au travail, vidé de toute énergie magique. Le tailleur regarde attentivement toutes les coutures et commence à œuvrer à l’aide de fil et d’une aiguille pour le tissu puis d’un très fin, mais robuste, fil de métal au niveau de l’armature.
SHHHHHHHHHHRIIIIIII….
Foutresang ! Foutu prêt à porter !

Aux premières lueurs de l’aube Armillia appelle Krym. La tenue est comme neuve et il sait le diplomate pressé de prendre la route. Avant que le tchaë ne reparte, le tailleur, les yeux brillants comme deux

Flammes secoue chaleureusement la main de son ami.
Voilà mon ami...comme neuve. Attention aux accrocs de toutes sortes en route ! Comme je vous envie de caresser avant moi ce précieux Lannë. je vois ça comme une sorte de soie, vous me direz...

A présent à nouveau seul, le négociant retourne s’installer confortablement dans un coin de la pièce, attrape l’arc et grave de petites runes sur l’extérieur des âmes à l’aide d’un minuscule ciseau. A ce train là il en a encore pour quelques jours de travail mais le nelda ne lui avait pas donné de date butoir pour récupérer son bien. A ce qu’il a compris l’aventurier se posait pour quelques temps en ville.

Travers de porc au miel de fleurs du désert et riz aux épices, le menu préparé par le cabaretier du coin et apporté par son fils met du baume au cœur du tydale. Voilà de quoi recharger ses batteries. Le fumet du plat rempli tout l’espace de l’atelier, réussissant même l’exploit de camoufler l’odeur acre du métal en fusion et de la poussière de cuir.

Champs de vision restreint depuis quelques jours, en fin d’après-midi Elias décide de sortir s’aérer et de profiter de la douceur de fin d’hiver. Il gagne les abords du Souk, marche le long des larges rues encore animées et s’installe pour un instant à la terrasse d’un café près de la grande fontaine de la Perle. Au bout d’une heure ou deux à regarder les gens passer sans vraiment les voir trop absorbé par ses réflexions, Armillia reprend le chemin de l’atelier, son chez lui…



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