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Le Vayang 29 Jangur 1510 à 20h59
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| Ysiageult avait donc repris son chemin, pas moins détendue mais il semblait néanmoins être plus sereine, comme si elle commençait à percevoir l'essence de certaine chose... Tout d'abord le chat qui voulait qu'on lui ré-ouvre son fragment et puis le poisson qui voulait bien le faire à condition qu'elle lui trouve son coeur enterré dans un autre fragment...
Citation :Je me rappelle l'avoir enterré quelque part. Dans un jardin fleuri.
Un très beau jardin, de mille couleurs. Ca doit être un autre Fragment.
Un jardin, oui...
Sa première expérience de passage tendait à lui montrer que les passages se trouvaient sur le pont. Elle avait cru un instant que la vision de son visage pouvait en être un... Quoiqu'il en soit, l'environnement plus serein autour d'elle tendait aussi à lui montrer qu'une certaine symbiose s'opérait entre elle et le pont...
Du moins, c'est ce qu'elle pensais...
Mais que suis-je véritablement venue chercher ici...
Elle se répétait cette phrase tout doucement à elle même, comme pour chercher une réponse qui lui échappait...
En même temps, elle avançait...
Après plusieurs heures, elle s'arrêta, fit quelques exercices d'arme puis s'assieds...
Elle en sorti un carnet et dessina...
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Le Luang 1 Marigar 1510 à 23h29
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| S'en même vraiment s'en rendre compte, Ysiageult avait mûrie, avancée, progressée....
Ses réflexions sur le pont, son sens ou sa nature, le démontraient. Tout comme la route qu'elle arpentait avec foi.
Les voies de l'âme ont toujours été mystérieuses, nébuleuses, étranges, incongrues, complexes.
Qui sommes-nous, où sommes-nous, où allons-nous ?
Autant de questions qu'un individu se pose au cours de sa vie.
Sans jamais avoir de réponses. Mais le seul fait de se les poser fait se développer un esprit.
Et avec lui, la conscience, l'âme, le corps, la richesse intérieure.
Alors qu'elle avait engouffré des kilomètres, tout ceci lui revenait.
Comme une vieille métaphore. Comme l'idée de marcher à l'aveuglette.
Du seul fait de douter, elle en sortait grandie, plus forte.
Du seul fait de se rendre compte d'être, d'exister, au milieu de nulle part.
Cela redonnait sens et ordre, éclairage nouveau sur elle-même.
Au dessus du pont, des nuages mystiques s'amoncelèrent. Chargés d'énergie, toujours magnétiques.
Un éclair blanc, puis deux, vrillèrent le ciel en silence. Puis il se mit à pleuvoir au dessus- de la Haut-Rêvante.
Une pluie fraîche, douce, agréable.
Et Ysiageult se souvint, si elle avait oublié, qu'il y avait toujours un coeur à déterrer...
Cela, rien que cela, lui donnait toutes les raisons du monde pour continuer.
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Le Luang 12 Astawir 1510 à 16h43
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| Après un temps indéfini de longue marche, Ysiageult sentit la fatigue la tenailler.
Cela n'avait rien d'étrange après des heures de ce long voyage qu'elle s'offrait maintenant à rebours.
Elle dût bientôt se résoudre à l'évidence, une nuit de sommeil ne pouvait lui faire de mal.
Elle s'installa dans un coin du pont où des masses rocheuses pouvaient l'accueillir.
Et autour d'un feu de fortune, sous ce ciel gris incroyable, elle s'endormit.
Quelques temps après, comme dans ces sommeils réparateurs, elle se réveilla sans souvenir d'avoir rêvé.
Une brise chaude lui caressait le museau, à l'ombre d'un palmier, les pattes dans le sable.
Elle se trouvait de nouveau, par quelque magie mystérieuse, dans l'Oasis...
A moins d'un mètre d'elle, le bassin miroitant patientait.
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Le Sukra 17 Astawir 1510 à 16h33
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| Après quelques douces secondes, une forme ondulante apparut à la surface de l'eau.
Les éclats merveilleux de sa robe bleue indigo et blanche platine confirmaient son identité.
Il tourna au rond dans la marre quelques temps, avant d'effectuer quelques sauts gracieux.
Puis il plongea profondément dans l'étang avant de remonter, dansant tout son souffle.
Finalement, il sortit à moitié son étrange tête de carpe hors de l'eau.
Comme la première fois, un contact étrange s'établit entre les deux individus.
Forme empathique basée sur le ressenti et les émotions.
Un mélange d'excitation, de joie et d'appréhension fut la première manifestation de D'ylacem.
" Mon coeur. Tu as trouvé mon coeur ! Ton âme est forte, déterminée.
Je ne pensais pas que tu y arriverais... Au début de ce voyage, tu étais aveugle.
On dirait que tu vois mieux, Ysiageult des Hauts-Rêvants. Ton regard va plus loin.
Approche, montre-moi mieux mon coeur. Que je le contemple.
Que je le sentes battre et vivre, lui qui est si près et si loin. "
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Le Merakih 21 Astawir 1510 à 22h13
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| Le poisson se tortilla quelques secondes, hésitant devant cet instant de haute importance.
De ce qu'elle en percevait, l'impression que tout pouvait arriver survolait cette scène étrange et onirique.
D'ylacem plongea dans le bassin, nagea en long en large et au travers, fit quelques tours, fébrile.
Puis il revint finalement vers les mains tendues de la Nelda, où son coeur gisait paisiblement.
Une sensation chaude et étrange parcourut Ysiageult. Le coeur se mit à battre.
Puis la belle carpe ouvrit la bouche, grand, grand, grand, de façon presque démesurée et avala le gros rubis.
Chacune de ses écailles se mit à scintiller, dégageant une lumière ambrée, crépusculaire. Des dessins abstraits, symboles et signes cabalistiques apparurent au-dessus de lui, dans les airs, dans des fresques éphémères et colorées.
Comme une fumée qui prenait d'improbables formes. D'ylacem se mit à grossir, gagnant en taille et en poids, puis à brûler, d'un feu bleu, doux et magique. A moitié nimbé de flammes et à moitié dans l'eau limpide.
De ce qu'elle crut en distinguer au travers de cette brume de rêve, ses yeux pleuraient.
De joie, d'extase, de peur, de tristesse ? Difficile à dire...
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Le Luang 26 Astawir 1510 à 21h02
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| Avant de disparaître dans les brumes oniriques, D'ylacem laissa échapper un puissant murmure.
Comme il l'avait promis à Ysiageult lors de leur première rencontre, il devait lui donner le conseil qu'elle avait quémandé alors. Une phrase douce et chantante s'insinua dans son esprit, au gré des couleurs qui dansaient devant ses yeux.
Dis au Chat qu'il pourra rentrer chez lui, si il suit le Zerlardin sur la ligne des échos.
Il comprendra, son souvenir en est imprégné. Et à toi, Ysiageult des Hauts Rêvants, merci de m'avoir libéré, rendu l'âme.
Puis dans une brusque explosion de senteurs et d'effluves magiques, l'étrange esprit disparu.
L'oasis était calme, paisible, agréable. La surface du bassin miroitait sous un soleil invisible.
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