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Le Dhiwara 3 Otalir 1510 à 15h53
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 | *** Un beau matin d'automne, Yatagan retrouva Ash'toun qui devait lui faire visiter l'atelier des artistes de la ville. C’était un bâtiment en forme de U qui entourait une cour pavée. Les murs du bâtiment étaient couverts de peintures, de symboles oniriques, de saynètes et de portraits. La cour était parsemée de pierres, de toiles et de cuirs tendus sur des chevalets, ainsi que d pots de peintures et de boites de pigments et de fusains. Une petite dizaine d’artistes, mâles et femelles, s’activaient pour peindre ou dessiner. ***
-Certains aiment s’isoler et travailler dans le silence, expliqua Ash’toun de sa voix chantante, mais la plupart d’entre nous travaille ici, dans la cour. Chacun peux commenter les œuvres des autres, donner des avis. On appelle cet endroit la cour des arts.
*** Les deux neldames s’avancèrent au milieu des artistes. ***
-Dès que nous aurons tes cuirs, nous commencerons les peintures pour la Shamesha. Nous allons dédier la moitié de la cour juste pour ça. D’ailleurs, j’espère que tu as bientôt fini, Gorwart, pour libérer la place.
*** La dernière remarque s’adressait à un nelda assis devant une pierre peinte. ***
-Oui, Ash’toun, dit-il. Ce soir ou demain. Selon si tu es satisfaite ou pas. Je finis cette partie mais je pense qu’il faudra éclaircir un peu le bleu….
-Yatagan viens voir comment on travaille. C’est elle qui nous fournira les cuirs pour la Shamesha. Tu peux lui montre ce que tu fais ?
-Oui, bien sur, dit le nelda en se tournant vers l’artisane. Je travaille sur la restauration du mur du quartier des chasseurs. Il allait tomber mais il a été décidé de conserver la fresque des chasseurs de nuages. Au lieu de simplement reconstruire le mur, les pierres ont été descellées et je m’occuper de raviver les peintures. Chaque pierre sera ensuite remise à sa place.
*** Yatagan remercia et Gorwart repris sa tâche. Ash’toun précisa : ***
- Gorwart est un nouveau venu, une sorte d'apprenti, si tu veux. Ce sont eux qui font la plupart des travaux de restauration. Cela leur permet de maîtriser les différentes techniques et de s’imprégner des œuvres, de leur structure, leur façon de s’exprimer. Après seulement ils serons aptes à produire des œuvres entières seuls.
-Chez les tailleurs, aucun apprenti ne donne son avis. Il doit simplement obéir à ses maîtres. Et il ne peux surement pas les tutoyer.
***
Ash’toun haussa les épaules. ***
-Tu sais, chez les peintres, chacun connais sa place. Et ce qui importe, ce n’est pas vraiment l’ancienneté ou la hiérarchie, mais le talent de chacun, sa capacité à exprimer, à inspirer… En bref, on oublie un peu le protocole…
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Le Merakih 6 Otalir 1510 à 18h30
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| *** Un peu plus loin, Yatagan et Ash'toun passèrent près d'un petit groupe de trois personnes. Un panneau de bois attendais d'être peint. Ash'toun chuchota : ***
- La nelda plus âgée est peintre, spécialisée dans la transcription. J'imagine que les deux autres sont un Eveillé et sa veilleuse. Parfois, un Rêve est particulièrement beau ou précis ou simplement il est difficile à retranscrire avec des mots. Alors les veilleuses viennent nous voir et nous essayons de dessiner ce qu'ils ont vu ou ressenti. C'est assez difficile...
*** Les deux neldames s'éloignèrent pour ne pas déranger. Ash'toun précisa. ***
- Parfois, les Rêves ne s'expriment pas par la peinture mais par la danse ou la musique. On voit de temps en temps des Rêvants tenter d'associer une danse avec ce qu'ils ont vu. Certains disent que cette danse, ou mélodie pour la musique, leur permet de revenir dans le Second Monde là où ils l'ont quitté. Des sortes de liens...
*** Yatagan n'avait jamais vraiment réalisé à quel point l'art était un moyen d'expression. Certes, elle brodait et décorait les objets qu'elle faisait, mais c'était simplement parce qu'elle trouvait cela 'joli'... Pouvait elle se mettre à peindre pour mieux exprimer et comprendre tout ce qui lui trottait parfois dans la tête ? Tous ses doutes et ses problèmes... ***
- Voilà ma place, reprit Ash'toun. Je vais te montrer mes croquis pour la Shamesha. Ce n'est pas encore fini, mais j'en suis assez contente ! Espérons simplement qu'ils plairons à ArcRhona Ysabellia...
*** Il y avait comme un mépris dans cette dernière phrase. ***
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Le Vayang 15 Otalir 1510 à 19h24
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| *** Ash'toun déplia d'abord un plan des agrandissement, réplique miniature des patrons que Yatagan avait fait pour les tentures et les revêtements de cuir. Le patron était divisé en zones séparant les différentes scènes dessinées grossièrement à la mine de plomb. D'autres feuilles présentaient les dessins avec plus de détails. ***
*** En haut, un ciel étoilé était voilé de nuages irisés, blancs, roses ou violets, d'après les notes et les ratures dans les marges. Les flancs des alcôves représentaient soit des Rêves anciens et connus, soit des symboles de Runique de Tsal calligraphiés et stylisés. ***
*** Et surtout, toute la partie inférieure des tentures était occupée par une large fresque représentant une ville, noyée dans les brumes et parfois déformée, ondulant, étrange. Mais reconnaissable. Korsyne. ***
*** Ash'toun avait laissé Yatagan observer les dessins, mais commenta la fresque. ***
- Nous sommes tous tristes et blessés de la perte de Korsyne. Le but n'est pas de se souvenir exactement de la ville, mais de nous rappeler qu'elle fut le cœur de la Quête, l'endroit le plus imprégné de Rêves et de carnine qu'il existât sur Syfaria. C'est à la fois une façon de transmettre l'histoire des Hauts Rêvants à ceux qui viendrons et, pour nous actuellement, une manière de faire notre deuil...
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