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Le port

L'étrange rendez-vous

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Sujet lancé par Hirvane Tuek
Le 05-01-1511 à 00h47
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Posté par Neira,
Le 27-01-1511 à 21h31
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Hirvane Tuek

Le Merakih 5 Jangur 1511 à 00h47

 
On avait froid pour les pêcheurs torse-poils qui s'activaient dès le matin à l'extrémité du ponton. L'eau qui s'agitait sous les planches n'engageait pas à s'y baigner. La rigueur du climat marin n'empêchait pas les activités du port de Jypska de reprendre doucement.

La première heure de Maelia amenait un équilibrien et une rêvante à se rencontrer là pour un étrange rendez-vous. Ainsi les cartes du destin avaient appelé à elles un disciple totalement inattendu.

Hirvane avait acheté du matériel local pour l'occasion. On ne jouerai pas une symphonie des signes sur cet instrument-là mais tant pis, cela ferait l'affaire pour apprendre les bases.


*** Mélanger les cartes. ***


*** Les postures. ***


*** Les figures. ***


*** Pfiouu... tout ce qu'il y avait à apprendre ! ***


L'étranger gardait l'espoir qu'elle ne vienne pas. Il y avait énormément de choses à apprendre. Cet art n'était pas non plus reconnu officiellement par l'équilibrium. Et que dirait-on d'une rêvante qui se mettait à la cartomancie ? Non, tout ça n'était pas sérieux.

*** Mais bon... ***


*** Ah. ***


*** Un coup d'oeil à gauche. ***


*** Un coup d'oeil à droite. ***


*** Personne ne l'avait repéré pour le moment. ***


Klathu dit :
Si, le jeune là à gauche. Il te regarde méchamment... brrr....


 
Toufic

Le Merakih 5 Jangur 1511 à 19h17

 
Toufic, pour une fois, avait un peu de temps libre devant lui. Il en profita pour se promener un peu du coté du port. Il avait navigué autrefois à bord de voiliers. Et avait pris le virus du grand large. Depuis, la mer l'attirait comme un aimant.

Ses pas l'amenèrent à contempler les bateaux à quai du coté de la jetée. Il admira le travail des pêcheurs qui raccommodaient leurs filets. Ils travaillaient vite et bien. Les filets seraient vite parés pour la prochaine pêche.
Cela sentait la marée, les embruns et l'iode marin. Il observa longuement la mer et le clapotis de la houle.

De l'autre coté de la jetée, il voyait les montagnes qui se jetaient dans la mer. Et repéra l'akrotykar pestiféré qui semblait surveiller la petite anse du port. C'était un adversaire peu dangereux, mais encombrant et nauséabond. Il pouvait toutefois présenter un danger pour des passants non aguerris. Toufic lui aurait bien envoyé une volée de flèches. Mais voilà, il n'était pas chez lui et ne voulait pas créer d'incidents diplomatiques avec les Hauts Rêvants. Des fois que la bestiole se mettent à brailler une fois blessée et que le calme de la ville et la méditation de ses habitants en soient troublés...
Dur dilemme...
L'archer se contenta donc de l'observer et de la surveiller du coin de l'oeil.


Tifou dit :
Tiens, un tydale. Il ne doit pas être du coin !
Puisque l'on est chez les neldas. Subtile déduction non ?
Je suis sûr que j'aurais fait un détective de premier ordre.


Avisant un autre badaud que lui-même qui déambulait également sur la jetée, Toufic se décida à l'aborder. Il lui sembla équilibrien, aussi il entama la conversation en shaï.

Bonjour l'ami ! Belle journée ! Il y a une vue splendide depuis le phare que je viens de visiter. Dommage qu'il y ait cet akrotykar dans les montagnes en face. Il fait tâche sur le paysage. Je ne sais pas si les Hauts-Rêvants ont l'intention de le chasser, mais c'est un danger pour la population si près du port.


CIVIS PACEM PARA BELLUM : Si tu veux la paix, prépares la guerre.

 
Neira

Le Merakih 5 Jangur 1511 à 19h51

 
Neira prenait le chemin du port. Elle avait rendez-vous avec Hirvane. Un rendez-vous plus ou moins clandestin ....
Elle avait décidé d'apprendre la cartomancie. Cet art la fascinait depuis sa première rencontre avec l'Equilibrien.
La Gardienne s'était finalement lancée et avait contacté son ami. Il avait accepté.

Neira ne faisait pas attention au froid glacial du matin ni à rien de ce qui se trouvait autours d'elle. Enfin façon de parler, la Nelda avait un peu peur qu'on la reconnaisse et qu'on ne cherche à savoir ce que la Gardienne des Préceptes pouvait bien faire là. Elle espérait que Syndal ne s'inquiéterait pas de la voir partie si tôt.
Pour l'occasion elle avait passé une tunique tout simple de couleur beige. Ses longues tresses étaient cependant toujours aussi artistiquement mêlées de rubans de couleur.


***
Très vite elle aperçut Hirvane, elle leva la pâte pour qu'il la voie.

Pas de réponse ... probablement ne l'avait-il pas remarquée. Elle s'approcha donc vivement sans apercevoir le Tchaë qui était là lui aussi.
BANG ! Elle le bouscula sans ménagement.
***


Héjià Hir ...... Oh pardon veuillez m'excuser, je ne vous avais pas vu.

*** Penaude, la Nelda se baissa pour relever le Tchaë. ***


Je suis vraiment confuse.

***
Dans le même temps, elle jeta un coup d'oeil à Hirvane. Le Tydale put y lire une lueur de malice mais aussi une grosse dose d'ennui. D'habitude elle aimait rencontrer des Poussiéreux étranger mais là ce n'était vraiment pas le moment.
***



 
Hirvane Tuek

Le Merakih 5 Jangur 1511 à 23h41

 
Le choix du port pour lieu de rendez-vous clandestin n'était finalement pas si bon que ça. Le jeune poussiéreux qu'ils avaient repéré auparavant entama de plein pied la conversation en Shaï. C'était fou le nombre de personne qui parlaient la langue de la Déesse !

Ainsi lui aussi avait repéré l'akrotykar pestiféré de l'île d'en face. Eh beh, il devait avoir une sacré bonne vue quand même. Hirvane doutait qu'à cette distance, l'aberration put faire quoi que ce soit de mal. Il ne savait pas nager à priori...


Vous avez un oeil de jersulin, vous. Ce n'est pas donné à tout le monde de distinguer les choses à ce point. Mais je pense pas qu'il va nager jusqu'à la ville pour faire du mal aux habitants... Et puis comment l'atteindre à cette distance phénoménale ?

C'est à ce moment que Neira bouscula le tchaë, le foutant par terre d'un coup de rein. Etait-ce une manière de lui dire qu'il n'était pas le bienvenu dans leur conversation ? Non, bien sûr, c'était juste le fruit du hasard et de la différence de taille.

Cette rencontre imprévue n'avait pas l'air de particulièrement enchanter la rêvante. Toufic s'était vraiment retrouvé au mauvais endroit, au mauvais moment. Hirvane préférait y voir un signe du destin. Il ne fallait pas rejeter l'étranger, mais plutôt comprendre son rôle dans la balance de l'équilibre.


*** Peut-être sa présence avait-elle un rapport avec l'avenir proche. ***


Je m'appelle Hirvane. Apparemment vous avez reconnu mes vêtements équilibriens. Votre lannë est pas mal non plus. Un peu élimé par endroits mais ça se recoud ce genre d'accroc...

Je n'ai pas l'honneur de vous connaître... même si j'ai l'impression de vous avoir déjà vu quelque part ?


Autant gagner du temps avant le cours. Hirvane se sentait bien. Il avait envie de montrer à la gardienne qu'il n'était pas nécessaire d'aller trop vite dans l'apprentissage. Cette rencontre n'était pas dénuée de sens.

*** Pardonnez-moi, Neira. ***


*** Ne vous inquiétez pas. ***


 
Toufic

Le Julung 6 Jangur 1511 à 18h43

 
Toufic décidément passait inaperçu. A cause de sa petite taille sans doute, mais peut-être aussi à cause de ses talents d'éclaireur.

Je m'appelle Toufic. On s'est déjà rencontré à Zarlif, même si l'on n'a pas vraiment eu l'occasion de bavarder. J'ai participé aux batailles contre le Tark'nal à Korsyne, Zarlif et Arameth.
Si je repère les créatures d'assez loin, c'est à cause de mon entrainement d'éclaireur. Et puis j'ai plutôt bonne vue.
Pour l'Akrotykar, je lui aurais bien mis une volée de flèches dans le corps, mais je ne suis pas chez moi, ici. Aussi, je ne voudrais pas faire d'impair diplomatique.
Et puis ce bougre-là reste juste à la limite de la portée de mon arc. Alors peut-être une autre fois...


Soudain, l'archer s'interrompit semblant capter une pensée distante. Son visage se tendit, puis se fendit d'un grand sourire.
Apparemment une bonne nouvelle !

Oh ! Excusez-moi, il va falloir que je vous quitte. Une affaire urgente m'appelle.
Je vous souhaite un bon séjour à Jypska !


Après un grand salut théâtral et espiègle qui s'adressait à la fois au tydale et à la nelda si maladroite, mais pour des raisons différentes, le tchaë se retira prenant la direction du centre ville.

CIVIS PACEM PARA BELLUM : Si tu veux la paix, prépares la guerre.

 
Neira

Le Julung 6 Jangur 1511 à 20h49

 
Neira ne comprit pas tout ce que racontait le Tchaë. Il ne connaissait pas parfaitement le Shaï et les propres lacunes de la Gardienne, quoi que très minces, ne devait pas aider. A priori, il s'appelait Toupic ? Toulic ? Toufic ? mais elle ne pouvait en jurer.Hirvane quant à lui se montra aussi poli qu'à l'ordinaire.
La Nelda décida donc d'attendre sagement De fait , l'étranger nous lui adressa pas la parole. Elle n'avait donc aucune raison d'entrer dans la conversation.

Elle tourna son regard vers la mer sans vraiment y fixer le regard. Elle ne s'occupa pas de la conversation entre les deux mâles. Mais fut rappelée à la réalité quand elle entendit le Tchaë prendre congé. A peine eut elle le temps de voir son salut.


Hé bien, je vois qu'il y a toujours autant d'étrangers dans la ville malgré nos nouvelles mesures de sécurité. Je me demande bien ce qu'il fait là ....

*** Neira reporte alors son intention sur le Tydale. ***


Héjià Hirvane.

*** Elle frissonna sous le vent froid du matin. ***


Il fait froid ce matin, j'espère que vous supportez le vent.

Aurait-elle un peu peur tout à coup d'entrer dans le vif du sujet ?


 
Hirvane Tuek

Le Julung 6 Jangur 1511 à 21h26

 
Le poussiéreux espiègle les quitta aussi soudainement qu'il leur était apparu. Leur rencontre s'était déroulée dans l'harmonie. Leurs chemins allaient sûrement se recroiser bien après ce jour...

*** Rassurée ? ***


*** Ou pas... ***


*** Hirvane sourit. ***


Il fait aussi froid que sur les falaises de Kryg. Allons plus au calme, Neira. Marchons au bord de l'eau.

La grisaille avait entièrement détruit l'horizon de la ville. La mer était encore gentiment agitée. Les éléments communiquaient leur peine avec enthousiasme ce jour-là.

L'étranger tira distraitement l'une des cartes qu'il avait choisies pour son apprentissage de l'art profane. Ce devait être un simple jeu de tarot en carton pâte - sans valeur aucune. Le rituel supérieur ayant tout emporté, c'était de celles-ci qu'il leur fallait hélas se contenter.


*** Il se retourna vers elle. ***


ça ne vous dérange pas si je m'essaie au nelda ? Bon.

La cartomancie a beau être un art profane, elle n'en est pas moins difficile à apprendre. On distingue facilement un maître d'un débutant. Il ne sert à rien de sauter les étapes. Cela peut être très décourageant, très long.


*** Il fit une pause. Il resserra son bandana mis à mal par le vent. ***

*** Il semblait perdu. ***


... J'ai mis six mois avant de parfaitement maîtriser l'exercice que je vais vous apprendre aujourd'hui. Je ne peux pas vous garantir que vous irez plus rapidement, mais j'ai bon espoir.

Observez-bien.


Il sortit le jeu entier, le mélangea longuement avant de le tenir fermement dans sa main gauche, paume tendue vers le ciel. Il en tira alors une dizaine de cartes en annonçant à chaque fois leur nom. Il ne fit rien d'autre. Malgré la rapidité d'exécution, il n'y avait pas de quoi jaser...

*** Le vent soufflait toujours. ***

Je ne sais pas si vous avez bien compris ce qui s'est passé. Je vais le refaire...

Il mélangea de nouveau les cartes, les rassembla dans sa paume gauche tendue vers le ciel. Le tirage s'effectua de la même manière que la fois précédente. Il ne fit là non plus aucun autre mouvement. Quel était le sens d'un tel exercice en dehors de l'apprentissage des nombres ?

Six de trèfle.
As de pique.
Deux de pique.
Valet de coeur.
...


*** C'était ennuyeux. ***


Néanmoins... Neira, à force d'attention et de curiosité, avait peut-être noté qu'à chaque fois, l'amorce de la voix précédait d'un infime instant la vision totale de la carte.

Alors ?

Klathu dit :
Hirvane, t'es vache...


 
Neira

Le Julung 6 Jangur 1511 à 22h03

 
Le jeu était bien moins beau que celui que possédait Hirvane auparavant. Neira le regrettait, elle était véritablement tombée amoureuse de ce jeu. Mais ce qui primait avant tout était l'art de la cartomancie.

Je parlerai donc en Nelda. Je ne doute pas que cet art demande de la patience, je n'en manque pas. Les Quatre nous poussent à la patience ...

La Gardienne se concentre sur les mains du Tydale. Au début, elle ne comprend pas ce qu'il cherche à lui faire voir. Puis petit à petit elle voit le léger décalage entre l'annonce de la carte et son dévoilement. Décalage infime mais net et surtout fascinant pour Neira.

Vous sentez les cartes ? Je veux dire, vous les ressentez ? A moins que vous n'ayez des dons de divination ?

Dans le regard de la Nelda on peut lire une grande curiosité mais aussi une pointe d'orientation.


 
Hirvane Tuek

Le Vayang 7 Jangur 1511 à 00h45

 
Enseigner la cartomancie ne pouvait se limiter à seulement la pratiquer devant l'apprenant. L'étranger devait conceptualiser ce qu'il venait de faire pour le transmettre à son élève. Malgré tout, ce premier partage de connaissances ne serait que le socle d'une solide maîtrise qui prendrait des mois à se développer.

*** Neira allait dans la bonne direction, mais elle allait trop loin. ***

*** L'étranger fit ce qu'il put pour expliquer l'exercice. ***


Je ressens bien quelque chose quand je vois apparaître les premiers contours du signe. Mais ce n'est pas de la divination... Cet exercice est l'essence de la cartomancie. Il consiste à percevoir le signe dès que la carte atteint le fil de l'équilibre, entre face cachée et face dévoilée. Comprendre le mécanisme est simple. Prenez cette carte...


*** Il donna le trois de pique à Neira. ***

Tenez là entre le pouce et l'index, puis posez la tranche sur votre truffe.


*** Il fit de même avec la dame de carreaux, comme s'il voulait entailler l'arrête de son nez. ***

Vu que vous n'êtes pas borgne, vous voyez maintenant deux cartes floues : l'une dévoile le signe, l'autre le masque. Bien sûr, ce ne sont que les deux côtés de la même carte. Même quand le bras est tendu en face de soi...


*** Il s'exécuta, veillant à ce que la carte reste bien dans l'axe du nez, entre le champ des deux yeux. ***

...le regard ne se focalise pas facilement sur la carte car elle est encore trop proche. Il se focalisera plutôt sur un objet lointain... En regardant un objet très lointain, vos yeux seront parfaitement alignés, donnant l'impression à votre carte d'être parfaitement dédoublée.

Par un effet de bord de la vision stéréoscopique, les cartomanciens pouvaient donc distinguer les deux faces d'une carte lorsqu'ils en alignaient la tranche dans l'axe de leurs yeux. La carte n'avait aucun secret pour eux lorsqu'elle se trouvait ainsi, sur le fil de l'équilibre entre divination et perception.

Quand vous maîtriserez la double vision du cartomancien, vous pourrez alors admirer le signe à l'instant crucial où il menace d'apparaître.

Vous serez sur le fil de l'équilibre, la tranche de la carte face à vous, les deux faces d'une même vérité en harmonie avec l'acte de cartomancie.


L'étranger n'avait pas détaillé les enjeux hautement philosophiques de cette pratique. Il s'était attardé sur les aspects pratiques. Nul doute que la rêvante devrait refaire l'expérience elle-même pour parfaitement comprendre les mécanismes de la pratique...

Essayez.

Observez le signe non pas avant qu'il apparaisse, car ce serait de la divination.
Observez le signe non pas après qu'il apparaisse, car ce serait de la réflexion.

Observez le signe lorsqu'il menace d'apparaître.


 
Neira

Le Vayang 7 Jangur 1511 à 21h33

 
Neira s'exécuta quand Hirvane lui demanda de poser la carte sur sa truffe. Exercice d'équilibre relativement périlleux alors qu'elle cherchait à comprendre ce que lui disait le Tydale dans le même temps.

*** Les yeux de la Nelda louchèrent comiquement sur la carte posée. ***


Tout est brouillé pour moi, j'ai l'impression que les deux images se fondent l'une dans l'autre sans que je ne parvienne à les distinguer.

Progressivement, elle éloigna la carte de sa truffe. Petit à petit elle expérimenta ce qui lui disait son professeur. Les deux faces de la carte se séparèrent lentement l'une de l'autre pour devenir des entités à part entière. Mais cela ne dura qu'un instant. Instant pendant lequel Neira cru voir quelque chose ....

L'Equilibre serait donc le point de convergence entre instinct et connaissance ? Le point entre le Rêve et le Mensonge .... La transe ? C'est ça, cette vision du cartomancien est une sorte de transe ?


 
Hirvane Tuek

Le Dhiwara 9 Jangur 1511 à 21h52

 
La gardienne venait d'ouvrir la boîte à malice, abordant l'acte de cartomancie avec un grand navire métaphysique. Elle était bien trop curieuse pour s'exercer sereinement à la double-vision. Rien ne garantissait qu'ils pussent débattre de philosophie à armes égales.

*** Il était même certain qu'il ne tiendrait pas la distance. ***


Tout ce qu'il voulait pour l'instant, c'est qu'elle sache s'émerveiller des signes généreux de la nature. Peut-être devrait-elle effectuer un des pèlerinages de l'Hatoshal avant de se laisser investir par la simple contemplation de la nature. Profondément aimer Syfaria était une condition nécessaire à la lecture des signes.

Il ne doutait pas de la difficulté de faire abstraction du Rêve, de la transe, de toutes les composantes du Second Monde. Les signes appartenaient exclusivement au Premier Monde. S'ils expliquaient accidentellement des visions du Rêve, cela avait un rapport direct avec la personne qui rêvait.

Ne vous inquiétez pas. Refaites simplement ce premier exercice plusieurs fois. Des centaines de fois pour être précis. Tenez votre carte entre le pouce et l'index, tranche posée contre votre truffe. Essayez de voir la carte dédoublée jusqu'à votre bras tendu. Puis quand vous maîtriserez cette vision double, entraînez-vous à découvrir les signes avec le jeu de cartes... Allez-y progressivement...


*** Il devait dire au moins quelque chose sur la menace du signe. ***

*** Pour encourager Neira et répondre à ses interrogations. ***

Je ne connais pas la transe, pas plus que le Rêve. Je ne sais vraiment pas...

*** Embarras. Sans transition... ***

... C'est une notion difficile à expliquer à un non-pratiquant. Disons que... voilà... Lorsque le signe menace d'apparaître, le cartomancien ressent son arrivée. Il voit la face cachée disparaître au profit de la face dévoilée. C'est comme être frappé par la foudre ; avalé par l'eau ; brûlé par une vive flamme... Tout dépend du signe qui menace d'apparaître.

La contemplation des signes de la Déesse est un moment merveilleux et terrible à la fois. Il n'y a pas de place pour la réflexion. C'est à posteriori que vient l'interprétation des signes. Plus que tout, il est fatal d'attendre un signe particulier durant la lecture. Lorsque la nature parle, il faut l'écouter sagement.

Sinon la lecture est faussée.


Hirvane entraînait Neira au hasard des côtes de Jypska tout en expliquant. Il ne savait pas du tout où ils allaient au final. Il avait dévoilé les secrets du premier exercice. La gardienne n'avait plus qu'à le pratiquer pour ressentir elle aussi la contemplation brute des signes.

Il faudra pratiquer. La double-vision bien maîtrisée permet de lire un signe brut.

Et maintenant ?


*** L'étranger n'avait jamais semblé aussi perdu. ***


 
Neira

Le Dhiwara 9 Jangur 1511 à 22h28

 
Neira écoutait et comprenait plus ou moins ce que lui disait Hirvane. Sa tête était penchée sur le côté, comme toujours quand elle était concentrée.

C'est assez difficile pour moi, vous me dites de me concentrer sur le Mensonge. Alors que c'est ce que l'on m'a apprit à ne pas faire pendant toutes mes études.
Et pourtant, je veux y arriver.


La Nelda pose une nouvelle fois la carte en équilibre sur sa truffe. Toujours le même flou et ses yeux qui s'entêtent à loucher bêtement sur le bout de sa truffe. Avant de la reculer progressivement .... Comme pour les tentatives précédentes, le résultat n'est pas probant. Neira secoue un instant la tête pour retrouver sa vision normale.

Je sais que je ne devrais pas faire de comparaison mais tout ce vous me dites est tellement semblable à l'état d'esprit que nous devrions avoir lors d'une transe.
Jamais il ne faut provoquer un Rêve. C'est lui qui vient à vous, toujours. De même, l'interprétation doit venir après. Le vécu est primordial ....


Une rafale de vent vint interrompre Neira qui frissonna.

Et maintenant ?
Je ne sais pas vraiment en fait.


*** Elle rit un instant. ***


Je vous remercie en tout cas. J'imagine que vous partager avec moi quelque chose de très important pour vous. Une chose qui touche au plus près vos croyances.
Je m'entraînerai pour que vous puissiez me donner une seconde leçon. Mais avant cela, dites-moi s'il y a quelque chose que vous voudriez apprendre sur les Haut-Rêvants. C'est le moins que je puisse faire.




 
Hirvane Tuek

Le Luang 10 Jangur 1511 à 13h25

 
Le vent marin glaçait les os. L'étranger admis finalement que les conditions n'étaient pas propices à l'exercice. Il rêvait de la quiétude d'une tente au lieu des bords de mer. Bloqué par le début d'une falaise, il rebroussa calmement chemin. Ils étaient encore loin d'être rentrés.

*** Il y avait une chose qu'Hirvane voulait savoir avant tout :
Vous parlez souvent de Mensonge. Pourquoi dites-vous que le monde est un Mensonge ?
***


La question était naïve. Le tydale n'expérimenterait jamais l'expérience du Rêve. La Dame Grise - détentrice du seul véritable équilibre naturel, appartenait à ce monde selon le credo de l'Equilibrium. Il n'y avait pas de mensonge, juste des pécheurs qui ne ne vivaient plus en phase avec Syfaria.

 
Neira

Le Luang 10 Jangur 1511 à 21h50

 
Les éléments n'étaient pas avec eux ce matin là. Ils avaient rebroussé chemin au niveau d'une falaise. C'est alors qu'Hirvane lui posa LA question. Neira était à l'aise avec ce genre de questions, c'était celle qu'on lui posait le plus souvent d'une manière ou d'une autre.

*** Le vent soufflait de plus en plus fort, la Gardienne dû parler un peu plus fort pour couvrir le bruit des vagues. ***


Cette question est le centre de notre philosophie. Pour nous, il existe trois mondes: le premier qui est Syfaria, le second qui est le Rêve et enfin le Haut-Dôme.
Syfaria est aussi appelé le Mensonge car il ne présente pas le monde tel qu'il est vraiment. Seul le Haut-Dôme nous la montrera.


Neira s'arrête de parler un instant. Les notions qu'elle aborde sont complexes pour qui n'est pas un Haut-Rêvant. Elle cherche comment expliquer au mieux le socle de l'Ordre.

Comment vous expliquer ça .... Quand je dois en parler à mes "étudiants", je le leur expose ainsi. Imaginez une caverne dont vous ne sortez jamais. Vous ne pourrez voir que des ombres projetées sur le mur par la lumière du dehors. C'est ce qui se passe pour nous sur Syfaria. Nous n'avons qu'une vision déformée des choses.
Le Haut-Dôme c'est sortir de la caverne. Me comprenez-vous ?




 
Hirvane Tuek

Le Luang 10 Jangur 1511 à 23h49

 
Les deux factions avaient finalement leur propre crédo. L'une voyait le monde sensible comme seule vérité, l'autre le remettait en doute par l'expérience du rêve. Par contre, on ne pouvait remettre en question ni Syfaria, ni le Rêve. Le mensonge des uns était la vérité des autres. Le seul point commun était la quête d'une Vérité une et indivisible.

Oui, je comprends.

Inutile de chercher à remettre en doute cette métaphore de la caverne. La caverne était le modèle que chacun se faisait du monde. Il ne serait toujours qu'un espace clos régit par des lois particulières, délimité par un intervalle s'enorgueillissant de le mesurer... et avec un trou pour espérer.

Nous devons être à la recherche de la même chose... Telle que vous me la décrivez, la caverne et ses ombres doivent être la représentation que l'on se fait de la vérité. Nous mettons nos propres mots sur le monde tel qu'il est. Nous disons "fleur" pour désigner une fleur. Nous nous efforçons de la décrire telle qu'elle est véritablement... en vain...

*** Hirvane ré-arrangea ses cheveux battus par le vent. ***


Que se passera-t-il lorsque vous aurez trouvé le Haut-Dôme ?

Vous n'aurez plus de quête ?


 
Neira

Le Matal 11 Jangur 1511 à 21h31

 
Le Tydale semblait avoir compris ce que lui avait dit Neira.

C'est cela oui sauf que pour nous la Vérité ne se trouve pas ici. Pour vous les Equilibriens ce monde est. Vous cherchez à percer les secrets de Syfaria pour vous rapprocher de la Dame. Nous essayons d'échapper aux apparences pour parvenir au Haut-Dôme.

Les tresses de la Gardienne voletaient autour d'elle, faisant tinter les perles qui les ornaient. Une étrange mélodie en résultait. Dans le même temps, la Gardienne réfléchissait à la dernière question de son compagnon. C'était une question délicate même pour elle.

Hum .... nous sommes encore loin de trouver le Haut-Dôme, très loin. Et une fois que l'Ordre y sera parvenu, je ne sais absolument pas ce qu'il se passera. Les Haut-Rêvants voient le Haut-Dôme comme une récompense, un monde idéal. Mais si vous me demandez mon avis ..... hé bien .... je n'en suis plus aussi certaine.

*** Neira baissa les yeux en disant les derniers mots. ***




 
Hirvane Tuek

Le Vayang 14 Jangur 1511 à 17h49

 
Le spectre du rêve terrible faisait frissonner l'étranger, autant sinon plus que le vent glacé. Si la rêvante doutait aujourd'hui de convictions jadis solides, il préférait y voir une épreuve de foi infligée par la Dame. Des forces aussi puissantes que la troisième lune avaient posé leurs yeux sur elle. Des forces puissantes l'invitaient malicieusement à les rejoindre au sommet, quitte à ce qu'elle vienne s'y brûler les yeux.

La seule façon pour l'étranger de compatir à la peine de Neira était de partager sa propre expérience mystique. Les signes n'étaient pas toujours cléments avec les mortels. Il arrivait d'entrevoir la mort brutale d'un proche. Une telle nouvelle ne pouvait pas être accueillie avec ferveur...


Vous avez vu des choses terribles.

La vérité révélée par les signes peut être terrible.

Etre omniscient est effrayant. Je trouve. La Déesse, qui est Syfaria, porte le lourd fardeau de nos vies, tout comme elle reçoit nos louanges. Celui qui marche à ses côtés est un saint. Il est l'Equilibre... Acceptant la vie et la mort, les soleils et les lunes.

Ni souffrances ni joies.

Il est au sommet de la gloire.


*** Ce que venait de dire Hirvane était profondément triste. ***

*** Comme le ciel gris. ***


 
Neira

Le Merakih 19 Jangur 1511 à 20h41

 
*** Neira inclina la tête sur le côté en entendant les derniers mots d'Hirvane. Ce qu'il disait lui parlait. ***


Vous avez raison Hirvane. C'est une chose terrible que j'ai vu et j'y ai perdu mes petits ...
Je sais que je vais contribuer à faire avancer la Quête mais j'aurais préféré ne pas être celle qui devait le voir.


Les mots de la Gardienne n'était que murmures lancés au vent.

Je n'ai jamais voulu être omnisciente, vous savez. Je n'aurais jamais pensé pouvoir aller aussi loin dans le Second Monde. Les femelles ne sont pas de bonnes Rêvantes normalement.

*** Elle lance un regard d'une tristesse immense à son compagnon. ***


Dites-moi, comment faites-vous quand les signes sont terribles ? Comment faites-vous pour vous en remettre ?


 
Hirvane Tuek

Le Sukra 22 Jangur 1511 à 22h41

 
Son regard débordant de tristesse déboussola l'étranger qui manquait un peu de tact avec les épreuves douloureuses. Il n'était plus question de parler des éclaircies qui rendaient la lumière aux journées ternes, ni du thé qu'on réchauffait dans un récipient argenté quand les marcheurs revenaient transis de froid.

L'étranger ne savait pas. Les signes jusqu'à lors n'avaient pas été funestes au point de l'affecter. A moins qu'il ait été sourd aux alarmes évidentes du destin, il ne reconnaissait pas avoir lu un sombre présage depuis le jour où Ris Viriel lui avait remis les cartes en main.


Je ne sais pas. Je n'ai jamais eu de signes terribles. Même ceux de l'autre jour ne mettaient pas un terme à tout espoir. Il y a toujours eu un autre chemin à suivre. Peut-être que je ne donne que de faux espoirs aux gens.

Peut-être que je ne leur dis que ce qu'ils veulent entendre.


Les cartes n'avaient aucune valeur. Y associer une signification faisaient sûrement d'elles le jouet de l'esprit. Il n'y avait rien de grand finalement dans leur lecture. Alors que la contemplation des signes de la Dame exigeait que le devin se contente d'écouter en silence, les cartes criaient au ciel les espoirs et les craintes des poussiéreux.

La Dame met à l'épreuve notre foi dans ces moments difficiles.

Ils étaient retournés à la cabane rouge de pêcheur d'où ils étaient partis. Le vent ne faiblissait pas. Le froid ne désarmait pas.

 
Neira

Le Matal 25 Jangur 1511 à 20h57

 
La discussion avait pris un tour mélancolique voire intime. C'était étrange pour Neira. Jamais elle n'aurait pensé pouvoir se confier ainsi à un étranger.
Mais Hirvane présentait sa faction d'une manière telle qu'elle séduisait la Gardienne. Sans parler des cartes.


Je ne pense pas que vous disiez aux gens ce qu'ils souhaitent entendre. Vous ne saviez pas ce que j'attendais de vous quand vous avez tiré les cartes pour moi. Ou alors c'est que vous avez une prédisposition pour comprendre l'âme des autres, c'est une chance.

La cabane du pêcheur était en vue. Les éléments ne voulaient pas se calmer. La Nelda se tourna de nouveau vers le Chevaucheur.

Vous êtes quelqu'un de bien Hirvane, votre foi est touchante. Vous êtes à mon sens le meilleur ambassadeur de votre faction.


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