***
Nonchalemment, elle reprit la directionde la taverne.
Ouvrir les volets de bois, les rentrer
Ranimer le feu, mort depuis bien longtemps
Préparer la soupe, le thé, s'assurant d'un regard qu'il l'a bien suivie
Gestes du quotidien, rassurants, chaleureux
***

***
Ne pas le regarder
Ne pas qu'il voit dans son regard l'espoir, l'attente, l'envie
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*** S'il avait vu ou perçu quoi que ce fût dans le regard ou l'attitude de la femelle, il n'en fit rien paraître. Il répondit en toute candeur. ***

*** Il se rendit immédiatement compte de la stupidité de cette invittation. Qu'une aubergiste se libère pour un repas risquait d'être très délicat. ***

***
Khertyss sourit
***

***
La théiere, emplir les tasses, servir ce premier repas de la journée
S'accrocher a des gestes simples , s'accrocher au quotidien
Ne plus rêver
Plus jamais
Les illusions quand elles éclatent peuvent faire si mal
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*** Il lui rendit son sourire. ***

*** Et son expression se fait rêveuse, sa vision emplie de monceaux de pierrres... ***

***
Se taire
Ne rien ajouter
Le laisser..... ***

***
C'etait sortit tout seul
Elle n'avait pas envie qu'il parte
Mais avait elle le droit de profiter ainsi de son denuement ?
N'etait ce pas lache de lui faire miroiter le confort juste pour le garder pres d'elle ?
***

*** Elle porta alors le thé a ses levres pour se donner une contenance ***

*** Diable qu'elle était intéressante, cette proposition! Quelques menus travaux ne le dérangeaient pas...Et ça lui laisserait du temps libre... et surtout, quelle meilleure exposition pouvait-il imaginer que l'arrière-salle d'une auberge?

L'étendue de ce qu'il pouvait faire lui apparaissait maintenant devant les yeux. Des dizaines de clients qui passent chaque jour. Des gens qui sentiront l'odeur de SES herbes, qui en parleront à d'autres... En quelques semaines, la célébrité assurée. Avec son talent, en moins d'un an, la gloire certaine, et des livraisons des mélanges les plus fins aux plus célèbres Rêvants de l'Ordre.

Et tout ce qui le sépare de cet avenir radieux, c'est d'accepter la proposition d'une amie. La beauté de cette vision lui donna le vertige, ce que son interlocutrice dût interprêter comme une hésitation. ***

*** Hum... le moment était justement bien choisi pour en demander plus, non? ***

*** Sa voix mourut dans sa gorge. La fin de ses paroles ne fut rien de plus d'un gargouillis étranglé. ***

***
Son coeur se serra, et en même temps, lui sembla éclater
Rester il resterait
Pour le gite
Pour le couvert
....
Pour l'arriere salle
***

*** Il lui répondit avec un sourire. ***

*** Et d'un pas rapide, il s'éloigne d'elle, en direction du Shamesha, prenant tout juste le temps de dire par dessus son épaule, d'un ton à la limite de l'infraction aux règles de silence. ***

*** Et il fut immédiatement trop loin pour entendre la réponse. ***

***
Elle est restée assise, là, sans bouger
Son âme saigne, son coeur exulte, il va revenir
Pas pour elle, mais qu'importe
Elle a rompu la chaine, elle a rompu le sort
Il est revenu et en vie
***

***
Débordante d'energie, elle se leve alors et se lance dans un rangement de la grange ou le feu prend grande part
Des agapes matinales dont il n'a l'habitude, et le voila ronflant comme quand le vent de mer s'engouffre dans le conduit.
Donnant sur la grande salle, la grange, innoccupée lui donnerait bien plus d'espace, une entree séparée et un demi etage rien que pour lui
Bientot, tout serait propre.
***

***
Il va revenir
***

*** Plusieurs heures passèrent. Le premier soleil était déja bien haut dans le ciel, il ne tarderait pas à bientôt redescendre pour céder la place. Et pourtant il ne revenait pas encore.

C'est au moment précis où celui-ci atteint le zénith (ce genre de précision est éminemment utile pour accorder un élément dramatique à une histoire qui en manque cruellement. Sans lui, on sombre dans un océan de platitudes...) qu'un choc étouffé se fit entendre sur le mur près de la porte de l'auberge. Les clients, alertés par ce bruit insolite, se retournèrent pour assister au spectacle suivant: un nelda, plutôt petit ma foi, se relevant péniblement de sous un invraissemblable amas de sacs pleins à craquer. Et d'ailleurs l'un d'entre eux avait justement craqué et déversait sur le seuil son contenu de carnine séchée. Les clients les plus curieux, qui inspectèrent la marchandise, purent d'ailleurs observer que celle-ci n'était pas encore tout à fait sèche.

Le nouvel arrivant tenta tant bien que mal de faire entrer l'herbe fugueuse dans son contenant légitime, sans bien prêter attention au fait que chacun de ses mouvements pour la faire entrer était contrebalancé par l'implacable loi de la pesanteur qui faisait se répandre les précieuses feuilles dès que ses efforts se relachaient.

Assez rapidement, vaincu et honteux, il leva le nez de sa tâche pour demander à la cantonnade. ***

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Alertée par l'attroupement, Khertyss s'approcha de la porte et , ramassant les sacs intacts, les distribua a la ronde , demandant qu'on les depose dans la grange.
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Un seau propre recu les tiges de carnine, toutes ayant des vélléités d'indépendance qu'elle jugula en les y entassant avec précaution, jusqu'a ce que le pas de la porte fut débarassé
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Elle lui tendit la main pour l'aider a se relever et l'entraina avec elle
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Et elle l'entraina vers la grange
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*** Quand ses affaires eurent été déménagées, emportées par la clientèle serviable - bien que son coeur se serra quand un client grand et musclé se saisit du sac dans lequel se trouvaitson narguilé en cristal décoré de fines arabesques d'argent, de très loin son bien le plus précieux. Quelques instants il se demanda ce qu'il ferait si l'individu refusait de le lui rendre, mais repoussa immédiatement cette si désagréable pensée - Foldraum se laissa entraîner par Khertyss à une portion de l'auberge qu'il n'avait encore jamais vu.

Une ancienne grange apparemment. Vide. Ah non, pas vide, certains de ses sacs s'étaient déja retrouvé ici. Il plissa les yeux pour montrer son absence de compréhension. ***

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Khertyss fit mine d'examiner attentivement les lieux, et posa le seau de Carnine pres des sacs, avancant de ci de la, ouvrant la porte donnant dans la cour, montant a l'echelle qui menait a un étage couvrant la moitié de la surface, poussant les volets et laissant entrer l'air
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Elle se tourna vers lui et pencha la tête
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Elle poussa la porte la ramenant vers la taverne et lui sourit par dessus son épaule
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*** Ses yeux s'écarquillèrent et semblèrent s'aggrandir pendant qu'il dévorait du regard l'espace qu'elle lui réservait. Quelle immensité... Il n'avait pas vraiment envisagé les choses sous cet angle.

Un seul regret l'étreignait à cet instant précis. La certitude, totale et définitive, qu'il n'allait pas tarder à se réveiller dans sa tente branlante, et que tout ceci n'apparaîtrait alors plus que comme un mirage, un fol espoir...

Déja la femelle avait quitté la pièce, le laissant seul dans ce grand espace, seul avec ses pensées. Il arpenta quelques minutes durant les lieux, inspectant chaque étail, s'imprégnant de l'endroit, meublant déja dans son esprit la pièce de somptueux sofas et luxueux sièges, le tout recouvert de confortables coussins. Et les narguilés, au cristal finement ciselé, ornés de dorures, le tout nimbé d'un nuage fleurant bon la carnine. SA carnine.

Elle avait indiqué qu'il existait un étage. Il s'y rendit donc, et l'explora en profondeur, implantant dans son esprit la future installation. C'était bien plus qu'il n'aurait jamais pu imaginer. Mais il semblerait que la réalité dépasse parfois la fiction, puisqu'il tardait à se réveiller de ce rêve magnifique.

Une pensée dissonnante se fit brusquement dans la douce mélopée de ses rêveries, un brusque retour à la réalité. Il venait d'empaqueter ses affaires. Et il était venu ici. Mais tout à sa découverte de cette caverne aux trésors, car c'est ainsi qu'il percevait la grange, bien qu'elle soit pour l'instant vide, il avait omis un détail qui pourrait avoir son importance.

Il se rua dans la salle principale et héla Khertyss avant de se jeter dehors. ***

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Le fougueux jeune loup traversa la taverne et Khertyss manqua de lacher sa théiere
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Les questions se mirent a pleuvoir et Khertyss se meit a rire, prenant avec bonne humeur les lazzi de ses clients qu'elle envoya gentiment sur les roses, restant volontairement mystérieuse sur Foldraum
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*** En traversant la ville, il pressa le pas, de plus en plus vite, se frayant un chemin à travers la foule, bousculant des passants, s'excusant vaguement à chaque fois. Il arriva à grand peine jusqu'au quartier enfumé du Shamesha, et à l'endroit où il avait laissé ses sacs. L'apréhension lui collait au ventre. Et si les sacs n'étaient plus là?

Puis ce fut le soulagement. Les trois sacs étaient bien là. Il avait eu peur pour rien.
...
He! Attendez une minute!
Trois sacs? TROIS sacs? Il en avait laissé quatre, il en était persuadé. Il en manquait un. On le lui avait volé!

Eperdu, il fouilla nerveusement du regard les alentours dans l'espoir d'apercevoir le sac fugitif. Peine perdue.

Il ramassa alors ses affaires, ou plutôt les trois sacs qu'il en restait, les répartit tant bien que mal entre ses épaules, son ventre et un bras, et se mit en mouvement pour quérir la sentinelle qu'il avait aperçu le matin quand il rangeait ses affaires. ***

*** Sans guère se faire d'illusions, il alla à l'entrée du Shamesha. Le sac n'y était évidemment pas. C'est donc avec un air peu enjoué, mais sensiblement moins chargé que la fois précédente, qu'il entra à nouveau dans la taverne de Khertyss. ***

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Le repas du midi était proche à la taverne, et ses habitués s'étaient installé tandis que Khertyss vaquait a ses affaires
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Le retour de Foldraum déclencha un sourire qui ne dura guere, il semblait fort soucieux et fort encombré
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*** Sans vraiment faire attention à ce qui l'entourait, Foldraum traversa la salle, prit la petite porte qui menait à la grange et y posa ses affaires. Puis il se mit en devoir de faire un rapide bilan de ce qui lui manquait, déballant certains de ses sacs et instaurant, déja, une pagïe indescriptible.

Il revînt ensuite dans la salle commune, s'attabla derrière l'assiette qui lui avait été préparée et se mit à manger en silence. Après quelques lampées, il s'interrompit, posa les mains sur ses tempes et se concentra pour émettre un appel à l'aide psychique, via l'étrange réseau de pensée qu'il partageait avec certains autres membres de l'Ordre depuis quelques jours. Cela s'avèrerait sans doute inutile, mais sait-on jamais?


Quand Khertyss vint s'enquérir de ce qui ce passait, il répondit simplement, d'un air sombre. ***

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Un soupir
Une grimace désolée
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Deja elle calculait , le fournisseur qui venait demain , et la commande d'avant hier a payer et.....
Soupir
Elle s'etait toujours moquée de l'argent, tant que ca lui permettait de faire tourner la taverne, le reste lui était égal
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Pour la premiere fois depuis des mois, elle regarda autour d'elle
Parmi tous ses habitués, lequel ne lui devait rien ?
Lequel payait sa biere a chaque fois ?
Sa soupe a chaque écuelle......
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*** Il fit une pause, la fixant dans les yeux. ***