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Le port

La rêverie de la danseuse

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Sujet lancé par Nemès
Le 26-04-1512 à 23h41
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Posté par Nemès,
Le 13-05-1512 à 13h54
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Nemès

Le Julung 26 Astawir 1512 à 23h41

 
***
Et voilà.
Jypska...

En accompagnant Zynia dans la cité portuaire des Hauts-Rêvants, Nemès avait espéré y croiser Penthésilée et l'embarquer pour une petite session de chasse comme elles en avaient pratiqué par le passé... Mais celle qui était alors une jeune apprentie guerrière quand elle était venue s'entrainer chez les Filles du Déclin était aujourd'hui une personnalité reconnue de sa faction, partie en mer pour une mission cruciale...

Zynia et Khamaat étaient parties discuter avec les neldas du coin pendant que l'exécutrice s'était livrée à un duel avec Ligerio Dhuri, en souvenir du bon vieux temps où ils croisaient le fer régulièrement en bordure d'Arameth.

Et Arkanielle était partie faire un saut à Kryg pour livrer quelques trophées de chasses utiles aux Petites Mains.

Une fois le combat avec Ligerio terminé, Nemès s'était donc retrouvée un peu esseulée, et elle avait donc laissé ses pas la guider dans cette ville qui lui était inconnue. Ses déambulations l'avaient menée, après maints tours et détours, jusqu'au bord de mer où se dressaient une foule de mats, pointés vers le ciel, se balançant calmement au gré des vagues comme de hautes herbes au gré du vent.
La danseuse s'était plongée de longues minutes dans la contemplation de l'océan qui s'étendait à perte de vue, songeant aux passagers de ce navire sur lequel voguait Penthésilée, songeant à Ylimildian - le Garde des Morts disparu - qu'elle avait cherché à venger pendant des années avant qu'il ne réapparaisse miraculeusement sur ce navire, songeant aux horreurs qui hantaient les abîmes sous-marins et qui avaient pour habitude de croquer du marin dès que l'occasion se présentait...
Debout, immobile sur l'une des nombreuses jetées du port, elle laissa ses pensées dériver pendant une durée qu'elle ne sut définir. Quand elle se rendit compte que certains passants l'observaient bizarrement, se demandant probablement ce que cette tydale faisait là sans bouger depuis aussi longtemps, la danseuse se dit que le moment était propice à laisser parler l'Art. La plupart des gens passaient loin d'elle, l'espace était dégagé. Parfait.
Après tous, l'Art était ce qui régissait son peuple, et en temps que visiteuse il était presque de son devoir de le partager avec les Hauts-Rêvants, avec qui le Matriarcat était allié depuis tant d'années.

L'Art revêtait des formes multiples et variées. C'était un état d'esprit, une ligne de conduite qui pouvait s'appliquer à chaque instant de la vie. A chaque instant du Déclin.

En bonne Sang-Cesse dans sa jeunesse, puis Fileuse de Mort après s'être assagie, Nemès avait toujours mis un point d'honneur à devenir une véritable artiste de la Danse des Lames, et maîtrisait aussi bien les registres sauvages que subtils...
Ne sachant trop quel genre de danse elle souhaitait offrir aux neldas, Nemès se contenta de tirer sa lame de furie et de se laisser inspirer par celle-ci, puisque danseuse et épée n'étaient en réalité qu'une seule entité.

Ligerio avait bien précisé qu'aucune violence ne serait tolérée en ville... Aux yeux de la danseuse, son acte ne revêtirait aucune violence, et elle espérait que les locaux en penseraient de même.
Il s'agissait simplement d'Art.

Elle ferma les yeux, laissant ses émotions et son intuition la guider.

La longue épée bâtarde de driandel tenue dans sa main droite décrivit lentement un cercle, comme pour dessiner un disque en face d'elle, puis la danseuse laissa le mouvement se prolonger en passant son bras derrière elle où l'épée décrivit un autre cercle dans son dos tandis que sa main gauche rejoignait sa soeur droite.
Sans stopper le lent mouvement de sa lame, à présent tenue de la main gauche, Nemès la ramena devant elle puis au dessus de sa tête où la rotation de l'arme continua pour tracer une arabesque courbe dans les cieux.

Retombant à peine plus vite qu'elle était montée, la lame de driandel frôla les jambes de Nemès, serrées et bien droites, avant que celle-ci ne modifie légèrement ses appuis en écartant les pieds d'un petit mouvement gracieux.

Par ces quelques mouvements exécutés avec une lenteur délibérée, la danseuse avait sondé la Trame autour d'elle et commencé à tisser la toile de son sortilège comme on brode un tissu : piquant ici, ressortant par là, tirant son fil jusqu'à constituer le réseau qui orienterait les flux comme elle le souhaitait.

Un mage confirmé ou un Rêvant en état de Transe aurait certainement pu voir sans peine la façon dont la Réalité s'infléchissait autour de la danseuse, à la manière d'un siphon dont le centre mouvant serait son épée...
Malgré la luminosité de cette fin de matinée, ceux qui la regardaient faire purent bientôt constater - au fur et à mesure de la Danse - que l'épée de l'Exécutrice s'était mise à irradier d'une lumière verdâtre, douce mais qui gagnait en intensité à chacune de ses arabesques, jusqu'à devenir complètement chatoyante!

Le dernier mouvement lent amena l'épée de driandel parfaitement à la verticale de Nemès, brillant à son éclat maximal. Comme le chef d'orchestre donnant la mesure de cette danse avait tout d'un coup décidé de changer de registre, la lame se mût soudain avec une vitesse surnaturelle, découpant l'air autour de Nemès en y dessinant une dizaine de zébrures alors que la tydale exécutait une rapide volte sur elle-même. Le fil de l'épée découpa proprement l'air avec un sifflement harmonieux, un chant vif, caractéristique du tranchant aussi souple qu'affûté des épées de driandel.
Quand Nemès s'immobilisa à nouveau dans sa position initiale, l'épée s'était envolée à plusieurs mètres de haut en tournoyant comme une disamare folle avant de retomber.
Sans même lever les yeux, l'exécutrice tendit sa main droite vers le ciel et la poignée de l'épée vint se loger parfaitement au creux de sa paume avant que ses doigts ne se referment sur celle-là. Le mouvement rotatif de l'épée fut prolongée par Nemès qui volta à nouveau sur elle-même, dessinant en même temps autour d'elle d'étranges signes lumineux, impressions rétiniennes qui perdurèrent quelques instant dans les yeux des quelques spectateurs.

Puis l'épée s'envola à nouveau, mais à peine quelques pieds au dessus de la bretteuse, tournoyant cette fois-ci verticalement telle une scie circulaire... dans laquelle Nemès plongea sa main! Le plat de la lame fut réceptionné et amorti en un instant sur le dos de la main gauche de la danseuse, qui inversa sa rotation d'un coup de poignet, avant de réitérer l'opération de la main droite, puis à nouveau de la gauche - comme un joueur de bâton du diable - avant de finalement reprendre une prise plus normale sur la poignée, juste sous la garde.

D'un rapide et souple mouvement, initié de l'épaule, prolongé par le coude et terminé par le poignet, l'exécutrice rengaina avec une fluidité diabolique son épée dans son fourreau dorsal. La lumière disparut et le chant de la lame se tut instantanément.
Nemès ouvrit à nouveau les yeux.

La danse avait été brève, mais la tydale ne préférait pas se donner trop en spectacle, de peur d'indisposer les neldas.
Elle inclina le buste en guise de salut envers les quelques personnes qui étaient restées à l'observer.
***




 
Belehud

Le Matal 1 Manhur 1512 à 14h37

 
*** Nemès a pu jouer son art dans la sérénité.

Il fait beau.
Un vol de mouettes criardes s'abattent sur le sable.
Quelques unes s'aventurent vers les ruelles,
où les étals ne manquent pas de poissons d'argent.

La danse de Nemès doit rivaliser avec une ville peinte avec les couleurs du Rêve.
Une fine poussière embrume le marché,
là où scintillent poissons, assiettes de cuivre finement ciselées et gravées,
fruits gorgés de sucre, piments-gryott,
épices ocres dans leurs paniers d'osier.

Chaque mur est décoré,
détenteur d'une expérience du Rêve,
de motifs courbes, droits, hybrides.
Les habitants se drapent eux-mêmes de pareils motifs,
y ajoutant les teintes du quotidien.

Les habitants restent à distance.
S'attacher un public,
le convier à participer au spectacle,
à encourager et applaudir,
cela fait partie des arts de la rue,
cela n'est pas donné.

Némes voit quand même qu'elle a impressionné.
Son art est respecté en tant qu'art,
et n'est pas vu comme une sauvagerie à Jypska.

Quelques temps après la fin de la démonstration,
une femelle nelda s'approche de la tydale pour lui parler.



Pour peu que Nemès peut en juger,
elle est laide.
Son mufle et ses dents partent exagérément vers l'avant,
lui donnant l'air d'un rat mal dégrossi,
au poil noir et rêche.

En contrepartie,
sa taille et sa carrure sont colossales,
difformes sur certains membres,
c'est un monstre !

La superbe chaîne-épée à son flanc ne laisse aucun doute :
c'est une combattante.

« Votre art est divin.
Ma petite fille m'a dit que des soeurs du Déclin étaient en ville.
Je ne regrette pas d'être passé voir. »


Elle parle en tydale avec un fort accent nelda.
Mais elle parle bien, au demeurant.

« Je m'appelle Upsehud.
Bienvenue à Jypska.
C'est la première fois que vous venez ? »
***


 
Nemès

Le Matal 1 Manhur 1512 à 23h10

 
***
L'exécutrice était plutôt grande pour une tydale, elle n'avait pas l'habitude de lever les yeux pour croiser le regard de quelqu'un... Mais depuis qu'elle était à Jypska, il fallait bien avouer qu'elle avait plus souvent dû lever les yeux que l'inverse.
Et la Nelda qui lui faisait à présent face ne dérogeait pas à la règle locale, elle avait une stature impressionnante!

La guerrière était aussi sombre et imposante que Nemès était pâle et élancée... un contraste saisissant.
***


- Aka's hajar, salua-t-elle, c'est la première fois que j'passe dans l'coin ouais... Content qu'ça vous plaise, j'craignais qu'on m'prenne pour une trouble-fête vu la sérénité qui règne ici.

***
Le regard de la danseuse glissa sur les lames jumelles enchaînées que portait Upsehud, avant de remonter vers son visage, s'attardant brièvement sur sa musculature qui ne trompait pas quant à ses capacités martiales.
***


- C'est des biens jolies compagnes qu'vous avez là, dit-elle en désignant l'arme d'Upsehud d'un petit geste du menton, et j'sais d'quoi j'parle : on en voit beaucoup par chez nous! Elles ont été forgées ici?
Mais j'manque à toutes les politesses, pardon. J'm'appelle Nemès, conclut-elle en tendant sa main à la nelda.



 
Belehud

Le Sukra 5 Manhur 1512 à 00h37

 
*** Main tendue,
main saisie avec délicatesse.

« Bienvenue Nemès.
Vous avez remarqué mes lames jumelles ?
Je suis flattée ! »

Sans attendre, Upsehud délace les lames pendues à son ceinturon.
Nemès remarque sûrement mieux à présent,
que le travail de forge est plus grossier qu'elle ne l'imaginait.
Deux trancheuses de rêve reliées par des chaînes de prisonnier n'aurait pas fait meilleure figure.

L'excitation guerrière d'Upsehud grimpe immédiatement d'un cran.
Elle ne rêve que de faire tournoyer la chaîne,
de faire siffler les grosses lames derrière son épaule.

Upsehud est une brute.

« Celles-ci ne viennent pas de chez vous :
c'est un produit dérivé de Korsyne,
du temps où Korsyne était encore Korsyne.
Même la façon de les manipuler n'est pas la même. »

Upsehud tend la chaîne épée à Nemès,
qui peut désormais en juger les détails.



Le maillon de chaîne est aussi large que celui d'un fléau.
La chaîne est beaucoup plus courte que d'ordinaire,
peut-être vingt centimètres à peine.

Les poignées sont plus longues que la chaîne,
et aussi longues que les lames !

Ce qui est perdu en allonge et en effet de rotation,
est gagné en vitesse,
et en maniabilité.

L'acier des lames n'est pas des plus travaillés.
Le fil est d'ailleurs déjà sévèrement entamé par endroits,
chaque entaille évoquant le beurre mou fendu par le couteau.

Pour finir sur les lames,
elles sont trop épaisses,
et pèsent un poids déraisonnable.

Les poignées sont lacées dans du cuir.
Hormis ça aucune décoration,
pas de fioritures,
rien.



« Qu'en pensez-vous ? »

***


 
Nemès

Le Dhiwara 13 Manhur 1512 à 13h54

 
***
Un hochement de tête impassible répond à l'évocation de Korsyne.
Nemès et ses soeurs d'arme y avait abreuvé le sable du désert leur sang avec celui des neldas face aux Psurlons géants et autres abominations que le messager de l'Artisan du Déclin avait amené avec lui... La bataille avait été féroce.

Le regard de l'exécutrice quitta celui de la guerrière pour embrasser l'es lames qui lui était présentées : chez les Filles du Déclin, on disait communément que l'arme d'une guerrière reflétait l'âme de celle-ci...

Nemès prit la chainépée en main, appréciant son poids : chacune des lame pèse à elle-seule plus que les deux épées que portait la Danseuse, la chainépée qu'Upselud utilisait était une véritable arme de destruction massive, qui devait nécessiter une puissance phénoménale pour être maniée correctement! Quant aux fils des lames, sur lesquels elles fit courir ses doigts, ils racontaient de nombreuses batailles, des contacts violents et sans pitié, des mises à mort sanglantes, brutales.

Nemès empoigna l'une des poignées comme si elle tenait un poignard, lame vers le bas, et amorça une rotation, partie du coude vers le poignet, pour faire tourner l'arme dont la chaine s'enroula autour du dos de sa main, amenant l'autre poignée dans sa paume juste après qu'elle ait lâché la première épée, rattrapant celle-la à l'endroit, avant d'inverser le mouvement, décrivant un huit qui ramena la chainépée dans sa position initiale après une nouvelle rotation.
Ce simple mouvement de base du maniement de chainépée lui avait demandé de tendre ses muscles intensément... Malgré sa masse et son apparente brutalité, il s'agissait d'une arme extêmement bien équilibrée.

La Danseuse rendit respectueusement la chainépée à sa propriétaire après cette sommaire évaluation.
***


- Ces jumelles m'paraissent être les enfants improbables d'une épée d'Berserker et d'une lame de Danseuse. Brutalité et technicité s'mêlent avec dans une curieuse harmonie dans cette arme. commenta-t-elle, avec un nouveau hochement de tête, approbateur. Elles s'appellent comment?

***
Rendant la politesse à son interlocutrice, Nemès dégaina d'un geste fluide Nimisha de son fourreau dorsal. L'épée de driandel avait été conçue selon des techniques ancestrales et secrètes, jalousement gardées par les Petites-Mains du Matriarcat. Il s'agissait de la première lame de ce type forgée lorsque les Filles du Déclin avaient redécouvert l'usage du driandel quelques années auparavant.

Sa poignée enrubannée de cuir teinté de vert sombre était suffisamment longue pour être maniée à deux mains afin de porter de puissants coups, mais l'arme était incroyablement légère, permettant de n'être tenue qu'à une seule main. Cette longue poignée était prolongée par un pommeau ornée d'une belle émeraude, afin de renforcer la stabilité de la prise par l'extrémité de la poignée.
La garde, quant à elle, était fait d'un acier clair et poli, sobre, dont la seule fioriture était une fine gravure en tydale sur l'une de ses faces : "Nimisha", le nom de l'épée, signifiant le feu de la glace, la brûlure causée par un froid intense.
Enfin, la lame de driandel en elle-même était à double tranchant, large d'une demi-paume sur presque toute sa longueur pour ne s'affiner que vers son extrémité, à un peu plus d'un mètre de la garde. Le driandel pur étant d'une extrême nocivité, entrainant immanquablement la folie - et parfois la mort - chez celles et ceux qui entraient en contact trop prolongé avec lui, les lames de furie comme celle-ci étaient mêlées avec d'autres métaux, perceptibles par une observation approfondie qui révélait de légères arabesques de variations de couleurs dans le vert pâle du métal souple. Chacun des deux fils de l'épée était aussi aiguisé qu'un rasoir...

La danseuse tendit l'épée à Upselud.
***


- J'ai aussi un rapière, mais entre tes mains t'aurais l'impression d'tenir un cure-dent! Mouarf! dit-elle en passant au tutoiement, désignant la fine épée de facture nemen pendue à sa hanche. Par contre j'pense que celle-ci va t'intéresser : c'est du driandel, j'te conseille d'pas toucher la lame d'l'épée trop longtemps, c'métal a la facheuse tendance à empoisonner l'esprit... Elle s'appelle Nimisha, c'est la première lame de furie sortie des forges du Sombre Nuage.



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