|
|
|
|
|
Le Luang 22 Saptawarar 1508 à 21h35
|
|
|
| *** C'est avec un soulagement visible que le vieux marin s'assoit enfin à la table vers laquelle l'a guidé la gamine. Malgré les sortilèges des deux sorcières qui en ont atténué une partie, la fatigue et la douleur sourde qu'il ressent dans tout le corps depuis son réveil au pied du pilier de poussière sont toujours bien présentes, et la balade au travers de la ville, bien qu'au bras de la demoiselle, n'a rien arrangé.
Il étire sa jambe fourbue, faisant jouer ses orteils dont certains dépassent d'un trou béant dans le dessus de son espadrille, et observe la négociation avec la tenancière sans cacher son impatience. Il hésite presque à venir s'y mêler, mais la prudence lui conseille de ne pas risquer de provoquer le courroux d'une folle de plus. D'ailleurs celle-ci n'a pas non plus l'air d'être très impressionnable...
Lorsque la gamine revient enfin avec un petit air triomphant sur le visage, mais les mains toujours vides, il s'agite un peu plus sur sa chaise et sort sa pipe et la bourre des quelques grammes de tabac glanés dans la rue pour s'occuper les mains. ***
Merveilleuse visite ? Ça c'est encore un peu tôt pour l'dire, ma p'tite...
Quand à quoi nous la d'vons... j'aim'rais bien l'savoir moi-même !
J'étais peinard en train profiter des derniers rayons du troisième soleil, à Lerth... et... ben l'instant d'après j'me suis r'trouvé là, au pied d'ce fichu tas d'pierres, avec l'impression qu'j'étais à la fois en train d'brûler et d'geler... et détrempé comme une vieille chaussette...
Incompréhensible !
Enfin si, plutôt, c'est tout à fait clair : j'ai été victime d'un sortilège d'la sorcière bleue... J'savais bien qu'un jour ou l'autre elle pass'rait à l'acte... Elle prend un malin plaisir à m'torturer...
Saillon dit :
Ahem, en fait ce n'est pas tout à fait la v...
Toi la ramène pas, bestiau d'malheur !
*** L'interrompt le vieillard avec hargne, regrettant une nouvelle fois de ne plus être muni de sa canne. ***
Fais pas gaffe à c'qui dit : y m'suis partout d'puis des mois, et prend un malin plaisir à m'faire la morale d'son air supérieur...
Et encore, avant c'était pire : y m'parlait dans ma tête !
*** Ajoute-t-il en baissant la voix et en plissant les yeux. ***
L'horreur.
- Elite Fraternelle Tchaë -
Qui ne risque rien... ne rate rien. | |
|
|
|
|
|
Le Matal 23 Saptawarar 1508 à 14h03
|
|
|
| *** Orphèle se retient de rire avec difficulté devant le manège du vieillard. Elle n'arrive pas à savoir si c'est du premier ou du second degré, mais ce qu'elle sait c'est qu'elle trouve ça follement drôle. L'arrivée de l'assiette garnie, des verres et du pichet constitue une distraction salvatrice. Ce qui ne l'empêche pas de vouloir en savoir davantage, surtout sur cette "sorcière bleue".
D'une main délicate, elle remplit les deux verres d'un vin sombre et parfumé avant de poser les coudes sur la table et de lover sa tête dans ses mains, empruntant un air interloqué et amusé. ***
Il paraît que c'est comme ça que marche la symbiose !
Hop, un petit parasite vous adopte, bon gré mal gré, et vous voilà propriétaire de nouveaux pouvoirs et d'un pamplemousse qui parle...
C'est le progrès, comme on dit !
Morphée dit :Progrès, progrès....
C'est juste qu'on est une race bien plus civilisée et pleinement supérieure aux pathétiques races de poussière, ma petite dame. Le monde est entre nos mains ! Nous sommes l'avenir, ça c'est sûr.
Hum....
Vous devriez être heureux, le votre est moralisateur, le mien est mégalomane.
Chacun son fardeau....Il faut juste espérer qu'ils ne sont pas une manifestation de notre subconscient ou chaispasquoi.
*** L'Anja porte son verre de vin à ses lèvres et, bien loin de le siroter convenablement, l'avale quasiment d'une traite. ***
Mais...pardonnez mon ignorance...qui est la sorcière bleue et pourquoi veut-elle votre mort ?
*** L'esprit romantique de la jeune fille imagine déjà des histoires chevaleresques de héros en fuite, de vilaines sorcières, de monstres et de ruines hantées par des fantômes. Et de princesse, bien entendu !
Elle en vient cependant à se dire que le Destin aurait pu choisir une chevalier plus...fringant ? *** | |
|
|
|
|
|
|
|
Le Matal 23 Saptawarar 1508 à 22h23
|
|
|
| *** Les yeux du vieillard s'agrandissent démesurément quand arrivent enfin l'assiette fumante et le pichet tant attendu. Il s'attaque à l'une comme à l'autre avec une avidité étonnante : sans parler du fait qu'il a rarement l'occasion de si bien manger, il se sent le ventre aussi vide que s'il n'avait pas mangé depuis un mois.
Et malgré la bouteille avalée plus tôt dans la journée, le vieillard savoure le vin qui lui est servi comme s'il s'agissait d'un millésime exquis... Il lui semble remarquer pour la première fois depuis de longues années certaines saveurs simples mais subtiles, le plaisir de sentir et de goûter, de savourer... Il lui semble presque revivre.
C'est donc d'une oreille peu attentive qu'il écoute la jeune fille lui parler de symbiose -il déjà entendu ce mot quelque part, il en est presque sûr- et porte peu de crédit à ses histoires de "nouveau pouvoir".
Il a de toute façon déjà classée la jeune ingénue parmi les illuminées, et qu'elle prête ce genre de considération au mou stupide et suffisant qui l'accompagne ne l'étonne guère.
Lorsqu'elle le questionne sur la sorcière bleue, cependant, le visage du vieux marin s'assombrit et se fait un peu plus ridé.
Il finit de saucer son assiette, se ressert un verre de vin qu'il avale aussitôt, et plisse les yeux en se penchant un peu par-dessus la table, répondant d'une voix basse comme si en parler risquait de réveiller des forces obscures et attirer toutes sortes de malédictions : ***
La Sorcière ! La plus grande, la plus puissante, la plus sinistre de Syfaria ! D'une beauté mortelle, elle d...
*** Le tapage provoqué par Trayzh le force à s'interrompre, mettant à mal son petit effet. Krepion se retourne, reconnaît l'importun croisé dehors juste avant d'entrer, et renifle avec dédain avant de se tourner de nouveau vers Orphèle, reprenant d'une voix moins mystique et plus audible : ***
'S'appelle Thanakis, mais ses disciples l'appellent aussi "Erudite", ou même "Graââânde Erudite" !!
Son pouvoir est immense, et la sous-estimer serait une erreur fatale, crois-moi ma p'tite !
*** Le vieux marin s'interrompt le temps de rallumer sa pipe, dont il tire une grosse bouffée avant de reprendre la parole dans un nuage de fumée malodorante. ***
Quant à savoir pourquoi elle m'en veut... Chais pas bien au juste... J'crois que j'l'ai vexée...
*** Krepion grimace au souvenir de sa première rencontre avec l'Erudite, qu'il avait prise pour une autre, ce jour-là où un jeune crétin lui avais fait passé un des pires moment de sa misérable existence en un seul sortilège... maudits sorciers ! ***
Et offenser c'genre d'sorcière, c'est pas franch'ment la bonne idée du jour, ma p'tite !
Alors voilà, d'puis ça elle prend un malin plaisir à m'humilier et à m'faire souffrir... On dirait bien qu'l'exil chez les témoins n'était pas assez loin pour elle ! Faut maint'nant qu'j'me r'trouve chez les folles !
Enfin, j'parle pas d'toi ma p'tite, hein !
***
Ajoute-t-il vivement d'un air convaincant.
Soudain il se tourne vers Trayzh qui continue son raffut avec enthousiasme et lui balance l'os de sa côtelette de braxat -ou du moins essaye, celui-ci passant largement à droite du musicien pour venir s'écraser dans le dos d'une guerrière au crâne méticuleusement rasé. ***
Hé l'rigolo, c'est pas un peu fini c'bordel, par Stentor !!?
- Elite Fraternelle Tchaë -
Qui ne risque rien... ne rate rien. | |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Le Vayang 26 Saptawarar 1508 à 12h32
|
|
|
| *** Orphèle regarde avec stupeur Trayzh les rejoindre, ignorant visiblement le danger croissant qui plane sur leur compagnie. La tueuse qui a bénéficié des attentions maladroites de Krepion s'approche d'eux en empruntant le regard glacial de ceux qui écrasent les obstacles ou les...nuisibles d'un revers de la main.
La tension, pour ainsi dire, est à son comble. ***
Guerrière : C'est toi ou le nabot ? tonne son impérieuse voix.
Orphèle : Ce n'est...qu'une...côtelette ? répond innocemment l'Anja, terrifiée et subitement soulevée par une poigne de fer.
Guerrière : Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans : c'est toi ou le nabot ? reprend, machinalement, la combattante.
Orphèle : Ce...n'est qu'une côtelette ? Côtelette ?
*** Doucement, très doucement, le regard de l'Astrologue glisse vers le vieillard et le troubadour du dhiwara. Ses yeux, un peu perdus, cherchent une aide bienvenue.
Le reste de la salle, quant à elle, est paralysée et silencieuse, observant avec fascination le spectacle pathétique de cet affrontement inégal. C'est là qu'Orphèle aurait bien voulu avoir le soutien de Es'Kaer, la tenancière....
Au lieu de ça, elle doit attendre un secours qui ne viendra peut-être jamais, de la part d'un vieux matelot cul-de-jatte et d'un musicien casse-bonbon. *** | |
|
|
|
|
|
Le Vayang 26 Saptawarar 1508 à 13h19
|
|
|
| *** Effectivement parier sur un regain de courage ou de noblesse de Krepion est une bien piètre idée. Depuis le temps qu'il zone dans les quartiers mal famés de Farnya, il a bien compris que le meilleur moyen de se sortir du danger, c'est de l'esquiver. Quand on est vieux, alcoolique, unijambiste, et tout simplement fataliste, on ne survit pas à une situation potentiellement désespérée en l'affrontant de face et en dépit de tout bon sens -et de tout instinct de survie.
On s'y soustrait, on fuit.
Et l'occasion est trop belle pour que le vieux marin couard et lâche comme pas deux ne saute pas dessus.
D'un doigt nécessairement tremblant, il désigne l'anja en train de se liquéfier sous la poigne de la guerrière en furie, mettant toute la conviction possible dans ses paroles : ***
Oui, m'dame, c'est elle ! J'lai vue !
***
Il n'a déjà -presque- aucun scrupule à mentir éhontément et dénoncer injustement sa jeune compagne pour sauver sa peau -et ses dents restantes- mais s'il savait que son statut d'anja laisse au moins une maigre chance de survie à la jeune fille, il en aurait sans doute encore moins.
Dommage que le troubadour ne soit pas soupçonnable, songe-t-il a regret, sinon ils auraient pu se débarrasser des deux dangers d'un seul coup... ***
- Elite Fraternelle Tchaë -
Qui ne risque rien... ne rate rien. | |
|
|
|
|
|
Le Vayang 26 Saptawarar 1508 à 16h01
|
|
|
| *** Le regard glacial de la matriarcale s'en va effleurer celui du vieillard infirme pour se reposer quelques secondes après sur le visage d'Orphèle, à la fois surprise et outrée par l'ignominieuse délation (fausse, qui plus est).
Elle n'en croit pas ses oreilles !
Elle qui prenait soin de ce nain indigent !
Lui tend sa main, lui offre son repas et son vin !
Mais elle n'a pas le temps de crier à l'infamie. La grande et belle main de la guerrière se lève dans le vide et s'abat sur sa joue comme un couperet sur le cou d'un roi. Elle blêmit, alors que sa joue rosit, et s'affale sur sa chaise quand son bourreau la lâche. ***
Guerrière : Cela t'apprendra, petite Anja. Si c'est toi, à te tenir, si c'est lui, à tenir tes fréquentations.
*** Orphèle n'entend pas grande chose, rendue sourde par le coup sans pitié. Hébétée et vacillante, elle foudroie Krepion du regard tandis que la salle s'égosille devant la scène de vaudeville. Piqués au vif, l'orgueil et la susceptibilité de la jeune Astrologue la poussent à se saisir du pichet et à en envoyer le contenu dans la face du vieux marin.
Quel goujat celui-là ! Ça lui apprendra, à lui aussi... ***
J'espère que votre sorcière vous fera pourrir dans le cul du S'sarkh, M'sieur !
*** Elle se lève, titube et sort de la taverne en frottant avec délicatesse sa joue meurtrie dont le rose a tourné à l'écarlate. *** | |
|
|
|
|
|
Le Vayang 26 Saptawarar 1508 à 18h07
|
|
|
| *** "Quel gâchi" est la première pensée de Krepion en réceptionnant le reste du pichet de vin sur la tronche, avant de réaliser qu'il est tiré d'affaire.
Bon, certes la petite semble avoir un peu mal pris sa stratégie -pourtant d'une ingéniosité à toute épreuve, de son point de vue. Ben quoi, ils sont tous les deux saufs, n'est-ce pas le principal ?! Qui sait de quoi aurait été capable cette sauvage armée jusqu'aux dents sur sa misérable personne !!
Bon, il faut en convenir, à sa place il aurait sans doute été moins apte à apprécier sa présence d'esprit. C'est une question de recul. Oui voilà, elle est un peu jeune pour avoir le recul nécessaire. Elle comprendra, plus tard. Sans doute. Ou pas.
A son tour Krepion foudroie Trayzh du regard. Après tout, c'est sa faute, tout cela ! Si ce rigolo casse-bonbon n'était pas venu emmerder son monde jusqu'à l'intérieur de cette respectable auberge, ils seraient en train de siroter un deuxième pichet en toute bonne humeur, la gamine et lui !!
C'est vrai qu'elle est sympa cette gamine, au fond.
Elle lui fait penser un peu à la petite Nelle.
S'il les présentait il est sûr qu'elles seraient copines.
Un soupçon de remord l'envahit. Oui, bon... Mais il avait pas le choix...
Il n'aurait jamais survécu à cette baffe monumentale, lui.
Encore moins à pire.
Rhooo....
Le vieillard se lève, attrape une bouteille sur le comptoir en marmonnant qu'il repasse sans faute la payer plus tard, et clopine vers la porte en essayant d'avancer sans tomber -foutue canne.
Sortant de l'auberge sans prendre la peine de fermer la porte, il scrute la place à la recherche de la fine silhouette. ***
Hé ? Gami... heuu... Orphèle ?!
*** Il fait quelques pas tremblants, cherchant dans quelle direction elle a pu partir.
Ah bravo, elle a gagné, la petite maligne ! Il s'en veut presque maintenant.. ***
Bon allez, quoi... boude pas...
Hé, j'ai chipé une bouteille ! T'en veux ?!
- Elite Fraternelle Tchaë -
Qui ne risque rien... ne rate rien. | |
|
|
|
|
|
Le Vayang 26 Saptawarar 1508 à 19h05
|
|
|
| *** En tournant autour de l'auberge, le vieux matelot découvre aisément Orphèle assise sur le quai, les pieds au-dessus du vide et le regard plongé dans l'onde miroitante du Lac des Mères. Elle se malaxe la joue, encore et encore, se remémorant en boucle sa cuisante humiliation. Décidément, elle les enchaîne !
Son âme de petite fille blessée geint en silence et ignore avec superbe les appels du vieillard. Même si, indubitablement, le chant magique de l'alcool enserre vite son coeur et ses tripes. Elle jette une vague coup d'oeil en arrière, par dessus son épaule, et fait mine de n'avoir rien vue quand Kroupion s'approche.
À la fois pour elle-même et pour le pirate sans navire, elle maugrée de sourdes déductions.... ***
M'étonnes pas que sa foutue sorcière l'ait banni, si il lui a fait des coups pareils.... | |
|
|
|
|
|
Le Sukra 27 Saptawarar 1508 à 15h43
|
|
|
| Pendant l'épisode de la guerrière, Trayzh était trop occupé à réviser ses accords.
- Alors le La c'est là... euh... merde c'est quoi un La..?
Du coup quand il fut fin prêt et qu'il leva enfin les yeux pour saluer son grand public de fan, il s'aperçut qu'Orphée et Croupion avaient mis les bouts !
Qu'à cela ne tienne, Trayzh en vrai artiste, ne se laissa pas démonter.
- Ouais ! Enchainons enchainons ! wouuuuh !
Il se mit donc à entonner une vieille chanson de son grand père ou autre, il savait plus bien :
Dans un coin pourri
Du pauv'Utrynia sur
Une plaaaace
L'est un vieux bistrot
Tenu par un gros
Dé-gueulaaaasse
Si t'as le bec fin
S'il te faut du vin
Pre-mière claaaasse
Vas-t-en boire à Kryg
Le nectar d'ici
Te dépaaaasse
Mais si t'as l'gosier
Qu'une armure d'acier
Ma-telaaaasse
Goûte à ce velours
Ce petit bleu lourd
De menaaaaces
Tu trouveras là
La fine fleur de la
Po-pulaaaace
Tous les marmiteux
Les calamiteux
De la plaaaace
Qui viennent en rang
Comme des Harengs
Voir en faaaace
La belle du bistrot
La femme à ce gros
Dé-gueulaaaasse
Trayzh dû s'arrêter car l'aubergiste armé vint à sa rencontre :
- Hey oh on... on se calme ! Je..., dit Trayzh avec sagesse.
Sauf que l'aubergiste, ne dit mot... Et sa grande et belle main se leva dans le vide et s'abattit sur sa joue comme un couperet sur le cou d'un roi, répétant ainsi le geste vigoureux de la guerrière quelques minutes plus tôt...
Évidemment, Trayzh ne fit pas long feu et déguerpit. C'est alors qu'en arrivant dehors il aperçut le pauvre Croupion clopinnant sur la place.
- Hey dvindiuuu ! Faiz-y gaffe min fiu ! Y a de l'eau pas loin ! Ah mais pardon, t'es marin... Tiens j'ai une chanson pour toi :
On les r’trouve en raccourci dans nos p’tites amours d’un jour
Toutes les joies, tout les soucis des amours qui durent toujours
C’est là l’sort de la marine et de toutes nos p’tites chéries
On accoste . Vite ! Un bec, pour nos baisers, le corps avec.
Et les joies, et les bouderies, les fâcheries, les bons retours
Y a tout ça en raccourci , des grandes amours dans nos p’tits
On a ri, on s’est baisés sur les neunoeils, le nénés
Dans les cheveux à plein bécots, pondus comme des œufs tout chauds
Tout ce qu’on fait dans un seul jour ! Et comme on allonge le temps !
Plus d’trois fois dans un seul jour, content, pas content, content
Y a dans la chambre une odeur d’amour tendre et de goudron
Ça vous met la joie au cœur, la peine aussi, et c’est bon.
On n’est pas là pour causer mais on pense même dans l’amour
On pense que d’main il fera jour et qu’cest une calamité
C’est là l’sort de la marine et de toutes nos p’tites chéries
On accoste, mais on devine qu’ça n’sera pas le paradis.
On aura beau s’dépêcher, faire bon dieu! la pige au temps
Et l’bourrer de tous nos pêchés, ça n’sera pas ça, et pourtant
Toutes les joies, tous les soucis des amours qui durent toujours !
On les retrouves en raccourci dans nos p’tites amours d’un jour.
| |
|
|
|
|
|
Le Dhiwara 28 Saptawarar 1508 à 02h34
|
|
|
| *** C'est presque par hasard que krepion aperçoit la silhouette de la jeune fille assise au bout du quai. Il s'approche le plus vivement que son absence d'appui stable lui permette, hésitant imperceptiblement à l'approche du bord... un mauvais souvenir, un peu lointain et à la fois très vif, lui donne pour la première fois une répulsion à s'approcher trop près de l'eau... ***
Saillon dit :
Ouais, sans doute parce que la dernière fois ça ne t'a pas réussi : tu t'es noyé, papy...
*** Le vieillard balaye d'un revers de la main les inepties de son mou, et vient s'assoir à côté d'Orphèle, par pur esprit de contradiction, les mâchoires serrées de frayeur.
Allons bon, un marin qui a peur de l'eau... C'est stupide !
Krepion Loudmer n'a jamais eu peur de l'eau, quelle ineptie, voyons !!
A ce constat, son moral se retrouve un peu plus dans les talons...
Sans la regarder, il tend à la jeune fille la bouteille -qui s'avère être une très correcte bière de Mjert- tout en murmurant d'une voix laconique, son regard délavé se perdant dans le clapotis de l'eau en contrebas : ***
Pourrir dans le cul du S'sarkh... T'as bien raison ma p'tite...
D'façon chuis plus bon qu'à ça...
*** Quelques pas derrière, la voix grinçante du troubadour retentit de nouveau, ajoutant sa touche de pathétique au tableau... déjà pourtant bien pourvu. ***
- Elite Fraternelle Tchaë -
Qui ne risque rien... ne rate rien. | |
|
|
|
|
|
|
|
Le Dhiwara 28 Saptawarar 1508 à 18h22
|
|
|
| Quand Trayzh releva la tête, les deux compères avaient encore disparus ! Il fallait donc qu'il garde toujours la tête levée. Mais alors il ne pourrait plus voir ses doigts sur le cavaquinho... Énorme dilemme... Il conclut en se disant que de toute manière il pourrait difficilement faire pire avec ce fichu instrument.
Il fit donc le tour de la place en cherchant ses deux admirateurs. Il trouva ces derniers au bout du quai, enlacés au bord de l'eau... Comme c'était beau... Il eut presque envie de les laisser tranquille. Mais il se dit finalement qu'il n'y avait rien de tel qu'une belle chanson pour immortaliser ces moments romantiques.
Pour compléter la mise en scène, il s'enroula une espèce de toile cirée, qu'il avait trouvé sur le paravent d'une échoppe non loin de là, comme une toge, puis cueilli ici et là de jolie fleurs qu'il s'accrocha sur les oreilles, sur son cavaquinho et dans la bouche. Il se fit même une espèce de couronne qu'il déposa sur son crâne.
Debout, un pied sur une des bites d'amarrage, le regard porté vers le firmament, il entonna d'une horrible voix de fausset une sorte d'ode à l'amour grotesque en gratouillant les cordes de son instrument comme si ça avait été une sorte de harpe.
| |
|
|
|
|
|
Le Luang 29 Saptawarar 1508 à 11h34
|
|
|
| *** Krepion jette un regard en coin à la jeune fille en prenant la bouteille, et détourne vite le regard. Sa question semble en être une vraie, pas juste une interrogation désinvolte qu'on émet histoire d'alimenter la conversation, et le vieillard se sent subitement comme nu sous le regard pénétrant de l'étrange demoiselle.
Il boit une rasade généreuse de bière, savourant la qualité de la boisson, se demandant un instant ce qui se passera s'il ne retourne pas à l'auberge payer ce qu'il doit... La gamine semble être une habituée de l'établissement, sans doute est-ce à elle que l'aubergiste demanderait des comptes.
Sentant toujours le regard d'Orphèle rivé sur lui tandis que le silence s'éternise, il avale une deuxième gorgée d'alcool, et lui redonne la bouteille, tout en répondant d'un ton prudent. ***
Non, tout n'est pas la faute d' la sorcière.
*** La conversation s'engage sur une pente glissante que le vieux marin n'est pas sûr d'avoir envie d'emprunter.
Derrière eux, l'importun continue de brailler comme un cochon qu'on égorge, et son boucan devient subitement presque insupportable aux oreilles du marin. Manifestement cet imbécile a décidé de leur tenir la jambe toute la soirée, pour une raison indéterminée.
La situation semble au paroxysme de l'inconfortable pour le vieillard, comme un maillot plein de sable qui vous gratte de toutes parts.
Dans ces cas-là, on en change, et c'est ce que fait le marin : ***
Et toi au fait, tu m'as pas dis grand-chose sur toi.
- Elite Fraternelle Tchaë -
Qui ne risque rien... ne rate rien. | |
|
|
|
|
|
|
|
Le Matal 30 Saptawarar 1508 à 19h12
|
|
|
| *** Utérus de truie ?!!
Krepion hausse l'un de ses sourcils foisonnant d'un air étonné.
Elle est intéressante, cette gamine, mais voilà bien un domaine où elle a quelques progrès à faire... Utérus de truie, non mais franchement...
Profitant du fait qu'elle ait laissé à sa place la bouteille de bière, Krepion s'en empare et la termine, tout en suivant d'un regard curieux - et un peu vitreux- la façon dont elle va réussir à faire déguerpir l'énergumène à la tessiture limitée -et beaucoup trop aigüe.
Il est bien persuadé, en tout cas, qu'elle devrait très bien se débrouiller toute seule, d'autant plus qu'il préfère éviter de se fourrer une nouvelle fois dans les ennuis.
Et puis il n'a toujours pas de canne, rien que cette bouteille bientôt vide en guise d'arme.
Ce qui peut toujours servir, cela dit. ***
- Elite Fraternelle Tchaë -
Qui ne risque rien... ne rate rien. | |
|
|
|
|
|
|