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Trop de sang sur les mains?

le jugement d'une Faucheuse
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Sujet lancé par Nemès
Le 30-11-1508 à 15h11
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Posté par Nemès,
Le 07-12-1508 à 14h55
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Nemès

Le Dhiwara 30 Nohanur 1508 à 15h11

 
*** L'arrivée de Nemès en ville aurait pu passer inaperçue si elle n'était tombé sur le mâle inapte de la famille Voroshk. Celui-ci la gêna quand elle voulu franchir les portes de la ville, et la Danseuse lui lança une diatribe assassine qui fit taire toutes les conversations aux alentours.
Non, elle n'était pas d'humeur à faire preuve de mansuétude : en fonction de la suite des évènements, elle pourrait très bien croupir dans un cachot pour les mois à venir... ou pire. ***


Scylla dit :
N'aggrave pas ton cas...


*** Nemès jeta un regard noir à Salash et écouta Scylla, passant son chemin.
Ce n'était pas le moment de devoir justifier un autre mort devant la Carias.

La lumière commençait à décroitre et bientôt la nuit serait complète, aussi la guerrière se rendit-elle sans trainer chez elle. De toutes façons, elle n'avait pas envie de parler à qui que ce soit avant le lendemain. Avant son jugement.

Son jugement...
La dernière fois qu'elle avait dû comparaitre devant la justice, la Maîtresse du Harem avait appliqué la sentence avant qu'elle n'ait la chance de présenter sa défense. Qu'en serait-il demain avec la Carias?

Ressassant de sombres pensées, la guerrière se rendit immédiatement à l'arrière de sa maison, là où se trouvaient ses râteliers et ses outils.
Machinalement, consciencieusement, elle entreprit alors de réparer tout son équipement. Elle commença par s'enduire les mains d'un onguent spécial pour éviter les brûlures puis redressa avec un marteau les petites bosses sur son armure magmatique et la polit. Quand elle fut impeccable, elle s'occupa de ses lames. D'abord la faucheuse, qu'elle affuta jusqu'à ce qu'elle soit suffisament coupante pour trancher une tête d'un coup, puis Nimisha.
La lame de driandel avait beaucoup servi, et le métal souple avait été endommagé... Mais cette souplesse permettait également de le travailler aisément pour lui redonner sa forme et son tranchant initial. D'ailleurs, les enchantements apposés pas Shyama faisaient que le fil de la lame se réaffutait tout naturellement...
Quant à son casque de honte, il n'avait pas reçu un seul coup, aussi se contenta-t-elle de le polir avec un chiffon doux.

Si elle devait mourir le lendemain, on ne pourrait pas dire qu'elle négligeait son armement...

Elle ne dîna pas ce soir là, et passa plusieurs heures à s'entrainer seule, profitant de ce qui était peut être sa dernière soirée libre pour Danser avec Nimisha dans son arrière cours. La Danse avait toujours été le meilleur moyen qu'elle ait trouvé pour se vider l'esprit...

Le lendemain, elle s'équipa comme d'habitude, comme la Faucheuse qu'elle était. C'est donc casquée et vêtue de son armure, la faucheuse fixée au bras gauche et l'épée au fourreau battant sa cuisse, qu'elle sortit de chez elle.
Les bureaux des Exécutrices n'étaient qu'à quelques pâtés de maison de chez elle, et il ne lui fallu que quelques minutes pour y parvenir.
Elle s'arrêta devant le bâtiment. Les deux gardes en faction à la porte la saluèrent avec austérité : même si elle avait été leur supérieure pendant longtemps, elle n'était plus qu'une criminelle en instance de jugement.

Nemès ôta son casque et le cala sous son bras, révélant un crâne qui n'avait pas été rasé depuis un bon mois. ***


- Hajar liadha's. La Carias Lot'hi m'a convoqué. dit-elle, impassible.

*** L'une des gardes ouvrit la porte et entra en faisant signe à Nemès de la suivre. ***


- Hajar liadha. Attendez dans le hall, je vais prévenir la Carias de votre présence.

*** L'ex-Faucheuse qui avait commandé les lames d'Utrynia pénétra donc dans le bâtiment.
Quelques regards se tournèrent vers elle, la reconnaissant, mais en voyant l'air dur et froid sur son visage, toutes préférèrent éviter de venir lui parler. ***




 
Lot'hi

Le Luang 1 Dasawar 1508 à 22h15

 
La garde revient quelques minutes plus tard et fait signe à Nemès de la suivre. Ce n'est cependant pas au bureau de la Carias que celle-ci est emmenée, mais à la salle d'audience, petite pièce ronde attenante à celle du tribunal.
La garde indique à l'ancienne Faucheuse de se poster devant le banc qui fait face au bureau surélevé derrière lequel est assise Lot'hi, Carias du Fatalisme, Mestre Justicière du Matriarcat du Déclin.

Pas de public ni de grandes pompes pour ce procès d'une nature un peu exceptionnelle. Le meurtre et la violence gratuite ne sont pas monnaie courante au Matriarcat, malgré le nombre d'idées reçues qui courent à ce sujet dans les factions étrangères, et que nombre de mâles inaptes expatriés et pleins de rancoeur aiment alimenter.
Le meurtre de la main d'une haut-gradée de la cariatide du fatalisme est d'autant plus inhabituel...

En retrait du bureau surélevé, une tydale se met à rédiger rapidement des lignes sur un rouleau de parchemin dès l'entrée de Nemès, ne laissant malgré les apparences aucun doute sur la nature formelle et officielle de ce qui reste bel et bien un procès en instance de débuter.

Après un court instant d'un silence quelque peu pesant, Lot'hi relève la tête, détaille brièvement la guerrière, et prend la parole tout en lui faisant signe de s'assoir :


Aujourd'hui et en ce lieu s'ouvre le procès de la Faucheuse Nemès, accusée de meurtre sur la personne de Thalia, liadha, libertaire.

Selon l'article 6-1 des lois en vigueur, tout meurtre hors cas de légitime défense est un crime, passible d'une ou plusieurs peines parmi les suivantes :

- Des travaux d’intérêt généraux
- Un séjour en prison
- Une dégradation hiérarchique
- Une punition corporelle
- Le bannissement d’une ou des deux villes du Matriarcat
- La mort.

Au vue des circonstances d'urgence dans lesquelles cet évènement a eu lieu, la Faucheuse Nemès a été immédiatement dégradée au rang de libertaire par décision de la Mère des Cieux Akaliara.

Dans la mesure où ce crime a été perpétué devant de nombreux témoins, il n'est pas réfutable.
Cette audience a pour finalité de mettre en exergue les motifs et circonstances, atténuantes ou aggravantes, de cet acte.

En tant que symbiosée la victime a pu revenir à la vie, mais n'a manifestement pas souhaité apporter son témoignage lorsqu'il lui a été proposé de le faire, elle ne sera donc pas entendue et en aucun cas, quelle que soit la ou les sanctions décidées à l'issue de ce procès, elle ne pourra réclamer de dommages et intérêts.


La Carias fait un brève pause dans son élocution, sans quitter des yeux son ancienne Faucheuse, puis ajoute finalement d'une voix atone :

Liadha Nemès, il vous est à présent demandé de répondre à cette accusation, la parole est à vous.

 
Nemès

Le Matal 2 Dasawar 1508 à 01h05

 
*** L'ex-Faucheuse inclina brièvement le buste en guise de salut avant de s'assoir à la place attribuée aux accusés.
Elle écouta sans broncher la Carias lui citer son crime et les peines encourues. Elle les connaissait. Elle savait très bien le pourquoi du comment. C'est pourquoi elle ne sourcilla même pas sous le regard de sa supérieure lorsque celle-ci la fixa en lui donnant la parole.
Ce qu'elle avait à dire était aussi clair que les raisons qui avaient motivé son acte. ***


- Pour expliquer mon acte, je dois remonter quelques heures avant. commença-t-elle d'un voix calme en continuant de regarder son interlocutrice.
L'affaire Flymeur avait pris des proportions imprévues avec la sortie des Ombres d'Exhaltation des piliers. Elles étaient d'abord immobiles, puis il a été rapidement constaté que les attaquer physiquement les rendait agressives. Agressives et terriblement destructrices.
Toutes avaient été prévenues qu'il ne fallait pas s'attaquer aux Ombres...


*** Une pause. Nemès détourna le regard un instant. ***


- J'étais là quand l'une des Ombres, suite à une attaque inconsidérée de la part d'une liadha qui avait été pourtant prévenue de ne rien faire, a détruit un quartier de Kryg d'un claquement de doigts.

*** Les yeux de la tydale revinrent sur Lot'hi, emplis d'un éclat funeste. ***


- Ce n'était pas une, mais bien cinq flèches que Thalia avait tiré sur l'Ombre. Cinq flèches malgré tous les avertissements.
Dans ces conditions, elle était un danger pour le Matriarcat et méritait la mort.

Mais elle a compris son erreur. Où du moins elle a feint qu'elle ignorait ce qui se passait. Mais là n'est pas mon souci.
Elle a d'ailleurs avoué sur le consensus que ce qu'elle avait fait méritait la mort... Mais... vu qu'elle semblait avoir compris et être décidée à obéir, j'avais choisi de lui laisser la vie sauve.

Je me souviens parfaitement l'avoir menacé de la découper en rondelles si elle continuait ses attaques et ne partait pas immédiatement.
J'ai hurlé, toutes ont dû m'entendre.


*** Un petit sourire, presque mélancolique, vint entrouvrir les lèvres de Nemès le temps d'un soupir silencieux. ***


- Mais elle n'a pas obéi. Au lieu de cela elle s'est dirigée vers l'Ombre, à quelques pas de moi.

J'ai alors rapidement fait le point :
Thalia a ignoré - volontairement ou pas - l'ordre absolu de ne pas attaquer les Ombres, et à cause d'elle une partie de Kryg était en ruine.
Elle a ensuite ignoré mes ordres en refusant d'évacuer la zone, et en se rapprochant au contraire.
J'avais déjà plusieurs blessés graves sur les bras, dont la Faucheuse Voroshk dont la vie ne tenait qu'à un fil.
Elle avait été prévenue que je prendrais sa vie si elle désobéissait.

Et j'ai pris ma décision. Je n'ai pas eu beaucoup de temps, mais je vous assure que j'ai mesuré la portée de cet acte avant de l'accomplir :
Plutôt que de lui laisser la possibilité de causer une autre catastrophe qui aurait couté des vies, j'ai préféré éliminer celle que j'ai considéré d'après ses faits comme une brebis galeuse.
Quand un fruit est pourri, on le jette sans attendre que les autres fruits autour de lui se détériorent. C'est ainsi qu'on m'a appris les choses.
A mon sens, j'ai échangé la vie d'une liadha contre l'intégrité de Kryg... et la sauvegarde des Filles du Déclin. Je l'ai fait au vu de toutes pour que chacune sache qu'on ne plaisante pas avec la sécurité du Matriarcat.


*** Nemès détourna encore une fois le regard. ***


- Elle n'a pas eu le temps de souffrir, mon épée a coupé sa tête d'un seul et unique coup. dit-elle dans un souffle.

*** Quand elle se tourna à nouveau vers Lot'hi, elle semblait encore plus pâle que d'habitude, mais ces yeux avaient toujours un éclat glacial et dur. ***


- Je crois vous avoir narré l'intégralité des faits. De mon point de vue, j'ai pris une décision qui relevait de mon devoir de protection du Matriarcat.
J'aimerais juste ajouter que je suis prête à accepter la sentence que vous jugerez utile de prononcer, quelle qu'elle soit : je suis prête à assumer mon geste depuis la seconde où j'ai choisi de tuer la liadha Thalia.
conclut-elle d'une voix calme, en se tenant bien droite.



 
Lot'hi

Le Merakih 3 Dasawar 1508 à 23h59

 
La greffière notre frénétiquement au fur et à mesure que Nemès expose sa version des faits qui lui sont reprochés.
Lo'thi écoute, le visage toujours impassible, puis reprend la parole une fois que la guerrière se tait :


Vous prétendez avoir tué cette liadha afin de l'empêcher de commettre d'autres erreurs potentiellement dangereuses pour la sécurité de Kryg.

Sans parler du fait qu'il n'est pas dans nos habitudes de punir préventivement un acte potentiel, d'autres agissements auraient pu convenir au même but louable.
Pourquoi ne pas avoir fait arrêter et emprisonné cette tydale par les gardes, ou à défaut ne pas l'avoir simplement assommée, désarmée ou entravée, plutôt qu'une action si radicale ?

La liadha Thalia a exprimé ses regrets quant à la catastrophe qu'elle venait de provoquer par ses actes irréfléchis, et des témoignages indiquent que ce que vous avez pris pour une menace potentielle relevait plutôt d'une tentative de repli visant à trouver de l'aide pour soigner ses blessures mortelles.

Veuillez donc répondre à cette question, liadha : votre décision d'achever une soeur relevait-elle vraiment d'une volonté de servir et protéger le Matriarcat, ou d'un besoin plus personnel de punir, voire de tuer ?


Le regard de la Carias dévie un bref instant sur le crâne de l'ancienne faucheuse, qui s'orne désormais d'une petite épaisseur de cheveux noirs, puis revient se planter dans les yeux de Nemès avec une sincère interrogation.

 
Nemès

Le Julung 4 Dasawar 1508 à 13h10

 
*** L'ex-Faucheuse haussa légèrement un sourcil d'étonnement quand la Carias parla des blessures de Thalia.
Elle laissa néanmoins Lot'hi finir et poser sa question avant de prendre la parole. ***


- Pardonnez moi, mais je crains que vos informations soient erronées.
Effectivement, Thalia avait été salement mise à terre par la contre-attaque de l'Ombre d'exhaltation - une sorte de vague d'entropie m'a-t-il semblé sur le coup - mais la liadha Séoane était venue la soigner.
Elles étaient alors toutes les deux sur la route qui part vers le transport nemen. J'étais à ce moment là à la porte ouest de Kryg... à deux pas du quartier qui a été rasé...

Quand Thalia est ensuite venue vers l'entrée de la ville, là où il y avait les Ombres, elle n'était pas du tout mortellement blessée. Elle boitait, certes, mais l'essentiel de ses plaies était soigné.
Je n'ai pas du tout vu cela comme une tentative de repli : selon moi, quand on se replie, on s'éloigne du danger. Ce qu'elle n'a pas fait, contrevenant ainsi à mes ordres.
Qu'est-ce qui m'assurait qu'elle ne continuerait pas à désobéir? D'après ses mots elle avait compris les ordres, mais tout dans son attitude disait le contraire.


*** Nemès se tut un instant, soutenant le regard de la Carias du Fatalisme pendant qu'elle réfléchissait à la réponse appropriée. ***


- Ainsi pour répondre à votre question je commencerais par préciser que, de mon point de vue, je n'ai pas achevé une mourante.
J'ai exécuté une liadha qui refusait obstinément d'obéir aux ordres, faisant ainsi courir un danger critique aux Filles du Décin.

Oui, je l'ai abattu avant d'avoir la certitude qu'elle allait à nouveau provoquer la destruction d'un quartier de Kryg.


*** La grande tydale déglutit. Elle était calme et posée, mais on sentait une légère tension dans sa voix qui révélait que le sujet la touchait tout de même. ***


- Non, je ne considère pas que c'était une punition que j'ai infligé à Thalia. Les conséquences dramatiques de ses actes ainsi que son refus d'obtempérer malgré mes avertissements m'avaient certes énervé, mais je ne pense pas avoir agit contre elle, mais plutôt pour les autres Filles du Déclin. La forme est la même, mais pas le fond...

*** Les épaules de Nemès s'affaissèrent imperceptiblement. ***


- Lorsque la Maîtresse du Harem Kalimash m'a tué sans que j'ai pu être jugée, et que la Faucheuse Llendelynn m'a prise en main, j'ai promis de combattre la soif des Sang-Cesses et de mettre mes lames au service du Matriarcat.
Et je n'ai qu'une parole.
La liadha Llendelynn a donné un vrai but à ma vie... Elle m'a permis de trouver la beauté dans la Danse sans qu'elle mène forcément à un bain de sang ou à la mort.
Mais je ne me voile pas la face, et les étoiles le confirment chaque jour de mon existence : j'ai la Danse dans le sang, la mort suit chacun de mes pas car il est rare qu'un jour passe sans que j'ai à abattre des menaces. Qu'il s'agissent d'aberrations, de créatures perverties, ou encore de poussiéreux.

Quand j'ai dit à Thalia que je la tuerais si elle ne partait pas, je ne plaisantais pas. Dans ce genre de situation, les ordres doivent être exécutés à la lettre. La mort de Thalia a donc servi d'exemple, pour que toutes comprennent qu'à mes yeux la vie d'une liadha vaut moins que la survie du Matriarcat, et que quand une Faucheuse donne un ordre dans le cadre de ses attributions, elle doit être obéie.


*** La guerrière, solennelle, inclina le buste. ***


- Je vous assure que mes actes n'étaient pas motivés par des raisons personnelles : j'oeuvre pour le Matriarcat et rien d'autre. Mon seul intérêt personnel est de pouvoir en retour pourvoir à mes besoins essentiels et d'avoir les moyens d'entretenir mon équipement pour Danser. Le pouvoir de donner des ordres ne m'intéresse pas.
Et décapiter Thalia n'avait rien à voir avec le plaisir d'une vrai Danse, c'était simplement une mise à mort dont j'ai pris la décision.


*** Nemès resta un instant courbée, tendue, puis s'assit à nouveau normalement, droite et immobile en attendant de voir ce que penserai Lot'hi se son explication. ***




 
Lot'hi

Le Vayang 5 Dasawar 1508 à 23h15

 
Le visage de la Carias reste toujours impassible tandis qu'elle écoute les nouvelles explication de Nemès. L'interrogation laisse place à l'attention concentrée, et il est relativement difficile de savoir ce qu'elle en pense.
Lorsque l'accusée achève sa réponse et se rassoit, Lot'hi ne bouge pas ni ne parle pendant une dizaine de secondes, continuant de fixer l'ancienne faucheuse comme si elle attendait quelque chose de plus, puis tourne finalement la tête vers la greffière, comme pour s'assurer qu'elle a bien tout noté, et revient enfin sur la guerrière.


Bien.
Avez-vous autre-chose à ajouter pour votre défense, avant que je délibère et énonce votre jugement ?


 
Nemès

Le Sukra 6 Dasawar 1508 à 04h59

 
- Oui.

*** Cette réponse fut accompagnée d'une brève expiration. Ce que Nemès s'apprêtait à dire lui paraissait relativement absurde, sinon déplacé. Mais il fallait bien s'expliquer, non? Elle se leva. ***


- Je sais que vous êtes du genre à prendre en compte les faits plus que les apparences, mais...
...Je tenais juste à préciser que je ne laisse pas pousser ma chevelure à cause de cette affaire,
dit-elle en frôlant ses cheveux du bout des doigts, ou parce que je me sens mal dans ma peau : j'ai arrêté de me raser quand il a été convenu des modalités de la suite de l'enquête dans le sud...

*** Le regard de l'ex-Faucheuse, acéré, dériva l'espace d'un instant sur la greffière. Les ennemis du Matriarcat avaient ils vraiment des yeux et des oreilles partout? Dans le doute, mieux valait être trop prudente que pas assez. ***


- ... pour traquer les assassins d'Ylimidian. continua-t-elle silencieusement, par télépathie avec Lot'hi.

*** Nemès s'avança légèrement pour se placer au milieu de la pièce, en face de la Carias. Les deux Fileuses de Mort étaient connues pour être toutes les deux de terribles combattantes, mais pour Nemès, Lot'hi avait servi de modèle et de référence depuis la mort de Jerushah... Ce fut donc avec une déférence mêlée de fierté qu'elle posa son genou et son poing droits à terre. Sa main gauche vint se poser sur l'émeraude ornant le pommeau de Nimisha, et elle courba l'échine, baissant le regard au sol. ***


- Je n'ai plus rien à ajouter, Carias. conclut-elle d'une voix calme.



 
Lot'hi

Le Sukra 6 Dasawar 1508 à 19h00

 
Bien, rasseyez-vous, liadha.

Lot'hi fait un signe à la greffière, qui se lève et lui apporte aussitôt les vélins couverts de sa fine écriture.
Sans prêter plus guère d'attention à l'une ou à l'autre des deux tydales dans la pièce, la Carias semble s'absorber avec concentration dans la relecture de la transcription de l'audience.

Son regard, bien que fixé sur les feuillets devant elle se fait pourtant étrangement absent pendant une longue minute...



 
Nemès

Le Dhiwara 7 Dasawar 1508 à 02h53

 
*** Nemès tressaillit à peine en ressentant le flux télépathique de Lot'hi.
Il fallait prendre une décision. Une décision lourde de conséquences. ***


Qu'importaient les apparences après tout?
Qu'importait ce que ses soeurs penseraient d'elle?
Nemès était même prête à prétendre servir l'Artisan du Déclin si cela pouvait aider le Matriarcat. Alors être bannie...


*** L'ex-Faucheuse resta immobile et silencieuse, attendant le verdict en regardant distraitement dans le vide, comme si elle pensait à autre chose. ***




 
Lot'hi

Le Dhiwara 7 Dasawar 1508 à 12h17

 
Au bout d'une dizaine de minutes, Lot'hi relève la tête, rend les feuillets à la greffière et reprend la parole une fois que celle-ci a réintégré sa place et semble de nouveau prête à noter.

Voici le verdict concernant l'accusation de meurtre à l'encontre de la liadha Nemès :

Vous êtes reconnue coupable de cet acte criminel, et à cet effet vous êtes bannie des terres et cités de notre faction.
Cette sanction prendra effet dès demain. D'ici là, vous êtes autorisée à préparer vos affaire en vue de votre départ sous la surveillance d'une garde qui vous sera assignée à la sortie de cette audience et ce jusqu'à votre départ d'Utrynia.
Vos bien restants seront saisis et leur usage sera décidé ultérieurement à la discrétion de la cariatide.


Tandis que la greffière termine de noter le jugement, Lot'hi se lève, le visage toujours aussi impassible, et fait signe à la guerrière restée devant la porte.

Cette décision est sans appel, ainsi a été écrit le Tableau.
La séance est levée.


 
Nemès

Le Dhiwara 7 Dasawar 1508 à 14h55

 
- Ainsi sera donc le Tableau, dit l'Exécutrice en écho à son consoeur.

*** Nemès jeta un dernier regard à Lot'hi, puis hocha la tête d'un air entendu avant de se diriger vers la sortie où une garde lui emboita immédiatement le pas.
Ses dernières heures à Utrynia seraient surveillées, et dès à présent il fallait qu'elle agisse comme prévu.

En sortant du bâtiment, Nemès s'arrêta une seconde sur le seuil. Elle prit son inspiration, puis s'engouffra dans le flux habituel de tydales arpentant les rues. ***




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