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Le Luang 8 Dasawar 1508 à 23h09
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| Matroshka réglait ses affaires une par une et pourtant, il y en avait encore tellement à faire. Mais avant d'aller plus loin, elle devait faire le point avec la Caria. La Mestre Erudite absente depuis plusieurs mois, sa cousine toujours à traîner dans les boutiques d'Ulmendya, Matroshka se retrouvait seule et un peu de conseils à défaut d'aide seraient bienvenus. Après tout, une Caria, ça sert à ça, enfin il parait. Quoique. Enfin bon. Matroshka rentra dans l'édifice. Enfin un peu de chaleur. Laissant pousser un soupir de bien être et un baillement silencieux, la sorcière déambulait tranquillement dans les allées de l'annexe pour arriver à une petite alcôve à l'écart des autres. Peu de personnes, du calme et des bouquins. Un endroit presque parfait s'il ne manquait pas quelques commerçants et si le monde n'était pas menacé par un hiver éternel....
Matroshka s'assit sur une chaise et se basculait légèrement en arrière en s'étirant. Elle sortit de son sac le livre contenant le rapport d'expérience sur les sardoines et le posa sur la table devant elle. Tripotant nerveusement un pan de sa chimériade, la sorcière attendait la Caria tout en se demandant ce qu'elle pourrait bien faire le soir venu hormis dormir comme un gambol en hibernation.
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Le Merakih 10 Dasawar 1508 à 14h37
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| La sorcière laissa échapper un bref soupir de dédain en entendant la Carias s'exprimer à propos d'un bain. Évidemment que Matroshka n'allait pas rester avec des entrailles d'Arkonien sur sa tunique. Matroshka regarda la Carias. Aucun équipement magique sur elle. Pas étonnant qu'elle ne sache pas que prendre soin de ses affaires était une nécessité. Être némésis au service du Matriarcat, mettre sa vie en danger tous les jours, explorer des endroits perdus, combattre les pires saloperies de Syfaria, pourquoi pas. Mais autant le faire avec des vêtements propres nom d'une boule de feu mouillée !
La sorcière poussa le livre d'études vers la Carias et se remit à se balancer sur sa chaise.
Vous qui vouliez des histoires étranges, des complots et des embrouilles, vous voilà servie révérée Carias. En lisant attentivement ce document et hormis la myriade de données incompréhensibles, c'est surtout l'impression qui s'en dégage. Je veux bien jeter mes robes au feu si ce rapport n'a pas été trafiqué, censuré, bidouillé, que sais-je encore.
Les sardoines permettent d'accéder à un réseau de communication parallèle. Quand j'ai réussi à y pénétrer, quelqu'un m'a parlé en jurimancien. Rejeton supérieur ou poussiéreux, aucune idée mais j'aimerai pas le rencontrer.
Plongeant les mains dans les poches, la némésis se mit à regarder le plafond.
Nous avons un formidable moyen de nous infiltrer, réussir à avoir des données sur les plans du Sark'h ou sur les motivations de ceux que je pensent être derrière ça nous permettrait d'avoir une longueur d'avance.
N'oublions pas qu'une de nos soeurs joue sa vie en ce moment-même.
Matroshka repensait à sa rencontre de la veille avec Nemès. La laisser partir seule, en infiltration dans un territoire inconnu sans pouvoir mettre un visage sur son ennemi, la position de Nemès était clairement défavorable.
Encore faut-il que nous puissions d'une part avoir des informations correctes sur ce réseau et donc accéder aux informations qui ont été censurées. Et d'autre part, pouvoir communiquer dans le réseau, à savoir parler jurimancien. Et là, ça coince.
Vous seriez pas bilingue en jurimancien à tout hasard Carias Erfuinn ?
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Le Sukra 13 Dasawar 1508 à 17h09
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| Aënola Erfuinn parcoure rapidement le livret que lui donne la nemesis tandis que celle-ci continue de parler.
Puis à sa dernière question, elle relève la tête.
Bilingue en jurimancien ? Non hélas... L'étude des langues n'a jamais été ma spécialité, et si à force de persévérance j'ai appris à parler à peu près correctement des langages d'autres races ou factions, celui de l'Artisan du déclin n'en fait pas partie.
A vrai dire bien peu le parlent... et ceux qui l'apprennent s'en trouvent changés, à ce qu'on dit... L'Erudite qui en propose des cours ici même, renfermée et austère, était paraît-il une fille pleine de joie avant... Rumeurs, coïncidence, ou réalité...
Il est parfois difficile de faire la part des choses.
Ces sardoines, d'ailleurs, où sont-elles actuellement ?
Son regard revient vers le manuscrit.
Mais j'aimerais bien en savoir plus, raconte-moi donc ! Cet ouvrage, quand et comment a-t-il été trouvé, au juste ?
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Le Merakih 24 Dasawar 1508 à 17h22
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| Aënola Erfuinn écarta d'un geste une imaginaire poussière de la soierie qui recouvrait ses bras longilignes. Sa peau douce et nacrée prit une teinte rosée, sous le coup d'une émotion que Matroschka n'arriva pas à deviner, lorsqu'elle regarde les Sardoines.
En silence, avec un petit geste fort délicat vers la Némésis, elle se met à lire avec plus d'attention le carnet.
Elle ne touche pas aux pierres, mais les regarde de temps en temps.
Les minutes s'allongent tandis qu'elle fait de plus en plus une moue charmante. Elle finit sa lecture, et referme le carnet en le posant sur la table.
Elle regarde Matroschka droit dans les yeux.
Tu as raison, ce rapport a été falsifié, ou corrigé si l'on veut dire les choses autrement.
Je comprends pourquoi.
Le matériau autour duquel tournait ces expériences doit être dangereux. Et propre aux Confrères. Ils ont du exiger qu'aucune mention n'en soit faite. Impératifs diplomatiques de l'époque.
Malheureusement, cette étude est trop ancienne. Les noms qui figurent là dedans ne m'évoquent personne de vivant aujourd'hui pour nous donner des indications plus précises.
Akaliara ne s'occupant pas de ça personnellement, nous sommes dans une impasse.
Apparemment tout du moins...
Car tu as les Sardoines.
Et nous savons que ces Sardoines fonctionnent. Malheureusement, elles le font pour des êtres qui aident notre Ennemi.
Des Confrères peut être.
Mais si elles fonctionnent, c'est qu'elles le font grâce à ce matériau si mystérieux.
Il doit être présent dans les Sardoines.
Peut être en quantité infime.
Il faudrait faire fondre l'une de ces pierres, et comparer ce que l'on obtient avec une Sardoine toute normale.
Etudier et comparer leurs compositions.
Voir aussi les effets de cette fonte sur la sorcellerie éventuelle qui accompagne ce mystère.
Cela peut fonctionner.
Il te faut un Alchimiste, un lieu propice, et de la prudence.
Mais il doit être possible, même avec les indications incomplètes de ce carnet, de remonter de l'expérience vers sa source.
Et ainsi comprendre leur fonctionnement, leurs liens et la façon de procéder pour espionner à travers eux sans nous mettre en danger.
Nous pourrions aussi comprendre ainsi ce que les Confrères étaient venus chercher dans notre faction.
Car il me parait évident qu'ils ont terminé leur étude sans nous, et s'ils sont venus ici à l'époque, puis en sont repartis de cette manière, c'est qu'ils cherchaient quelque chose, qu'ils ont du trouver et nous cacher.
J'aimerai aussi comprendre le lien entre ces expériences, les Sardoines et au final les rejetons.
A quoi ont joué les Confrères ?...
Ceci peut être dangereux, même si je pense que une seule Sardoine ne pourra pas avoir grand effet délétère, on ne sait jamais.
De l'Art dans toute sa splendeur.
Mais de l'Art dangereux, Matroschka.
Veux tu te charger de cela, ou que je confie cette mission à certaines de nos Némésis non symbiosées ?
Elles iront plus lentement que toi, plus prudemment sans doute, mais avanceront avec détermination.
Qu'en dis tu ?
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Le Matal 30 Dasawar 1508 à 22h40
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Matroshka écoutait des deux oreilles ce que lui racontait la Carias. Les yeux pétillants, le sourire plein de malice, elle dégaina une mine de graphite et un morceau de parchemin et commençait à retranscrire frénétiquement les paroles de la Erfuinn. Une goutte de sueur perla à une de ses tempes pendant qu’elle faisait courir à toute vitesse la mine sur le papier. A aucun moment la Carias n’a pensé à s’arrêter, la diablesse !
Enfin quand le monologue arriva à sa fin, Matroshka se laissa partir en arrière, les bras ballants, soupirant bruyamment pendant qu’elle s’appuyait sur le dossier du fauteuil. Son regard s’arrêta sur le plafond de la bibliothèque. Vraiment bizarre ce plafond. Pendant quelques instants, les yeux de la némésis restaient fixés sur le plafond, son esprit était absent. Puis, revenant à la réalité, elle s’étira un instant et se contorsionna dans tous les sens. Sans faire attention à la Carias, elle relisait ses notes en murmurant des bribes de mots d’un air peu enthousiaste. Lorsqu’elle termina sa lecture, elle fit claquer sa langue et leva les yeux vers sa supérieure.
Bon, reprenons tout ça un peu proprement.
Profonde inspiration, elle jeta un œil aux alentours voir si personne n’écoutait la conversation.
Donc le mystérieux matériau, il faut faire la lumière sur ce mystère. Hum…
De l’alchimie, un laboratoire sécurisé, un peu de prudence, un zeste de folie et une tisane l’addition patron.
Matroshka se mit à se gratter la tête avec son parchemin, l’air songeur pendant quelques instants.
On n’a pas d’alchimistes symbiosées à ma connaissance, ensuite. …le laboratoire, la prudence, la folie, je gère. La tisane, je vous en commande une aussi révérée Carias ?
Marquant une pause, elle reprend l’air songeur
Remonter à la source de l’expérience, oui…
Il va falloir mettre en place tout ça. Proprement.
Continuant à lire ses notes, elle s’arrêta à la fin du brouillon
Ah oui…de l’art dangereux.
Très estimée Carias, si j’avais peur du danger, vous pensez que je serai Némésis. Non, j’aurai les fesses verrouillées à un confortable fauteuil coincé entre quatre murs au lieu de courir à travers Syfaria et baffer les pires cochonneries perverties en ruinant mes adorables robes.
Au contraire, plus il y a du danger et plus c’est amusant. Et puis, faut bien être utile pour le Tableau, non ?
S’interrompant un instant, elle reprend en levant l’index en l’air
Vous n’êtes pas sans savoir qu’il y a pas mal de boulôt actuellement. Ma cousine s’amuse dans les collines maudites à chasser l’exécutrice renégate ce qui fait que je suis la seule symbiosée au Matriarcat chez les némésis’s. Il y a le pilier à réparer, une obsession à emmener, un entrainement à continuer, les sardoines à étudier, les soldes à préparer. Non vraiment, nous avons un peu de travail sur les épaules.
Au moins, on mérite notre salaire hihi
Plus sérieusement. Que les némésis’s non-symbiosées commencent dès maintenant, je rejoindrai le travail en cours de route quand j’aurai fini les différentes bricoles de pilier et d’obsessions. Je prendrai le transport nemen en marche et je me grefferai dessus pour l’accélérer. Par contre, il faudra leur dire de me tenir au courant. Pas que j’ai pas confiance, mais que je sois au fait du travail accompli.
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Le Julung 8 Jangur 1509 à 21h20
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| Les choses avançaient lentement mais sûrement. Les recherches commenceraient, les sardoines finiront bien par révéler la vérité, de gré ou de force. L'air satisfaite, la sorcière rangea le document dans son sac et commença à se lever. Elle se tourna vers la sortie mais alors qu'elle allait quitter la table, elle leva un doigt en l'air comme si quelque chose venait de lui revenir.
Je n'ai pas fini !
Se retournant vers la carias, l'air malicieux, elle retourna s'asseoir à la table devant la supérieure.
J'ai une autre raison qui m'a poussée à venir vous voir. C'est à propos du poste de Mestre Erudite. Elara est partie rejoindre les étoiles laissant derrière elle un poste et des responsabilités.
S'étirant les bras en faisant craquer les os de ses doigts, elle reprit mi-sérieuse, mi-amusée.
Je souhaite la remplacer. Continuer ce qu'elle a fait et l'améliorer.
Comment ?
Je veux améliorer les liens entre les différents corps de l'Art et les autres cariatides.
Elle se mit à farfouiller dans son sac à la recherche de quelque chose en grognant de ne pas le trouver dans ce ramassis de bazar. Enfin, elle poussa un soupir fier en tendant de façon épique un bout de papier froissé qu'elle déplia.
Je voudrais améliorer le potentiel de chacun. Nous avons un professeur, une parcheminière, des élèves et quelques sorcières entraînées. Mon objectif, c'est d'améliorer ça en tirant profit du meilleur de chacun. Et ce n'est possible qu'en enlevant les cloisons.
J'ai déjà commencé un partenariat avec la parcheminière en vue de permettre d'utiliser ses talents pour créer une grande quantité de parchemins de sorts à moindre coûts pour les débutantes qui n'ont pas toujours les moyens. J'ai prévu de prendre des cours d'enseignement avec notre orateur afin de dispenser mes connaissances en magie et quelques autres domaines.
Enfin, j'ai déjà commencé à m'entraîner avec la Justicière Anandra dans le but d'une part d'améliorer sa capacité à résister aux attaques magiques et d'autre part à m'entraîner à esquiver les attaques non magiques.
En généralisant ces pratiques, je suis convaincue pouvoir améliorer les symbiosées du Fatalisme et développer les relations entre les différentes structures de l'Art.
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Le Merakih 14 Jangur 1509 à 17h36
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| Aënola écoute avec attention l'argumentation de Matroshka Voroshk, et quand elle finit, se lève à son tour, et lui adresse un grand sourire, chaleureux et sincère.
Tu as tout à fait raison, Matroshka !
A vrai dire, cette absence de Mestre Erudite symbiosée est un problème qui me trotte dans la tête depuis quelques temps, mais dont je n'avais pas encore pris le temps de m'occuper... Tu fais bien de m'en parler, oui !
Tes motivations montrent bien que tu saisis l'ampleur de la tâche... Le rôle de Mestre Erudite n'est pas des plus simples ni des plus reposants... raison de plus pour qu'il soit attribué à une symbiosée... et une symbiosée qui ait l'énergie nécessaire, mais aussi la sensibilité, pour en exploiter tous les aspects...
Et je crois que tu corresponds bien à cela, tu as raison !
Parfait, c'est entendu !
Te voilà promue Mestre Erudite, toutes mes félicitations !
Ajoute-t-elle avec un petit sourire candide tout à fait ravissant.
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