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Aux petites fioles

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Sujet lancé par Zynia
Le 07-07-1509 à 13h24
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Posté par Zynia,
Le 14-08-1510 à 22h24
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Zynia

Le Sukra 1 Manhur 1510 à 20h57

 
Le printemps était de retour et avec lui l'air paraissait nouveau, à chaque fois c'était comme une nouvelle vie qui commençait, un nouvel espoir qui naissait.

Dans l'immédiat, en ce qui concernait Zynia, l'espoir qui avait guidé ses pas dans l'herboristerie de Grevia Zol semblait tenu. Pourtant, la fortune sourit aux audacieuses avait répété une nourrice à la future alchimiste quand celle-ci se trouvait encore à la Ruche d'Utrynia. Dès lors, le souffle qui s'inflitra dans la boutique au moment même où Zynia y entra devait lui apporter des réponses, du moins c'est ce qu'elle espérait, à mille lieux de considérations astrales sur le Tableau.

Elle s'approcha calmement de l'herboriste et lui chuchota:


Hajar liadha Grevia Zol, je me nomme Zynia. Je suis alchimiste et j'aimerais m'entretenir avec vous au sujet d'une plante. Il s'agit d'une liane parasite rare du nom de Strychase qui s’enroule autour de certains arbres. J'aimerais en apprendre davantage à son sujet. J'ai consulté tout ce que la bibliothèque d'Utrynia pouvait m'apporter à ce sujet. J'ai conduit mes recherches par nom d'auteur et par thème, dans différents rayons y compris celui de botanique, mais la connaissance rassemblée au sujet de cette plante paraît restreinte, du moins la connaissance connue transmise sous forme écrite. Je me demandais si une herboriste telle que vous pouvait m'en apprendre plus à son sujet.

La tydale se tut alors, scrutant le visage de la femme.


Zynia Mestre érudite, Maître Alchimiste

 
Narrateur

Le Luang 3 Manhur 1510 à 21h38

 
La femme se redressa, montrant un visage ravagé par les âges. Bien que l'air immensément vieille, une étincelle brillante dans son regard délavé laissait à penser que son esprit était vif, peu atteint par les affres du temps. Elle écouta la jeune femme avec attention, se passant quelque fois la main sur son crâne rasé de près. Une expression de vague surprise anima sa face à la mention de la Strychase, puis elle enchaîna avec une moue pensive.

Pfff. Cela fait longtemps qu'on ne m'avait pas parlé de cette plante, va donc.
Perdue dans les tumultes du savoir de grand-mère, qu'on se diffuse par la parole, en effet.

Une connaissance quasiment disparue, si tu veux mon avis, et qu'on a jamais trouvé dans des pages.
Tu as l'air déterminée, mais c'est pas dans les bibliothèque que tu dénicheras quoique ce soit sur la chose.
J'imagine que tu sais ce qu'on en fait, de cette foutue liane ? On en extrait une substance, par un procédé bien complexe.
Et cette substance, à ce qu'on m'en a dit, fait des choses pas très jojo. Le curare est pas à mettre dans toutes les mains.
Des mains propres, de préférence. Parce que des mains sales, avec ça, pfff, j'te raconte pas.

La strychase, pour ça et pour d'autres raisons, ça se trouve pas sur le marché.
Je sais comment et où ça se trouve, je sais même comment préparer du curare.
Peut-être bien parce que je suis une grand-mère, vois-tu. Et recette de grand-mère oblige.
Mais tu ressembles pas à mes petites-filles, vois-tu. Pas le même nez.

Alors, pourquoi donc que je te ferais confiance, la mademoiselle ?
Voudrais pas me retrouver sous les verrous, à mon âge.


 
Zynia

Le Matal 4 Manhur 1510 à 09h19

 
L'alchimiste prit une position fort gracieuse en écoutant la tirade que lui adressa la vieille tydale. Celle-ci connaissait la liane et son savoir allait apparemment au-delà de la simple existence de la Strychase. Manifestement, Zynia semblait se trouver en face de la bonne personne. Mais encore fallait-il que l'herboriste accepte de lui enseigner les trésors cachés dans son cerveau.

Je me doute que l'on ne vous a pas parlé de cette plante depuis un moment. Et je pense qu'après moi personne ne vous reparlera avant longtemps. C'est une plante peu courante aux propriétés particulières. Je ne l'ignore pas.

L'alchimiste aurait pu affirmer avec conviction qu'elle se lavait fréquemment les mains et que celles-ci étaient donc propres, mais elle douta que ce ne fût un argument recevable.

Je suis distilleuse, dit-elle donc. J'occupe ce poste dans la hiérarchie du Matriarcat. A ce titre, vous pouvez donc me faire confiance. Je n'utiliserai pas cette plante contre notre faction. Il paraîtrait qu'elle pourrait me servir dans une préparation. Il me faut donc remonter cette piste, trouver cette liane, en extraire l'ingrédient et procéder aux études empiriques nécessaires pour infirmer ou confirmer ce que j'ai lu.

Zynia vouvoyait la vieille femme. Etait-ce par crainte de celle-ci? Pour l'amadouer? Par simple signe de respect à son âge? A moins que l'explication ne se trouve encore autre part.

Il n'est donc pas question que vous vous retrouviez sous les verrous ainsi que vous le craignez.


Zynia Mestre érudite, Maître Alchimiste

 
Narrateur

Le Matal 4 Manhur 1510 à 20h11

 
Quelque chose changea vaguement dans le regard de la vieillarde, toujours très attentive, les sens en éveil.

Une distilleuse ? Moi aussi j'ai été alchimiste, il fut un temps. Je n'y touche plus trop maintenant.
Je me contente de vendre des herbes, des épices, quelques ingrédients rares à l'occasion.
Jouer avec le feu, c'est chouette, jusqu'à ce qu'on se brûle ! Faudrait pas que ça t'arrive pas.

Tu envisages donc de faire une potion ? C'est intéressant, tout ça. Mais, tu vois, la vieille femme que je suis n'est pas sectaire. Une potion à base de curare aboutirait nécessairement à tuer des gens, et de la faction ou non, j'aime pas trop cette idée. Parce que à part si tu changes les propriétés de cette substance - et j'vois pas trop comment - le curare paralyse, puis tue celui qui en est la cible. Et une vie,c 'est important. Première leçon.

Indirectement ou non, j'veux pas être à l'origine de la mort de qui que ce soit.
Après si tu me dis que tuer n'est pas dans tes prérogatives, on peut peut-être discuter.
Ca me paraitrait bizarre que ça serve à autre chose, mais t'as l'air d'avoir ton idée.

T'as pensé à tout ça, remué la question ?


Les petits yeux enfoncés de la dame lui donnaient un air inquisiteur.
Un sourcil levé, interrogatif, l'autre froncé, soulignait cet air méfiant.
On aurait dit que la marchande voulait une garantie.


 
Zynia

Le Merakih 5 Manhur 1510 à 09h25

 
Décidément, la vieille femme était locace, mais hélas pas dans le sens et avec les mots que Zynia aurait espéré.

Y avait-il eu un souci, un problème ayant conduit la tydale en prison pour qu'elle ait décidé d'abandonner l'alchimie? La jeune femme tentait de mettre les éléments bout à bout.

Elle reprit simplement:


Justement, mon objectif est de réussir à modifier les propriétés du curare pour en dévier les effets. Je cherche, ou plutôt je chercherai lorsque j'aurai pu en trouver et en extraire de la plante, à utiliser l'effet paralysant tout en annihilant le second. Par ailleurs, j'ai rencontré un médecin de la Ruche qui a été très intéressée par mes travaux dans le cadre des soins à prodiguer aux malades. De la sorte, cela permettrait de faire en sorte que les patients ne bougent pas en cours d'opération.

Le regard de Zynia était franc et décidé, comme à son habitude. Il ne lui paraissait pas abscons d'utiliser cette substance. Toutefois, elle ajouta malicieusement:

Naturellement, si vous connaissiez une autre plante ou un ingrédient différent qui aurait la propriété de paralyser sans tuer par la suite vous me faciliteriez la tâche et il va de soi que j'utiliserais celui-ci et non pas le curare. Pour autant que vous me l'indiquiez...


Zynia Mestre érudite, Maître Alchimiste

 
Narrateur

Le Julung 6 Manhur 1510 à 20h39

 
De nouveau, une étincelle brillante se manifesta dans le regard expressif de la vieille.
Quelque chose dans son attitude changea subtilement, la méfiance - peut-être - s'éteignit.

Oh, je vois. C'est un projet intéressant.
Ambitieux et intéressant. ... Puis tu me sembles une bonne fille.
Droit dans tes bottes, déterminée, les idées claires sur où tu veux aller.
Comment y arriver, par contre, me paraît un peu plus trouble.

Mais c'est souvent comme ça en alchimie !
En sciences en général, certes, mais plus encore dans les arts mystiques.
Même avec toute l'expérience du monde, on s'y trouve souvent comme un enfant.
Ca agace. Alors rares sont ceux qui ont de la suite dans les idées.
Pas le courage, pas la curiosité, pas l'envie ou le temps.

Donc ça vaut le coup de t'aider un peu.
Je vais te dire ce que je sais.


Un index levé, elle fit mine à la distilleuse de patienter un instant.
En quelques gesticulations et cris répétés, elle fit fuir le peu de clientèle de sa boutique.
Puis elle invita Zynia à la suivre dans une arrière salle à l'allure d'entrepôt et d'atelier tout à la fois.
Dans ce beau bordel, elle désigna un tabouret à son invitée et se mit à préparer du thé.

Tu devrais prendre des notes, c'est un brin détaillé.

Après avoir servi deux tasses d'infusion, elle prit place en face de la distilleuse.
Un court silence et elle commença, sur un ton un peu professoral, en s'amusant de la situation.

Bon. Je vais commencer par le plus compliqué. Quoique, vu la nature de ton projet, ce n'est probablement pas là que tu auras le plus de problèmes. Mais bref. La recette de préparation du curare...

Pour commencer, bien sûr, tu dois récolter de la strychase. Je te dirais où en trouver après.
Une fois récoltée, tu râpes l'écorce et tu la récupère. Car c'est là que se trouve la source de la substance.
Tu places l'écorce dans un filtre formé de roseau et garni de feuilles, avant de la laver avec de l'eau plusieurs fois.
Ces lavages successifs te fourniront un liquide rouge, que tu devras mettre à feu vif jusqu'à ébullition.
Une dizaine de minutes à forte température devrait suffire, normalement.

Une fois bouillonnant, tu le transvases dans un récipient propre et tu le chauffes à feu doux durant de longues heures, pour faire évaporer l'eau. Quand le poison est suffisamment concentré, il a la forme d'un épais liquide noirâtre.
Tu auras le curare tant convoité. C'est une opération longue, difficile et délicate.

Tu as tout compris ? Des questions à ce propos ?


 
Zynia

Le Julung 6 Manhur 1510 à 23h28

 
Ambitieux, le projet de Zynia l'était assurément et elle en était parfaitement consciente. Tout le monde le lui rappelait de surcroît. Déterminée, elle l'était tout autant. Le premier n'allait pas sans le second sans doute, pour mener à bien une telle entreprise.

Mais l'alchimiste se tut à la réaction de la vieille femme. Elle se tut, regarda et assista sans intervenir à la scène durant laquelle la tydale fit en sorte que les clientes de son échoppe quittent les lieux au plus vite. Elle ne lui avait pas dit de repasser plus tard, ni d'attendre la fermeture de la boutique. Non, elle avait tout bonnement chassé ses propres clientes pour s'entretenir avec Zynia qu'elle avait attirée dans l'arrière salle. Tout cela semblait attaché à la brume vaporeuse entourant cette mystérieuse plante.

C'est peut-être pour cela que l'herboriste pensa que le chemin emprunté par Zynia pour parvenir à ses fins paraissait plus sinueux. Mais là elle ferait oeuvre utile en consignant par écrit le savoir volatile transmis pour l'instant seulement oralement, au bon vouloir des individus.

Certes, la vieille tydale avait raison: la plupart des alchimistes se bornaient à répéter les gestes appris depuis longtemps. Un savoir acquis. Zynia, pour sa part, cherchait à innover, à laisser une trace aussi modeste soit-elle, une empreinte sur Syfaria. Que le Tableau se rappelle que c'était elle qui avait mis au point telle ou telle potion.

La jeune alchimiste huma l'odeur qui se dégageait de la tasse qui lui avait té servie. Puis, machinalement, sans même prêter réellement attention à la mise en garde de son aînée, elle sortit plume, encre et velin d'une aumonière et se prépara à prendre note de la confession qui lui serait faite.

Elle posa son regard sur son professeur du moment, montrant ainsi qu'elle était prête pour la leçon.

La technique exposée était tout à fait passionnante, même si elle restait dans ce que Zynia connaissait déjà. Heureusement, pensa-t-elle. Ainsi, pas besoin de réaménager tout le laboratoire en vue de l'expérimentation d'une technique nouvelle et dangereuse.

Lorsqu'il lui fut offert de la possibilité de s'exprimer directement sur le contenu de la recette, ayant déjà une idée en tête, la distilleuse questionna:


Oui, en effet j'ai l'une ou l'autre question outre le lieu de récolte de la strychase dont vous me parlerez plus en détail par la suite. J'ai bien compris que c'est dans l'écorce de la plante que se trouve la substance à prélever et que ce n'est que lorsque l'épais liquide noirâtre en a été issu que le poison a atteint sa concentration optimale pour son effet optimal. Mais qu'en serait-il si l'on incorporait, au préalable, par exemple avant de faire s'évaporer l'eau, de la cervelle d'araignée connue pour ses propriétés curatives ou du poison de Baloua d'Eudice renommé pour ses effets neutralisateurs des autres poisons?

Pour une fois qu'elle semblait avoir trouvé une interlocutrice non symbiosée paraissant connaître des recettes nouvelles, il lui fallait savoir ce qui avait déjà été essayé à partir de celles-ci. Ne pas répéter les mêmes erreurs, ne pas gaspiller du temps à expérimenter de manière empirique ce qui l'a déjà été par le passé.


Zynia Mestre érudite, Maître Alchimiste

 
Narrateur

Le Sukra 8 Manhur 1510 à 15h50

 
La vieille prit le temps de réfléchir à la question.

Mmm.. Je ne sais pas, à dire vrai.

Je n'ai jamais tenté l'expérience et je n'ai pas eu d'écho de quelqu'un l'ayant fait.
Mais comme ça, à première vu, mis à part un rituel adéquat ou des doses bien pensées...
Je suppose que cela annulerait les effets du curare, le rendrait inopérant.
Ou les amoindriraient, mais à quel point ?

Cela empêcherait peut-être la mort du sujet.
Mais cela pourrait aussi rendre la paralysie inefficace.
Allez savoir, cela se joue souvent à un petit rien...

Des expériences à tenter, oui.


Après un silence, elle enchaîna, intriguée :

D'ailleurs, as-tu des pistes ou des idées pour la phase philosophale ?
Car là, tu me sembles en pleine phase inerte, avec la mise au point de la recette.
Mais le protocole contextuel risque d'être encore plus casse-tête.
Et dans ce cas, assez déterminant aussi.


 
Zynia

Le Sukra 8 Manhur 1510 à 18h51

 
Oui, cela se joue souvent à un petit rien. Pour chaque poussiéreux tout se joue à de petits rien. Une rencontre effectuée, un regard échangé, une peau de banane aperçue avant que l'on ne mette le pied dessus. Il fallait que l'accumulation des petits rien soit positive, que les petits rien qui parsemait leurs vies leur soient favorables. S'agissant de Zynia, seul le Tableau savait ce qu'il adviendrait au final, mais si ces infimes parcelles capables de changer quelque chose étaient faites d'espoir couronné, sa place définitive dans le Tableau serait meilleure.

Bien, j'essayerai donc si personne ne l'a fait jusqu'ici.

A vrai dire, je n'ai pas encore pensé à la phase philosophale. Tant que les ingrédients nécessaires à la réalisation de la potion ne sont pas réunis, à quoi bon y gaspiller de l'énergie? Il me faut pour l'instant concentrer mon attention et mes recherches sur la phase inerte. Naturellement, si j'apprends quelque chose susceptible de m'aider par la suite déjà à ce stade, cela me convient. C'est la raison pour laquelle je vous demandais si vous aviez une idée de ce que ces inversions pouvaient donner...

Dans le cas contraire, j'effectuerai mes expériences une fois les ingrédients récoltés.



Zynia Mestre érudite, Maître Alchimiste

 
Narrateur

Le Luang 10 Manhur 1510 à 21h11

 
Je demandais car, justement, la phase philosophale ne concerne pas uniquement la conception.
Vu qu'elle entremêle la phase inerte à tout instant, y compris dans la récolte des ingrédients, ta tâche va être rude.
Mais il existe probablement des légendes plus fantastiques qui entourent la strychase ou le curare, sur le façon dont on récolte la première, dont on extrait la seconde. Moi je n'ai qu'une version très pragmatique de la chose.
Peut-être que ce cela pourrait donner des pistes intéressantes pour le protocole contextuel.

Cela ne sera probablement pas suffisant, ni peut-être même pertinent, mais sait-on jamais.

En tout cas, je peux te dire où on en trouve. Cela est déjà essentiel.
Quand il est arrivé que mon enseignante en cherche, ainsi que moi il y a un temps...
Eh bien nous allions dans l'un des deux Bois Jumeaux, au sud d'Utrynia.
Je crois que la chaleur humide qui y règne favorise l'existence de ces lianes parasites.
Nous allions au fond du bois le plus au sud des deux, dans une région très sombre.
Je me souviens d'un coin assez remarquable.

Les arbres y étaient souvent torturés, rongés par les champignons et étouffés par ces maudites lianes.
Je ne sais si elles existent ailleurs, mais c'est là que nous allions, c'est là que nous en trouvions.

A y penser, je crois aussi que tu pourrais puiser dans les rumeurs et racontars à propos de cette forêt.
Il y aura peut-être, aux détours des divagations et des contes pour enfants, d'autres pistes.
Ou des énigmes à démêler pour tes recherches, indices à la clef, va savoir.


 
Zynia

Le Matal 11 Manhur 1510 à 09h17

 
Les Bois Jumeaux. Les fameux Bois Jumeaux dans lesquels l'ancienne Mestre Erudite, celle sans qui Zynia ne serait pas distilleuse puisque c'était elle qui l'avait nommée à ce poste, aimait à partir à la chasse, tester ses sortilèges offensifs. S'il fallait y pénétrer, il faudrait peut-être que l'alchimiste accroisse son potentiel offensif, ou use d'un autre sortilège défensif dont elle n'avait jamais eu l'occasion de faire usage, qui devait représenter la panacée en forêt.

Bon, je verrai cela plus tard, pensa-t-elle.

Des rumeurs et des légendes concernant la strychase, le curare et les Bois Jumeaux. Voilà la suite qu'on lui proposait. Pourquoi pas en fait? Zynia verrait bien ce qu'elle pourrait en retirer.

Danhya pour votre aide précieuse à la recherche, adressa-t-elle à la vieille tydale. Comme quoi, il était possible d'aider la recherche sans ouvrir son sac de morions.

Je vais donc poursuivre mes investigations à la bibliothèque d'Utrynia. Si vous avez raison, je trouverai l'un ou l'autre élément susceptible de m'éclairer davantage vers la solution.

L'alchimiste prit ainsi congé de l'herboriste et se dirigea rapidement vers le centre de la ville, vers le haut bâtiment rassemblant le savoir de la cité du bord du Lac des Mères. Elle allait y écumer les rayonnages relatifs aux coutumes, légendes, mythes et autre folklore.


Zynia Mestre érudite, Maître Alchimiste

 
Zynia

Le Julung 13 Manhur 1510 à 11h41

 
Arrivée à la bibliothèque, l'alchimiste se dirigea donc vers une alcôve qu'elle ne connaissait pas vraiment: celle concernant les coutumes, mythes légendes et folklore. Cela la faisait de temps à autre sourire de se retrouver en ce lieu, à farfouiller dans les rayons. Mais peut-être y trouverait-elle des éléments intéressant pour ses recherches.

Elle posa plusieurs volumes sur sa table de travail. Elle commença à feuilleter un ouvrage s'intitulant: "Contes et légendes des Bois Jumeaux".


Tout un programme, se dit-elle.

Mais si le programme en question comportait-il un volet strychase?



Zynia Mestre érudite, Maître Alchimiste

 
Narrateur

Le Julung 13 Manhur 1510 à 20h55

 
Les contes et les légendes, comme souvent, appartenait avant tout à l'expression orale.
Pour des peuples qui vivaient sur une île dangereuse et inconnue depuis 600 ans seulement, écrire n'avait pas été la priorité, quelque soit le domaine, mais surtout dans le domaine de la mythologie et du folklore. Zynia, si elle ne trouva malheureusement rien faisant référence au strychase ou à la curare parmi les quelques écrits qu'elle eut l'occasion de feuilleter, réussit néanmoins à regrouper quelques livres sur les contes concernant les forêts en général, et les Bois Jumeaux en particulier.

Même dans son attentive exploration des pages consacrées à ces lieux, elle ne trouva pas - à première vue - de référence à la liane et à son fabuleux poison. Il y avait différentes histoires sur les Bois Jumeaux, plus ou moins fantastiques, mais sans réel intérêt pour ses études. Par contre, elle trouva quelque chose sur l'endroit dont lui avait parlé la vieille Grevia Zol. Cet endroit reculé et inquiétant où elle allait, ainsi que son enseignante avant elle, recueillir de temps à autres la fameuse plante.

Isolée dans l'ouvrage, un vieille comptine faisait allusion à ce havre d'arbres tourmentés qu'on lui avait décrit.
C'était un passage assez bref, court et probablement fait pour être chanté.

Il y était dit, comme un poème :

"Ne va pas dans le bosquet mort où dorment les ancêtres.
Dans leur sommeil, cauchemars s'élancent et tournoient.
Point de frondaisons, racines tordues, corps chancelants.
Il y a de ces brumes du rêve où gît le long néant.

On dit qu'ici étouffent les siècles aux grands branchages.
Sous l'étreinte obsédante des bras de l'amour criminel.
Et de ces bras dit-on, sort le morne vénéfice qui glace.
Venin végétal dont usaient nos mères et nos pères.

Secret pour chasser la bête ou tuer l'indigne :
A jamais interdit, enfermé dans l'atome.

Astres cléments de noir, à l'heure du sommeil profond
Se laissent déliées les lames grises qui enlacent.
Et lacèrent. Jamais sinon ne libèrent l'arbre aimé.
De la main de l'officiant trempé de sang frais.

Chuchoter aussi, du bout des lèvres, le sacré.
Car les longues amantes se bercent ou restent.
Langue de cendres, yeux de braise.
"

Vers qui, sous leurs airs cryptiques, en disaient visiblement bien plus.
Car, érudite et habituée, Zynia pouvait aussi y lire l'esquisse d'un rituel pour la récolte...


 
Zynia

Le Julung 13 Manhur 1510 à 23h31

 
Les éléments de la potion se mettaient en place. Du moins, des éléments d'une potion s'imbriquaient les uns dans les autres. Il fallait encore savoir si cela fonctionnerait pour la potion que visait Zynia.

Il manquait toutefois encore certaines informations, toujours invérifiables autrement que par l'expérience empirique. L'alchimiste se demanda comment poursuivre ses recherches. Elle rentra à son laboratoire dans lequel elle prépara certaines potions qui lui avaient été commandées. Des pensées furent envoyées. Les fioles étaient prêtes. Leurs commanditaires pouvaient venir les chercher. L'érudite eut une pensée émue en caressant deux verres en particulier. C'était la première fois qu'elle réalisait cette nouvelle potion. Elle émit le voeux que la mandataire soit satisfaite, entièrement satisfaite. Après tout, il en allait de sa réputation.

La distilleuse réalisa également quelques liquides à sa propre intention. Pour l'un d'entre eux, elle recourut à la sorcellerie pour accroître ses réflexes, étant donné que le processus de maturation de la potion nécessitait une grande vivacité. Puis, une fois tout ceci terminé, elle s'assit et réfléchit posément.

La bibliothèque d'Utrynia n'avait plus guère de secret à ce stade concernant le thème de recherche et selon les informations déjà à disposition. Il lui fallait dès lors en quelque sorte faire de l'histoire orale. Trouver quelqu'un qui aurait entendu, qui se situerait en bout de chaîne d'une légende répétée de génération en génération, et que cette personne lui révèle ce qu'elle savait. Voilà le nouvel enjeu, l'étape suivante de la recherche.

Zynia s'empara de son bâton, verrouilla la porte de son échoppe, et partit s'enquérir auprès d'Elmenaïm, la mémoire du Tableau de la bibliothèque d'Utrynia, du personnel de la Ruche, de Grevia Zol, l'herboriste qu'elle avait rencontrée déjà, de l'existence d'une personne suffisamment érudite, suffisamment étrange sans doute, suffisamment âgée, bref à même de pouvoir satisfaire sa curiosité en matière de contes, légendes, mythes et folklore concernant la strychase et le curare essentiellement.



Zynia Mestre érudite, Maître Alchimiste

 
Narrateur

Le Matal 18 Manhur 1510 à 19h36

 
Fort de son petit poème, Zynia se mit à chercheur d'autres sources.
A droite, à gauche, auprès de ses connaissances.
Elle parcourut Utrynia, interrogeant ses contacts ou des érudits.
On l'aiguilla, petit à petit, vers un homme qu'on disait très au fait de ces choses là.
C'est Grevia Zol qui lui en parla la première. D'autres après l'évoquèrent de nouveau.

Un certain Hormesh. Vieillard inapte qui traînait sur le port ou dans les quartiers pauvres.
Il avait visiblement le verbe et le savoir de certains grands bardes.

Avec son nom, elle partit à sa recherche dans ces deux endroits.
Au bout de deux jours, elle le trouva enfin.

Un homme d'un âge avancé donc le visage lui disait quelque chose.
Une foule de rides profondes et des cicatrices importantes ornait une peau usée, sceau sur le front.
Une face sombre et osseuse, barbiche et longs cheveux, qui avait dû être plaisante autrefois.
Le vieillard, assit sur les quais, fumait un long cigare en contemplant le Lac des Mères.

Il leva des yeux délavés et hypnotiques à la venue de Zynia.


 
Zynia

Le Merakih 19 Manhur 1510 à 10h29

 
Etait-ce la proximité de l'eau? Etait-ce les embruns lacustres? La pauvreté était-elle propice à au développement de l'alchimie? Etait-ce un hasard? Toujours était-il que les recherches qu'elle menait conduisaient l'alchimiste irrémédiablement au port et son quartier défavorisé.

Zynia demeurait toutefois attentive dans cet environnement étrange, spécial, avec une part d'irréalité. Non pas qu'elle suspecta l'une de ses soeurs de vouloir lui jouer un tour pendable, mais cela ne servait à rien de tenter la soeur en question...

La tydale était toutefois plus à l'aise que lors de sa première irruption dans le quartier. Elle se demandait par contre comment on pourrait imaginer déplacer toute cette population, où on pourrait la loger, l'abriter, surtout avec le problème de l'existence la Ruche à gérer et à pérenniser.

C'est ainsi perdue dans ses pensées qu'elle finit par apercevoir l'individu décrit par Grevia Zol. Elle s'avança calmement et, lorsqu'il leva les yeux sur elle, lui adressa la parole:


Hajar, le temps semble s'adoucir ces derniers jours. Vous semblez avoir connu de nombreux hivers. Certains ont du vous paraître plus rigoureux que celui que nous abandonnons...

Il fallait trouver le moyen d'engager la conversation. Quoi de plus simple que de parler du beau temps revenu?


Zynia Mestre érudite, Maître Alchimiste

 
Narrateur

Le Matal 25 Manhur 1510 à 21h01

 
L'homme détailla Zynia avec un sourire mystérieux.
Puis il tira une longue latte sur son épais cigare.

Les saisons passent, vont et viennent comme les âmes.
Certaines sont dures, d'autres douces. Mais finalement, peu importe.
Elles participent de la même manière à la course du monde.
Qu'on les trouve plaisantes n'y change rien à l'affaire.

J'ai connu des hivers puissants et rigoureux, en effet.
Nombre ont été plus durs que celui-ci, quelques uns plus cléments.
Je ne saurai en dire autant de ceux qui viendront. Ceux-là me semblent bien mystérieux.
Et quels sombres défis ils porteront dans les entournures de leur manteau des vents.

Alors que nous reste-t-il ? Sinon profiter des beaux jours.
Car, à n'en point douter, ils sont plus beaux que jamais.


Son regard usé quitta la distilleuse pour s'orienter vers l'horizon.
La lumière du jour sur la surface du lac se déclinait en une mosaïque de couleurs.


 
Zynia

Le Matal 25 Manhur 1510 à 21h44

 
Une question simple. Mais une réponse élaborée...

On m'avait dit que vous maniiez le verbe à l'exemple de certains grands bardes, desquels vous n'avez nul besoin de jalouser le savoir. Il me paraît que l'on ne m'a pas menti.

L'alchimiste tenait fièrement son bâton d'afflux devant elle. Elle cherchait à la fois une position confortable, diplomatique, sécuritaire et esthétique. Ce bâton avait été réalisé par la maîtresse marchande et c'était du grand art. D'ailleurs, l'armure de Zynia consituait également une oeuvre d'art remarquable. La tydale aimait les belles choses, les beaux objets, les belles potions, et les belles légendes...

Je suis désormais persuadée que vous connaissez mille contes, mythes et légendes, voire même rumeurs...

Elle sourit au vieil homme qui aspirait son cigare, décomposant sa vie en volutes de fumée.

Ne m'en raconterez-vous point concernant les Bois Jumeaux? Oh et puis je suis certaine que vous devez avoir entendu quelque chose au sujet de la strychase et du curare... Ces éléments semblent véritablement appartenir au royaume des mythes et légendes, dignes de faire trembler les petites anja encore à la Ruche.

Elle espérait que cette introduction flatterait l'ego du vieillard. Mais sait-on jamais avec les inaptes... Ils réagissent parfois bizzarement. Zynia avait en tête l'exemple de Salash, toujours à vouloir entraver ses déplacements quand elle était pressée.

Mais il lui fallait tenter de savoir rapidement ce que le personnage pouvait lui apporter.



Zynia Mestre érudite, Maître Alchimiste

 
Narrateur

Le Merakih 26 Manhur 1510 à 21h14

 
Le sourire du vieillard passa du mystère à l'usure. Usure savante.
C'était un rictus absent, entre la mélancolie et l'amusement.

Aussi sûrement que je sais manier le verbe, vous savez flatter les égos, Liadha.

Je ne sais ce que l'on vous a dit sur moi, mais je n'aurai pas la modeste décence de nier.
J'ai, en mon temps, parcouru les routes du monde où guettent autant de monstruosités que de merveilles.
Des histoires j'ai collecté, des contes j'ai narré...à l'occasion. Certains sont de moi, d'autres non.
Des milliers ? Peut-être pas. Quelques uns, oui, qui vaillent le coup d'être entendu.

Mais c'est loin que vous allez, jusqu'aux Bois Jumeaux et dans leurs tourments perdus.
Il en existe de nombreuses, des rumeurs et des légendes, sur ces sylves voisines.
Je vois cependant que c'est à un caractère secret que vous vous intéressez.
Le strychase, le curare. Vices et vertus des plantes oubliées.

Je sens chez vous le parfum de la jeune empoisonneuse, sinon de la belle sorcière.
A ce monde, sans doute, vous appartenez. Vous-même, figure et actrice du mythe.

Si par mon aide, vous écrivez à votre tour une page d'histoire, alors, qui c'est.
Mais je vais vous épargner la horde de contes sans intérêts pour vos recherches.
Les histoires de loups, de chimères, de monstres, d'explorations tragiques...

Deux, dans la multitude, pourraient bien éveiller votre désir, aiguiller votre étude.
Par laquelle commencer... Les jumeaux ennemis ou l'anja endormie ?


 
Zynia

Le Julung 27 Manhur 1510 à 10h13

 
Aussi longtemps qu'il n'y a pas de conspiration des égos, pourquoi ne pas les flatter? D'ailleurs, à ce jeu, de mots et d'adresse, le mâle inapte n'était pas en reste.

Lorsqu'il parla de parfum, la distilleuse pensa qu'il faudrait qu'un jour elle concocte aussi quelque chose dans le genre, une idée de plus. Autant d'idées, si peu de temps... Mais au moins elle ne serait pas désoeuvrée jusqu'à l'aboutissement du Tableau.

Au moment où le mish parla d'elle comme d'une empoisonneuse potentielle, l'alchimiste réprima une envie de s'exclamer. Elle n'empoisonnait personne. Elle expliquait toujours tranquillement et méticuleusement comment utiliser les liquides et onguents qu'elle avait réalisés. Elle ne pouvait être tenue pour responsable de leur utilisation subséquente... Mais elle changea d'avis au qualificatif suivant. Belle sorcière? Intéressant. Le conteur était inapte et pourtant il savait parler aux femmes... dans une certaine mesure...

Quand au terme d'actrice, c'était celui que Zynia préféra. Il comprenait l'action et non la passivité. Elle n'avait jamais envisagée la passivité, même si elle avait du limiter ses déplacements. Elle était désormais agissante jusque dans les arcanes du savoir. Là était l'essentiel pour l'érudite.

Choisir entre deux légendes... De prime abord, Zynia aurait l'occasion d'entendre les deux. Du moins elle l'espérait ainsi. Que ce choix cachait-il?


A choisir ainsi, ai-je véritablement le choix? Il me reste l'embarras certainement. Mais le choix ne repose que sur les deux titres que vous m'avez énoncés. J'écouterai donc avec attention l'anja endormie avant que vous poursuiviez sur les jumeaux ennemis.

L'alchimiste pris place aussi confortablement que possible à côté de l'homme au cigare, de façon à être attentive au mieux à son discours.


Zynia Mestre érudite, Maître Alchimiste

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