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Le Vayang 20 Nohanur 1509 à 19h06
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| Tout d'abord : rien. De ce genre de rien qui n'attend qu'une chose pour devenir un tout.
Mais un tout d'un genre particulier. Le genre de tout explosif, dangereux, à ne pas mettre sous le nez des enfants.
Et ce petit quelque chose que ce rien attend pour devenir un tout, ce petit quelque chose, c'est quelques secondes.
En effet, après quelques secondes, le rat - congénère charmant, entre autre - se met à avoir les yeux qui lui sortent des orbites, le ventre qui gonfle et...finalement...le corps qui s'éparpille au quatre coin de l'atelier en un glorieux splash.
Car nul doute que ce splash, d'une certain point de vue, est glorieux. Pas du point de vue de la Distilleuse en tout cas.
Du point de vue de la congrégation des splash syfariens, peut-être, mais pas de celui de la Distilleuse.
En général, dans ce métier, un splash est plutôt synonyme d'echec que de réussite.
Pas comme dans certains corps de métier où le splash est une vocation.
Bref. Zynia est confronté à un nouvel échec. A un nouvel effet aléatoire.
Ce n'est pas très plaisant, une fois de plus, mais celui là a le don de pointer quelque chose du doigt.
Peut-être parce que c'est un échec de plus, peut-être parce que l'alchimiste a tout bien vérifié auparavant, peut-être pour d'autres raisons encore... Mais d'une certaine manière, ce nouvel échec est incompréhensible.
Et de cette incompréhension naît la compréhension. Une certaine compréhension du moins...
Zynia réalise alors que si son expérience est sujette à tant de...conclusions variables c'est que quelque chose ne va pas en profondeur. Dans les fondations même de l'expérience. Au coeur du processus général.
Reste à identifier quoi. Ce qui n'est pas une tâche simple, elle le sait.
Mais qui est néanmoins le noeud du problème, elle le sent.
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Le Sukra 21 Nohanur 1509 à 00h05
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| L’alchimiste vit le rat exploser. Du revers de ses deux mains, elle enleva les taches de sang qui lui maculaient la figure. Heureusement qu’elle mettait un tablier pour travailler. Sinon elle aurait pu jeter ses habits. Le sang cela tache. Il lui fallait maintenant nettoyer son laboratoire et remettre de l’ordre.
Elle prit donc baquet et chiffons. Patiemment, Zynia fit disparaître le sang salissant la pièce. Elle se demandait toutefois pourquoi le rat s’était comporté ainsi. Pourquoi avait-il explosé ainsi ? Par désespoir ? C’était la première fois qu’une « potion » explosait à la figure de la distilleuse. Cela ne se faisait pas et le rat avait bien de la chance de ne pas en avoir réchappé, car il aurait entendu parler de lui.
Les restes du rongeur montraient effectivement que le corps s’était déchiré sous l’effet d’une explosion interne. Alors que la potion devait digérer, elle avait fait exploser. Et qu’on ne raconte pas à la distilleuse que le rat avait explosé de joie…
Fidèle à ses habitudes, Zynia reprit ses notes, vérifia les fondements de sa théorie, analysa les échecs de ses expériences. Soudain, une étincelle jaillit dans son esprit. Les sucs gastriques du rat avaient pu interférer et, combinés à la potion, produire des effets diamétralement opposés à ceux désirés.
Elle laissa donc les restes du rat précédent dans le baquet et revint à sa table de travail. Sans tarder, elle sortit un nouveau rat de la cage, le dépeça, en recueillit les liquides internes et les analysa avec les moyens à sa disposition pour en connaître les propriétés. Puis, sur la base des nouvelles connaissances acquises, elle chercha à composer une potion dont les effets seraient produits une fois mélangée dans l’estomac de la victime.
C’est sur cette conviction et munie d’une nouvelle dose de liquide équivalente à la taille et au poids du petit mammifère que l’alchimiste se dirigea vers la cage pour s’emparer d’un nouveau rat auquel elle administra le contenu du récipient. Elle posa ensuite rapidement le rat sur la table en pierre du laboratoire et recula d’un pas avant de regarder attentivement ce qui se passa.
Zynia Mestre érudite, Maître Alchimiste | |
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Le Sukra 21 Nohanur 1509 à 19h48
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| Heureuse, Zynia l'était, car les rats prolifèrent rapidement. Sinon comment aurait-elle fait pour ses expériences? Elle les consommait en effet avec une vitesse effrénée.
Il s'agissait d'un nouvel échec. Pourtant, nouvel échec, nouvelle idée. La distilleuse s'assit un instant, regardant le rongeur poursuivre ses agissements étranges. Elle se dit qu'elle n'aurait qu'à toucher la bestiole pour obtenir ce qu'elle voulait, ce qu'elle recherchait. C'était simple, non?
C'est là que l'idée lui vint. Et si elle enchantait la potion selon le principe du sortilège qu'elle cherchait à imiter, à mettre en potion? C'est ce qu'elle fit alors. Elle reconcocta une potion selon les connaissance acquises des expériences précédentes et enchanta cette nouvelle potion selon l'arcane de la sphère de magie dont elle se servait pour obtenir le résultat recherché.
Le fluide semblait vraiment différent cette fois-ci.
Une nouvelle fois, son regard choisit un rat au travers des barreaux de la cage. Une nouvelle fois, ses petits doigts ouvrirent la porte de celle-ci. Une nouvelle fois, sa main agile attrapa l'animal. Une nouvelle fois, l'alchimiste lui fit ingurgiter la potion préparée. En espérant que le résultat soit, cette fois-ci, conforme à ses attentes.
Elle regarda le rat qu'elle avait déposé sur sa table de travail.
Zynia Mestre érudite, Maître Alchimiste | |
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Le Luang 23 Nohanur 1509 à 15h30
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| Et la lumière fut ! Zynia comprit ce qui clochait.
Elle comprit en se plongeant dans ses réflexions, ses connaissances pratiques de cet art complexe et dans son savoir acquis auprès des maîtres ou des ouvrages. Son erreur - un peu catastrophique - l'avait fait remettre en question son travail, et c'est au regard de cette dernière, qu'elle ouvrit les yeux et pointa le doigt sur sa faute.
L'Alchimie se compose de deux phases intimement mêlées : la phase inerte, qui consiste à préparer une recette, et la phase philosophale, qui consiste à accompagner cette recette d'un protocole contextuel très particulier, comme autant de rites - souvent étranges - dont le but est de conférer à la décoction sa nature magique.
Zynia avait vraisemblablement réussi, à un certain degré, la composition de sa recette. Donc, la phase inerte.
Mais avait négligé en retour, délaissé, la phase philosophale. Et sans cette phase précautionneusement appliquée, son mélange n'avait aucune chance d'aboutir à l'effet désiré. C'était là le noeud du problème.
Néanmoins, rien n'était réglé pour autant. Car si elle avait trouvé, à force de longues recherches, sa recette, elle devait maintenant trouver la bon protocole contextuel y étant associé. Or, elle arrivait là en terre inconnue, dans la mesure où elle cherchait à mettre au point un nouveau type de potion...
Quel pouvait bien être la phase philosophale d'une potion de poison ?...
Vaste question. Nouveau problème.
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Le Matal 24 Nohanur 1509 à 18h12
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| Zynia se replongea dans ses classiques. Ouvrages connus et moins connus d'alchimie.
Mais sa fouille dans ces derniers se révéla infructueuse. On y parlait quelquefois de potions de poison, mais qui n'avaient rien à voir avec celle qu'elle cherchait à mettre au point en se basant sur le sortilège de décrépitude du même nom. Ces recettes de poison étaient souvent plus folkloriques qu'autre chose. Elles semblaient incertaines, souvent fantasques, et si elles marchaient, c'était surement à leur manière. Jamais aussi violentes, virulentes, radicales que le sort.
Qui plus est, ces quelques recettes ne se basaient pas sur les ingrédients qu'elle avait trouvé.
On y parlait généralement de venin de serpent, de sang de criminel, de soupe d'insectes rampants, etc...
Sans parler du fait qu'aucune ne se ressemblait. A part sur un point, qui attira l'attention de la jeune Distilleuse.
Toutes, quasiment sans exceptions, affirmaient qu'il fallait réciter une malédiction durant l'assemblage.
Malheureusement, cette litanie changeait d'un livre à l'autre. Mais c'était déjà quelque chose....
Du côté des contes et légendes, Zynia s'attendit tout d'abord à ne rien trouver.
Et elle n'avait pas complètement tord. A la différence qu'un élément narratif se répétait toujours.
De fait, cet élément narratif attira également son attention. Car les mythes avaient leur part de vérité, après tout...
Les vilains de ces histoires d'empoisonnement - sorcières, sombres magiciens, monstres cauchemardesques ou tueurs sans pitié - préparaient toujours leurs méfaits et leurs décoctions peu ragoutantes au coeur des longues nuits d'hiver.
Et souvent dans des lieux insolites comme des cimetières, des ruines, d'anciennes scènes de meurtre...
Quant à vérifier la pertinence de ces premières trouvailles, c'était difficilement faisable...
Le temps et les expériences, seuls, pouvaient prouver ou non leur point.
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Le Matal 24 Nohanur 1509 à 20h47
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| L'alchimiste parcourut patiemment les diférents volumes, rouleaux, codex, et autres parchemins individuels qu'elle trouva à la bibliothèque. Elle nota toutes les observations qui pouvaient lui être utiles pour la suite du développement de sa nouvelle potion, laquelle lui avait été commandée spécifiquement.
Une malédiction lors de l'assemblage des ingrédients? Voilà qui est intéressant. Il faudra que je vois aussi dans cette direction. Et que je produise cette potion qu'au coeur de l'hiver dans un cimetière? Me voilà bien avancée. Il importe que je vérifie cette assertion.
Puis, s'attachant aux ingrédients eux-même, la distilleuse chercha son bonheur sur les rayons boisés d'une autre alcôve. En effet, elle rechercha des ouvrages de botanique, puis de zoologie, afin de connaître la manière avec laquelle devait être prélevés les différents ingrédients.
Ensuite, elle orienta également ses recherches sur les ouvrages de sorcellerie, et sur les parchemins traitant de la sphère de la décrépitude tout particulièrement. Peut-être parviendra-t-elle à y dénicher, au détour d'une ligne ou au coin d'une page, un élément intéressant sa quête. Elle fondait des espoirs assez grands sur cette piste puisqu'il s'agissait d'ouvrages qui devaient traiter précisément du sortilège qu'elle dont elle désirait utiliser les propriétés, reproduire les effets.
L'endroit était calme, l'endroit était propice à la recherche, à la réflexion, aux découvertes. C'était tout ce dont Zynia avait besoin...
Zynia Mestre érudite, Maître Alchimiste | |
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Le Julung 26 Nohanur 1509 à 11h27
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| Propice à la recherche et à la réflexion, l'endroit l'était assurément. Aux découvertes, pas vraiment...
Zynia parcourut plusieurs ouvrages de sorcellerie et de sciences naturelles sans succès.
On ne parlait jamais dans les premiers du moyen de reproduire les effets du sort en alchimie et, à la vérité, on parlait peu d'alchimie en général. C'était des livres spécialisés en sorcellerie. Et quand des érudits s'attardaient sur des analyses de sortilèges de poison, c'était - comme toujours dans ce domaine - spéculations et hypothèses qui, même si elles semblaient parfois intéressantes, ne pouvaient aider la Distilleuse dans son étude. Pour la simple et bonne raison qu'on s'y perdait en décryptage de glyphes, en calculs ésotériques et en longs paragraphes théoriques sur l'Arkan ou sur la sphère de Décrépitude. Il n'y avait rien de concrètement utilisable pour elle et son art...
Les seconds n'étaient guère mieux, car si il arrivait que des scientifiques s'arrêtent sur le poison de Jarilith, sur les perles d'okabries ou sur l'amanite orangée, ils se concentraient généralement sur des études minutieuses de leur nature, de leur composition et de leurs propriétés avec un regard dénué de mysticisme ou, a contrario, trop fantaisiste. Et quand Zynia trouva finalement quelques manuscrits pertinents évoquant leur utilité dans des décoctions, on faisait alors référence à des recettes et à des créations alchimiques déjà existantes. Dés lors, les façons de procéder pour la récolte, la préparation ou l'assemblage de ces ingrédients renvoyaient spécifiquement à ces potions... Des potions qui n'avaient rien à voir avec celle qu'elle cherchait à mettre au point.
C'est donc bredouille que la Distilleuse acheva ces lectures quelques heures plus tard.
Elle s'apprêtait à remballer tous ces vieux papiers quand elle tomba sur une note griffonnée dans un coin...
La note, autant que la page sur laquelle elle avait été apposée, datait furieusement. Zynia plissa les yeux et lut avec difficulté :
"Je crois savoir que Osule Delbrine a cherché à reproduire ce sort en décoction, mais j'ignore si cela a abouti..."
Or, la page - sans réel intérêt par ailleurs - dissertait sur le sortilège de poison.
De toute évidence, quelqu'un s'était déjà penché sur cette question avant Zynia.
Mais cela remontait visiblement à loin dans le temps...
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Le Julung 26 Nohanur 1509 à 12h44
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| Me voilà bien avancée, s'exclama Zynia un peu dépitée, jusqu'au moment où elle aperçu la note griffonnée. Elle se félicita d'avoir une vue perçante qui lui permit de déchiffrer les caractères pâlis par le temps. Mais voilà qui est plus intéressant!
Elle rassembla alors ses affaires pour quitter la bibliothèque. L'alchimiste avait passé beaucoup de temps à cet endroit. Elle y avait pris ses habitudes. Ayant ouvert le battant de la porte d'entrée, elle s’arrêta sur le seuil et s’aéra en regardant les rayons de Maelia, le premier soleil, illuminer Utrynia. Elle resta ainsi un temps inconnu. Elle repensa à ce qu’elle avait fait, à ce qu’elle était en train de concevoir. A ce qu’il pourrait advenir de sa découverte, de l’utilisation malsaine qui pourrait en être faite. Mais elle remarqua également que d'autres avaient moins d'égards encore. Par ailleurs, sa création éviterait les victimes collatérales. C’est à ce moment-là qu’elle se rappela qu’elle avait encore du travail et elle ordonna ses idées.
Voyons, alors d'abord se rendre à la Ruche pour savoir quand a vécu Osule Delbrine. Ensuite la rencontrer si elle vit encore. Zynia soupira, elle n'y croyait pas. Elle enchaina donc: Dans le cas contraire, savoir où elle a vécu, si elle a habité une maison à Utrynia. Si c'était le cas, il faut que je me rende sur place pour demander questionner la propriétaire actuelle. Peut-être a-t-elle trouvé des vieux parchemins dans un coin? Ou peut-être acceptera-t-elle de m'autoriser à jeter un coup d'oeil à la maison?
La distilleuse pressa donc le pas en direction de la Ruche qui se trouvait non loin du bâtiment de la bibliothèque et demanda à pouvoir rencontrer quelqu'un qui puisse répondre à ses interrogations en suspens.
Zynia Mestre érudite, Maître Alchimiste | |
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Membre du personnel des Ruches
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Le Julung 26 Nohanur 1509 à 23h28
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| Si Zynia n'avait pas fait les cent pas dans le hall, cela y ressemblait terriblement. Lorsqu'elle entendit des pas, elle stoppa net et se redonna rapidement une contenance. Quelqu'un entra. Les salutations furent brièvement échangées. Si le protocole put apparaître quelque peu sommaire à une tierce personne, la distilleuse ne le remarqua même pas. Pour elle, la conversation semblait logique: des salutations d'usage, puis discuter du sujet. Tant la tydale était captivée par sa recherche.
Aka's hajar, Mémoire du tableau Till Nep. En effet, j'aimerais savoir si une certaine personne est encore en vie. J'en doute. C'est la raison pour laquelle j'aimerais alors savoir où elle a vécu à Utrynia et à quelle époque. Son nom est Osule Delbrine.
Je me doute et j'espère que les renseignements dont dispose la Ruche ne sont pas accessibles librement à toute personne, mes propres données étant au nombre de celles dont vous avez la garde. Je suis en effet native d'Utrynia.
La raison pour laquelle j'aimerais que vous m'aidiez est la suivante. Alchimiste, je mène actuellement une recherche, suite à la demande d'une de nos soeurs, pour découvrir et mettre au point une nouvelle potion. Je me suis donc rendue à la bibliothèque pour connaître le point de vue de celles qui nous ont précédées dans le tableau et pour tenter de bénéficier de leur aide pour ma recherche. Je pensais que peut-être quelqu'un avait déjà travaillé sur le sujet et que je pourrais reprendre certains éléments pour avancer plus rapidement.
Or, j'ai trouvé, griffonnée dans un coin de page d'un ouvrage de sorcellerie, une note mentionnant qu'Osule Delbrine avait précisément effectué des expériences pour mettre au point une potion identique à celle que j'ambitionne.
Vous comprendrez donc aisément mon intérêt à vouloir, soit la rencontrer, mais je doute que cela soit possible car l'écriture semblait dater d'il y a longtemps, soit savoir où elle a vécu pour tenter de retrouver dans son quartier quelqu'un qui l'eût connue entre autres. Voilà, vous savez maintenant qui et pourquoi, je ne peux être plus précise pour le quand. J'espère que vous pourrez donner suite à ma respectueuse requête.
Zynia se tut ensuite.
Zynia Mestre érudite, Maître Alchimiste | |
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Membre du personnel des Ruches
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Le Vayang 27 Nohanur 1509 à 10h51
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| La distilleuse scruta le visage de l'archiviste lorsque celle-ci fronça les sourcils, chercha à y déceler une étincelle d'encouragement. Celle-ci vint dans le fait que sa demande était prise en considération. Quelqu'un allait faire une recherche pour elle.
Je suis navrée de ne pas avoir plus de rensiegnements utiles. Si cela avait été possible, j'aurais volontiers accompagné votre assistante pour aider aux recherches. Mais je comprends aussi si vous ne souhaitiez pas avoir de visiteuse dans vos locaux. Dit-elle pour montrer sa bonne composition dans cette affaire.
Quoiqu'il en soit je vous remercie déjà du temps qui sera accordé à ma requête et je reviendrai donc demain, ajouta-t-elle en prenant congé.
Effectuer une recherche sur une alchimiste, une de celles qui l'ont précédée dans la connaissance des potions, élixirs et autres onguents, c'était tout un programme. Zynia imagina déjà plein de choses sur ce qu'elle pourrait découvrir. Elle se demandait à quoi pouvait ressembler cette tydale dont elle ignorait tout, sauf le nom et le penchant pour l'alchimie. Etait-elle une ermite vivant en-dehors des murs d'Utrynia? Vivait-elle dans un quartier huppé de la ville? Etait-elle connue, reconnue? La distilleuse s'interrogeait même au-delà de sa préoccupation du moment.
Soudain, une idée lui vint à l'esprit. Peut-être Osule Delbrine avait-elle écrit elle-même quelque chose, quelque chose qui se trouverait à la bibliothèque. L'alchimiste décida d'y retourner. Elle avait un jour devant elle avant de revenir à la Ruche. Autant mettre ce temps à profit.
Zynia Mestre érudite, Maître Alchimiste | |
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Le Vayang 27 Nohanur 1509 à 14h24
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| Le mystère ne se décantait pas. L'alchimiste espéra qu'une bonne nouvelle lui serait communiquée le lendemain, lorsqu'elle retournerait à la Ruche comme convenu. Elle craignit que l'on lui formule des réponses qui n'en seraient pas unes pour la tydale, qui l'embarasseraient davantage, qui comprometteraient la suite de ses recherches. Mais il fallait de toutes façons en avoir le coeur net.
Mais l'idée d'approcher une alchimiste d'un autre temps, recueillir des informations à son sujet, paraissait très intéressant et instructif à Zynia. Elle rentra à son laboratoire, tira la porte derrière elle. Puis elle raisonna une nouvelle fois.
Si Osule Delbrine vécut il y a très longtemps, plus personne ne pourra me parler d'elle et de ses agissements. Seuls me resteront les écrits pour apprendre. A moins qu'elle n'ait fondé une école. Mais je n'en n'ai pas entendu parler. Cela serait donc étonnant que cela soit le cas. Ou alors aurait-elle eu des disciples secrets? A-t-elle du se cacher pour exercer son art? Non, ce n'est pas pensable.
Tout bien considérer, les rensiegnements à disposition permettaient d'imaginer tout et son contraire. Il fallait donc un peu de patience à Zynia. Un peu de patience pour attendre jusqu'au lendemain, pour apprendre qui était Osule Delbrine selon les archives d'Utrynia. La tydale se coucha donc, non sans avoir relu ses notes pour être certaine de n'écarter aucun élément.
C'est ainsi qu'après une bonne nuit de sommeil, l'alchimiste chemina d'un bon pas jusqu'à la Ruche. Elle mentionna à l'accueil qu'elle souhaitait parler à Till Nep, Mémoire du tableau. Puis, elle attendit, feignant de ne pas montrer son impatience.
Zynia Mestre érudite, Maître Alchimiste | |
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Membre du personnel des Ruches
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Le Vayang 27 Nohanur 1509 à 15h58
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| Zynia attend quelques longues minutes avant que Till Nep se présente à elle, un sourire sur le visage.
Aka's Hajar, distilleuse.
Elle laisse couler un silence sur ce début de conversation, puis plonge sans tarder dans le vif du sujet :
Votre requête nous a fait voyager dans le temps, Zynia. Ce n'a pas été des plus faciles mais nous avons trouver votre Osule Delbrine. La dame est née en 1213. Vous comprendrez donc que fouiller nos archives sur trois siècles n'a pas été évident.
Son parcours au sein de la Ruche n'a rien d'exceptionnel, mis à part un intérêt prononcé pour la sorcellerie et les domaines apparentés comme l'alchimie et l'enchantement, qui lui a valu plusieurs problèmes avec les Nourrices de l'époque et les autorités de la Ruche en général. Ce n'était pas une enfant très sage et elle a vite rejoins les rangs de la Famille des Sang-Âme. Elle a quitté prestement la Ruche après avoir accompli son devoir d'Anja sans heurts ni complications.
Il n'est pas rare que la Ruche continue de garder un oeil sur ses anciennes pensionnaires même après leur départ, surtout dans les cas un peu difficile de ce genre, mais avec Delbrine, les choses se complexifient. Nous n'avons guère de traces d'elles suite à son départ. Elle semble s'être retirée dans les quartiers les plus pauvres de la ville, sciemment.
Les registres font néanmoins référence à des visites fréquentes d'enquêteuses et de justicières de la Cariatide du Fatalisme, venus se renseigner sur le personnage. Car elle est visiblement la source de troubles dans les bas quartiers. Il semblerait que les agents parlent d'explosions, de destructions en tout genre, de bruits et d'odeurs dérangeantes, quelquefois même d'incendies... Mais la dame reste insaisissable, étrangement. Elle est visiblement devenu assez célèbre, un peu malgré elle, à cause de ses étranges exactions. Que ce soit du point de vue des autorités ou de la population...
Les dernières notes dans nos archives sur son dossier s'attardent sur son décès.
En fait, c'est assez confus là également. Un corps qui correspondrait à sa description, sans certitude absolue néanmoins, nous serait arrivé durant l'été 1256. La Garde des Morts qui s'est occupé d'elle fait état de graves brûlures, de contusions et de membres littéralement...hum...arrachés. Rendant l'identification difficile et incertaine.
Il est par ailleurs indiqué que parallèlement, des rumeurs ayant cours dans son quartier affirment qu'elle aurait quitté Utrynia pour rejoindre les Témoins du S'sarkh suite à la visite d'un Propage chez elle.
Ce qui vient renforcer les doutes quant à l'identité du corps dont les services mortuaires de la Ruche ont hérité.
Ceci dit, cela reste des rumeurs, et il est fort probable que ce corps "anonyme" fut celui de Delbrine.
Si on le confronte à ces histoires d'expériences hasardeuses, bien entendu...
Puis Till Nep tend un petit parchemin à Zynia, sur lequel figure un portrait.
Nous avons également trouvé cela dans son dossier.
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Le Vayang 27 Nohanur 1509 à 18h29
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| Zynia répliqua rapidement à l'arrivée de la Mémoire du tableau: Ak'as hajar!
Puis elle écouta attentivement, l'exposé qui lui était fait.
Trois cent ans! Ainsi celle qui l'avait précédée l'avait fait il y a trois cent ans. Il était donc vain de chercher à la rencontrer car elle devait être morte depuis longtemps. Par ailleurs, si elle était encore en vie, il valait peut-être mieux ne pas la rencontrer. Mais quelques pistes s'ouvraient néanmoins dans la suite du discours.
Il était clair, à l'audition du verbe de Till Nep, qu'Osule Delbrine devait avoir effectué nombre de recherches et sans doute une partie au moins en alchimie. Par contre, Osule Delbrine et Zynia avaient peut-être en commun le goût de leur art, mais il semblait que les similitudes s'arrêtaient là. Peu importe.
Concernant son "décès", que fallait-il y voir? Une expérience qui avait mal tournée? Une mauvaise rencontre hors des murs d'enceinte de la ville? Des membres arrachés, ce n'est pas rien. S'agissait-il du corps d'Osule Delbrine ou du témoin dont parlait la rumeur ou d'une autre personne laissée là pour faire croire à son décès? Cette dernière hypothèse semblait étrange: pour quelle raison user d'un tel stratagème? Elle pouvait quitter les terres du Matriarcat librement, sans devoir recours à un quelconque subterfuge. Zynia hasarda une question: où le corps d'Osule Delbrine a-t-il été découvert? Puis, une deuxième: a-t-on le nom de ce témoin?
Concernant le dessin, l'alchimiste demanda: s'agit-il de son portrait vous pensez? Ou plutôt d'une oeuvre de sa main?
A l'issue du discours de Till Nep, la distilleuse la remercia.
Danhya pour vos recherches. J'espère que je pourrai aller plus avant et mettre en lumière les zones d'ombres qui persistent.
Zynia Mestre érudite, Maître Alchimiste | |
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