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Quartier du port

Enfance : Souvenir I

Le Tissu de l'Âme
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Sujet lancé par Umbre
Le 07-09-1509 à 18h51
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Posté par Umbre,
Le 10-09-1509 à 14h33
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Umbre

Le Luang 7 Saptawarar 1509 à 18h51

 
***

Ses pas l'ont amené là.
Naturellement.

Les coins reculé du port.
Ses vieux quartiers aujourd'hui à l'abandon.
Des pavés qui hoquètent au contact de la marche.
Des baraques pauvres, des rues insalubres.

La nuit. Utrynia est comme dans un rêve.
Plus belle que jamais. Scintillements...
Lui n'est qu'un fantôme. Invisible.
La Chimère y a veillé.

Parfums, formes, ambiances...
La poussière, les cendres, la pourriture.
Les toutes premières années de sa vie.
Absurdités de l'existence.

...

Il y a là une maison croulante.
Du bois dévoré par la vermine, des murmures.
Encore là. Mourante mais bel et bien là.
Il ignore comment il s'en rappelle.
Mais il s'en rappelle.

Souvenirs, souvenirs.
...Souvenir...

***


Un visage est-il un masque de comédie posé sur la tragédie de l'âme ?

 
Umbre

Le Julung 10 Saptawarar 1509 à 14h33

 
Il y a 23 ou 24 ans...


Dans une vieille salle sombre aux fenêtres grises, trois étranges femmes discutent.
Une grande tapisserie est accrochée sur le mur du fond, devant laquelle est assis un enfant.
Un métier à tisser est installé dans un coin, des aiguilles, du fil et des pelotes gisent un peu partout.
La tapisserie, même dissimulée dans l'ombre, laisse à deviner un travail exceptionnel et des motifs incroyables.
Par endroits, la lumière blême qui perce par les fenêtres vient éclairer un pan majestueux de l'incroyable chef d'oeuvre.
Les trois dames, d'un certain âge, laides et échevelées, ressemblent à des sorcières de contes de fées.




Elles complotent loin des oreilles de l'enfant.
Mais l'enfant les écoute, autant qu'il admire la tapisserie.
Bien plus tard, il les nommera "les Bienveillantes", à tort ou à raison....


Fautive :
Après l'avoir soustrait aux lois du Matriarcat, tu veux le léguer à la Ruche ?
Sotte : Je ne l'ai soustrait à quoique ce soit. J'ai trouvé sa mère agonisante dans la rue. Je l'ai pris.
Pénitente : Nous connaissons l'histoire. Depuis combien de temps est-il avec nous ?
Fautive : 4 ou 5 ans, je dirais. Oui, 4 ou 5 ans. C'est déjà beaucoup.
Sotte : Nous en avons terminé avec notre oeuvre. Nous en avons terminé avec lui. Il faut leur confier.


Les trois vieilles opinent du chef en silence, dans les ténèbres.
Elles tournent leurs visages malicieux vers l'enfant, sourient de concert et reprennent leur discussion.


Pénitente : Comment procédons-nous ?
Fautive : Il faut que l'une d'entre nous se sacrifie. Les gardes viendront et emporteront l'enfant.
Sotte : Je resterai. C'est moi qui suis à l'initiative de tout cela et je suis la plus proche de l'enfant.
Pénitente : Tu sais qu'elles te puniront ? La mort, très certainement.
Fautive : Il faut t'attendre au pire, pour un tel crime. Un châtiment dur mais légitime.
Sotte : J'ai accompli ce que je devais accomplir. Mon existence touche à sa fin. La votre ne tardera pas.


De nouveau, les trois vieilles opinent du chef en silence, on ne peut plus d'accord.
Une émotion presque palpable se pose sur la scène muette, tandis que la Pénitente redresse la tête.


Pénitente : Vous n'avez pas peur qu'il soit trop tard ?
Fautive : Non. Si nous avons bien fait les choses et que la Ruche s'en occupe bien...
Sotte : Il ne gardera que quelques séquelles. Séquelles dont nous avons besoin.
Pénitente : Bien, alors tout est en place pour la suite ?
Fautive : Il ne reste plus qu'à remballer notre oeuvre, avertir les autorités et disparaître.
Sotte : Non, il reste une dernière chose à faire. Mais vous pouvez y aller. Je reste avec lui quoiqu'il arrive.


Alors que deux des dames du trio commencent à ranger la salle, la troisième s'approche de l'enfant.
Celui-ci se retourne, pour lui faire face, et l'observe de son regard hétérochrome.
La femme le contemple, puis lui caresse la joue, presque avec tendresse.


Sotte : Je vais te donner un Nom, mon enfant. Tu sais ce que c'est ?
C'est par là que tout commence. C'est avec ça que les gens t'appellent. C'est ce qui te définit.
Et toi, tu seras une ombre. Une ombre à mille facettes derrière un masque de lumière.
Une chimère, une illusion, un reflet de poussière. Mirage, vanité, tromperie.
Simulacre de vie. Artifice sur la scène du théâtre de l'existence.
Charme fantasmé d'un miroir brisé.

Tu seras
« Umbre »


Un visage est-il un masque de comédie posé sur la tragédie de l'âme ?

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