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Auberge du Lac

Thême astral

Le passé et le futur à travers l'alcool
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Sujet lancé par Séoane
Le 22-09-1509 à 20h57
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Posté par Séoane,
Le 19-10-1509 à 20h24
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Séoane

Le Matal 22 Saptawarar 1509 à 20h57

 
http://www.syfaria.com/forum.php5?f=ville&s=2071

***
L'établissement s'était visiblement remis de sa précédente visite. De sa seule visite, en fait. Mais si table et chaise, verres et bouteilles avaient été remplacés et ne pouvaient rien lui reprocher, c'était moins le cas pour le tenancier et celles qui servaient.

Leur regard lourd d'inquiétude et de méfiance l'évitait. Elle s'installa à une table et celle d'en face se libéra à peine eu t'elle posé un regard de glace sur les habitués qui s'y trouvaient. Le ton des discussion avait diminué de volume pour s'approcher du murmure.

Séaone scruta toute la salle avant de s'assoir sur la chaise qu'elle avait retenue. L'odeur d'alcool flottait jusqu'à elle, mais la fenêtre ouverte lui apportait l'air suffisant pour ne pas vomir. Ah oui, la dernière fois elle avait vidé ses tripes sur la table et le sol, aussi.

Son regard se porta sur la table où s'était trouvé son frère. Son frère ? Non ! "le mâle". Elle n'avait pas de frère. N'est ce pas ?

Elle s'assit donc et attendit. Et personne n'osait s'approcher d'elle, même si pour l'heure son épée morbide était rangée au fourreau.
***


Semblez être la fleur innocente, mais soyez le serpent qu'elle dissimule. (Macbeth)

 
Trayzh

Le Merakih 23 Saptawarar 1509 à 03h13

 
*** Trayzh gratouillait son cavaquinho d'un air mélancolique. Une malheureuse bouteille vide se tenait tristement face a lui. ***


Bling Bling...

Ahem...

*** Il s'éclaira la voix et d'un coup se mit a hurler en arborant quelques faux accords blues sur son instrument : ***


Ouiiii je suis seuuuul ! TIN dindindin !
Je veux mouriiiiir ! TINdin..dindindindin !
Ouiiiiiiiii je suiiiiis seeeeuuuuuul ! TIN..dindindindin !
Je veeuuux mouriiiiiiiir ! TINdin..dindindindin !

Si je suis toujours pas mort OOUUUUH ! Tindin..dindin !
Oh oui femme, tu sais pourquoi ! TIN..dindin..din..dindindindin..tindin..din..din..din !

Eeeet le matiiiin ! TIN dindindin !
Je veux mouriiiiir ! TINdin..dindindindin !
Eeeeet le soiiiiiir ! TIN..dindindindin !
Je veeuuux mouriiiiiiiir ! TINdin..dindindindin !

Si je suis toujours pas mort OOUUUUH ! Tindin..dindin !
Oh oui femme, tu sais pourquoi ! TIN..dindin..din..dindindindin..tindin..din..din..din !

Ma mere était dans le ciel ! TIN !
Mon pere était sur terre ! TIN !
Et moi je viens de l'univers et tu sais que je l'vaut bieeeeeen !

Je suis seeeeuuul !.... TIN..dindindindin !

 
Orphèle

Le Merakih 23 Saptawarar 1509 à 09h00

 
***
Orphèle entre quelques minutes plus tard, plus échevelée que jamais.
Cernes sous les yeux et coiffure rocambolesque viennent égayer sa face mi-endormie.
Elle jette un coup d'oeil vers Trayzh, pilier de bar au sens esthétique approchant le 0,1.
Donner rendez-vous à Séoane ici n'était peut-être pas une idée des plus brillantes...

Elle laisse glisser son regard bleu sur la clientèle.
Et s'arrête sur Séoane. Elle ne lui a jamais réellement parlé, si ce n'est par pensée.
Et elles n'ont jamais fait que se croiser, tout au plus, en de rares occasions.
Mais inutile d'être symbiosée pour reconnaître une Sang-Âme.
L'amas de cheveux au milieu des têtes rasées...

Car la Semeuse n'est pas seulement une soeur du Déclin, c'est aussi une soeur de Famille.
Malgré le sens familial douteux et décousus des Sang-Âme, elles n'en restent pas moins de la même obédience philosophique. Celle des folles, des tarées et du cortège d'originales délurées ou dangereuses.
Une définition qui, en elle-même, incite à de nombreuses variations sur un thème commun.

Pas de très bonne humeur après sa dernière lecture des astres, Orphèle traverse la salle en lançant un regard noir au musicien du Dhiwara qui joue dans son coin. En d'autres temps, les facéties du mâle l'auraient (peut-être) amusé, mais ce n'était définitivement pas son jour.

Elle s'approche de la guerrière en s'essayant à un sourire chaleureux....
...qui ressemble davantage à un sourire de matin douloureux. ***

Aka's Hajar, Semeuse. Pardonne mon retard.
Que dirais-tu de nous entretenir en privé, à l'abri du monde, des oreilles indiscrètes et du bruit ?
Je peux demander une chambre à Es'kaer, le temps que nous discutions.


*** Sans réellement attendre de réponse, Orphèle fait signe à la tenancière de l'établissement.
Quelques secondes après, elles montent à l'étage clef en main et s'installent dans une chambrée discrète.
L'astrologue prend place sur une chaise prêt de la fenêtre, avec vue sur la Lac et commande deux bières au passage. ***

Alors dis-moi exactement en quoi puis-je t'aider, ma soeur ?

 
Séoane

Le Merakih 23 Saptawarar 1509 à 15h35

 
***
La petite tydale marche dans la pièce lentement. Ses habits rapiécés lui donnent l'air d'une sauvageonne. Et en la contemplant qui détaille chaque élément de la chambre, on ajouterait facilement le qualificatif de rustique à la Semeuse de mort. Elle regarde Orphèle un instant, visage dur, yeux plissés, lèvres serrées.
***

Je ne me souviens pas. A quand remonte ma dernière nuit dans une chambre comme celle là... Aucune idée. C'est étrange, la vie, non ?

***
Elle plonge son regard dans celui de l'astrologue. Etonnant comme deux tydale si semblables, deux soeurs reconnues et exclues à la fois du Matriarcat, peuvent être également si différente. La même couleur de cheveux à la base ; Orphèle semblait accepter sa chevelure tandis que Séoane s'y faisait un peu contrainte. La même couleur dans le regard ; Un bleu de mer merveilleux dans les yeux de l'astrologue, un bleu de glace pour la Semeuse de mort.

Séoane se débarasse de ses armes qu'elle pose sur la petite table. Elle défait sa ceinture et libère ses hardes qui prennent du volume. Sa tunique flotte donnant l'impression d'une grande robe. Elle songe un moment que cela fait plusieurs minutes qu'elle est dans cet établissement et elle ne panique toujours pas. Oui, étrange la vie.
***

Orphèle, j'étais à Kryg avant hier. Je patrouillais à l'ouest. Je cheminais sur les sentes des montagnes enneigées. Tu les as déjà vues ? Il commence à faire rudement froid. Mais c'est vivifiant...

***
Elle se laisse tomber sur le rebord du lit plus qu'elle ne s'assoit. La réputation de sa soeur la rassure ; elle ne se moquera pas d'elle si elle parle mal, n'est ce pas ? Ni si ce qu'elle demande est idiot.
***

J'ai du me réfugier dans un repli rocheux. Une espèce de grotte dont je ne percevais pas le fond. L'Akrotykar d'agonie n'a pas pu me suivre. Je sais effacer mes traces. Je sais être discrète.
Mais pas assez. Cette fois, quelque chose m'a vue.

***
Soudain on toque à la porte. Les bières ? La Semeuse de mort se statufie dans une position de serpent prêt à jaillir.
***


Semblez être la fleur innocente, mais soyez le serpent qu'elle dissimule. (Macbeth)

 
Orphèle

Le Merakih 23 Saptawarar 1509 à 17h11

 
***
Orphèle observe attentivement le visage, la gestuelle et les réactions de Séoane.
Elle ne connaît pas la Semeuse et c'est une individualité qui a toujours aiguisé sa curiosité.
Elle écoute encore plus attentivement ses mots, qui engendrent chez elle des images.
La scène que lui conte la Sang-Âme lui parle et....l'émerveille.

La neige, les montagnes, les ténèbres, la chasseuse et la solitude.
L'abomination, la fuite, la cache, le rocher, la grotte. Et la mort.
Car c'est bien de cela qu'il s'agit, non ?

Il y a peu de mots dans les paroles de la guerrière.
Mais l'imagination fertile de l'astrologue y trouve son compte.

Elle sourit un peu tristement et se lève pour ouvrir la porte.
On amène les deux boissons. Orphèle se rassoit après avoir tendu son breuvage à Séoane.
La porte se referme, laissant les deux Sang-Âme de nouveau seules. ***

La mort vient souvent de là où on l'attend le moins, surtout lorsqu'on la fuit.
La grotte n'avait pas de fond dis-tu ? Quelque chose s'y trouvait peut-être. Quelque chose qui t'a vu.
Et qui t'a englouti. C'est possible, non ? Quels sont tes derniers souvenirs ?


 
Séoane

Le Merakih 23 Saptawarar 1509 à 18h50

 
***
Le visage est toujours de pierre tandis que les bières sont apportées. Le serpent ne bouge pas et attends. Lorsque Orphèle reprend, elle prononce des mots qui lui font ouvrir un oeil et froncer l'autre. La mort ? De quoi parle t'elle ?
La Semeuse de mort n'a pas du tout l'allure d'une guerrière ainsi assise sans arme et tunique lache sur le lit. Sa voix est si douce, si calme aussi qu'on peut s'étonner même que ce soit sa fonction dans le Matriarcat. Elle regarde Orphèle sans gêne, se confiant comme une sans âme se confie à une sans âme. Se comprennent elles ? Au moins se rapprochent elles.
***

La grotte s'est effondrée sur moi. Les rochers ont bouché la sortie. J'ai été bousculée. Comme... Comme prise dans un bain de foule. Je crois que j'ai crié. Et je me suis retrouvée dans le noir.

Un noir étrange.

J'ai passé je ne sais combien d'heures à essayer de sortir. Mon Mou m'appelait. Il ne le fait jamais. Mais là, si. Sans cesse il m'appelait. Comme pour m'indiquer la sortie.

***
Elle s'empare d'un des verres.
***

Je n'ai jamais bu d'alcool. La vie est étrange ...

***
Elle boit une longue gorgée. Séoane a prononcé peu de mots, mais beaucoup plus qu'elle n'en a l'habitude. Elle a l'impression d'être retournée dans la grotte et son visage trahit sa souffrance... souffrance...
***

Orphèle,
Je ne sais plus quel astre éclaire mes instants.
Je bois, sans les compter, mes heures de souffrance.

***
Il semble qu'il fait très chaud. Sa clostrophobie, son agoraphobie, son mal dont elle ne connait le nom mais qui lui fait craindre et détester les cités s'empare doucement d'elle.
***

Orphèle,
Des beaux jours d'autrefois rien n'y semble vivant.
Le bonheur m'a quittée, et j'attends en silence

***
Elle porte un regard peiné sur les armes posées sur la table. Elle tourne ses yeux bleu pour plonger dans ceux de sa soeur. La glace a fondu et on voit poindre l'eau salée.
***

Orphèle,
Que s'est il passé ?


Semblez être la fleur innocente, mais soyez le serpent qu'elle dissimule. (Macbeth)

 
Orphèle

Le Julung 24 Saptawarar 1509 à 20h28

 
***
Le Matriarcat forge des âmes froides et solides, souvent insensibles.
Orphèle n'est pas de celles-là. Bien au contraire. Et c'est peut-être pour ça que c'est une Sang-Âme.
L'astrologue se lève, quitte sa chaise pour s'assoir à côté de Séoane, sur le lit.
Elle prend un épais drap et le dépose sur les épaules de sa soeur.
Comme pour refroidir la glace qui sourde dans son coeur.

Puis elle murmure avec douceur, comme en écho à la Semeuse... ***

Seule, je viens encore, de mon voile couverte,
Poser mon front brûlant sur sa porte entre-ouverte...


*** Silence ***

Car la veille sans espérance
Ne sent pas la fuite du temps !


*** Elle est de plus en plus certaine de savoir de quoi est victime la Sang-Âme.
Les derniers doutes s'évaporent avec les mots, avec le ton, avec le regard.
Mais elle veut l'entendre parler, encore. Encore.
La vérité - la liberté - est à ce prix là. ***

Dis-moi comment tu es sortie de cette grotte et je te dirais ce qui s'est passé...

 
Séoane

Le Vayang 25 Saptawarar 1509 à 18h17

 
***
Les épaules de la petite tydale s'affaissèrent. Autant sous le poids de la couverture que sous celui d'une situation qu'elle ne parvenait plus à maitriser. Elle mit ses mains entre ses genoux et le regard fixé dessus, elle poursuivit.
***

J'étouffais. Enfin, je ne me suis pas rendue compte que je manquais d'air. Seulement, à un moment, je me suis aperçue que je ne respirais plus. Comme si je n'avais plus besoin de le faire. Ou qu'il ne fallait plus le faire, comme quand on est sous l'eau en train de nager.

***
Elle releva la tête pour fixer la table en face d'elle. Elle chassa vivement une larme, sans vraiment s'en rendre compte, reprit une grande inspiration et poursuivit presqu'en murmurant. On aurait pu dire qu'elle n'osait pas affronter sa propre voix, et que celle-ci s'imposait depuis un autre monde, vide de sentiment, d'un froid et d'une noirceur absolus.
***

Je me débattais contre la masse de roche et de terre. Je crois. Parce qu'en fait, ce que je touchais n'avais aucun sens. Sans aucune transition, je me suis retrouvée dans du blanc d'oeuf...

***
Sous la couverture, Séoane transpirait et s'était mise à trembler. Elle souleva une main pour constater ce tremblement et finalement remit les deux mains entre ses genoux pour les y coincer.
***

J'ai brisé "quelque chose". Je dirais la coquille, pour continuer l'image. Tu comprends les images, Orphèle ? Moi pas trop. Mais j'aime bien en faire des fois. Donc là, ça ressemblait à un oeuf.

Je souffrais de partout. Mon corps était brisé. Mon Mou m'appelait. Encore et encore. J'ai rampé pour le retrouver. Je me suis dit : "Qu'est ce que je serais mieux près de chez moi que dans cette foutue montagne !" Pourtant, j'aime bien ces chemins où l'air est pur, frais, vivifiant. Mais là, non. J'en avais marre.

***
Long silence. La petite tydale ouvrait la bouche pourtant, mais aucun son ne sortait. Au bout de cinq ou six tentatives, elle se tourna vers sa soeur pour réessayer. Il n'y avait pas de panique, mais une incompréhension totale.
***

En dégageant l'entrée de la grotte, j'ai vu la lumière. Plus chaude que celle de Kryg. J'ai roulé par terre pour m'allonger sur le dos. Mon ... mon visage tourné vers la grotte fixait en fait le pilier d'Utrynia.

Orphèle, qu'est ce qu'il s'est passé ?

***
La Semeuse de Mort agrippe le bras de l'Astrologue. Avec la vigueur d'une panique qu'elle refuse de manifester mais qui est bien présente.
***

J'ai vidé mon estomac. Sur le chemin, comme un animal malade, comme la dernière des dernières. J'étais prise de vertige.
Je n'étais plus rien.
Je ne suis plus rien, Orphèle !

Mon Couteau ...
Celui que Shyama m'a fabriqué ... Tu vois ? Le grand !
Je le vois avec dégoût. Il me répugne. Je n'arrive plus à le porter fièrement. Shyama a pourtant bien travaillé. Je l'aime bien Shyama en plus. Comment je pourrais jamais lui dire que je déteste son arme maintenant ?
Que ...
Que ...

Orphèle, on me demande de Danser. Encore. Mais je ...

***
Comme un fleuve tempêtueux déferle dans la vallée, Séoane versa mille larmes dans la seconde. A ceux qui se demandent si un serpent peut pleurer, on pourra répondre qu'un serpent mue.
***


Semblez être la fleur innocente, mais soyez le serpent qu'elle dissimule. (Macbeth)

 
Orphèle

Le Julung 1 Otalir 1509 à 13h36

 
HRP : dsl pour le long silence radio, gros soucis IRL /HRP

***
Sensible au tourment de sa soeur, Orphèle la soutient comme elle peut.
En écoutant d'abord, les mots simples mais imagés de la Sang-Âme.
Paroles chantantes où l'esprit fixe des scènes comme un poème.

Elle l'aide aussi en se contentant d'être là et de l'appuyer.
Une main qui passe dans les cheveux. Un main qui tapote une autre main.
Un regard de pure compassion, sans une once de condescendance : jamais.
Et une croyance fondamentale dans tout ce que Séoane dit.
Car rien ne saurait être plus vrai et plus fort.

Plus terrible encore est pourtant la vérité. Tristesse....
Ce qui était déjà su d'instinct se sait désormais avec certitude.
La Semeuse de Mort a subi de plein fouet le paradoxe de sa fonction.
Fauchée par celle qu'elle sème, celle qu'elle sert et...aime ?

Métamorphose, changement, funeste transformation.
Le serpent semble triste, las et seul. Dégouté par le goût du venin ?
La poussière a toujours un goût amer. L'amertume a un goût de cendres.

Des cendres froides.
A contrario, sa voix est douce.

Tu es morte, Séoane.

Et dans ton périple mortuaire, tu as rêvé.
Il paraît que les illusions du tombeau sont souvent les plus belles.
Mais de telles visions te changent. Toujours...

Nous sommes immortelles - en tant que symbiosées - mais à quel point ?
A chaque décès, nous perdons un peu de nous-même.
C'est le prix de la vie, de la résurrection, de l'éternité.

Je ne sais pas ce qui s'est passé Séoane. Tu es morte, c'est un fait.
Mais il s'est passé autre chose dans ta tête, dans ton âme.
Cela, seule toi peux me le dire. Toi seule peux le savoir.

La question, maintenant, n'est pas de savoir que ce que tu ne veux plus.
Mais de savoir ce que tu veux.


***


 
Séoane

Le Julung 1 Otalir 1509 à 19h08

 
HRP : aucun souci ! enfin, uniquement pour toi, je t'assure


Je suis morte... Morte ?

Bo dit :

Oui. Séoane, oui.

***
Les yeux bleus d'Orphèle ne cachaient rien. Ils lui renvoyaient même sa propre détresse, son propre déséquilibre face à la rigueur de l'organisation de survie du Matriarcat. Comment faisait l'Astrologue ? Qu'est ce qui la guidait pour vivre ?
***

Je n'ai jamais beaucoup réfléchi. Je crois ...

Orphèle, tuer n'est pas compliqué. Tu prends un couteau, tu l'enfonces dans la gorge et tranche la carotide et voilà. Techniquement, c'est fait.

***
Elle mime par des gestes vifs ce qu'elle énonce. Mais sans tenir aucune arme dans la main ! La Semeuse de mort parlerait d'éplucher des légumes avec autant de détachement ou de passion.
***

Tuer, cela n'est rien
Tuer, la belle affaire
Mais mourir... ô mourir !

***
Elle s'arrête la gorge nouée dans un immense soupir. D'un seul coup, elle réalisait ce que son passé avait été. Parce que les mots avaient été prononcés par sa soeur et non par une autre tydale, ils sonnaient vrais. Orphèle venait de lui dévoiler son passé. Exactement ce qu'elle attendait de cette rencontre.

Séoane fut alors assailli par un autre sentiment complètement inconnu jusqu'à présent. Une espèce de reconnaissance mélée de soulagement. Une bouffée d'amour pour sa prochaine qui menaçait de déborder de son coeur. Elle passa un bras autour du cou de l'astrologue, déposa sa tête sur son épaule le temps d'une brève étreinte de remerciement. Le temps aussi d'une marque de tendresse si parfaitement incongru dans la vie de la Semeuse de Mort que cela était pour elle la toute première fois.

Elle libéra Orphèle après quelques secondes et se leva pour finir sa bière d'un trait. Pas habituée à l'alcool, la Semeuse de mort se mit à tousser. La panique de se trouver en ville s'était de nouveau envolé, mais pas les autres défauts liés à son manque d'expérience.
***

Ce que je veux, Orphèle ?
Imagine, jolie soeur. Imagine un moment.
Tout ce que j'ai fait, jusqu'à présent, n'a été que de tenter d'éviter de mourir.
Je suis morte. J'ai échoué. Ma vie est un échec. Et je me rends compte en fait que je n'ai pas vécu. Jamais. Pas une minute pour moi. Pour les autres, oui. Peut être. Il me semble. Mais pour moi, Séoane, bête et moche fille des campagnes, non.

***
Elle a un rictus de dépit, le regard redevenu dur comme de l'acier. Et dans le même temps, elle se caresse les cheveux.
***

Que disent les astres, Astrologue ?
Tu sais comment faire pour vivre ? Je vais retourner tuer. Laisser le Couteau. En prendre un autre, aussi. J'ai ça dans le sang. Mais je veux vivre. Et j'ignore tout de comment on fait.

Toi.
Toi, tu le sais.
Je le sens. Je l'entends.


Semblez être la fleur innocente, mais soyez le serpent qu'elle dissimule. (Macbeth)

 
Orphèle

Le Vayang 2 Otalir 1509 à 06h34

 
Orphèle contemple la complainte et la belle mue de sa soeur.
Sous ses yeux, Séoane change et se métamorphose. L'astrologue sourit, les yeux brillants d'admiration.

Elle lui rend un instant son étreinte puis l'observe attentivement.
Pour mieux lui répondre. Mais quelle réponse donner ? Y en a-t-il seulement une ?


Vivre n'est pas une question de savoir. Il s'agit de vivre, c'est tout.
Moi, je "sais" vivre parce que je me laisse porter par le courant. Je vis, avec un doux mal de vivre. Une torpeur.
C'est pour ça que je me tourne vers les étoiles. C'est pour ça que je trouve dans leurs chuchotements ou leurs éclats un réconfort inattendu. Mais vivre, c'est comme lire les astres. Il y a mille façons de le faire.
Tout dépend de celui qui les lit. Tout dépend de toi, de ton regard.

Les Astres disent plein de choses, Semeuse. Ils discutent à propos de tout et de rien.
Il faut donc savoir ce que tu cherches, pour ne pas te perdre dans la multitude.


L'anja ferme les yeux un instant, puis les rouvre en jetant un coup d'oeil par la fenêtre.
Le lac des mères et Utrynia étendus sous le ciel bleu aux nuages d'argent.


Le serpent est symbole de vie et de mort tout à la fois. Il est le cycle et l'infini.
Il est mystère sinueux. Tantôt vivace et véloce, tantôt indolent et endormi. Agent silencieux des vieilles entités chthoniennes ou gardien des mirages célestes aux courbes oniriques. Ligne de vie ou poison funeste.


Elle se lève à son tour et sirote quelques instants sa bière, toujours les yeux rivés sur le dehors.

Les Astres peuvent te guider sur ta nouvelle voie, Séoane.
Mais sache qu'ils n'ont jamais de réponse. Tu peux aussi tenter d'avancer à l'aveugle.
Et découvrir parcelle par parcelle de quel épice est constitué ton destin.

Deux façons de voir les choses, deux façons de marchander avec l'existence.
Etre influencée par le Tableau ou l'influencer par être.
Les deux faces d'un même problème : Vivre.


 
Séoane

Le Vayang 2 Otalir 1509 à 22h45

 
***
La Semeuse de Mort écoutait. Elle plissait les sourcils, la concentration s'ajoutant à la dureté de son regard. Tout se mélangeait dans sa tête au point qu'il lui sembla qu'elle n'allait rien retenir, ou rien comprendre de ce que lui disait Orphèle ; on ne s'improvise pas du jour au lendemain étudiante alors qu'on n'est jamais passée par la case école !

Elle laissa filer un long soupir lorsqu'il sembla qu'Orphèle avait terminé. La Semeuse de Mort observait la table avec ses armes. Symbole de vie ... Oui, il lui faudrait beaucoup de temps pour comprendre. Si jamais elle comprendrait jamais sa soeur. Elle hocha la tête.

La lumière du jour déclinait dehors. Il lui vint à l'esprit que vivre, ces deux faces du même problème dont parlait Orphèle, se déclinait sous ses yeux depuis toujours sous la forme du jour et de la nuit. Peut être bien qu'il y avait là une réelle inspiration. Peut être qu'il lui fallait aborder les choses en mélangeant la progression en aveugle (la nuit) et celle guidée par les astres (le jour).

Ou encore ne pas être Semeuse de Mort à plein temps ... et se garder du temps pour elle. Peut être pas non plus Semeuse de Mort partout.
***

Est ce que tu as une maison, Orphèle ?
Je veux dire, une à toi. Dans Utrynia ou ... ailleurs ?


Semblez être la fleur innocente, mais soyez le serpent qu'elle dissimule. (Macbeth)

 
Orphèle

Le Sukra 3 Otalir 1509 à 11h37

 
*** Toujours attentive, l'Astrologue observe le visage de Séoane.
Comme pour percevoir ses pensées derrière son regard ou ses gestes.
Mais tout ce qu'elle peut dire, c'est que ça semble bien carburer, là-dedans.
Et d'une certaine manière, c'est bien tout ce qui importe.

Un peu surprise par la question, Orphèle hausse les épaules.
Elle s'étend à moitié sur le lit, après une autre gorgée.
La bière et l'alcool aussi, ça aide à réfléchir.

Y a-t-il un double sens dans cette interrogation ? Peut-être... ***

J'ai pas de maison, non, ici ou ailleurs. Je suis une Anja.
Pour l'instant, j'appartiens donc à la Ruche. C'est là-bas que je dors et que je mange.
C'est là-bas que j'étudie et que j'apprends, la plupart du temps.

Mais grâce à la symbiose, je suis aussi plus libre. Alors je sors, j'en profite.
C'est pas à la Ruche que je vis vraiment, au sens fort du terme. C'est en ville, à droite à gauche dans Syfaria.
Avec les autres, à leur contact. Mais c'est surtout la tête dans les étoiles. Le regard perdu dans les nuées.

C'est ça, mon chez moi. Le ciel. Pour l'instant, il me le rend plutôt bien.
Il n'y a que là-haut que je me sens vraiment moi-même et en sécurité, bien comme il faut.
Plus tard, peut-être, quand j'aurai assez de morions et que j'aurai envie, j'acheterais une baraque.

Au moins pour recevoir mes clientes éventuelles et mener tranquillement mes recherches.


*** Silence un peu rêveur. Elle n'est matérialiste, pas du tout mais...
Mais une maison pour soi, c'est quand même la classe. ***

Et toi ?

 
Séoane

Le Luang 19 Otalir 1509 à 20h24

 

Je n'ai pas de maison non plus.
Je vis dehors depuis tout le temps. Comme si la Nature était un toit suffisant. Je le pensais jusqu'à maintenant. Je pensais pouvoir vivre ainsi. Survivre est le bon terme.

***
Le ciel pour une Astrologue. Cela lui allait si bien. Séoane s'assit sur la table et croisa les bras. Il lui fallait résoudre son problème et les mots l'éloignait de la solution. Trop de mots...
Elle fixa son regard toujours plissé sur Orphèle. Il lui semblait qu'elle devrait peut être bien revenir s'allonger également. Elle cligna des yeux, revint jusqu'au lit et s'allongea à côté de sa soeur. Elle croisa les bras derrière sa tête et fixa le plafond avant de poursuivre.
***

Donc voilà.
Je me dis...
Si je dois vivre une part pour moi. Si. Non, je dois le faire. Donc, comme. C'est ça : comme je dois vivre une part pour moi...
Que je ne sais pas trop comment m'y prendre ni quoi faire...
J'ai pensé que peut être il me fallait commencer par avoir une maison.

Enfin quelque chose à moi. J'avais pensé à un tableau au départ, mais c'est idiot. Je ne peux pas avoir un tableau si je n'ai pas d'endroit où le mettre.


***
Elle fixait le plafond et respirait doucement. Comme un prémice à un assoupissement. Depuis combien de temps n'avait elle pas dormi dans un lit ?
***

Et je n'ai aucune idée de comment on fait ça.


Semblez être la fleur innocente, mais soyez le serpent qu'elle dissimule. (Macbeth)

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