*** Les tumulus s'élevaient tel de grands autels renfermant une multitude d'âmes.
Il régnait un silence assourdissant qui n'était dérangé que par le grincement des roues de la charrette.
On ne pouvait pas entrer aussi lourdement dans l'édifice qui abritait le tunnel. L'ouverture, bien que grande, ne permettait pas de passer avec la charrette.
Pomona se proposa pour entrer en premier et voir avec les gardes comment elles pouvaient s'y prendre pour acheminer les morts jusque dans la salle de préparation.

Elle entra avec une certaine appréhension dans le tumulus. C'était plus grand que ça n'y paraissait de l'extérieur.
Des centaines de boites de matières et de formes disparates faisaient de l'édifice un étrange ensemble.
Seules deux torches éclairaient la pièce. Elles semblaient délimiter l'entrée d'un tunnel gardé par deux tydales qui avaient l'air de vampires. ***

*** Quelques minutes passèrent avant que la tydale ne revienne avec une femelle qui donnait envie de partir en courant.
Déjà elle aussi grande que large mais en plus elle toisait Pomona d'un regard froid qui donnait l'impression d'être passé au rayon x.
L'artiste se trémoussait légèrement sur place dans l'attente de se faire évaluer.
***

*** Elle fit un signe de la main par dessus l'épaule pour désigner une des gardes qui sursauta et disparut dans le tunnel sombre.

Bientôt elle fut de retour et poussait devant elle une grosse brouette a quatre roues remplie de paille.

***

*** En effet elles se rendirent bientôt compte de l'ampleur du travail. ***

*** On aurait dit qu'elle parlait des mortes comme ci ça n'était uniquement que des bouts de barbaque froide.
***

*** S'exécutant, l'artiste poussa la lourde brouette vers la charrette et prit les deux premiers corps de la pile, les posa le plus délicatement possible sur le transporteur et s'avança dans le tunnel. ***

*** Elles s'étaient engouffrées dans un tunnel assez étroit et en pente douce. Le transporteur étant quand même assez lourd, la pauvre rouquine n'en pouvait plus tous les trois pas. Elle respirait bruyamment, se plaignait d'un point de coté et vivait mal l'atmosphère confinée du tunnel.

La grosse tydale avait collé dans les bras de Pomona le corps sans vie d'une de ses sœurs qui la regardait d'un œil vitreux.
Son visage était figé dans une expression de terreur et le reste était en bouillie. Ses boyaux menaçaient de se déverser sur le sol a chaque instant.

A la vue de se spectacle dégoutant l'artiste lâcha le cadavre pour vomir tout ce qu'elle avait dans le ventre. ***

*** Pomona ne dit rien, elle n'arrivait plus a s'arrêter. L'odeur du sang, de la merde, de la pisse, partout sur elle, partout autour d'elle. ***

*** Rapidement Pomona se retrouva seule face a sa flaque de vomi.

Puis d'un coup elle se ressaisit, s"essuya la bouche, leva le nez et reprit sa route dans le tunnel, accompagnée du bruit que faisaient celles qui la précédaient.

Bientôt elle déboucha sur une salle circulaire ou trônait un corps sans vie sur un grand bloc de marbre. Autour de celui ci s'affairaient des grades des morts qui avaient rapidement réussi a lui refermer la ventre, contenant ainsi ses tripes.
Pomona eut du mal a détacher son regard de celle qu'elle avait porté toute a l'heure. Mais bientôt elle se rendit compte que la salle circulaire possédait trois grandes portes en bois.
Elle étaient toutes ouvertes et deux d'entre elles semblaient donner sur le même genre de pièce, tandis que la troisième menait a un couloir. ***

*** s'interrogeait une soignante qui assistait le garde des morts.
***

*** Pomona observait tout de loin, la tête vide de toute pensé.
***

*** Chacune s'activait et le nom de ruche prit tout son sens. Chacune a sa place, chacune sachant quelle tache elle avait a accomplir.
Bientôt la caisse fut refermée et il était temps de redescendre pour aller chercher de nouveau corps. ***

*** , cria la grosse tydale. ***

*** Elle désigna deux soignantes et Pomona, ***

*** Des dizaines d'aller-retours, des transporteurs, des corps portés comme des vieux sacs, des membres arraché, des caisses déposées dans les tumulus, Pomona n'en pouvait plus....
L'aube commençait a se dessiner a l'horizon, réchauffant le cœur de celles qui avaient donné leur nuit pour accompagner leurs sœurs dans la mort.
Mais il restait encore beaucoup de travail, il y avait encore une charrette pleine qui venait d'arriver.

Cependant l'artiste avait épuisé toute ses forces et arrivait tout juste a tenir debout, faisant de grands efforts pour ne pas s'endormir en marchant.

Elle rampa littéralement pour rejoindre la grosse tydale qui avait l'air, elle aussi, fatigué et qui était quasiment aphone a force de crier sur tout le monde. ***

*** Mais l'autre avait déjà tourné les talons et avait disparut du champs de vision de la Pomona.

Personne ne lui avait dit au revoir, personne ne lui dit merci. Mais le méritait elle vraiment? N'était ce pas normal de faire ce qu'elle avait fait? Bien sur que si.
Elle c'était rendue utile et était fière d'avoir pu vraiment aider alors qu'elle ne sait pas faire grand chose a par peindre, et encore...

Quand elle sortit de la ruche, le jour était quasiment levé. Une journée entière qu'elle n'avait pas dormi, une très très longue journée. ***