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Auberge du Lac

Soigner le mal par le mal

Rencontre entre une nourrice, une soignante et une bonne bouteille
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Sujet lancé par Ghaâli
Le 27-10-1509 à 00h12
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Posté par Sharoke Ash'Chenyr,
Le 04-11-1509 à 08h12
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Ghaâli

Le Matal 27 Otalir 1509 à 00h12

 
Le froid et la pénombre s'étaient insinués dans les rues d'Utrynia, forçant ses habitantes à rejoindre leur domicile. La ville s'éteignait et plus aucun bruit ne semblait vouloir la parcourir. A part peut être quelques inaptes crevant ça et là sur les pavés luisants. La routine quoi.

Ghaâli et Sharoke, frigorifiées, avaient pressées le pas. Après une rude journée à explorer les recoins les plus obscurs de la ruche, la soignante et la nourrice avaient finalement décidé de s'accorder un peu de repos à l'auberge du lac.


- Nous y voilà. Annonça Ghaâli en montrant du doigt un grand édifice en pierre.

Elles n'étaient plus qu'à quelques pas de l'auberge dont la cheminée crachait des volutes de fumée blanche, l'air autour du bâtiment sentait bon le feu de bois et le ragout de grandermat. Le sourire radieux de Ghaâli trahissait sa joie d'arriver dans un endroit aussi accueillant après avoir passer la journée à étudier les cadavres de ses sœurs dans la salle des morts.

- Entrons. Proposa t'elle en poussant la porte.

Elles s'engouffrèrent aussitôt dans l'auberge. Une grande pièce s'ouvrit à elles, il y'avait du monde et l'endroit baignait dans une tiédeur agréable. La soignante s'ébroua comme pour chasser le froid qui semblait bien décidé à lui coller à la peau puis elle s'avança entre les tables jusqu'au comptoir. Il y'avait beaucoup d'étrangers, comme d'habitude et les conversations polyglottes donnaient un étrange sentiment de dépaysement. Arrivé au comptoir, le sourire de Ghaâli s'élargit encore, dévoilant sans vergogne bon nombre de ses dents cassées.

- Salut Es’Kaer ça fait une paye ! S'égosilla t'elle en voyant l'aubergiste.

De toute évidence les deux tydales se connaissaient, il faut dire que c'est là que Ghaâli avait "appris à boire" il y'a quelques années alors qu'elle y était serveuse. Très discrètement elle glissa quelques mots à l'oreille de l'aubergiste en regardant de tout les côtés comme s'il eut s'agit d'un grand secret. L'aubergiste la regarda d'un air malicieux et, tout aussi discrètement, sortit une bouteille de derrière le comptoir. Ghaâli la remercia et se tourna vers Sharoke.

- Géniale il en reste ! Allons nous assoir dans un coin avant de se faire assaillir par les soiffards ! Ce Kiarbat là il n'y en a que très peu et elle ne le sort que pour les grandes occasion. Avoua fierement la soignante à demi voix.

Elle entraina Sharoke vers une table tranquille un peu excentrée et l'invita à s'y assoir.

- Voilà ici on sera tranquille. Déclara t'elle en remplissant généreusement deux godets. Attention c'est un peu fort mais tu va voir, l'eau des marais des mères le rend bien moins amer et là au moins on sent le fruit.

Mine de rien elle se siffla le premier verre comme si ça avait été du lait.

 
Sharoke Ash'Chenyr

Le Matal 27 Otalir 1509 à 17h26

 
Sharoke s'était laissée entraîner jusque dans cet établissement, et c'était la première fois qu'elle en franchissait les portes.
A présent elle se trouvait assise à côté de Gaâli, avec un verre rempli du mystérieux liquide face à elle. Elle pria silencieusement pour que ce ne soit pas un tord-boyaux.

Elle imita sa consoeur, et but donc cul sec. Malheureusement, ce n'était pas aussi doux qu'un diabolo menthe, et Sharoke fut prise d'une violente quinte de toux. En fermant ses yeux, elle put visualiser le trajet du liquide à travers son oesophage, et le sentir descendre jusque dans son estomac.

Lorsqu'elle ouvrit ses yeux, on pouvait y voir des larmes menaçant de couler. La nourrice s'exprima d'une voix faible:


Hum, je n'ai pas tellement l'habitude, je pense que je n'ai pas vraiment senti le fruit... par contre je suis d'accord, c'est fort.

Elle se remémora alors ce pour quoi elle était ici, et reprit d'une voix mieux maîtrisée:

Ghaâli, vous disiez vouloir me parler de quelque chose... est-ce au sujet de votre carrière?

Ses yeux gris acier fixaient la soignante sans ciller, tels deux miroirs insondables.

 
Ghaâli

Le Merakih 28 Otalir 1509 à 23h39

 
Ghaâli remplissait son troisième verre, elle décompressait enfin, elle en profita pour en resservir un Sharoke.

- Oui, mais avant tout, je pense qu'on devrait se tutoyer ! Maintenant qu'on a partagé la gnôle, en plus on est de la même génération et puis après tout on est aussi collègue alors pas d'chichis entre nous ! Déclara Ghaâli avant de siroter une lampée du breuvage.

Elle détacha la natte qui lui partait du sommet du crane comme pour se libérer la tête et laissa retomber les mèches mollement puis reprit, d'un air complice et détendu.

- En fait ce n'est pas vraiment pour ma carrière que j'ai hésité mais plutôt pour la voie que je vais emprunter. Au court de la bataille du lac des mères, j'ai découvert que j'avais, comment dire..? Des prédispositions pour l'utilisation de l'Anarkan et que j'étais désormais capable d'utiliser les sortilèges d'entropie que j'avais appris par le passé. Elle bu encore une bonne rasade, sans ciller. Il est vraiment bon ce Kiarbat ! Où en étais je...? Ah oui, l'entropie... Or pour devenir une bonne guérisseuse, il serait préférable que je me lance dans l'étude de l'Arkan qui offre bien plus de possibilités médicinales. Du moins c'est ce que pensent la plupart des soignantes que j'ai rencontré. Elle fit une grimace, sans doute pour souligner le côté rébarbatif de la chose. Et il va de soit que je ne peux pas me lancer dans l'apprentissage des deux, c'est impossible. Pourtant je dois avouer que je suis un peu passionné par l'Anarkan, mais d'un autre côté j'adore mon boulot de soignante... C'est un vrai casse tête...

Elle finit son verre et commença à se servir le suivant, elle semblait vraiment embêté par ce problème et à l'évidence elle n'arrivait pas a trouver de solution.

- Je sais que l'Anarkan n'est pas très préconisé en cas de coup dur parce qu'il y'a quasiment autant de chance qu'il se produise un miracle qu'une catastrophe alors qu'avec l'Arkan y'a pas de miracle mais pas non plus de catastrophe. Mais en même temps l'Anarkan remet beaucoup de choses en question, énormément et c'est... Vraiment passionnant... Enfin voilà où j'en suis... J'arrive pas à me décider, je pourrais continuer de faire soignante tout en étudiant l'Anarkan mais j'ai peur de m'attirer les foudres de mes consœurs...

 
Sharoke Ash'Chenyr

Le Julung 29 Otalir 1509 à 11h07

 
Sharoke s'était tue en voyant son verre de nouveau rempli. Apparemment, elle n'allait pas y couper, à moins que... l'air de rien, Sharoke avait observé sa consoeur descendre les verres à une vitesse incroyable. Le foie de la soignante semblait mieux entraîné que celui de Sharoke, aussi celle-ci ne put se permettre de boire que du bout des lèvres une petite gorgée de son verre, ce qui lui tira une légère grimace. Lorsque la soignante avait fini d'expliquer pleinement sa situation, la nourrice lança:

L'heure est à l'évolution. Au vu des derniers évènements, je pense que l'on ne peut rester exactement telles que nous avons toujours été, si nous voulons assister à la fin du Tableau.

C'est pourquoi je pense qu'il serait intéressant de voir ce que donne l'Anarkan dans ta profession. En même temps c'est risqué, si jamais une supérieure te surprend, tu risques d'être rétrogradée. Donc faudra faire preuve de discrétion quand tu te mettras à t'entraîner dans ce domaine.

Mais au final, seule toi peut décider: faire ce qui te plaît et ce pour quoi tu es douée, ou te consacrer pleinement à ton métier en laissant de côté tes envies.

Mais dis-moi: comment as-tu découvert tes prédispositions pour l'Anarkan?


Sharoke finit son verre: pas si mal en fin de compte. Elle n'avait déjà plus froid. Ne restait plus qu'à voir ce que ça donnerait le lendemain, au réveil.

La nourrice ajouta, pendant que Ghaâli lui remplissait de nouveau le verre:


Et comment se fait-il que tu appartiennes à la "famille" des Sang-Âmes? C'est assez inhabituel, pour une soignante.

 
Ghaâli

Le Julung 29 Otalir 1509 à 23h26

 
Ghaâli affichait un sourire plein de béatitude et son regard devenait de plus en plus vaseux mais elle continuait a tomber les verres sans réfléchir. De temps à autre elle observait les tables alentour comme si elle avait eut peur que quelqu'un les écoute.

- Ton point de vue me plait, je pense aussi que l'Anarkan peut offrir une autre manière de faire les choses et puis je pourrais toujours apprendre l'alchimie et perfectionner mes soins non magiques pour donner le change...

Visiblement emballée, la soignante lâcha une petite éructation sonore et se mit à rougir, elle parut très gênée.

Pardon, je suis désolé. Décidément je sais vraiment pas m'tenir, je te prie de m'excuser...

Elle but un coup et reprit.

C'est la panique... C'est la panique qui a fait ressurgir en moi l'Anarkan. Durant la bataille... Il y'avait tellement de mortes, tellement de blessées que je ne savais plus où donner de la tête... J'avais beaucoup bu cette fois aussi... Pour tenir le choc et j'avais la ferme volonté de soigner Séoane, elle était gravement blessée. Et ça c'est fait presque tout seul, je connaissait le sort de transfert entropique, je l'ai appris quand j'avais 16 ans mais je n'étais jamais parvenu à l'état d'esprit nécessaire pour en faire usage. Mais cette fois ça a marché. Comme par enchantement, c'est sortit tout seul. Et on dirait bien que maintenant le genre de blocage que j'avais a sauté ! Je peux user de l'Anarkan à ma guise.

Elle s'arrêta pour reprendre un peu son souffle et fut consterné de voir que la bouteille était presque vide.

Ma famille. En réalité je ne l'ai pas vraiment choisit. J'en fait partit depuis toujours, du moins même à la ruche quand j'étais enfant on me prédisait que j'y finirait. Quand j'étais gamine les gens... D'une manière générale, ils avaient du mal à me supporter alors j'ai souvent été seule, on croyait que j'étais un peu... Un peu dérangé, j'étais souvent en colère et rarement sage, indisciplinée, l'ingérable, c'est comme ça que les nourrices me nommait. Alors j'ai rejoins la seule famille où on peut être "ingérable" sans être rejeté. Mais maintenant avec l'entropie ça va changer !

Le regard de Ghaâli qui s'était teinté d'une profonde amertume changea soudain, un sourire carnassier lui fendait le visage et au fond de ses yeux semblait bruler une flamme des plus inquiétante. Elle s'en rendit sans doute compte car elle se reprit et son expression repassa à celle d'une tydale au bord de l'ivresse. Elle s'envoya un bon cul-sec pour tasser l'affaire.

Et toi Sharoke, qui es tu dis moi ? Qu'est ce qui se cache derrière ce calme à toute épreuve ? Parles moi un peu de toi.

 
Sharoke Ash'Chenyr

Le Vayang 30 Otalir 1509 à 19h05

 
Sharoke fut touchée par ce que Ghaâli lui avait révélé de son enfance. Comment des nourrices pouvaient ainsi bourrer le crâne d'une enfant, d'une future liadha?
Comme toujours, Tamika intervint dans les pensées de sa symbiote.


dit :
Et toi tu crois que tu leur fais quoi aux gosses, hein? Quand tu les assènes de tes cours sur les valeurs tydales et tout et tout, hein?


Sharoke ignora complètement cette énième intervention, et se concentra sur la question de Ghaâli. Qui était-elle? Qu'est-ce qui se cachait derrière son caractère calme?

La nourrice ne pensait pas avoir la réponse à ses questions, mais fit un effort:


Je suis Sharoke Ash'Chenyr, née le 20 Saptawarar 1491 dans la Ruche de Kryg. Je suis devenue nourrice un peu par hasard, le jour où je suis devenue liadha, car je ne savais pas comment me rendre utile autrement. Je ne pense pas rester longtemps à ce poste.

J'aime voyager, découvrir et dessiner les paysages et les êtres vivants de Syfaria, et j'apprécie également la lecture étrangère. Un autre de mes passe-temps est l'escrime; je pense que cet art est excellent pour le corps et l'esprit.

Derrière mon calme qui peut en énerver plus d'une, je ne pense pas qu'il y ait quoi que ce soit. C'est juste que je ne suis pas d'un tempérament tout feu tout flamme, j'aime réfléchir avant d'agir. Car une fois qu'on a agi, aucun retour en arrière n'est possible en général.

Quant à mon point de vue sur le Matriarcat... nos valeurs sont excellentes, mais hélas certaines soeurs ont de nombreux problèmes psychologiques ou sentimentaux, sans doute parce qu'elles ont eu des nourrices légèrement étroites d'esprit, qui se bornaient à inculquer les règles et lois du Matriarcat sans faire comprendre aux enfants que ces règles sont liées à nos valeurs. Et lorsque les nourrices font mal leur travail, c'est la génération future qui en pâtit...

Bref, je ne vais pas m'étendre davantage sur le sujet, qui t'ennuie certainement. J'espère avoir répondu à tes questions. J'ajouterais simplement que je crois que les nourrices qui se sont occupées de toi ont fait leur travail à la légère, en dictant à une enfant dans quelle famille elle pourrait s'épanouir en tant qu'être à part entière. Je pense qu'il est temps pour toi de te focaliser sur ta personne, et de trouver une famille dans laquelle tu pourras évoluer avec aise et bien-être.

Comme je te l'ai déjà dit, l'heure est à l'évolution, Ghaâli. Et tu n'y couperas pas.


Sharoke adressa alors son doux sourire à Ghaâli. Un sourire qu'elle réservait d'ordinaire aux Anja's karna sur le point d'accoucher et aux enfants, le genre de sourire qui avait le pouvoir de faire croire à n'importe qui qu'il était aimé et en sécurité, et que tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

 
Ghaâli

Le Luang 2 Nohanur 1509 à 23h27

 
Ghaâli fit une drôle de tête pendant un instant, elle paraissait à la fois profondément touchée et suspicieuse. En réalité aucune nourrice jusqu'à maintenant ne lui avait jamais parlé comme ça. Il y'eut un court silence, elle semblait troublée. Puis son visage s'éclaira de nouveau et elle reprit.

- Je... Je ne sais pas si les nourrices ont eut raison ou tord à vrai dire... Je leur en ai fait baver tu sais et en retour elles n'ont fait que me rendre la monnaie de ma pièce. Je pense que le monde est comme ça. Que chaque médaille a son revers...

Tu aimes dessiner ? Je connais quelqu'un qui serait enchantée de faire ta connaissance. Tu l'as peut être déjà vue, elle s'appelle Pomona, on a plus ou moins grandit ensemble et elle aussi adore dessiner. Regardes...


La soignante ouvrit sa sacoche et fouilla dedans en sortant diverses choses qu'elle étalait au fur et à mesure sur la table puis, enfin, elle brandit un genre de parchemin roulé sur lui même et le déplia.



- C'est mon portrait !!! Elle me l'a offert. Moi je le trouve... Euh... Plutôt pas mal !

Elle laissa à Sharoke le temps de voir le dessin puis le replia soigneusement et s'affaira à ranger ses affaires tout en reprenant la conversation.

- Tu sais, je ne crois pas au hasard... Je veux dire, je ne pense pas que ce soit un hasard si tu es devenue nourrice d'ailleurs le simple fait de t'avoir rencontrer a modifié ma façon d'appréhender cette fonction. Bien sûr ce n'est pas parcque tu es une excellente nourrice que tu dois l'être pour toujours. D'ailleurs à t'entendre parler je suis certaine que tu ferais une très bonne lame. Vas savoir..? Parfois je me demande qui tire les ficèles de nos vies...

L'alcool embrumait l'esprit de la soignante et elle marqua une pause assez longue en plein milieu de son discourt. Elle réfléchissait, le nez en l'air et le regard vide. Soudain elle sursauta et reprit de plus bel.

- Tu sais l'enquête sur l'attaque d'Utrynia n'est pas terminée et je me demandais si tu ne voudrais pas m'accompagner. Demain je dois aller voir les nourrices qui se sont occupée des deux anja's qu'un Furyan avait enlevé. Je vais voir si je peux les interroger pour essayer de faire le lien entre cette histoire et celle qui vient de se passer. Les Nemens ont dit qu'il serait bon de gratter de ce côté là alors... Bon je ne leur fait pas vraiment confiance mais bon... Ils sont comme les autres, ils ont un rôle à jouer et si c'est en notre faveur alors c'est tant mieux !

En tout cas ce serait génial si tu pouvais venir, bien sur je n't'en voudrais pas si tu peux pas mais ce serait mieux à deux. En plus tu es nourrice et ça ce serait un bon point aussi... Enfin c'est comme tu veux. Et puis contrairement à ce que tu sembles penser tu ne m'ennuie pas du tout au contraire je suis ravie de te connaitre un peu mieux... Vraiment.


Une fois de plus, Ghaâli ne fut pas avare de dévoiler son sourire édenté mais elle était sincère, elle pouvait compter ses amies sur les doigts d'une seule main.

- N'empêche... Je suis vraiment contente. Bon j'ai beaucoup bu c'est surement un peu pour ça aussi. Mais tu m'as ôté un poids que j'avais sur la conscience. Je sais maintenant quelle est ma voie et ça c'est pas peu de choses pour quelqu'un comme moi... Qu'on a toujours crut bonne à rien...

 
Sharoke Ash'Chenyr

Le Matal 3 Nohanur 1509 à 16h56

 
Sharoke rougit. Etait-ce dû à l'alcool, aux compliments qu'elle recevait, ou au fait qu'elle était attendrie?
Elle avait en face d'elle une liadha, peut-être un peu plus âgée qu'elle, mais depuis qu'elle avait posé son regard imperturbable sur le dessin de Pomona, la nourrice ne pouvait s'empêcher de voir une enfant assise face à elle.

Sharoke se contenta de répondre:


Bien sûr que je peux t'accompagner, cela apportera un deuxième point de vue à l'affaire. De plus ces deux affaires m'intriguent.

Pour ce qui est de t'avoir aider, en fait, je ne pense pas avoir fait grand-chose, au fond tu savais ce que tu voulais, c'est juste que tout le monde a besoin d'avoir au moins une personne qui croit en soi. Sinon... si personne ne croît à ton potentiel, comment pourrais-tu le développer? Chaque tydale a un domaine dans lequel elle est douée. Et tu ne fais pas exception.

Quant à Pomona, j'aimerais bien voir ses oeuvres si l'occasion se présente, j'aime beaucoup contempler le regard que les autres personnes posent sur Syfaria. C'est très enrichissant, comme ce portrait que tu m'as montré, je le trouve touchant.


La nourrice avait les joues de plus en plus roses, ce qui contrastait avec sa peau extrêmement pâle. La bouteille était finie depuis longtemps. Sharoke se racla la gorge et reprit:

Voilà ce que je te propose: chacune rentre chez soi, dort bien au chaud, pour être la plus fraîche possible au réveil. Demain nous devrons interroger les deux Anja's au sujet d'un souvenir douloureux, donc nous devrons être au maximum de nos capacités d'écoute, d'attention et d'empathie. Je ne sais pas ce que le furyan leur a fait, mais je ne pense pas qu'elles en parlent avec le sourire. Donc demain matin, au petit-déjeuner, je pense que tu pourras utiliser des feuilles de bourrache, s'il t'en reste, je crois que cela te sera utile.

En réalité Sharoke doutait que la soignante soit la plus mal en point des deux au réveil le lendemain.

 
Ghaâli

Le Matal 3 Nohanur 1509 à 23h21

 
La soirée était bien avancée et dans la grande salle de l'auberge il ne restait que quelque soiffards de moins en moins bruyants. Ghaâli écoutait attentivement Sharoke sans cacher sa joie que celle ci l'accompagne.

- Génial ! Faisons comme ça, moi je vais prendre un lit ici, y'en a toujours un de libre pour les habituées. Et puis sinon c'est sous les pont ou dans le dortoir des soignantes et généralement elles tirent la gueule quand quelqu'un rentre rond comme une queue de pelle alors... On aura qu'à se retrouver à la ruche à la première heure.

Mais avant tout ça je ne peux décemment pas te laisser partir sans le p'tit dernier pour la route.


La soignante se leva d'un bon et fila jusqu'au comptoir où, contre quelques pièces elle obtient deux petit godets remplit d'une liqueur verdâtre et parfumé.

- Ça c'est l'élixir de longue vie de ceux qui savent boire. Assura t'elle en revenant sur un ton des plus solennelle. L'Uisge Beatha. Ça soigne tout et plus encore et ça répare même les trous à l'estomac !

D'un trait elle vida le contenu de son verre en encourageant la nourrice d'en faire autant. Elle s'essuya la bouche avec sa manche sans la moindre grâce et reprit.

- Tu es modeste mais quoi que tu en penses, moi je me souviendrais de ce que tu m'as apporté. Et tu as raison, ce qui compte vraiment dans tout ça c'est pas tellement le choix que je fais, mais le soutient d'une Liadha. Maintenant je sais que je ne compte pas pour du beurre c'est ça qui compte. Je pense.

Je me demande ce qu'on va trouver en faisant cette enquête... Peut être rien... Mais peu importe, je ferais de mon mieux pour ne pas revivre d'autre massacre... Avant ça je n'avais jamais côtoyé la mort de près. C'était... Faut pas que ça arrive de nouveau... Bref... C'est pas bien gaie tout ça...

Je pense que tu auras l'occasion de rencontrer mon amie Pomona tu verra elle est... Spéciale. Mais vachement sympa et pleine de bonne volonté.


La lumière avait baissé et le lieux s'était peu à peu vidé. L'ambiance feutrée ajoutée au silence naissant transmettait une envie quasi irrésistible de dormir. Ghaâli se mit à bailler en exhibant à volonté le parfait état de ses amygdales, sans doutes conservées par l'alcool.

Bon bon... Je vais aller dormir un peu, il se fait tard et l'aubergiste commence à souffler les lampes... J'ai passé une excelente soirée en ta compagnie, Sharoke Ash'Chenyr née dans la Ruche de Kryg, le 20 Saptawarar 1491 et devenue nourrice par hasard.

Ghaâli fit un sourire radieux à Sharoke puis lui adressa un "bonne nuit et à demain" avant de s'en aller en titubant et en s'excusant auprès des tables qu'elle heurtait dans leur sommeil.

 
Sharoke Ash'Chenyr

Le Merakih 4 Nohanur 1509 à 08h12

 
La nourrice avait regardé sa nouvelle amie se cogner dans toutes les tables possibles avant de parvenir à l'escalier, qui semblait être une véritable épreuve.
Puis elle-même se leva, et dut se tenir à la table pour retrouver son équilibre. Elle quitta l'auberge, et retourna d'un pas rapide à la Ruche pour dormir dans le dortoir réservé d'ordinaire aux nourrices qui travaillaient la nuit.
Au moins elle n'aurait pas à faire un long trajet le lendemain pour être au rendez-vous.


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