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Le Matal 4 Manhur 1510 à 23h53
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| La question silencieuse finit par trouver un écho dans les yeux de l'artisan. Il avait observé leur manège poussé par une sorte de curiosité mystique. Lui pourtant si rationnel et habitué à employer des outils précis sur une matière précise, en fonction d'un schéma précis. Quelque chose l'attirait dans ce duo insolite. Et en voyant le regard quelque peu désemparé de la Maîtresse Artisane, il sentit qu'il devait les aider.
Elandëy s'approcha donc et s'agenouilla à leur niveau, récupéra un des derniers croquis gribouillés de spirales, puis:
Peut être, Maîtresse, devriez vous lui montrer comment vous intégreriez cette "Essence" au cœur de ce...cette...enfin...cet appareillage. Moi même je vous avoue que la chose me parait complexe mais selon ce que vous attendez, ce doit être réalisable.
Dans ses yeux se lisaient une certaine compassion. Il avait franchi le mur d'appréhension qui le séparait de sa supérieure et était désormais décidé à l'aider autant qu'il le pourrait. Si une jeune apprentie était parvenue à suivre Shyama, lui aussi -artisan de longue date- devait y arriver. Sans changer de posture, il feuilleta les dessins qu'il avait à portée de main.
Vous savez...d'un point vue matériel, tous sont réalisables à vrai dire. Nous pourrions nous y mettre tout de suite. Le vrai problème est finalement de choisir. Car ce n'est pas tout de créer...le métier nécessite de faire des choix.
Et dans ses mots, l'on sentait clairement qu'il ne se considérait pas capable de "créer" autant que l'avait fait ces deux tydales en si peu de temps. Il restait un homme d'action. Un homme du Réel. Après la plume et le fusain, il ferait certainement parler le marteau et le burin. Toutefois, Elandëy cherchait à créer un lien. A faire la transition. Entre ces choses qu'il avait du mal à imaginer et son atelier où il pouvait tout reproduire.
Shyama saurait elle faire ces choix? Sans doute que oui. Quelque soit la logique -si tant est qu'il y ait une logique- qu'elle leur donnerait. D'ailleurs, il semblait acquis que l'artisan les suivrait sans frémir.
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Le Matal 11 Manhur 1510 à 01h06
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| Le choix, oui.
C'est le plus essentiel.
Le Lien.
Le Nœud des deux fils. Celui qui permettra d'unir l'imaginaire à la réalité. Le Flux à l'Inerte.
Le plan, y est. Du moins dans l'ensemble...*** dit la Mestre en secouant le dernier croquis. ***
Maintenant reste le Choix.
La matière. Elle est première. Elle est essentielle.
Ce qui conviendra le mieux. Ce qui pourrait permettre d'insuffler une force Fluxoportée. Comme la Peau du Calme. Non, pas Calme. Placide. La Peau de Placide. Elle est souple. Résistante. Forte. Et porte bien les Flux.
Transformer les Flux de Chimère, les vents qui protègent en vent qui portent plus loin, plus fort, plus vite, voilà l'idée de la Sombre. A moins qu'une aile d'assoiffé convienne mieux.... Ou même une aile de Kryline affolée !
Pour les tubes... le Métamorphe, évidemment. Pour que la taille soit bien ajustée.
Pour les joints.... des enduits, sur les coutures....
Un bois solide pour le contrepoids. En plomb, le contrepoids....
Shyama,
Sombre comme un Nuage
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Le Julung 8 Julantir 1510 à 00h43
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| *** Shyama salua la nouvelle venue d'un air préoccupé mais avec un certain soulagement.
Elle se sentait un peu perdue dans le chaos de ses élucubration d'artisanes, des demandes de Kaliss, de l'abandon des Etoiles.
Elle sentait les piliers bancals qui la soutenaient s'ébranler, s'enfoncer dans une sombre gadoue sans fin....
Elle exposa la situation, résuma les faits, et faisait des efforts inhabituels pour être compréhensibles pour le commun des sains d'esprits.
De là à dire que lesdits efforts étaient suffisants.... Loin s'en fallait. ***
La Sombre était là, lors de la Mélopée d'Adieu de la Chose.
Du Grand Tout Vert émergé du lac des Liara's.
Quand il a replongé.... son cœur chantait, et enchantait les cœurs d'une mélodie triste comme un au revoir.
La Sombre a chanté avec lui. Pas aussi bien, c'est certain. Mais elle s'en souvient. Un peu.
Ou avec ce qui chantait pour lui.
La Mestre du Joyau croit que Mélopée était compagne influente pour lui. Que son absence, ou sa modulation pourrait peut être le retenir. Le faire fuir. L'éloigner. Lui dicter sa conduite, comme le bourdonnement des Abeilles guide les Anja's de la Ruche.
Peut-être comme savent le faire les grands chanteurs qui font fuir les non-poussiéreux.... ?
Oui, la Mestre du Joyau voudrait s'en servir contre le Grand tout Vert. Le mettre dans une arme.
Qu'est-ce qu'inspire ces pensées à l'esprit sage de Celle qui Sait ?
Shyama,
Sombre comme un Nuage
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Le Vayang 9 Julantir 1510 à 01h03
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| *** Shyama secoua la tête d'un air ennuyé. ***
Des lames qui chantent, ça, la Sombre sait faire oui.
Mais pour que cela soit en phase avec le Grand Tout Vert.... Ça, le Nuage ne sait pas....
Elle ne sait même pas si c'est possible. Ni si c'est utile....
Elle doute....
Mais pour son Joyau elle ferait tout ce qu'elle peut....
*** Extrayant un papier d'une épaisse liasse de gribouillis savants (ou déjantés, au choix), elle le fit glisser devant l'érudite.
Désignant les différentes parties du doigts, elle essaya d'expliquer. ***
Là, ce long tube, c'est le guide du projectile. Le soufflet, ici, pour la propulsion... Là, l'entonnoir de chargement pour les munitions....
Mais elle n'a pas été pensée pour faire des sons.
Non.
Ce n'est pas un biniou, c'est une arme mortelle pour les plutitrons !
Jamais un outil de danse ne pourrait égaler la souplesse de la voix ou d'une mélodieuse avérée, pense la Sombre. Ce n'est pas fait pour....
Après, si c'est une vibration particulière de la Trame qu'il faut obtenir, c'est différent. Oui, différent.
Mais laquelle ?
Shyama,
Sombre comme un Nuage
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Le Dhiwara 11 Julantir 1510 à 21h28
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| Moui, moui, moui, fait la vieille en acquiesçant face aux schémas.
Écoute, on a un tube, un soufflet, des munitions.
Et si on faisait plusieurs tubes de longueurs différentes, dans lesquelles iraient les projectiles répartis par une sorte de roue que le soufflet ferait tourner.
On obtiendrait une musique, là, non ?
Aléatoire, c'est exact.
Sans doute pas très jolie.
Mais réelle.
Après la question de savoir la vibration du "Grand tout vert", ce n'est pas possible.
On n'a pas de "grand tout vert" sous la main, et apparemment à Zarlif ça a été oublié d'être étudié...
Donc...
Préparons tout ça, faisons en sorte d'avoir un instrument/arme qui puisse jouer plusieurs notes, et soit de plus efficace.
Portable tant qu'à faire, si le funeste décide d'attaquer plus loin que là où on le construit.
Et on improvisera.
Moi, ça me semble le mieux.
Après, si tu veux, je peux dire à Kaliss et aux autres qu'on maitrise parfaitement la situation... ça ne me dérange pas, du moment qu'elles nous laissent travailler.
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Le Matal 13 Julantir 1510 à 00h46
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| *** Shyama enroulait une mèche autour de ses doigts d'un air pensif en écoutant l'érudite parler. Acquiesçait, faisait la moue.
Mais ce fut sa dernière réplique qui la mit vraiment mal à l'aise.
Une impression de réprimande condescendante.
Comme celles que lui faisaient les Nourrices. Une réprimande pour son obéissance.
Oui, il était parfois bien facile de l'influencer. De lui donner des ordres, elle qui aurait dû en donner, de par son statut. Mais elle avait la volonté d'une petite fille. Elle avait pris le pli d'une éducation ferme, un pli qui ne s'était jamais défroissé. Une éducation basée sur le respect de celles qui commandaient. Parce qu'elles n'étaient pas des Sang-Âmes, elles. Parce qu'elles savaient ce qui était bon pour les Sœurs. Et mis à part quelques lubies irréductibles, elle obéissait.
Réprimandée pour avoir obéi à une autre réprimande. Sermonnée avec la douceur d'une mère à une enfant, pour s'être comportée comme une enfant. L'ironie ne lui échappait pas.
Tiraillée des deux côtés. Abandonnée des étoiles, elle se fiait aux seuls guides qui lui restait.... Des guides de Poussières, aussi perdus qu'elle, visiblement. Désaccordés comme une Keirnine abandonnée.
La musique serait fausse, de tout façon. L'érudite n'avait pas tort.... Il en serait ainsi.
Elle se mit en devoir de corriger et annoter ses schémas.
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Des tuyaux de flûtes.... Sans les trous.... Des sifflements mortels pour Plutitrons. Pourquoi pas. Il faudrait des anches, alors.... Et plusieurs soufflets, pour garder la puissance. Avec un contrepoids pour que la pression soit plus forte.... Des roues, pour pouvoir le transporter, oui. Mobiles sur elles-mêmes pour pouvoir orienter l'angle de tir.
Là... Comme ceci.... Cela restera lourd. Très lourd. Mais transportable.
Les ébénistes se chargeront du cadre. En fémur de placide, léger et solide.
Des roues en bois.Et du mécanisme de la roue de répartition. Un défi, cela oui.
Il faut que la Sombre se procure au moins deux peaux de Placide pour les soufflets. Et prépare les tubes et les joints, surtout.
Au travail, alors. Ce Fil de Tableau est court....
Aka's dhanya, érudite....
*** Et sans plus attendre, la Maîtresse Artisane courut porter ses schémas aux différentes Artisanes de l'opération pour que chacune se mette au travail immédiatement sur la partie qu'elle leur avait attribuée.
Avant de retourner à sa propre forge pour se mettre elle-même à la façon des tubes à anches ajustés à la taille moyenne des noyaux de cerise à partir de feuilles de métal. ***
Shyama,
Sombre comme un Nuage
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Le Sukra 24 Julantir 1510 à 00h47
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| [i]Kaliss revenait en trombe de son dernier entretien avec les érudites : elle devais expliquer à la maîtresse artisane la nouvelle orientation que devait prendre son arme : ne plus attaquer le tark'nal, mais la corruption du coeur de la cité.
C'est donc résoluement qu'elle frappa à la porte de l'atelier.
Toc toc toc...[/i]
Vivre ou mourir...à toi de choisir
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Le Merakih 28 Julantir 1510 à 11h42
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| Mais qu'est ce que je suis venue faire ici ? furent les premières pensées de la faucheuse quand la porte fut ouverte...
Puis un peu d'ordre se fit dans la tête de Kaliss et se parant de son plus beau sourire de Mestre en campagne électorale, elle s'adressa au Nuage, plus sombre que jamais :
La....tout doux...dit kaliss en ne quittant pas des yeux la pince chauffée à blanc, je viens en amie....je suis comme l'air qui vient raffraichir cet atelier surchauffé par cette porte entrebaillée.
Se rendant compte des conneries qu'elle venait de débiter, Kaliss repris son ton normal, retrouvant pas la même occasion son rôle de faucheuse et Mestre d'Utrynia.
Je suis venu te voir pour te mettre au courant de nos dernières avancées dans la recherche pour la survie d'Utrynia.
Nous pensons que le Tark'nal ne viendra pas ici, du moins pas si nous ne sauvons pas la citée.
L'âme Nemen qui est liée à la citée est en train de livrer combat contre la corruption et de le perdre petit à petit. Comme le font tous les Nemens.
Voila notre plan de la dernière chance : puisque la corruption d'un des nemen, le sinistre Loïa, affecte l'ensemble de son peuple qui se comporte comme une entité unique qui pourri peu à peu, une sorte de Gestalt si tu préfère, nous allons isoler temporairement ce nemen.
Là est le rôle des érudites.
En même temps, nous allons attaquer la corruption qui l'affecte.
Là est ton rôle.
L'arme, enfin la création que tu est en train de fabriquer, devra réharmoniser le coeur de la citée, selon le même principe que celui émis au départ de sa conception.
Mais il nous faut faire vite ! Je vois que tu bosse déjà comme une dingue...enfin que tu bosse à fond, je veux dire.
Je laisse à ta disposition une employée de la marie pour subvenir à tes besoins, histoire que tu ne perde pas de temps. Tu as carte blanche : toute les ressources de la ville sont à ta disposition, dans la mesure que cela sert pour l'avancée de ta création, bien entendu.
Puis Kaliss termina sur une dernière question :
Sinon, ça avance ?
Vivre ou mourir...à toi de choisir
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Le Julung 29 Julantir 1510 à 22h40
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| *** Shyama émit un grognement. ***
L'air passe. Pousse le nuage. Le ballote en tous sens, à sa guise. Le déforme, le déchire pour le modeler à sa manière.
Est-ce que les nuages aiment cela ? Être le jouet des vents ? Il faudrait leur poser la question.
Le souffle attise les feux sur son passage.... Ravive les braises endormies.
Il siffle ses complaintes et charme les oreilles.
Peut-être celles du Grand Tout Vert y seront-elles sensibles. Ou pas.
Comment savoir ? Comment deviner ce qui parle à son cœur ? Personne ne lui a posé la question, à lui non plus.
Pas plus qu'à celui du Joyau....
La Sombre ne peut pas changer. Cela est trop avancé. Elle ne peut pas tout refaire. Ce qu'elle a commencé, elle doit le terminer. Ou se résoudre à tout abandonner.
Elle n'est pas si loin de la fin. Il ne reste plus qu'à assembler et à se laisser emporter par les flots du Tableau.
*** Une longue pause.
Un long soupir.
La porte s'ouvrit plus largement pour laisser le passage à la Faucheuse.
Comme à contre-cœur, avec une lasse résignation. ***
Réharmoniser. Une arme peut-elle rendre une harmonie à un cœur ?
Elle n'est pas faite pour. Pour en accélérer les battements par sa beauté. Pour réduire à néant ses efforts de survie, oui. Mais pour réguler ? Vraiment ?
Et comment créer une telle chose ? Quelle est l'harmonie du Joyau ? Qu'est-ce qui la fait vibrer ?
Un cœur caché aux yeux des Sœurs les plus brillantes depuis si longtemps.... ne peut être qu'ombre, mystère, qui ne se laissera pas déflorer si vite, si facilement.
Tant de questions.... Si peu de temps.
La Sombre sait créer. Oui.
Analyser, comprendre.... Pas vraiment.
Il lui faut des directions pour savoir quel chemin emprunter !
Shyama,
Sombre comme un Nuage
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Le Julung 29 Julantir 1510 à 23h06
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| Surprise de pouvoir entrer, la Mestre ne se fit pas prier pour avancer dans l'atelier, histoire de voir à quoi ressemblait ce qui allait en sortir, et quand Shyama lui parla d'harmonie, de brillante, Kaliss coupa cour à toutes ces questions sans réponses.
Ne nous emportons pas, le temps n'est plus comme tu l'a dit à de nouvelles recherches, analyses, introspections ou hypothèses stériles et farfelues.
Nous seront bientôt au coeur de l'action et comme tu l'as dit, il n'est pas le moment de changer de pinceau : le tableau doit se dérouler. Pas question d'en effacer un bout pour repeindre d'une autre couleur.
Fini ce que tu es en train de faire. C'est bien de son caractère offensif dont on a besoin : seulement la cible change !
Plus le Tark'nal lui même, mais la graine qu'il a semé dans la citée. Et je dois te dire que c'est peut être pas plus mal ainsi.
Le Tark'nal est l'incarnation de la puissance de Loïa dont on ne connait pas grand chose.
Alors que la créature de corruption qui ronge Utrynia, Nemès l'a déjà vu et de ce qu'elle en a dit, je jauge sa puissance inférieure à celle du Tark'nal.
En isolant Utrynia des autres nemens, on isolera aussi la coruption. C'est elle que l'on attaquera.
Pour l'harmonie du coeur de la citée, ne te base pas trop sur mes paroles : je fréquente un peu trop les érudites en ce moment, et j'ai tendance à utiliser leur vocabulaire.
L'âme de la citée devra se débrouiller pour retrouver son équilibre si on arrive à l'aider dans sa lutte et que l'on détruit cette hideuse créature.
Vivre ou mourir...à toi de choisir
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