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Souvenir gravé dans la pierre

Pas n'importe quelle pierre, pas n'importe quel souvenir
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Sujet lancé par Matroshka Voroshk
Le 04-04-1510 à 12h32
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Posté par Aënola Erfuinn,
Le 07-06-1510 à 13h33
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Matroshka Voroshk

Le Vayang 21 Manhur 1510 à 00h13

 
Ambiance

Matroshka eut le temps de récupérer pendant cette attente.

Le temps de reprendre ses esprits après cette épreuve de force. Force...oh c'est sûr, c'est le seul mot que doivent pouvoir écrire les guerrières du Matriarcat. Avec leurs couteaux à viande et leurs muscles saillants. Mais comme l'avait toujours cru Matroshka, l'esprit dépasse la matière. Elle se plaisait à croire qu'à niveau égal, une magicienne serait toujours plus forte qu'une guerrière. Ces morceaux de ferraille faisaient la fierté d'un peuple. Ridicule. Mais malheureusement pour elle, Matroshka avait une sainte horreur de l'acier. Le seul métal qui trouvait grâce à ses yeux était l'or. Quoi de plus étonnant venant d'elle. L'argent à la limite, le platine éventuellement. Pas plus. Mais l'acier, inerte, froid, rigide. A l'image de celles qui le manipulait avec fierté et ostentation. Méprisables créatures.

Mais bon, Matroshka depuis sont récent accident, se retrouvait presque à leur niveau. Sans magie, elle ne valait pas grand chose, même moins qu'elles vu que la Voroshk avait la musculature d'un moineau. Ne plus sentir le mana était traumatisant mais pédagogique, ça recadrait pas mal de choses passées. De là à dire que Matroshka était prétentieuse, il n'y avait qu'un pas à franchir. Les torts étaient partagés certes, mais la Voroshk était une intarissable source de prises de becs légendaires. Mais 4 mois sans magie, ça vous change une Matroshka.

Elle se reposa tranquillement, mettant de l'ordre dans sa tête. Du thé, des pâtisseries et suffisamment de viande pour remplir l'estomac d'un gambol ou d'une Mestre de ville. Par contre, les pâtisseries subirent une attaque en règle. C'est Kaliss qui payait, il n'y avait pas de raisons de se retenir. Elle demanda de l'eau chaude à la place du thé. Le thé du Matriarcat n'avait jamais été très bon, trop corsé, pas assez fruité. La sorcière se pencha sur le coté pour fouiller dans son sac et en sortir un coffret en bois laqué aux arrêtes finement travaillées et recouvertes d'argent. Elle l'ouvrit et plongea la tête dedans en reniflant bruyamment. Elle choisit longuement avant de plonger dans une tasse d'eau chaude une pincée de thé.


Kaliss, vous m'en direz des nouvelles. Il vient de Jypska, il est très doux, pas trop fruité et on peut sentir une petite pointe de Carnine. Ca...calme, ça apaise.

La sorcière se prépara une seconde tasse avant de la tendre à la Mestre. Pendant de longues minutes, plongées dans le silence, les deux tydales patientèrent en sirotant leur thé.

Puis arrivèrent les choses sérieuses. N'importe qui sur Syfaria pourrait devenir qui est la militaire et qui est l'artiste. Le jour et la nuit. La bonne et la brute. L'ouverture et la fermeture d'esprit. La seule carias a ne pas lui avoir craché à la figure et celle qui représentait ce que la sorcière méprisait au plus haut point. Matroshka se contenta de sourire à son ancienne Carias alors qu'elle ignorait totalement celle qu'elle avait invité plus pour la forme que pour autre chose.

Une fois que tout ce joli monde fut installé, la sorcière s'arrêta un instant, regardant la scène. Situation amusante et la seule intrus était justement Matroshka la libertaire. Elle se souvint d'ailleurs de sa vieille rancoeur en voyant ces représentantes de cette faction. Celle de se venger de l'injustice de la mort d'Arkana, de la pure méchanceté de cette idiote du Fatalisme, celle de leur faire payer au prix fort quitte à laisser pourrir le Matriarcat. L'idée de garder toutes ces informations pour elle lui a effleuré l'esprit, de priver cette faction d'informations utiles. De s'asseoir dans une chaise longue avec une tasse de thé et des pâtisseries et de regarder le monde brûler.

Mais bon, l'idée de voir le monde brûler l'embêtait surtout en pensant à la fin des soldes et quelques autres détails. Et surtout, Matroshka ne voudrait pas s'abaisser au niveau de cette bourrine têtue et bête comme ses pieds. Elle savait qu'elle valait mieux que ça. Et elle leur montrerai, pour redorer le blason familial.

Ecoutez-bien, je vais pas le répéter 14 fois.

La sorcière sortit son calepin et commença son long monologue, espérant qu'elle n'avait rien oublié en route.

Quand je me suis connectée, j'ai interrompu une conversation entre deux "personnes". Elles ont parlé d'un "nexus primal", que quelque chose se reproduirait. Là où j'ai compris que c'était celles qu'on cherchait depuis longtemps c'est lorsqu'elles ont dit qu'elles devraient leur donner le Poinçon. A qui ? A quoi ? Je ne sais pas mais elles sont donc plusieurs. L'une d'elle disait qu'il leur manquait...

La sorcière cherche dans ses gribouillis.

"Le quatrième pôle".

C'est à ce moment-là qu'ils m'ont repérée. Je ne sais pas comment mais leur première question, logique somme toute, était de me demander qui j'étais.


La sorcière se gratta la nuque, visiblement gênée.

C'est là que ça a commencé. J'ai senti comme...comme une invasion, une douleur dans ma tête, un mal de crâne carabiné mais pas naturel. Je n'y connais rien, mais je suis convaincue qu'elles en étaient la cause. J'ai essayé de lutter mais elles étaient trop fortes.

Ah oui, ça me revient...elles ont dit que mon identité était obsolète. Ce qui m'a fait penser que les sardoines avaient chacune une signature propre, que l'identité de son propriétaire y était affichée d'une façon ou d'une autre et qu'ils avaient aussi une sorte de registre disant à quand remontait son propriétaire. Le notre en l'occurrence était un asulter je crois. Mon plan de me faire passer pour l'un d'eux était fortement compromis. C'est là que j'ai du prendre une décision.


La sorcière reprit son souffle ainsi qu'une gorgée de thé. La carnine l'apaisait.


Me faire passer pour un rejeton était trop risqué, me déconnecter du réseau sans explication pour chercher une autre idée aurait été trop louche, alors bien qu'elle soit discutable, j'ai pris la seule autre possibilité que j'avais à l'esprit à cet instant. Jouer la bonne vieille carte de la traîtrise.

La sorcière fixa Lot'hi l'air détachée.

Ma rancoeur contre le Matriarcat est visible à des kilomètres à la ronde, je n'ai pas besoin de beaucoup jouer la comédie pour avoir l'air convaincante. Il faut dire que vous m'avez pas mal aidé dans ce "rôle" très chère.

J'ai donné mon véritable nom, disant que j'étais bannie du Matriarcat.


Marquant une pause, la sorcière contemple la théière devant elle.

J'ai donné deux informations, une vraie et une fausse. Là où j'ai été surprise, c'est par leur réponse. Elles disent avoir confirmé mon identité, elles savaient que je n'étais pas bannie du Matriarcat et que je me trouvais à Utrynia.

Donc, en supposant qu'elles ne mentent pas, elles pouvaient savoir qui j'étais réellement, me faire passer pour un rejeton aurait tout fait rater. Elles savent également que je ne suis pas bannie, du moins pas encore... ce qui laisse penser qu'elles ont des sources d'informations. Enfin, elles peuvent me localiser, à la façon d'une divination.


La sorcière jeta au centre de la table une des sardoines.

Pas mal pour un caillou.

Ensuite, ce fut de la négociation pour leur montrer que je ne suis pas née de la dernière pluie, que je suis sérieuse et que j'ai une dent contre vous.

Sourire en coin.

Trop facile...

Je leur ai demandé de me mettre à l'épreuve pour prouver ma nouvelle loyauté.


Lueur d'amusement dans le regard de la Voroshk avant de fixer à nouveau Lot'hi.


Je dois liquider une de vos anciennes ouailles, Kysall. Rien que ça ! Ca sera bien plus difficile qu'un simple condomignon car si le Fatalisme n'est pas réputé pour former des personnes intelligentes, le mot "meurtrier" est plus un adjectif qui vous correspond. Et accessoirement, le patron de Kysall est l'artisan du Déclin et ses collègues sont des furyans.

Je sais où les embrouilles vont pleuvoir...enfin presque. Au choix, Zarlif ou Korsyne puisqu'il semblerait que ce soit les deux cités les plus fragiles.

Question à dix morions : qui peut avoir intérêt à liquider Kysall hormis les poussiéreux "normaux" ?


La sorcière s'étira un instant avant de se balancer sur sa chaise pendant qu'elle se resservait du thé.


Questions ?


 
Kaliss

Le Vayang 21 Manhur 1510 à 23h40

 
Kaliss observait aussi sa Carias du coin de l'oeil, mine de rien, pendant les explications de Matroshka.

Bien évidemment, la Voroshk ne pouvait s'empêcher de provoquer Lot'hi, même si ce n'était pas méchant, c'était agaçant.

D'autant plus qu'elle s'asseyait sur sa responsabilité....mais bon, là n'était pas le sujet de la discussion, mais bien les informations qu'elle avait collecté et de ce qu'on pouvait en faire.


Bon résumons ce que j'ai compris :

- Quand on utilise les sardoines, les personnes en face peuvent faire une pression mentale qui pourrait probablement être dangereuse, et elles peuvent vérifier l’identité, ce que tu n’as pas du pouvoir faire, sinon tu nous l’aurais dit.

- C’est bien la même organisation qui nous a volé le poinçon, on suppose l’horloge des chuchoteurs.

- Tu as joué la carte de la trahison, c’est un choix risqué, pour tout le monde, et en face on t’a demandé de tuer Kysall.
D’une par, la tâche n’est pas simple, d’autre part, comme on ne sait plus trop quel rôle joue cette traitresse, je ne comprends pas trop pourquoi ils veulent la tuer.
Si tu la tue, tu gagneras leur confiance, enfin c’est ce qu’ils ont dit, car ils peuvent vouloir se servir de toi comme un pion, on ne peut écarter cette hypothèse vu la difficulté de la demande, tout comme on peut penser qu’après un tel coup d’éclat ils te considèreront sous un nouveau jour.

- Et finalement, la prochaine ville où on verra Kysall, donc qui sera attaquée sera Zarlif ou Korsyne, si j’ai bien compris.

Le nexus primal et le quatrième pôle, cela ne me parle pas.


Vivre ou mourir...à toi de choisir

 
Kaliss

Le Dhiwara 23 Manhur 1510 à 13h55

 
Kaliss avait offert, en même temps qu'elle avait résumé ce qu'elle avait compris du récit de Matroshka, de la boisson et des patisseries aux Carias présentes dans sa maison.

C'était la première fois qu'elle recevait autan de beau linge, il ne fallait pas les décevoir.

Ensuite, s'approchant du plan d'Utrynia qui était placardé à un mur, elle repris à l'intention des deux Carias.


Voila notre belle citée laissée bien gentiment par les nemens pour qu'on puisse s'abriter.
Pour combien de temps ?
Puisque Oriandre est tombée, le compte à rebours à commencé.

Bien sur, j'ai demandé à nos artisans de renforcer la sécurité de la citée en concevant une arme capable de vaincre le Tark'nal.
C'est Shyama qui est responsable destravaux, et qui sait ce qui pourra sortir de son esprit...hum...peu commun.

Mais je ne sait pas si elle va trouver....le Tark'nal est déjà venu ici et nous ne l'avons pas vaincu.

D'après ce que dit Matroshka, d'autres poussièreux semblent avoir des connaissances que nous n'avons pas : faut il comme elle a commencer tenter d'en apprendre d'avantage de leur part, malgré les risques ?

En plus, Nemès semble avoir fait une expérience très intéressante : je proposequ'on l'invite à cette réunion : les deux tydales adeptes des expériences risquées avec leurs carias respectives : que demander de plus ?

Ces deux expérience ont un rôle direct dans la sécurité du Matriarcat : établir un plan d'action me semble opportun.
Qu'en pensez vous ?


Vivre ou mourir...à toi de choisir

 
Lot'hi

Le Dhiwara 23 Manhur 1510 à 19h38

 
Lot'hi était restée de marbre.
Durant le discours, puis les deux interventions de Kaliss.
Elle avait le regard fixé sur Matroshka, et finit par se lever à la dernière question.
Elle n'avait pas touché aux présents gustatifs offerts gracieusement par la Mairesse.

Je pense, Kaliss, que vous devriez plus vous soucier de la sécurité d'Utrynia que de participer à des "expériences".
Celles-ci sont dangereuses.
Et dans les deux cas, elles sont menées avec un total déni de la responsabilité due aux habitants non symbiosés.
Akaliara ne souhaite pas interrompre le fil des bonnes volontés.
Pour ma part, j'estime que mon devoir n'est pas de "penser" à ce que pourraient donner de sombres jeux brulants.
Mon devoir, et cela devra être le votre en ces heures, Kaliss, est de préparer la défense, de préparer notre peuple, et d'obéir à la volonté de la Mère des Cieux de ne pas évacuer.

Prenez garde que vous ne détruisiez pas la cité avant que le Tark'nal ne se présente.
S'il se présente un jour...

Aënola a autorisé cette expérience dans les locaux de la Bibliothèque.
A elle d'en gérer les conséquences.


Elle porta un dernier regard vers Matroshka, impassible.
Nul mépris. Nulle colère.
Puis elle se retourna, et se dirigea vers la sortie.


 
Aënola Erfuinn

Le Dhiwara 23 Manhur 1510 à 19h45

 
Aënola avait elle aussi écouté.
Avec attention. Avec parfois un vif étonnement, ou de l'appréhension.
Puis, lorsque Kaliss avait apporté boissons et pâtisseries, elle avait pioché dedans, un sourire délicat aux lèvres.
Ecoutant toujours sans rien dire.

Et là, Lo'thi s'exprima.
Le sourire s'évanouit, ainsi que toute gaieté.
Elle se doutait qu'on en viendrait là, et qu'elle devrait gérer ce qu'elle avait ensemencé...

La bouche pleine, elle finit de déglutir avec mollesse tandis que Lo'thi se dirigeait vers la sortie.
Elle s'exprima d'une voix empâtée.

Ches paticheries sont délicieushes, Kalish.
Elle déglutit.
Bon, bon, bon tout va s'arranger.
Le choix est simple : agir ou ne pas agir.
Et avant de choisir, comme l'a exprimé Lot'hi, pensons aux conséquences possibles...


 
Matroshka Voroshk

Le Luang 24 Manhur 1510 à 16h53

 
Matroshka haussa un sourcil à la répartie de Lot'hi. Cette vieille chouette était trop prévisible. La sorcière aurait pu parier sa garde-robe qu'elle s'illustrerait dans un de ses brillants cours de diplomatie et d'empathie. Pas même un merci, elle était totalement irrécupérable de bêtise et de brutalité. Remarque, on ne lui demandait pas plus. Et tant mieux. Ce qui était rassurant, c'était que même Kaliss en prenait pour son grade. L'occasion était trop belle, la brune se laissa aller à une dernière pique.

Lot'hi, tu as faux sur toute la ligne. Ce n'est pas avec des moyens conventionnels comme vos couteaux à viande que vous ferez face au Tark'nal, tu l'as vu autant que moi. Combien d'exécutrices sont mortes ce jour-là ? Pour quel résultat ?

Ces "sombes jeux brûlants" sont risqués et pour l'instant, la seule qui a pris des risques, c'est moi. Pas ta ville. Et si les expériences débouchaient sur une solution de défense ? Réfléchis-y, pour une fois.

Se tournant vers les deux tydales restantes, Matroshka fit les gros yeux à son ancienne carias qui pillait les pâtisseries. L'ancienne némésis reprit la parole du ton le plus naturel au monde, comme si elle parlait de banalités.

Les conséquences ? C'est pas mon boulôt. Plus de poste, plus de responsabilités, souvenez-vous. Je fais ça pour satisfaire ma curiosité maladive, pas pour vous aider. Enfin...presque.

Cependant...

La sorcière subtilisa une pâtisserie qui s'apprêtait à périr sous l'appétit carnassier de la carias.

On ne va pas rester les bras croisés et regarder le Tark'nal et ses copains nous dérouiller ?

La sorcière se gratta le haut du crâne un instant, perdue dans ses pensées.

On a le choix. Soit on informe tout Syfaria de ce qu'on vient d'apprendre ce soir. Soit on garde ça au secret, diffusion restreinte. Sachant que celles d'en face avaient l'air d'être au courant de pas mal de trucs...

La Voroshk tourna la tête, accompagnant ses paroles d'un geste de la main avec la pâtisserie au bout des doigts.

D'ailleurs, ça me fait penser qu'il faudrait me bannir d'Utrynia dans les plus brefs délais. J'ai inventé un mensonge, je dois m'y plier.

Nouveau moment de réflexion.

Un : prévenir les autorités de chaque faction rapidement, les mettre au courant. Je vous laisse vous arranger pour la diplomatie et tout ce foutoir. Une seule chose importante, ne dites-rien à propos des sardoines. Officiellement, on a torturé un rejeton quelconque pour avoir ces informations.
Deux : pour Korsyne et Zarlif, leur demander de préparer un comité d'accueil ou si elles comptent mettre les voiles, qu'elles se préparent également.
Trois : monter une petite équipe de suicidaires pour m'aider à avoir la tête de Kysall sur mon bâton d'afflux. Je suis consciente que seule, je n'y arriverai pas, surtout si les vortex ou autres rejetons s'y mettent. J'insiste sur le terme suicidaires ou alors particulièrement puissantes. Quelques exécutrices, quelques magiciennes et beaucoup de chance.
Quatre : demander d'autres pâtisseries parce que Erfuinn, elle fait rien qu'à tout gloutonner !



 
Lot'hi

Le Luang 24 Manhur 1510 à 18h50

 
Lot'hi s'arrêta sur le pas de la porte.
Elle écouta la suite en silence.
Puis se retourna.

Matroshka Voroshk, vous êtes officiellement bannie du Matriarcat, pas seulement d'Utrynia.
Vous avez une heure pour quitter la cité.
Faucheuse Kaliss, vous y veillerez.


Matroshka sent alors, avec une soudaineté brutale, son lien avec le Consensus de faction s'éteindre.
Elle est seule.
Exclue de sa faction.


 
Matroshka Voroshk

Le Julung 27 Manhur 1510 à 16h40

 
La sorcière eut l'impression de recevoir un parpin sur le coin du citron. Bien pire que si on annonçait la fin des soldes d'été. Bien pire que si elle devenait allergique au sucre. Comme si on lui arrachait la tête par morceaux, elle resta sans souffle, le regard hagard.

Ecrasant une pâtisserie à la crème entre ses doigts, elle reste bouche bée, le temps d'accuser le coup.

Je..je...non...pas ça.

Elle haussa la voix pour être sûre que Lot'hi l'entende.

Ma...ma mission ! Ma mission, c'est traquer les assassins d'Ylimidian et retrouver le Poinçon. C'est ce qu'on m'a demandé de faire.

Des larmes perlèrent sur la chymériade enflammée de la sorcière.

J'ai besoin de ma vie ! J'ai besoin de la symbiose !

Laissez-moi terminer ma mission, après, vous n'entendrez plus jamais parler de moi !

Sa voix se cassa sur la fin, la gorge nouée. Griffant le bois de la table, elle se pinçait les lèvres difficilement.

S'il...

...vous...

...plait.



 
Aënola Erfuinn

Le Julung 27 Manhur 1510 à 23h59

 
Sans un regard en arrière, Lot'hi sortit de la pièce et referma la porte derrière elle, scellant le destin de Matroshka.
Aënola Erfuinn reprit la parole aussitôt, sans un sourire, ne laissant ni le silence ni l'incertitude s'installer.
Le moment était crucial.

Matroshka...
Je suis désolée pour toi.

Tu as été trop loin, mon enfant, bien trop loin.
Cette fois était la fois de trop.
Tu pouvais saisir l'occasion, tu pouvais tant de choses.
Mais c'est trop tard, Matroshka. Ce qui est ne sera pas défait par nous.

Les Carias et les Matriarches sont l'âme du Matriarcat.
Ce qui fait le Matriarcat.
Ce qui le fonde et ce qui le maintient.
Tu n'as jamais su comprendre.
Comprendre ce qui est. Ce qui a été. Ce que nous sommes et ce qu'est Akaliara.
Pourtant, je sais que ton coeur le ressentait.
La symbiose est une malédiction pour celles qui oublient, ou qui ne veulent pas voir.

Nos décisions, Matroshka, ne sont pas toutes justes. Pas toutes appropriées.
Pas toutes à effet immédiat.
Mais elles sont toutes pesées à l'aune de notre passé. De notre fondation.
De notre histoire.
Les Carias, Matroshka, sont le respect du Tableau, son cadre.

Nous avions déjà trop supporté.
Trop pardonné.
Nous ne le pouvons plus.

Tu aurais du ouvrir les yeux.
Tu aurais du entendre au delà des mots.

Lot'hi était venue ici pour toi...
Le respect qu'elle te portait était grand, tout comme à d'autres qui ne le comprennent pas.
Qui ne l'entendent pas.
Le respect que nous vous portons, l'amour que nous vous portons, tu y étais devenue fermée.
Cloisonnée.

En cet instant, tu réalises... que nous pouvons t'abandonner.

Un silence.

Mais tout n'est pas terminé.
Tu peux encore changer. Redevenir toi même, cette enfant insouciante et aimante, respectueuse et ouverte.
Tu le peux, Matroshka.
Mais le voudras tu ? Le feras tu ?
Je n'en sais rien. J'ai peur pour toi.

Tu as dit vouloir agir par simple curiosité. Pas pour nous aider... ou presque.
C'est ce presque qui me fait espérer.
C'est ce presque vers lequel il faut te tourner.

Le reste ne fera que finir de t'éloigner de nous...


 
Matroshka Voroshk

Le Sukra 29 Manhur 1510 à 11h33

 
***
Encore. Encore une fois, cette sensation de vide. Ce gouffre dans son esprit rempli par des pensées chaotiques, désordonnées, incompréhensibles et illogiques. Ce maelström confus tournoyait, abreuvé par les paroles de la carias et ses propres délires. Pourquoi avaient-elles toutes raisons ? Pourquoi fallait-il que ce soit elle qui soit tournée en dérision. Pourquoi tout tournait de travers ? D'où venait la racine, la source de cette gangrène en Matroshka ? Elle le savait pertinement.

C'était elle-même.

Redevenir comme avant ?





Ambiance

Innocente et insouciante. Loin des tracas de ce qui l'entourait. Retrouver sa vraie place dans Syfaria, dans le Matriarcat. Rester dans son coin, sage et peureuse. Là où elle aurait toujours du être. Jouer avec ses bougies, dessiner ou encore parler à sa peluche nelda.

Pour la première fois dans toute sa vie, Matroshka regrettait de manipuler la magie. Ce qui l'avait pervertie et fit ressortir ses travers sous divers prétextes. Ce qui avait causé trop de mal autour d'elle. Ce qui l'avait transformé loin de sa forme d'origine "d'enfant insouciante". Elle ne méritait pas ce pouvoir, elle ne savait pas le gérer. Elle faisait désormais face à des responsabilités et des conséquences bien trop grandes pour elle, bien trop importantes. Pour elle aussi c'était de trop. De trop.

Puis tout devint clair dans son esprit. L'ouragan s'était apaisé, une mer calme prenait place avec une seule pensée, une seule idée, une seule solution, pour changer. La sorcière se leva lentement, avec le poids du monde et des remords sur les épaules. Elle empoigna son bâton d'afflux puis se dirigea vers la sortie. Dans une poche, quelques morions et un sardoine. Pas n'importe lequel.


Posant la main sur la poignée de la porte, elle s'arrêta un instant. Un frisson plus fort que les autres lui parcouru tout le corps.
***

Je reviendrai. Je changerai et je reviendrai. Et tout redeviendra comme avant.

Kaliss, à vous de transmettre ces informations aux autres factions et à nos soeurs.


Elle ouvrit la porte, laissant rentrer un courant d'air et séchant ses larmes. Elle mis sa capuche sur la tête avant d'ajouter.

Erfuinn...dites-lui, dites à Lot'hi que je m'excuse.

La silhouette de Matroshka s'estompait dans la pénombre naissante, ne laissant qu'un écho decrescendo.

Je reviendrai...je reviendrai.


***
Kysall n'était plus devenu l'ennemie à abattre. Son plus grand combat, elle venait de le perdre, face à elle-même. Au sol mais pas encore sous terre, Matroshka devra se relever, combattre et gagner. Que tout redevienne comme avant.
***



 
Kaliss

Le Sukra 5 Jayar 1510 à 17h22

 
Kaliss qui ne perdait pas de vue la protection de la citée malgré les péripéties individuelles qui allaient bon train en ce moment, s'adressa à Aënola :

Carias Erfuinn, pouvez vous m'aider à mettre en place une cellule d'étude de la créature de corruption révélée par les expériences de Nemès et Khamaat.

Il me faudrait quelques érudites versées dans la corruption et la connaissance des pratiques de l'artisan du déclin.


Je pense qu'il ne faut pas trainer pour étudier cette créature et la combattre, ou la faire fuir. L'avenir et la résistance d'Utrynia est en jeux.

Je vais essayer de trouver une érudite symbiosée qui ne soit pas partie à Korsyne.


Vivre ou mourir...à toi de choisir

 
Aënola Erfuinn

Le Luang 7 Jayar 1510 à 13h33

 
Aënola ne perdait pas le nord, et enfourna une autre pâtisserie avant de répondre.
Mieux valait le présent que l'incertain.
Ensuite, après s'être essuyé la bouche, elle répondit à Kaliss.

Moui, tu as raison.
Je peux t'envoyer quelques érudites non symbiosées, qui t'assisteront.

Mais des érudites... "versées dans la corruption et la connaissance des pratiques de l'artisan du déclin", ça je n'en ai pas sous la main. On évite celles qui tombent dans la marmite étant petite, tu sais,
ajouta-t-elle d'un ton doucement moqueur.

Mais oui, je vais t'aider du mieux que je peux, Kaliss, même si je me demande si nous n'allons pas réveiller l'eau endormie pour mieux nous la prendre bouillante sur le coin de la figure...


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