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Le Matal 11 Manhur 1510 à 21h02
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Les deux lunes avaient déjà dépassé le zenith et redescendaient vers l'horizon quand Nemès sortit de chez elle pour rejoindre Khamaat sur la place centrale.
La Faucheuse venait de passer plusieurs heures à méditer pour atteindre un état de relaxation extrême qui serait nécessaire pour ce qu'elle devait entreprendre avec l'aide de la Sorcière. Elle portait une robe longue et sobre, dont le pourpre n'était perturbé que par quelques broderies argentées qui couraient autour de sa taille. Cette tenue détonnait terriblement avec l'apparence guerrière qu'elle entretenait habituellement, en armure, casquée, portant en général au moins trois armes différentes...
Ce soir, elle n'avait pris que Nimisha pour compagne. Celle ci n'était pas suspendue dans son fourreau dorsal comme d'habitude, elle la tenait en main tout simplement. C'était ainsi, avec le moins de gêne possible et sa plus fidèle compagne en main, qu'elle aurait le plus de chances de réussir l'exercice auquel elle devrait se livrer : rien ne devait venir perturber l'harmonie entre la Danseuse et sa lame.
A cette heure avancée de la nuit, la ville dormait et les seules personnes qui arpentaient encore les rues étaient les gardes de nuits qui faisaient leurs rondes.
L'Arabesque Aniline, demeure de Nemès, se trouvait directement sur la place centrale, entre l'armurerie, la salle d'arme et la Ruche... les trois lieux les plus importants pour son travail. Aussi, elle n'eut pas long à marcher pour rencontrer Khamaat, qui habitait elle aussi à quelques maisons de là.
Les deux tydales se retrouvèrent au milieu de la place centrale. Le brouhaha diurne n'était plus qu'un souvenir, et le calme règnait en maître absolu sur les lieux...
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- Hajar liadha... salua-t-elle avec un regard appuyé.
Je n'ai aucune idée de la manière dont peut réagir la cité : si quelque chose tourne mal, il te reviendra peut être de rapporter les évènements à la Carias, ainsi qu'à Oda qui transmettra aux autres factions.
Je suis prête... conclut-elle en écartant légèrement les bras, invitant la sorcière à lâcher sur elle ses sortilèges.
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Le Merakih 12 Manhur 1510 à 19h17
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| Une fois la nuit tombée, Khamaat, contactée quelques jours auparavant par Nemès, sortit de chez elle. Suite à la pensée de son amie, et après avoir réglé quelques affaires courantes, elle s'était recluse chez elle afin d'emmagasiner de la mana et apaiser son esprit au maximum.
Vêtue de son habituelle tunique, resserrant les pans de sa cape autour d'elle pour se réchauffer, elle se dirigea vers la Ruche où rendez-vous lui avait été donné, se fondant parmi les ombres des habitations de la cité endormie.
Le projet que la Faucheuse avait élaboré était osé, risqué... et les conséquences pouvaient être désastreuses. Néanmoins, la Sorcière avait toujours, malgré son état de libertaire, oeuvré pour le Matriarcat, et répondu présente pour certaines liadha's... dont Nemès faisait partie.
Apercevant son amie, elle pressa le pas et la salua d'un signe de tête, esquissant un sourire tout en conservant un regard quelque peu perdu dans sa concentration.
- Hajar Faucheuse...
Khamaat écouta attentivement les recommandations et les directives qui lui étaient données, hochant la tête en signe d'assentiment, elle répondit avec gravité
- Quelle que soit la réaction de la cité, sois assurée de ma loyauté envers toi. Toute mana, tous mes sorts appris sont à ton entière disposition et mon soutien sera sans faille... Tes consignes seront respectées à la lettre, tes recommandations seront suivies... quoiqu'il arrive.
La réponse en guise de conclusion de Nemès ainsi que sa gestuelle indiquèrent à Khamaat le point de départ du projet mené par la Faucheuse: l'heure avait sonné...
Rassemblant toute sa mana, prenant une longue inspiration, la Sorcière se placa face à la Faucheuse, ses paumes formant un réceptacle où bientôt un halo verdâtre se forma jusqu'à former une sphère d'énergie... Une fois que celle-ci eut atteint une taille conséquente, Khamaat, les yeux rivés sur elle, posa alors brusquement son regard sur Nemès et projeta sur elle la sphère de mana qui, une fois la cible atteinte, fut absorbée peu à peu.
Vérifiant rapidement que la Faucheuse avait bien encaissé le premier sort, Khamaat répéta l'opération à nouveau... un autre sort vint toucher une seconde fois sa cible.
Reprenant son souffle, Khamaat lança un regard à Nemès dans lequel elle pouvait y lire la confiance et la détermination de la Sorcière.
Le projet que Nemès avait mis sur pied se mettait en place...
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Le Merakih 12 Manhur 1510 à 20h37
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La deux tydales étaient on ne peu plus sérieuses. Depuis toutes ces années où elles se connaissaient, elles avaient toujours œuvré de concert avec la plus grande efficacité, et cette fois ne ferait pas exception à la règle, surtout que beaucoup de choses dépendaient du résultat de l'expérience à venir.
Nemès sentit le premier sortilège de la sorcière se tisser autour d'elle et en elle, décuplant ses sens jusqu'à un niveau surnaturel. Le second sort l'engloba ensuite à son tour, la plongeant dans un état de lucidité extrême, amplifiant au possible ses capacités mentales.
Ainsi préparée, l'exercice serait moins difficile et aurait peut être une chance de réussir...
L'Exécution pouvait - grossièrement - se résumé en trois étapes, quel que soit la Danse. La première, la plus simple, consistait à trouver l'harmonie entre la Danseuse et l'arme pour qu'elles ne forment plus qu'une seule et même entité. La seconde menait à un état de perception transcendé qui permettait d'appréhender la Trame, d'en trouver les points faibles et les clefs de voûte à utiliser. Et la dernière, une fois la Trame perçue, consistait en un découpage/réagencement de celle-ci qui menait à une modification profonde de la Réalité subjacente.
Le but de l'expérience était cette fois de voir au travers de la trame de la cité pour déceler la corruption. Si l'exercice était concluant, il y aurait peut être un moyen de la chasser en modifiant la réalité de la cité...
Nemès prit une profonde inspiration, ferma les yeux, puis expira doucement et longuement, chassant toute tension de son corps et de son esprit.
Puis elle ouvrit à nouveau les yeux et, un peu à la manière dont elle l'aurait fait pour une Danse de la Pureté de la Lame, fit lentement virevolter Nimisha autour d'elle, décrivant d'amples arabesques : combattant depuis longtemps avec la lame de driandel, dont les effets néfastes étaient purement annihilés par les bijoux magiques que Shyama avait fabriqué pour elle, Nemès entra instantanément en harmonie avec l'arme et commença à sonder la Trame autour d'elle, agrandissant peu à peu le rayon de sa perception.
Autour d'elle, progressivement, l'espace et le temps semblaient se transformer pour laisser place à cet univers étrange dont elle était maintenant familière, où les sensations prenaient une toute autre signification... Déployant ses sens d'exécutrice, la Faucheuse commença à appréhender la ville jusqu'à sa globalité.
D'habitude, il lui suffisait de se concentrer sur un espace restreint pour pratiquer l'exécution : un adversaire, un objet, un mouvement... mais aujourd'hui il fallait qu'elle étende sa perception à toute une cité! Sans les sortilèges de Khamaat, cela aurait relevé de l'impossible, cependant grâce à ceux-ci qui l'avaient plongé dans un état de lucidité extrême, elle y parvenait progressivement...
Néanmoins, ce n'était pas "toute" la cité qu'elle voulait, mais seulement son "âme", cette partie de l'entité nommée Utrynia qui subissait la corruption de l'Artisan du Déclin. Aussi, petit à petit, elle élimina de sa perception tout ce qui pouvait la parasiter : les Poussiéreux endormis, les animaux dans les étables, les gardes qui faisaient leurs rondes... et même ultimement Khamaat qui se tenait à quelques pas d'elle, et dont le moindre souffle, le moindre battement de cœur, étaient décuplés par les sens de la Faucheuse.
L'effort de concentration à fournir était beaucoup plus élevé que la Faucheuse l'aurait cru, et il lui fallu faire œuvre de tout son savoir-faire de maîtresse exécutrice pour ne pas relâcher son attention, ne pas laisser le trouble ou la tension perturber son état de méditation extrême...
Peu à peu, sa perception de la Trame s'épura de tout ce qui pouvait la parasiter, pour laisser place à la cité... Utrynia - comme les autres constructions Nemens - était loin de n'être qu'un simple assemblage de pierre immobile...
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Le Matal 18 Manhur 1510 à 00h03
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| Impossible.
Nemès sentit après quelques minutes que ce qu'elle tentait l'était de façon certaine.
Sentir la cité. En son entier. Sentir les êtres, la vie et la non vie.
Nul ne le pourrait, même aidé de la plus belle des manières.
Les poussiéreux avaient des limites, qu'eux mêmes ignoraient parfois pour tenter de les dépasser.
Ce combat était glorieux, mais souvent vain.
Pourtant, elle ressentait l'immédiat. Ce qui est proche.
Ce qui présente une réalité que son esprit peut aborder sans sombrer.
Voilà la limite définie.
Son esprit ne peut appréhender plus car cela signifierait une explosion de sensations qui la rendrait amorphe, légumineuse.
La danse était parfaite. Nemès ne l'était pas. Nul poussiéreux ne l'était.
Une sensation.
Proche d'elle.
Dans la roche.
Elle cherche la corruption. Elle est puissante.
Présente. Bien plus qu'on ne pouvait s'y attendre. Structurée, en attente, jeune et malhabile.
Nemès perçoit que cette corruption la sent l'observer.
Elle se précipite vers son esprit pour l'envahir !
Vision d'horreur, quelques secondes pour décider, agir ou réagir !
De l'extérieur, les autres protagonistes ne voient rien de plus que la danse.
L'esprit seul de Nemés risque d'être ravagé... | |
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Le Matal 18 Manhur 1510 à 22h23
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Nemès n'était pas du genre à avoir peur. Arya avait suffisamment fait rentrer dans le crâne de sa pupille le fait qu'avoir peur ne pouvait être que nuisible quand on cherchait la victoire.
Même face aux khalitzburgs, furyans et autres bestioles cauchemardesques, la Faucheuse n'avait jamais tremblé et avait fait front, seule s'il le fallait.
Mais cette fois, face à cette entité ténébreuse, elle se sentit aussi impuissante qu'une souris face à un serpent et, l'espace d'un instant, un frisson de peur la traversa.
Tenter d'attaquer dans cette situation était purement suicidaire.
Déformer la Réalité pour se protéger? Futile... la chose était bien trop puissante.
Restait la fuite...
Il n'y avait pas dix milles manières d'interrompre une Danse instantanément : Nemès lâcha Nimisha, rompant l'harmonie avec l'arme et se "déconnectant" de la Trame, tout en se jetant en arrière par réflexe, comme pour esquiver une attaque.
Avec un peu de chance la corruption ne pourrait plus l'atteindre si elle refermait ainsi ses perceptions et son esprit... A moins qu'elle ne puisse se matérialiser de manière tangible.
Un petit cri s'échappa de la gorge de la Faucheuse tandis que sa lame heurtait le sol.
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Le Merakih 19 Manhur 1510 à 19h52
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La main de Nemès agrippa la robe de Khamaat.
Le regard enfiévré, elle regarda autour d'elle, mais il n'y avait rien, seulement le silence de la nuit...
La Faucheuse relâcha le vêtement de la Sorcière et, avec un soupir, passa sa main sur son crâne qu'elle trouva trempé de sueur.
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- Il y a que... j'ai bien cru que j'allais gagner un séjour tous frais payés dans un Pilier...
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Un instant de silence : Nemès envoya en un éclair deux messages télépathiques. Un pour l'ensemble des représentants des Factions avec qui elle était en contact afin de les mettre au courant, puis un pour les Faucheuses et la Carias.
La situation était inquiétante...
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- Y a bien quelques effluves, mais y a surtout une saloperie de bestiole cauchemardesque qui se cache dans la Trame de la Cité, lâcha-t-elle en ramassant son épée, j'ai failli me faire bouffer... Tu ne l'as pas perçu?
Pour l'instant, cette chose n'a pas l'air capable de se matérialiser : dès que j'ai rompu l'harmonie avec ma lame, j'étais hors de sa portée... Cela me fait penser qu'elle n'est pas encore capable de mettre en danger les habitantes de la ville.
Néanmoins, j'ai le sentiment que plus nous attendrons plus cette chose se développera...
La seule manière d'entrer en contact avec elle est a priori la Danse. Mais cet être est très dangereux : seule je n'avais aucune chance. Je vais demander à Lo'thi de rassembler toutes les exécutrices expérimentées et attaquer en force : grâce à la Danse nous pouvons modifier la Réalité, nous pouvons au moins chasser cette chose, si ce n'est l'anéantir.
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Si la voix de Nemès avait été tremblante au début, elle s'était à présent raffermi. De toute évidence, elle était décidée à ne pas rester sur une défaite face à une proie de ce calibre.
La Faucheuse se laissa tomber au sol, s'asseyant en tailleur : l'exercice avait été épuisant... Elle passa sa main le long de sa lame, mécontente de l'avoir laissé tomber, à la recherche de dégâts que la chute aurait pu occasionné.
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Le Sukra 22 Manhur 1510 à 01h30
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| Khamaat cacha sa surprise... du plus loin dont elle se souvienne, jamais elle n'avait vu Nemès dans un tel état, si ébranlée...
A la question de la Faucheuse, elle répondit par la négative, étonnée
- Non, je n'ai rien perçu... j'avoue que j'étais particulièrement absorbée par ta danse...
Ajouta-t-elle avec un léger sourire, tentant d'apporter un peu de réconfort à son amie.
Khamaat écouta ensuite attentivement Nemès lui décrire ce qu'elle avait pu apercevoir, la mine grave, et de plus en plus préoccupée au fil du récit de la Faucheuse. Lorsque cette dernière termina d'exposer la suite de son plan, la Sorcière hocha la tête en signe d'acquiescement
- Si le temps presse, il te faut alors réunir au plus vite les Lames... pour ma part, je tiens ma magie à ta disposition, tu le sais...
Lorsque Nemès s'assit par terre, Khamaat s'agenouilla à ses côtés, une boule de mana au creux de sa main qu'elle déposa sur l'épaule de son amie. Un sort pour soigner physiquement et un geste pour soutenir moralement, sans un mot...
Dans la Cité plongée dans la nuit, les deux tydales se sentaient épiées par une menace invisible... mais pour combien de temps ?
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Le Luang 24 Manhur 1510 à 23h59
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| Ambiance
Bien sûr qu'elle le peut.
Une voix s'éleva dans l'obscurité. Froid comme la mort, c'était le ton de Matroshka mais comme si de nouveau son changement prenait un autre visage. Celui de Matroshka avait perdu le peu de couleurs qu'elle avait eu récemment. Ses yeux rouges et quelques sillons de larmes mal séchées. Sortant du décor urbain, le visage pâle de la Voroshk fixait de ses iris les deux tydales. Une flamme parcourait toujours ses yeux, mais une flamme bleutée, comme un feu froid. Qu'il brûlait autant qu'il glaçait. Le contraste des chaleurs sous sa plus pure forme. Et un contraste de comportements tout aussi antagoniste.
Elle s'approcha lentement de ses deux soeurs, son bâton d'afflux pour seul bruit, troublant le silence qui régnait en maître sur les lieux. Si la sorcière pouvait faire peur parfois par sa bêtise, son enthousiasme débordant à massacrer ou sa puissance incontrôlable, là, elle dégageait une autre aura. Singulièrement troublante.
Jouer avec les éternités aveugles n'est pas chose aisée. Il y a des risques.
Mais vous êtes au-dessus de ça les filles, n'est-ce pas ?
La voix est nouée, anxieuse. Ses deux mains agrippent son bâton comme un vieillard pourrait le faire. Son regard se fige sur Khamaat. Elle s'approche et lui prend les mains.
Excellente manucure ma jeune apprentie. Ta formation est achevée.
Quant à elle, l'ancienne Mestre d'Utrynia pu sentir les doigts tremblant de Matroshka et surtout remarquer les ongles rongés jusqu'aux sangs à peine coagulé.
Elle se tourna vers la seule lame qui n'était pas devenue bête à cause du métal. Tout juste un peu plus folle que la moyenne. Mais qui, à cet instant, pouvait être qualifiée de folle entre la célèbre faucheuse et celle qui touchait le fond et creusait sa propre tombe à mains nues.
Enquête sur les sardoines terminée. Kaliss, Lot'hi et Erfuinn sont au courant. Retrouvons-nous demain soir en dehors de la ville, au même endroit où vous êtes partie il y a plus d'un an.
Un mot de pouvoir et la sorcière se volatilise aussitôt laissant derrière elle une pluie de cristaux bleutés entourant sa silhouette quelques instants. Le bruit du bâton s'éloigne et se noie dans un silence pesant.
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Le Matal 25 Manhur 1510 à 02h37
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| Alors que Khamaat s'apprêtait à répondre par l'affirmative à Nemès, une voix familière vint troubler le silence, cette voix... celle qui avait sacrifié de son temps pour lui apprendre ce qu'elle devait savoir en magie offensive !
En se retournant vers Matroshka Voroshk, elle ne put retenir la surprise à l'allure de celle qu'elle considérait comme son mentor, comme celle qui lui avait fait découvrir tout un pan de magie : le teint pâle, l'allure négligée, la mine fatiguée...
Mais où était celle qui traçait des chemins en forêt en carbonisant tout sur son passage ??? Où était celle qui, d'un éternuement explosif pouvait créer une clairière au plus profond des sous-bois ???
Lorsque l'ancienne Mestre Erudite lui prit les mains en la félicitant pour sa manucure, elle ne put s'empêcher de rétorquer, faussement gênée mais pas peu fière des "enseignements" précieux qu'elle avait reçu en la matière, et d'un ton enthousiaste
"Rhoo, c'est trois fois rien ! Figure toi qu'un nouveau produit, le kit "manumatri", est sorti sur le marché, je pensais que c'était de la camelote mais... ajouté au vernis "L'Orétydale, le vernis des sorcières tydales qui le valent bien", totalement ignifugé en cas de boule de feu...ça fait des mi-ra-cles !!!"
Bon... d'accord... le moment était très mal choisi. Khamaat s'interrompit, tout en notant les mains vieillies et laissées à l'abandon par leur propriétaire.
Hochant la tête aux paroles que la Sorcière ajoutait, Khamaat lui répondit à voix basse ces simples mots : J'y serai...
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Le Merakih 26 Manhur 1510 à 03h16
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Nemès resta silencieuse quelques instants, surprise par l'apparence de Matroshka... Si la sorcière n'avait rien perdu de son comportement plein d'assurance et de panache, en revanche son visage, sa tenue... elle semblait avoir pris vingt ans depuis la dernière fois où elle l'avait croisée!
La Faucheuse resta bouche bée, entre la surprise de voir la Voroshk dans cet état et la choc dû à sa rencontre avec le bidule qui avait failli lui bouffer le cerveau, il lui fallu un bon moment avant de réaliser ce qui venait de se dire : l'enquête sur les sardoines était terminée? Deux ans après son début... on allait peut être enfin pouvoir coincer ceux qui avaient assassiné Ylimidian et volé le Poinçon!
Le temps de réaliser tout cela, et la sorcière disparaissait déjà...
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- Heu... Ok... fut tout ce que fut capable de répondre la Faucheuse.
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Elle cligna des yeux plusieurs fois, prenant conscience qu'elle n'avait pas senti le lien qui unissait habituellement la Voroshk au Gynécée et à ses consoeurs...
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- Merde alors... laissa-t-elle échapper.
*** Nemès passa une main sur son crâne, rassemblant ses esprits, et se tourna vers Khamaat. ***
- On s'y colle?
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Le Merakih 26 Manhur 1510 à 23h24
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Nemès salua Kaliss d'un simple hochement de tête. Si les deux tydales avaient choisi d'opérer de nuit, c'était bien pour ne pas être dérangées dans leur exercice délicat.
Il semblait bien que le Tableau ait pourtant décidé de leur envoyer quelques éléments perturbateurs.
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- Si on devait écouter les Carias et leurs milliers de précautions, on serait en train de s'épiler tranquillement l'histoire de se faire belles pour le jour où la merde sur laquelle on est assise nous pètera à la gueule.
Il est hors de question que je reste les bras croisés à attendre les Rejetons, les Natifs, ou quelle que soit la prochaine calamité que la Tableau aura décidé de nous coller au cul.
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La voix était sèche. Non pas que Nemès n'ait d'amitié pour sa consoeur Faucheuse, mais évoquer le sujet de la précaution maladive des Carias lui donnait des boutons en ce moment...
La Maîtresse-Exécutrice en avait sa claque de cette supérieure qui restait bien confortablement protégée dans la cité à critiquer toutes ses initiatives, alors qu'elle parcourait Syfaria depuis des années pour traquer les ennemis du Matriarcat au péril de sa vie, réunir les Forces des Poussiéreux au prix de maints efforts, et sauver la race tydale coute que coute sans jamais recevoir le moindre "dhanya" de la part de Lot'hi...
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- Si je ne connaissais pas notre chère Carias depuis si longtemps, j'en croirait presque qu'elle a du sang Nemen dans les veine vu la manière dont aucune initiative ne semble lui convenir et à quel point elle semble simplement dans l'expectative de la Fin.
On n'a pas le temps d'attendre que ces dames se décident à se bouger le cul pour sauver le Matriarcat. Si elle ne veulent pas s'y mettre, nous, dit-elle avec un petit geste du menton vers Khamaat, on le sauvera malgré elles.
*** Nemès fit un pas vers Kaliss et posa une main sur son épaule. ***
- Ecoute liadha, on n'a plus le temps de se masturber le cerveau pour savoir si oui ou non il faut commencer à réfléchir à l'idée de réagir ou pas.
Le fait est là : y a un putain de truc qui n'attend que de nous bouffer qui est en train d'incuber là, ici, dans ta belle cité d'Utrynia. Les Exécutrices peuvent le percevoir et interagir avec ce bidule grâce à leur capacité de lire la Trame et d'accéder à la Réalité. Khamaat va maintenant tenter de voir si avec ses pouvoirs de sorcière elle peut voir cette chose aussi.
En fonction de ça, il faudra ensuite réunir toutes nos exécutrices et/ou toutes nos sorcières et lui éclater la tronche.
Si on ne le fait pas, cette chose va se développer, pervertir la cité, et on va se retrouver comme à Oriandre, avec une cité qui bouffe ses propres habitants. Pour l'instant ce bidule ne peut pas se matérialiser, mais je suis sûre que ce n'est qu'une question de temps...
Donc elle est bien belle notre Carias avec ses précautions, mais on n'a plus le temps pour ça.
T'en fais pas qu'on fait gaffe et qu'on en est au stade de l'analyse et non de l'action. On n'est pas là pour mettre Utrynia en danger comme se plait à le dire notre Carias au lieu de faire des propositions constructives, on est là pour sauver la cité.
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La Faucheuse lâcha l'épaule de son homologue sans pour autant la lâcher du regard.
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- A présent, s'il te plait, reste en retrait avec moi et laissons Khamaat faire oeuvre son travail, on discutera après.
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Le Vayang 28 Manhur 1510 à 01h12
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| Khamaat regardait successivement Nemès et Kaliss à mesure que chacune d'elles s'exprimaient. Confortablement adossée contre un des bâtiments de la ville, bras croisés, regardant de temps à autre ses ongles impeccablement vernis, la Sorcière attendait patiemment la fin de la joute verbale.
L'idée d'aller voir à quoi ressemblait la bestiole ne l'enchantait pas spécialement mais elle avait une confiance aveugle en Nemès. Quant au fait de ne pas tenir compte des consignes des Carias... même si elle ne faisait partie d'aucune hiérarchie, il n'en demeurait pas moins que le respect des supérieurs était ancré en elle.
Une fois que les deux Faucheuses lui laissèrent un moment pour s'exprimer, Khamaat toussota et sans regarder Nemès et Kaliss, lança
Bon... faudrait un peu vous mettre d'accord : si toi, Nemès, à qui j'accorde une confiance absolue, et si toi Kaliss, qui relaie les directives des supérieures, vous me donnez des consignes différentes, que faire ???
Mettez vous d'accord une bonne fois pour toute... personnellement, je n'ai pas de poste à charge, j'ai tout mon temps pour que vous trouviez quoi faire... mais malgré le fait que je me sois quelque peu isolée, il n'en demeure pas moins que je reste fidèle à mes amies, telles que toi, Nemès, et que mon respect de la hiérarchie, même si je ne comprends pas toujours leurs décisions, Kaliss, reste intact.
Khamaat se tut, s'intéressant au ciel étoilé, attendant la suite qu'allaient donner les Faucheuses...
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