*** C’était à Utrynia pendant l’après midi, j’étais assise sur le rebord d’un passage surélevé ne comprenant qu’à moitié ce que venait de m’annoncer la créature. Je ne la voyais pas correctement, en effet j’étais atteins de cécité depuis ma tendre enfance. Une cécité partielle certes mais plus qu' handicapante.
Je percevais les contours d’une manière particulière. Le fond était blanc suivant la lumière et les détails étaient inexistants. Je voyais partiellement les contours et c’était tout, voilà ce qui tira mon existence vers le bas pendant près de dix-neuf années. La volonté de me rendre utile malgré tout donna naissance assez tôt à une petite tydale et la voie des armes si longtemps suivis par mon exécutrice de mère et qui m’étais prédestinée fut mise en suspens pendant un long moment.
Mais j’étais là maintenant, tenant dans ma main la petite forme qui parlait dans mon esprit. Son débit de parole était très élevé malgré sa petite taille. Il venait de m’expliquer la symbiose dans les grandes lignes avec certain effets qu’il ignorait lui-même, et il le reconnaissait.
Je tenais peut être la ma chance, une chance de devenir différente et sans doute utile. ***
dit :
… Et donc tu peux discuter avec tout les symbiosés grâce à la télépathie comme tu viens de le faire. Nous somme maintenant tous deux télépathes ma jeune symbiosé.***
Mais quelque chose m’obsédait tellement que je n’écoutais même plus Cody. Je ne réussis même pas à retenir ma langue qui se délaya toute seule. ***
Peux-tu m’envoyer des images en plus des sons, peux-tu m’envoyer ce que tu vois ?
*** Le mou mit directement la demande à exécution et c’est alors que je fus submergée par un torrent de couleurs et de lumières, de détails et de perspectives. Je me voyais pour la première fois, assise en face de celui qui me regardait. Il y avait la quelque chose d’irréel. C’était tellement de choses, c’était tellement espéré.
Sans attendre je fis pivoter ma main pour positionner Cody face au marché. ***
Peux-tu recommencer ?
*** C’est alors que je la vis, la place du marché ou j’avais passé une bonne partie de mon temps. Elle était magnifique, tout était magnifique, ce mou était magnifique. Les larmes me montèrent aux yeux, un rêve devenait réalité. ***
dit :
Hé ca va pas ?*** Je m’essuyais les yeux d’un revers de manche, cachant très difficilement mes émotions. Il fallut quelques minutes pour retrouver un état calme. ***
Tu es une des meilleurs choses qu’il me soit arrivé. Avant de te connaître j’étais aveugle et sans but. Maintenant tout est différent. Je…Tu veux bien être mes yeux ?
***
Impossible de voir ce qu’il se dessinait sur le visage du mou, même s’il était possible qu’il n’en n’ait même pas. ***
dit :Je veux bien essayer mais ca ne va pas être de la tarte. Ça va demander un grand temps d’adaptation et ce n’est même pas dit que tu arrives à te repérer correctement. Il faudra que je sois toujours prêt de toi, prêt de ton visage au mieux. Tant que ca ne demande pas trop de coordination ca devrait aller je suppose, que veux-tu faire ?
*** Je pris une profonde inspiration. La tydale Nemes m’attendait à la sortie de la ville pour l’évacuation, c’était mon test apparemment… Je pris appuie sur mes jambes et me leva tout en gardant une main sur le rebord. Une vieille habitude. Le mou attendait toujours la réponse, posé au creux de ma main. ***
Je veux danser.
