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Le Luang 26 Marigar 1512 à 10h46
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 | *** Alhia Garance, le soleil-noir, parcourt les allées de la bibliothèque. Noire, elle l'est, de peau comme de soutane.
Sadr, l'enfant-nuit, est assise à une table. Son teint de craie et sa tenue pâle la distinguent de ses paires, généralement moins austères.
Les deux medium, l'une confirmée et l'autre impétrante, sont venues travailler sur d'anciennes cartes. Elles œuvrent conjointement à l'établissement d'un thème astral, commandé par un manüsh intermédiaire, au profit d'une riche marchande. Cette dernière souhaite rester anonyme et de fait, les liadha's n'ont que faire de son nom. En théorie, seule la carte céleste précise du moment de sa naissance leur importe. En pratique, une bonne compréhension de ce qu'il advient aujourd'hui de la marchande passe forcément par une étude fine de son existence... tant le ciel a changé, au cours des grandes étapes de sa vie. Les étoiles bougent et dans ce contexte, les changements prévalent sur les états. ***
Nous y sommes. Sadr ? Prends ce catalogue. J'emporte le bréviaire céleste de l'année 1474. Nous reviendrons chercher les autres au fur et à mesure, sinon, la table croulera sous leur poids ! J'étudierai la dynamique initiale, tu te chargeras des premières tendances. Alice passera en cours de journée, elle nous donnera les informations dont nous manquons sur la cliente.
*** L'enfant-nuit demande, à voix basse ***
- Elle veut rester anonyme ? C'est stupide. Lorsque nous aurons établi son thème, nous la connaitrons mieux qu'elle-même...
- C'est ainsi. La cliente est reine. Plus prosaïquement, ce sont les éléments d'informations liés à sa vie qui devraient nous révéler son nom. Et rapidement. Son désir d'anonymat ne tiendra donc qu'une demi-journée. Par conséquent ?
- Nous nous tairons.
*** Les deux tydales posent leurs documents sur une table et s'y assoient sans bruit.
L'ainée reprend : ***
- Tu as ta toise, j'imagine. Sors-la. Je veux que tu prennes l'habitude de t'en servir.
- Très bien.
*** Les cartes sont étalées. Sadr prend celle du matin, relevée dans les lueurs de l'aube, le jour même de la naissance de la marchande. Elle commence à l'étudier, son précieux outil courant sur le vélin.
Une demi-heure plus tard, sa mentor lui souffle : ***
Pense à voix haute. Je veux entendre ce que tu vois.
*** Un temps, puis ***
La carte présente... douze constellations. Selon l'éclat des étoiles concernées, je vois, par ordre décroissant d'influence :
Le Ferrant, La Chasseresse, le Tourment, l’Éminence, l'Aiguille, l'Engrenage, la Comète, le Tyran, l'Abîme, l'Astrologue, le Chariot et l'Impatience.
*** Alhia Garance pointe une zone ***
Et là ?
*** La sibylle murmure : ***
- Cela ressemble au Chêne. Mais l'une de ses étoiles appartient au Tyran. Ce dernier s'impose, donc : plus de Chêne.
- C'est souvent vrai, mais... ne précipite rien. Attends de connaître la carte suivante pour établir des hiérarchies définitives. Quand tu détermineras les changements, n'oublie pas :
Les transformations prévalent sur les figures.
Horoscope de Jayar
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Le Sukra 28 Astawir 1512 à 01h47
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| *** Au terme d'une journée de travail, lors que les deux pythies se retrouvent dans le bureau d'Alhia, cette dernière demande à l'enfant-nuit : ***
- Où en es-tu dans tes démarches, Sadr ?
- Je suis ton élève, liadha Garance. Mon diplôme n'attend que ton bon vouloir.
- Tu l'as, ton diplôme. J'attends simplement que tes sœurs symbiosées reconnaissent ta valeur. Je fais cela pour faciliter ton... intégration.
*** La sibylle sort un tube à parchemin de son ample robe, puis en étale le contenu. Elle dit : ***
- Voici trois horoscopes, Soleil noir. Ils concernent les mois de Marigar, d'Astawir et de Manhurr.
*** Intriguée, l'ainée demande : ***
- Je connais ce travail. Pourquoi me l'exposes-tu de nouveau ?
- Parce qu'il t'intéresse.
- Certes. Mais ne crois-tu pas qu'il devrait plutôt intéresser le Gynécée ? Ce sont les savantes, les érudites et les astrologues symbiosées qui désormais, doivent te jauger.
*** D'un geste lent, Sadr range ses parchemins dans leur étui. ***
- Alors, élève je suis, élève je resterai.
- Pourquoi ?
- Parce que les savantes, les érudites et les astrologues symbiosées dont tu me parles n'ont que faire de mon travail. Pour une raison qui m'échappe absolument, la course des étoiles ne les inspire guère. Seules les retombées matérielles et pratiques de nos sciences - sortilèges, enchantements, langues, pédagogie - animent parfois leur triste aréopage. Une dénommée Orphèle a bien lancé des études intéressantes, mais cette personne n'est plus. Dès lors, je dois me rendre à l'évidence : personne n'entend me jauger, encore moins me promouvoir.
*** Un ange passe. Le Soleil noir joint ses mains, pose son menton sur le bout de ses doigts. ***
- Tu n'as donc pas d'interlocutrice dotée d'un tant soit peu de... spiritualité, parmi les membres du Gynécée ?
- Non.
*** L'astrologue fait grise mine, sa voix se durcit ***
- Il aurait mieux valu qu'aucun mou ne te trouve, si cela t'impose un isolement intellectuel parfaitement immérité. C'est à croire que le Déclin ne s'en prend pas qu'au vagin. Je vais faire le nécessaire pour qu'à défaut d'être entendue, tu sois reconnue. Tu n'en seras pas moins seule, je le crains.
- La solitude ne m'est rien.
- Je veux bien te croire, mais ce n'est pas bon : une savante, quel que soit son domaine d'étude, ne peut progresser sans se confronter aux autres. Peut-être devrais-tu...
- Partir ?
*** Hésitation... puis : ***
- Oui. Melancholia m'a parlé de ton projet de vie nomade. Elle m'a dit, à ton endroit : nulle n'est prophète en son pays. Cette idée m'est d'abord apparue suicidaire. Maintenant, compte tenu de ce que tu m'apprends... c'est différent. Quand penses-tu quitter la ville ?
- Quand je serai Astrologue. Sans quoi, cela n'aura aucun sens.
*** Alhia Garance acquiesce ***
- Bien sûr.
*** D'une voix triste. Résignée. ***
- Je m'en occupe.
Horoscope de Jayar
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