*** La première partie de la pièce était tout en longueur. Au prime abord elle renvoyait la même impression de froideur que la majorité des constructions de Kryg. La pierre terne avec laquelle avait été construite le cité y était pour beaucoup. Mais, ici, on était à l’épicentre de la survie du Matriarcat, celle qui portait le mieux le nom donné au bâtiment. Toutes les nourrices qui travaillaient là, avaient été triées sur le volet.
De chaque coté, de petites alcôves, telles des alvéoles, séparées les unes des autres par de fins murets, donnaient accès aux berceaux des enfants nés récemment. Chaque génitrice, pouvait si elle le désirait, venir voir son enfant et s’en occuper.

Les nourrices allaient et venaient, infatigables. Naviguant des chariots de soins jusqu’au nouveau-nés. Les changeant, les nourrissant et leur donnant les soins nécessaires.
Des gazouillis joyeux, des cris de colère et le son cristallin des premiers rires résonnaient dans la pièce.
La soignante entra et salua respectueusement les nourrices.
Elle venait plusieurs fois par jour, prendre soin de sa fille. Ce jour là en pénétrant dans l’alvéole qui lui était réservée, la petite Salarah avait les yeux écarquillés et la bouche qui criait famine. Galacta la prit dans ses bras et pour la calmer, sortit de l’alvéole, elle se mit à marcher le long de l’allée centrale. Au bout de celle-ci s’ouvrait perpendiculairement une pièce de taille raisonnable où ; ça et là étaient entreposés quelques fauteuils bas, quelques tables et divers petits meubles.
Galacta attira un des fauteuils et s’assit. Elle déboutonna son haut et goulûment, Salarah happa son sein. Tout en tétant, elle poussait de petits grognements de contentement. Le regard de la soignante balaya la pièce.
Elle se dit que l’endroit serait approprié, après un léger aménagement, à un projet qui lui tenait à cœur, depuis la récente apparition intempestive de lunes de Fiel au sein même de Kryg.
Sécuriser les enfants et se réunir entre Liadhas qui avaient choisi d’élever leur enfant, afin de comparer leurs points de vue et partager leur expérience commune.
Avec très peu d’arrangement on pouvait organiser la salle de manière à faire faire leurs premiers pas aux enfants, la ville étant devenue trop dangereuse. On pouvait également installer une grande pierre d’ardoise pour l’écriture, avec l’aide de quelques-unes elle récupérerait facilement divers tissus et textures afin de développer le sens tactile des enfants.

Elle changea Salarah de sein et se mit à imaginer la salle une fois aménagée.
Mais il fallait en priorité demander son avis à la Caria. Cette dernière en voyage, il ne fallait pas bouleverser les habitudes ancestrales de l’endroit avant d’avoir son aval.

***

*** La petite Salarah était repue Un rôt très mignon se fit entendre, elle commençait à digérer.
Galacta la posa un instant sur la table basse et se reboutonna. Elle reprenait la petite dans ses bras quand le message lui parvint, il émanait de la Caria.
***

*** Toute ravie que son idée ait séduit la Caria, Galacta s’en alla trouver Jyahma, la vieille nourrice expérimentée, afin de connaître également son avis et savoir l’aide que cette dernière pourrait lui apporter dans la tâche qu’elle s’était fixée. Elle pensa à haute voix :

Si les autres Liadhas s’impliquent, l’endroit pourrait être unique.

Elle était sortie de l’Alvéole et se dirigeait vers la salle dans laquelle Jyahma pratiquait ses consultations. Elle fit un détour par la porte d’entrée, à sa demande la garde avait bien été renforcée. Elle s’entretint avec les guerrières qui lui confirmèrent que d’autres créatures étaient encore apparues récemment en plein milieu de la ville. Comme par Magie !
Elle traversa la grande pièce centrale, monta l’escalier qui donnait accès aux salles de consultations et frappa à la porte de Jyahma.
***

*** Pour toute réponse, la vieille nourrice lui fit un grand sourire et l’invita à s’asseoir.
Elle avait l’air fatiguée voire un peu dépitée. Galacta entra directement dans le vif du sujet.
***

*** Toute la fatigue, et ce semblant de lassitude, s’était envolée d’un coup du visage de Jyahma. ***

*** La jeune soignante se leva et prit congé. ***

*** C’était déjà le troisième voyage qu’elle faisait, mais tout était là !
Cartons, caisses, empilement de tissus bigarrés et divers matériaux. Elle avait, avec l’aide de Jyahma, tout transporter jusqu’à ‘Alvéole.

La petite Salarah, l’air ravie, trônait sur un petit amas de tissu. Gazouillant joyeusement, elle avait entreprit de se faire les dents sur un hochet en bois.

Galacta commença à mettre en place les meubles.
Avec l’aide de Jyahma, elles déroulèrent trois grand tapis de bonne épaisseur, sur lesquelles, elles placèrent des tables basses. elle disposèrent autour, des chaises faites à échelle réduite, par un ébéniste de la ville, pour s’adapter aux enfants.
Sur le mur du fond elle adossa, avec l’aide de Jyahma, la grande ardoise, encadrée d’une moulure en bois. Elle la fixa dans les interstices du mur avec de grosses pointes en fer.
Impossible qu’elle se décroche, ainsi attaché.
***

*** Les deux soignantes entreprirent d’installer dans un des coins de la pièce, un espace fait d’épais coussins posés à même le sol. Les Liadhas pourraient y allaiter tranquillement.
Elle tendirent un voilage autour de l’espace, apportant un peu plus d’intimité à l’endroit.

Dans une des grandes armoires qui occupait la pièce, Galacta entreposa les divers cuirs, tissus et matériaux qu’elle voulait faire découvrir aux enfants. Il valait mieux les protéger de la poussière, les enfants ayant l’habitude de tout mettre à la bouche.

Sur le mur opposé, une petite bibliothèque en bois clair, présentait des étagères désespérément vides. Il allait falloir remédier à ce problème.
La Soignante avait une idée assez claire de ce qu‘elle voulait faire découvrir aux autres Liadhas et à leurs enfants. Il allait falloir qu’elle se rende aux Miettes du tableau pour essayer d’obtenir quelques livres. La tâche ne serait pas aisée, la Mémoire du tableau, n’autorisait pas facilement la sortie de livres de la bibliothèque.
Galacta récupéra Salarah, qui commençait à grogner.
Pourquoi ce hochet ne revenait pas tout seul quand elle le lançait ?

Une fois dans les bras de sa mère, la petite se calma. Toutes deux étrennèrent le petit coin allaitement. Une fois repue, Galacta remis Salarah dans son berceau, au sein de la Ruche, sous la surveillance des autres nourrices.
Si elle arrivait à obtenir ces livres, elle pourrait officiellement ouvrir l’Alvéole.
Avant de sortir elle regarda l’ensemble de ce qui était déjà en place. Elles avaient bien travaillé. Avec amusement, elle surpris Jyahma qui, un bout de calcaire à la main avait dessiné un très joli papillon sur le tableau.
***

*** Triomphalement, Galacta pénétra dans l’Alvéole, ses trois précieux ouvrages sous le bras.
Elle avait maintenant tous les éléments pour ouvrir officiellement.
La Mémoire du Tableau avait été difficile à convaincre mais la Soignante y était parvenu.

Assises avec Jyahma à l‘une des tables elles firent le point.
La soignante avait étalé le grand parchemin qui avait semé le doute chez Miesht’hé et cochait consciencieusement les étapes remplies et les fournitures stockées ici.
Les deux soignantes échangèrent quelques propos. ***

*** Déjà, la vieille soignante quittait la pièce pour aller donner ses instructions.
Restée seule, Galacta rêveuse, imaginait la pièce emplie d’enfants ayant soifs de connaissances. Elle espérait profondément que ses sœurs viendraient en nombre découvrir l’endroit.
***

*** Galacta était passée chercher Salarah.
Comme à son habitude, la petite l’avait accueilli avec de grands cris de joie, rebondissant sur son postérieur en signe de bienvenue. Toutes deux avaient partagé ce précieux instant, qu’est la tétée. La promenade digestive les avait mené au bout du couloir, là où se situait l’entrée de l’Alvéole.
Assise sur l’une des chaises, destinée aux enfants, une frêle silhouette lui tournait le dos. ***

*** Salarah avait devancé sa mère dans l’accueil de la visiteuse.
Surprise, la jeune Tydale s’était retournée précipitamment tout en essayant de se lever.
Elle se prit les pieds dans la chaise, tangua dangereusement et réussie in-extremis à retrouver son équilibre. ***

*** Intriguée par cette nouvelle tête qu’elle ne connaissait pas, Salarah ne lâchait pas la Tydale du regard lui adressant des petits cris interrogatifs. ***

*** La Copiste expliqua à Galacta que Miesht’hé lui avait laissé quelques heures de disponibles et qu’elle serait heureuse de participer au projet. ***

*** Cet après midi là, Dwen arriva à la Ruche en compagnie de Mirwen.
Ils étaient partis de son atelier au Thé des Cieux et étaient passés à sa maison pour prendre les jumeaux au passage. Les deux bébés, bien grandies à présent, avaient aussitôt déployé leur arsenal de séduction dès que Mirwen s'approcha d'eux. Elle eut le droit à la palette de sourires irrésistibles, paroles incompréhensibles, gazouillis et invitation à jouer.
Elles semblaient l'avoir adoptée au premier regard, autant Ceren qu' Adrilath, et c'est tout naturellement que le jeune artisan la laissa mener le Landau qu'il avait fabriqué spécialement pour les longues promenades. ***

*** Elles furent guidées ensuite jusqu'à la partie de la ruche qui habritait l'Alvéole et attendirent l'arrivée de Galacta pour la visite. ***

*** Mirwen avait découvert avec joie Ceren et Adrilath, elle les avait trouvées magnifiques, et les avait tour à tour prises dans ses bras pour leur plus grand bonheur puis avec Dwen ils partirent en direction de la Ruche ***

*** Puis elle prit Adrilath qui baillait dans ses bras, ce qui eu pour effet de la faire gazouiller joyeusement sous le sourire de Dwen ***

*** Galacta accueilli ses visiteurs avec entrain. Mirwen et Dwen semblaient s’entendre à ravir.
Elle leur présenta Celyane, qui était en train d’apprendre les rudiments de l’alphabet à Salarah.
***

*** Avec de grands yeux impatients, les enfants parcouraient l’Alvéole.
***

*** Dwen regardait autour de lui presqu' aussi émerveillé que les jeunes jumeaux. ***

*** Ceren et Adrilath n'avait pas attendu l'avis de leurs ainées pour marcher à quatres pattes vers les deux autres occupants de la pièce, Celyane et Salarah. ***

*** Mirwen salua Celyane, puis se dirigea vers Salarah qui quand elle la vit la salua par des petits cris d'impatience, la prit dans ses bras avant de la reposer à sa place. ***