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Le Matal 21 Saptawarar 1510 à 20h34
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| *** Roulée en boule, au pied d'un mur, derrière la mairie, un petit nuage de brouillard sanglotait doucement.
Sous la brume, du sang, sous le sang, une sang-âme plus perdue que jamais.
Affolée, apeurée, elle pleurait et ses larmes abondantes nettoyaient à peine le sang et la boue sur ses joues, s'insinuaient dans les écorchures.
Animal effrayé, la Sang-Âme cachait ses yeux et ses oreilles de ses mains, pour ne pas voir, ne pas entendre, mais l'horreur était toujours là, en elle, derrière ses mains, dans son esprit, et refusait obstinément de s'en aller.
Elle se berçait doucement, en murmurant d'une voix ténue, angoissée, brisée par les sanglots, une berceuse de la Ruche. ***
Shyama,
Sombre comme un Nuage
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Le Matal 21 Saptawarar 1510 à 22h06
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| *** La boule se recroquevilla encore plus, se protégeant sous ses bras, et refusant toujours obstinément d"ouvrir les yeux. ***
Non, non, non, non, non, non......
Pas les mains, pas toucher.....
Non, non, non, non, non, non......
Pitié...
Shyama,
Sombre comme un Nuage
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Le Vayang 24 Saptawarar 1510 à 14h28
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| *** Trop de monde.... Trop de voix....
La Sang-Âme tira sa couverture de brume sur elle, mais les voix, les présences étaient toujours là. On la touchait....
N'y tenant plus, elle rampa un peu dans la boue, puis pris ses jambes à son cou et s'enfuit en direction de la corporation des artisans, instinctivement.
Une fois la porte poussée, la Sang-Âme plus échevelée et affolée que jamais, se dirigea à l'odeur et se retrouva dans la forge de l'Orfèvre des Lames de Kryg.... Là, elle se roula à nouveau en boule, au coin de la forge, reniflant avec bonheur l'odeur enivrante de la forge et se délectant de la musique rassurante du métal battu.
Un peu rassurée, un sommeil réparateur vint enfin s'abattre sur elle. ***
Shyama,
Sombre comme un Nuage
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Le Dhiwara 26 Saptawarar 1510 à 15h56
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| *** La Maîtresse Artisane finit par se réveiller.
Personne n'avait osé la réveiller. Peur de la réaction d'une folle, d'une supérieure hiérarchique, considération pour la pauvre hère ?
Quelques égratignures parsemaient toujours son corps douloureux, mais rien de bien méchant.
Des blessures insignifiantes comparées à celles de son cœur toujours meurtri, qu'un simple sommeil ne savait réparer.... Elles décida de ne pas user du Flux pour les soigner, pour continuer à afficher sur son corps la douleur de son âme.
Lentement, elle se déplia, s'étira, redevenant, de boule trouble et bleutée, un fantôme sombre à forme tydale.
L'odeur du feu et du métal travaillé chatouillait doucement ses narines, lui rappelant ce qu'elle était.
Pas seulement un corps douloureux. Des muscles habitués à manier le marteau, à frapper le métal avec force et tendresse.
Pas seulement des mains ankylosées et crispées par un souvenir, des doigts habiles, habitués à graver les métaux précieux et à tisser des fils de mana.
Pas seulement un cœur désespéré de fille orpheline, un être amoureux de la Beauté, habitué à s'en laisser pénétrer par toutes les pores, s'en laisser porter sans la moindre résistance sur les vagues de ses émotions.
Pas seulement un embrouillamini d'âmes traumatisées, un fol tourbillon d'idées délirantes, de savoirs altérés, de soif de découvertes.
Elle se découvrait nouvelle.
Plus folle encore, Poussière passée par la Poussière, trépanée par le Néant qui l'avait voulu aspirer.
Pleine d'un nouveau sentiment, jusqu'alors inconnu, et dont savourait l'amère saveur aux goûts d'interdits.... le désir de vengeance....
Après avoir déplié et défroissé ainsi corps, membres, cœur et âmes, elle se dirigea, fantôme bleuté et inexpressif, vers la sortie de la corporation des artisans.
Le Nuage était de retour. Le Nuage repartait, à la fois la même et nouvelle. Et son nouveau point de départ était sa nouvelle forge, l'Akashyama. ***
Shyama,
Sombre comme un Nuage
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