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Le Merakih 6 Otalir 1510 à 20h25
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 | *** La Carias leva un sourcil a la vue du plateau judicieusement garni.
Visiblement Zynia avait un don caché pour une certaine diplomatie...
Mais l'heure était a l'œuvre de l'Art, pas a la gourmandise. ***
Aka's hajar, ma sœur.
Ce plateau accompagnera parfaitement le thé de Zarlif qui arrivera dans un instant.
*** Elle fit un geste de la main vers le confortable siège qui lui faisait face. ***
Je t'en prie, mets toi a l'aise.
*** Aënola s'installa également et garda soigneusement dans un tiroir les esquisses du Tableau que les Astrologues venaient de lui remettre.
Un vieil inapte gratta a la porte, entra en silence et leur servit deux tasses fumantes et parfumées.
Un fois la porte refermée, la Carias de l'art continua. ***
Quels sont tes projets?
*** Elle avait dit cela sur un ton anodin, ce que contredisait curieusement le regard profond de l'érudite. *** | |
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Le Merakih 6 Otalir 1510 à 23h24
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| L'alchimiste ne put retenir une petite surprise.
Tu as encore du thé de Zarlif? Sais-tu s'ils ont produisent toujours dans les environs?
Puis, Zynia s'assit à l'invitation de sa supérieure. Une fois le thé arrivé, elle précisa, avisant le plateau de friandises:
Sers-toi ! Je les ai fait ce matin. Ils sont tout frais. A la cannelle, puisque nous sommes en automne.
La discussion s’orientant ensuite sur le sujet qui l’avait amenée à frapper à la porte de la Caria de l’art, Zynia s’éclaircit la voix et entama son discours explicatif.
Je ne reviens pas sur ce que j’ai déjà évoqué par télépathie.
Mais Utrynia a livré des enseignements. Nous n’étions pas suffisamment organisées. Personne ne savait réellement comment empoigner le problème. Personne n’en assurait le suivi. Tout le monde a tenté quelque chose, mais de manière désordonnée. Nemès et Khamaat ont découvert ce que nous aurions du savoir depuis longtemps et ont ensuite laissé d’autres prendre la suite. Kaliss a voulu accomplir son devoir de Mestre de la cité, mais les préparatifs ont débuté trop tard. Matroshka a connu une période noire au bien mauvais moment. Et je n’ai pas su apporter les éléments qui auraient permis de sauver Utrynia. J’ai essayé. Mais sans doute trop tard également. Par ailleurs, nous avons été trop cloisonnées. Les informations reçues des autres factions ne nous ont pas toujours été communiquées, du moins dans les temps. Cela nous a fait perdre un temps précieux.
En résumé, personne n’a pris réellement les choses en mains. Personne n’a été investi de cette mission. Personne ne s’est senti véritablement investi de cette mission. Personne n’a été soutenu dans cette mission non plus. En conséquence de quoi nous sommes parties au combat contre les effluves incarnées, comme emportées par le tourbillon de notre demi connaissance. Et cela nous a perdues quand bien même nous avons triomphé dans le combat proprement dit.
Ce que j’aimerais maintenant ? Tout d’abord qu’un tel désastre ne se reproduise plus. Et, même s’il n’y a pas nécessairement un lien de cause à effet, je pense qu’il est souhaitable d’avoir une Mestre érudite symbiosée. Cela peut être moi. Si quelqu’un d’autre désire le poste, soit. Si on pense faire mieux que moi, il n’y a pas de problème de mon côté. On pourra sans doute faire mieux que moi. Mais il importe surtout à mon sens de faire quelque chose.
Plus concrètement, j’imagine faire évoluer la situation ainsi.
Les lames non symbiosées sont mandées et sont employées par les symbiosées pour toutes les missions de garde. Le genre de mission qu’une symbiosée aura de la peine à effectuer à long terme. Il convient qu’il en soit de même chez les érudites. Les tâches de veille d’information devraient pouvoir leur être confiées. Cela a été le cas en partie lors de la corruption d’Utrynia. Et cela a bien fonctionné. Il faudrait étendre le système à d’autres thèmes : le suivi de la trame de Kryg, la recherche ponctuelle dans les archives, l’observation des étoiles, etc. Et toute anomalie pourrait nous être communiquée.
S’agissant des symbiosées, je crois qu’il faut responsabiliser les personnes au bien commun. Du moins, j’espère que cela apportera quelque chose. Et que l’on arrête de cacher des informations utiles à la prise de décision, estimant que cela n’est pas du ressort de certaines symbiosées. Cela a été le cas concernant Utrynia.
Je prévois donc, si je devais devenir Mestre érudite, de solliciter davantage l’avis des érudites symbiosées lorsqu’un problème nous sera soumis de quelconque façon qu’il le soit.
A mon avis, si, en responsabilisant les personnes ainsi, nous n’obtenons pas davantage de participation, nous n’en obtiendrons en aucun cas. Et seules nous ne sommes rien. Ce n’est en définitive qu’associées que nous pouvons créer et réaliser de grandes choses.
A ce titre, l’initiative de la Maîtresse artisane me paraît intéressante. Certes, le nom donné à son projet « les croutons » peut apparaître comme saugrenu, mais la perspective de pouvoir créer une sorte de laboratoire multiple rassemblant des tydales de tous les métiers et favorisant l’invention et la transdisciplinarité me semble à favoriser. Je m’y associerai lorsque mes moyens me le permettront.
Voilà quel fut le discours de l’alchimiste. A son terme, elle se tut et attendit que son interlocutrice reprenne la parole.
Zynia Mestre érudite, Maître Alchimiste | |
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Le Vayang 8 Otalir 1510 à 16h44
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| *** Le Tableau était sombre...très sombre pensa l'érudite en songeant aux cités disparues. ***
Je ne sais pas Zynia, ce sont là les dernières réserves que nous avions a Utrynia.
*** Elle écouta attentivement la Distilleuse, l'ensemble était encore un peu confus mais des idées fort intéressantes semblaient s'en dégager. ***
L'idée du Nuage est bonne, tu as raison, même si certaines de nos sœurs ont parfois du mal a l'appréhender.
Les desseins du Tableau sont souvent impénétrables...
*** Pause songeuse, douceurs et volutes de thé. ***
Une Mestre érudite se doit d'obtenir l'appui légitime et inconditionnel de ses sœurs de l'Art.
Cela passe par des projets concrets pour toutes, symbiosées ou non. Les solliciter dans les moments de doute ne suffira pas a les convaincre...Ni a me convaincre.
C'est pourquoi j'aimerais que tu me dévoiles un peu plus tes idées et projets. | |
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Le Vayang 8 Otalir 1510 à 18h06
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| L’alchimiste ne put réprimer un sourire.
Shyama n’est pas facile à suivre, c’est certain. Et cela prend toujours un certain temps pour décoder ce qui sort de sa bouche. Et je ne te dis pas ce que j’ai pensé lorsque, quelques jours après ma symbiose, j’ai reçu un message de sa part en réponse à une demande télépathique de ma part. Mais, en prenant du temps, on comprend mieux. Et puis l’oreille s’y fait aussi.
Et dans le cas présent, elle vise à faire travailler les différentes spécialistes dans un même bâtiment, offrir leur concours pour développer un objet en commun. L’inventivité. La créativité est une chose importante dans notre monde. Elle implique l’adaptation aux changements. Mais elle consacre essentiellement l’invention de choses nouvelles pour favoriser la survivance de la faction jusqu’au terme du Tableau. Il est fondamental de développer de nouveaux savoirs. Dans le cas contraire, nous risquons de ne pas assister à la fin du Tableau.
Une pause se marqua ensuite, un gâteau disparut, puis le discours reprit.
Que j’obtienne une forte légitimité… Une forte légitimité pourrait s’asseoir sur une réalisation hors du commun. Cela aurait pu être le cas, si Utrynia avait été sauvée.
Pour ma part, je ne puis que proposer une implication plus forte et plus construite dans les prises de décision, pour autant que je sois moi-même consultée, de même qu’une plus grande visibilité dans le travail quotidien. Inciter les érudites à participer activement aux « Croutons » et par-là même donner l’opportunité de créer et de développer son art respectif tout en favorisant dans le même temps celui d’autrui ne saurait être récupéré sous une forme électorale quelconque. Le mérite de la mise sur pied de cette idée de laboratoire ne m’appartient pas.
Par contre, je crois à l’idée de la transdisciplinarité. Nous savons que toutes sont importantes en soi parce qu’ayant développé un savoir propre. Ces connaissances mises en interaction doivent pouvoir permettre d’aller plus loin dans les découvertes et la notion de progrès. On pourrait imaginer aussi des séances participatives au cours desquelles les érudites échangeraient au sujet de leurs préoccupations à résoudre un problème précis, énonceraient un procédé de recherche requérant une aide ponctuelle, informeraient sur l’avancement de leurs travaux.
Comme je l’ai dit, cela peut être moi, cela peut être une autre. Mais une symbiosée devrait occuper le poste. Une décision en votation me paraît empreinte de tout le verni de légitimité démocratique.
Zynia Mestre érudite, Maître Alchimiste | |
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