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La tête dans les étoiles

Bon même s'il y a un plafond entre les deux...
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Sujet lancé par Matroshka Voroshk
Le 02-11-1510 à 00h02
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Posté par Kaelianne Foha,
Le 17-03-1512 à 21h17
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Matroshka Voroshk

Le Matal 2 Nohanur 1510 à 00h02

 
Entre deux cours, la Voroshk s'autorisait quelques pauses pour glandouiller ici et là, mettant à profit son talent naturel pour la feignantise et la paresse pour occuper ses journées de repos. Et ça reposait dur, c'était le moins qu'on puisse dire. Mais une fois n'est pas coutume, et aussi pour justifier son nouveau poste, la sorcière prit une nouvelle fois la direction des Miettes du Tableau cette fois en tant qu'élève dissipée et avide de Savoir.

Une nouvelle fois pour apprendre, découvrir et comprendre ce qui l'entourait. Il y avait tant à connaître et elle savait que certaines réponses ne se trouvaient pas aussi simplement qu'en cherchant dans une pile de vieux bouquins poussérieux ou en disséquant une énième bestiole. Il fallait lever le nez, ouvrir les yeux et les oreilles. Plus généralement ouvrir son esprit.

Matroshka s'avança dans les Miettes presque par réflexe qu'autre chose. Les yeux fermés elle pourrait y aller. C'était sa maison. Elle prit l'escalier en colimaçon qui menait à l'étage, notamment aux salles d'astrologies. Dans le couloir, l'apprentie sorcière cherchait sur les portes une indication mais c'est une érudite qui la guida vers le bureau de l'astrologue.

La Voroshk frappa trois fois à la porte, attendit un peu et ouvrit.


Hajar hajar, je suis Matroshka Voroshk, c'est Miest'hé qui m'a conseillé de vous voir. Puis-je entrer ?


 
Matroshka Voroshk

Le Dhiwara 21 Nohanur 1510 à 20h00

 
**Plusieurs jours plus tard**

Apparemment, elle voulait la voir. La nouvelle Mestre Erudite avait dit qu'une des astrologues voulait la voir, probablement pour lui apprendre le métier. Sourire en coin pour la Voroshk soulagée à l'idée d'avoir une nouvelle mentor dans son apprentissage chaotique.

Elle avait pu lire quelques ouvrages à ses heures perdues mais beaucoup de termes restaient encore flous, des principes demeuraient hermétiques et des explications la laissaient perplexe. Rien ne valait un professeur, l'expérience et le vécu en chair et en os plutôt que la froideur classique d'un bouquin poussiéreux.

Alors une nouvelle fois, l'astrologue en herbe grimpait les marches de l'escalier intérieur des Miettes pour se rendre au bureau de la Farkadaïn. Devant la porte, la brune tapota trois fois.


Ya quelqu'un ?


 
Alifa Farkadaïn

Le Luang 22 Nohanur 1510 à 15h32

 
*** Comme tous les matins, Alifa prenait note de ses dernières observations sur l'épais grimoire familial.

Les nouvelles élèves étaient rares, pensa t'elle en rangeant sa plume, et symbiosée de surcroit ce qui peut faciliter ou... rendre plus difficile l'appréhension des astres, nous verrons bien.

Trois coups, la porte s'entrouvre... ***


Entrez, Matroshka.

Je vous attendais, prenez place.


*** Dit-elle joyeusement, retirant un recueil moisi du siège des visiteuses.

Elle jeta un œil a l'ouvrage: "Traité ludique de négociation entropique", haussa les épaules et le mit, délicatement, dans la cheminée qui crépitait d'un feu vif et allègre. ***


Bienvenue chez les Astrologues!

Dites moi tout, qu'est ce qui vous attire vers les étoiles?




 
Matroshka Voroshk

Le Luang 22 Nohanur 1510 à 16h46

 
Alors ça ressemblait à ça une astrologue ? Non, plus sérieusement, la Voroshk l'avait vaguement croisée à plusieurs reprises depuis sa symbiose, au détour d'un couloir, près de la bouilloire à café ou avec la Erfuinn à gloutonner des pâtisseries. Mais rien de plus. Pas de réputation notable hormis Miest'hé qui disait que c'était la plus expérimentée. Quitte à apprendre, autant apprendre avec la meilleure. Le défi était "simplement"...davantage impossible.

Matroshka haussa un sourcil en voyant l'astrologue brûler un bouquin sous ses yeux. Un test pour voir sa réaction ? Si Miest'hé voyait ça... Les poussiéreux faisaient tout un foin parce que la Voroshk brûlait de temps en temps quelqu'un mais quand une astrologue mettait le feu à un innocent bouquin, on disait rien. Île barbare. Les livres étaient toujours innocents, par contre les poussiéreux beaucoup moins. Bref, l'apprentie-magicienne était là pour autre chose. Elle s'assit sur le fauteuil moelleux.


Par moments, ma nature curieuse prend le dessus, j'ai toujours envie d'apprendre et de comprendre ce qui m'entoure. Mais il y a des réponses à certaines de mes questions qui ne se trouvent pas dans le ventre d'un akrotykar d'agonie ou par tatonements. Des réponses pour certains de mes projets farfelus. Des réponses pour me guider.

La débutante se gratouille la tête un instant, l'air mi-songeuse mi-bête.

Ca fait beaucoup de réponses à trouver je sais. Mais c'est un art que j'ai envie de connaître. Là où je pourrai voir le Tableau d'une façon radicalement différente.

Croisement de jambes.

Et puis bon, tuer des furyans, ça va cinq minutes, après, on finit par s'en lasser.


 
Alifa Farkadaïn

Le Merakih 24 Nohanur 1510 à 14h42

 
*** Intéressant... Malgré un certain gout pour la provocation verbale, Matroshka avait su contrôler ses réactions a la destruction de l'ouvrage vierge...

Traité entropique...Son auteur était morte de folie avant de réussir a ébaucher la première page du grimoire moisi.

La nouvelle Astrologue ne se fiait donc pas si facilement aux apparences...C'était bon signe. ***


Certes...J'ai du mal a appréhender l'amour inconditionnel qu'ont certaines de nos sœurs pour la destruction et le sang, mais je peux tout a fait comprendre votre désir de compréhension.

*** Alifa emplit deux petits calices d'argent d'un vin doré et parfumé et servit la Voroshk. ***


L'astrologie est un Art. Elle ne se contemple pas, elle doit aussi se vivre.

Vous ne devez pas essayer d'appréhender le Tableau de manière radicalement différente de ce qu'a été et de ce qu'est encore votre vie.

Pas différente mais complémentaire...


*** Le doux breuvage inspira ses papilles. Il arrivait a maturité tout comme le sujet de la conversation. ***


En tant qu'Astrologue vous devez devenir un lien entre les astres, nos sœurs et ce monde qui nous entoure.

Pour cela vous devez faire croitre, en vous, un vecteur de reliance avec le Tableau, pour certaines c'est le sang, les viscères, pour d'autres les signes de la nature, les mouvements aléatoires...

Pour moi c'est le reflet.


*** Dit elle en l'observant étrangement dans les ondulations du liquide... ***


Dites moi Matroshka, qu'est-ce qui vous inspire?



 
Matroshka Voroshk

Le Merakih 24 Nohanur 1510 à 18h12

 
Ce qui m'inspire ?

Vaste question plus ou moins perdue d'avance. Tout se fait sur le moment avec la Voroshk, que de l'aléatoire, comme une envie soudaine. Concours de circonstance dont elle n'a aucune emprise dessus. Malgré ça, il y a quelques constantes dans l'univers chaotique de la pyromane.

Voyons...

L'apprentie-magicienne renifle le vin mais ne le boit pas, se contentant de copier son interlocutrice, un truc d'astrologue probablement. Elle regarde dans le vin. Probablement une technique pour justifier de picoler à outrance. Ah bah elle est belle l'astrologie matriarcale. Une idée germe dans le grand vide qui lui sert de tête. Idée stupide mais amusante. Un vague instant, elle se perd à regarder son reflet raisinné.

C'est drôle un reflet. Parfois on se voit clairement dedans mais si l'eau se trouble on voit quelque chose de différent...alors qu'on n'a pas changé. Comme quoi, ce qu'on voit, c'est pas toujours la réalité.

Ah ça, tripoter la réalité, la chimériste en elle le fait tout le temps. Et vas-y que je tords la lumière pour être invisible, et vas-y que je change la perception de l'air ambiant, et vas-y que j'altère le temps tant que j'y suis.

Ce qui m'inspire...

Matroshka lève les yeux vers le plafond.

Hum...faire les boutiques, j'ai l'impression d'être intelligente vu que les marchands disent que je fais toujours le bon choix.

Blague lancée. Jet de rigolade adverse : raté. Jet de ridicule : réussi. Malus en charisme.

Hum...plus sérieusement, je suis une pyromane depuis toute petite anja. Pour me calmer, les nourrices m'allumaient une bougie et je bronchais plus. Beaucoup considèrent les flammes comme destruction, violence et chaos. Beaucoup sont bêtes. Avant tout, c'est la chaleur, la lumière, la pureté.

Une pause.

J'aime bien les flammes, ça tient chaud, surtout en hiver. Et puis c'est toujours joli.


 
Alifa Farkadaïn

Le Merakih 24 Nohanur 1510 à 19h53

 
Le feu...

*** Elle avala, délicatement, la moitié du calice. ***


Vous avez raison, le feu est parfois destructeur, une destruction souvent nécessaire...

Mais il est aussi créateur, illuminant l'ombre, cuisant le pain, transformant le sable en cristal...


*** Deuxième lampée, calice vide, regard pétillant. ***


Vous avez donc trouvé votre élément, il vous faudra maintenant créer une méthode.


Le prochain motif a élaborer sera donc pour vous, je ne pense pas qu'il soit nécessaire de vous questionner sur vos connaissances de bases, je vous ai vue souvent arpenter l'alcôve de l'astrologie ces derniers temps, laissez faire votre intuition et la méthode se dévoilera d'elle même.


*** Bon, certaines n'y arrivaient jamais mais on disait l'ancienne Mestre Érudite talentueuse...quand elle le veut. ***


En cas de doute, vous saurez ou me trouver...

*** Une question, peut-être? ***


 
Matroshka Voroshk

Le Merakih 24 Nohanur 1510 à 20h56

 
Pauvre petit livre. Il avait fini par se faire dévorer entièrement par les flammes. Il ne restait plus que son cadavre de feuilles calcinées dans l'âtre de la cheminée. Et si Matroshka faisait pareil avec sa nouvelle collègue, que dirait-on ? Probablement des méchancetés.

L'intuition. Tout n'était affaire qu'intuition comme disait cette folle d'Orphèle. Ce petit bout d'anja sang âme était nulle en magie mais avait un don pour l'astrologie. Tout l'inverse de la Voroshk. C'était elle qui avait trouvé la réponse à ses questions lorsqu'elle se cassait les dents sur son enchantement chimérique. La réponse était venue de là-haut. Ce fut le constat le plus dur à encaisser, que certaines réponses ne se trouvaient que là-haut. Et depuis, de nombreuses expériences étaient tombées dans une impasse, furyan, akrotykar d'agonie, sardoines... Autant d'échecs, de cul-de-sac qui lui donnaient des envies meurtrières.


Créer une méthode...rien que ça.

La sorcière était perplexe. Mais au final, il lui paraissait peu probable qu'une seule méthode soit répandue parmi les astrologues. Chacune faisait comme elle le sentait. C'était bien ça le problème, Matroshka allait devoir créer sa propre façon, codifier son..."vecteur de reliance". Processus opératoire délicat, surtout pour une adepte bordélique comme elle. Le défi n'en n'était que plus grand.

La nuit s'annonçait longue.

Pour ce qui est des doutes, ne vous inquiétez pas, j'en ai toujours une palanquée.

Matroshka déposa la coupe en argent sur le bureau. Elle n'y avait pas goûté au final.

Dhanya pour cette entrevue. Je...je pense qu'il fallait que j'en parle avant d'essayer.

Créer une méthode. Vite. Intuition, compréhension, empathie.



 
Alifa Farkadaïn

Le Julung 25 Nohanur 1510 à 22h12

 
*** Elle pensait vite mais ne semblait pas tout a fait sure d'elle, au fond. Décision précipitée? ***


Cela n'est pas rien. Il s'est révélé au fil des siècles qu'aucune méthode ne pouvait prévaloir sur une autre. Les Accablements sont bien définis a ce jour, ils vous serviront de base pour comprendre vos observations.

*** Une tydale qui n'aime pas le vin, trop inflammable, sans doute... ***



Il n'y a pas de quoi, notre Carias voulait s'assurer que vous trouviez votre chemin.
Nous, Astrologues, sommes de simples outils servant a mener le Matriarcat sereinement vers le Déclin mais je peux percevoir que la symbiose peut engendrer d'autres...préoccupations.


*** Alifa raccompagna sa nouvelle collègue a la porte. ***


Vous me trouverez, presque toujours, aux Miettes ou a l'observatoire, si besoin est.

*** Ajouta t'elle désignant l'autre porte de la tête. ***


Que les cieux vous inspirent Matroshka.

 
Matroshka Voroshk

Le Dhiwara 12 Dasawar 1510 à 15h08

 
Ambiance

Que les cieux vous inspirent Matroshka

La Voroshk cligne des yeux un instant. Une impression de déjà-vu. Quelque chose n'allait pas. Une réminiscence, un écho d'une situation du passé. Puis d'un coup, la scène se figea. L'astrologue, les flammes, plus rien ne bougeait. Matroshka était la seule qui ne semblait pas immobile. C'était comme si le temps s'était arrêté. Elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait mais elle savait à quoi ça aboutirait. Elle sorti de la pièce et quelque chose en elle la poussait à aller sur le toit. Lentement, elle grimpait les marches de l'escalier en colimaçon pour arriver sur la toiture. Il ne faisait pas froid et le silence enveloppait toute la ville, elle aussi figée.

Elle fit quelque pas vers le rebord et contempla le sol quelques mètres plus bas. Elle releva la tête pour scruter le ciel. Elle connaissait cette configuration stellaire. Elle l'avait déjà vu. Non, elle en avait déjà entendu parler quelque part mais elle ne savait plus où ni quand.

Tu l'as toujours su.

Elle reconnut cette voix, cette sensation, cette présence. Matroshka tourna la tête par acquis de conscience mais connaissait déjà le résultat.

*** ***


Il ne s'agit pas tant de réponses que de questions. Les mauvaises questions entrainent les mauvaises réponses. fit l'ombre enflammée.

Il n'y a jamais de questions bêtes, seules les réponses peuvent l'être. répondit l'apprentie sorcière.

Erreur ! C'est pour justifier tes trop nombreuses questions. Ouvre les yeux.

*** ***


Matroshka se réveilla en sursaut. Elle était dans sa chambre aux Miettes du Tableau. Avachie sur son bureau, elle avait froissé la page du livre devant elle. La bougie était sur le point de s'éteindre, la flamme vacillait dangereusement, cherchait du combustible. Puis la pièce finit par sombrer dans les ténèbres.

Alors ce n'était qu'un rêve.

Mais elle savait que ce n'était pas que ça. A tâtons, la Voroshk cherchait une nouvelle bougie et claqua des doigts pour l'allumer. Elle huma la fumée provenant de la bougie éteinte avec un rare plaisir. Elle prit un lourd manteau puis grimpa de nouveau l'escalier pour aller sur le toit. Quelques braseros étaient allumés et un peu plus loin, des astrologues avaient les yeux rivés sur le ciel ne firent même pas attention à la nouvelle venue. Comme un papillon de nuit, elle fut attirée par les flammes à la seule différence près que la Voroshk s'était brûlée les ailes il y a bien longtemps. Avec un tisonnier, elle poussa quelques braises écarlates hors du brasero qui vinrent tomber sur le sol. Comme autant de points lumineux sur un ciel sombre. Elle releva la tête vers les étoiles et comprit.


 
Matroshka Voroshk

Le Julung 16 Dasawar 1510 à 20h40

 
La Voroshk accusait le coup. Ses journées étaient occupées par les leçons qu’elle donnait à ses différentes élèves, souvent calmes mais parfois un peu turbulentes. Quant à ses nuits, elles les passaient sur le toit des Miettes du Tableau où munie d’une lunette astronomique et de plusieurs autres instruments de torture mentaux, elle scrutait le ciel.

C’était un dialogue. C’est ce que lui avait dit la jeune Orphèle il y a plusieurs mois de ça. Il fallait y aller en douceur. Le temps que chacune s’habitue à la présence de l’autre. Matroshka ne posait aucune question, se contentait d’observer et d’écouter. Pour l’instant, elle n’entendait pas grand-chose mais les autres astrologues la rassuraient, disant que c’était normal au début. Mais la fatigue commençait à la gagner, ses yeux papillonnaient, ses bâillements s’élargissaient et les fourmis l’attaquaient. Plusieurs jours à ce rythme l’avaient épuisée et la sorcellerie ne suffisait pas à combler sa fatigue. Du moins pas totalement.

Mais c’est dans cet état où la frontière entre réel et onirisme devenait peu à peu floue que l’astrologue débutante sentait plus de choses. Il lui semblait mieux percevoir le ballet astral qui se déroulait au-dessus de sa tête, quelle comprenait plus profondément certains calculs complexes. Elle sentit cette sensation familière de flottement comme lorsqu’elle essayait de se laisser porter par des vagues de flux autour d’elle. Elle ne comprit pas exactement ce qui lui arrivait mais elle commençait à se rapprocher doucement de cette sorte de transe qu’utilisaient certaines astrologues. Elle ne parlait pas, elle écoutait et se laissait guider par cette main invisible.

Pendant plusieurs nuits, la Voroshk scrutait le ciel, cherchant à s’adapter à ce nouveau terrain, à ces nouveaux dialogues de sentiments.

Et ses cours s’en ressentaient.



 
Matroshka Voroshk

Le Dhiwara 2 Jangur 1511 à 23h17

 
Même une pyromane peut avoir froid. C'est ce douloureux constat qui habita l'astrologue débutante pendant ces longues nuits d'hiver. Mais même avec le nez qui coule, la fièvre et mal à la gorge, la sorcière continuait à scruter les cieux. Elle ne recherchait rien de particulier, elle cherchait à s'habituer à leurs présences, et habituer la sienne aux astres. La Voroshk avait encore du mal à s'immerger dans cet abysse nocturne. Trop floues, les frontières entre l'entente et la compréhension gênaient Matroshka qui était familière à des situations plus...franches et nettes.

Matroshka fit un pari risqué, celui de cultiver et de développer sa fièvre. Elle pensait que son esprit terre-à-terre aurait plus d'aisance à s'ouvrir à l'astrologie s'il était "ailleurs". A moitié endormie, endolorie par le froid, habitée par la fièvre, la sorcière poussait ses limites et déplaçait son esprit sur un terrain inégal délimitant la réalité et les songes. Elle parlait seule par moments, fatiguée, revoyait certaines scènes de sa vie, en inventait d'autres. Sa vision se troublait, rêvait d'étoiles et ne savait plus si elle avait les yeux ouverts ou fermés.

Quasiment allongée dans une chaise inclinée, emmitouflée dans une grande couette, l'astrologue commença doucement à percevoir des sentiments, des impressions, des murmures exprimés dans une langue incompréhensible. Etait-ce son imagination qui créait ces voix ou était-ce vrai ? Matroshka ne pouvait le dire, incapable de réfléchir rationnellement, elle se laissait dériver, guidée par sa folie latente et ses délires mégalomaniaques comme catalyseurs d'une communication erratique.

Elle sentit son corps se soulever lentement et monter lentement vers le ciel. Puis elle eut une autre sensation, comme si l'univers se retournait, elle avait la sensation de tomber dans le ciel. Elle tourna la tête et vit les lumières de Kryg s'éloigner petit à petit. Elle n'avait plus froid, elle n'avait plus mal à la tête. Des points brillaient plus que d'autres dans la voute céleste, d'autres pulsaient avec plus ou moins d'intensité. Matroshka continua sa chute, une comète croisa sa route décrivant une grande virgule dans le ciel. Puis une autre. Et enfin une troisième. Elle sentit une vive chaleur, elle se rapprochait d'une immense boule de feu qu'elle reconnaissait comme Minath. Derrière elle, un immense disque avec en son centre, l'île de Syfaria.

*** ***


Matroshka ouvrit les yeux et voyait la pierre du plafond qu'elle reconnaissait entre tous. Elle était aux Miettes. Elle essaya de se lever mais pouvait à peine bouger. Ses muscles - le peu qu'elle avait - lui faisaient horriblement mal. Puis ce fut son crâne qui lui causait des douleurs lancinantes comme si un sort de décrépitude s'attaquait à elle.

Ne bougez pas liadha Voroshk, vous êtes souffrante.

La brune tourna la tête vers la gauche, une tydale d'âge mûr était assise à coté d'elle. Elle la reconnu comme étant une des astrologues qu'elle croisait de temps en temps dans la Bibliothèque.

On vous a trouvé à moitié morte de froid l'autre soir sur le toit, vous divaguiez. On a préféré vous ramener au chaud et vous soigner un peu.

Foutez-m...moi la paix. Je suis assez grande...pour...me soigner.


Elle avait vaincu des akrotykars d'agonie, des Khalitzburgs, des furyans, des condomignons et sa soeur au concours de la plus dépensière, ce n'était pas un gros rhume qui allait l'arrêter.

Elle commença à incanter un sort de guérison, une brève lumière émanait de son corps pendant quelques instants avant que la sorcière éternue et perde toute concentration.


Oh ça va hein...


 
Matroshka Voroshk

Le Vayang 7 Jangur 1511 à 20h01

 
Quelques jours plus tard, la Voroshk sortait enfin du lit, toujours un peu dans le cirage. La fièvre et la fatigue l'avait fait délirer pendant de longues nuits, où elle parlait seule, imaginait des créatures étranges lui parler. Des rêves tous plus étranges les uns que les autres donnaient à Matroshka le tourni, ne savant plus si elle était ancrée dans la réalité ou si elle avait fini par glisser totalement dans le monde des rêves.

La Voroshk sorti finalement de cet état de transe, du moins elle le pensait, et finit par reprendre pied dans la réalité. Ce voyage intérieur, aussi absurde qu'instructif, avait ouvert un peu plus l'esprit de l'astrologue en herbe et plusieurs questions restaient sans réponses. Matroshka devait savoir, devait comprendre face à tant d'interrogations. Elle devait voir Farkadaïn.

L'apprentie-sorcière se dirigea vers le bureau de sa supérieure et toqua à la porte. Elle prit une grande inspiration et entra.


Liadha Alifa ? Jaffay de vous dérang...


La sorcière s'interrompit un instant, regardait le plafond d'un air bête la bouche à moitié ouverte et éternua à en faire trembler les murs. Si la cavalerie avait existé sur Syfaria, on aurait pu y comparer un son de trompette sonnant la charge. Matroshka se mouchait avec une grâce toute féminine.

Donc oui, j'avais quelques questions.


 
Alifa Farkadaïn

Le Merakih 19 Jangur 1511 à 18h43

 
*** De lourdes cernes se dessinaient sous le regard sombre d'Alifa, les étranges reflets des dernières lunes l'empêchaient de dormir le jour, comme a l'accoutumée...

Un grondement de tonnerre la sortit de ses interrogations.

Une novice lui avait, en effet, prédit une tempête ce matin... ***



Liadha Matroshka, je vous attendait.

Prennez place, un mouchoir?


*** Ajouta t'elle en tendant un carré de soie sortit d'un tiroir. ***


Des questions? Je vous écoute, découleraient-elles de la découverte de vos propres réponses?

*** On lui avait rapporté les divagations de la Voroshk sur le toit des Miettes. Même symbiosée, il ne faudrait pas qu'elle se tue... trop a la tâche. ***


 
Matroshka Voroshk

Le Merakih 19 Jangur 1511 à 22h12

 
Dhanya.

La sorcière attrape avidement le morceau de tissu mais ne l'utilise pas tout de suite.

Je..suis désolée de vous déranger, je sais que vous avez beaucoup à faire. Aussi je serai rapide.

L'essencialis est fondée sur l'astrologie notamment. Les modifications, même brèves, de ce qu'il s'est passé l'autre nuit devrait pourtant avoir une influence sur cette sphère. Or rien, niet, pas l'ombre d'un poil de changement à ma connaissance mais je me doutais que ça ne serait pas aussi simple.

Venait ensuite une autre idée, celle d'y voir les réponses concernant la disparition des nemen's qui pose un gros problème, celui de la sécurité de nos postérieurs à plus ou moins brève échéance. Mais poser une telle question, c'est loin d'être facile. Je m'en doutais, j'ai tenté mais je me suis cassé les dents.

De nouvelles créatures sont apparues peu après ce phénomène astral, coïncidence ou non, ce n'est pas le plus important.

Nouvelle crise d'éternuements, la Voroshk manque de s'envoler de sa chaise tant elle met du coeur à exprimer son rhume. Cette fois, le mouchoir va servir. Paix à son âme.

Il y a forcément des réponses, des pistes à exploiter mais devant l'ampleur du phénomène et ma totale inexpérience de cet art, je suis quelque peu...à l'ouest.

Nouvelle corne de brume, Matroshka sort de sa poche une pile impressionnante de mouchoirs prêts à l'usage.


 
Alifa Farkadaïn

Le Vayang 21 Jangur 1511 à 15h46

 
*** La crise d'éternuement ne la surprit guère, métier qui rentre et nouvelle tenue trop légère donnaient au nez de la Voroshk un rouge du plus bel éclat... ***


La fin des Nemens est, peut-être bien, le signe annoncé par la chute stellaire...

Les changements qui en découleront seront, par nature, difficiles a découvrir.

L'impossible est peut-être devenu possible et inversement ce qui fait que les idées les plus incongrues seront, peut-être, celles qui auront le plus de chances d'aboutir.

Il nous faudra du courage et une certaine audace spirituelle pour découvrir les bonnes pistes.



*** L'Astrologue observa, pensive, les traces de brulure aux doigts de sa consœur. ***



A l'ouest...

Quelle étrange expression...

Vous ressentiriez-donc une sorte de décalage entre votre savoir et vos nouvelles sensations?

Par ailleurs... Quelles sont-elles?




 
Matroshka Voroshk

Le Vayang 21 Jangur 1511 à 21h03

 
L'impossible est peut-être devenu possible...

Matroshka parlait pour elle-même, inconsciente de la lapalissade.

La cariatide du Fatalisme deviendrait-elle intelligente ? Quand même pas...

L'apprentie sorcière garde le silence quelques instants. L'air perdu.

Je n'en sais rien. Je doute avoir le moindre talent d'astrologue à l'opposé de certaines de mes soeurs symbiosées en leur époque.

Ce qui me fait penser que ces nouvelles impressions ne sont qu'un énième délire de ma folie chronique.

Suivant les conseils d'Orphèle donnés il y a une éternité j'ai l'impression, j'ai essayé de m'habituer à leur présence, et elles à la mienne. Essayer de faire voyager mon esprit, oublier le coté rationnel de la magie et repartir dans des sortes de transes bizarres.


Pas la peine de se pencher trop sur ses techniques hasardeuses auto-prescrites de se rendre malade pour planer un peu plus haut.

J'ai la vague, intangible sensation de mieux me familiariser à l'astrologie…mais c'est une chimère.

Du courage, j'en ai plein, enfin je crois. De l'audace spirituelle, beaucoup moins.

Je dois trouver des réponses. Vous le disiez, nous devons mener le Matriarcat vers le Déclin vous disiez. Pour l'instant, on voit comme dans les fesses d'un akrotykar d'agonie. Et croyez-moi, c'est sombre.



 
Alifa Farkadaïn

Le Luang 24 Jangur 1511 à 19h36

 
*** Haussement de sourcil. ***


Un akroaubar d'agonie?!?

Je vous croit sur parole, vos visions sont encore fortement troublées par vos expériences passées.



*** Orphèle...oui, elle se souvenait bien de l'anja aux yeux verts. ***



Essayez moins de voir avec vos yeux, de contrôler, de comprendre, essayez plutôt de ressentir.

Il n'y a pas de dualité chez une Astrologue, les cieux et vous même ne devez faire qu'un.

On ne peut être un lien quand cela nous sied...




 
Matroshka Voroshk

Le Julung 16 Jayar 1511 à 11h04

 
Depuis sa nomination, l'astrologue en culottes courtes essayait d'être assidue aux réunions avec ses consoeurs plus expérimentées et participait dans la mesure du possible aux séances nocturnes d'étude astrale. Parfois, elle venait en retard, les bras plein de sacs parce qu'elle sortait d'une boutique et qu'elle n'avait pas vu l'heure passer. Des fois même, alors que sa manucure n'était pas finie ce qui pouvait donner des scènes parfois décalées. Peu osaient se moquer ouvertement de la Voroshk, sa réputation de tueuse incendiaire au comportement imprévisible lui permettait une relative tranquilité mais beaucoup se demandaient si elle n'était pas mieux à griller des monstres plutôt qu'à regarder le ciel vu son talent très moyen dans la lecture des thèmes astraux.

Mais l'apprentie-sorcière ne s'en souciait guère, se trouvant très bien à sa nouvelle place et continuant à faire en dehors ses petites bricoles. De temps en temps, elle tuait un condomignon pour passer le temps. Elle essayait d'arrêter mais les vieilles habitudes étaient tenaces. Une nuit, plus qu'à l'accoutumée, elle s'éloigna des autres pour s'installer sur un coin du toit des Miettes. Elle laissait la consignation des mouvements à ses soeurs tandis qu'elle se concentrait sur un projet plus personnel. Shyama l'avait tenu au courant de sa rencontre avec l'érudite "saine d'esprit" selon la sang âme ce qui voulait tout dire.

Avant de lancer de nouvelles expériences où le talent le disputerait à l'empressement le plus total, Matroshka voulait quand même s'essayer à palabrer avec les lointaines cousines des tydales fixées à leur plafond bleu profond. Avoir une amorce de piste, une idée ou même une impression lui serait suffisant. Voir si les étoiles voyaient ce projet sous un jour bénéfique.

Alors, s'installant confortablement, la brune sortit Gertrude de son étui et commenca à lever le nez vers le Ciel.

Emmitoufflée sous sa couette, Matroshka laissait lentement son esprit délabré dériver, comme porté par les flux... Toute notion de temps lui échappait, elle ne savait pas depuis combien de temps elle était parti, elle ne savait à peine réfléchir correctement, tout autour d'elle était flou. Dans sa tête, une phrase apparaissait parmis l'imbroglio de pensées


Ai-je raison d'agir ainsi ?


 
Narrateur

Le Luang 18 Julantir 1511 à 21h59

 
Les soeurs du ciel accueillirent l'Astrologue parmi elles, dans leur dérive ancestrale et éternelle.
Mais la question qu'elle posa ne se répercuta que pour lui revenir comme le tintement d'un rire lointain.

La possession de la raison
Donne direction à l'action?

Ou la possession de l'action
Donne direction à la raison?

A moins que ce ne soit la raison de l'action
Qui n'octroie la possession de la direction...


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